La tempête de Great Falls aura bien embêté tout le monde. La plupart des commerces de la ville sont endommagés ce qui représente pour tous les commerçants une perte considérable. Heureusement, les assurances et les subventions vont pas mal aider, mais pour certains ce ne sera probablement pas suffisant. C'est pour cette raison que Sydney est pleinement motivée pour donner un coup de main à ses confrères. Enfin, une décision prise après avoir réglé ses problèmes personnels, eux-même causés par la tempête. Son fils hospitalisé quelques jours, sa maison à moitié en ruines...Il lui a fallu quelques jours pour penser aux autres, à vrai dire. Et puis, il fallait bien qu'elle pense à sa petite librairie, aussi ! Elle n'a aucune idée de l'étendue des dégâts, mais elle ne se fait pas vraiment d'illusions.

Elle n'est même pas surprise en arrivant devant la librairie de voir la grande vitrine complètement fissurée. A vrai dire, elle s'attendait à ce que celle-ci soit complètement explosée, alors elle est presque rassurée. Elle avait bien peur d'une chose, c'est que la vitre soit brisée et que les pickpocket de la ville se soit introduit dans le magasin pour voler la caisse qu'elle n'a, bien sûr, pas prit le temps de ranger le soir de la tempête...La jeune femme introduit la clé dans la serrure et pousse doucement la porte. Un pied dans la librairie et...plouf ! Le pied trempé. Visiblement, sa librairie n'a pas échappé à une petite inondation. Quelques centimètres seulement, mais qui sont bien embêtant tout de même pour tous les livres proches du sol et pour les cartons qu'elle a dans la réserve..Du coup, elle n'ose même pas aller voir la perte que l'inondation à causé...

Après une grande inspiration, Sydney remonte ses manches, pose son sac et son manteau en hauteur puis ramasse les quelques trucs qui flottent. Livres, papiers, écriteaux...Bref, elle ne sait même pas par où commencer...Elle se pose finalement sur un tabouret, passant ses mains dans sa nuque, la tête en arrière. Elle ne sait pas par où commencer et, en même temps, elle n'est que très peu motivée. Elle a déjà tellement de soucis qu'elle n'arrive pas à s'inquiéter autant pour son commerce. A vrai dire, toutes ses inquiétudes se tournent vers son petit garçon. Les médecins ont beau dire que ses jours ne sont pas en danger, la partie où elle doit le surveiller pour traiter au plus vite des complications n'a pas pour effet de l'apaiser...Les pieds dans l'eau grises, Sydney observe sa boutique, totalement déprimée. Elle en viendrait presque à se demander ce qui pourrai lui arriver de pire !

Les écouteurs de mon MP3 dans les oreilles, je laissai mes bras propulser mon fauteuil au rythme des notes de rock qui jouaient au volume maximum. Ma mère n’aurait pas manqué de me faire une remarque négative à ce sujet si elle s’était tenue à coté de moi, mais par chance elle venait de me déposer en ville pour quelques heures de solitude. Nous vivions les uns sur les autres depuis la tempête et je devais bien avouer que j’avais de plus en plus de mal à le supporter. Prendre l’air allait me faire le plus grand bien !

Bien que les rues soient enfin dégagées, les vitrines des boutiques commençaient seulement à être réparées et nettoyées. Quel désastre ! Les commerçants arriveraient-ils à s’en remettre ? Combien de temps leur faudrait-ils pour que leurs enseignes redeviennent comme avant ? Je l’ignorai, n’ayant aucunement les connaissances nécessaires pour estimer les dégâts et les travaux à réaliser, mais au fond de moi je savais que des mois de travaille difficile seraient nécessaires pour redonner le brillant de Great Falls !

En voyant l’état de la librairie quelques dizaines de mètres plus loin, j’eu un pincement au cœur. J’aimai tellement cet endroit que le voir délabré de la sorte me fis de la peine. En m’approchant doucement, je vis la propriétaire au travers des carreaux salis. Désemparée, elle ne semblait pas savoir pas quel bout commencer… Les livres désertaient les étagères et trempaient dans un restant d’eau de pluie que l’air frais de novembre ne parvenait pas à assécher, alors que les papiers et autres écriteaux ne se trouvaient plus du tout à leur place d’origine.

Je ne connaissais pas Sydney de manière vraiment personnelle, juste par quelques échanges au cours de mes visites dans la boutique, mais j’imaginai facilement l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait. J’hésitai à rentrer dans la boutique de peur de la déranger, mais après une minute de réflexion, je me décidai à faire avancer mes roues vers la porte pour lui proposer mon aide avant qu’elle ne remarque ma présence. Un peu de bénévolat ne me ferait aucun mal, du moins si elle acceptait… Mais peut-être voudrait-elle se retrouver seule avec elle-même ?

J’ouvris la porte avec quelques difficultés qui la tirèrent de ses réflexions.

- Bonjour Sydney ! Excuse-moi de te déranger comme ça, à l’improviste. Je passai dans la rue et… j’ai vu ça, dis-je gênée en parlant de l’état de la librairie. Tu veux un petit coup de main pour commencer à remettre tes étagères en état ?

Depuis la tempête, Sydney ne se préoccupe pas vraiment de sa santé. Elle a passé plusieurs jours à s'occuper de celle de son fils, blessé lors de la chute de l'arbre. Elle a d'ailleurs été très inquiète lorsque les médecins ont parlé d'une hémorragie interne et d'une complication reinale. A côté de ça, son pauvre petit traumatisme crânien et son entorse à la cheville sont bien moins importants. Tellement moins importants qu'elle se néglige beaucoup...Elle ne porte ni l'atèle pour sa cheville ni sa minerve. Elle trouve ça trop peu pratique pour tout ce qu'elle a à faire. Les travaux de la maison sont pris en charge par Papa McKay, pendant ce temps Sydney et Eddie logent chez lui donc elle n'a pas grande chose à faire en matière de ménage ou de cuisine vu que Rick se débrouille très bien et qu'il interdit sa fille de faire quoi que ce soit lorsqu'elle est là. Les travaux de la librairie, en revanche, ne se font pas tout seuls et Sydney refuse de demander à Rick de l'aider pour ça aussi. Elle préfère se débrouiller seule.

En fait, depuis la tempête, elle ne s'est pas vraiment souciée de la boutique. Chris lui a assuré par message que les dégâts étaient peu importants. Il lui a parlé de l'inondation et de la vitrine fissurée mais rien de plus grave. Sydney ne s'est donc pas réellement inquiétée, sachant que cela pouvait attendre son intervention. Aujourd'hui, donc, en arrivant à la librairie, c'est un état de tristesse qui s'empare d'elle lorsqu'elle aperçoit l'état de son commerce. Elle soupire, triste, ne sachant pas bien par où commencer. Elle est rassurée de voir que tout n'a pas été touché par l'inondation. Les livres à mi-hauteur de l'étagère et ceux plus haut n'ont en effet pas été mouillé, donc ils sont récupérables. Et ça, c'est déjà une très bonne nouvelle. Assise sur un coin de meuble, Sydney regarde l'état de la boutique, dépitée, jusqu'à ce qu'une voix la tire de ses pensées.

Salut, Erin !

Lance-t-elle dans un petit sourire. Erin est une cliente que Sydney a souvent eut l'occasion de servir. La libraire a toujours été assez admirative envers la jeune Grey du fait de son handicap qu'elle assume et qui ne semble pas lui détruire la vie. En fait, lorsque Sydney regarde la jeune fille, elle voit une jeune femme souriante, pétillante. Elle l'admire vraiment.

Tu sais, je ne sais pas vraiment par où commencer. Mais....je veux bien un petit coup de main, oui.

Accepte-t-elle dans un sourire. Elle apprécie la proposition de la jeune fille. La libraire se met donc sur ses deux pieds, grimaçant légèrement à cause de la douleur que lui procure sa cheville, puis s'avance vers l'une des étagères.

Pour le moment, je vais passer un coup au sol pour enlever l'eau. Si tu veux, tu peux enlever les livres qui ont prit la flotte, et les mettre par terre, de toute façon, je n'ai pas le choix je suis obligée de les jeter maintenant...

En entrant dans la librairie, je remarquai que son état n’était peut-être pas si effroyable que ce que j’avais pu m’imaginer en la voyant depuis l’extérieur. Certes, bon nombres de livres ne seraient plus vendables après les affres de cette tempête et il faudrait envisager de redonner un coup de peintures aux étagères ainsi qu’au comptoir, mais après un bon coup de nettoyage la boutique retrouverait rapidement tout son charme. Il suffisait juste de déployer un soupçon d’imagination pour visualiser ce que serait la nouvelle librairie « Mckay » !

Sydney m’accueillit avec un sourire sincère lorsqu’elle remarqua ma présence. Elle semblait pourtant très fatiguée. Sa démarche claudicante et raide confirmait ce qu’avait pu me dire Candice sur les blessures que l’effondrement de l’arbre avait entrainé. Inutile d’être devin pour comprendre que son moral n’était pas au beau fixe également, à l’image de ce que son corps meurtrit traduisait… Ne voulant pas qu’elle puisse croire que j’éprouvai de la pitié à son égard, j’affichai moi-même une mine la plus réjouit possible et d’autant plus quand elle accepta mon aide.

- Au boulot alors ! Dis-je en retroussant mes manches.

« Pour le moment, je vais passer un coup au sol pour enlever l'eau. Si tu veux, tu peux enlever les livres qui ont prit la flotte, et les mettre par terre, de toute façon, je n'ai pas le choix je suis obligée de les jeter maintenant... »

- Je vais commencer par ici ! Certain seront peut-être encore lisibles même s’ils ne sont plus vendables, tu pourrais en faire don à une association pour leur donner une seconde vie malgré tout. L’hôpital sera sans doute preneur pour ajouter quelques livres à sa bibliothèque…

Ni une, ni deux, je m’approchai au plus près possible de l’étagère qui me faisait face avant de resserrer les freins de mon fauteuil, évitant ainsi un retour en arrière non désiré. Le premier volume que j’attrapai dégoulina d’eau et émie un bruit de succion étrange lorsque mes doigts en saisir la tranche… En effet, celui là était bon pour la poubelle ! Dommage, je crois que j’aurai aimé en apprendre plus sur…je n’arrivai même plus à déchiffrer le titre tant les lettres étaient déformées. La Provence ? Oui ce devait être ça puisque je me trouvai devant le rayon voyage, dans l’espace réservé à la France.

La dizaine de livres suivant m’offrirent le même spectacle désolant et c’est avec un picotement au cœur que je le entassais sur mes genoux avant de les lancer dans un carton destiné à la poubelle. Puis au fur et à mesure, ils se firent de plus en plus secs. Après quelques minutes sous l’air chaud d’un sèche-cheveux, ils seraient de nouveau rigides et lisibles malgré les auréoles qui resteraient par contre pour toujours.

- Je crois que j’aurai aimé lire un ouvrage du genre pendant mon hospitalisation, plaisantai-je en découvrant le titre du prochain livre que je tirai de l’étagère. Saveurs d’Asie : Tour des gourmandises et découvertes culinaires sur les routes de l’Asie. Rien à voir avec l’affreuse soupe qu’il pouvait me servir !

L'état de la librairie est passable. Comparé à certains commerçants, la libraire à eut beaucoup de chance avec seulement une inondation, une vitre complètement fissurée et des soucis d'électricité. Il va certainement falloir faire venir un professionnel pour s'occuper de remettre l'électricité en ordre et surtout en fonction des normes. Sydney n'y connait rien et, tant mieux puisqu'avec un tournevis ou tout autre outils, elle est franchement dangereuse. Elle doute que son père s'y connaisse pour faire appel à lui et, dans son entourage, elle ne voit pas trop qui pourrai s'y connaître. Elle trouvera bien un artisan sympas qui lui réparera tout ça. Elle a de l'espoir (a).

Pensive, elle revient à la réalité lorsqu'une voix la salue. Cette voix, elle la connaît bien. C'est Erin, une jeune femme du coin qui a pas mal fait parler d'elle il y a quelques temps lors de l'accident qui lui a enlever l'usage de ses jambes. Sydney se souvient bien de cette période, elle a été très émue par cette histoire et a même proposer à la mairie de faire des actions de collecte - qui n'ont jamais vraiment fonctionner, mais soit. Voir Erin dans son fauteuil, toujours dynamique et pétillante, ça a toujours foutu un coup à Sydney. Elle la trouve vraiment très courageuse de vivre comme elle le fait, acceptant parfaitement son handicap. Elle l'admire, en un sens. Parfois, elle a envie de l'aider mais sa maladresse l'en empêche. Elle ne voudrait pas que la jeune fille pense que c'est de la pitié et se braque...Et puis, visiblement, elle ne semble pas avoir besoin d'aide, proposant la sienne si gentiment.

Oui, tu as raison. Mais j'ai peur que l'état des bouquins soit pas top top pour traîner dans un hôpital...En tout cas, je ne vais pas les jeter, je trouverai bien une association à qui les donner !

Affirme Sydney. C'est vrai que c'est assez évident, elle ne va pas jeter des livres qui peuvent encore être lus, à défaut d'être vendables. Un peu soucieuse et ailleurs, elle n'a juste pas pensé à ça tout de suite. Du coup, elle imagine tout plein de sourires plein de gratitude, heureux d'avoir des nouveaux livres à disposition, et ça, ça lui donne le sourire. La libraire attrape donc un seau et une petite pelle pour évacuer le maximum d'eau avant de passer un coup de serpillière.

De temps en temps, elle tourne la tête vers Erin, pour s'assurer que tout va bien et qu'elle n'éprouve pas de difficulté, notamment pour les livres un peu en hauteur...Apparemment, elle s'en sort parfaitement. Sydney retourne à son seau et, lorsqu'elle le trouve assez rempli, se dirige vers l'extérieur pour le vider dans le caniveau déjà plein de feuilles mortes.

Oui, j'imagine bien ! Tu y es resté longtemps, en plus...

Remarque Sydney. C'est drôle mais, devant Erin, elle s'interdit toute plainte, réalisant que chaque chose qu'elle voit comme un problème n'est quasiment rien comparé à ce qu'à enduré - et endure toujours - Erin. Pour cette raison, elle ne s'autorise aucun commentaire de plus sur la cuisine de l'hôpital, même si, elle aussi, y a fait quelques séjours !

Si tu vois des livres qui te plaisent, tu peux les garder, n'hésite pas.

Propose la libraire dans un sourire avant de vider un deuxième seau à l'extérieur. A en juger l'état de la librairie, elle imagine qu'encore 3 ou 4 seau seront nécessaires pour enfin pouvoir passer un coup dans la librairie sans être gênée par la quantité d'eau au sol.

En effet, je n’avais pas pensé à la probabilité que les livres imprégnés d’eau de pluie, puis séchés, ne soient pas franchement les bienvenus sur les étagères de l’hôpital… Sydney avait totalement raison sur ce point ! Et puisque nous discutions à présent du sujet, je cherchai la bonne occasion pour lui demander des nouvelles de son fils, mais à la dernière seconde je me tordis la langue pour ne pas faire une bourde. La libraire avait retrouvé un petit sourire depuis quelques minutes, il était donc bien inutile de lui rappeler les principaux problèmes qui la touchaient depuis l’arrivée de la tempête.

Si je pus éviter de parler d’Eddie, je ne coupai pas à ma propre hospitalisation… Je l’avais bien cherché aussi, en essayant de plaisanter sur le sujet de la nourriture.

"Oui, j'imagine bien ! Tu y es resté longtemps, en plus..."

- Quelques temps oui… Assez pour savoir que leurs plats sons infects !

Comme si ce sujet nous dérangeait toutes les deux, Sydney n’hésita pas à détourner la conversation pour en revenir aux livres qui nous entouraient.

"Si tu vois des livres qui te plaisent, tu peux les garder, n'hésite pas."

- Je vais regarder ça. Merci Sydney !

Je ne pouvais pas dire non… Impossible ! J’aimais beaucoup trop les livres pour en laisser un aller à la poubelle alors qu’il m’intéressait et qu’on me l’offrait. Les finances de la famille n’étant pas vraiment au beau fixe depuis quelques temps, cela faisait des mois que je n’avais plus dépensé un dollar pour un roman ou un manga, uniquement pour mes ouvrages de cours et encore je les avais trouvés d’occasion.

Au fur et à mesure du tri j’arrivais vers les nouveautés et tombai sur un exemplaire du livre de Steve Job… Sa biographie posthume. Je l’avais demandé à mes parents pour noël ! La mort de cet homme m’avait beaucoup affecté lorsque j’avais appris la nouvelle. Pas uniquement parce qu’il touchait au milieu informatique auquel j’étais sensible, mais aussi pour sa manière de combattre sa maladie au quotidien comme je tentais de le faire moi même, pour ses paroles sages qui me faisaient encore frissonner rien qu’en y repensant. En feuilletant les pages encore humides avec précaution, je trouvai son discours lors de la remise des diplômes de Stanford en 2005.

- « On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. » , lus-je à voix haute pour en saisir les mots d’autant plus fort. Même un féru d’informatique nous pousse à nous dépasser et à croire en l’avenir malgré les épreuves que nous impose la vie. Et comme il avait raison…

Un brin nostalgique, je tournai mon regard vers Sydney.

- Je crois que je vais te prendre celui là, si ça ne te dérange pas évidemment.

Spoiler:

En un sens, la présence d'Erin fait du bien à Sydney. Ca lui évite d'être toute seule face aux dégâts de sa librairie. Son commerce, c'est sa vie. Elle a racheté le fonds de commerce avec son père alors qu'elle était encore enceinte d'Eddie. Très vite, ils ont dessiné eux-même des plans pour avoir une idée de ce à quoi allait ressembler la librairie après les travaux. Sydney avait déjà des tas d'idée. Elle voulait que ce soit un lieu convivial où on entre pas juste parce qu'on a besoin d'un bouquin pour un cours de langue. Elle voulait que les gens entrent juste pour sentir l'odeur des couvertures encore neuves des nouveaux arrivages, qu'ils viennent discuter autour d'un café, qu'ils se posent cinq minutes pour lire une BD dans le calme et le respect des autres. Les travaux ont mit un moment à donner l'ambiance qu'elle désirait. Elle mettait même la main à la pâte pour aider comme elle pouvait, bien qu'encombrée par son gros ventre de femme enceinte. Elle s'est impliquée au maximum, se réveillant parfois la nuit pour modifier ses plans grâce à une nouvelle idée...Elle a attendu impatiemment la fin des travaux pour enfin se lancer dans son affaire. Eddie n'avait que quelques semaines mais ça ne la dérangeait pas. Elle l'installait non loin d'elle à la boutique pour l'avoir à l'oeil. Il a d'ailleurs été l'attraction de la librairie pendant un moment. Puis il a grandit et Sydney s'est mise à travailler sérieusement, sans avoir à se préoccuper de son poupon, déjà assez grand pour aller à l'école...Elle adorait ses journées de travail, parfois si fatigantes qu'elle rêvait de son lit toute la journée. Mais c'était de la fatigue qu'elle adorait.

Voir les dégâts et les débris de la librairie la rend affreusement triste. Si bien qu'elle ne sait pas trop par où commencer, un peu perdue, seule face à sa vie qui s'écroule devant ses yeux. Elle n'avait en fait besoin que d'une chose : une présence. Quelqu'un qui puisse lui parler, qui puisse lui proposer gentiment son aide, lui changer les idées. Erin, en entrant dans la librairie, ne réalisait peut-être pas que sa présence serait bénéfique à la libraire. Et pourtant, si ! Erin prouve en fait à Sydney que sa librairie était appréciée et qu'elle n'est pas la seule à être attristée par les dégâts. Et ça, c'est important pour elle et pour tout le mal qu'elle s'est donnée ces dernières années pour faire tourner ses affaires.

Je t'en prie, c'est tout à fait normal ! Et puis, ça me ferai trop mal au coeur de les jeter alors qu'ils peuvent faire plaisir à quelqu'un...

Ajoute-t-elle dans un sourire. Ceux qu'elle n'arrive pas à donner à des associations, elle les gardera pour chez elle, mais elle doute que les associations les refusent. Les livres sont généralement des "dons" précieux.

Armée de sa serpillière, Sydney passe un coup sur le sol pour enlever le maximum d'eau, qu'elle jette par seaux dans le caniveau, devant la librairie. Passant entre deux rayons, elle observe les livres et un c'est avec un pincement au coeur qu'elle réalise les pertes que cela va représenter pour sa trésorerie...Elle entend alors de l'autre côté de l'étagère la voit d'Erin en train de lire un passage d'un livre. Sydney se stoppe tout à coup alors qu'elle réalise à quel point ces paroles sont sensées. Elle se demande tout à coup en quoi elle pourrai croire, pour se rassurer...

Oui, il avait certainement raison...On croit parfois que certains évènement sont insurmontable et, quelques années plus tard, on se rend compte que ça a eut un incident sur notre vie. J'imagine que ce sera pareil pour nous.

Suppose-t-elle dans un sourire. Elle parle bien sûr de deux évènements complètement différents : L'accident pour Erin, et la tempête pour elle-même. Ces deux évènements auront forcément des incidents, positifs ou non, sur leur avenir, qu'elles le veuillent ou non.

Non, bien sûr ! Prend ce qui te plait. Considère ça comme un remerciement....!

Répond la libraire dans un sourire. Elle se sent moins seule face à cette épreuve.

Mes doigts glissaient inconsciemment sur la couverture de la biographie, comme pour en estomper les traces laisser par la tempête, alors que mon esprit divaguait sur cet homme qu’était Steve Jobs. Un visionnaire ! Bien au delà du domaine informatique auquel on rattachait facilement à son nom, il avait fait évoluer la manière dont les humains utilisaient les nouvelles technologies au jour d’aujourd’hui. Sans lui, peut-être que nous ne nous servirions pas de téléphones portables ou de tablettes tactiles. Possible même que cette simple idée nous ferait beaucoup rire.

Une chose que l’homme d’affaire n’avait cependant pas réussit à détrôner malgré l’apparition de son Ipad, restaient bien les livres en papier. La preuve ? Elle se trouvait clairement sous mes yeux et sur les étagères de la librairie de Sydney! La suprématie de l'encre était bien loin d’être égalée malgré les défauts qu’on voulait bien lui donner. Moi la première, je préférai avoir entre les doigts une couverture épaisse et des pages qui embaument mes narines d’une douce odeur si particulière aux livres, plutôt qu’un écran lumineux qui n’apportait aucune sensation particulière. Mais peut-être Mr Jobs avait-il l’idée un libre électronique odorant cachée dans le fin fond de son esprit? Nous ne le saurions jamais…

- Oui, il avait certainement raison...On croit parfois que certains évènement sont insurmontable et, quelques années plus tard, on se rend compte que ça a eut un incident sur notre vie. J'imagine que ce sera pareil pour nous.

- Je n’en doute pas, lui dis-je en souriant. Même si aujourd’hui l’avenir nous apparait un peu triste à cause de cette tempête, j’imagine que d’ici l’été prochain nous en auront tirés les bonnes conclusions.

Sydney m’offrit ensuite le livre comme elle me l’avait déjà proposé quelques minutes plus tôt et je la remerciai du mieux que je pus sans devenir trop envahissante avec l’expression de mes sentiments.

- Si tout le monde donnait un coup de main, Great Falls se remettrait rapidement sur pieds !

Je rangeai donc l’ouvrage dans la petite poche que j’avais aménagé dans le dos du fauteuil et me remis à faire le tri tandis que Sydney continuait à éponger le sol.

- Les étagères n’ont pas trop souffert de ce coté, dis-je alors que j’envoyai un dernier livre à la poubelle. Tu sais déjà si l’assurance va prendre en charge les dégâts ?

Tirer de bonnes conclusion de cette tempête est assez délicat pour le moment. Pour Sydney en tout cas, c'est presque chose impossible. Sa vie est tout à fait chamboulée et elle a l'impression de suffoquer avec tous ses problèmes. En plus de devoir assumer les dégâts de sa maison, ceux de la librairie et les problèmes de santé de son fils, elle est complètement rongée par la culpabilité concernant ce dernier, et également pour Candice, dont elle a eut des nouvelles il y a quelques jours. Sydney a l'impression que tout est de sa faute. Si elle n'avait pas insisté pour aller travailler à cause de cet inventaire qu'elle laisse traîner depuis des semaines et qu'elle avait prit au sérieux l'invitation à se réfugier au gymnase, Candice et Eddie seraient en parfaite santé aujourd'hui. Elle n'aurai pas pu éviter les dégâts de sa jolie maison ou de sa librairie, mais les dégâts matériels sont tellement insignifiants face aux dégâts physiques en mentaux...

Les conclusions que tire Sydney, pour le moment, c'est qu'elle a été idiote et égoïste. Peut-être que le temps lui fera changer d'avis, mais pour le moment, elle voit tout en noir, se voyant comme la seule responsable de toutes les galères qui lui arrivent. Elle n'arrive même pas à pleurer, ne se sentant même pas autorisée à le faire.

Il me semble avoir vu une annonce près de la mairie. Un appel aux bénévoles pour aider à reconstruire les bâtiments qui en ont besoin de manière urgente. J'espère que les moins endommagés iront aider, ça leur ferai pas de mal...

Espère amèrement Sydney. Si elle n'avait eut aucun soucis matériel, elle serait certainement allé aider dans la ville, mais là, elle a déjà assez de soucis. Elle parle surtout des plus fortunés - par exemple - qui peuvent payer sans compter les réparations de leurs manoirs. Cela donne des idées à Sydney concernant une collecte de fonds pour la Mairie qui pourrai encore plus aider les plus nécessiteux. Elle passera peut-être voir le maire cet après-midi pour faire un don à la hauteur de ce qu'elle peut dépenser pour le moment...

Aucune idée. En théorie, ils sont censés prendre en risque un minimum, mais ça dépend des dégâts et de l'origine. Je ne sais plus si j'ai prit l'option concernant les catastrophes naturelles...

Et en même temps, je n'arrive pas à les joindre ces incapables !

S'énerve légèrement Sydney, sentant son rythme cardiaque s’accélérer légèrement, sous le coup de la colère. Elle n'est pas énervée contre Erin, elle pense même que celle-ci l'a bien comprit. C'est bien après son assureur qu'elle est en rogne ! Elle n'a aucune nouvelle depuis son dernier appel qu'on a soit disant transmit. Depuis, lorsqu'elle tente de rappeler, étrangement, personne n'est jamais disponible et personne ne peut jamais répondre à ses questions. Elle est tout simplement agacée....

Je souris en l’entendant insinuer que certaine personne fortunée devraient mettre la main à la pâte pour aider Great Falls à se remettre sur pieds. Bien sur, je partageais son avis sur la question, pourtant j’imaginai mal les personnes auxquelles je pensais se salir les mains et encore moins bénévolement. Cette idée relevait de l’utopie ! Peut-être feraient-elles éventuellement un don à la mairie, mais ça aussi ce n'était encore qu'un rêve. Le riche restaient riches parce qu'ils étaient avares et proches de leur sous.

-Hum… me contentai-je de « dire » avant d’enchainer sur les indemnisations de l’assurance auxquelles elle aurait droit pour compenser les pertes subies à cause de la tempête. Sujet apparemment sensible vu la réaction qui suivie ma question!

- Aucune idée. En théorie, ils sont censés prendre en risque un minimum, mais ça dépend des dégâts et de l'origine. Je ne sais plus si j'ai prit l'option concernant les catastrophes naturelles...Et en même temps, je n'arrive pas à les joindre ces incapables !

Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que Sydney bouillait de colère sous le masque de sérénité qu’elle essayait de maintenir sur son visage. Et comme on pouvait la comprendre ! Rien que pour un souci mineur sur la voiture de mes parents, ma mère avait dû passer une quantité incroyable d’appels pour avoir enfin une personne qui puisse répondre à ses questions et savoir si l’assurance prenait en charge ou non le bris de glace du part brise. Alors pour une catastrophe du genre de la tempête qui avait traversé Great-Falls, je n’osais même pas imaginer le parcours du combattant que cela devait être. D’autant plus que les compagnies d’assurances devaient surement crouler sous les demandes…

- Ils doivent être débordés à cause de tous les dégâts dans la ville… dis-je en m’approchant d’une nouvelle étagère, mais trop haute pour que je puisse y faire quoi que ce soit. Je trouve ça quand même honteux vu le prix que tu dois payer pour assurer la librairie ! Tu veux que j'essai d’appeler pour toi puisque…je désignai les livres sur les étagères supérieures, je ne peux pas faire plus.

Sydney a l'impression de passer son temps à se plaindre ces derniers temps. Quelque chose qu'elle déteste. Elle n'aime pas les gens qui passent leur temps à ça, alors autant dire qu'elle se déteste puisqu'elle incarne tout ce dont elle a horreur. Elle espère que cette phase passera vite car elle ne se supporte plus en ce moment. Tant qu'aucun de ses problèmes ne sera réglé, elle restera certainement dans cet état. A force de se détester, elle finit par voir le mal partout et elle finit même par craindre que son entourage se mette à la détester. Cercle vicieux.

La question d'Erin n'était pas faite pour être énervante, mais le simple fait de parler des assurances rend Sydney colérique. Cela fait des jours qu'elle tente par tous les moyens de joindre sa compagnie d'assurance et elle n'a aucune réponse. Personne ne semble avoir les compétences pour pouvoir répondre à une simple question : sera-t-elle remboursée, et surtout à quelle hauteur ? Rien de plus simple, donc. Elle ne fait que passer de services en services sans avoir de réponses concrètes, à croire qu'au sein de la compagnie, personne n'est informé de la même manière sur les procédures ou sur les couvertures de l'assurance. C'est à devenir dingue et Sydney perd patience à force.

Je ne pense pas que ce soit une question d'être débordé ou non...Je crois que c'est une question de mauvaise volonté ou de manque d'intérêt pour les assurés, tout simplement !

Avance la jeune femme. Elle n'est en réalité pas sûre du tout que ce soit ça, mais ça la rassure de pouvoir pester contre eux de cette manière. Elle essaye de trouver une raison pour laquelle personne ne se soucie de son problème.

Ca me coûte une bras...J'espère qu'à ce prix là ils pourront au moins prendre la moitié des réparations....

Espère Sydney, s'arrêtant de nettoyer pour vider une nouvelle fois le seau d'eau sale. Les assurances coûtent cher lorsqu'on possède un commerce. Il y a tout un tas de choses à assurer ! Sydney se souvient avoir carrément halluciner lorsqu'elle a fait faire différents devis d'assurance. En voyant que le moins cher correspondait - par exemple - à deux fois le prix de son assurance habitation, elle s'est rendue compte qu'il fallait vraiment que son commerce fonctionne pour pouvoir au moins rentabiliser ça. A la proposition d'Erin, Sydney ne sait pas quoi répondre, jusqu'à ce qu'elle comprenne que, de toute façon, elle ne peut pas aller plus haut dans les étagères. Du coup, elle sent que ça peut lui être d'une grande aide qu'elle s'occuper de ça, étant certainement plus calme que Sydney en étant extérieure à ça.

Si ça ne te dérange pas....Oui, ça peut me retirer une épine du pied...

[J'ai pris quelques libertés pour la réponse... mais si tu voulais quelque chose en particulier, dis moi, et je corrige sans problème =) <3]

Avec tous les problèmes qui lui tombaient sur le dos depuis la tempête, je comprenais parfaitement que Sydney soit en colère… Entre Eddie à l’hôpital gravement blessé, l’état de la librairie à laquelle elle tenait tant, et des administrations réactives comme des escargots, à sa place je crois que j’aurais depuis longtemps fait une crise de nerfs ! C’était même certain ! Bon d’accord, je n’aurais pas fait un scandale devant tout le monde, mais une fois seule dans ma chambre, je me serais mise à pleurer de rage en insultant tout ce petit monde avant de m’en prendre au clavier de mon ordi auquel j’aurais défoncé quelques touches… voir tout le pavé numérique !

-Ça me coûte une bras...J'espère qu'à ce prix là ils pourront au moins prendre la moitié des réparations....

- Ca serait la moindre des choses ! Dis-je sans rien ajouter pour ne pas aggraver la situation déjà tendue.

Je lui proposais alors mon aide, puisque j’étais mise au chômage technique par la hauteur des étagères, et je fus heureuse de la voir accepter. Si je pouvais me rendre utile, même en usurpant son identité pour avoir des réponses, je le ferais sans sourciller. Après tout ça ressemblait à un genre de piratage informatique… mais dans la vie réelle. Je devais parfaitement en être capable.

- Si ça ne te dérange pas....Oui, ça peut me retirer une épine du pied...

- Je vais voir ce que je peux faire ! Il va juste falloir que je m’installe près du téléphone.

Sydney abandonna son seau pour me conduire jusqu'à l’arrière de la boutique et me sortit tous les documents nécessaires pour cette tâche monumentale.

- Et bien allons y ! Dis-je en attrapant le combiné. Je composais alors le numéro inscrit sur la première page du contrat alors qu’elle repartait vers l’entrée de la librairie.

Les minutes qui suivirent furent terriblement longues… Une petite musique d’ambiance entrecoupée d’une voix de répondeur m’amusa les oreilles quelques temps, mais me lassa aussi très rapidement. Quel manque d’originalité ! Quand enfin la voix d’une opératrice rompit cette mélodie monotone je ne me gênai pas pour lui faire remarquer que la compagnie ferait mieux de mettre un titre de LMFAO pour éviter que les clients s’endorment au bout de leur téléphone en patientant. J’étais restée polie et je l’entendis rire dans son micro. J’exposais donc naturellement le problème de Sydney, tout en essayant d’être le plus fidèle à la situation possible, mais bien sur, comme la libraire, on me balança de larbin en larbin pour éviter de me répondre.

- Vous savez, j’ai toute la journée devant moi et je n’ai pas l’intention de m’énerver si c’est ce que vous chercher à faire en me passant un nouveau responsable toutes les trois minutes. A ce rythme là c’est vous qui allez en avoir assez de m’entendre répéter le même discours quinze fois. Oui, oui, je sais parfaitement que vous n’êtes pas si nombreux que ça dans votre petit service et forcément vous serez obligé de me supporter à de nombreuses reprises. Mais où en étais-je ? Ha oui…

Sans colère, ni même agacement, je repris mon monologue qui expliquait l’état de la librairie. Pris à leur propre jeu ils s’agacèrent comme prévu, mais ne cédèrent pas si facilement. Alors je m’amusais même à faire durer les choses pour les agacer le plus possible. Il n’allait pas m’oublier de sitôt !

- A tout à l’heure, dis-je avec amusement à l’homme que j’avais déjà eu cinq fois. Oui, je devais bien avouer que je me lassai aussi et pour passer le temps et éviter de me taper la tête contre le bureau, je cochai au crayon le nombre de fois qu’on me passait une personne différente. Le résultat était vraiment surprenant.

Je ne sais pas combien de temps s’était écoulé depuis que j’avais décroché le téléphone, mais lorsque je raccrochais j’avais quelques réponses notées sur une feuille de brouillon. Je la pliai en deux, puis la glissai entre mes dents pour saisir les roues de mon fauteuil et retourner auprès de Sydney.

- Je les ai eus à l’usure ! Lançai-je victorieuse. Alors, pour commencer il faudrait savoir si Great Falls est classée en zone catastrophe naturelle par l’état suite à la tempête, mais je pense que oui ! Ils se sont bien gardé de me le dire tu penses ! Après ça, tu as 10 jours pour faire une déclaration à l’assurance et en théorie ils te remboursent dans un délai de trois mois tout le matériel qui est noté dans ton contrat. Voila…

Je lui tendis le morceau de papier où tout était noté avant de me reposer le dos contre le fond de mon fauteuil.

[Désolé pour le pavé...]

Lorsqu'elle a souscrit son assurance, Sydney s'est bien dit que ça pourrait être utile s'il arrivait quelque chose, mais de là à imaginer que ça arriverait, elle était bien loin du compte. Tellement loin qu'elle en a carrément oublié les garanties qu'elle a en cas de sinistre. Pour cela, elle a tenté plusieurs fois d'appeler, tombant à chaque fois sur une personne différente qui lui passait elle-aussi quelqu'un d'autre, et puis le cercle infernale se reformait à chaque appel, ne prenant jamais une véritable fin. A force d'impatience et de fatigue, Sydney finissait sans arrêt par raccrocher sans avoir de réponse claire à sa question. Déjà bien assez embêtée comme ça, la libraire a donc mit ses problèmes d'assurance de côté mais chaque jour qui passe est un jour de moins pour déclarer son sinistre. Elle espère donc que le délai maximum n'était pas d'une semaine, car cela fait pile poil une semaine aujourd'hui...

Sydney se mordille légèrement la lèvre lorsque la jeune fille lui fait remarquer qu'elle ne peut pas s'occuper des étagères les plus hautes. C'est fou, mais lorsqu'elle passe du temps avec Erin, à l'écouter parler, elle en oublie carrément qu'elle se balade dans un fauteuil. Elle est trop de bonne humeur tout le temps pour qu'on y fasse réellement attention et ce sont des petites remarques de ce genre qui rappellent à la libraire que la jeune fille est bel et bien clouée dans son fauteuil. Elle accepte donc de la laisser s'occuper d'appeler l'assurance. Peut-être qu'elle aura plus de patience pour gérer ça x) Doucement, Sydney saisit les poignées du fauteuil roulant et le pousse jusqu'au téléphone. Elle ouvre un tiroir et en sort une pochette dans laquelle se trouvent tous les papiers. Elle les a rangés ici il y a deux ou trois jours, lors de son dernier appel, en fait.

Pendant quelques minutes, elle entend un grand silence, se rappelant de la petite musique entêtante et particulièrement agaçante pour faire patienter les gens qui appellent. Elle tend l'oreille tout en continuant de passer un coup sur le sol. De temps en temps, elle entend Erin parler, puis plus rien. Visiblement, la jeune fille semble avoir beaucoup plus de patience que Sydney qui est déjà agacée alors qu'elle n'est pas au téléphone. La libraire continue son "ménage" et passe entre les grandes étagères qui sont, pour la plupart, complètement vides sur les premiers étages du bas. Cette vision lui fait mal au coeur...Elle se redresse et fait quelques pas en arrière lorsqu'elle entend le claquement du téléphone sur sa base avant d'entendre Erin lui parler.

Wow, franchement je te remercie énormément ! Je crois que j'aurai pas eut la patience d'attendre ne serait-ce que cinq nouvelles minutes...Je sais pas comment tu as fait pour supporter leur "jeu" pendant trois quart d'heure !

10 jours, je m'attendais à pire, à vrai dire....Je pensais que j'étais déjà hors délais, donc je suis rassurée. Je pense que je vais aller faire un tour à la Mairie pour voir si on est classés en zone de catastrophe naturelle...

Annonce-t-elle presque comme si elle pensait à voix haute. De toute façon, il ne reste plus grand chose à faire dans la librairie. Enfin, rien qui puisse être fait par l'une d'entre elles puisqu'il s'agit de travaux un peu plus complexes.

Est-ce que tu veux que je te dépose quelque part ?

En revenant au cœur de la librairie, et vers Sydney, je me sentais plutôt fière de moi ! J’apportais des informations qui lui seraient sans doute nécessaires pour remettre en état la boutique et cette fois j’avais vraiment l’impression d’être utile à la libraire, plus qu’en l’aidant à trier les livres abimés par la tempête. Avec mon fauteuil je l’avais peut-être même beaucoup retardé dans son nettoyage… Alors pour oublier tout ça, je débitais rapidement tout ce que je voulais dire avant d’oublier un élément important concernant l’assurance de son commerce.

- Je sais pas comment tu as fait pour supporter leur "jeu" pendant trois quart d'heure !

En entendant ça, je me mordis les lèvres pour ne pas rire. Heureusement que ce n’était pas pour un motif personnel que j’avais passé ce coup de téléphone. Jamais je n’aurais eu cette patience ! Je comprenais donc tout à fait que Sydney ait pu s’énerver à de nombreuses reprises pour avoir des réponses. Trois quart d’heure… Il y avait vraiment de l’abus.

- Je pense que je vais aller faire un tour à la Mairie pour voir si on est classés en zone de catastrophe naturelle...

- J’en doute pas trop, mais bon, on n’est pas à l’abri de mauvaises surprises de la part de l’administration…

Pendant mon absence Sydney n’avait pas chômé. La librairie avait bien meilleure mine que quand j’en avais passé la porte quelques heures plus tôt. Bien sur, il restait beaucoup à faire avant de pouvoir rouvrir les portes au public. Peinture, changement du mobilier, … serait sans doute au programme dans les prochaines semaines et, si je le pouvais, je viendrais avec plaisir donner un coup de main ! Tenir un pinceau ou un tournevis devait être à ma portée.

Mais pour l’heure Sydney avait beaucoup à faire et pas dans son local.

- Est-ce que tu veux que je te dépose quelque part ?

En une seconde, je visualisais la galère de mon fauteuil à plier et à embarquer dans le coffre de la voiture pour une personne absolument pas habitué à ce genre de manipulation… Je pouvais faire le transfert entre les deux sièges seule et gérer mes jambes sans problèmes, mais je ne pouvais pas m’occuper de tout le reste une fois installée et je ne voulais pas l’imposer à Sydney. Alors j’allais inventer un petit mensonge pour ne pas lui montrer mon malaise et nous sortir toutes les deux de cette situation gênante.

- Non merci, Liam doit venir me chercher en fin d’aprem. Je vais aller trainer un peu au Coffee Time avant qu’il arrive, t’inquiètes pas.

[Je clôture ^^ ]

Pendant qu'Erin faisait tout pour garder son calme au téléphone, Sydney, elle, ne perdait pas une secondes pour en faire le maximum dans la boutique. A chaque passage près des meubles humides ou en lambeaux, elle ne cessait de se répéter qu'il allait falloir qu'elle investisse pour remplacer ça. En fait, lorsqu'elle regarde sa librairie, dans l'état qu'elle est actuellement, elle a l'impression de revenir huit ans en arrière lorsqu'elle venait tout juste de posséder le local et que les travaux n'avaient pas encore commencés. Elle a l'impression de revenir à la case départ, donc. De devoir recommencer à zéro tout ce pour quoi elle s'est données corps et âme pendant ces dernières années. Malheureusement, elle n'a pas vraiment le choix. Elle se voit mal décider de faire autre chose de sa vie que de vendre ces précieux livres. C'est quelque chose qu'elle adore faire, alors pourquoi déciderait-elle de changer ? Si elle doit tout refaire, elle le fera. Elle sait que la finalité en vaut la peine, c'est tout ce qui compte.

Je pense également que c'est le cas, mais je préfère être sûre.

Affirme-t-elle concernant l'état de la ville. Il se peut que la zone catastrophe naturelle n'ait pas été déclarée pour n'importe quelle raison. Parfois, les administrations sont bien mystérieuses et on peut être classé en zone catastrophe naturelle pour un arbre penché sur la route ou ne pas être déclaré en tant que tel après une inondation. Reste à espérer que, suite à cette tempête, la ville soit en effet déclarée comme zone catastrophée car, pas seulement pour Sydney, c'est tous les commerçants qui risquent d'être embêtés avec leurs assurances...

Ah, d'accord, comme tu veux alors ^^

Sydney ne réalisait pas sur le coup, mais proposer à la jeune femme de l'emmener quelque part pouvait effectivement la déranger, vis à vis de son handicap. Pour Sydney, elle, ça ne posait aucun problème. Certes, elle n'a jamais transporté de personne en fauteuil, mais sur le coup, elle se dit que pour plier un fauteuil, ça ne doit pas être beaucoup plus compliqué qu'une poussette - et Dieu sait que ça peut-être compliqué de plier une simple poussette ! -. Du coup, elle ne s'inquiète pas beaucoup pour ce point, jusqu'à ce qu'elle réalisé que ça pouvait peut-être déranger Erin de se sentir assistée. La libraire n'insiste donc pas, ne voulant pas froisser la jeune femme.

En tout cas, je te remercie vraiment beaucoup pour ton aide précieuse !

La remercie-t-elle, soulagée. Erin n'a pas fait grand chose comparé à la tonne de travail qu'il reste à fait, mais elle déjà bien aidé. En fait, pas qu'avec son aide physique, mais sa simple présence a permis à Sydney de réaliser que sa librairie ne compte pas qu'à ses yeux à elle mais aussi à des clients comme Erin qui ne souhaitent pas forcément voir ce petit commerce fermer ses portes. Et puis, sans compter que l'aide de la jeune fille lui a fait gagner quelques précieuses heures. Sydney lui en est tout à fait reconnaissante. Après un sourire, Sydney récupère ses quelques affaires et ses clés pour fermer la boutique. Il n'y a pas grand chose à voler, mais autant ne pas tenter le diable. Elle ne voudrait pas qu'une nouvelle galère s'ajoute à la liste ! Après deux tours de clés sur le rideau de fer qui a - mine de rien - protégé la façade, Sydney fait un signe de main à Erin avant de rejoindre sa voiture et filer jusqu'à la mairie.