« Mais qu’est-ce que je fous ici, moi ?»

Grelottante, malgré le soleil qui éclairait cette belle matinée de décembre, je me posais la question de savoir pourquoi j’avais accepté d’accompagner mon frère sur les berges du Lac Michigan. Dire que j’aurais pu être bien au chaud à la maison, à aider ma mère pour les préparatifs du repas des fêtes, ou bien à décorer le sapin que mon père avait enfin décidé d’installer dans le salon… Et bien non ! Cédant à un caprice de l’ainé de la famille, qui n’avait pas hésité à me faire des yeux digne du chat potté pour me faire fondre, je m’étais vite retrouvée au grand air. Il était loin le cocon douillet de mon lit ou du radiateur de la cuisine ! Je me baladais donc au bord de l’eau, seule, pendant que Liam faisait un footing.

« Quelle idée ? Depuis quand est-ce qu’il prend soins de sa ligne celui-là ?»

Malgré mes nombreuses couches de vêtements je n’arrivais pas vraiment à me réchauffer. J’étais prête à parier que même mes deux paires de chaussettes n’empêchaient pas mes pieds de ressembler à des esquimaux, ou que mes oreilles avaient pris une teinte bleutée même à l’abri de mon bonnet de laine rouge. Les seules parties de mon corps qui ne manifestaient pas leur mécontentement restaient mes bras et mes doigts… Il faut dire que je les activais énergiquement pour faire avancer mon fauteuil sur le chemin aménagé autour de la rive.

Je devais cependant admettre que la journée était vraiment superbe et que j’en prenais plein les yeux. L’eau du lac miroitait de milles couleurs sous les rayons du soleil et j’en étais parfois éblouie. C’est d’ailleurs à cause de ces réverbérations que je détournais la tête et découvris un homme allongé dans l’herbe quelques mètres plus loin.

Que faisait-il là ??? Allait-il bien ou avais-je affaire à un cadavre digne d’un épisode des experts ??? Mais pourquoi envisageais-je ce scénario ??? Il ne semblait pas avoir de sang sur le sol et d’ailleurs il venait de bouger un bras.

« Erin, il va falloir arrêter de regarder la télé… ! »

Pourtant, même si j’étais à moitié rassuré sur l’état de santé de l’individu dont je ne distinguais pas vraiment le visage à cette distance, je m’approchai comme je le pouvais sur l’herbe humide et lui demandai assez fort pour que ma voix porte sur la distance qui nous séparait.

- Monsieur… Monsieur ! Vous allez bien ?

Je me fichais totalement de paraitre ridicule s’il se relevait, mais je ne pouvais pas laisser le doute planer plus longtemps. Je n’aurais pas voulu qu’on me laisse seule sur mon trottoir la nuit de mon accident, en pensant que je n’étais qu’une clocharde endormie.

Mon inquiétude concernant l’inconnu, qui se tenait allongé un peu plus loin dans l’herbe, n’était sans doute absolument pas justifiée et totalement absurde, mais je ne pouvais pas lutter contre l’envie de vérifier son état de conscience. Peu m’importait le ridicule de la situation, je l’interpelais pour être sur qu’il n’ait pas besoin d’assistance. En même temps, à part appeler les pompiers, je ne pourrais pas faire grand-chose… Par chance il serait inutile d’en arriver là puisque l’homme se relevait déjà, sans doute déranger dans son sommeil par mon intervention.

- Je vais bien, ne vous inquiétez pas !

Alors que je pensais avoir affaire à une personne quelconque, un trentenaire inconnu de Great Falls, je reconnu immédiatement Cassidy Carter.

Nos chemins s’étaient déjà croisés il a quelques années… après mon accident. En effet, le jeune homme était employé au poste de police et n’avait fait que son travail en venant m’interroger à mon réveil à l’hôpital. Je gardais un souvenir assez commun de lui. Il ne m’avait fait ni bonne, ni mauvaise impression, mais depuis cette seule et unique rencontre je n’avais eu que de bons échos sur la réputation du Shérif adjoint de la ville.

- Mademoiselle Grey, n'est-ce pas ?

- C’est bien moi, dis-je en souriant pour cacher ma gêne. Excusez-moi pour le réveil aussi brutal…

Un peu honteuse de l’avoir dérangé en plein repos, je m’approchai le plus possible pour lui serrer la main. J’étais surprise qu’il m’ait reconnu puisque nous ne nous étions jamais vraiment revu depuis tout ce temps. Bien sur, Great Falls restait une petite ville et nous avions pu nous croiser de temps à autre en voiture ou dans les boutiques du centre, mais je ne pensais pas avoir marqué ainsi sa mémoire.

- Je ne m’attendais vraiment pas à vous croiser ici ! Comment allez-vous ? Le shérif vous à laisser du temps libre pour profiter de la journée ?

Le shérif adjoint devait vraiment dormir comme une masse au moment où je l’avais appelé, car il se frottait le visage avec acharnement pour se réveiller. D’ailleurs il me fit beaucoup rire en se comparant à une loutre alors que je m’excusais pour l’avoir si brutalement sortit du sommeil. Etrange comme expression, mais j’adorais le naturel avec lequel il m’avait sortit ça ! Heureusement, il ne m’en voulait pas trop de l’avoir tiré du sommeil aussi brutalement et il se mit à bavarder comme si de rien n’était.

- Après la tempête, je me suis pratiquement pas reposé et une journée de repos ne me fera que du bien.

Je me doutais bien qu’avec la tempête il avait eu énormément de travail, et je respectais énormément cela. Toutes les villes ont besoin des policiers, des pompiers et des médecins pour pouvoir accueillir une population sereine. Grâce à des gens comme Cassidy, Mike et bien d’autre, nous pouvions nous sentir en sécurité à Great Falls, même si on retrouvait parfois ces hommes affalés dans l’herbe à roupiller quelques heures au bord du lac Michigan… Quel meilleur moyen de décompresser ? Il faudrait que j’essaie à l’occasion !

Il se redressa et s’installa assis dans l’herbe alors qu’il demandait de mes nouvelles. Je trouvais ça un peu étrange de sa part, mais plutôt sympathique. De cette manière nous nous trouvions quasiment à la même hauteur et je me sentis tout de suite plus à l’aise pour discuter.

- Très bien merci. Je me suis habituée à vivre avec ça depuis la dernière fois… dis-je en désignant mon fauteuil. Les débuts ont été un peu difficiles, mais aujourd’hui je suis la fille la plus normale du monde.

L’optimisme faisait à présent parti de mes qualités ! Et aujourd’hui était plutôt un jour agréable, je croyais donc vraiment en ce que je disais. J’étais jeune et plutôt en bonne santé, j’allais à la fac, je sortais en boite et dans les bars comme tous les jeunes de mon âge, j’étais amoureuse et insouciante… De toute manière, personne ne pouvait détruire la carapace et percer le cœur blessé de la véritable Erin. Pas même Liam, mon plus précieux confident… Alors Cassidy n’était pas prêt de m’entendre me plaindre !

Malgré les rayons de soleil et mes épaisseurs de vêtements, je me caillais ! Un peu de mouvement serait bien utile pour me réchauffer. Même si le sherif n’avait pas vraiment l’intention de bouger, je me risquais à lui demande :

- Ça vous dérange si on avance un peu le long du lac ? J’ai peur de rester congelée si je ne bouge pas un peu…

Revoir Cassidy Carter faisait remonter une foule de souvenirs à la surface de ma mémoire, mais ce n’était plus aussi douloureux que par le passé. Bien sur, je ne parlais pas avec gaité de cœur de cet accident et j’avais rapidement changé de sujet de conversation pour ne pas avoir à trop penser à ça. La journée était belle et devait le rester !

Si le shérif ne craignait pas le froid de cette matinée d’hiver, je commençais, moi, à ressentir les assauts du vent frais du bord de lac qui se glissait sournoisement entre mes couches de vêtements. Je proposais donc d’avancer un peu sur les berges du lac, là où je pouvais facilement rouler, histoire de ne pas finir en glaçon. Possible que Cassidy refuserait pour rester à se reposer tranquillement…

- Non, ça ne me dérange aucunement ! dit-il en se relevant. Vous voulez pas que je vous pousse ? Et qu'on se tutoie aussi, c'est plus pratique x)

Sa question était pleine de gentillesse et pas du tout moqueuse ou débordante de pitié, mais je n’aimais pas du tout être assistée. Mon autonomie et ma dignité était étroitement liées, alors même à y passer des heures, je préférais me débrouiller seule !

- Je vais réussir à me débrouiller ne t’inquiètes pas ! Lançai-je gentiment en commençant à avancer et en utilisant le ton plus familier qu’il venait de proposer. Cela me faisait toujours un peu bizarre de tutoyer une personne pour la première fois, mais avec Cassidy je me sentais plutôt à l’aise.

J’étais d’ailleurs vraiment étonnée de voir qu’il ne ressemblait pas du tout à son frère que j’avais pu rencontrer sur une maladresse quelques jours plus tôt. Cassidy semblait se moquer de mon handicap, comme si il m’avait toujours connue dans ce fauteuil, contrairement à son frère qui m’avait semblé avoir du mal avec ma différence physique, ce dont on ne pouvait pas franchement lui en vouloir… Le jour et la nuit ! Décidément les membres de la famille Carter ne se ressemblaient pas du tout, mais j’étais intriguée par toutes ces différences…

- Je suis vraiment un danger pour les Carter ! Plaisantai-je en me remémorant mes rencontres avec eux. L’autre jour je bouscule ton frère, j’espère qu’il n’est pas sorti traumatiser du coffee time d’ailleurs, et aujourd’hui je te réveil en sursaut, limite crise cardiaque. Il faudra dire à tes frères et sœurs de m’éviter.

Force était de constater que Cassidy se comportait avec moi d’une manière très naturelle, comme si nous nous connaissions depuis de longues années. J’appréciais vraiment sa bonne humeur et sa spontanéité qui me permettait de me sentir à l’aise moi aussi. Il ne jouait pas un rôle pour tromper son monde, le shérif devait être jovial dans la vie de tous les jours ! Exception faites avec les criminels qu’il devait arrêter… je l’imaginais d’ailleurs assez impressionnant, sans doute impitoyable dans ces moments là et je n’aimerai pas me retrouver en garde vue avec lui, même pour un délit mineur. Heureusement, je n’avais pas l’intention de devenir une délinquante.

Nous avancions le long des arbres qui bordaient le lac, mais en plein hiver les branches dénudées nous laissaient entrevoir une belle vue sur l’eau et je voyais même une troupe de canards qui nageaient sur les berges en contrebas. Leurs « coin coin » se mêlèrent à notre conversation quand j’abordais ma rencontre avec l’un des frère Carter.

- Quel frère ? Enfin, Craig ou Evan ?

En effet, j’avais oublié de préciser lequel des deux frères de Cassidy j’avais rencontré ce jour là au coffee time. Dans ma tête il était tellement évident qu’il s’agissait de Craig que j’avais oublié de le lui préciser. Il s’amusa d’ailleurs de ma méprise et son sourire s’agrandit.

- C’était Craig. Tu n’es pas au courant ? Répondis-je d’un air amusé. Bon c’est que je ne l’ai pas traumatisé alors et qu’il n’a pas porté plainte… ou au contraire, il est peut-être en état de choc et n’ose en parler à personne.

Je plaisantais, mais je n’étais pas vraiment certaine que Craig ait réellement apprécié passer du temps en ma compagnie. En même temps je n’aurais pas dû m’en soucier autant, j’avais d’ailleurs un peu oublié cette fameuse rencontre avant d’en reparler avec Cassidy.

- Oh tu sais, c'est pas comme si nous on était faciles, hein ! Continua-t-il sur un ton blagueur communicatif qui m’amusa beaucoup moi aussi. Et puis, je ne connaissais pas vraiment la famille Carter, alors je n’allais pas le contredire.

- Personne ne l’est vraiment je pense, mais tu penses à un truc particulier quand tu dis ça ? A toi ?

Je ne voulais pas paraitre trop curieuse, mais simplement m’intéresser à lui puisqu’il semblait vouloir rester avec moi pour un petit bout de chemin. Autant discuter au lieu de laisser le silence s’installer.

Quiconque nous aurait croisés à ce moment là, nous aurait surement pris pour des amis de longue date, et pas pour de simple connaissance faisant quelques pas au bord du lac pour éviter les assauts du froid. Cassidy était tellement chaleureux avec moi que l’illusion devait être parfaite vu de l’extérieur ! Un vrai plaisir ! Je bavardais avec lui avec naturel et sans retenu, allant même jusqu'à plaisanter de ma rencontre désastreuse avec son frère. Craig ne lui en avait pas touché mot d’ailleurs car le shérif ne semblait absolument au courant de ce qui s’était passé au Coffee Time.

- Nah il m'a rien dit. Mais attends, comment il peut être traumatisé par une si belle fille ?

Je ne relevais pas le compliment, même si je l’avais parfaitement entendu, en espérant simplement que mes joues ne rougiraient pas, et embrayais sur les explications de ce soit disant «traumatisme».

- Je l’ai pas vu et je lui ai reculé dedans… Et franchement ! Pas le petit coup de fauteuil de rien du tout, non, le genre costaud qui a dû bousculer un peu son équilibre. Alors pour me faire pardonner je l’ai invité à boire un café, mais il n’a pas beaucoup parlé. Dans un sens je le comprends, il ne devait pas être à l’aise à cause de ça… dis-je en désignant mon fauteuil.

Et puis je devais bien avouer que j’étais un vrai moulin à parole et que Craig n’avait peut être pas osé me couper la parole, ou pas l’envie de répondre à mes questions, alors qu’il avait mieux à faire plus loin, à son cours de musique par exemple.

De fils en aiguilles, nous en revinrent à parler des Carter et Cassidy continua à me questionner d’un air innocent qui en disait long.

- Craig est le plus timide, mais il est adorable, n'est-ce pas ?

Si j’avais eu un faible pour son frère, je crois que je me serais sentie gênée par sa question, mais comme ce n’était pas le cas, je lui répondis très franchement et sans arrière pensée.

- Je ne l’ai pas vu très longtemps, mais avec le peu que j’ai pu apprendre de lui je pourrais dire qu’il est sympa, oui. Aimable, gentil, et plutôt mignon, si c’est ça que tu veux entendre, plaisantai-je ouvertement avant d’en rire. J’aimerai bien le recroiser un jour ou l’autre, mais sans accrochage cette fois pour qu’il ne sente pas obligé de rester. Mais je pense pas que ça arrivera de si tôt ! Il va me fuir maintenant !

Racontée comme ça, ma rencontre avec Craig avait de quoi faire sourire. C’est vrai, je parlais de traumatisme alors que ce n’était qu’un simple petit accrochage de mon fauteuil, rien de plus. Pourtant l’échange qui avait suivi entre le prof de musique et moi m’avait semblé trop stérile pour ne pas cacher une certaine forme d’angoisse. Et quoi d’autre que mon handicap pouvait gêner un mec comme lui ? Cassidy connaissait mieux son frère que moi, cela ne faisait aucun doute, mais même s’il m’assura que je me faisais des idées et que Craig était juste timide, je n’arrivais pas vraiment à m’en convaincre…

Heureusement, la conversation tourna rapidement en dérision et m’évita une nouvelle prise de tête en repensant à tout ce que j’aurais du faire pour rendre la rencontre avec Craig plus dynamique.

- Oui c'est ce que je voulais entendre ! Me lança le shérif alors que je venais de lui dire que son frère était parfaitement adorable et mignon, en sachant pertinemment que je verbalisais ça uniquement pour lui faire plaisir, même si dans le fond ces mots reflétaient la réalité. J’avais même envie de revoir Craig… En tout bien tout honneur bien entendu ! Histoire de ne pas rester sur une si pitoyable impression.

- Au pire, je serais avec vous pour éviter que tu lui rentres dedans ou qu'il te fuisse.

Pour le coup, je fus incapable de me retenir de rire en entendant les propos de Cassidy. Je l’avais bien cherché en lui disant que j’avais peur qu’une nouvelle rencontre soit impossible, mais je ne m’étais pas attendu à ça ! Il se proposait vraiment de jouer le chaperon ?! C’était tellement ridicule que les larmes me montèrent aux yeux tant l’idée m’amusa. Je m’imaginais déjà la scène, aux allures de thérapie de couple. Craig et moi assis sur un sofa, et faisant face à un Docteur Cassidy dont les lunettes ne tiendraient sur le bout de son nez que par l’opération du saint esprit.

- Excellent ! N’importe quoi, mais excellent quand même !

J’essuyai les larmes qui gouttaient aux plis de mes yeux avant de poursuivre plus sérieusement.

- C’est gentil, vraiment, mais je crois que ça serait encore pire. Vive le naturel! Ça nous ferait passer tous les deux pour des asociaux qui ont besoin d’être assistés pour réussir à échanger deux mots. La honte quand même ! Je suis sur qu’il dira la même chose si tu lui proposes, riais-je encore en pensant de nouveau à la scène. Et puis t’as mieux à faire de ton temps j’imagine…

Je n’aurais pas imaginé une seule seconde passer un bon moment et piquer un fou rire avec le shérif de Great Falls, en venant sur les berges du lac Michigan ce matin là! Et pourtant… Cassidy venait de réussir à rendre mon début de journée vraiment très sympathique, au lieu que je passe mon temps à « courir » après mon frère qui n’avait aucun scrupule à me laisser seule dans le froid pendant qu’il essayait de se maintenir en force. D’ailleurs ou était-il ce sportif du dimanche ? Je le voyais au loin, mais il ne tarderait à faire demi-tour et à revenir vers moi en crachant ses poumons… En attendant, j’avais plutôt l’impression de me promener avec un vieux pote qu’avec un homme que je n’avais pas croisé depuis des années. Comme quoi il fallait toujours se laisser surprendre par les autres!

- Ouais j'avoue, c'est pas une bonne idée, conclut-il pour mettre un terme à notre conversation sur son frère et par la même occasion arrêter mes rires. Heureusement d’ailleurs car je commençais à avoir mal au abdos à force de me marrer comme une folle.

- Mais je dirais pas non à une sortie à trois un de ces quatre, hein !

Il ne lâchait jamais l’affaire ? Ou avait-il réellement envie qu’on se retrouve autour d’un verre pour passer deux ou trois heures à discuter ? J’avais un peu de mal à m’imaginer faire la fête avec un représentant des forces de l’ordre qui incarnait normalement un modèle de droiture et de bonne conduite… D’un autre coté, les policiers restaient des personnes comme les autres, avec besoin de s’évader et de sortir pour oublier le boulot. Alors pourquoi pas après tout ? Je ne risquais rien à tenter le coup à l’occasion.

- Ha ouai ! Et tu es plutôt quel genre de soirée alors ? Pizzas, bières, et match de basket ou bien cocktails, podiums, et bimbos ?

Je l’imaginais assez vautré dans un canap, pieds posés sur une table basse en pariant sur le résultat sportif de la soirée, mais tout aussi bien à se déhanché sur une piste de danse, une blondinette accroché à son cou. Ce mec devait être un vrai caméléon.

- C’est pas une question piège ! ajoutai-je pour ne pas qu’il essai de chercher quelle réponse serait la meilleure à me donner pour garder son image publique intacte.

Il avait suffit d’un échange de banalités effarantes pour que naisse une complicité entre Cassidy et moi. L’instant de surprise passé, je m’étais laissée allée au naturel et au plaisir d’une conversation entre amis alors que nous nous baladions le long des berges du lac Michigan. Je m’attendais néanmoins à une certaine réserve de sa part sur des sujets qui pourrait compromettre son statut de Shérif, mais au contraire il me parlait avec spontanéité et sans tabou. C’est de cette manière que je me retrouvais à le questionner sur ses préférences en terme de soirée… J’étais curieuse de savoir de quelle manière il pouvait s’amuser le plus souvent, mais ce n’était absolument pas pour le piéger ou quoi que ce soit d’autre !

- Un peu des deux on va dire XD Mais j'avoue que je préfère passer une soirée entre potes devant un bon match ! Affirma-t-il avant de poursuivre. Ah mais tu peux pas me piéger mademoiselle, je suis un agent de police XD

Sa remarque me fit sourire nouvelle fois, la millième sans doute depuis le début de la matinée.

- Laisse moi une heure et je suis sure que je trouverai le moyen de te coincer, plaisantai-je tout en commençant à chercher ce fameux point qui pourrait être sensible.

A force de flâner nous nous étions pas mal éloignés de notre point de départ et le sentier qui bordait le lac passait devant une maison isolée appartenant sans doute à une agence de location pour touristes fortunés. Je n’étais pas une experte en la matière mais je savais quand même reconnaitre une plaque d’immatriculation étrangère quand j’en voyais une… Et c’était le cas sur le 4*4 de luxe garé devant l’imposante bâtisse en bois blanc et au toit d’ardoise.

J’allais passer mon chemin sans pousser plus loin ma curiosité sur la vie des habitants actuels, mais des aboiements stridents et deux minis boules de poils nous foncèrent dessus, stoppant net notre progression. Je n’avais rien contre les chiens, mais quand ils étaient bien éduqués et qu’ils n’avaient rien de menaçant… Ce qui n’était pas le cas de ces deux roquets. Ils n’étaient pas plus hauts que trois pommes, mais les dents de celui qui essayait d’attraper mes doigts encore agrippés aux roues de mon fauteuil me paraissaient suffisamment impressionnantes pour que prenne peur.

- Hééé! Ils sont où les maitres ? Lâchais-je un peu stressée et énervée en glissant mes mains dans mon cou pour les protéger d’une éventuelle morsure.