Alors que j'étais persuadée qu'elle allait accepté, ce fut tout à fait le contraire :

- Non non non !
- Roh t'es vraiment pas drôle !!

Lui répondis-je en faisant la moue, telle une gamine déçue et triste. On avait beau avoir 26 ans, je me voyais mal m'assagir et ne plus faire de bêtise ou de défi complètement loufoque. Je suis folle et fière de l'être ! Seulement, Danny ne l'est pas, et c'est franchement pas facile quand elle refuse ce genre de chose. Qu'avait-elle à perdre ?! Rien. Juste à se sentir un peu mieux dans sa peau et à s'assumer davantage.

- Écoutes Chlo, c'est surement très drôle mais on n'a plus dix ans.
- Mouais ... Bon bah tant pis ! J'attrapais alors son bras et l'entraîna avec moi, tranquillement, après avoir rangé mon feutre noir dans mon sac. Direction le salon ! Je n'allais quand même pas lui priver du joli petit cadeau que je lui avais fait tout ça parce qu'elle n'avait pas voulu délirer avec moi. Je l'aimais presque comme ma sœur et je respectais ses choix, même si je suis déçue au final. Mais c'est vrai que depuis que j'ai Hudson, je ressens moins le besoin de faire chier ma meilleure amie à lui faire faire des choses étranges et folles. Ce qui me permet de m'assagir davantage avec elle.

Nous avons marché à peine cinq petites minutes, jusqu'à arriver jusqu'à mon salon. On est passé par derrière, j'ouvris la porte et fit rentrer mon amie. Vas t'asseoir sur un des fauteuils et ferme les yeux ! Elle pouvait au moins faire ça non ?! Ce n'était rien.

Danielle Andrews savait pertinemment qu'elle n'était pas la fille la plus drôle de Great Falls, malgré tout elle pensait tout de même avoir un certain sens de l'humour, un humour timide, mais mignon. Cependant ce que lui proposait Chloe n'était pas le genre de chose qu'elle aimait faire, à la limite si elles avaient été seules peut être aurait elle accepté, mais se promener avec le visage bariolé en pleine rue n'était pas concevable pour elle.

Le prend pas mal, Chlo ! Tu sais que je suis pas assez à l'aise pour faire ce genre de chose...souffla t'elle alors que la brunette marchait déjà en direction du salon.

Même si Danny savait que sa meilleure amie n'était pas du genre à se vexer facilement, elle ne voulait pas non plus avoir créé un malaise entre elles.

Une fois à l'intérieur du salon de coiffure, Danielle ne se fit pas prier pour aller s'assoir, tout de même un peu inquiète un sourire nerveux prit place sur ses lèvres mais elle accepta de jouer le jeu et ferma gentiment les yeux.

Je te fais confiance, pas de vacheries hein !Lâcha t'elle à haute voix, sans savoir où se trouvait son amie ni même ce qu'elle était en train de mijoter.

Alors que nous étions en route pour mon salon et que je venais d'accepter très facilement le fait que mon amie ne veuille pas se lâcher un peu plus que ça, elle préféra s'excusait à sa façon pour éviter que je ne le prenne mal. C'était de loin la dernière chose pour laquelle je lui ferais la tête (a)

- Le prend pas mal, Chlo ! Tu sais que je suis pas assez à l'aise pour faire ce genre de chose...
- Je sais ! Le contraire m'aurait surprise, je fais avec ! Je t'aime pour ce que tu es. Si tu devais changer, je changerais certainement de meilleure amie !

Lui dis-je alors que nous sommes rentrées au même moment dans le salon. Je m'arrêtais un instant devant elle, et accompagna mes paroles en lui déposant un bisou sur la joue.
Je lui avait ensuite indiqué un siège où s'asseoir et lui avait demandé de fermer les yeux. Elle me fit rire quand elle me fit remarqué :

- Je te fais confiance, pas de vacheries hein !
- La pire vacherie que je pourrais te faire c'est de teindre les cheveux en rose (a) mais ne t'inquiète pas, c'est un cadeau de ce qui a de plus banal !

Je me suis dirigée vers l'arrière de la boutique et était allée chercher mon cadeau. A vrai dire il ne m'avait presque rien coûté. C'était un dimanche, alors que je me baladais dans les rues de Great Falls, au petit marché, que je suis tombée sur cette merveille. Elle m'avait de suite fait pensée à mon amie et à l'envie de lui faire plaisir. Quand on est amie depuis si longtemps, les cadeaux ne se font plus pour aucune raison et occasion, seulement quand on en avait envie, pas besoin d'explication.
J'attrapais donc le petit paquet que je lui avais confectionné et le lui déposa doucement devant elle, sous ses yeux.

- C'est bon, tu peux ouvrir les yeux. J'espère juste qu'elle sera contente de mon cadeau ! Je savais que c'était le signe de l'amitié, et j'avais donc voulu me la procurer pour mon amie coûte que coûte.

Danielle aimait passer de bons moment avec sa meilleur amie de toujours, cependant depuis quelque temps, l'aubergiste avait l'horrible impression qu'un écart se creusait entre elles. A l'adolescence, Chloe lui était essentielle, elle était en quelque sorte sa partie manquante, celle qui savait la faire rire, la faire sortir de sa bulle, celle qui lui permettait de repousser ses limites. La vie semblait pourtant vouloir rendre Danny encore plus responsable et ennuyeuse qu'elle ne l'était déjà. En effet, s'occuper de l'auberge était devenu une des seules choses que la jeune femme savait faire, elle avait l'impression que toute sa vie ne se résumait plus qu'à ça et sur le moment elle eu l'impression que Chloe n'avait pas "grandit" à la même vitesse qu'elle. Cette dernière restait insouciante, spontanée et enfantine.

Ce que lui répondit la brune lui pinça légèrement le cœur même si ce n'était pas du tout volontaire. Danielle savait qu'elle changeait de jours en jours, alors peut être que Chloe finirait par se lasser d'elle...

Une fois assise, les yeux fermés, l'aubergiste eu peur qu'une fois de plus sa meilleure amie aille un peu trop loin pour elle. Chloe la rassura et déposa un petit paquet sur la table. Danny ouvrit les yeux et s'empressa de défaire le cadeau.

La blonde afficha un sourire ravie, cette bague n'était pas une merveille mais elle avait un côté mignon qui lui réchauffa le cœur.

Oh Chloe c'est trop gentil, mais maintenant je suis gênée, je n'ai rien pour toi... souffla t'elle en se relevant pour serrer la coiffeuse dans ses bras.

J'avais déposé le petit paquet devant elle et lui avait permis d'ouvrir les yeux. Maintenant il fallait juste attendre qu'elle l'ouvre. J'étais impatiente qu'elle le découvre et j'espérais vivement qu'elle l'aime. Sinon ... Y'a pas de sinon. Puisqu'elle sembla adorer mon petit cadeau, et j'en fus heureuse. C'était tout ce que j'avais voulu quand j'avais vu cette bague. Et en aucun cas en recevoir un en retour. Je n'ai pas besoin d'occasion particulière ou qu'on me rende la pareille pour que j'offre des cadeaux, encore moins à ma meilleure amie. Aussi, quand elle m'avoua qu'elle se sentait gênée de ne m'avoir rien offert, et qu'elle vint m'enlacer pour me remercier, je lui répondis :

- Ne t'inquiète pas ma belle, je l'ai vu et j'ai eu envie de t'en faire cadeau. Pas besoin d'en avoir en retour. Ton amitié me suffit amplement. C'est mon plus beau cadeau.

Je rendis le câlin à mon amie et lui déposa un gros bisou sur la joue. Je n'imaginais vraiment pas ma vie sans elle. Depuis toutes ces années je m'étais vraiment habituée à son amitié et elle était devenue ma troisième sœur. Alors lui faire des cadeaux de temps en temps étaient la moindre des choses pour moi. Même si je peux paraître un peu gamine avec elle - ou avec tout le monde - j'espère qu'elle sait que je tiens à elle et que je suis prête à tout pour préserver notre grande amitié, et même si nous sommes très différentes. Son caractère m'apaise et me permet de revenir un peu sur terre parfois. C'est tout ce dont j'ai besoin.
Et même si je fais parfois des gaffes, des bêtises, je sais qu'elle sera toujours mon amie, qu'on sera toujours là l'une pour l'autre et qu'on saura toujours se pardonner et se réconcilier. Ce genre d'amitié ça n'a pas de prix (a).