Un défilé de mode. Malgré le fait que Leslie se trouve actuellement à l’arrière de la voiture d’un de ses professeurs, à côté d’une autre élève toute aussi impatiente qu’elle, elle n’arrive pas encore à mesurer l’immensité de cette « excursion » à Milwaukee. C’est la première fois qu’elle va pouvoir assister à un défilé de mode de cette importance. En fait, c’est la première fois tout court qu’elle se rend à ce genre d’événement. Elle les suit à la télévision en règle générale, se délecte des magazines et des blogs à ce sujet pour y puiser un peu d’inspiration, mais ça, ça n’a pas son équivalent. N’ayant pas toujours très confiance en elle, Leslie était persuadée qu’une personne ou une autre ferait mieux à ce fameux test, mais le fait est qu’elle est arrivée première et qu’elle a gagné cette place, qu’elle le mérite ~

Peut-être ne deviendra-t-elle jamais une grande styliste, ça, elle n’en sait rien. Ce qu’elle sait en revanche, c’est qu’elle va faire son possible pour mettre à profit cette immense chance. Cela fait maintenant environ deux ans et demi qu’elle s’intéresse activement à ce milieu. Elle dessine beaucoup et commence à créer ses propres vêtements depuis peu de temps. C’est la manière la plus simple de trouver ce qui lui plaît et lui correspond à cent pour cent puisque la jeune femme est aussi excentrique et originale que la coupe de cheveux qu’elle arbore. En plus de décolorer ses cheveux en blond platine, elle les teint régulièrement. Sa couleur de prédilection reste le rose, bien qu’il lui arrive de passer au violet ou d’autres couleurs qui lui plaisent sur le moment. Ce soir, ils sont coiffés de manière très sage, mais tricolore. Son maquillage est très prononcé sur les yeux et ses vêtements, sages également. Une robe imprimée de carrés colorés avec, en dessous, un débardeur noir .

Ils descendent enfin de la voiture. Même si elle jubile intérieurement, son expression reste relativement neutre. Ne pas se laisser emporter par ses émotions afin d’être plus efficace. Ils s’installent, la place n’est pas exactement la meilleure que l’on puisse avoir, mais c’est toujours ça de pris. Il y a d’abord un discours, avant que les lumières ne s’éteignent pour laisser les spots prendre le relais, la musique envahir la pièce, puis le défilement des mannequins. C’est très excitant. Accaparée par le show, Leslie prend, en même temps, quelques notes dans un cahier...

Au volant de sa voiture, Stan se rend à Milwaukee. Même si la ponctualité n'est pas vraiment son fort, il fait un effort en prenant de la marge aujourd'hui, comme il le fait toujours lorsqu'il s'agit de rendez-vous professionnel. C'est la moindre des choses après tout s'il veut être apprécié dans son boulot. C'est donc bien à l'heure qu'il arrive au fameux point de rendez vous. Un grand hangar servant habituellement pour des expositions, qui est aujourd'hui aménagé pour un défilé. Un créateur qui commence à se faire connaitre dans le coin, et qui cherche à avoir une portée un peu plus large organise l’événement.

Le grand brun retrouve donc rapidement ces collègues mannequins et après quelques minutes où il a le temps de discuter avec les 2/3 personnes qu'il connait relativement bien pour avoir souvent travaillé avec eux, ils sont pris en charge par un organisateur. Il les emmène en coulisse, les briefe sur le déroulement du truc, comment ça va se passer, puis ils se voient chacun assigner les quelques tenues qu'ils auront à présenter. Le style est plutôt sobre et "classe" pour ce défilé*, contrairement aux derniers qu'avait fait Stan où les tenues étaient particulièrement extravagantes. Après, ça fait parti du boulot de mettre ce qu'on lui demande de porter que ça lui plaise ou non de toute manière, et le jeune homme n'est pas du genre à se plaindre de ça.

A vrai dire, quel que soit le style de fringue qu'il doit porter, les défilés sont surement l’exercice qu'il préfère dans ce métier. "Se déguiser", changer de tenue en moins de deux pour étonner le public à chaque fois qu'il défile devant ses yeux, ... Il se prend plus facilement au jeu que pour un shooting photo par exemple. Et puis, même si avec son expérience cela ne lui fait plus grand chose, ça reste moins impressionnant de défiler avec des spots qui empêchent de voir le public plutôt que de poser sous les yeux d'un photographe à l'affût du moindre de ses faits et gestes...

L'heure fatidique est arrivée, tous les mannequins, dans leur première tenue, attendent patiemment derrière les rideaux d'entrée de scène que le type au micro finisse de présenter l’événement. Une fois cela fait, la musique démarre et le show commence... Les mannequins défilent tout à tour sous les feux des projecteurs et les applaudissements du public, et tout se passe comme prévu.

Une fois le défilé terminé, tous les mannequins retournent dans les loges. L'organisateur leur signal avant toute chose qu'il y a une petite réception qui va débuter pour les invités "VIP" de ce défilé, et auquel ils sont également conviés s'ils le désirent. Évidemment, il n'en faut pas plus pour que les jeunes se pressent à se changer afin de rejoindre cette fête chic au plus vite, plus intéressés par la coupe de champagne gratuite qu'autre chose pour la plupart...

Stan lui n'est pas un adepte de ce genre de réception, et n'a pas vraiment envie d'y aller. Alors, il laisse les plus pressés se changer en premier avant de faire de même. Il se doute que son agence voudra qu'il aille au moins saluer quelques têtes à la soirée, alors le grand brun ne se presse surtout pas de se changer (a). Il va d'abord se chercher une canette de coca et la boit tranquillement, puis se décide tout de même à aller retrouver ses vrais vêtements. Lorsqu'il revient dans la loge où il avait laissé ses affaires, elle est déjà vide, les autres s'étant visiblement dépêché pour se faire la malle. Machinalement il se démaquille, puis retrouve ses vêtements normaux. Alors, il hésite un instant. Il prend son courage à deux mains et se rend à la réception, ou il se barre discrètement et rentre directement chez lui ..? Dur dilemme..

C’est une chance inouïe. Leslie en a conscience et va faire de son mieux pour la mettre à profit. Très intéressée par tout ce qui touche à la mode, mais également très ouverte d’esprit, elle fait de son mieux pour noter ces détails importants, pour gribouiller des notes et un ou deux dessins sur son calepin. Le défilé commence et l’impressionne. Ce doit être une sensation merveilleuse que de voir des mannequins défilés dans des vêtements que l’on a imaginé de A à Z. Une sorte de consécration qui commence par un petit événement comme celui-ci et qui peut vous mener très loin à condition d’intéresser les bonnes personnes. S’il s’avère que la jeune femme aux cheveux roses arrivent jusque là, il y a fort à parier que ce sera très différent. Peut-être une sorte de mélange entre de la Haute-Couture et du prêt à porter. Quelque chose qui lui ressemblerait, qu’elle aimerait porter dans sa vie de tous les jours et qui resterait accessible. Pas forcément à tout le monde puisque beaucoup préfère rester discret et ne pas se faire remarquer, mais à des personnes, comme elle, qui se fichent d’être regardée avec des gros yeux, qui s’en amusent plus qu’autre chose parce qu’ils sont en paix avec eux-même ~

Mais là n’est pas encore la question. La première étape est déjà de terminer ses études, ensuite, il faudra à Leslie se battre pour se faire une place dans le monde de la mode. C’est un petit monde très fermé, il faut avoir de la chance et du talent pour y percer. Il y a fort à parier que ça commence toujours par un travail d’assistante pendant lequel on apporte des cafés et on fait des photocopieuses. Après, on peut grimper l’échelle, ou, au contraire, se faire étouffer et sucer jusqu’au sang. Cette réalité, on la leur rappellera sans doute aux portes de la vie active. Pour l’instant, ils leur restent beaucoup de choses à apprendre, autant sur des créateurs que sur les méthodes, les tissus et tout ce qui se rapportent de près ou de loin au stylisme.

Comme bien souvent, Leslie ne voit pas le temps passé. Ce n’est que quand les lumières se rallument et que leur professeur commence à expliquer la suite du programme qu’elle reprend contact avec la réalité. D’un léger hochement de tête, elle chasse ses pensées parasites et tente de reprendre le fil de la discussion.

— Maintenant, on va aller à la réception. Je me recommande, vous restez avec moi et vous vous comportez avec les bonnes manières de circonstance ! »

Son regard s’arrête en particulier sur Leslie. Pourtant, Dieu sait qu’elle est quelqu’un de relativement calme malgré son apparence qui saute aux yeux, qui surprend la plupart du temps. Leslie acquiesce sans faire de commentaires. Son autre camarade, plutôt lèche-botte, continue de discuter et de tenir la jambe à la prof tandis qu’elles quittent la salle pour se rendre à cette fameuse réception dans l’autre salle apparemment, ou quelque chose dans ce goût-là. Tout le monde semble être guindé. L’ambiance est presque oppressante. Autant dire que ça ne correspond absolument pas à l’attitude de Leslie. Elle se voit mal, également, se tenir là et esquisser des sourires à tout bout de champ. Ce n’est certainement pas cela qui va lui apporter quoi que ce soit, puisque ce n’est pas le moment idéal de chiner une place de stage ou quelque chose comme ça. Sans vraiment savoir pourquoi, elle attrape un petit four et l’engloutit.

Soudainement mal à l’aise par l’agitation, Leslie en profite pour s’excuser et s’éclipser jusqu’aux toilettes. En sortant, un détail la frappe. La sécurité ne semble pas être vraiment de mise et c’est une chance dans le cas présent. La curiosité pousse Leslie à se faire très discrète et à passer la porte des loges, l’air de rien. Si on l’attrape dans cette position délicate, elle risque d’avoir des ennuis, mais tout le monde semble être occupé ailleurs. Pour dire, même lorsqu’elle croise une femme, cette dernière ne lui prête pas du tout attention et continue son chemin. Son ventre se noue à cause de l’excitation au fur et à mesure qu’elle évolue dans ce milieu interdit.

Quelque chose attire son attention, une loge vide dans lequel se trouve quelques tenues du défilé, remises soigneusement sur des cintres. Devenant soudainement maladroite, elle les regarde, avant de bouger en croyant entendre quelqu’un et de faire tomber un verre. Elle s’immobilise, pourvu que personne ne l’ait entendue ~

Pour Stan, les défilés de mode font partie de son travail, il a donc l'habitude d'en voir et d'y participer, et ne se rend sans doute pas compte que certains seraient prêt à payer cher ou attendre des heures pour assister à ce genre d’événement, et voit chaque occasion de s'y rendre comme une grande chance. Depuis le temps que le milieu de la mode lui est familier, il a sans doute oublié à quel point il peut faire rêver certain, et c'est sans doute dommage. Peut être verrait-il plus d’intérêt à ce qu'il fait, si lui aussi restait émerveillé face à tous ces beaux vêtements et ce qui va avec...

En tout cas, l'idée d'aller à la réception "post-défilé" pour montrer son visage à quelques personnes influentes du milieu ne l'enchante pas vraiment. Lui qui n'ose pas vraiment aller vers les autres, autant dire qu'il n'est pas du tout à l'aise d'échanger quelques mots avec des "grands". Maintenant qu'il est changé et démaquillé, Stan est donc en plein hésitation. Son portable sonne alors. Son agent s’impatiente visiblement "qu'est ce que tu fous ? Pourquoi t'es pas encore à la réception ? Bouge toi faut que je te présente du monde". Le grand brun n'a pas assez de gueule pour refuser, et se contente de répondre qu'il arrive. Après tout, s'il n'y reste qu'un quart d'heure à cette réception, cela devrait être supportable, et tout le monde sera content...

Il sort de sa loge, et s'apprête à rejoindre les autres lorsqu'il entend du bruit dans celle d'à coté, comme quelque chose qui tombe. Stan préfère s'assurer qu'il n'y a rien et entre donc dans la loge. Il est alors surpris de se retrouver face à une jeune fille aux cheveux particulièrement colorés, qui lui est inconnue. Si elle avait fait partie des mannequins, elle l'aurait marqué pourtant, vu son style pas vraiment passe partout.

Bonjour... Je peux vous aider ..? Demande-t-il timidement, songeant qu'elle s'est peut être égarée, ou cherche quelque chose.

Saisissez chaque opportunité pour avancer, se tisser un filet de connaissance dans le milieu. En théorie, ça a l’air d’être un bon plan. En pratique, c’est une autre histoire. S’ils sont tous beaucoup plus « simples » que lors des immenses défilés ayant une portée planétaire, les gens ont sans doute autre chose à faire que d’écouter bavarder des étudiantes n’ayant aucune idée de la vie ou de la mode, qui ne font même pas partie de ce monde. Peut-être que Leslie se trompe, mais elle ne veut pas se retrouver coincée derrière sa professeur à esquisser des sourires polis. Attirée par ce frisson d’interdit, elle décide de prendre les devants et d’aller à la source : les coulisses du défilé.

A cette heure-ci, tous doivent avoir déserté l’endroit pour se rendre à la réception. Une chance pour Leslie qui se faufile et joue la discrétion jusqu’à arriver à une loge. Les vêtements qu’elle touche du bout des doigts lui semblent infiniment doux. Les finitions parfaites, savoir que ce sont des « originaux », des exemplaires uniques, ça l’électrise. Sa soudaine maladresse en est la preuve. La jeune femme aux cheveux roses et mauves s’immobilise, elle retient sa respiration. Les yeux grands ouverts, elle jette des coups d’œil à droite et gauche pour s’assurer que personne n’a entendu… Une grimace déforme son visage quand un jeune homme apparaît dans l’encadrement de la porte ~

— Je… Je faisais que regarder… »

Souffle-t-elle, prise au dépourvu. Autant elle peut se révéler douée pour inventer des mensonges, pour berner son petit monde quand il s’agit de choses qui la touche de près. Comme ses idées noires, sa hantise d’enfourner de la nourriture calorique dans sa bouche. Autant, là, tout de suite, elle n’a pas d’idée. Elle a beau essayé de réfléchir à cent à l’heure, c’est peine perdue…

— N’appelez pas la sécurité, s’il vous plait (a) »

Ajoute Leslie, glissant une main dans ses cheveux colorés. Elle risque d’avoir de très gros problèmes si on la met dehors de force. Elle va sans doute, même, se faire incendier par la professeur qui a pris cette responsabilité de leur offrir cette sortie exceptionnelle ~

Une fois que les mannequins ont su qu'ils pourraient se rendre à la réception tenue après le défilé, Stan s'est bien vite retrouvé seul dans les loges, les autres ayant déserté l'endroit particulièrement rapidement. Mais cela ne dérange pas vraiment le grand brun. De nature solitaire, il se trouve bien mieux là qu'à serrer des mains et adresser des sourires polis à travers la foule de personnes se croyant plus ou moins importantes parce qu'elles ont été invité à la soirée...

Cependant, son agent n'est pas de cet avis, et Stan se résigne finalement à rejoindre les autres, sans trop se presser non plus. Vu son manque de motivation, il est difficile pour lui de vraiment se dépêcher pour s'y rendre. Alors, lorsqu'il entend du bruit en sortant de sa loge, il n'hésite pas à prendre le temps de vérifier qu'il n'y a rien de 'grave' à coté, que tout est en ordre. Il découvre alors qu'il n'est finalement pas seul dans les loges, puisqu'une jeune femme se trouve dans celle ci. Elle donne l'impression de s'être fait prendre en flagrant délit, alors que le jeune Kellerman ne voit pas vraiment le problème à première vue.

Euh, c'était pas dans mon intention... Pourquoi, j'aurais des raisons de le faire ?

L'interroge Stan, un peu interloqué. Elle n'a rien à faire là visiblement, mais ce n'est pas pour autant qu'il va l'engueuler ou quoi. Lui, il ne fait pas partie du staff après tout, il pourrait y avoir n'importe qui ici qu'il ne s'en mêlerait pas. A vrai dire, si elle lui avait dit qu'elle venait vérifier que tout était en ordre ou n'importe quelle excuse bidon sur un ton sûr d'elle, Stan n'aurait sans doute pas insisté et serait parti la conscience tranquille. Enfin, il n'est pas pressé après tout (a), il peut bien rester encore un peu ici.

Je peux vous demandez qui vous êtes ?

Ose demander le mannequin d'une voix peu assurée malgré les efforts qu'il fait pour qu'elle le soit. A vrai dire, il est assez curieux de savoir qui peut bien être plus intéressé de venir dans des loges vides plutôt qu'à la réception où se trouve tout de même des personnalités assez connu dans le milieu.

Si cet endroit peut beaucoup lui apporter, le fait est que c’est également étouffant. Leslie se sent à l’étroit, tenue en laisse parce qu’il ne faut pas prononcer un mot plus haut que l’autre et qu’elle doit rester bien sagement derrière sa professeur. Cette dernière tient à l’image irréprochable qu’elle redonne, c’est donc directement lié avec la manière qu’ont les deux jeunes étudiantes de se tenir. Sa petite escapade jusqu’aux toilettes donnent une autre idée à la jeune femme aux cheveux rose et violet. L’adrénaline se dissipe dans ses veines et lui donne le courage nécessaire pour s’aventurer dans les loges.

C’est sans compter sur sa maladresse. Leslie s’immobilise, prie silencieusement pour que personne ne soit dans les parages jusqu’à voir quelqu’un apparaître dans le cadre de la porte. Son cœur se resserre, elle ne trouve aucun mensonge et se contente, finalement de lui demander de ne pas appeler la sécurité. Ce n’est pas non plus un événement mondial, du coup, il y a moins de surveillance, mais il n’empêche qu’elle paierait très cher cette escapade si on venait à l’apprendre ~

— Non… Non, bien sûr que non ! »

Insiste Leslie, passant une main dans ses cheveux. Il n’y a pas la moindre raison d’appeler la sécurité. Après tout, elle n’a strictement rien fait de mal. Bon d’un côté si, elle n’a rien à faire ici. Mais elle n’a touché à rien. Tout ce qu’elle a fait, c’est regardé les tenues du défilé.

— Leslie. Leslie Stevens, je suis styliste. Enfin, étudiante en stylisme. «

Un sourire éclaire son visage, elle tente de gagner en assurance et de lui tendre la main. En ce qui concerne ses études, elle ne manque pas d’assurance pour être honnête, mais c’est pour le reste… Sans doute son parcours qui fait qu’elle est ainsi.

— Et vous ? Vous avez défilé ? »

Son petit cœur se resserre sous l’excitation. C’est peut-être un des modèles ? Il faut dire que la jeune femme s’est d’avantage focalisée sur les vêtements plutôt que la belle gueule des mannequins masculins mais elle a dû le voir ~

Se pensant définitivement seul dans les loges, Stan est surpris de découvrir une jeune femme aux cheveux particulièrement colorés se trouver là, lui demandant de ne pas appeler la sécurité. Le mannequin la questionne, bien que la réponse qu'elle donnera était assez évidente et prévisible. Elle semble honnête, mais peut être serait-il trop naïf de la croire ? De toute manière, même si ses intentions sont mauvaises, il s'en fiche un peu. Si elle a fait des conneries, il n'aura qu'à dire qu'il n'était pas là, qu'il n'a vu personne, ou même la balancer d'ailleurs... et puisqu'il fait partie des participants à l’événement, certainement personne ne viendrait douter de sa parole.

Plus par curiosité qu'autre chose, et aussi pour connaitre le nom de la personne qu'il a croisé ici alors qu'elle ne doit pas être là (a), Stan lui demande de se présenter.

Ah d'accord.

Répond simplement le grand brun en apprenant qu'elle fait des études de stylisme. Cela expliquerait pourquoi elle est là, à coté des quelques vêtements laissés par des mannequins.

Oui. Je m'appelle Stan, Kellerman.

Se présente-t-il succinctement quand Leslie lui retourne la question. Il n'est pas très bavard comme garçon, et le fait qu'il ne connaisse pas cette fille n'aide pas. Elle n'a pas l'air méchante ou quoi, mais le mannequin a tendance à se méfier des inconnus. Cela dit, dans le cas présent, entre rester un peu ici avec elle ou aller à la réception, son choix est vite fait (a).

Les tenues sont plutôt classes d'ailleurs, tu trouves pas ?

Ajoute donc Stan, pas pour autant encore très à l'aise par rapport à cette inconnue. Il repère alors quelques canettes de soda pas ouvertes, laissées sur la table. Alors il s'approche et se prend un thé glacé avant de poser à nouveau son regard sur cette fille.

Tu peux te servir aussi.

Lui fait-il remarquer, sachant pertinemment que ce qu'il reste ne servira plus à personne qu'à eux de toute manière.

Les loges sont une mine d’or. Evidemment, elles l’auraient été d’avantage si Leslie y avait croisé des stylistes, maquilleurs, coiffeurs et mannequins, mais c’est déjà ça de pris. Elle est transportée quand elle imagine l’ambiance qui doit y régner, la folie, la nervosité, le stress… Ça ne doit pas être simple tous les jours, mais il n’empêche que ce doit être génial à vivre et bien plus passionnant que de rester assis sur une chaise à contempler les œuvres des autres. A son sens, faire un défilé serait un véritable aboutissement. A ce qu’elle a entendu, d’ailleurs, il y a possibilité qu’ils fassent quelque chose de ce genre dans le cadre de l’école, à la fin des études ou quelque chose comme ça. Elle verra bien en temps voulu, elle y est encore très loin ~

Tomber sur quelqu’un d’autre la surprend, la prend au dépourvu. Un peu perdue, elle essaie de trouver une explication mais finit par le supplier de ne pas la dénoncer. Si ça se trouve il fait lui-même partie de l’équipe de sécurité. Quelque chose lui fait dire que non, elle ne peut que croire qu’il est bien trop beau pour ce genre de travail. A part dans les films, ce n’est que rarement le cas des personnes exerçant ces métiers là. Elle se présente, avant d’apprendre le prénom de son interlocuteur.

— Enchantée… »

Souffle-t-elle, esquissant un sourire un peu intimidé malgré tout. Ce n’est pas n’importe qui qu’elle a en face. Ce qui est « étrange » si l’on veut dans la personnalité de Leslie c’est qu’elle est aussi extravertie que ce qu’elle est réservée. Ça dépends tout du point de vue, du moment, de ce qui est en jeu en quelque sorte. Son regard se pose sur lui, elle en reste muette (a) Heureusement, il ne laisse pas de silence s’installer. Elle regarde à nouveau les habits soigneusement mis sur des cintres, elle regarde une tenue en particulier, pensive.

— Oui très. Un peu trop peut-être… Je dois dire que ce n’est pas vraiment le genre de choses que je dessine ou que je mettrais mais… c’est vraiment très beau ! »

Loin d’elle l’idée de critiquer le travail du créateur, c’est excellent, c’est magnifique et classique en quelque sorte. En regardant Leslie, avec sa dégaine, son maquillage, son style outrancier, on peut aisément deviner qu’elle n’est pas de celle à porter une jolie petite tenue bien sage ou de ce genre là. Ça lui irait surement, après tout, sa silhouette est « idéale » (pas à ses yeux cela dit) mais ça ne correspondrait pas à son style, à moins qu’elle ne les customise avant ~

— Merci, mais ça va… »

Elle le remercie et refuse poliment. Les boissons trop sucrées, elle préfère les éviter. Rien que d’imaginer qu’autant manger vingt-deux morceaux de sucres plutôt que de boire du coca la dégoute profondément. Cela dit, elle n’est pas ici pour juger qui que ce soit ni même pour lui faire la morale. Ses convictions lui sont propres, elle ne les partage pas. Ne serait-ce que pour éviter de passer pour une folle à lier.

— Vous avez le droit de les prendre à la maison j’imagine ? »

Lui demande-t-elle, juste par curiosité, parce qu’elle n’a qu’une vague idée de comment marche le milieu. En tout cas, elle imagine le rêve que ce doit être de pouvoir prendre les vêtements des défilés, les avoir en avant première. Le rêve à l’état pur. Enfin, si on enlève la partie de défilé parce qu’elle ne se verrait pas faire ça x)

C'est vrai que pour quelqu'un qui s’intéresse au domaine de la mode, cela doit être particulièrement captivant de voir "l'envers du décor", comment se passe un défilé du coté des "artistes". Mais le vivre l'est peut être moins ; pour les mannequins c'est un exercice particulièrement stressant, puisqu'ils doivent enchainer très rapidement, sans se tromper d'ordre ni faire de faux pas sur la scène... Alors autant dire que pendant le show, l'ambiance est tendue ici... Enfin maintenant que le défilé est terminé, c'est tout de suite plus calme et tranquille.

De même.

Répond Stan dans un timide sourire après s'être à son tour présenté. Le mannequin est d'un naturel timide et peu assuré, alors il n'a pas franchement l'impression d'être quelqu'un d'imposant ou charismatique, qui pourrait intimider qui que ce soit, et pourtant c'est parfois le cas, même s'il ne s'en rend pas compte. Sans doute parce que les gens associent le métier de mannequin à la "célébrité". Si certains en jouent, et se vantent sans mal d'avoir fait la couverture de tel ou tel magazine, ce n'est pas du tout le genre de Stan qui n'a aucune prétention par rapport à son travail, ni à quoi que ce soit d'autre en fait.

Quel genre de vêtements tu dessines toi ?

Demande ensuite le grand brun lorsque Leslie lui fait savoir que même si elle trouve ces tenues très belles, ce ne sont pas vraiment son genre. Cela ne l'étonne pas vraiment à vrai dire. Peut être qu'il juge trop vite, mais vu son style, avec ses cheveux roses et violets loin de passer inaperçus, il s'imagine qu'elle est plus du genre à aimer les vêtements plus extravagants, plus "personnels".

Le mannequin se sert ensuite parmi les canettes de soda posées sur la table, et fait savoir à la jeune femme qu'elle peut faire de même. A vrai dire, lui ne fait pas particulièrement attention à ce qu'il mange ou boit, et ne voit donc aucun problème à consommer ce genre de boissons hyper sucrées. Tant qu'il mange à peu près équilibré, avec le sport qu'il fait régulièrement, il n'a pas de problème de poids, ce qui l'arrange bien pour tout dire..!

Nan, ça vaut bien trop cher pour qu'ils nous en fassent cadeau ! ^^

Explique Stan. C'est vrai que parfois, il aimerait pouvoir emmener ces fringues chez lui, mais c'est un privilège auquel il n'a pas droit. C'est assez compréhensible en même temps, si tous les mannequins repartaient avec une tenue sans les payer, la perte financière serait énorme pour le créateur...

C’est grisant. Il n’y a pas d’autre mot pour expliquer ce que la jeune femme ressent à ce moment précis alors que de l’adrénaline se dissipe dans les veines de Leslie. C’est le cas jusqu’à ce qu’on la prenne la main dans le sac. Si ce n’est sa présence, on ne peut cependant rien lui reprocher puisqu’elle respecte bien trop le travail de ces gens pour avoir dans l’idée de les voler ou, pire, de les ruiner. Alors qu’elle pensait être au plus haut point d’excitation possible, elle se retrouve face à un mannequin. C’est fou, se retrouver là, en tête à tête, sans que ce dernier ne semble la prendre de haut ou vouloir la faire mettre dehors. Peut-être que l’image que l’on dépeint des « célébrités » en temps normal est fausse.

La jeune femme lui apprend qu’elle est étudiante. Aussi sûre d’elle qu’elle peut l’être parfois, ça ne l’empêche pas de se sentir toute petite. Une de ses mains passent dans ses cheveux. Elle n’est pas là pour critiquer, elle se contente juste d’expliquer que ce n’est pas tout à fait son genre.

— C’est des trucs un peu plus… excentriques et colorés. »

Explique brièvement Leslie, sans réussir à se montrer plus explicite. Ce n’est pas évident de l’être. En fait, ce serait plus simple de lui montrer directement. En général, il faut dire qu’elle se laisse porter par ses émotions. Elle a une préférence pour les vêtements courts afin d’être confortable et de pouvoir bouger. Ou alors, très large justement. Récemment, elle a également découvert les joies des corsets. En terme de jupe, elle trouve que la tulle fait toujours un excellent effet. La jeune femme aux cheveux roses réfléchit à toute vitesse.

— J-J’ai malheureusement pas le bon cahier, mais je vous les montrerais volontiers une fois… »

Ça aurait pu faire très bonne impression, pas seulement sur lui mais aussi sur ceux qu’elle aurait pu rencontrer lors de la réception. Le stress l’a empêché de faire les choses tout à fait dans l’ordre. Malheureusement, il y a fort à parier que le mannequin a autre chose à faire que d’écouter les élucubrations d’une femme à peine adulte ou de regarder ses dessins qui ne sont que des projets. Même si elle en a déjà créé quelques uns.

— C’est vrai… Je n’avais pas vu ça comme ça… »

Murmure Leslie, tout intimidée et ne pouvant s’empêcher de se sentir idiote sur le coup. Elle aurait dû penser à ce détail. Évidemment que c’est trop cher, des tenues de collection !

— Est-ce que vous allez vous rendre à la réception ? »

L’interroge-t-elle ensuite, son regard restant timidement sur lui. Peut-être qu’une de ses tenues lui irait. Elle n’en a pas fait énormément pour hommes, mais quelques unes… Un défilé, en tout cas, ce serait un rêve à accomplir pour elle ~

Peut être qu'à la place de Stan, d'autres mannequins auraient profités de la situation pour montrer leur importance et leur 'pouvoir', et n'auraient pas hésité à appeler la sécurité pour déloger cette "intrus" d'ici, mais le grand brun lui, n'y aurait même pas songé. Il préfère plutôt lui demander ce qu'elle fait ici, et qui elle est. Il en apprend donc un peu plus sur elle, et ose la questionner encore, curieux de mieux la connaitre.

D'accord.

Acquiesce le mannequin lorsque Leslie lui explique qu'elle dessine plutôt des vêtements davantage "excentriques et colorés". Il n'a pas de mal à la croire, puisque son style est déjà plutôt excentrique.

Ouais, avec plaisir !

Ajoute-t-il dans un sourire amical à la proposition de la jeune femme. Même s'il n'est que la marionnette des stylistes au final, et qu'il n'est donc pas particulièrement bien placé pour lui donner des conseils ou un avis constructif sur son travail, il serait curieux de voir ce qu'elle dessine. Il répond ensuite à sa question, sans la trouver stupide un instant, lui apprenant simplement qu'ils n'ont pas le privilège de repartir avec les fringues qu'ils présentent lors du défilé.

Je suis censé y aller ouais...

Avoue ensuite le grand brun sans vraiment cacher son manque d'enthousiasme, avant de boire quelques gorgées de soda.

Et vous ? Il doit y avoir du beau monde là bas, ce sera peut être l'occasion de discuter avec des professionnels non ? Songe-t-il ensuite.

La mode. C’est une vocation. Tout un art. Ce que Leslie regrette réellement est le fait qu’elle passe très vite. Les gens adorent, puis jettent, au lieu de recycler ou de juste changer quelque chose. Heureusement, il n’y a pas que des fashionistas, mais également des personnes au courant, de véritables artistes qui font de cette branche ce qu’elle est réellement. Leslie souhaite de tout son cœur faire partie de ce monde. Un sentiment d’appartenance qu’elle apprécierait développé après ses études, une fois qu’elle aura trouvé une place de stage ou un travail dans une agence digne de ce nom ~

— Est-ce que… vous êtes souvent à Milwaukee ? »

Pour être honnête, Leslie ne connaît pas exactement la portée de ce défilé, ni même la reconnaissance que reçoit déjà ce créateur, alors elle s’inquiète de savoir si elle va avoir, ou non, la possibilité de revoir Stan. Si ça se trouve, il a rendez-vous à Los Angeles le lendemain ? Il est le seul à pouvoir le dire. Ne reste plus qu’à espérer qu’il ne la prenne pas pour une fan folle à lier, ou un « stalker ». Même si, malgré tout, il l’impressionne quelque peu…

— Vous n’aimez pas ça ? »

Demande doucement la jeune femme, tâtant le terrain. Il ne lui semble pas sauter de joie. Pourtant, elle aurait cru que c’était le rêve de tous d’être au centre de l’attention, de capter les regards, côtoyer des gens du milieu, entretenir son réseau. Elle acquiesce à sa question.

— Oui. Je devrais y être également. Mais… la curiosité a été plus forte. »

Sourire aux teintes timides. La curiosité est un vilain défaut comme on le dit souvent. Ça aurait pu d’ailleurs lui coûter quelque chose de se faire prendre sur le fait. Heureusement, le mannequin ne semble pas vouloir lui en tenir rigueur ou la faire expulser. En fait, personne n’en saura rien et c’est une très bonne chose si elle ne veut pas être réprimandée par sa professeur. Leslie n’a pas besoin de cela.

— Dans l’idéal, il faudrait essayer de prendre des contacts. Mais, je ne vous cache pas que les relations sociales ne sont pas mon fort. »

Peut-être est-ce son apparence qui cloche quelque part. Ou alors, le fait qu’elle soit réservée, renfermée, ça lui donne un côté antipathique ? Enfin, aucune idée, une chose est sûre, c’est le fait qu’elle n’est pas de celle avec qui tenir de longue discussion. Elle est toujours très, voire trop conciliante dans ce genre de situation, avec ce genre de personnes ~

Si Leslie rêve d'entrer dans le monde de la mode, Stan lui préférerait en sortir. S'il avait suffisamment confiance en lui, il l'aurait sans doute déjà fait d'ailleurs. Il n’éprouve pas vraiment de plaisir à poser devant les objectifs ou à défiler devant les yeux d'un tas d'inconnus. Le mannequin se plairait davantage à poursuivre des études sans doute, mais est persuadé qu'il n'a pas les capacités pour faire une telle chose, alors il n'en fait rien. Mais voir des gens faire des études qui leur plaisent lui fait toujours plaisir pour eux, et cela semble être le cas pour Leslie.

Pas tant que ça finalement, je bouge pas mal dans la région pour des castings.

Explique Stan naturellement, ne voyant aucun problème à parler de son métier. Il est vrai que son agence est basée à Milwaukee, mais la plupart du temps il doit aller un peu plus loin pour décrocher des contrats, alors quand il travaille ici comme aujourd'hui, c'est plutôt une bonne chose pour lui. Cela lui évite de perdre trop de temps dans les transports comme c'est régulièrement le cas...

C'est pas trop mon truc ce genre de réception. Je suis pas très à l'aise quand y'a trop de personnes importantes au mètre carré...

Avoue timidement le grand brun, en effet pas franchement enchanté à l'idée de se rendre au cocktail après le défilé. Il songe cependant que cela pourrait être enrichissant pour la jeune femme, et ne manque pas de le faire remarquer.

Je comprend..

Répond simplement Stan dans un fin sourire. Peut être qu'à sa place, il aurait fait la même chose, alors il ne va pas la réprimander pour son comportement.

Je peux essayer de te présenter quelques personnes que je connais déjà si tu veux.

Propose alors le mannequin, toujours avec un ton peu sûr de lui. Même s'il ne connait pas vraiment cette fille, cela lui ferait plaisir de pouvoir lui être utile à quelque chose. Et puis quitte à aller à cette réception, autant que cela serve à quelqu'un.

Pour elle, cette ambiance, ce genre d’endroit, d’événements, ressemblent furieusement à son idéal de vie. Leslie ne se doute pas une seule seconde que ça peut ne pas être aussi féérique que ça en a l’air de l’extérieur, ou même qu’on puisse vouloir en sortir. Après rêver de devenir princesse et se faire ravir par un prince charmant – ce qui n’a jamais été son souhait cela dit – c’est surement la deuxième chose sur la liste des jeunes filles, se faire remarquer et rentrer dans cette sphère si privée. Mais il faut avoir quelque chose en plus, quelque chose qui captive. Ou alors, de la chance et des relations. Enfin, de toute façon, dans le cas de la jolie jeune femme aux cheveux roses, elle préférerait passer de l’autre côté du rideau, mais pas sur les podiums.

— D’accord… Je viens de Great Falls à vrai dire. »

Soupire Leslie, qui perd peu à peu espoir de le revoir pour partager ses créations avec lui. En fait, ce n’est pas si étonnant, il doit avoir une vie assez chargée. Et du temps pour s’occuper d’une fille qu’il connaît à peine, et qui n’est qu’une étudiante parmi tant d’autres, il ne doit pas en avoir énormément. Sur le coup, elle est persuadée qu’il ne connaît même pas cette petite ville paumée du Wisconsin x)

— Pourtant, vous en faites partie… »

Un léger sourire éclaire ses lèvres. Malgré tout, Leslie peut comprendre. Elle-même est un peu comme ça. Enfin, il y a deux côtés à prendre en compte. L’un qui aime se faire remarquer, que les regards se posent sur elle, choqué ou non de son excentricité ou la détestant sans raison. Mais ça ne fait pas d’elle une personne très sociable pour autant. Quand il s’agit de se dévoiler, elle esquive souvent. Heureusement, il n’est pas question de ça !

La proposition que Stan formule, la laisse un instant sans voix.

— Vraiment ? Ce serait génial. »

Il paraît que c’est cela qu’on appelle se créer un réseau. Juste aller à la rencontre des gens, apprendre brièvement à les connaître. On ne sait jamais, ça peut se révéler utile par la suite pour une raison ou pour une autre. Il faut juste tenter de faire une bonne impression, de marquer les esprits. En soi, ce n’est donc pas une mince affaire… En tout cas, ça la motive tout de suite plus de se joindre à la « fête » ~ 

Stan est sans doute un cas 'rare' dans le milieu, et si elle arrive à bosser dans la mode plus tard, il y a des chances pour que Leslie s'y plaise, comme cela semble être le cas de la plupart des gens avec qui le mannequin a eu l'occasion de travailler. En tout cas, c'est tout ce qu'il lui souhaite. Il apprend ensuite qu'elle vit également à Great Falls, ce qui le surprend un peu à vrai dire, vu la taille de la ville.

Ah ouais ?! Je vis là bas aussi en fait depuis quelques années.

Lui fait-il savoir, songeant qu'ils n'auront pas de mal à se revoir pour qu'elle lui montre ses créations du coup. Ils en viennent ensuite à parler de la réception qui se tient depuis la fin du défilé, et Stan peine à masquer son manque d'enthousiasme à s'y rendre.

J'en suis pas sûr.. C'est pas l'impression que j'ai en tout cas...

Souffle simplement le grand brun, légèrement mal à l'aise suite à la remarque de Leslie. C'est sans doute un compliment, il devrait être flatté, mais ce n'est pas vraiment le cas. Même si de l'extérieur il parait peut être "important", lui ce n'est pas du tout ce qu'il ressent. Ces gens sont tellement différents de lui.. Enfin peu importe, il songe plutôt à l'utilité de cette réception pour Leslie, et lui propose naturellement de lui présenter quelques personnes qu'il connait, si cela peut lui être utile. Elle semble ravie, ce qui décroche un sourire au mannequin.

Allons-y alors ..!

Propose-t-il avant de finir son soda et jeter la canette vide à la poubelle. Il n'est toujours pas enchanté à l'idée d'aller à cette "fête" mais de toute manière il y est obligé, alors ce sera moins pire en compagnie de Leslie sans doute.

La chance semble l’avoir quittée. Si Stan n’est pas régulièrement sur Milwaukee, il n’y a pratiquement aucune chance qu’ils se revoient en d’autres occasions. D’un autre côté, il lui a surement dit cela pour être gentil, sans pour autant en penser un seul mot. Leslie ne peut pas lui en vouloir pour cela. C’est compréhensible. A moins qu’elle se trompe sur toute la ligne ?

— Sérieusement ? Vous avez choisi de vous enterrer là-bas ?

Enfin, c’est pas ce que je voulais dire, c’est un coin sympa. »

Un sourire vague éclaire son visage. Elle a beau critiquer, imaginer qu’une personne plus ou moins « célèbre » devrait plutôt choisir un grand appartement dans le centre d’une ville huppée, il n’empêche que Great Falls est sa ville de cœur. Jamais auparavant elle ne s’est sentie chez elle. Mais c’est une autre histoire et il est hors de question d’ouvrir son cœur à qui que ce soit. Si elle ne le fait même pas avec le psy qui l’a longtemps suivi, ce n’est pas un parfait inconnu qui va y avoir droit x)

Aller à cette réception en compagnie de Stan semble une excellente idée ! A nouveau, c’est un mélange d’euphorie et d’appréhension. Leslie a de la peine à réaliser que tout ceci est bien réel. Elle craint encore de se réveiller brusquement et que tout disparaisse dans la brume de son esprit. Il arrive parfois, quand elle n’est endormie qu’à moitié, qu’elle prenne ces scénarios pour la réalité, qu’elle n’arrive à faire la différence qu’une fois que ses yeux se rouvrent pour de bon. C’est perturbant, mais ça arrive. Oh et il n’y a surement pas que sur ce point là que l’on peut dire qu’elle est « bizarre ».

Un hochement de tête lui sert de réponse, elle lui emboite le pas pour sortir des loges et rejoindre la salle principale. Etant donné qu’ils sont là tous les deux, autant mettre ce temps à profit. Il prend donc des allures d’interview. En espérant ne pas lui taper sur le système trop rapidement.

— Ça fait longtemps que vous faites ce métier ? Comment vous y êtes entrer ? »

En tant que mannequin c'est tout autre chose que styliste. Mais il n'empêche que dans les deux cas il faut être capable de faire ses preuves, de résister au stress et tout ce qui va avec ~ 

Je me sens bien là bas...

Répond-il dans un haussement d'épaules. Certes, ce n'est pas vraiment un endroit "chic et branché", mais de toute manière Stan n'est pas fan de ce genre de lieu. S'il ne se plaisait pas dans la petite ville, il aurait très bien pu prendre son indépendance et aller vivre ne serait-ce qu'à Milwaukee, ce n'est pas l'argent qui lui manque pour le faire. Mais il préfère vivre ici tranquillement, avec sa mère. Peut être que cela le fait passer pour un "fils à maman", mais il n'en a rien à faire. L'important c'est qu'il se sente bien là où il vive après tout, et ce ne serait certainement pas le cas ailleurs qu'à Great Falls.

Vous préféreriez vivre ailleurs vous ?

La questionne-t-il ensuite, par simple curiosité. En tout cas, le fait qu'ils résident dans la même ville les aidera sans doute à se revoir, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Ils se rendent finalement à cette fameuse réception, puisque Stan a proposé à Leslie de lui présenter les quelques personnes qu'il connait et qui pourraient être interessant pour elle. Alors qu'ils marchent en direction de la salle principale, la jeune femme reprend la parole. Il aurait presque l'impression d'être une star d'être ainsi au centre de son attention..

Vous pouvez me tutoyer vous savez...

Fait d'abord remarquer le mannequin dans un léger sourire amical. Même s'il n'est pas à l'aise au point de naturellement tutoyer cette inconnue, il préfère pour sa part qu'on le tutoie. Il est ni vieux, ni très important, alors il n'y a aucune raison du contraire. Il ne tarde pas à répondre à ses questions.

Plutôt oui... Mes parents m'ont inscrit a mon premier casting quand j'avais à peine six ans.

Explique-t-il sincèrement. En réalité, c'est son père seul qui a 'lancé' sa carrière de mannequin sans demander l'avis de personne, mais il n'a pas vraiment envie d'entrer dans les détails de son passé, et encore moins de parler de son père, qui reste encore un sujet délicat pour lui...

Et vous, comment vous est venue cette passion pour la mode ?

Un léger hochement de tête lui sert de réponse. Leslie peut tout à fait comprendre ce qu’il ressent. Certainement pas dans la même mesure, mais c’est pareil de son côté. Great Falls est le premier endroit où elle s’est sentie comme chez elle, acceptée pour ce qu’elle est, où elle a pu, doucement mais surement, commencer à se reconstruire. Ça n’a pas de prix ce genre de sentiments de sécurité. Il y a fort à parier qu’elle y reviendra s’il lui arrive quoi que ce soit, ou quand elle se sentira perdue.

— Non. Par contre… Je pense que je partirai, peut-être à New York, après mes études parce que les opportunités ne courent pas les rues ici. »

Explique brièvement Leslie, pragmatique. Sans doute peut-il se le permettre s’il bénéficie d’une certaine renommée, de choisir ses contrats, et de vivre dans une petite ville loin de tout. Mais ce n’est pas la situation idéale alors qu’on essaie de se faire connaître et de se créer une petite place dans un monde aussi fermé que celui de la mode.

Naturellement, Stan a le don d’impressionner quelque peu la jeune femme. En un sens, elle sait qu’il n’est qu’un être humain parmi tant d’autres. Mais il n’empêche qu’il jouit d’une certaine reconnaissance de par son métier.

— D’accord… Je vais essayer. »

Lui promet-elle, n’en revenant toujours pas de la simplicité et la gentillesse qui émanent de lui.

— Ah oui, quand même… J’imagine que c’est ce qu’il faut pour y arriver.

T’as jamais voulu… faire autre chose ? »

La surprise est entière. Mais d’un autre côté, ça ne l’étonne pas tant que ça. Généralement, les personnes qui réussissent commencent très tôt, où sont issus de certaines familles, ou ont des relations. De rares personnes se font remarquer dans la rue, ont de la chance. En fait, le mannequinat, mine de rien, ce n’est pas donné à tout le monde.

Un sourire un peu timide se dessine sur ses lèvres alors qu’il l’interroge.

— Mon professeur d’art plastique au lycée y a beaucoup contribué. Il m’a encouragé à prendre le dessin un peu plus au sérieux et finalement, mon intérêt s’est porté sur la mode parce que c’est un domaine qui évolue sans arrêt, même si ça paraît superficiel, tout est très travaillé. Et ça me plait. Enfin voilà. »

Leslie n’a pas pour habitude de parler d’elle, en fait, elle n’aime pas ça. Elle fait cependant des efforts en ce qui concerne cette passion pour la mode. Ce n’est pas facile à expliquer, mais elle essaie de transmettre un minimum ces étoiles qui s’illuminent dans ses yeux ~

Même si cela fait à peine plus de cinq ans qu'il habite dans cette ville, Stan s'y sent mieux qu'à Minneapolis où il a vécu tout le reste de sa vie. Sans doute parce qu'ici, il a pu prendre un nouveau départ, commencer une vie plus sereine ? Il ne l'a pas tout de suite vu de manière aussi simple, puisqu'il gardait l'espoir d'avoir toujours contact avec son père même après le divorce de ses parents, mais finalement ce n'est pas le cas puisque cet homme n'a jamais daigné lui donner le moindre signe de vie... L'avantage ici, à Great Falls, c'est qu'il n'a aucun souvenir avec son père, et cet abandon est sans doute moins dur à vivre de cette manière...

Enfin, il n'a pas envie de repenser au passé, et préfère questionner à nouveau Leslie, lui demandant si elle préfèrerait vivre ailleurs.

C'est vrai qu'il y aura sans doute plus d'opportunités là bas...

Acquiesce le grand brun. Il a eu de la chance lui, de s'être fait un nom jeune, ce qui lui permet maintenant de vivre dans une petite ville sans pour autant manquer de contrats. En contrepartie, il est tout de même régulièrement amené à se rendre à des castings aux quatre coins de la région... Mais cela ne le dérange pas plus que ça, il considère que ça fait partie du boulot.

Même si à la place de Leslie, il ferait sans aucun doute la même chose, il lui demande ensuite de la tutoyer, puisqu’à ses yeux, rien n'exige le contraire. Il n'est franchement pas du genre à se prendre pour une star il faut dire... Il esquisse un sourire amical à sa réponse.

Je crois pas que tous les mannequins qui réussissent commencent si jeunes, mais en tout cas ça aide de se faire pistonner dès qu'on est gosse c'est clair...

Fait remarquer Stan, jugeant qu'il n'a aucun mérite d'avoir une "belle" carrière comme la sienne. Pour lui ce n'est pas son éventuel talent qui a joué là dedans, mais simplement le fait que son père ait un pied dans le milieu au départ, et puis son physique avantageux a fait le reste...

Si... Mais je suis pas vraiment doué pour les études, alors j'ai préféré rester là dedans finalement...

Explique-t-il brièvement, toujours honnête avec la jeune femme. En réalité, s'il avait plus confiance en lui, il ne serait certainement plus mannequin à l'heure qu'il est, mais ce n'est malheureusement pas le cas...

D'accord. il a eu raison de t'encourager dans cette voie alors.. ^^

Fait simplement remarquer le mannequin, constatant que la mode semble vraiment être l'élément de Leslie. Elle a l'air d'avoir trouvé sa voie, et réussira certainement à faire de sa passion son métier, et Stan l'envie pour cela.

Si Leslie attend la fin de ses études ave impatience, la possibilité de partir l’effraie également. Great Falls est sa maison, sa cousine est comme une sœur. Et il y a un autre détail qui la travaille. Ce cadre met un frein certain à ses mauvaises manies, alors que se passera-t-il lorsqu’elle sera livrée à elle-même et qu’il n’y aura plus personne pour veiller sur elle ? Evidemment, ça arrivera un jour ou l’autre. Mais la « violence » dépendra de la manière dont cela va se produire et aussi de la distance qui s’instaurera. Quoi qu’il en soit, la jeune femme aux cheveux roses se doit devra de choisir son début de carrière, ne serait-ce que pour tenter le coup. Quitte à revenir la tête baissée.

Pendant une seconde, Leslie se demande si quelqu’un de ce milieu, comme Stan, ne serait pas plus apte que n’importe qui à comprendre son trouble. Cette idée s’évapore aussi vite qu’elle est venue quand elle se souvient de la manière qu’il a eu de boire le thé froid. Ce sont des détails auxquels elle fait toujours très attention, ce qu’ils mangent, comment ils le font. Juste une partie de ses troubles.

Un léger hochement de tête lui sert de réponse. Comme bien souvent quand elle réfléchit à toute vitesse ou quand elle se retrouve en compagnie d’une tierce personne plus ou moins « étrangère » à son cercle habituel, elle n’est pas extrêmement bavarde. En fait, c’est à cause d’un mélange d’admiration et d’une légère timidité due au statut de son interlocuteur surement.

— Ta famille avait déjà un pied dans ce domaine ? »

Lui demande Leslie, surprise d’entendre qu’il s’est faite pistonné. En fait, ça ne devrait pas l’étonner tant que ça. Dans n’importe quel domaine, on a toujours plus de facilité grâce au réseau. Au fur et à mesure de la discussion, la jeune femme en apprend sur le modèle. Si elle avait peu craindre qu’il se révèle trop sûr de lui, trop imbu de sa personne, il n’en est rien. En fait, Stan est quelqu’un de tout ce qu’il y a de normal et d’équilibré ~

— J’espère… »

Un léger sourire éclaire son visage. Les études n’étaient pas trop son truc, jusqu’à une sorte de déclic. Peut-être qu’il lui faudrait à lui aussi une bonne raison de s’y mettre. Mais le sujet est déjà passé et puis, qui est-elle pour dispenser des conseils vu l’état de sa vie ?

Alors qu’ils se rendent à la réception, Leslie sent le regard, plein de reproches, de sa professeure. Au final, elle est sans doute ravie de voir que tout se passe bien. A en juger par la tête que tire sa camarade de classe, elle, elle est plus proche de la jalousie. Contrairement à ce qu’elle craignait, tout se passe à merveille, ses efforts semblent payant… Avec un peu de chance, elle le recroisera même à Great Falls ?

[ Fin de la scène ]