Autant dire que ce qui s’est passé avec Adrian, et bien que ça ait beaucoup travaillé Thomas ces derniers jours, a été complètement « zappé » quand cette terrible tempête s’est déclarée à Great Falls. A la maison, avec Monica, la mère de son ami, Tom’ avait rapidement pris l’initiative de conduire celle-ci au gymnase, apparemment l’endroit le plus sûr de toute la ville. Adrian, lui, il le savait parti au lac pour une partie de la journée, mais n’avait pas pu attendre son retour pour décider de conduire sa mère auprès des autres habitants. Bien que l’angoisse se fasse sentir en lui concernant son meilleur ami qui ne montrait pas signe de vie, le jeune homme avait pris la décision de mettre d’abord Monica à l’abri. C’était la meilleure attitude à adopter. Au bord de sa vieille voiture, il l’avait donc conduite au gymnase, heureusement sans encombre. Cela dit, la mère de son ami, terriblement inquiète pour son fils, commençait sérieusement à paniquer, tout spécialement après avoir traversé les rues de Great Falls, méconnaissables. La tempête avait déjà fait de terribles dégâts…

Après avoir vérifié qu’Adrian n’était pas à l’intérieur, Tom’ et la mère de ce dernier, se retrouvent devant le gymnase. Ils sont trempés, mais Tom’ refuse d’y retourner.

Je vais aller le chercher, je sais où il est !

Mais Tom’…

Je vais vous le ramener, d’accord ? Tout va bien se passer.

Le jeune homme ne laisse pas le choix à Monica et s’empresse de faire demi-tour pour rejoindre le parking. Elle aura beau dire le contraire, et aura beau lui assurer qu’elle préfère qu’il soit en sécurité avec elle, Tom’ sait bien que c’est ce qu’elle voulait, qu’elle voulait qu’il assume ce rôle et qu’il parte à la recherche de son fils. C’est humain, après tout. Et, de toute manière, Thomas ne peut pas le concevoir autrement lui-même.

Le cœur complètement en vrac, ses clés de voiture à la main, l’agent immobilier traverse le parking sous la pluie battante. Il s’arrête net en entendant un bruit de fracas à sa droite : un arbuste vient d’être arraché de terre par le vent, et vient de s’envoler soudainement. Le blond déglutit. C’est dingue, irréel. Mais ça ne le pousse pas à oublier son objectif, et ne le fait pas changer d’avis non plus. Il fonce vers sa voiture, et embarque à l’intérieur. Une marche arrière plus tard, il se retrouve dans les rues de la ville. Il ne respecte pas les limitations de vitesse, ce qu’il sait être dangereux, tout spécialement par ce temps. A plusieurs reprises, il manque de déraper, de partir dans le décor ! Mais il n’arrive pas à se contrôler. Il est trop nerveux. Qu’Adrian soit là-bas, au lac, c’est extrêmement dangereux. Ce n’est pas l’endroit le plus sécurisé par un temps pareil ! En prime, qu’il ne soit pas réapparu à la maison, et qu’il ne se soit pas réfugié au gymnase non plus, c’est terriblement inquiétant. Tom’ n’a croisé personne sur sa route, d’ailleurs ! C’est que son ami doit être coincé là-bas… Du coup, il ne réfléchit pas, et laisse sa fougue habituelle parler pour lui. Il fonce, donc, dans les rues de la ville, et se gare n’importe comment une fois arrivé à destination. Il fait tellement noir qu’il pense à laisser les phares de son véhicule allumés, au moins pour apercevoir quelque chose.

En descendant jusqu’aux abords du lac – ou plutôt en glissant sur l’herbe qui en jonche les bords – Thomas regarde partout autour de lui. Il manque de se casser la figure mais se rattrape à une branche. Il ne voit pas à 2 mètres devant lui ! Alors, il décide de s’arrêter, le souffle court, et appelle son ami qui l’entendra peut-être…

Adrian !

Adrian, tu m’entends ?

Une fois, deux fois, trois fois… Le jeune homme s’époumone, et sent son cœur peu à peu se resserrer. Il est en train de perdre tout espoir de le retrouver.

Cet après midi, Adrian a eu la bonne idée de la passer au bord du Lac Michigan. De là où il se trouvait, le jeune homme n’a pas eu les alertes infos, ou encore celles du Maire. Tout s’est passé extrêmement vite. La pluie s’est abattue d’un seul coup. Le sol trempé rend l’endroit particulièrement dangereux, glissant. La foudre, l’orage gronde. Ça fait peur et au fil des minutes, le ciel s’assombrit, les nuages sont noirs cendres. Dépassé, en voulant remonter, pour rejoindre sa propre maison, Adrian glisse et se blesse à la cheville. Son corps glisse le long de l’herbe, se retrouve au même stade. Soufflant de douleur, le journaliste tente de remonter mais c’est bien trop difficile…>< et en quelques minutes, il se retrouve glacé, trempé jusqu’aux os. Ses vêtements lui collent, se confondent dans la boue. Il est rapidement dans un état pitoyable !!

Stressé, il a pour réflexe de sortir son téléphone de sa poche, pour appeler à l’aide… il appelle chez lui mais le réseau est saturé, coupé ! Aucune chance. Remplaçant la technologie par sa propre voix, le jeune homme s’éclate les poumons en criant le plus fort possible. L’orage couvrirait presque les sons, et personne ne l’entend. Désespéré, il regarde tout autour de lui, cherchant un endroit à l’abri… ! A quelques mètres, se trouve finalement une espèce de grotte où le jeune homme tente de se réfugier, le temps que le moment passe… ! Si ça passe, bien évidemment. Pétrifié, il boîte, s’accroche pour y parvenir avant de s’écraser lourdement sur le sol.

Son regard se pose tout autour de lui, mais surtout sur le ciel. Les dégâts commencent à être importants. Des arbres tombent, les nuages s’assombrissent d’avantage. Adrian tremble, en pensant au pire. Il est tellement stressé, que la douleur se fait moindre. Il jette alors un coup d’œil à sa cheville, qui a triplé de volume ! Impossible pour lui de bouger… tandis qu’il est complètement trempé… et que ça ne s’arrange absolument pas. Ne perdant pour autant pas espoir, il continue de crier à l’aide, à qui veut bien l’entendre mais c’est un échec de plus… ! Alors, le jeune homme s’appuie contre la paroi de cette grotte. Ses yeux se ferment un instant, pour mieux se rouvrir, lorsqu’il entend l’écho d’une voix, elle parait tellement loin qu’il se demande s’il n’est pas en train de triper !!

Adrian songe alors à sa famille, sa mère, ses cousins… et puis surtout Thomas. Il se demande s’il va bien ! C’est ironique vu sa situation mais c’est plus fort que lui. S’inquiétant pour lui mais également en repensant à la manière dont ils avaient fini la dernière fois ! ça le rend triste… et le jeune homme dégluti nerveusement à cette idée là. D’autant plus qu’il entend à nouveau une voix l’appeler… ! Il se redresse, glisse, grogne puis tente une fois de plus de se faire entendre.

Y a quelqu’un ? A l’aide !!

Silence…Coeur battant.

Il fait si noir… Et même si l’électricité n’avait pas été coupée, au bord du lac, il n’y a pas le moindre éclairage public. C’est la nature à l’état sauvage. La nuit tombera bientôt, mais le ciel est déjà extrêmement noir, assombri par d’énormes nuages, sombres et obscurs. En sortant de sa voiture, Tom’ a le réflexe de rallumer les phares, au moins pour s’éclairer l’accès au lac. Il ne connaît pas l’endroit, qui plus est, ce qui ne va pas l’aider à se diriger ! Il manque d’ailleurs à plusieurs reprises de se casser la figure, glisse même sur l’herbe à un moment. S’agrippant pour finir à la branche d’un arbre, il décide d’utiliser sa voix, en espérant qu’Adrian – s’il est là – finisse par l’entendre, malgré le bruit de la pluie qui s’abat au sol, malgré les grondements du ciel qui ne se calment toujours pas.

Cooper !!!

Hurle-t-il, à s’en déchirer la gorge. Plus les secondes défilent, et plus ses espoirs s’amenuisent. Si ça se trouve, il n’est pas là. Si ça se trouve, il est rentré, il est à la maison ! Thomas divague, ne sait plus quoi penser, et jette un coup d’œil à sa voiture, qui l’attend au bord de la route. Il ferait mieux d’y retourner… En plus, ses vêtements sont trempés, et le vent lui donne horriblement froid >< Alors, il se décide, et fait quelques pas en direction du véhicule, avant de se retourner d’un coup, quand il entend un bruit. Une voix.

Adrian !

S’exclame-t-il, plus pour lui-même que pour son ami. C’est lui. C’est forcément lui ! L’espoir naît à nouveau du côté de Tom’, qui ne pense plus à la « situation » qui les a fait se quitter brusquement la fois dernière. Tout ce qui compte à ses yeux, c’est qu’il puisse le retrouver, le savoir en sécurité. Il s’avance, en continuant de l’appeler, de crier, espérant que ce dernier l’entendra, et fera de même. Grâce au son de sa voix, il va peut-être pouvoir se diriger, et le retrouver…

C’est moi, c’est Tom’ ! T’es où, putain ?!

En avançant, le jeune homme se retrouve les pieds dans l’eau. Il baisse la tête, l’air surpris. On dirait que le lac est en train de sortir de son lit ! Avec la pluie qui tombe, ce n’est pas étonnant. Tom’ recule alors de quelques pas, et relève la tête. La voix qu’il entend de son ami vient d’ailleurs. Il part sur la droite, et essaie de suivre son instinct, et son ouïe. Lorsqu’il perçoit bien mieux la voix d’Adrian, l’agent immobilier réalise qu’il est sur la bonne voie. Il ne s’arrête pas, mais s’avance tout de même lentement, craignant de se casser la gueule, dans la boue, qui rend ses mouvements difficiles.

Trempé, le jeune homme met un moment avant de trouver refuge quelque part. Il tente d’abord d’accéder à la route, mais c’est peine perdue ! Sa cheville lui fait beaucoup trop mal, et ramper, ou à cloche pied, ça le fait glisser, trébucher ! Il a peur de se faire plus mal qu’autre chose. Il perd alors espoir de remonter, et regarde tout autour de lui, à la recherche d’un endroit beaucoup plus sûr. Sous ses pieds, l’eau du Lac se décide à remonter, ce qui ne le rassure pas du tout ! Adrian est encore plus trempé et panique en venant s’effondrer dans une sorte de grotte, peu loin de l’endroit où il se trouvait. L’endroit est humide, obscure, puisque la nuit tombe et que les nuages, à l’extérieur, rend l’endroit encore plus sombre. Il s’éclaire avec la lumière de son téléphone, pourtant hors service. C’est une chance en moins d’avoir de l’aide…

Pendant qu’il est coincé, le jeune homme pense entendre des voix dans sa tête. A force d’hurler, il ne sait plus s’il tripe à force d’avoir envie que quelqu’un vienne, ou si c’est juste sa propre respiration rapide, ou le bruit de la nature qui fait cet effet là. Adrian ferme un moment les yeux et se met à nouveau à hurler à l’aide. Son cœur bat comme un dingue. Il a peur, est trempé jusqu’aux os. Il commence à désespéré de plus en plus… mais une lueur d’espoir l’envahit lorsqu’il entend au loin, quelqu’un prononcé son nom. Adrian se redresse, se fait à nouveau mal, puis se remet à hurler.

Le regard fixé sur l’extérieur de la grotte, Adrian ne voit absolument rien. Il fait de plus en plus noir, la pluie, l’orage, lui brouille la vue…. Mais à nouveau, Adrian entend une voix, puis reconnait aussitôt celle de Thomas. Le cœur battant, il s’avance d’avantage, se retrouve encore plus trempé, alors qu’il lui répond, en priant pour qu’il l’entende.

Tooom !!

J’suis… j’suis heu…dans une espèce de grotte !!

S’exclame Adrian à s’en percer les poumons. Il prend une profonde inspiration. Il est content, soulagé mais paniqué à l’idée qu’il soit également là. Et s’il lui arrivait un truc entre temps ?! La peur au ventre, le jeune homme se mord la lèvre inférieure… Adrian zappe tout ce qui s’est passé avec lui, avant ce jour. Tout ce qu’il veut, c’est qu’il le retrouve…et à nouveau, il répète les mêmes indications, en espérant qu’il puisse enfin l’apercevoir… !

Thomas n’y croyait plus, et pourtant, il entend une voix, la voix de son ami, et se retourne sans plus attendre. Les grondements dans le ciel le rendent nerveux, mais pas autant que l’eau du lac qui est en train de monter. C’est un endroit particulièrement dangereux par ce temps, et le jeune homme sait qu’il ne doit plus perdre une seule seconde pour agir, et pour retrouver son ami. Il met de côté ce qui s’est passé avec lui dernièrement, il n’a pas le temps d’y songer de toute manière. Pourtant, ce qui le pousse à agir, ce sont bien les sentiments qu’il ressent à son égard ! Mais l’heure n’est pas à l’analyse de la situation, non. Il faut faire quelque chose. En se laissant guider par la voix de son ancien camarade de faculté, Tom’ avance dans le noir. Les phares de sa voiture ne l’éclairent plus franchement là où il se trouve. Une forme de nervosité l’envahit alors, parce qu’il ne voit rien, parce qu’il s’inquiète pour son pote, et parce que la pluie n’arrête pas de déferler sur lui, rendant le chemin impraticable >< Son cœur s’emballe comme jamais.

Il entend presque distinctement la voix de son ami mais ne parvient toujours pas à le voir. Il a l’impression qu’il est au-dessus de lui, et relève donc la tête, bien que ça ne change toujours rien. La pluie et l’obscurité lui brouillent presque complètement la vue.

Je te vois pas !!

S’exclame-t-il, le ventre noué. Il a d’autant plus peur qu’il craint de ne jamais finir par retrouver Adrian dans ces conditions, bien qu’il le sache tout près de lui ! Mais là, comme si les éléments décidaient de jouer en sa faveur soudainement, un éclair vient tomber non loin, et illumine le lieu où ils se trouvent. Enfin, Tom’, les yeux relevés, aperçoit son ami dans un renfoncement. Bien que la situation soit loin d’être sauvée, de le voir, vivant – bien que trempé, et dans un sale état ! – lui enlève un putain de poids de ses épaules.

C’est bon, c’est bon, j’arrive !

S’exclame le jeune homme, d’un ton plus assuré, plus confiant. Grimpant en s’agrippant à des roches, il arrive rapidement à se hisser jusqu’au renfoncement dans lequel son ami s’est frayé un chemin, allez savoir comment. Les mains pleines de terre, le jean déchiré aux deux genoux, et le reste de ses vêtements trempés, on peut dire que Tom’ n’arrive pas dans un bel état à destination ! Mais franchement, il s’en contrefiche. En croisant le regard d’Adrian, il se sent soulagé, et surtout, les sentiments qu’il cultive à son égard semblent rejaillir d’un coup. Sans plus tarder, il le prend fermement dans ses bras ~ Enfin, il l'a retrouvé.

Adrian commence de plus en plus à perdre espoir ! Franchement, qui pourrait s’aventurer ici, avec un temps pareil ? Qui sait qu’il est là, déjà hein ? Le jeune homme se dit que tout le monde doit être en sécurité, quelque part, et que lui, il restera un bon moment dans ce trou, sous cette pluie battante et cet orage de malade… ! Il craint de plus en plus pour sa propre sécurité, et ça ne l’aide pas à avoir les idées claires. Adrian a beau hurler à l’aide mais au départ, personne ne semble venir… ou tout simplement l’entendre. Son état s’aggrave, puisqu’il tremble comme une feuille, et le jeune homme, ferme un moment les yeux jusqu’à ce qu’il soit certain d’entendre enfin quelqu’un qui l’appelle !! Il aimerait tellement que ce soit le cas. Son cœur s’emballe comme un dingue alors qu’il reconnait enfin la voix de son meilleur pote !! Il est tellement touché qu’il soit venu le chercher mais a peur en même temps qu’il ne parvienne pas à le faire.

L’obscurité est de plus en plus oppressante et Adrian continue de le guider avec sa voix. Il se demande s’il parviendra à le rejoindre… ! Et cette peur s’accentue lorsque son pote lui explique ne pas réussir à le voir ! Adrian lui indique à nouveau l’emplacement de cette espèce de renforcement. Faut dire qu’il a galéré pour y accéder… !


Et puis, d’un coup d’un seul, il entend du bruit, son pote qui se rapproche. En effet, Adrian finit par se redresser, s’accrochant pour paraître plus visible. Ses jambes tremblent et lorsqu’il aperçoit enfin Thomas, juste à quelques centimètres de lui, son cœur continue de battre comme un dingue. Lui aussi est dans un sale état, du coup. Rempli de boue, mouillé… et son regard croise le sien avant que Tom vienne le prendre dans ses bras. Ce dernier s’accroche comme un dingue à son pote, en se sentant d’un coup d’un seul, soulagé mais également troublé. Il a simplement mis de côté tout ce qui s’est passé entre eux… mais tout ce qu’il ressent… n’a pas changé. Alors, en profitant de cette étreinte, il s’exclame aussitôt :

Putain… !! T’es venu. T'es là. T’es taré >< C’est super dangereux.

Lance-t-il, tout essoufflé avant d’ajouter :

Mais j’suis super content…!! **

Lorsqu’il entend son ami mais qu’il n’arrive pas à le retrouver, Thomas se sent encore plus frustré. Il cherche, regarde partout, mais ne trouve pas comment le rejoindre, jusqu’à ce qu’un violent éclair n’illumine brièvement les lieux. C’est là qu’il voit son pote, dans un renfoncement, plus haut ! Et maintenant, il peut se permettre « d’escalader » l’endroit comme il peut, pour le retrouver. Son jean, trempé, se déchire aux endroits où il est bien contraint de poser ses genoux. Ses mains sont pleines de terre, écorchées par endroit. Mais il arrive là où s’est réfugié son meilleur ami, et croise enfin son regard. Un sentiment énorme de soulagement l’envahit aussitôt ! Et, par réflexe, le jeune homme se précipite sur lui, bien qu’il soit resté accroupi, pour le prendre dans ses bras, avec force. Il est trop content de le retrouver, de le sentir à nouveau contre lui ~

Adrian est sain et sauf. Toute l’angoisse de Thomas le quitte d’un coup. Il le serre aussi fort qu’il le peut, en entendant son ami, en le sentant à la fois surpris, bouleversé, et rassuré. Tout en le maintenant contre lui, l’agent immobilier reprend la parole. Son cœur bât encore et toujours la chamade, mais la pression retombe.

Moi aussi, je suis trop soulagé !!

Ta mère me disait de pas y aller, mais au fond, je savais qu’elle voulait que je te retrouve… ! Et puis comme on savait où t’étais… Je pouvais pas rester sans rien faire.

Explique le jeune homme, en finissant par mettre fin à l’étreinte. Le moment a beau être particulier, dès qu’il s’éloigne, et qu’il regarde le visage de son ami, tout proche, il sent son cœur légèrement flancher. Il prend tout de même sur lui pour faire « l’air de rien », considérant que c’est peut-être ce qu’il y a de mieux à faire. Et puis, ils ont d’autres préoccupations, après tout ^^’

Elle, ça va, elle est en sécurité avec les autres, au gymnase.

Précise-t-il, pour rassurer son ami. Sans se douter de l’état de sa cheville, il reprend :

Faut qu’on sorte d’ici, l’eau est en train de monter !

L’arrivée de Thomas lui redonne un peu d’espoir. Il n’est pas tout seul ! Il sait qu’il va bien finir par le retrouver, non ? Adrian a juste peur que ça prenne trop de temps, d’autant plus qu’il a bien vu que l’eau commençait à monter ! Ca l’angoisse comme un dingue et il craint également que son pote se blesse en essayant de venir jusqu’à lui. Adrian a bien galéré pour se glisser jusqu’ici. Il s’est même fait d’avantage mal, d’une façon ou d’une autre. Le journaliste est tellement stressé qu’il ne fait pas attention à sa cheville, il essaie de ne pas y penser tout simplement… ! En effet, le journaliste se concentre sur son pote, qui arrive enfin jusqu’à lui ! C’est un énorme soulagement. Adrian ne sait plus où donner de la tête et profite que ce dernier vienne l’étreindre pour faire retomber la pression et tout ce qu’il a enduré seul jusqu’à maintenant. Ça va aller, non ?

Il se sent déjà mieux. Son pote le serre fort contre lui, et Adrian fait la même chose, reprenant la parole, sans cacher toute l’émotion qu’il ressent. Il est surprit, inquiet, perdu, rassuré…heureux. Tout ça, ça le rend complètement paumé. Son cœur continue de battre comme un dingue, et c’est essoufflé, qu’il écoute ce que son pote lui explique, en mettant ensuite fin à cette étreinte.

J’suis rassuré… !! Je pétais un câble tout seul ! C’est…courageux de ta part d’être venu, t’aurais pu aller te réfugier.

Souffle-t-il, en écoutant ensuite Thomas lui dire que sa mère est en sécurité. Il pense à elle, à d’autres membres de sa famille. Ça l’inquiète mais son air soulagé s’assombrit aussitôt, lorsque son pote lui parle de sortir d’ici. Adrian baisse les yeux, en se frottant la nuque. En effet, il sait qu’il ne parviendra pas à sortir de là. Et ça l’angoisse complètement. Il dégluti nerveusement avant de reprendre la parole :

Je peux pas… je peux pas, je vais pas y arriver, j’ai déjà essayé >< J’ai un truc à la cheville.

S'exclame Adrian, tout fébrile d'un coup.

Retrouver son ami est un véritablement soulagement pour Thomas. Il n’a pas fait tout ça pour rien, et il ne regrette pas d’être venu, bien au contraire. En le retrouvant, il a immédiatement le réflexe de le serrer dans ses bras. Très fort. Il a vraiment eu peur pour lui… ! Du coup, quand son ami prend la parole, Tom’ fait finalement de même, et déballe un peu tout ce qui lui passe par la tête. Il a le souffle court, et son cœur lui joue encore des tours. Enfin, il devrait bien finir par s’en remettre… ! Il va bien falloir qu’il recouvre ses esprits, d’autant qu’ils vont devoir sortir de là. Enfin, ça, c’est ce que le jeune homme s’imagine. Il n’a pas remarqué que son pote s’était fait mal à la cheville.

Oh, t’aurais fait pareil pour moi… !

Répond le jeune homme, dans un léger sourire, très bref cependant. En effet, bien qu’ils soient réunis, la situation est tout de même critique dans un sens. De nouveaux éclairs zèbrent d’ailleurs le ciel, derrière l’agent immobilier. Son ami lui révèle alors qu’il ne peut pas se déplacer : il s’est fait mal à la cheville.

Quoi ? Comment ça ?!

Maintenant, Tom’ comprend mieux pourquoi Adrian a songé à se réfugier ! Remonter jusqu’à la route avec une cheville blessée, puis marcher jusqu’à la maison ensuite, ça aurait été bien compliqué… ! Mais du coup, il est clair qu’ils ne vont pas pouvoir se sortir de là dans l’immédiat. Thomas s’écarte, et jette un coup d’œil aux chevilles de son ami.

Tu veux que je regarde ?

Propose-t-il, bien que ses connaissances en médecine se résument à rien, ou presque ^^'

Adrian est tellement soulagé que son pote soit venu jusqu’à lui, qu’il soit venu pour le chercher ! C’est quelque chose qui le touche vraiment… ça le met dans un état pas possible. En fait, il ne va juste pas s’en remettre quoi. Leur étreinte est mémorable, ça lui fait tellement du bien de s’accrocher à quelqu’un, de savoir qu’il est plus seul. Mine de rien, il en a bavé jusqu’à maintenant. Ce n’est pas quelque chose qu’il risque d’oublier ! Mais la présence de Thomas le rassure, ça lui fait du bien de le voir là, près de lui. Il lui fait remarquer que son geste était très courageux… et Thomas lui répond simplement qu’il aurait fait pareil à sa place. C’est vrai.

C’est clair…

S’il savait où il était, et si la situation était la même, Adrian aurait fait la même chose. Il aurait tout risqué pour rejoindre son meilleur ami. Le savoir quelque part, seul, avec ce qui se passe, ça le rendrait dingue. Alors tandis qu’ils s’échangent quelques phrases, le jeune homme, tout soudainement fébrile, lui explique qu’il ne peut absolument pas s’en sortir tout seul. Ce n’est pas possible, avec sa cheville.

J’sais pas ce que j’ai…

Avoue-t-il, sans avoir pris la peine de l’avoir vraiment observée à la base. Cela dit, il sait qu’il n’est pas parvenu à remonter. Il doit avoir un sérieux problème avec sa cheville, qui maintenant qu’il y pense, le fait souffrir. Le jeune homme s’écarte pour lui proposer d’observer. Adrian acquiesce, en tirant sur son jeans trempé, alors qu’il essaie de dégager la vue, pour qu’il puisse regarder.

Ca saigne pas déjà j’crois ^^’

Constate le jeune homme, sans savoir ce qu’ils vont faire maintenant…

Thomas est vraiment soulagé de retrouver Adrian. Et ce dernier semble l’être tout autant que lui. Ça peut se comprendre ! Rester dans cet endroit pendant un temps que le jeune homme ne saurait définir – mais qui devait paraître interminable – ça avait de quoi être flippant… ! D’ailleurs, il ne manque pas de le remercier, de lui faire comprendre que ce geste a été très courageux… Mais l’agent immobilier reste très « modéré » dans sa réponse. Il sait que son ami aurait fait exactement la même chose pour lui ! Ça n’a rien d’exceptionnel. Et puis, c’était même égoïste en un sens. Il a besoin d’Adrian dans sa vie. Le perdre aurait été terrible pour lui. Lorsque le journaliste lui révèle qu’il aurait effectivement fait la même chose, Tom’ esquisse un léger sourire. Il en était persuadé. Il sait qu’il pourrait mettre sans mal sa vie entre les mains d’Adrian.

Puis, l’agent immobilier en arrive à aborder un point plus important : se barrer d’ici vite fait ! Mais son pote lui explique que sa cheville lui fait mal. Thomas comprend mieux, du coup, pourquoi il a cherché à se réfugier dans cette sorte de « grotte ». Le jeune homme lui propose de jeter un coup d’œil. Il se retourne et se penche sur sa blessure. Il évite de toucher, cependant, de sorte à ne pas faire mal à Adrian davantage.

Nan, en effet, ça saigne pas…

Mais c’est vachement enflé ^^’ Ça doit être une entorse, ou un truc du genre.

Constate le jeune homme, avant de se pencher pour regarder ce qui se passe dehors. Il ne voit strictement rien. La pluie continue de s’abattre à grosses gouttes.

Je pourrais te prendre sur mon dos mais j’ai déjà failli me casser la gueule, en venant ^^’ Je crois que le mieux, c’est de rester là pour le moment… En espérant que l’eau s’arrête de monter…

Explique Tom’, avant que le vent ne s’engouffre dans le renfoncement, et le fasse violement frissonner. Aussitôt, il a le réflexe de réajuster le jean d’Adrian pour recouvrir sa blessure, puis croise les bras, pour se réchauffer. Espérons que l’eau ne montera pas jusqu’à eux, et qu’ils ne mourront pas de froid, hein ^^’

Adrian ne sait pas depuis combien de temps il est coincé là, mais en effet, ça lui semble être une éternité ! C’est flippant, lugubre. C’est certain, ce n’est pas l’endroit rêvé pour se retrouver sous une tempête hein ! Cependant, s’il n’avait pas réussi à s’engouffrer là dedans, le jeune homme serait dans un état plus critique. Avec sa cheville blessée, le journaliste n’a pas réussi à remonter le long de la rue. Lui qui était venu à pieds, c’était juste impossible. L’idée d’aller plus loin de cinq mètres relève du fantasme, en gros. La présence de son pote lui met du baume au cœur. C’est certain, il est touché par son geste et surtout, ça le rassure ! En effet, Adrian n’est plus tout seul dans cette galère et franchement, ça l’empêche de trop paniquer.

Cependant, s’il y a un énorme problème, c’est cette eau qui commence à monter… mais Adrian est toujours incapable de sortir d’ici. Sa cheville lui fait bien trop mal. Son pote lui propose d’y jeter un œil, et Adrian se laisse faire, en remontant son jean, pour lui laisser l’occasion de voir de quoi il s’agit. Adrian sait qu’il ne saigne pas mais ça pourrait être n’importe quoi d’autre. Thomas opte pour une entorse ou quelque chose dans ce goût là. Le journaliste acquiesce, en regardant son pote se pencher dehors, pour voir ce qu’il se passe.

D’accord… comme tu veux…

Propose Adrian, en frissonnant également, lorsqu’un coup de vent vient s’engouffrer dans le renforcement. Adrian sourit légèrement en le voyant réajuster son jean. Son regard se pose à nouveau sur son pote… Il ne peut repenser à eux, à ce qui s’est passé… malgré la situation. Et timidement, Adrian reprend la parole :

Tu veux pas… heu…venir plus près ?

Demande-t-il, timidement.

En apprenant qu’Adrian est blessé, et qu’il va avoir du mal à se déplacer, Thomas essaie de réfléchir aux solutions qui se présentent à eux. Il pourrait prendre son ami sur son dos, mais ça risque d’être compliqué, d’autant que, même tout seul, il a déjà failli de se casser la figure à plusieurs reprises en venant le retrouver… ! Et puis, ça pourrait empirer. Il suffirait d’un faux mouvement pour que son ami se fasse encore un peu plus mal. Ce n’est pas le but recherché. C’est vrai que se réfugier au gymnase serait sans doute la meilleure solution, au moins pour rassurer Monica… ! Mais là, ils n’ont pas de véritable solution. Tout ce qu’il reste à espérer c’est que l’eau ne monte pas suffisamment, au point de les recouvrir… ! Là, ce serait vraiment inquiétant. Mais d’ici que ça arrive, peut-être auront-ils été secourus, ou qu’une autre solution se sera présentée à eux. Pour le moment, en tout cas, même si l’eau monte à vitesse grand V, elle est loin de les atteindre.

Le jeune homme, en jetant un coup d’œil dehors, reste songeur. La pluie ne semble pas se calmer, et le tonnerre non plus. Le vent, quant à lui, souffle de plus belle. Il repense à sa voiture, qu’il a laissée en arrivant.

Merde, j’ai laissé ma voiture avec les phares allumés ^^’

Les chances pour que sa batterie tienne le coup jusqu’à ce qu’ils sortent de là sont moindres, mais Tom’ n’imagine pas repartir par ce temps, et risquer de se blesser lui-même, ou de ne pas retrouver son pote par la suite. Tant pis si la batterie sera à recharger par la suite ! Il préfère rester aux côtés de son meilleur ami qui a besoin de lui, sur le moment. Il ne peut pas le laisser, il sait que ce serait moche pour lui de se retrouver à nouveau complètement seul dans ces conditions.

Quand le vent s’engouffre dans le renfoncement, Thomas frissonne franchement. Il faut dire que ses vêtements sont complètement trempés… ! S’il s’en sort sans encombre, il aura certainement un bon rhume à soigner ! Mais son ami prend la parole, pour l’inciter à se rapprocher. L’agent immobilier détourne aussitôt le regard, timidement. Il n’empêche que son ami a raison, c’est sans doute la meilleure manière de se tenir chaud… ! Mais, fatalement, des souvenirs reviennent à l’esprit de l’agent immobilier… Il essaie pour autant de ne pas se focaliser dessus.

T’as froid ?...

Demande-t-il, mettant ses états d’âme de côté. Après tout, dans son état, il devrait plutôt prendre soin de son pote, plutôt que de s’interroger sur ses sentiments, ou repenser au passé ! Il s’approche de lui, et pose une main timidement dans son dos, pour le frotter légèrement, dans le but de le réchauffer un minimum.

Adrian sait que sa situation les bloquent tous les deux ! En effet, connaissant Thomas, ce dernier ne souhaitera probablement pas le laisser seul ici. Et comme il vient de lui dire, le porter serait quelque chose de très dangereux. Tout à l’heure, Adrian a déjà eu l’occasion de remarquer à quel point le sol est glissant, que la visibilité n’est pas évidente non plus. C’est un énorme risque qu’ils prendraient s’ils s’aventuraient dehors. Ce n’est donc pas du tout une bonne idée. La seule chose à faire, c’est de prier que l’eau ne monte pas suffisamment pour les inonder, ou quelque chose dans ce goût là. Ce serait vraiment dramatique ^^’ Déjà qu’ils sont trempés, que le vent vient les fouetter violemment. En plus d’avoir froid, le journaliste souffre également et tente de ne pas trop bouger le pied, histoire de ne pas se faire plus mal qu’autre chose. Il est vraiment…bloqué. Après l’avoir examiné, son pote jeté un coup d’œil sur ce qu’il se passe dehors.

Lorsque leurs regards se croisent, son pote lui explique qu’il a laissé sa voiture avec les phares allumés. Les risques pour qu’elle ne tienne pas le coup sont énormes. Sans parler du fait que le vent, la foudre… et puis la nature en elle-même pourraient la dégrader. Cela dit, il ne veut pas démoraliser son pote, déjà qu’il est venu à son secours ^^’

Désolé pour ta voiture ^^’

Dit-il simplement, en sentant le vent s’engouffrer dans le renforcement. Le coup de froid est plus fort que les précédents et tout comme Thomas, le jeune homme frissonne, frémit violemment. Il tente de s’engouffrer dans ses propres vêtements mais ils sont trempés ! ça ne sert à rien, donc. Ils lui collent à la peau et celle-ci frisonne de plus belle. En prenant son courage à deux mains, Adrian ose lui demander de s’approcher de lui… peut être qu’ils pourront se réchauffer de cette manière là ? Il espère que ce dernier ne refusera pas.

Ouais, j’suis gelé…

Explique-t-il, en baissant un instant les yeux. Lorsqu’il les relève, son pote se retrouve près de lui, sa main dans son dos commence à le frictionner pour lui donner de la chaleur. Adrian esquisse un très bref sourire, sans oser faire la même chose au départ… Faut dire que lui aussi, recommence à songer à ce qu’il s’est passé dans sa chambre… la manière dont ça s’est terminé. Il essaie de l’occulter pour ne pas se prendre la tête et fini par poser également sa main dans son dos.

Après avoir jeté un coup d’œil à la cheville de son ami, Tom’ réalise que ce n’est pas très joli à voir. Ça ne semble pas cassé, et ça ne saigne pas non plus, mais c’est très enflé, et c'est sans doute une entorse. Pour bien faire, il ne faudrait pas qu’Adrian pose son pied sur le sol ! Mais le porter sur son dos pour le sortir de cet endroit n’est clairement pas envisageable non plus. Il y a une pente à descendre, puis une autre à remonter. Avec l’eau du lac qui continue de croître, la pluie qui s’abat continuellement, et l’obscurité qui les empêche d’avoir une visibilité suffisante, ce serait clairement prendre un risque que de tenter de s’en aller. Il vaut sans doute mieux attendre, soit que des secours arrivent, soit que la tempête finisse par passer. D’ici là, ils vont certainement finir par tomber malade… ! Les bourrasques de vent sont très fortes, et leurs vêtements trempés, ce qui va leur poser de sérieux problèmes pour se réchauffer…

Enfin, Tom’ songe à tout autre chose après avoir jeté un coup d’œil dehors. Il pense en effet à sa voiture qu’il a laissée aux abords du chemin. La batterie risque certainement de lâcher, puisque les phares sont restés allumer. Et encore, ça, c’est dans le meilleur des cas ! Elle pourrait avoir de sérieux dégâts à cause de la tempête. L’agent immobilier croise le regard de son ami qui se dit désolé pour sa voiture. Thomas hausse aussitôt les épaules.

C’est pas grave, c’est que matériel.

Sans doute mieux vaut-il rester positif. Même s’ils se retrouvent frigorifiés et coincés dans une grotte, ils sont ensemble, et vont certainement s’en sortir. C’est tout ce qui compte, après tout. Les dégâts matériels passent après.

Après qu’un coup de vent se soit propagé dans le renfoncement, Tom’ frissonne brusquement. C’est horrible. Dans sa voiture, il était protégé mais là, il se retrouve exposé aux intempéries, et il meurt de froid, d’autant que ses vêtements sont gorgés d’eau… ! Lorsqu’Adrian lui demande de se rapprocher, le jeune homme n’est pas à l’aise. Cela lui fait remonter des souvenirs en mémoire, et ça le gêne beaucoup. Cela dit, étant donné la gravité de la situation, il refuse de faire sa sainte-nitouche. En plus, il n’est pas le plus à plaindre ! Son ami est coincé là depuis bien plus longtemps que lui et semble bien plus frigorifié encore.

Faut s’imaginer sur une plage de sable fin, au soleil ^^’

Souffle le jeune homme, dans un bref sourire. Il n’est pas sûr que cela fonctionne, mais en tout cas, faire un peu d’humour lui évite de songer à la fois dernière, dans sa chambre, et à la distance qui s’est petit à petit installée entre lui et son pote. Il se rapproche même de lui pour finir, et commence à lui frictionner le dos. Adrian, au bout de quelques instants, finit par faire de même, mais Tom’ ne se sent pas réchauffé. Le tissu de ses fringues, mouillé, n’aide guère. Du coup, en baissant la tête vers son sweat, il a une idée.

Attends.

Le jeune homme s’arrête, puis se tourne vers son ami. Leurs regards se croisent brièvement, ce qui intimide un peu Thomas, mais il se reprend bien vite, pour agripper le pull que porte Adrian. Là, il commence à le tirer un peu vers lui, pour l’essorer. De grosses gouttes perlent le long de ses mains, les nettoient au passage. Le vêtement en lui-même restera humide, mais au moins, il ne sera plus gorgé d’eau ! Le blondinet poursuit donc en ce sens avec le pull de son meilleur ami, en relevant de temps en temps les yeux vers lui. Malgré le malaise qu’il ressent, il ne peut s’empêcher d’être terriblement soulagé et heureux de l’avoir retrouvé. Il esquisse même un sourire.

Adrian n’est pas un spécialiste en blessures. Il n’a jamais été quelqu’un de très maladroit, qui se fait fréquemment mal… ! S’il a de nombreuses cicatrices, elles ne sont cela dit pas dues à un comportement « casse-cou ». Alors, il ne peut dire s’il s’agit d’une entorse, ou quelque chose du genre. Cela dit, puisqu’il peut bouger un minimum sa cheville, bien qu’en ayant mal, Adrian se dit tout de même qu’elle ne doit pas être cassée… et le fait qu’elle ne saigne pas est peut être un bon signe ? Cela dit, ça ne les aide pas sur le moment. Malgré ce constat, ils sont obligés de rester dans ce renforcement. En effet, son pote, qui pourrait s’en sortir, ne souhaite apparemment pas le laisser ici. Seulement, la situation devient de plus en plus critique. Le vent n’a cessé de souffler, de les geler sur place alors que l’eau monte doucement également. Pas assez pour les effrayer à ce niveau là, mais quand même.

Son pote semble également se rappeler avoir oublié d’éteindre les phares de sa voiture. La batterie de cette dernière risque probablement de lâcher. C’est le meilleur scénario qui s’offre pour le véhicule étant donné les intempéries. Quand même désolé pour sa voiture qui lui tient probablement à cœur, Adrian se dit désolée pour elle. Positif, Thomas lui répond que ce n’est que du matériel.

Ouais, t’as raison…

Dit-il en haussant les épaules. Tout comme son meilleur ami, Adrian en vient à franchement frissonner. Il n’est pas frileux à la base mais autant dire que la situation est assez critique. S’ils restent longtemps ici, Adrian se mettra probablement à trembler comme une feuille. Ses vêtements sont trempés et le vent continue de souffler. Osant lui demander de se rapprocher, Adrian craint tout de même sa réaction. Et s’il refusait ? Ils ont un passé assez compliqué depuis la dernière fois et Adrian interprète déjà ses réactions dans sa tête. Heureusement, Thomas en vient à se rapprocher.

Ouais… j’essayais tout à l’heure ^^’ Tout va bien, il fait super chaud \o/

Lance le jeune homme en esquissant à son tour un léger sourire. Il essaie tout comme son pote de dédramatiser, de prendre la chose avec un peu d’humour mais ce n’est pas évident. Thomas pose alors ses mains sur lui, dans son dos pour le frictionner. Il ne sait pas si ça fonctionne mais continu un moment avant que Tom ne lui demande d’attendre, se tournant ensuite vers lui. Adrian acquiesce en attendant qu’il fasse quelque chose ?

Et là, il agit. Il agrippe son pull, pour l’essorer. Adrian se laisse faire, un peu gêné par cette nouvelle proximité mais autant dire que son idée est loin d’être mauvaise. Au contraire, Adrian n’est pas plus réchauffé mais sent moins l’eau sur sa propre peau. Leurs regards se croisent par moment et Adrian n’ose pas reprendre la parole… Faut dire qu’il l’évitait un peu, depuis la fois dernière et de le retrouver là, malgré les circonstances, ça le fait tout bizarre mais il en est aussi heureux. Le sourire qu’il arbore le soulagerait presque un instant. Adrian imite son geste d’ailleurs, en souriant également.

Merci…

Murmure le jeune homme, en sursautant légèrement quand un grondement se fait plus sonore, plus bruyant que les précédents. Quelle galère…

Thomas tente de prendre du recul et d’envisager toutes les solutions qui se présentent à eux. Malheureusement, elles sont moindres, et l’une d’elle ne fera certainement que les mettre en danger un peu plus. Rester, et attendre, c’est tout ce qu’ils peuvent faire. Ils n’ont plus qu’à croiser les doigts pour que l’eau ne monte pas jusqu’à eux. Mais ça, l’agent immobilier n’en touche pas un mot à son ami. Il n’a pas envie d’être négatif, d’autant qu’Adrian n’a certainement pas besoin d’entendre ça. D’ailleurs, il reste une fois de plus positif en parlant de sa voiture. Si elle subit des dégâts, et bien tant pis. Ça restera une perte matérielle. Vaut mieux ça qu’autre chose… ! Ça aurait pu être pire. Bien pire.

Ils ont dit à la télé qu’il y avait des blessés… même un mort.

Souffle le jeune homme, avant de baisser la tête. Peut-être aurait-il mieux fait de garder cette information pour lui, mais il est inquiet en un sens, et a besoin d’en parler avec son meilleur ami. C’est toujours ce qu’ils faisaient, jusqu’à maintenant ! Ils se confiaient beaucoup l’un à l’autre, à chaque fois qu’ils se sentaient mal, perdus… Ça a changé tout dernièrement, quand ils ont partagé un moment des plus déstabilisants. Ils ont fini par prendre leurs distances. Ça peut se comprendre… Mais, pour autant, Tom’ n’a pas envie de faire le gamin. Il finit donc par se rapprocher, pour tenter de réchauffer son ami. Il l’invite à penser à une plage de sable fin, sous les rayons du soleil x)

Faut penser, heu… A nos vacances d’été, l’année dernière. En Californie *___*

Un court instant, Tom’ a des flashbacks de ces vacances d’été. Adrian et lui s’étaient bien marrés. Ils avaient pris sa voiture, et avaient passé des heures à tailler la route, pour rejoindre la Californie, et passer des vacances au soleil. Là-bas, ils passaient leur temps à se baigner, à bronzer, et à essayer de se trouver des filles ! C’est un très bon souvenir qui lui remonte un peu le moral, rien que de l’évoquer.

Seulement, ça ne va pas suffire à les réchauffer. Du coup, Tom’ songe à quelque chose et s’empresse de le mettre à exécution. Il se rapproche d’Adrian et commence à essorer son pull. Au moins, le vêtement sera moins gorgé d’eau, moins lourd, et moins froid. En agissant, le jeune homme relève parfois les yeux vers son ami. Leurs regards se croisent à plusieurs reprises, mais aucun mot n’est échangé. Alors qu’il pourrait se sentir gêné, Thomas est surtout soulagé d’avoir retrouver son ami à temps, de pouvoir s’occuper de lui, aussi. Il esquisse donc un sourire, sans s’en rendre compte. Adrian fait finalement de même, et le remercie. L’agent immobilier allait lui répondre quand il le voit sursauter légèrement. Il n’aime pas le voir comme ça. Il a l’air nerveux… Mais est-ce réellement à cause de la tempête ?

Ça va aller.

Souffle Tom’, d’un air réconfortant, en maintenant son regard quelques instants. Il ne sait pas lui-même s’il lui dit ça pour la situation, ou pour leur relation. Il finit par baisser les yeux, pour essuyer ses mains sales sur son propre vêtement, et l’essorer par la suite. Il est désormais un peu ailleurs, pensif… La pression retombe.

Adrian essaie également de raisonner dans sa tête… mais il sait qu’ils n’ont pas beaucoup d’options. En fait, il n’y en a qu’une qui se présente à eux et qui semble être la plus raisonnable… du moins, s’ils ont de la chance ! Adrian ne sait pas, ne peut savoir même combien de temps durera cette tempête mais il espère qu’elle cessera, qu’ils pourront être secourus, ou quelque chose dans ce genre là avant que l’eau ne remonte de trop, ou qu’ils finissent par mourir de faim/froid. De toute façon, ça ne peut durer éternellement, si ? Cela dit, Adrian n’est pas débile et sait qu’ils ne risquent pas d’en ressortir d’aussitôt. La soirée risque d’être très longue… Ils parlent alors de sa voiture, avant que son pote ne vienne à lui expliquer qu’ils ont expliqué qu’à la télévision, il y avait des blessés même un mort ! Ce n’est pas très rassurant mais Adrian acquiesce en déglutissant.

Putain... 1 mort...

On va pas mourir, vieux. J’ai pas fini de t’emmerder encore, hein !

Dit-il, pour utiliser de l’humour, comme son pote le fait souvent, dans ce genre de moments critiques. Pas sûr que ça fonctionne. Cependant, Adrian ne veut pas penser aux conséquences de cette tempête. Des blessés, un mort… deux de plus peut être ? Non ^^’ C’est pas du tout envisageable, du moins il n’est pas croyant mais il se mettait bien à prier sur le moment, pour ne pas que ça arrive x) D’ailleurs, ils en viennent rapidement à parler d’autre chose, puisque Thomas lui rappelle leurs vacances d’été, de l’an dernier.

Ah ouais, j’vais y penser aussi…

C’était bien…

Murmure le jeune homme, en ayant également quelques flashbacks de ce moment, qui lui semble terriblement loin. Cela dit, lui aussi s’accroche un peu à ce moment pour oublier le contraste de leur situation actuelle. Dans un renforcement, au froid, loin des plages et de toutes ces bonnes choses qui lui manquent soudainement x)

Cela dit, le froid, ce n’est pas psychologique. Adrian frissonne franchement, puisque le vent s’engouffre dans le renforcement et qu’ils sont tous les deux trempés jusqu’aux os. Son corps est froid, humide, mouillé même, tout comme ses vêtements, ce qui ne l’aide pas à se réchauffer. Et ce malgré les gestes de son pote, qui prend une nouvelle initiative. Ce dernier vient essorer son sweat, ce qui l’aide finalement à se sentir moins trempé. Leurs regards se croisent, le moment n’est pas si gênant que ça, et ce malgré le silence qui s’est installé. Ils en viennent même à se sourire. C’est une bonne chose, en soit… Adrian le remercie.

Seulement, un grondement plus fort encore le pousse à sursauter. La peur revient au galop, le journaliste ne peut qu’être nerveux en entendant ça… bien que ça ne soit pas la seule raison qui le pousse à être dans un pareil état. Son ami tente de le réconforter en lui disant que ça va aller. Adrian n’en est pas si certain mais hoche docilement la tête.

Ouais…

Souffle-t-il, en se mordant la lèvre inférieure après quelques secondes de silence.

J’ai l’impression d’être dans le genre de moments où on est censé se dire des trucs de oufs en pensant qu’on va claquer.

Tu veux pas…parler ?

Demande Adrian en rougissant.

Thomas se montre honnête. La tempête a déjà fait de nombreux ravages, et pas que matériels. Il y a eu des blessés, et même un mort. C’est ce que Monica et lui ont appris en regardant la télévision, avant que le courant ne soit coupé. A ce moment-là, ils ne pensaient pas que Great Falls serait impactée par la tempête… Mais l’alerte a été donnée peu de temps après. En tout cas, Tom’ n’a pas hésité à partir à la recherche de son ami ! Mais maintenant, il est réaliste. Il sait qu’ils vont rester là pendant des heures… Et qu’ils vont, au mieux, choper un rhume. Le pire, mieux vaut ne pas l’envisager du tout… Cela dit, l’agent immobilier réalise qu’il n’a pas été très rassurant en lui parlant du mort qu’a fait la fameuse tempête. Heureusement, Adrian fait de l’humour, en espérant sans doute alléger la situation. Dans ces conditions, il est malheureusement difficile de rire aux éclats.

C’est pas que j’ai spécialement envie que tu m’emmerdes, mais j’ai pas envie de mourir non plus x)

Répond le jeune homme dans un léger sourire. Pour se réchauffer, ils peuvent essayer de penser au soleil, à la sensation des rayons qui caressent la peau en plein été… Ou se remémorer des souvenirs de vacances. De très bons souvenirs. Alors Tom’ évoque une chose à laquelle il pense. Leurs vacances de l’été dernier. Ils avaient taillé la route, pour passer quelques jours ensemble, en Californie. Ça avait été super.

Grave !

Lance le jeune homme, un peu plus enthousiaste, du coup, grâce à ce souvenir évoqué. Pour autant, ce n’est pas ce qui lui donne plus chaud ^^’ Alors, il se met à réfléchir, et commence à songer à leurs vêtements, gorgées d’eau. Il faudrait les essorer ! Il commence donc avec le pull de son meilleur ami. S’il le fait passer avant, c’est parce qu’Adrian est dans cette situation depuis bien plus longtemps que lui… Il tient donc à s’occuper de lui, à prendre soin de lui. C’est son meilleur ami, après tout… Quelques regards sont échangés, et même un sourire. Au fond, Tom’ est soulagé de l’avoir retrouvé. Il ne sait pas combien de temps il aurait pu continuer à le chercher, mais il aurait été capable de remuer ciel et terre pour le trouver. Dans sa vie, il est presque son seul repère ^^’

En voyant son pote sursauter vivement, Tom’, tout en essorant ses propres vêtements, essaie de le rassurer. Il se montre positif, bien que lui-aussi, se sente un peu flippé. En prime, il ressent une certaine nervosité, à cause de l’électricité qu’il y a dans l’air, entre eux… Du coup, ça n’aide pas vraiment pour se sentir pleinement à l’aise.

Alors qu’il porte ses deux mains à son visage, au niveau de sa bouche, pour se les réchauffer en soufflant dessus, Thomas repense à ce qui s’est passé entre eux. Il aurait préféré éviter mais le silence qui vient de s’installer ne l’aide pas à s’occuper l’esprit autrement. Puis, Adrian reprend la parole, lui indiquant que ce genre de moments est plutôt approprié, pour se dire des choses importantes. Quand il lui demande s’il ne veut pas parler, Tom’ se sent un peu plus mal à l’aise.

De quoi ?

Demande-t-il d’abord, avant de réaliser que sa question est peut-être complètement stupide. Il se doute en effet de quoi son ami voudrait parler. Adrian a toujours eu nettement plus de cran pour ce genre de choses. Enfin, peut-être se trompe-t-il ? Le jeune homme détourne timidement le regard, en murmurant :

Je sais pas trop quoi dire…

Puisqu’il a passé une bonne partie de sa journée au bord du lac, le jeune homme n’était bien évidemment pas au courant de l’alerte qui a été passée à la télévision. Ce fut une horrible surprise de constater le changement soudain de météo… lui qui pensait qu’il s’agissait d’une simple averse. Celle-ci s’est transformée en véritable cauchemar. C’est la tempête, l’apocalypse même dans le ciel assombri depuis quelques temps maintenant. Il espère que ça ne durera pas longtemps mais force est de constater que ça n’est pas près de prendre fin, au contraire. La situation ne fait que s’aggraver ce qui n’arrange absolument pas les choses. Peu rassuré, lorsqu’il apprend qu’il y a des blessés et un mort au compteur, ça ne manque pas de l’effrayer… mais pour ne pas le montrer, Adrian tente de faire de l’humour. Ça ne fonctionne pas vraiment. Lui-même s’est forcé puisqu’il a plus le besoin de paniquer qu’autre chose à l’heure qui l’est.

J’ai pas envie non plus.

Lui avoue Adrian, qui n’envisageait pas finir sa vie d’une telle manière. En même temps ce n’est pas à quoi il pense tous les jours. Et puis, ils ne reviennent pas sur ça de toute manière. Son pote lui rappelle un souvenir plutôt joyeux. Des vacances. Un vrai moment de bonheur auquel il tente de s’accrocher pour ne pas perdre la face…

Ca m’manque d’un seul coup.

Confie le journaliste dans un sourire. L’enthousiasme est revenu mais pas la chaleur, hein ! Ce n’est pas ce souvenir qui le réchauffera. Il a l’impression de se changer en igloo pour tout dire ! Son pote, beaucoup plus actif que lui, se permet d’essorer son pull. C’est une bonne initiative qu’Adrian apprécie, puisque ça le fait se sentir…mieux. Thomas s’occupe alors de lui et Adrian trouve ça plutôt touchant… C’est pour cette raison qu’il retrouve le sourire, en le voyant faire. C’est malheureusement éphémère. En effet, un grondement le fait vivement sursauter ! La peur reprend le dessus.

Pendant que son ami s’occupe de son propre vêtement, il tente également de le rassurer. Adrian se sent de plus en plus nerveux. Il sait que ça n’est pas seulement l’orage, la tempête. C’est la situation critique avec Thomas. Ce qu’il s’est passé entre eux. Cette ambiance électrique est presque palpable… Le silence s’installe de lui-même. Le journaliste n’aime pas ça, ça l’oblige à se confronter à toute cette merde ^^’ Il baisse d’ailleurs un instant les yeux avant de reprendre la parole, pour tenter une approche…

Oui, maintenant qu’ils sont tous les deux… autant parler, non ? Ils ne peuvent pas faire comme si rien n’était… il sent que ça bousille leur amitié et vu la situation, Adrian pense que c’est le moment pour eux de se lancer ! Cela dit, la question que lui pose Thomas le rend d’avantage nerveux. Avant qu’il n’ait le temps de répondre, l’agent immobilier reprend, en lui répondant qu’il ne sait pas trop quoi dire. Ce n’est pas très encourageant pour le journaliste qui détourne le regard, feintant d’observer les intempéries dehors. Le cœur serré, Adrian reprend alors, l’air peu assuré :

Bah heu… ^^’

Y a un truc quoi… on peut, en tout cas moi, je peux plus faire comme si rien ne s’était passé…

Lui avoue Adrian, l’air d’avantage triste. En effet, il a peur qu’ils s’éloignent d’avantage, et même de le perdre à cause de « ça ». Il aimerait bien définir ce simple mot mais c’est très compliqué.

Bien qu’Adrian et Thomas fassent de leur mieux pour se montrer positifs, c’est clairement compliqué dans de telles conditions. La pluie continue de s’abattre violemment au sol, et les bourrasques de vent se font de plus en plus brutales… ! Sans compter les grondements, les éclairs, et les arbres qui plient sous le poids du vent… C’est presque apocalyptique. L’agent immobilier se montre très honnête avec son ami puisqu’il ne lui cache pas qu’il y a eu des blessés, et même un mort. Peut-être aurait-il mieux fait de garder cette information pour lui ? Niveau tact, Taylor peut mieux faire, ça, c’est certain.

Ya pas de raison, on est protégés, ici…

Conclue le jeune homme, toujours pour essayer de voir le bon côté des choses. Bon, c’est sûr, si l’eau monte jusqu’à eux, ils risquent d’être embarqués par le courant, et peut-être même se noyer ^^’ Enfin, il y a quand même peu de chances ! Et mieux vaut ne pas y songer. D’ailleurs, Tom’ préfère garder un souvenir en tête, nettement plus sympathique. Celui de leurs vacances d’été, l’année dernière. Ensemble, ils étaient allés en Californie…

Ouais, pareil.

Répond Thomas, l’air un peu nostalgique. Il s’occupe cependant l’esprit ensuite en essayant d’essorer les vêtements de son pote, puis les siens. Ça ne les sèchera pas pour autant, mais ce sera moins froid, moins lourd, et moins humide. En agissant, il sent ses mains se glacer, mais ne dit pas un mot. En fait, il est soulagé de retrouver son ami. Il lui jette un regard, et ils finissent par se sourire, avant qu’un grondement ne ravive la peur, chez l’un comme chez l’autre. Mais elle se traduit du côté d’Adrian par un sursaut. Il faut dire qu’il y a sans doute autre chose qui les rend nerveux. Si, jusque là, la situation les avait empêchés de faire rejaillir ce malaise, le silence qui s’installe désormais entre eux les obligent l’un comme l’autre à faire face à tout ça. Et c’est très délicat à gérer.

Le regard ailleurs, Thomas sent son cœur se serrer quand son pote lui confie qu’il aimerait discuter. Sa première question est stupide, et le jeune homme se rattrape vite. Il sait bien quel sujet son ami a envie d’aborder… mais il lui confie que, lui, il ne sait pas trop quoi dire de tout ça. Ce n’est pas cette remarque qui va les aider… ! Adrian reprend la parole.

Bah, je comprends…

Souffle l’agent immobilier, avant de déglutir nerveusement. Effectivement, faire comme si rien ne s’était passé, ça relève un peu de l’impossible… ! Ils ont pu le faire, la fois dernière, mais là… Ça risque d’être impossible. Il faut qu’ils affrontent la réalité, cette fois. Mais, de peur que cela pourrisse leur amitié, tout ce que Thomas trouve à dire, en tournant la tête vers Adrian, c’est :

T’es mon meilleur ami.

Même s’il ne le dit pas clairement, il a peur. Peur de le perdre.

Ouais… sûrement. T’as raison.

Répond Adrian, qui tente de se convaincre que c’est effectivement le cas. Laisser ses peurs pourrir ses pensées ne l’aidera pas, hein ! Penser au pire, se faire des films… ça ne va certainement pas l’aider à ne pas avoir peur. C’est pour cette raison que le journaliste essaie de se reprendre, de penser à autre chose mais tout lui rappelle cette foutue situation dans laquelle ils sont. Le froid, le vent… tout. C’est impossible de penser à autre chose sur le long terme.

Faudrait repartir un jour…

Commente Adrian, à propos des vacances. Ça le laisse nostalgique, lui aussi. Dans sa jeunesse, il n’a pas vraiment eu l’occasion de voyager. Resté dans ce trou qu’est Great Falls, c’est seulement une fois adulte, qu’il a vraiment pu se faire plaisir. Faut dire que son enfance a été gâchée, saccagée par un seul homme : son père. Certaines choses ne s’oublient pas. Enfin, ce n’est pas à quoi Adrian pense à ce moment. C’est le froid, l’eau et surtout Thomas qui s’occupe de lui, en essorant ses fringues. Ça le rassure de le voir prendre soin de lui, puis de ses propres vêtement par la suite. Leurs regards se croisent, des sourires s’échangent avant qu’un sursaut l’envahit, en entendant un grondement plus fort encore.

La nervosité n’est pas que due à leur situation dans ce referment. Le silence qui s’installe le pousse à penser à eux, leur relation si compliquée… Adrian saute sur l’occasion pour essayer d’en parler, d’aller de l’avant… mais Thomas ne l’aide pas vraiment dans ce sens-là. Il sait qu’il n’aime pas ce genre de conversations, lui non plus… mais sa réponse le déçoit un peu. Il en vient à lui avouer qu’ils ne peuvent pas faire comme si rien n’était cette fois ci !! Tom semble comprendre et Adrian n’ose plus vraiment le regarder. Triste, perdu…

Toi aussi tu l’es… ça changera pas…

Murmure Adrian, en l’entendant lui dire qu’il est son meilleur ami. « Lisant » entre les « lignes », Adrian comprend qu’il tient à lui, qu’il ne souhaite probablement pas le perdre. Il n’est pas idiot et sait interpréter certaines choses quand il s’agit de Tom. Adrian replie une de ses jambes contre lui, en tentant toujours de se réchauffer en se positionnant en mode "fœtus" tandis que les yeux baissés, il est toujours aussi songeur... Adrian aimerait tellement qu'ils se disent certaines choses ! Mais quelque chose le bloque et la gorge toujours aussi serrée, il n'ajoute rien.

Je sais, j’ai l’habitude x)

Souffle le jeune homme, en esquissant un début de sourire, bien qu’il n’arrive pas à faire mieux que ça. Il faut dire que la situation est critique, quand on prend le temps d’y penser. La tempête fait rage à Great Falls, et eux sont coincés là, seuls, sans que personne ne soit au courant, y compris les secours… ! Ils vont donc devoir prendre leur mal en patience… Dans des conditions graves, inquiétantes… Mais les deux amis doivent éviter d’y songer, sans quoi ils vont sérieusement commencer à déprimer, et mieux vaut éviter. La pensée positive, dans ce genre de moments, ça peut aider, après tout !

D’ailleurs, c’est pour cette raison que Tom’ commence à songer à un souvenir, un bon souvenir, qui lui met un peu de baume au cœur. Ensemble, Adrian et lui avaient passé de super bonnes vacances ! En Californie, l’été dernier. C’est agréable d’y repenser, surtout dans un moment pareil…

Ouais, carrément… Où ça… ?

Demande l’agent immobilier, pour faire la conversation, et éviter qu’ils ne pensent trop à la tempête qui fonce sur eux… ainsi qu’à autre chose. Il est vrai que, même s’ils n’abordent pas le sujet directement, il y a quelque chose qui « flotte » au-dessus de leurs têtes, et ça n’est pas rien. La nuit qu’ils ont passée ensemble, ils ne l’ont pas évoquée pour le moment. C’est encore trop dur, trop « bizarre ». Ces derniers jours, Thomas a bien eu le temps d’y songer, mais ne sait toujours pas quoi en penser… ! C’est déstabilisant, et ça le met vraiment mal à l’aise qui plus est. C’est d’ailleurs l’air très songeur que le jeune homme s’occupe de son meilleur ami, en essorant ses vêtements. Il tient à prendre soin de lui, qui est coincé là depuis un moment. En prime, sa cheville doit lui être terriblement douloureuse ! Et il a du vivre un enfer tout seul, qui plus est, avant que Thomas ne vienne le rejoindre.

Quand son ami semble vouloir lancer une discussion sur ce qui s’est produit entre eux, Tom’ ne se sent vraiment pas à l’aise… ! Il se comporte comme un idiot pour commencer, puis finit par admettre qu’il ne sait pas trop quoi dire. Pourtant, c’est vrai, c’est sans doute le moment rêvé pour en parler ! Ils sont seuls, et personne ne risque de les déranger d’une minute à l’autre ^^’ En tournant la tête en direction d’Adrian, Tom’ remarque son regard fuyant. Il n’est pas à l’aise lui non plus. Cela dit, ça ne l’empêche pas de prendre la parole, pour lui dire quelque chose. Et ça n’est pas rien. C’est peut-être hors propos, mais pas tant que ça, en fait. Thomas a simplement besoin de le dire. Il est son meilleur ami, et il compte beaucoup à ses yeux. La pire chose qui pourrait lui arriver désormais, ce serait de le perdre. Il a pris une grande place dans sa vie, plus grande qu’il ne doit s’en douter.

Sans le quitter des yeux, il le voit se recroqueviller légèrement sur lui-même, et l’entend lui répondre. Sa réponse lui va droit au cœur, mais son attitude l’inquiète. Il semble soudainement si songeur, si… triste. Et Tom’ déteste ça, d’autant plus quand c’est lui qui le rend aussi malheureux u.u

Ça va pas… ?

Question stupide, le retour. Thomas fronce les sourcils. Il a l’impression de tout faire de travers… ! Que tout lui échappe. Fébrilement, il finit par tendre le bras, pour passer sa main lentement dans son dos. Il est glacé.

Le jeune homme esquisse un sourire en entendant la remarque de son ami. Cela dit, il ne prend pas la peine de répondre. Il ne peut s’empêcher de penser à tout ça. A eux, dans ce renforcement. Et si personne ne venait ? Personne n’est au courant qu’ils sont ici… et si l’eau continuait de monter, les noyant dans la volée, hein ? De toute façon, ils auront eu le temps de mourir de froid d’ici là. Le journaliste songe à tout ça et le fait de savoir qu’il y a déjà des blessés et un mort ne l’aide certainement pas à se sentir mieux. Heureusement, un souvenir moins douloureux vient lui réchauffer le cœur. Ils parlent des vacances en Californie. Adrian en vient à lui proposer de repartir. S’ils s’en sortent. La question de son ami le pousse dans une réflexion plus intense. Où est-ce qu’il aimerait partir ? Le fait d’y réfléchir l’oblige à ne pas penser à tout le reste.

Loin d’ici ! En Europe, en Asie, Afrique, Australie, où tu veux !

Propose le jeune homme dans un semblant de sourire. Il s’accroche à cette idée, qui est particulièrement bonne. Lui qui n’est pas habitué des voyages, ça lui ferait plaisir de découvrir autre chose que son propre pays pourtant déjà bien énorme. Enfin, là, Adrian se sent très petit, dans ce renforcement. Le malaise que le journaliste ressent au fil des minutes n’est pas seulement dû à la situation en elle-même. C’est également à cause de ce qui s’est passé entre eux. Ce n’est pas banal et si jusqu’à maintenant ils n’ont pas évoqué le sujet, Adrian pense que le moment est bien choisi pour en parler, non ? Ils sont seuls, ont du temps à tuer de toute manière ! Son pote n’est pas vraiment à l’aise, Adrian peut le comprendre et la conversation n’est pas évidente à lancer.

Son pote reprend cependant pour lui répondre qu’il est son meilleur ami. Venant de lui, ce n’est pas le genre de trucs qu’il balance tout le temps. C’est touchant. Dans cette histoire, Adrian sait que son ami tient à lui, qu’il n’a certainement pas envie qu’ils gachent leur amitié. C’est quelque chose de réciproque. En se recroquevillant sur lui-même, le journaliste vient lui répondre également à son tour. Cette position le réchauffe légèrement mais pas assez non plus. Seulement, ils en sont probablement au même stade qu’il y a quelques minutes. Adrian se fait plus songeur, se sent aussitôt beaucoup plus triste. Comme si rien ne pouvait arranger ce qu’il s’était passé. Les yeux baissés, Adrian fixe un point dans le sol, ailleurs alors que Thomas reprend pour lui poser une question. La réponse est évidente et le journaliste relève la tête, l’air triste. Il dégluti avant de répondre.

Pas vraiment.

Murmure le jeune home en sentant son bras dans son dos. Le journaliste frissonne s’agrippant d’avantage à lui-même pour se réchauffer. Il se surprend à nouveau à avoir envie d'être proche de son pote ^^' et forcément, ça le met mal à l'aise, lui fait mal au coeur alors Adrian baisse à nouveau les yeux. C'est peut être lui, le problème...><

La situation est critique, et positiver devient difficile dans de telles conditions. S’ils avaient pu se réfugier au gymnase, avec le reste des habitants, ça aurait peut-être été différent ! Mais là, c’est nettement plus compliqué. Ils ne peuvent s’empêcher de songer au pire, d’autant que la tempête ne semble guère perdre de son ampleur, bien au contraire. Elle continue de faire rage, et chaque bourrasque de vent qui s’infiltre dans le renfoncement dans lequel ils se sont cachés ne manque pas de les faire frissonner.

Du coup, Tom’ essaie de positiver un minimum et parle des vacances. Se souvenir de leur voyage en Californie lui réchauffe le cœur, à défaut de lui réchauffer autre chose ^^’ Il interroge cependant Adrian à ce propos, sans doute pour ne pas que ce dernier déprime davantage. Penser à ces bons moments, et à ceux qui viendront dans l’avenir, c’est forcément réconfortant en un sens.

Je m’en fous, mais faut que ce soit un endroit où on bouffe bien ! XD

Propose naturellement le jeune homme qui a toujours été d’une grande gourmandise (a) Malheureusement, cette « pause » et ces sourires sont de courte durée. Un certain silence s’installe, assez déstabilisant pour tout dire, d’autant que ce malaise, Thomas le sait, n’est pas seulement dû à ce qu’ils sont en train de traverser ! C’est aussi lié à leur passé commun. Des souvenirs lui reviennent d’ailleurs en tête, et son meilleur ami semble vouloir aborder le sujet. Seulement, Tom’ ne se sent pas du tout à l’aise avec cette conversation et répond un peu n’importe quoi. Il s’en veut, bien sûr, et voudrait être plus réceptif, mais tout ça n’est pas facile pour lui, loin de là.

Ce qu’il trouve à dire, c’est peut-être banal, mais c’est la pure vérité, et c’est quelque chose qu’il ne dit pas facilement, qui plus est. Adrian ne peut qu’être certain de sa sincérité, mais ce n’est pas ce qui semble le rendre heureux, au contraire ! Il se recroqueville sur lui-même, en détournant le regard. L’agent immobilier, troublé par son attitude, et par son chagrin, reprend aussitôt la parole, avant de se maudire pour cette question stupide >< Fébrilement, il finit par tendre le bras, pour poser sa main dans le dos de son pote. Ce dernier répond en même temps à sa question, et sa réponse n’est guère surprenante ! Mais la tristesse qu’il affiche le touche une fois de plus. Thomas cherche un instant ses mots, et sent son cœur se serrer quand son ami baisse les yeux une fois encore. Il réfléchit à toute vitesse, pour tenter de rattraper le coup, mais rien de bien ne lui vient à l’esprit. Il ne sait pas du tout comment réagir, ni comment réconforter le journaliste. Alors, il détourne le regard, et se laisse aller, en choisissant de dire tout ce qu’il lui passera par la tête. Au moins, ça aura le mérite de venir du cœur !

Je… Je suis désolé pour l’autre fois.

J’aurais pas du réagir comme ça ! J’ai paniqué ^^’

Il fallait qu’il lui fasse des excuses, à un moment ou à un autre. Sa réaction a été trop vive, mais il s’en est rendu compte trop tard. Il n’imagine pas dans quel état ça a dû mettre Adrian ^^’ Il a de quoi lui en vouloir, c'est certain…