Il y a quelque chose. Un truc indéfinissable, qui s’échappe, qu’on ne peut saisir. A chaque fois qu’on essaie de le regarder dans les yeux, de le comprendre, il s’enfuit un peu plus loin. Inutile de mettre des mots. Il suffit de vivre les choses, de ne pas s’interroger, de se laisser aller. On ne peut pas dire que ce soit sa philosophie de vie habituelle. Mais, aussi étrange que ça puisse paraître, tout lui semble très naturel, très facile avec lui, alors qu’elle a toujours galéré avec les autres. Lui, il lui semble moins mystérieux, ou alors, mystérieux, mais dans un registre similaire au sien. On peut croire qu’ils viennent bel et bien de la même planète. Elle n’a, en tout cas rien contre l’idée d’en partager un peu plus avec le tatoué.
Mais il est temps d’être raisonnable avant qu’ils ne s’égarent un peu trop. Pourtant, ça ne serait pas désagréable, elle se perdrait volontiers dans une étreinte, elle se noierait avec plaisir dans son regard. Leslie l’aime beaucoup, il a une place particulière. Peut-être que c’est ça, le fameux concept d’âme sœur, ou de coup de foudre. Leslie préfère cependant ne pas y mettre de mot. Parce que son esprit, sa raison la pousse toujours en sens inverse, vers celui qu’elle admire beaucoup plus qu’elle n’aime. Son ancien professeur de lycée.
Il n’est clairement pas question de lui en ce moment même. Ils ne se rapprochent pas concrètement, aucun baiser, aucun geste n’est véritablement échangé, mais ça lui fait l’impression d’une connexion. Autant dire que c’est ridicule. C’est avec peine que la jolie jeune femme aux cheveux roses se détachent de son ami.
— Ouais, j’ai presque envie de m’en faire mon quatre heure. »
Répond Leslie dans une raillerie. Ce n’est clairement pas son genre. Qui plus est, Ben ne l’est pas non plus. Elle n’a pas de type particulier, mais elle sait qu’on peut exclure. Alors qu’ils se remettent en marche, côte à côte, la main de Leslie effleure celle du garçon. Si elle cherche à le toucher, tend les doigts vers les siens, rien de plus concret.
— Quoi que, à choisir. Ce serait une meilleure idée de le saigner en sacrifice sur un autel dédié à la magie noire… »
Un sourire éclaire ses lèvres. Ou comment passer par une fille étrange. Pas dangereuse pour autant cela dit puisqu’avec ses cinquante kilos tout mouillé, elle ne peut pas faire grand mal à qui que ce soit. On la maitriserait facilement. D’un revers de main dans la figure et elle valserait probablement de l’autre côté de la pièce.