Une septième année. Le parcours est long, il est encore loin d’être terminé pour Lily qui souhaite se spécialiser dans le domaine de la pédiatrie. Elle n’a peut-être pas l’air d’être la fille la plus patiente ni la plus tolérante du monde, mais c’est ce qu’elle a toujours voulu faire de sa vie. Elle aime beaucoup les enfants. Ce rêve est son moteur dans tout ce qu’elle entreprend, qui lui permet, bien souvent, de garder la tête hors de l’eau. Au niveau de ses études en tout cas. Parce que ce n’est pas évident, pas même après six années réussie avec brio, rien ne garanti une fin de cursus sans nuage ! La médecine est l’une des filières les plus difficiles. En fait, jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça, Lily assumait qu’il s’agissait également d’une des seules qui veuille dire quelque chose, qui avait du sens ! Son regard s’est un peu adoucit, notamment en ce qui concerne l’art. Mais les raisons qui l’ont poussées à faire preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit relève d’une toute autre histoire ~

Ça ne fait qu’environ deux semaines que les cours ont recommencé et pourtant, la jeune femme se sent déjà totalement dépassée. Son rythme de vie effréné, elle n’a pas réussi à le calmer, elle n’arrive pas à en sortir. Mais elle continue tout de même à clamer son indépendance vis-à-vis de la drogue. Une utopie, un rêve éveillé pour elle qui n’arrive pas à trouver le sommeil, ni même à se concentrer. En fait, la jolie blonde se révèle n’être plus qu’une pâle image de ce qu’elle était avant. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir cette impression fulgurante de contrôle et de bonheur. Seulement quand elle consomme, évidemment. Le reste du temps, c’est une plongée en eau trouble. C’est un mystère le comment elle parvient à garder un tant soit peu les apparences intactes… Sa hargne, sa méchanceté et sa mauvaise humeur au quotidien passent tout à fait inaperçu au vu de ses comportements suffisants qu’elle a toujours arboré.

C’est avec la plus grande peine du monde que l’étudiante en médecine lis pour la troisième fois un passage dans le livre ouvert sous ses yeux. Elle traverse une sorte de passage à vide qui lui fait tout remettre en question. Ça arrive, et ça passera tout aussi vite, tente-t-elle de se convaincre. Il s’agit probablement du rythme. Juste le rythme des cours qui est difficile à rattraper après d’aussi longues vacances. Mais tout va bien. Elle soupire discrètement. A la bibliothèque, on n’est pas censé faire du bruit. Ses livres de cours et toutes ses affaires en fait, sont étalées sur la table qu’elle occupe, dans l’espoir de pouvoir terminer rapidement les devoirs de révision, mais son esprit est ailleurs. Lily finit par se lever lorsqu’elle réalise qu’il lui manque une information. Elle rejoint la section médecine, juste à deux pas et parcourt tranquillement des yeux les ouvrages à disposition, sans faire attention au reste, ni aux autres...

Bientôt, après une énième année de spécialisation, Lily pourra enfin ouvrir son propre cabinet. C’est le but qu’elle poursuit dans sa vie. Un objectif qui n’est jamais bien loin dans son esprit. Mais depuis l’année dernière on ne peut pas dire qu’elle mette réellement toutes les chances de son côté. Son attention et ses notes dégringolent, elle peine à se mettre dans le bain, à reprendre le rythme. Parfois, elle se surprend même à penser qu’elle n’y arrivera jamais de toute façon. Et puis, elle reprend un shoot et, dans sa tête, tout s’arrange, tout va nettement mieux l’espace de quelque temps. L’effet ne dure malheureusement pas, il n’est qu’éphémère, assez bref, la dégringolade est toujours terrible. Mais il n’empêche que ça en vaut largement la peine à ses yeux ~

Ses affaires sont étalées sur une des tables d’étude de la bibliothèque. Lily n’a aucun remord à prendre toute la place ne serait-ce que parce que ça lui évite de demander à d’autres de passer leur chemin. Elle n’a pas envie de perdre son temps, ni passer pour la méchante et encore moins discuter à voix basse avec qui que ce soit. L’agitation est déjà suffisamment présente, complètement invisible de l’extérieur. La jeune étudiante revient enfin après avoir déniché le livre qu’elle cherchait.

Ses sourcils se froncent brièvement alors qu’on l’interpelle.

— Ouais, c’est moi. Tu cherches quelque chose ? »

L’interroge Lily, pas certaine de comprendre ce qu’on lui veut. Pendant un instant, elle craint être découverte, avoir des ennuis avec le corps enseignant, ou la direction puisque la consommation de drogue est, évidemment, interdite. Peut-être qu’on a demandé à cette fille de l’envoyer chez le directeur ! Non, elle se fait surement des films. Cette simple idée suffit à faire dresser ses poils. Si bien qu’elle ne reprend pas place, elle se contente de rester debout. Après avoir posé son livre sur la table, ses mains agrippent l’air de rien le dossier de la chaise.

La patience et l’écoute ne sont pas exactement des qualités que Lily possèdent. C’est paradoxal parce qu’elle est tout à fait capable d’en faire preuve lorsqu’il s’agit de la facette de sa personnalité plus professionnel. Mais en ce qui concerne ses relations avec d’autres « adultes », avec des gens de son âge, elle s’arrête à une fille aussi frustrée qu’égoïste. Être recommandée n’est qu’à moitié étonnant au vu de tous les paramètres, mais elle ne s’y attendait pas pour autant. Surtout dans ces circonstances, avec ce qu’elle vit, les bouleversements dans son existence. Elle n’a définitivement pas la tête à ça.

Lily lève brièvement les yeux au ciel lorsque son interlocutrice commence par des excuses. Elle a l’air timide, certes, mais ce n’est pas une excuse pour lui faire perdre son temps. En fait, ce qui l’ennuie c’est le fait de ne pas cracher le morceau plus vite ! Un peu plus d’hésitation et la blonde n’aurait pu que difficilement contenir son envie de la secouer (a)

— Il a pas tort, je suis une excellente élève. »

Répond l’étudiante en médecine, esquissant un sourire qui traduit exactement ce sentiment de supériorité qui l’envahit à ce moment précis. Lily a beau avoir des problèmes en ce moment, être en train de dégringoler dans les bas fonds elle ne compte pas y faire face. Au contraire, elle va bien gentiment continuer de se bercer d’illusions, probablement jusqu’à la chute qui la sortira de ce cauchemar éveillé.

— Lily, septième. Mais tu le sais déjà. »

Encore ce même air si agaçant. Lily se pince les lèvres. Elle ne sait pas exactement ce que cette Tara attends d’elle avec exactitude, mais elle trouve opportun de la mettre en garde :

— Tu sais, si tu gères pas la deuxième alors que l’année vient de commencer, t’arriveras jamais à terminer ton cursus, hein... Je dis ça pour toi… »

Juger sans connaître, sans même essayer. On pourrait dire que c’est… tristement… son credo. Parce que si elle s’arrêtait un instant sur le chemin suivit, ça expliquerait pas mal de choses ~

Sa vie part en lambeaux, morceaux par morceaux. Mais Lily continue de s’y accrocher. Elle fait de son mieux pour sauver les apparences et surtout, continuer la seule chose qui lui ait jamais tenu à cœur. Ce n’est pas évident puisqu’elle est distraite, que son cerveau refuse, la plupart du temps, de se focaliser sur une seule tâche. En fait, la blonde est en train de sombrer. La petite voix dans sa tête a beau lui dire que ce n’est pas grave, que ce n’est pas ça qui compte et qu’elle va réussir sans le moindre mal, c’est totalement faux. Du coup, il y a de fortes chances que ce soit sa frustration qu’elle passe sur Tara. Elle garde cette assurance à toute épreuve, son air supérieur alors, qu’en réalité, elle n’a pas de quoi fanfaronner. Son parcours a été brillant, certes, mais seulement jusque là. Depuis, elle est en chute libre.

Malgré l’attitude cassante de Lily, son interlocutrice reste… docile en quelque sorte. Elle semble avoir compris où étaient ses intérêts, mais également reconnaître la supériorité de la septième année. C’est plutôt rare, malheureusement. La plupart essaie de se rassurer en la traitant de tous les noms. Alors que sa valeur crève les yeux. Mais bon, le succès ne peut pas plaire à tout le monde.

— Tu crois que j’ai que ça à faire ? Du babysitting ? »

Demande dédaigneusement la jeune femme. A son sens, il y a une raison pour laquelle ce cursus est si sélectif. N’importe quel quidam ne peut espérer terminer la tête haute – dixit, la fille qui ne trouve rien de mieux que de consommer de la drogue pour « tricher ». Mais soit, Lily peut reconnaître qu’elle semble décidée. Et c’est pour cela, qu’après un long soupir, elle repose son attention sur la blonde et l’interroge :

— Qu’est-ce qui te fais croire que tu y parviendras cette fois ? »

Cette fois, ce n’est pas exactement une attaque personnel, Lily aimerait connaître ses motivations, le pourquoi, tout comme le fait qu’elle va tout mettre en œuvre pour y parvenir. C’est bien joli d’en avoir envie, mais ce n’est pas suffisant.

Avec un peu de chance, la septième année choisira de lui prêter main forte. Autant dire que ça risque bel et bien de ne pas être la fête tous les jours, mais il faut savoir ce qu’on veut ~

Tara veut vraiment y arriver cette fois. Elle refait sa deuxième année, et elle est donc un peu plus en avance sur ses camarades, vu qu'elle a déjà étudié ce qu'ils font maintenant. Elle veut aller plus loin. Vu son travail au Tom's maintenant, elle veut être à jour et même plus, être plus en avance, histoire que tout ne s'accumule pas d'un seul coup et qu'elle ne puisse plus savoir où elle en est. C'est pourquoi elle a demandé ce qu'elle devait faire à l'un de ses professeurs, qui l'a conseillée d'aller voir Lily Chase, l'une des meilleures élèves en médecine, d'après ce qu'il a dit. Tara va alors à la "recherche" de la prénommée Lily et finit par la trouver à la bibliothèque. Elle ne semble pas être vraiment partante pour aider la jeune femme, et Tara peut comprendre qu'elle a de meilleures choses à faire.

Non.. hum... si tu ne veux pas, je comprendrai...

Souffle Tara, timidement. Elle ne veut obliger personne à faire quoi que ce soit pour elle. C'est vrai qu'elle aurait apprécié que Lily l'aide, surtout qu'elle ne lui demande pas de faire un grand effort. C'est surtout pour avoir les cours. Mais si l'étudiante ne veut pas, Tara respecterai son choix.

Je sais que j'avais eu tort de quitter... J'ai travaillé au cabinet du Dr. Myers pendant près de deux ans, et je me suis rendue compte que moi aussi je veux un cabinet, moi aussi je veux avoir quelque chose de plus... grand.

Répond Tara, comme si la réponse était au bout de sa langue. Mais ce qu'elle vient de dire est vrai. Elle a regretté d'avoir laissé tomber ses études juste parce que le cursus est long et assez difficile. Travailler chez le Dr. Myers l'a un peu secoué, moi après moi. Elle aussi elle veut être médecin, et aider les gens, sauver leur vie même. Elle veut être bien plus qu'une simple assistante médicale. [/font]

C’est flatteur, finalement, qu’on vienne vers elle. Et pourtant, Dieu sait que Lily n’est pas dans son état normal, qu’elle ne va pas bien en ce moment. Savoir qu’on la conseille booste son égo déjà surdimensionné. En réalité, la blonde ne fait probablement que compenser un manque, une solitude en se cachant derrière sa suffisance. Ça expliquerait pour quelles raisons elle ne se comporte jamais de cette manière en compagnie d’Eva, ou de Devon. En revanche, elle ne laisse aucune chance aux autres.

— Est-ce que tu m’as entendu dire « non » ? »

Demande-t-elle, esquissant un vague sourire. Tara l’a entendue être méchante, acide, supérieur et tout ce qui va avec, mais elle n’a pas clairement dit non (a) Alors si son petit « manège » ne la pousse pas à renoncer, et qu’elle se montre suffisamment ambitieuse, forte, pourquoi pas finalement. Pour l’instant, Lily n’en sait trop rien. Elle part toujours d’un a priori négatif. Mais ce dernier peut éventuellement changer.

Lily n’a aucune peine à croire que Tara souhaite voir plus grand. En fait, c’est une excellente chose, une bonne motivation, facile à comprendre puisqu’elle se trouve, selon elle, tout en bas de l’échelle. La blonde se serait réellement posée des questions si la deuxième année avait prétendu être heureuse de sa petite vie minable d’avant (a) Evidemment, il en faut aussi qui assiste les vrais docteurs, qui fassent même, parfois, le sale boulot – façon de parler – mais ces personnes là gagneraient difficilement le respect de la jeune Chase. Comme si leur valeur était moindre parce qu’elles n’ont pas fait d’études.

— Bien. »

Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Au moins, elle l’a réalisé. On dirait presque qu’elle lui fait passé une épreuve avec toutes ces questions qui finalement ne la regarde pas. Mais ça déterminera si elle se décide à la catégoriser dans la case de ces pauvres filles qui n’arriveront jamais à rien, ou les autres, comme elle – dixit la fille qui se drogue pour tenir (XD)

— T’as déjà une idée de spécialisation ? Ou tu t’orientes plutôt généraliste ? »

Evidemment, comme si tout le reste, Lily a une idée bien précise de ce qui va et ce qui est moins « bien ». Le contraire aurait été étonnant x)

C’est un jeu auquel Lily prend très rapidement goût. Ce pouvoir qu’elle ressent. Aussi infime soit-il, la rend soudainement heureuse. Ce n’est cependant pas une émotion qu’elle démontre, son immense joie est toute intérieure et se traduit davantage par un air supérieur que par un quelconque sourire. Elle est comme ça, et ça ne s’arrange clairement pas avec la drogue qu’elle consomme quotidiennement et qui la détruit plus rapidement qu’elle ne veut bien l’entendre. Facile puisqu’elle ne se « rend compte » de rien.

— Il me semblait. »

Commente-t-elle simplement, ne répondant pas « oui » pour autant. Pas dans l’immédiat. Elle a besoin, surement, de tâter un peu le terrain. C’est un marché ultra compétitif. Il y a une raison au fait qu’au lieu de se soutenir, la majorité des élèves en médecine se tirent dans les pattes. C’est une voie élitiste. Tara ne risque pas de lui faire de l’ombre, c’est clair, parce qu’elle n’est qu’en deuxième, et qu’en plus, rien n’est moins sûr quant au fait qu’elle y arrive (a) Justement. C’est ça le problème. Pourquoi perdre du temps ainsi si ça ne mène à rien ?

La réponse que lui donne Tara la fait sourire, c’est une excellente réponse et elle ne tarde pas à lui transmettre cette fierté qu’elle ressent.

— Bon choix. »

Un léger hochement de tête. En fait, elles ont certaines choses, certains intérêts en commun on dirait. Même si elles ne se dirigent pas vers la même sortie. Lorsque Tara l’interroge en retour, la blonde passe une main dans ses cheveux d’un geste pratiquement théâtrale, ou digne d’une publicité pour shampoing.

— Pédiatre. Je vais ouvrir un cabinet en ville. »

Toujours aussi superficiel. On ne croirait pas qu’elle est capable de suivre cette voie, qu’elle est suffisamment intelligente pour devenir médecin un jour. Quoi que… la drogue n’aide pas ses neurones à se tenir correctement. Mais c’est un détail qu’elle ne compte pas mettre sur le tapis. Ni maintenant, ni jamais.

Allez savoir d’où lui vient cette vocation d’aider les autres. Dans le cas de Tara, c’est évident, elle semble aussi douce que gentille, en revanche pour Lily, c’est une autre paire de manche. Sa vie est complètement décousue, sa morale, ses principes également. Mais elle s’accroche tout de même. Peut-être dans le but hypothétique de devenir une meilleure personne, de se rapprocher un peu plus de sa sœur au lieu de sa maternelle. C’est une chance en soi puisque Rita l’encouragerait davantage à mettre un terme à ces « extravagances » pour se focaliser sur d’autres choses plus essentielles selon ses propres dires.

Lily acquiesce d’un léger signe de tête comme pour dire qu’il n’y a pas de quoi. C’est sincère, sinon, elle ne se serait pas gênée pour lui dire le contraire ! Elle ne s’embarrasse pas des conventions qui veulent qu’on reste correct en toutes circonstances. Surtout pas depuis qu’elle carbure à la cocaïne.

Un léger sourire éclaire ses lèvres lorsque son interlocutrice l’encourage. Encore une fois, il va falloir qu’elle la reprenne (a)

— Il faut juste de la volonté, et un peu de talent. »

Elle ne le dit pas avec prétention, mais parce qu’elle pense sincèrement que ce n’est pas une filière ouverte à n’importe quel quidam. Et puis, comme tout le monde, il lui est déjà arrivé d’en avoir marre, d’avoir envie de tout balancer, mais c’est dans ces moments qu’il faut s’accrocher.

— Ouais, ça doit pouvoir se faire. »

Très organisée, la jeune étudiante en médecine à garder tous ses cours, classer, ranger, étiqueté convenablement. C’est la seule manière réaliste d’avoir, par la suite, une vue d’ensemble et un peu plus de facilité à réviser quand viennent les examens. Parce qu’on a beau considéré les années précédentes comme « acquises », réviser un peu ne fait jamais de mal.

— Mais ce n’est pas sans condition.

Je tiens à les récupérer dans le même état, et sans délai si j’en ai besoin. »

Ou, accessoirement, qu’elle change d’avis. A son sens, Tara peut s’estimer heureuse d’être tombée sur elle. Déjà, parce qu’elle est une bonne élève (du moins, elle l’était auparavant et, heureusement d’ailleurs, les cours qu’elle va lui donner ne comporteront pas les stigmates de sa chute vertigineuse), mais aussi parce qu’elle n’a pas l’intention de lui faire un mauvais coup du genre fausser les données pour la perdre. C’est quelque chose de fréquent, entre étudiants pourtant x)