Lorsque Candice lui avait téléphoné, Craig n’avait bien évidemment pas pu refuser sa proposition de venir l’aider à reconstruire une certaine cabane près du Lac. Craig n’avait jamais vraiment remarqué cette cabane, il fallait dire qu’elle n’était sans doute pas la seule cabane à avoir poussé dans la forêt, il savait cependant depuis peu ce qu’elle représentait pour Candice et la mal que ça lui avait fait de la voir détruite lors de la tempête. Et de toute manière, Craig ne pouvait pas refuser de passer un peu de temps avec sa rock star préférée.

Il rejoignit donc son ancienne élève à l’endroit indiqué avec sa trousse à outils et tout son courage. Loin d’être le meilleur bricoleur du monde, Craig avait quelques notions non négligeables en construction de meuble en kit et système D pour éviter de payer un réparateur. Il se disait qu’avoir vécu dans une famille modeste lui avait tout de même apporté beaucoup. Et puis les cabanes, c’était un truc que les gamins pouvaient construire seuls alors comment ne pourraient-ils pas s’en sortir à deux adultes ?

En arrivant sur les lieux, il comprit au regard de Candice qu’elle fondait beaucoup d’espoir en lui.

« Handy Manny est là ! » dit-il en soulevant son marteau au bout de son bras comme un super héros. Il s’approcha de Candice un large sourire aux lèvres et l’embrassa sur la joue.

« Bon alors, c’est quoi le programme ? »

Craig se doutait que cette cabane avait de l’importance pour son amie, il n’imaginait pas à quel point. Le cœur sur la main, toujours prêt à rendre service, l’homme était prêt à se plier en quatre pour ses amis. Et puis, Craig était un bon bricoleur, pas forcément parfait, mais il aimait bien ça alors comment aurait-il pu refuser l’invitation de Candice, et puis, il avait une patience à toute épreuve, qualité importante lorsqu’on se lançait dans le bricolage. .

La tempête avait laissé des stigmates indélébiles dans la ville, causant malheur partout où elle été passée. Heureusement ou malheureusement car il n’avait pas pu apporter son aide, Craig était à l’abri tout le long de l’orage. Il avait vu les dégâts en revenant et s’était bien sûr assuré que tous ses proches allaient bien.

Il se retrouvait donc avec Candice, devant les ruines de la cabane enfantine, prêt à se mettre au travail.

« Tu parles, ça me fait plaisir ! »

Il se laissa embrasser par Candice tout en observant déjà le boulot à accomplir.

« Très bonne idée, on fait le plus gros aujourd’hui et je reviendrais t’aider pour la suite de toute façon. »

La pauvre Candice ne s’en sortirait pas toute seule. Il la regarda s’attacher les cheveux et commença à sortir quelques outils de sa boîte.

« Mais, oui, ça devrait le faire. »

Craig s’approcha ensuite de la cabane et prit en main une planche tombée pour constater qu’elle était en bon état, rien d’insurmontable. Il commença le travail bientôt suivit de la jeune femme.

« On va les assembler en bas et les remonter pour les mettre en place ensuite. » dit-il sûr de lui.

Il cprit donc deux planches, quelques clous et demanda à Candice de l’aider à les tenir pour qu’il commence à clouer. Ce faisant, il engagea la conversation avec elle.

« Bon, et alors, comment tu t’en sors en ce moment toi ? »

Craig à la rescousse, Candice semblait ravie. Il fallait dire que c’était aussi l’occasion pour eux deux de se revoir. Les deux se connaissaient depuis assez longtemps et on pouvait le constater rien qu’à l’attitude de Craig envers Candice qui était pourtant une fille (a). Le professeur avait justement été celui de Candice mais depuis, elle avait fait ses armes en dehors de Great Falls, il n’avait plus eue de nouvelles mais l’avait bien vite retrouvée avec bonheur et sans songer un instant à lui en vouloir pour le silence radio. Il était comme ça Craig, pas vraiment rancunier.

« Un saint, peut être pas. » dit-il amusé par la remarque de la blonde.

Sans plus attendre, Craig prodigua ses conseils à Candice, pas peu fier de ses connaissances. Il fallait dire qu’il aimait bien ça, aider les autres en règle générale. Il demanda à Candice de l’aider pour s’occuper de clouer ensemble deux planches. Il lui indiqua les bons gestes. Il n’avait rien d’un pro mais se débrouillait, il ne garantissait cependant pas l’entière perfection de la construction.

« J’ai ma petite expérience. » dit-il un sourire en coin avant de commencer à taper.

Le marteau provoqua quelques vibrations qu’il fallait contenir mais le premier clou fut très vite enfoncé. Craig n’était pas naïf (pas pour ça), il savait que le plus dur était à venir mais il gardait la pêche.

« J’ai tout appris de mon père à vrai dire. » lança-t-il comme ça.

Il s’enquit ensuite rapidement de prendre des nouvelles de la jolie blonde la plus naturellement du monde.

« Vraiment, ? »

Il était désolé pour Candice, son regard se posa d’ailleurs sur elle, doux et protecteur. Prêt à l’écouter, Craig n’aimait pas voir les gens de son entourage avec le moindre soupçon de tristesse dans le cœur alors il aimait bien tout faire pour les rassurer.
Il apprit enfin que Candice allait sans doute déménager.

« Ah oui ? Mais c’est plutôt une bonne nouvelle ça, non ? »

Si le père de Candice avait trouvé quelqu’un de bien en tout cas. S’il s’agissait d’une pétasse, ce n’était pas le mieux.

Organisé et sérieux, il n’y avait pas de raison pour que Craig échoue dans la tâche que lui confiait Candice, il espérait bien pouvoir aider son amie et en profiter pour passer un moment avec elle. Il avait en commun ce gout pour la musique, ou plutôt cette passion dévorante, mais Craig n’était qu’un simple professeur et un compositeur amateur là où Candice n’hésitait pas à monter sur scène pour donner ce qu’elle avait.

Non, Craig n’avait pas particulièrement la tête d’un grand bricolo, quoiqu’il puisse rapidement passer pour un bucheron avec une chemise à carreaux sur le dos, c’était son côté homme de la forêt qui voulait ça. Candice ne tarissait pas de compliments à propos de lui alors qu’il s’était mis au travail. Tout cela le faisait rire jusqu’à ce qu’elle ajoute qu’il en devenait un bon parti. Là, Craig sourit largement en jetant un regard à la blonde, il n’avait personne d’autre en tête que Danielle bien sûr. Bon, il n’en était peut être pas au point de se présenter à elle comme le futur mari idéal, mais Craig ne pouvait pas nier penser à son avenir et romantique dans l’âme, il ne s’imaginait pas démarrer une relation avec une fille si c’était pour l’abandonner trois mois plus tard.

« Je suis mauvais en cuisine, il faut bien compenser. »

Ce n’était pas tout à fait vrai, Craig n’était pas le cordon-bleu du siècle, mais il savait les basiques : pâtes, pancakes, œufs brouillés. Ce n’était pas non plus sa grande passion.

Craig n’avait même pas pensé prendre l’affirmation de Candice comme une quelconque proposition, c’était Candice, il n’y avait aucune ambigüité qui soit, c’était même sans doute pour ça qu’il arrivait à avoir des conversations normales avec elle.

Candice expliqua ensuite un peu le neuf dans sa vie, à savoir principalement le futur emménagement de son père chez sa copine.

« Ouais, je comprends, mais il faut se dire que tout ça ce n’est que du matériel et que ce qui compte c’est d’être avec des gens qu’on aime. »

Craig essayait de la rassurer, peut être en vain. Il comprenait bien les réticences de la chanteuse à quitter son foyer. Surtout que si, comme elle le disait, rien ne se passait comme elle l’aurait souhaité, les déconvenues devaient commencer à peser lourd dans la balance.

« Et… tu n’as pas pensé à t’installer dans un chez toi. Un petit truc en ville pour pas être loin de ton père mais comme ça au moins ça t’éviterait de vivre chez des étrangers… »

Mêmes s’il était une bonne oreille, Craig, en homme qui se respecte, cherchait à trouver une solution pour son amie.

Sur ces entrefaites, l’assemblage des planches avançait bien et ils purent passer à un nouvel ajout.

Candice confirma à Craig qu'il faisait un très bon parti en temps que bon bricoleur. Il ne voyait pas vraiment cela comme ça. S'il s'imaginait très très bien dans le rôle du père de famille avec le pull sur les épaule en route pour le camping pendant l'été, il savait très bien que ça allait être compliqué pour lui de trouver la mère de famille qui irait avec. Il se voyait bien avec Danielle mais leur relation était bien trop nouvelle et Craig n'osait pas se projeter dans l'avenir, il profitait de l'instant présent et n'arrêtait pas de penser à elle.

Craig rit de bon coeur aux compliments de Candice. Il était assez dubitatif quant à leur véracité mais appréciait tout de même. Il ne pensa pas à en rajouter un peu. Au contraire, il se contenta de prendre à son tour des nouvelles de son amie tandis qu'il poursuivait son travail sur la cabane. Candice lui parla de son futur déménagement et de l'histoire d'amour de son père. Craig l'écoutait attentivement et essaye de la rassurer un peu et de lui donner quelques conseils sans pour autant se montrer donneur de leçon.

"Je comprends." dit-il tandis qu'elle exprimait ses inquiétudes.
"Non, non, bien sûr que non, au contraire, je te trouve vraiment courageuse d'être prête à faire tous ces efforts pour son père. Il a de la chance d'avoir une fille comme toi."

Craig s'arrêta pour lui faire un grande sourire puis reprit le travail.

"Et au pire, tu en fera une chanson, il parait que ce sont les pires moments de la vie qui font les meilleures chansons." Il partit à rire avec bonne humeur.

Craig n’aimait pas savoir ses amis ou sa famille dans le doute ou l’indécision, surtout si ça les rendait malheureux. Si Craig avait du faire un choix comme celui de Candice, il se serait sans doute assis à la table de la cuisine pour dresser une liste des pour et contre. Il prenait ses décisions souvent comme ça. Au moins ce lui permettait de rationaliser un peu ces choix se disant que le plus raisonnable serait forcément le meilleur. Candice avoua ne pas avoir été la meilleure des filles pour son père. Craig lui offrit un sourire nostalgique et compatissant.

« Tu fais ta crise d’adolescence ? » demanda-t-il en souriant. Puis il apprit ce qu’elle avait réellement fait.

Craig ne pu s’empêcher de rire. Il se demandait bien pourquoi Candice avait eu besoin de faire croire ça à son père.

« Pourquoi t’as fais ça ? » demanda-t-il tout simplement toujours autant amusé. Il ne voyait pas vraiment le problème en fait, sans doute parce que lui savait que c’était faux.
Concernant la décision qu’elle devait prendre, Candice ne pouvait qu’être seule juge face à ça, Craig voulut la soulager lui rappelant qu’au pire, elle pourrait toujours en faire une chanson. Ce n’était qu’un trait d’humour pour lui mais il découvrit ensuite que Candice avait un réel problème avec l’écriture. Craig s’arrêta immédiatement de clouer et releva le regard vers la blonde, interrogé. Le silence s’imposa quelques secondes puis Candice reprit depuis les origines de cette panne. C’était ainsi que Craig pouvait découvrir que Candice n’allait vraiment pas bien. Ecrire, composer était un moyen pour les musiciens comme Candice et Craig d’évacuer les tensions, les doutes, tout en somme.

« Peut être que tu te mets un peu trop la pression. » dit-Craig soucieux, on le voyait d’ailleurs à ses sourcils froncés.

« Tu n’arrives peut être pas à écrire, mais tu pourrais raconter … ce qui ne va pas. » dit-il ensuite plus bas comme une invitation à se confier.

Craig ignorait ce qui pouvait tourner dans la tête de Candice, mais il était déterminé à ne pas la laisser broyer du noir. Il comprenait alors à quel point il avait eu raison de venir l’aider à remonter cette cabane. La blonde semblait y attacher une importance extrême et cela leur permettait de tisser un dialogue. Il fut rassuré lorsqu’elle rit à sa blague (ce n’était pas à proprement dit ce en quoi il était le plus fort). Puis la jeune femme s’ouvrit en peu plus laissant un sourire tendre et satisfait sur le visage du musicien.

« Tu sais, le fait que tu regrettes montre que tu es déjà bien au-dessus de la moyenne humaine. »

Il essayait de trouver les mots mais son oreille attentive faisait déjà une belle partie du travail. Craig était doué pour ça, absorber les soucis des autres comme une éponge. Il arrivait à évacuer le trop plain en écrivant et composant des chansons, chose que semblait ne plus faire Candice ce qui ne fut pas pour le rassurer. Il chercha à en savoir davantage et lui conseilla de parler pour se délester de tout ça. Si elle ne voulait pas, elle saurait bien se refermer comme une huitre.

Ses paroles laissèrent Craig sans trop d’espoir, il la regarda avec gentillesse cherchant à sonder son âme puis elle se livra un peu, au compte goutte.

« Hey, Candice, sois pas si dure avec toi-même. Tu as besoin d’un moyen d’expression et tu l’as perdu, c’est normal que tu te sentes si mal. Il faut que tu te laisse aller un peu. »

Il passa à une autre planche histoire d’avancer un peu, se disant qu’ainsi distraite, Candice pourrait en dire encore plus.

« Et puis, tu minimises peut être ce que tu vis, ce n’est pas être une petite fille gâtée que d’avoir peur de perdre son père comme ça, c’est humain. »

Il resta encore immobile un instant à la regarder le sourire toujours aussi doux.

Alors que Candice lui avoua ses torts par rapport à son père, Craig ne pu s’empêcher de laisser échapper un léger rire alors qu’elle s’inquiétait d’aller en enfer pour un petit mensonge. Il la regarda ensuite en souriant laissant la tendresse qu’il avait dans le regard l’envahir pour la rassurer.

« Non, je suis pas spécialiste en la matière, mais je crois que si tu regrettes réellement tes méfaits, on te laisse une chance d’accéder au paradis. »

Ce domaine de la foi, Craig le connaissait plus ou moins, il allait à l’église de temps à autre, pour les fêtes importantes genre noël. Il avait besoin de vivre sa vie avec une certaine spiritualité, mais il n’était pas complètement convaincu par les « règles » imposées. C’était un sujet rarement abordé avec qui que ce soit, Craig n’avait jamais ressentit le besoin d’évoquer ça. Il s’imaginait que Candice devait être croyante elle, ça ne l’étonnait pas vraiment et il respectait cela d’autant qu’il s’était déjà posé ce genre de questions auparavant.

Tout en répondant à Candice, Craig avançait donnant parfois quelques indications à la jeune femme pour tenir plus ou moins les planches. Son boulot ne serait pas parfait, mais du moment que tout tenait ensemble…

« Il n’y a rien de stupide, t’es pas obligée d’être parfaite tout le temps. »

Il lui sourit gentiment alors qu’elle essayait de changer de sujet. Craig ne voulait pas trop qu’elle s’échappe à sa confession, elle n’écrivait plus, il avait retenu ça, il était hors de question qu’il la laisse si abandonnée. Mais il ne voulait pas non plus la braquer.

« Moi ça va. »

Il se releva indiquant à Candice à faire de même puis lui demanda de l’aider à porter le morceau de mur ainsi assemblé. Dans l’effort, il se tourna vers elle en souriant de bonheur.

« J’ai rencontré quelqu’un. »

prenait son travail très au sérieux, en fait tout ce qu’il entreprenait était toujours très sérieux, c’était parfois ce qu’on lui reprochait. Il savait s’amuser bien sûr mais aimait aussi se donner à fond dans chaque activité et voilà ce qu’il faisait en aidant Candice à reconstruire sa cabane. Guidant la jeune femme pour qu’elle arrive à agir sans trop de difficultés, il n’hésitait pas à prendre des initiatives tout en lui demandant son avis bien sûr. Après tout c’était sa cabane. Ce faisant, ils discutaient comme ils l’avaient toujours fait, quoi que Candice s’ouvrait un peu plus, parlant de son père et de sa nouvelle petit ami et même de ce qu’elle ressentait à ce propos. Elle avoua même ne plus avoir d’inspiration pour écrire quoi que ce soit en termes de chanson ce qui inquiétât vraiment Craig.

Ils évoquèrent même un instant leur probable voyage au paradis. L’au-delà, Craig y croyait bien sûr ais il ne pouvait s’avancer en promettant quoi que ce soit à Candice même s’il voyait la jolie blonde au visage poupin directement accéder à son propre nuage aménagé dés le premier pied dans la tombe. Il lui sourit pour la rassurer plutôt que d’extérioriser sa pensée de peur que leur dialogue ne devienne un peu glauque. Craig lui dit cependant qu’elle n’avait pas besoin d’être toujours parfaite. Rien à voir avec un reproche, il s’agissait d’un conseil d’ami.

« Je suis sûr qu’on te l’a déjà dit mais tu devrais un peu penser à toi, vraiment à toi. Parce que même en essayant de te « venger » (il lâcha ses outils un instant pour indiquer les guillemets du bout des doigts) de ton père c’est lui que tu essayes de protéger en fait. »

Candice tourna un peu le sujet à son inverse demandant à son tour des nouvelles de Craig. Il se dit que rien ne servait de la brusquer et qu’ils auraient bien l’occasion de revenir dessus plus tard. Alors sans complexe, Craig illumina son visage d’un sourire et avoua avoir rencontré quelqu’un. Le visage de Danielle lui vint immédiatement à l’esprit. Candice s’émerveilla avec sincérité pour lui ce qui le soulagea un peu. Être heureux alors que les autres se voyaient dans des situations inextricables le gênait un peu.

« Tu peux te permettre, elle s’appelle Danielle Andrews. »

Il était heureux de pouvoir partager cela avec Candice tout particulièrement.

En y réfléchissant bien, Candice et Craig n’étaient vraiment pas très différents l’un de l’autre d’un point de vue de leurs caractères. Ils aimaient tous les deux faire passer le bien des autres avant et n’hésitaient pas à s’investir comme ils se devaient à n’importe quel moment. Sans parler de leur goût commun pour la musique. C’était peut être cela qui faisait qu’ils étaient aujourd’hui encore de très bons amis malgré les aléas de la vie.

Candice aidait efficacement Craig sur leur chantier malgré ce qu’elle s’était laissé supposer, elle était plutôt douée. Craig le lui dit d’ailleurs avec un regard bienveillant tout en continuant leur conversation. Il lui prodigua ses conseils sans lui forcer la main, sans la juger. Il comprenait ce qu’elle pouvait alors ressentir. Il comprit d’ailleurs à quoi elle faisait référence. Craig lui sourit gentiment avant de jeter un regard vers la blonde.

« Peut être que tu n’y croyais pas vraiment – à ton bonheur – à ce moment là. »

Il n’allait pas lui en vouloir d’avoir essayé ce qu’il était justement en train de lui faire comprendre. Craig se disait que peut être qu’en partant, Candice n’avait pas réussit à se déculpabiliser assez, à se libérer des poids qu’elle portait pour les autres pour enfin aller de l’avant pour elle-même. Tout ça n’avait rien de l’égoïsme, il s’agissait surtout de parfois redéfinir ses priorités avec ambition. L’ambition de Craig se portait désormais sur Danielle.

Candice se hasarda à poser quelques questions et bien sûr, Craig lui répondit avec joie. La remarque de la chanteuse le fit d’ailleurs rire et rougir.

« Oui, c’est bien elle. C’est vrai qu’elle est belle. » dit-il souriant aux anges. Il baissa ensuite le regard, rougissant de plus belle.

« Oui, je me souviens de cette cabane, tu sais qu’il y en a deux ou trois autres un peu plus loin dans les bois ? Un vrai petit village. »

Parler de choses plus légères permettait à Craig de dédramatiser un peu la conversation qu’il avait avec Candice. Il ne voulait pas que la jeune femme se sente mal à l’aise, il lui sourit avec bienveillance continuant le travail avec son aide. Lorsque Candice avoua que Craig lui faisait parfois peur, il se mit à rire, lui, faire peur, c’était inconcevable, même s’il avait pu lire dans les pensées.

« Non, désolé, je ne lis pas dans tes pensées, mais tu sais, on est presque fait du même bois, c’est peut être pour ça que je te comprends aussi bien. »

Il sourit de plus belle avant d’enfoncer un nouveau clou. Puis, s’arrêtant un instant, Craig repensa à la cabane et à ceux pourquoi ils faisaient tout cela, il se demandait si ça avait un rapport avec ce dont ils parlaient.

« Candice, je peux me permettre de te demander pourquoi tu tiens tant à cette cabane ? » demanda-t-il prudemment.

Candice voulu ensuite en savoir plus sur le coup de cœur de Craig et celui-ci ne se montra pas avare d’information, gardant cet air béat qu’il avait quand il repensait à ce baiser.

« Presque, même pas un vieux biker moustachu ? »

Il rigolait bien évidemment, faisant référence à ce bateau qu’elle avait monté à son père.

Les enfants de Great Falls avaient bien de la chance de vivre si proche du Lac et de la forêt. Même si la baignade y était interdite, la plupart des gamins avaient trouvé le moyen de profiter autrement de cet espace (ou de braver les interdit quoi qu’il en coûte). Pour avoir passé son enfance ici, Craig savait combien les bois regorgeaient des restes de jeux allant à tous âges. Les cabanes pour les plus dégourdis, et les traces de campements des adolescents cherchant un peu d’aventure pas trop loin de chez eux. Alors même s’il y avait d’autres cabanes, Craig n’avait pas refusé d’aider Candice, parce que la sienne devait avoir une valeur bien plus importante.

Candice s’amusa d’ailleurs à remarquer que le garçon Carter avait peut être le don de lire dans ses pensées. Craig en rit mais la rassura. A sa nouvelle réponse, il rit de plus belle.

« Des poissons-chats ? Tu vois, je l’aurais jamais deviné ça… » Ajouta-t-il hilare avant de reprendre un peu de sérieux pour avancer dans le travail.

Il osa finalement poser quelques questions sur la cabane à son amie sans vouloir l’importuner pour autant, Craig choisît ses mots et sa forme. Elle lui avoua qu’elle l’avait construite avec Jake. Ce garçon, Craig en avait entendu parler plusieurs fois. Il ne connaissait pas vraiment ce garçon, mais si ses souvenirs étaient bons, c’était un peu pour l’impressionner que Candice était venue frapper à sa porte demandé des cours de guitare pour se perfectionner. Il s’agissait du meilleur ami de Candice et Craig savait aussi que les choses s’étaient un peu corsées entre eux deux.

Alors qu’ils en vinrent à parler de la toute neuve relation de Craig, celui-ci ne pouvait s’empêcher de penser à sa douce les yeux pleins d’étoiles. Craig plaisanta un instant sur le futur home de Candice mais il gardait tout de même à l’esprit qu’elle n’avait pas l’air au top dans ses basket, surtout si elle n’écrivait plus de chanson. Il rit et elle finit par proposer une pause.

« Avec plaisir. »

Craig se leva donc et suivit Candice. Ils se posèrent tous les deux sur un tronc d’arbre au sol et Craig regarda la jeune femme sortir son gâteau les yeux gourmands. Elle le servit, il la remerciât et croquer dans sa pâtisserie avant de s’exclamer la bouffe encore plaine :

« Délichieux ! »

Reprenant plus poliment leur conversation.

« Tu sais, ça m’embête que tous ces trucs qui te chiffonnent t’empêchent d’écrire. Il faudrait que tu tordre le cou à tes idées noires et que tu t’en serves. » Conseilla-t-il le ton un peu maladroit. Il ne voulait pas non plus la braquer mais juste dire ce qu’il pensait.