April James ne s’est jamais bien entendue avec Ines Levy. Il faut dire que cette fille avait tout ce qui horripilait le plus la caissière. C’était une parvenue, une sale fille de riches ! Ok, elle aussi, mais elle n’était jamais tombée du côté obscur de la force. Elle a toujours été agréable avec les gens et jamais prétentieuse. En fait, Ines aurait pu être la fille rêvée pour les James. Après Elena, bien sur !

Pourtant, dernièrement, les choses ont évolué. Ok, elles sont loin d’être meilleures amies, mais April a du cœur et puis Ines a changé. C’est pour ça qu’elle se donne la peine de lui faire une micro surprise aujourd’hui. En effet, c’est l’anniversaire d’Ines et savoir qu’elle va le passer seule, c’est trop moche.

En rentrant du boulot, April était allée chercher un gâteau. Elle était repassée par chez elle, pour ôter l’emballage et le mettre sur une grande assiette. Etant donné qu’elle avait choisi un bavarois au chocolat, elle devait un peu se renseigner sur la chose. Elle alla sur l’ordinateur et essaya de comprendre l’une ou l’autre recette. Faut pas croire, elle est peut être archi naze en cuisine, mais au moins, elle est maligne. Elle lut donc avec beaucoup d’attention quelques modèles et se dit qu’elle pourrait donner le change au cas où Ines ferait la chieuse et lui poserait des questions (a).

Elle alla chercher dans un tiroir de la cuisine des bougies et les plaça sur le gâteau, avant de recouvrir le tout d’une grande cloche et de monter prendre une douche. Elle se sécha, puis revêtit une robe toute simple et tout légère de couleur turquoise. Il faut dire qu’avec sa jolie peau basanée, elle pouvait se permettre toutes les couleurs sans jamais paraitre fade. Elle se maquilla légèrement, à nouveau, avantage de son teint mat, et redescendit chercher le gâteau. Elle avait complété sa tenue avec des accessoires noirs (ceinture, ballerines et sac à main, tous les trois vernis).

Ines résidait dans la même rue que la caissière, du coup le chemin n’était pas bien long de chez l’une à l’autre. Une fois devant la porte, April sortit son briquet de son sac et ôta la coque qu’elle posa carrément sur le sol, préférant garder ses mains pour porter bien droit le bavarois. Faut dire qu’elle n’est vraiment pas douée, alors autant protéger ce qu’il y a de plus précieux ! Elle alluma les bougies, avant de sonner à la porte.

Mon anniversaire. C'est la dernière chose à quoi je pensais aujourd’hui. Depuis mon départ de Paris je n'avais eu droit à un seul coup de fil de ma famille, apparemment je ne leurs manquais pas. C'est sûr, ils devaient avoir terriblement honte pour leur fille. Elle qui se retrouve seule dans un pays inconnu et surtout où elle ne sait pas parler anglais. Pourtant j'avais fait des progrès, j'ai pris des cours d'anglais et j'arrive à faire une phrase sans bafouiller, ni rougir de gêne. April m'avait aussi beaucoup aidé de ce côté. Dire qu'au début elle m'avait accueillit avec une tête d'enterrement. Je n'avais rien fait pour qu'on soit amie mais depuis un moment on s'entendait mieux, j'avais peu être changé, j'étais peut être devenue plus...cool.

Bref fallait tout de même que je fête mon vingt-quatrième anniversaire. Je pris une douche et cherchais dans mes vêtements quelque chose de présentable. J'avais décidée de sortir pour me changer les idées ou pour noyer ma solitude. Je sortis une jolie robe noire. J'aimais le classique, et elle m'allait à merveille. Je me maquillais légèrement, je n’aimais plus tout ce qui était vulgaire et qui attirait l’œil trop souvent. Après mettre préparé, je redescendis et récupérais mon portable que je mis dans ma pochette, j'attrapais une veste et les clés de la maison. Ainsi prête je me dirigeais vers la porte, au moment même où quelqu'un sonna. J'espérais de tout mon être que ce ne soit pas le voisin d'en face, je m'en voulais encore pour ce qui c'était passé et je l'évitais lors de mes rares sorties. Je glissais mon sac sous le bras et empoignais la poignée. Je fus surprise de retrouver April de l'autre côté de la porte, un gâteau dans les mains. Elle me sourit fière comme tout.

"- April?! Hum... Je m'attendais pas à te vo..."

Elle me coupa la parole me tendant le gâteau qui était décoré de bougies d'anniversaire. Elle avait pensé à moi, pour mes 24 ans, je n'allais pas être toute seule. Je pris le gâteau et la remerciais. Je soufflais les bougies, et April applaudit.

"- Tu es trop gentille, je suis contente que tu sois là, viens on va manger ce délicieux gâteau."

Si April a bien des défauts, une de ses qualités premières, c’est la générosité. Elle aime autant donner que recevoir. Et si, il fut un temps, elle ne s’entendait pas du tout avec Ines, au fur et à mesure de leur colocation obligatoire, elles avaient appris à se connaitre au-delà des apparences. Même si elles étaient loin d’être très proches, elles étaient devenues autre chose que de « simples connaissances ». N’ayons pas peur des mots, elles étaient presque amies, même si ça faisait un peu bizarre à dire. Et lorsqu’on est amie avec quelqu’un, on se doit de fêter son anniversaire.

Ah, les anniversaires, tout un cinéma pour April. Il faut dire qu’elle est complètement gaga de passer une année de plus. Elle enquiquine toujours tous ses amis à partir de 100 jours à l’avance avec un décompte qui est censé leur signaler qu’il est grand temps de lui trouver un cadeau (a). Du coup, les anniversaires des autres sont aussi très impotants pour elle… D’autant qu’Ines est loin de tous ses proches. Elle va donc sans doute se sentir très seule. Voilà pourquoi, armée d’un gâteau qu’elle avait acheté, mais qu’elle faisait passer pour un maison, elle se retrouva devant la porte de chez la jeune femme.

Elle sonna, et la réponse fut carrément rapide. Ines sembla plutôt surprise, de la trouver sur le pas de la porte, et la caissière décida de la couper dans ses paroles, pour dire avec excitation :

« BON ANNIVERSAIIIIIIIIRE ! »

Si elle avait pu, elle aurait tapoté dans ses mains, mais là, elles étaient occupées. Elle tendit d’ailleurs le gâteau vers l’avant pour que la française puisse souffler la bougie. Celle-ci prit donc le plateau en main, débarrassant de la sorte April, qui put cette fois applaudir, une fois la flamme éteinte. Elle s’abaissa même pour ramasser la coque de protection qu’elle avait négligemment posée sur le sol.

« Bonne idée, j’ai eu du mal à ne pas y goûter avant de te l’apporter. C’est la première fois que je fais un bavarois… J’espère que j’ai géré (a). »

Mentit-elle, tout en entrant dans la maison, à la suite de la jeune femme. Elle n’avait pas manqué de remarquer que cette dernière était apprêtée et avait une veste en main.

« Mais si tu devais sortir, je peux repasser – mais t’as obligation de me laisser une grosse part ! »

La mit-elle en garde !