Après s’être précipitée sur Parker, Eva fronce les sourcils, en l’entendant se plaindre d’avoir éteint sa cigarette dans sa chute. Apparemment, elle n’a pas l’air traumatisé, pas le moins du monde, mais cela n’empêche pas la photographe de s’inquiéter. Avec l’alcool qu’elle a bu ce soir, la jolie brune ne sent peut-être rien, mais sa chute a tout de même été vertigineuse ! Elle aura peut-être de sacrées ecchymoses au petit matin… ! Et le pire, c’est qu’elle ne se souviendra même pas de la cause de ses maux. Mais la jeune femme n’a pas l’air de s’angoisser de son côté. Ses mains atterrissent sur les épaules d’Eva, qui cligne des yeux de surprise. On dirait que rien ne pourra l’arrêter ce soir… ! Il n’empêche que son attitude légère et enjouée permet rapidement à l’étudiante de souffler, et de se détendre à nouveau. Elle se met même à rire, en entendant sa dernière remarque. Elle cherche apparemment à lui soutirer un massage.

J’y crois pas, tu perds jamais le nord, toi !

S’exclame Eva, évidemment dans un rire. Elle s’apprête à rejoindre l’entrée quand Parker la surprend, en embrassant la pointe de son nez, puis en appuyant dessus du bout de son index. Rougissante, la photographe reste immobile, aussi troublée que gênée. Ses sourcils se froncent légèrement, son regard se fait fuyant. A nouveau, elle comprend que les intentions de son ancienne amante ne sont pas de la séduire, puisque cette dernière l’emmène rapidement jusqu’à l’entrée de sa maison, en l’attrapant par la main, l’air de rien.

Eva se dépêche donc de reprendre ses esprits. Une question lui vient d’ailleurs rapidement en tête, alors qu’elles se tiennent devant la porte :

Est-ce que tu sais si Chris est là ?

La jeune femme ne serait pas ennuyée de tomber sur lui, sauf si elle le dérangeait bien sûr.

Eva ne peut contenir un rire en entendant la réponse, pleine d’assurance, de Parker. Elle ne revient pas sur cette histoire de massage, persuadée, en fait, que son ancienne amante ne faisait que plaisanter. C’est ensuite ensemble qu’elles s’avancent vers l’entrée de la maison des Warner, maison que Parker partage d’ailleurs avec son frère, Chris. C’est parce qu’elle pense justement à lui que la photographe s’interroge. Elle a toujours beaucoup aimé le jeune homme, et ne s’inquiète pas de tomber sur lui – même s’il sera sans doute surpris de la voir en compagnie de Parker. Elle ne voudrait pas déranger, voilà tout. Eva fait toujours preuve d’un grand sens de la politesse… Enfin, presque toujours. Dernièrement, ses valeurs battent clairement de l’aile, mais jusqu’à maintenant, elle n’a pas laissé à Parker l’occasion de le remarquer.

Hum, je vois.

Alors espérons qu’il rencontrera lui aussi une bonne âme pleine de compassion sur son chemin ! Sans quoi il finira par dormir sous un abribus (a)

Répond la blonde, avant de pouffer de rire. Elle espère que Chris n’aura pas la même destinée que sa sœur ce soir, et qu’il saura capable, au moins, de rentrer tranquillement jusqu’à chez lui. Parker ouvre enfin la porte de leur maison, permettant à Eva d’y entrer, et de retrouver cet endroit qu’elle n’avait plus vu depuis des siècles – à quelques années près. Elle observe les lieux, toujours plongée dans l’obscurité, avec un intérêt certain. Sans pouvoir se l’expliquer, cet endroit lui aurait presque manqué. Il y règne une ambiance toute particulière. Chaleureuse. Tranquille. Quand Parker lui suggère de faire comme chez elle, Eva avance dans la cuisine, puis se met rapidement à la recherche de l’interrupteur, sans prêter attention aux faits et gestes de la brune. Elle la retrouve, quelques minutes plus tard, vêtue d’un tee-shirt Batman, qui la fait sourire. Entre temps, Eva a trouvé l’interrupteur.

Qu’est-ce qu’il y a ?

Demande la photographe, dans un sourire mi-intrigué mi-amusé, quand la jeune femme s’immobilise, en la regardant d’une façon… surprenante. Presque inquiétante pour finir.

Eva est de plus en plus détendue. Dernièrement, elle arrive plutôt bien à mettre sa timidité et ses craintes de côté, peut-être parce qu’elle a gagné en maturité. Oh, bien sûr, elle s’est mise à prendre de la drogue, ce qui est loin d’être l’attitude la plus responsable qui soit ! Mais il n’empêche que le comportement de son père lui a rendu service à bien des niveaux tout de même. La blonde est devenue plus indépendante, et a l’impression de gérer bien mieux les difficultés qu’avant. Ce n’est pas facile, quand on a été guidée toute sa vie, de se retrouver au pied du mur, et de devoir prendre des décisions ! Mais la jeune femme a l’impression de très bien s’en sortir. Elle sait qu’elle a déconné par moment, et est consciente que la drogue fait partie des erreurs qu’elle a pu faire, mais elle a l’impression de bien se débrouillement globalement. Elle va sortir grandie de toute cette histoire !

Oh pourtant, j’ai pas été très douée, t’as réussi à te casser la figure, quand même !

Lui rappelle Eva dans un rire, avant de passer dans la cuisine, et de tâtonner pour trouver l’interrupteur de la lumière. Elle le sent tout juste sous ses doigts avant que Parker ne réapparaisse, vêtue d’un tout autre tee-shirt. La blonde sourit en réalisant que c’est un vêtement « Batman ». Vêtement qui lui va très bien, qui plus est. Elle est cependant surprise de voir la belle brune s’arrêter net, presque comme si elle avait vu un fantôme, ou quelque chose de ce style. Elle tente donc rapidement de comprendre, car cette situation ne la met pas franchement à l’aise non plus pour finir ! Et Parker lui donne finalement quelques explications. Sa première remarque la fait sourire. La seconde l’oblige à détourner le regard…

Je comprends.

Souffle-t-elle en guise de réponse, et en haussant légèrement les épaules. La franchise sans faille de Parker est sans doute une conséquence de son état. Elle a beaucoup bu ce soir. Eva ne cherche donc pas à poursuivre la discussion, mais tire lentement et doucement une chaise pour s’asseoir à la table de la cuisine. Elle s’arrête cependant dans sa lancée en réalisant qu’elle pourrait peut-être être utile à la belle brune :

Tu veux peut-être de l’aide ?

Souffle-t-elle, sans reconnaître la chanson qu’elle fredonne.

Même si la surprise de croiser Parker sur son chemin a été grande, Eva ne regrette pas qu’elles se soient parlées, et encore moins de l’avoir aidée. Elle se sent utile, et finalement, toute cette histoire les aura rapprochées. Elle aurait aimé, par contre, la retenir de tomber, mais elle ne pouvait pas avoir tout bon… ! D’autant que la belle brune est sacrément éméchée, et par moment, incontrôlable, même. Lorsqu’elle parle de l’embrasser, la blonde tente de rester sereine, de ne pas se laisser gagner par la nervosité. Pourtant, ce souvenir, même délicieux, ne la met pas franchement à l’aise. L’attitude de Parker, et ses dires, pourraient sans doute la perturber, si la photographe ne savait pas que l’alcool y était pour quelque chose. C’est ce qui la pousse d’ailleurs à ne pas donner suite à la conversation, et à passer rapidement à autre chose. Elle lui propose donc son aide.

Fais attention…

Souffle tout de même doucement Eva, quand Parker décline sa proposition. Elle ne voudrait pas qu’elle se brûle, notamment. Elle n’est pas franchement en état de cuisiner ! Heureusement, il n’y en a que pour quelques minutes. La blonde décide donc de s’asseoir à la table de la cuisine, en gardant un œil sur son amie. Celle-ci finit par la rejoindre bien vite. L’étudiante connaît suffisamment bien Parker pour savoir qu’elle s’apprête à dire quelque chose de sérieux. Elle baisse la tête en entendant sa toute première phrase, et en sentant son cœur chavirer un peu plus à chaque mot. Eva est troublée par sa sincérité, et par le recul qu’elle a su prendre quant à leur situation. Tête baissée, joues rougissantes, la jeune femme l’écoute avec beaucoup d’attention, malgré la tristesse que soulèvent ces souvenirs.

Les excuses de Parker la touchent à tel point que la blonde sent des larmes lui monter aux yeux. Elle aimerait cacher cet émoi soudain, mais sait bien qu’elle en sera incapable. Elle relève donc la tête, la gorge nouée. Elle sait, cette fois, que ce n’est pas l’alcool qui parle. C’est peut-être lui qui lui a donné la force suffisante de se confier, mais Eva ne doute aucunement de sa sincérité.

Ne t’excuse pas. Murmure-t-elle doucement. Sa voix tremble légèrement. Eva lutte pour la regarder encore dans les yeux. Je sais que tes intentions n’étaient pas mauvaises et… je sais aussi que tu méritais mieux que ce que j’avais à t’offrir.

Le ton de Parker ne laissait pas planer le moindre doute, elle allait se confier, elle était pleine de sincérité. C’est pour cette raison qu’Eva s’est très vite montrée parfaitement attentive, et les mots de son ancienne amante n’ont pas manqué de la toucher directement en plein cœur. L’émotion est vive, incontrôlable. La blonde a toujours été une grande sensible, et ces mots… Ils signifient tant pour elle. Depuis tout ce temps, elle avait abandonné l’idée de les entendre de la bouche de Parker un jour. Il faut dire qu’elle s’est toujours sentie coupable de la tournure qu’ont pris les évènements entre elles. Bien sûr, la jeune femme lui demandait beaucoup, mais Eva aurait dû être capable de tout lui donner. C’était encore trop tôt pour elle, et il lui est parfois arrivé d’éprouver des regrets. Heureusement, sa relation avec Devon lui a permis d’aller mieux, d’avancer. Ce n’est pas pour autant qu’elle a complètement tourné la page. Elle savait qu’elle n’en serait pas capable tant que Parker et elle n'échangeraient pas à ce propos. Et c’est maintenant ce qu’elles sont en train de le faire. La gorge serrée par l’émotion, Eva sent ses yeux se mettre à briller. Sachant pertinemment qu’elle n’arrivera pas à les cacher, la photographe décide de relever la tête malgré tout, de fixer Parker, et de lui donner réponse ~

Lorsque celle-ci réagit – rapidement d’ailleurs – Eva fronce les sourcils d’incompréhension. Elle comprend mieux où Parker veut en venir quand celle-ci lui fournit davantage d’explications. A nouveau troublée, la photographe l’écoute en baissant la tête. Elle la relève de temps à autres, sentant son cœur s’emballer vivement. Les révélations de la jeune femme ne manquent pas de la secouer encore un peu plus. Intimidée, Eva passe une main dans sa chevelure blonde, et détourne brièvement le regard.

Alors… Alors c’est sûrement pour ça, que tu en attendais beaucoup. Parce que… Parce que c’était fort. Plus Eva parle, et plus son ton est doux, et ses mots deviennent presque des murmures. On fait du mal aux gens qu’on aime.

Conclue simplement la jeune femme, avant de voir Parker se lever d’un coup. Elle a d’abord l’impression qu’elle essaie, ainsi, d’imposer une distance, mais ce n’est pour autant qu’elle met un terme à leur conversation.

Merci. Souffle Eva, sentant un véritable soulagement l’envahir alors. Elle avait si peur que Parker lui en veuille. Et c’est peut-être un sentiment que partageait la jeune femme ? Sans raison qui plus est. La photographe décide de la rassurer à son tour : Je ne t’en veux pas du tout moi non plus.

Lorsque Parker se retourne vers les fourneaux, Eva baisse la tête, et tente de reprendre ses esprits. Elle essuie le rebord de ses yeux, bien que les larmes n’ont pas encore coulé, et s’efforce d’inspirer profondément pour se calmer un peu. Elle ne s'attendait pas à ça...! Mais cette conversation leur sera peut-être bénéfique.

[En fait, à la base, quand je l'ai écrit, je pensais à un film que j’adore (Some Kind of Wonderful), mais j’ai aussi pensé à Ryan bien sûr ♥]

Heureusement, c’est pas systématique.

Répond Eva, en s’efforçant de sourire. C’est pourtant douloureux pour elle d’évoquer le passé, mais aussi, paradoxalement, très libérateur. Il était peut-être temps que les deux jeunes femmes fassent le point quant à leur situation. Ce qu’elles ont vécu, c’était intense. Eva n’avait jamais vécu de véritable histoire avant cette rencontre, et n’avait peut-être pas l’expérience nécessaire, mais elle s’était tout de même rendue compte de la force de leurs sentiments, de leur puissance. Elle est persuadée que c’est cette fameuse intensité qui a tout fait voler en éclats par la suite. Parker voulait vivre leur histoire pleinement, ce que la photographe peut parfaitement comprendre. Elle, de son côté, elle n’en était pas là. C’est comme ça. Leur relation n’a pas pu prendre de l’ampleur, et a été tuée dans l’œuf.

L’émotion est palpable dans les yeux clairs d’Eva. Les larmes n’ont pas encore coulé sur ses joues, et la jeune femme espère les retenir encore un peu. Elle est surprise de voir Parker se lever et se retourner, mais profite de cette occasion pour se reprendre, et essuyer délicatement ses beaux yeux. Ce serait idiot de se laisser aller à pleurer, alors que tout se passe finalement étonnamment bien entre elles. La conversation n’est pas facile il est vrai, mais elle leur sera sans doute bénéfique. Espérons-le.

La belle blonde relève la tête lorsque son hôte dépose deux tasses de chocolat bien chaud sur la table. Elle s’efforce d’esquisser un sourire, de ne plus penser au sujet douloureux qu’elles viennent d’évoquer. Elles se sont comprises, rien ne sert donc de tourner le couteau dans la plaie, encore et encore. Ça n’aurait pas le moindre intérêt.

Mais moi je n’ai jamais parlé de massage…

Lui rappelle Eva, dans un sourire espiègle à son tour. C’est bel et bien Parker qui l’a évoqué en premier lieu ! La photographe ne lui a rien proposé de ce genre (a) Et le lui rappeler l'amuse, à dire vrai, beaucoup.

Non, merci, c’est gentil.

Murmure l’étudiante, qui a envie de chocolat plus que de bonbons. Elle se penche au-dessus de sa tasse pour souffler doucement sur le breuvage, qui dégage une chaleur intense, puis, ce faisant, relève lentement les yeux vers Parker pour l’observer.

[C’est pas un film très connu pour tout dire, mais c’est un des premiers « teen movie », en fait. Et puis 1987, c’est pas si vieux, btw. XD]

Eva est assez fière d’être parvenue à retenir ses larmes, même si son chagrin n’a pas dû passer inaperçu aux yeux de Parker. Qu’importe, l’étudiante l’assume pleinement : c’est un sujet qui la touche. Comme elle le lui a dit, leur relation a été intense. Elle ne peut pas en parler comme si de rien n’était, comme si ça ne la concernait pas. Elle est sensible à l’évocation de ce souvenir. Heureusement, une fois les choses mises au clair une bonne fois pour toutes, la conversation ne perdure pas.

Parker prend soin de les servir, enfin. La jolie blonde reprend ses esprits, avant de sourire de manière coquine, en entendant la réflexion de la jeune femme, concernant le fameux massage qu’elle est censée lui devoir. Eva ne se souvient pas de lui avoir promis quoi que ce soit, et s’en amuse, bien sûr. Le répondant de la belle brune ne manque pas de la divertir, et de lui faire oublier leur discussion précédente. Se torturer n’aurait pas servi à grand-chose, ce qui compte, c’est qu’elles se soient expliquées. Eva a l’impression de pouvoir passer à autre chose désormais, et a besoin de légèreté. Dernièrement, c’est ce qu’elle recherche dans sa vie, peut-être un peu trop d’ailleurs. Elle a fait des choses qui ne lui ressemblent pas.

Quand t’as un truc dans la tête, toi !

S’exclame la belle blonde, sur le ton de la fatalité, mais dans un rire bien sûr. Elle refuse gentiment les marshmallows que lui propose la propriétaire du Coffee Time, puis relève les yeux dans sa direction. Quand leurs regards se croisent, alors qu’elles soufflent sur leurs chocolats chauds, Eva s’apprête à craquer et à lui proposer finalement ce fameux massage, mais l’attention de son interlocutrice se reporte finalement sur son chat, Adonis, et chasse cette idée de la tête de l’étudiante. Elle-même pose son regard sur l’animal, dans un sourire attendri. Il n’a pas tellement changé. Quoi que… (a)

On dirait qu’il s’est un peu laissé aller, oui…

Confie Eva, en se mordant la lèvre inférieure, presque comme si elle craignait de le vexer. Adonis, en réaction, se met à se tortiller dans tous les sens entre les mains de sa maîtresse. On dirait bien qu’il a compris. Attendrie, la photographe s’empresse de lui gratter doucement la tête.

Oh pardonne-moi mon gros matou **

Souffle-t-elle, en esquissant une moue complètement gaga.

[ J’espère que t’as pas la même considération pour les gens que pour les films X’D]

Cette histoire de massage est bien vite oubliée quand le pauvre Adonis fait son apparition. Il ne pensait peut-être pas être l’objet de leur attention, et pourtant les deux jeunes femmes s’en donnent à cœur joie. Parker l’attrape, avant de faire une réflexion sur son poids, avec laquelle Eva ne peut qu’être d’accord. Elle gratte la tête du pauvre matou avant que la jolie brune ne le relâche. Le pauvre doit certainement être un peu vexé, qui ne le serait pas à sa place ? x)

Mettant de côté leur conversation précédente, Eva se focalise sur le chocolat chaud que Parker vient de lui servir. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de penser à sa toute première rencontre avec Adonis. C’était justement dans cette cuisine, et dans des conditions similaires. Il s’était faufilé entre ses jambes. Ce « flashback » est de courte durée, puisque l’attention de la photographe est alpaguée ensuite par la réaction de Parker. Cette manière qu’elle a d’apprécier ce chocolat chaud ne donne qu’une envie à l’étudiante : en boire à son tour. Elle fait donc de même sans attendre, et apprécie de sentir la chaleur du breuvage la submerger toute entière. C’est terriblement relaxant.

Un délice… !

Murmure Eva d’une voix douce, avant de remarquer la couche de chocolat qui trône fièrement au-dessus de la lèvre supérieure de Parker. Avec spontanéité, l’étudiante se met à rire, avant de lui souffler :

Tu as du chocolat partout !

Arrêt sur image. La belle blonde cligne des yeux, elle a une impression de « déjà vu ». Et pour cause, elles ont vécu la même scène, des mois en arrière, dans le salon de Parker, devant sa cheminée… Ce flot de souvenirs vient prendre Eva aux tripes, et la pousse à sourire timidement. Qu’elle se sent bête.

Eva est presque choquée de constater que Parker et elles sont en train de répéter une scène qu’elles ont vécue il y a des mois de ça. La belle blonde a pourtant la sensation que les choses sont différentes sur un point, en fait, elle est moins intimidée par la situation, plus détendue. Celle qui a changé, c’est elle ! Avec le temps, elle a mûri, et peut-être gagné en assurance, aussi. Oh, bien sûr, elle est loin d’avoir une confiance gigantesque en elle, mais Eva a l’impression de pouvoir faire face seule à l’adversité, ou aux situations compliquées. Et c’est déjà bien plus que ce qu’elle était capable de faire l’année dernière encore, quand son père dirigeait sa vie.

Le chocolat chaud est délicieux, mais ce n’est pas ce qui occupe l’esprit de la photographe sur le moment. Elle réagit à la moustache de lait au-dessus de la lèvre supérieure de son amie, puis secoue la tête en l’entendant demander si c’est bon. Cette fois encore, elle ne s’est pas franchement bien débarbouillée. C'est même encore pire.

Pas vraiment…

Souffle-t-elle doucement, avant de remettre le nez dans son chocolat pour en boire plusieurs gorgées. Il réchauffe sa silhouette toute entière. Les choses ont changé entre elles, et Eva ne veut pas prendre d'initiatives qui pourraient finir par les gêner. Elle laisse donc le soin à son amie de faire ce qu'il faut. Puis Parker reprend leur discussion, et l’étudiante tente de rassembler ses idées. Ce n’est plus comme avant entre elles, les choses ont complètement évolué ! Et elle ne doit pas l’oublier. Lorsque Parker l’invite à parler d’elle, Eva n’est pas contre cette idée, bien qu’il y a certaines choses qu’elle compte bel et bien garder pour elle. Et puis, cette histoire de massage, qui revient sur le tapis… C’est peut-être ce qui l’embête le plus, et pour une bonne raison.

Je veux bien, mais tu sais, je suis pas particulièrement douée pour les massages ! Et puis, il est déjà très tard… Ajoute-t-elle, en jetant un coup d’œil à l’horloge de la cuisine.

Eva esquisse un sourire en voyant Parker bondir de sa chaise, pour aller laver son visage directement à l’eau, et retirer les traces de chocolat qui avaient pris place sur sa peau. C’est ici que la scène change, qu’elle n’est plus du tout la même. La fois dernière, c’est un chocolat chaud qui avait provoqué un rapprochement entre elles, mais elles n’en sont plus du tout là désormais. Il n’est plus question de ça entre elles, et la photographe en est consciente. Pourtant son sourire se transforme peu à peu en sourire triste, nostalgique peut-être, et son regard se perd sur la tasse qu’elle tient désormais entre ses deux mains. Elle finit rapidement par la porter à ses lèvres de nouveau, pour en boire de longues gorgées, qui la réchauffent d’autant plus.

La proposition de Parker part sans doute d’une très bonne intention, mais Eva constate qu’il est déjà tard. Qui plus est, la perspective de parler d’elle ne l’enchante pas vraiment. Ce n’est pas que ça la dérange tant que ça à la base, mais il y a certaines choses que l’étudiante ne pourra pas évoquer avec la belle brune. Et ce sont justement les choses qui occupent le plus son esprit dernièrement. Devon, Lily, et la drogue qui les unît.

La moue déçue de la jeune femme ne passe pas inaperçue, mais Eva sait qu’il est plus judicieux de rentrer dès maintenant. Elle termine son chocolat, puis se lève pour nettoyer elle-même sa tasse dans l’évier. La belle blonde relève la tête en entendant la question de son « amie ». Nerveusement, Eva se mord la lèvre inférieure, puis hoche la tête, dans un mouvement d’approbation. Elle jette alors un coup d’œil à Parker, par-dessus son épaule.

Oui, bien sûr, enfin… j’aimerais bien. Murmure-t-elle d’une voix douce, sur le ton de la confession. Pour tout dire, Eva n’aimerait pas que cette soirée reste une exception. Elle esquisse un sourire, avant de couper l’eau, et de poser la tasse sur l’égouttoir à côté de l’évier, avant de s’essuyer les mains sur un torchon.

[Je te laisse clôturer ? ^^]

Eva ne regrette pas non plus d’avoir passé ce moment avec Parker. Il leur aura été bénéfique, à l’une comme à l’autre certainement. Les choses ont été mises à plat. Ce soir, l’étudiante ne s’attendait pas à tomber sur son ancienne amante, mais on peut dire que cela a été, pour elle, une bien jolie surprise. Elle est peut-être encore un peu stupéfaite, d’ailleurs. Elle ne s’attendait pas à ce que les choses se passent aussi bien, aussi simplement entre elles. Les rancoeurs passées ont été oubliées, presque comme si on avait jeté un voile dessus. Et ce n’est pas la photographe qui va s’en plaindre. Elle était navrée que leur histoire ait tourné au vinaigre, et peut-être encore plus triste de n’avoir plus aucune nouvelle de Parker. C’est d’ailleurs en passant un moment en sa compagnie que la jeune femme réalise à quel point elle a pu lui manquer. La belle brune a un tempérament hors du commun. On-ne-peut-plus attachant.

Alors qu’elle fait sa propre vaisselle, Eva réfléchit brièvement aux propos que vient de tenir la propriétaire du Coffee Time. Elle ne laisse pas un suspens s’installer longuement, puisqu’elle cherche bien vite à la rassurer sur ses intentions. Elle aimerait bien qu’elles puissent se revoir elle aussi. L’amertume passée est désormais enterrée, le moment est certainement le plus opportun pour essayer d’aller de l’avant. Leur histoire n’est pas complètement terminée, elle a juste subi un virage, à 90 degrés, voire peut-être un peu plus. Eva sourit à Parker en retour, tout en essuyant ses mains sur le torchon de la cuisine. Il est temps qu’elle rentre chez elle. Pas que ses parents l’attendent, mais Eva aimerait faire deux / trois choses avant d’aller se coucher. Papa Jenns ne surveille aujourd’hui plus le moindre de ses mouvements.

Le baiser maladroit de la jeune femme la fait sourire d’autant plus, même rire légèrement. Eva acquiesce ensuite aux précieuses recommandations de son hôte.

D’accord, je ferai attention (a) Souffle-t-elle, avant de se laisser emporter par un élan d’affection. Ses bras se referment un instant sur la silhouette de Parker, et ses yeux se ferment brièvement. Elle ajoute, dans un murmure cette fois : De rien. Dors bien. Et merci pour le chocolat !

La belle blonde esquisse un dernier sourire, puis recule, croise le regard de Parker, et quitte enfin la maison des Warner, le cœur étonnamment plus léger ~