Petit à petit, Peter reprenait ses marques à Great Falls. Il revivait les mêmes instants que lorsqu’il venait poser ses bagages chez sa grand-mère Mina à chaque début d’été. Mais cette fois il était adulte, il avait vécu bien d’autre aventures que celles qu’il s’inventait dans les bois près du lac, certaines joyeuses d’autres moins d’ailleurs.

Encore en convalescence, Peter devait se bourrer de médicaments et de calmants tout au long de la journée pour éviter que la douleur dans sa hanche ne se réveille mais il préférait réduire les doses pour éviter de s’habituer à trop de confort. Il devait aussi s’habituer à ne plus entendre que d’une oreille. Il devait bien porter un appareil mais il préférait l’oublier la plupart du temps. Ne pas tout entendre faisait parfois du bien. Cet état dans lequel il s’était retrouvé du jour au lendemain, il ne le devait à personne, sinon à un coup du sort. Il aurait pu arrêter de croire en Dieu mais au contraire, il se contentait de prier deux fois plus fort pour qu’il l’aide à passer à travers ces épreuves comme il était passé à travers le Koweït, l’Irak et toutes les autres campagnes.

En cette jolie matinée ensoleillée, il fallait qu’il trouve quelque chose à faire. Peter refusait de broyer du noir et s’il devait accepter de faire une croix sur sa vie d’avant, sa convalescence devrait l’aider à s’en créer une nouvelle.

Il prit donc sa canne en bois surmontée d’un pommeau en acier pour s’aérer un peu, quitte à avoir une démarche de papy, autant avoir un minimum de classe. Peter remonta lentement Cunningham street depuis la maison de Mina pour rejoindre l’église dans un premier temps puis il poussa sa « randonnée » jusqu’au centre ville. Marcher lui demandait beaucoup d’efforts mais il ne voulait pas s’empâter et il avait de toute manière toujours eut l’habitude de se surpasser physiquement. Il atteint un charmant café dont il se souvenait vaguement. Méritant, Peter commanda d’abord un café viennois et une gourmandise à la caisse puis se décida à s’installer en terrasse histoire de profiter un peu du soleil. Du soleil et du la vue. Il ne l’avait pas remarquée en entrant dans le magasin, mais une magnifique nymphette aux allures de dame avait choisit le même café que Peter. Puisqu’il ne connaissait pas encore grand monde dans le coin, Peter s’installa stratégiquement à la table attenante et commença à jeter des œillades à la demoiselle.

Droite comme un i, ses lunettes noires Guess sur les yeux et les jambes croisées, Lexie prend le soleil sur la terrasse du Coffee Shop. Elle aime bien cet endroit. Bon, on est loin des cafés New Yorkais, mais ça a un côté charmant qu’elle aime bien. Vêtue d’une robe mi-longue fleurie qui remonte à peine sur son genou supérieur, la jeune femme tient son livre d’une main et sa tasse de chocolat chaud de l’autre. Lorsqu’on la voit danser au Live Bar, ou parfois quand elle se comporte de manière très directe, on pourrait croire que c’est une blonde écervelée. Pourtant, ce n’est pas le cas. Elle n’a peut-être pas fait de longues études, et elle ne cherche peut-être pas à se lancer dans une carrière professionnelle digne d’une femme d’affaires, mais elle apprécie la lecture et elle n’est pas toujours aussi dévergondée qu’on pourrait le croire. Ca dépend des moments en fait. Il y a des moments où provoquer est son plaisir, où elle aime se faire remarquer pour des choses qu’on pourrait qualifier de déplacé, mais parfois elle peut être très sage. Enfin, ça n’empêche qu’elle reste la même femme, sûre d’elle et légèrement (oui, légèrement !) prétentieuse.

Ce matin, Lexie est dans sa période calme. Elle n’a ramené personne chez elle la veille et ça lui a fait du bien de se retrouver avec elle-même. Ca la change un peu (a) ! New York lui manque, mais finalement pas tant que ça. Elle aime bien passer du temps ici, ça lui rappelle son enfance quand elle y venait en vacances. Elle a pu retrouver sa cousine Lisa et elles s’amusent bien toute les deux. Tout ça pour dire que, pour l’instant, elle n’envisage pas de rentrer dans sa ville natale, surtout qu’il est sûrement un peu trop tôt pour que son idiot de prétendant ait lâché l’affaire. Bref, ce matin, elle prend le soleil armée d’un bon bouquin. Elle ne remarque pas qu’un homme à canne s’approche d’elle, et ce n’est que lorsqu’il est assis à la table attenante à la sienne qu’elle se rend compte qu’elle n’est plus tout à fait seule. De sa main posée autour de sa tasse de chocolat chaud, elle soulève cette dernière et la porte à ses lèvres. A son tour, elle jette un regard au jeune homme assis tout près, et son visage ne lui est pas inconnu. C’est assez étonnant ici de découvrir des visages connus, mais après tout, elle a passé pas mal de temps à Great Falls pendant son enfance… En tous cas, le fait qu’il ne lui soit pas inconnu n’est pas la seule raison de son intérêt soudain pour le jeune homme. Elle le trouve sexy à croquer. Il semble être quelqu’un de plutôt distingué, et elle se félicite d’avoir mis une telle robe aujourd’hui et pas une mini qui laisse tout deviner… La danseuse remarque que le beau blond lui lance des regards et pendants quelques secondes, peut-être même une minute ou deux, elle fait comme si elle n’avait rien vu. Seulement, au bout d’un moment, elle lui adresse un sourire franc, et lui lance un simple :

Bonjour...

Cette fille avait une sacrée allure. Tout à fait le genre de fille que Peter aimait. Il n’avait pas eu vraiment d’occasions pour faire durer ses relations amoureuses, son métier, quoi qu’on en pense, était un véritable handicap. Et pourtant, s’il avait trouvé la bonne, Peter aurait sans doute arrêté d’accepter les opérations extérieures, trouvé un job administratif dans l’armée. En fait non, à y réfléchir, il aimait bien trop se sentir utile à diriger ses équipes sur le terrain, s’il pensait comme ça désormais, c’était parce qu’il n’avait plus le choix.

Installé à la table attenante à celle de la jeune femme en robe fleurie, Peter posa sa canne contre le muret derrière lui et ouvrit un journal qu’il avait prit sur le comptoir tout en jetant des œillades furtives vers la demoiselle. Peter n’était pas de ces dragueurs directs (un peu trop) qui ne laisse pas le mystère s’installer avant, il préférait prendre un peu son temps et ne pas aller trop vite.

Sa technique fonctionne d’ailleurs, la jolie blonde finit par faire le premier pas et le saluer. Lentement, Peter laisse un sourire s’installer sur son visage et repose son journal.

« Bonjour » dit-il à son tour.

« J’espère ne pas vous avoir importunée en m’installant à vos côtés. »

Peter essayait de se montrer distingué face à cette belle Lady. Et de toute manière, il ne faisait pas partie de cette branche de l’armée un peu bas de casque, cultivé et intelligent, il lui arrivait parfois de se comporter comme un « simple soldat » mais jamais en présence d’une femme.

C’est souvent lorsque Lexie n’est pas en mode ‘bitch’ qu’elle rencontre des hommes intéressants. Souvent, tout est simple, direct, et ça manque peut-être d’un certain charme. Pourtant, ce n’est pas dans la nature de la jeune femme de toujours prendre son temps. Bien souvent, elle n’a pas la patience d’attendre, et elle va droit au but. Enfin, en général, elle repère ceux avec qui elle peut agir comme ça, et ceux avec qui ça risque de tout faire foirer. Pour le coup, avec l’homme qui vient de s’installer à côté d’elle, elle sent qu’elle ne peut pas être vraiment directe. De plus, son visage ne lui est pas inconnu et elle ne voudrait pas faire de bourde… Du coup, au début, elle se contente de lancer des regards furtifs, tout comme lui d’ailleurs, mais elle finit par dire bonjour. Patiente, mais pas trop (a) !

Il n’y a pas de problème. Vous pouvez même vous installer en face de moi si vous voulez…

Dit-elle avec un sourire courtois. Elle espère ne pas faire de bêtise en lui disant directement de venir s’installer avec elle. Ce mec est vraiment, mais alors vraiment, sexy. Ca serait franchement dommage de le laisser filer… Du coup, elle marche un peu sur des œufs, mais reste malgré tout très naturelle. Après tout, s’il ne la veut pas telle qu’elle est, tant pis pour lui ! Il ne sait pas ce qu’il rate… Avec un nouveau sourire, elle l’invite d’un geste à s’asseoir sur la place en face d’elle. La jeune femme place son marque-page dans son livre et le range dans son sac posé à ses pieds. Elle boit une nouvelle gorgée de sa boisson et dit en tendant la main :

Je m’appelle Lexie Black.

Alors qu’il avait choisie une place fort agréable, juste à côté d’une jeune femme aux cheveux blonds, Peter commença à lire son journal non sans jeter quelques coups d’œil à la demoiselle. Technique qui se trouva payante de toute évidence puisque la jeune femme en question finit par le saluer d’un agréable brin de voix. Peter se jeta aussitôt à l’eau faisant comme si de rien n’était espérant ne pas avoir troublé sa tranquillité.


Bien sûr, s’il elle n’avait pas voulu le saluer, elle ne l’aurait pas fait et lassé, Pete aurait sans doute arrêté là son petit jeu d’œil. Quoique, avec une si belle silhouette, il se serait peut être lancé à faire un pas.

« Vraiment ? Ce serait un plaisir. » S’étonna-t-il alors qu’elle l’invitait à s’installer à table avec elle. Flatté, Peter replia son journal tandis que la jeune femme se présenta poliment. Il se leva alors, non sans oublier sa canne, et pris la main de la jeune femme avec douceur et fermeté comme s’il s’agissait d’un petit oiseau à protéger. Son sourire s’élargit et à son tour il se présenta.

« Enchanté Mademoiselle Black, Peter Ellington. »

Puis il prit place face à elle prenant soin de reposer à nouveau sa canne à proximité. Il était un peu gêné par l’objet d’autant plus en compagnie d’une belle demoiselle. Il préférait de pas montrer ses faiblesses hors elles étaient toute affichées ainsi.

Lexie sait généralement s’adapter en fonction de ses interlocuteurs. Lorsqu’elle rencontre un homme comme Peter, elle sait qu’il ne faut pas être trop directe, mais plutôt rester sincère, naturelle, sans chercher à forcer les choses. Elle est plutôt charmée par son attitude de gentleman. C’est rare pour elle de rencontrer ce genre de personne, généralement ce sont des hommes pressés et sans grand intérêt. Pour le coup, son ton distingué et son attitude très classique rendent cet homme plus qu’attirant et sexy. C’est elle qui prend les devants en le saluant. Il s’est installé à côté d’elle et ne cessait de lui jeter des regards en coin, alors évidemment, elle n’allait pas l’ignorer. Elle lui propose même de s’installer en face d’elle, en espérant ne pas aller trop loin. Ça serait un mec lambda, il est clair qu’elle lui aurait déjà trouvé un surnom et elle aurait sûrement commencé à lui faire du pied. Mais là, non. Il est bien trop distingué et ce genre d’attitude ne serait clairement pas bienvenu.

Oui, bien sûr.

Dit-elle en hochant la tête avec un magnifique sourire. Si elle n’avait pas voulu qu’il s’installe avec elle, c’est sûr qu’elle ne l’aurait pas proposé, mais elle ne voit pas pourquoi elle n’aurait pas voulu de lui. Cet homme est juste superbe. Pas besoin de chercher bien loin pour deviner qu’il doit être un amant formidable (a)… Lorsqu’il se lève, c’est là qu’elle remarque qu’il marche à l’aide d’une canne. Elle déchante un peu, mais finalement elle se dit que la perfection n’existe pas. Du coup, elle lui tend la main et se présente. A la manière dont il prend sa main dans la sienne, elle n’a qu’une envie c’est d’aller l’embrasser. Mais à nouveau, elle se dit que ce n’est pas franchement la chose à faire ! Sa poignée de main est à la fois douce et virile, et on peut dire qu’il n’y a rien de mieux pour la faire craquer…

Enchantée Peter.

Non, elle ne l’appelle pas par son nom de famille. Elle apprécie qu’il le fasse à son égard, même si elle trouve ça un peu pompeux, mais bizarrement elle trouve que ça lui donne du charme. Contrairement à beaucoup d’autres hommes, il ne la prend pas pour une fille facile, et c’est une attention qu’elle apprécie beaucoup. Seulement, quelque chose la tracasse… Son nom, tout comme son visage ne lui est pas inconnu mais elle n’arrive pas à se souvenir où et dans quelles circonstances elle a pu déjà croiser son chemin. C’est sûr que si elle avait déjà couché avec lui, elle s’en souviendrait. Un gentleman comme lui, elle ne l’aurait pas oublié. Bref. Une fois qu’il est assis en face elle, et après avoir rangé son livre, Lexie pose un regard attentionné sur l’homme en face d’elle et lui demande avec un sourire ;

Vous êtes blessé ?

Si on lui avait apprit à ne pas se fier aux apparences, Peter ne pouvait pas ignorer le chic et la beauté de cette jeune femme assise à côté de lui sur la terrasse du Coffee Time. Sa jolie robe fleurie et ses grands yeux de biche avaient tout de suite attiré l’attention du militaire blessée. Il n’avait eu qu’à lancer quelques coup d’œil pour finalement réussir à entrer en contact avec elle. Une chance pour lui qui n’était pas un dragueur confirmé, en réalité, il aurait très bien pu l’aborder avec classe et distinction de toute manière mais ne pas y paraitre lui plaisait bien.

Alors qu’elle lui dit qu’il ne la dérangeait pas, elle lui proposa même de se joindre à elle. Comment refuser une telle invitation, ni une ni deux, Pete se leva et se déplaça pour se retrouver face à elle. Son visage était bien plus resplendissant ainsi et il pouvait alors en explorer chaque partie sans paraitre déplacé.

Il se présenta alors après avoir apprit qu’elle s’appelait Lexie. Charmant prénom mais il ne dit rien pour ne pas passer pour quelqu’un de lourd.

Évidemment, Lexie ne tarda pas à poser la question fâcheuse que Peter redoutait. C’était inévitable, cacher sa surdité partielle passait encore, il lui suffisait de tendre la bonne oreille et de se concentrer mais cette canne restait visible quoi qu’il en soit. Il n’avait pas vraiment honte de son handicap, d’autant qu’il n’était que temporaire, mais Peter imaginait bien que pour séduire, mieux valait être en pleine forme, la pitié ne fonctionnait pas toujours. Alors tant qu’à faire, autant jouer les mystérieux et piquer la curiosité de cette jolie blonde.

Il sourit avec fierté avant de baisser les yeux vers sa hanche blessée.

« Oh, ça ? Un stupide accident de travail. » Lança-t-il comme ci ce n’était rien.

Il ne voulait pas dévoiler ses cartes immédiatement, être militaire pouvait être un véritable atout mais il préférait jouer crescendo.

Lorsqu’elle voit un bel homme, Lexie, forcément, s’y intéresse tout de suite. Elle a plusieurs techniques pour s’en approcher. Soit elle y va directement, sans gêne et sans détour, soit elle attend un peu et attise la curiosité de l’intéressé. Là, pour le coup, elle n’a pas à faire grand-chose. Elle n’avait même pas remarqué Peter, qu’il s’asseyait non loin d’elle. Un bel homme, c’est certain. Elle a eu droit à quelques regards en coin ce qui, en soit, était vraiment très agréable. Elle a bien compris qu’il était quelqu’un de très distingué, de par sa manière de se comporter, alors elle n’y va pas franco. Elle attend un peu qu’il prenne les devants mais finit par prendre l’initiative. Elle n’est pas vraiment de nature patiente alors elle le salue simplement, en lui proposant de s’asseoir en face d’elle. Ils se présentent mutuellement, et le nom de cet homme, Peter Ellington, ne lui est pas inconnu, tout comme son visage d’ailleurs. Où a-t-elle bien pu le voir ? A New York ? Peut-être. Il aurait sûrement la carrure et l’allure pour y vivre. Pour y faire des affaires peut-être. Elle n’en sait rien et elle finira sûrement par le savoir. Comme toujours.

Ca guérira vite j’espère.

Dit-elle dans un sourire en parlant de la blessure de Peter. C’est sa manière à elle de savoir si cette canne le suivra toujours ou si elle disparaîtra un jour ou l’autre… Ca serait franchement dommage qu’un si bel homme soit amoché à vie. Les jambes croisées, Lexie boit une gorgée de sa boisson chaude. Quel travail peut-il faire pour s’être blessé de la sorte ? Elle ne le voit pourtant pas pratiquer un travail manuel, genre ouvrier ou ce genre de trucs… Il est bien trop distingué pour ça !!! Pourtant, elle ne demande pas ce qu’il fait. Le sujet de la profession risque d’être un peu délicat à aborder pour sa part. « Je me déshabille dans les bars » ne doit pas être le genre de chose qui l’attire, et, elle, elle a envie de lui plaire. Elle veut le connaître un peu plus (a).

Vous vivez ici ?

Il était en charmante, très charmante compagnie. Peter ne pouvait absolument pas se plaindre de la jolie rencontre qu’il venait de faire. Bien sûr, il avait un peu accéléré les choses en jetant ses quelques coups d’œil, mais le hasard avait tout de même une belle part de responsabilité la dedans.

Essayant de garder la tête froide malgré la magnifique apparition qui se portait à lui, il souriait toujours plus tout en écoutant la belle jeune femme parler de sa voix sensuelle. Il lui parla de ses blessures et elle lui souhaita un prompt rétablissement.

« Oh, oui, je l’espère, comme ça je pourrais avoir la chance de vous montrer mes talents de danseurs à une éventuelle fête de la ville. »

Il cligna de l’œil essayant d’amuser Lexie. L’invitation était lancée. Elle en profita pour lui demander s’il vivait à Great Falls.

« Oui, depuis peu. »

Il évita d’évoquer sa pension complète chez Mina la grand-mère, pas très glamour de vivre chez un parent à 35 ans même si les conditions sont particulières. Peter jeta inconsciemment son regard vers les jambes dévoilées de Lexie. Il s’attarda cherchant à deviner la forme parfaitement ronde des cuisses de la belle blonde cachées pas ce tissus fleuri. Il finit par relever le regard espérant qu’elle n’ait rien remarqué, ou en tout cas que ça ne la fasse pas fuir. Après tout, Peter était un homme comme un autre et pourquoi se parer de telle sorte si elle ne voulait pas qu’on s’attarde un peu sur ses jambes ?

« Je passais mes vacances ici étant enfant alors après mon accident, je me suis dit qu’un petit retour aux sources ne pouvait pas faire de mal. »

[C’est décidé, je veux un Peter Ellington pour moi toute seule **]

Pour Lexie, il n’y a pas de hasard, la chance se provoque. Elle aime penser que rien ne dirige sa vie, que personne ne tire les ficelles de son existence, à part elle-même. Du coup, sa rencontre avec Peter, selon elle, n’est pas dû au hasard ou à la chance, non. C’est lui qui s’est assis tout près d’elle et c’est lui qui lui a lancé des regards. C’est elle qui a prit les devants, mais s’ils ne l’avaient pas fait, ils ne se seraient probablement pas rencontrés. Lex trouve cet homme vraiment beau et très distingué, ce qu’elle n’est pas toujours, alors elle fait quelques efforts. Son visage ne lui est pas inconnu et surtout il l’attire beaucoup. Sa manière de parler n’est pas comme celle des autres hommes ici. Il semble sûr de lui sans pour autant laisser de côté le respect et les bonnes manières. On dit que les opposés s’attirent. Peut-être est-ce le cas ? En tous cas, ce n’est pas franchement son genre d’être toujours très polie… Mais bon, là, elle fait un effort.

Lorsqu’il se déplace pour s’asseoir en face d’elle, elle repère sa canne. Sur le coup, elle est un peu déçue, mais elle finit par se dire que personne n’est parfait. Et puis, ce n’est pas ça qui va l’arrêter… Elle le trouve bien trop sexy pour s’occuper de ça. Quand il se présente, Lexie se pose pas mal de questions. Elle connait ce nom. Elle le connait. Mais comment ? Où ? Et pourquoi son nom lui procure quelques papillons dans le ventre ? Vraiment, elle ne comprend pas, mais elle se dit qu’elle a dû avaler un truc pas frais, comme le poisson d’hier soir, et qu’elle a dû le rencontrer en soirée à New York. Elle demande, en quelques sortes, de ses nouvelles, histoire de savoir si sa canne la suivra toujours ou si c’est temporaire. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il lui fasse une telle réponse. Non seulement elle apprend que ça ne sera pas définitif (ce qui la ravit, évidemment), mais en plus il lui annonce qu’il aimerait lui montrer ses talents de danseurs si une fête est organisée. Lexie, pour la première fois depuis très longtemps, est un peu gênée. Un sourire timide (!) pendu aux lèvres, elle aperçoit le clin d’œil du bel homme et elle rit doucement en détournant le regard pour le poser sur sa tasse, qu’elle porte finalement à ses lèvres.

Elle repose les yeux sur le beau blond, et lui demande s’il vit à Great Falls. Au début de sa réponse, lorsqu’il lui dit y habiter depuis peu, elle se dit qu’elle avait sûrement raison et qu’il habitait New-York. Mais lorsqu’il ajoute qu’il venait ici étant petit, cette information ne fait qu’un tour dans son cerveau avant qu’elle ne comprenne. C’est Peter Ellington, LE Peter Ellington sur lequel elle fantasmait lorsqu’elle était petite. Elle tente de ne rien montrer, mais repère le regard de ce dernier sur ses genoux et sur ses cuisses. Les temps ont bien changé. A l’époque, c’était elle qui le regardait en coin, elle qui parcourait son corps du regard. Il ne l’a jamais remarquée, mais à l’époque, leur différence d’âge était telle que, de toutes manières, il l’aurait gentiment remerciée. Aujourd’hui, pourtant, cette attirance semble être devenue réciproque, et Lexie compte bien ne pas le laisser passer.

Ahh, vous veniez chez Mina, c’est ça ?

Demande-t-elle avec un sourire charmant, et charmé, avant de préciser :

Moi aussi je venais pour les vacances, chez les Desmond.

[ah ah, tu m'étonnes XD]

C’est étrange comme un simple coup d’œil au corps d’une femme pouvait, petit à petit, la discussion venant, se transformer en véritable attirance. Oh, bien sûr, Peter ne s’était pas assis à cette place précise sans véritable arrière pensée, cette jolie jeune femme à la robe fleurie avait déjà attiré son œil, mais il n’imaginait pas qu’après quelques mots échangés seulement cette attirance puisse se confirmer.

Il trouvait la compagnie de cette belle blonde bien agréable. Il fallait dire qu’elle avait l’air doux avec une pointe d’assurance qui ne laissait pas Peter indifférent. Il était loin de se rendre compte qu’il avait déjà rencontrée cette Lexie plus tôt dans sa vie. En vérité, il n’avait même pas le moindre doute, pour lui, il rencontrait cette fille pour la toute première fois.

Elle l’interrogea sur sa blessure et sa durée, il la rassura et lança même une petite invitation mine de rien, un clin d’œil en passant. Il remarque la faille ouverte, le petit sourire timide et le regard fuyant, autant de signes que Peter croit bons. A son tour il sourit avec légèreté et porta son gobelet de café aux lèvres.

Il répondit ensuite à ses questions avec sincérité mais en prenant bien soin de se mettre en valeur. Il expliqua qu’il connaissait bien la ville puisqu’il y passait ses vacances. Aussitôt, à ne pas en croire ses oreilles, Lexie lui demanda s’il venait l’été chez Mina. Peter manifesta sa surprise avant d’apprendre qu’elle aussi passait ses vacances ici, mais il était bien désolé de ne pas se souvenir d’elle.

« Oui, chez Mina, c’est … ma grand-mère. Mais, est ce qu’on se serait déjà croisés ? Je suis désolé, je ne me souviens pas de vous, et pourtant, je ne vois pas comment on pourrait vous oublier. »

Elle était vraiment très belle avec ses yeux de chat et cette longue chevelure dorée. Comment aurait-il pu oublier une beauté pareille. En un sens, s’ils s’étaient rencontrés enfants, elle avait sans doute beaucoup changé.

Lexie aime quand ce sont les hommes qui prennent les devants. Elle ne l’avouera jamais, mais elle les aime un brin macho et entreprenants. Seulement, elle se comporte toujours de manière contraire, histoire de montrer quelle femme forte elle est. En vérité, elle l’est, forte, car elle ne pense pas avoir besoin d’un homme dans sa vie. Ces derniers, elle en profite, elle les désire sans les aimer vraiment. D’un œil extérieur, on pourrait la prendre pour une fille facile (surtout lorsqu’elle s’habille comme telle), mais on se rend vite compte qu’elle est bien plus sophistiquée que ça. Peter, lui, est non seulement sexy, mais en plus il semble à minima avenant. Il semble, de plus, avoir comprit qu’elle n’est pas de celles qu’on prend pour un objet. Peut-être est-ce dû au livre qu’elle lisait ? Ou peut-être à sa robe longue style jeune fille sage ? Toujours est-il, il semble la comprendre bien plus que la plupart de ces idiots qui la croient à leur portée. Pourtant, quelque chose la titille. Elle a déjà vu cet homme, mais elle ne sait plus où. Même son nom ne lui est pas inconnu, alors les méninges de la danseuse tournent à plein régime pour tenter de se souvenir de qui il est. Dans sa tête, elle a dû le croiser lors d’une soirée, à New York, mais quelque chose lui dit que ce n’est pas le cas. Sûrement le fait qu’un tel homme ne peut pas s’oublier si facilement…

Ce n’est que lorsqu’il lui explique qu’il passait ses vacances à Great Falls qu’elle comprend qui il est. Lex’ se demande vraiment comment elle a pu l’oublier. Il était tellement beau, même adolescent, et lorsqu’il invitait les jeunes femmes à danser lors de fêtes de village, elle s’imaginait à leurs places, corps contre corps avec lui. Peut-être a-t-il été celui qui éveilla ses envies féminines lors de sa propre adolescence… Qui sait, il faut dire qu’elle ne s’en souvient plus. Lexie réussit, on ne sait comment, à ne pas laisser transparaître l’émotion qu’elle ressent à ce moment. Ce sentiment qu’elle se retrouve en face d’un fantasme, et qu’en plus il n’hésite pas à regarder franchement ses genoux et ses cuisses. Elle réussit même à demander confirmation, bien qu’elle n’en ait pas vraiment besoin. Soudain, elle sent la gêne chez Peter qui, lui, ne la reconnait pas. Elle comprend bien qu’il ne la reconnaisse pas, elle était seulement une enfant, et lui déjà un adolescent lorsqu’elle le trouvait si attirant… Jamais elle n’a osé venir lui parler. Eh oui, avant d’être aussi sûre d’elle, Lexie était aussi hésitante que les autres petites filles… Mais là, ce n’est plus le cas, elle dit toujours ce qu’elle pense, bien que parfois, ça la mette dans des situations délicates. Celle-ci en est une, sans hésitation possible. Que doit-elle dire, qu’elle fantasmait sur lui mais qu’elle n’était qu’une gamine ? Ce n’est pas franchement glamour tout ça… Du coup, elle tente une version qui la mette plus à son avantage.

Disons que j’ai beaucoup changé depuis le temps ! Je venais en vacances chez les Desmond jusqu’à mes 12 ans. Vous êtiez déjà plus grand.

Dit-elle avec un sourire un peu forcé. Elle vient de se ramasser comme une grosse merde. Et ça ne lui plait pas beaucoup. Elle aime toujours avoir la situation bien en main, et malheureusement, celle-ci lui échappe. Du coup, elle décide de jouer, comme souvent, sur son physique. Elle passe sa main dans les cheveux et décroise les jambes, en les écartant un petit peu. Elle soupire, comme pour dire qu’elle meurt de chaud (ce qui n’est pas faux), et adresse un nouveau sourire à son interlocuteur.

Peter n’était pas à proprement dit ce qu’on pourrait appeler un dragueur assermenté. Les virées en boîtes pour « lever une poule » pour la nuit, très peu pour lui, mais il n’était pas non plus un petit romantique tout timide, non, il était juste un homme, un peu macho, fier de sa virilité mais assez distingué et cultivé pour ne pas passer pour un beauf. Ce que certaines pourraient considérer comme l’homme idéal en somme, si on omettait quelques défauts se révélant sur le tard. Mais pour l’heure, pas le moment de montrer ses défauts à cette belle demoiselle assise face à lui, il préférait mettre toutes les cartes de son côté. Il n’était pas encore sûre de la réciprocité de ses attentes envers Lexie mais il semblait partit sur une bonne voix sans vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

La conversation allant, Peter découvrit qu’elle était elle aussi une « vacancière » de Great Falls ayant passé quelques été chez sa cousine. Et apparemment, ils s’étaient déjà rencontrés. Il ne la reconnaissait pas mais voulait bien la croire, tout le monde croisait tout le monde au moins une fois dans cette charmante bourgade.

« Comme quoi tout vient à point à qui sait attendre, la petite fille est devenue une femme. » dit-il en souriant, enjôleur, il plongea son regard dans celui de Lexie, ne se privant pas de chercher la noyade dans ce bain de chocolat si joliment mis en valeur par un maquillage soigné, féminin et distingué.

Il fit ensuite attiré par son jeu de jambe, sexy à mourir. S’il s’était douté de la tournure que prendrait cette sobre rencontre. Souriant de plus belle, Peter cru comprendre que la demoiselle avait un peu chaud, il chercha immédiatement une idée pour venir en aide à la belle. Il avait bien du temps devant lui, il faisait beau et l’ombre d’un arbre serait sans doute plus agréable que celle d’un parasol, et puis, il ne pouvait pas laisser filer une perle comme celle-ci.

« Que diriez-vous d’une petite balade sous la fraicheur d’un sous-bois prêt du Lac ? Nous pourrions continuer à faire connaissance maintenant que nous sommes deux adultes et peut être en profiter pour se rafraichir en trempant nos pieds dans l’eau. Je porte peut être une canne mais je ne suis pas complètement important, je vous rassure (a). »

Il avait posé sa main sur celle de Lexie et s’était légèrement penché pour faire sa proposition, en profitant pour faire passer le message qu’il voulait. Puis il rompit le contact et se recula pour lui laisser une porte de sortie.

« Ah moins que vous ne soyez occupée… »

[si elle veut bien, tu peux clôturer et on fait la suite au lac…]

[Tu m’étonnes qu’elle veut bien XD Tu commences le prochain sujet du coup ?]

Lexie n’est vraiment pas au bout de ses surprises. Déjà, le simple fait qu’on vienne l’aborder alors qu’elle ne cherche pas à draguer est assez étonnant. En général, lorsqu’elle est habillée de la sorte et qu’elle est plongée dans un livre, les hommes sont beaucoup moins attirés que lorsqu’elle porte une mini-jupe et des talons haut quand elle marche dans la rue, ou même lorsqu’elle danse. Au moment où Peter s’est assit à côté d’elle, Lex n’était clairement pas en train de séduire qui que ce soit. Elle profitait simplement du beau temps. Mais ça, c’était la moindre des surprises. Apprendre que cet homme est en fait Peter Ellington, LE Peter Ellington de son enfance, lui a fait un sacré choc. Elle l’avait complètement oublié. Pourtant, elle en a passé des heures à rêver de lui, à s’imaginer dans ses bras… Mais il faut croire que vivre des folies à New York fait oublier d’où on vient.

Sans réfléchir, Lexie lui demande s’il venait en vacances chez Mina, révélant alors qu’elle le connait. En voyant la gêne de Peter, elle comprend qu’il ne la reconnait pas, mais elle s’en doutait. Elle était gamine, ce n’était qu’un simple fantasme, jamais elle n’aurait été lui parler, elle découvrait ses envies, et elle en avait un peu honte. Elle tente de rattraper le coup, et finit par jouer de son physique pour essayer de passer à autre chose. Elle décroise les jambes et les écarte légèrement en passant sa main dans les cheveux. Elle a terriblement chaud. Sûrement à cause du temps, mais aussi un peu à cause de l’envie soudaine de se cacher sous la table. Mais comme le dit le bel apollon qui se trouve en face d’elle, la petite fille est devenue une femme. Donc, si elle passe sous la table, ça sera pour d’autres choses. (a)

Exactement. Dit-elle d’une voix sensuelle. Comme quoi, son physique peut la sortir de certains mauvais pas. Mais soudain, la main de Peter vient se poser sur la sienne. Un frisson parcoure son échine, et elle tente de se concentrer pour comprendre ce qu’il lui dit. Ce n’est pas une mince affaire, car maintenant qu’elle sait qui il est, il est difficile pour elle de se sortir de la tête certains fantasmes qu’elle a eus étant plus jeune… Mais finalement elle parvient à comprendre l’essentiel. Balade au bord du lac. Faire connaissance maintenant qu’ils sont adultes. Oh mon dieu, oui, elle veut bien faire sa connaissance, adultement, il n’y a pas de souci. C’est lorsqu’il lâche sa main qu’elle arrive enfin à se concentrer sur la conversation. Le fait qu’il rompe le contact lui laisse comme un vide, mais ça lui permet de retrouver un minimum ses esprits.

Elle n’aime pas beaucoup l’effet qu’a cet homme sur elle. Pour une fois, elle n’est pas maîtresse des évènements. Il semble la mener par le bout du nez d’une simple pression de sa main sur la sienne. Sur le moment, elle est tentée de refuser sa proposition. Elle n’aime pas être contrôlée. Pour autant, elle en meurt d’envie de cette balade, alors elle accepte. Elle se laisse porter, elle fonce tête baissée, comme elle a l’habitude de le faire. Elle finit sa boisson, sourit, et lance un séducteur :

Je suis libre comme l’air. Allons-y.


Fin de la scène.