Les journées banales se suivaient les unes, les autres. Colin ne cherchait plus à comprendre le sens de sa vie, il se laissait aller et vogue la galère. Il n’avait bien entendu pas ralentit sa consommation d’alcool mais personne ne semblait rien remarquer du moins c’était ce qu’il imaginait. De toute façon, Col’ n’avait pas vraiment l’impression d’avoir un problème.

Il essayait aussi toujours autant d’éviter son père, croiser ce traître trompeur le mettait toujours mal à l’aise. Il gardait le secret pour ne blesser personne et éviter toute conversation désagréable, mais Colin avait de moins en moins de respect pour Ben. Le cas Samuel était différent, s’il avait l’habitude d’éviter de croiser son chemin par confort jusqu’à présent, désormais Col’ avait un peu peur de croiser le regard haineux de son petit frère. Toute cette histoire avec Andrea n’avait en rien arrangé leur relation et aussi têtu l’un comme l’autre, il n’y avait sans doute pas de solution.

En réalité, Col’ pensait de plus en plus à se barrer de chez lui, après tout il n’était plus vraiment attaché à se foyer brisé et complètement dans le déni. Pour l’heur, il se contentait de traîner le matin, bichonner sa moto et errer en ville attendant de pouvoir se miner et se battre le soir.

Réveillé un peu trop tôt pour ce qu’il avait fait la veille, Colin décida de quitter rapidement la maison. Il embarqua à bord de sa petite Liberty histoire de faire un tour dans le centre de Great Falls. Il n’allait pas bien loin, juste s’acheter un truc à bouffer à la pâtisserie ou comme ça mais il aurait peut être envie de faire une virée vers Madison un peu plus tard.

Colin entra dans le Coffee Shop et fit la queue derrière deux personnes le temps d’obtenir un gobelet de café noir et un muffin nature. Il regarda rapidement autour de lui pour repérer une place où s’asseoir lorsque son visage s’illumina d’un sourire. Il venait de repérer Arielle. A voir son visage, elle n’était pas vraiment très fraîche. Colin ne l’avait pas vue depuis longtemps, il avait cru l’avoir croisée à la soirée des Stewart mais s’était fourvoyé.

Il s’approcha rapidement vers la grande blonde, son sourire était plus doux et il attira son attention d’une main sur l’épaule.
La voix un peu brisée par les folies de la veille, Colin la salua.

« Salut la belle, je peux me joindre à toi ? »

De toute façon, rien n’avançait. Colin avait une vie montée sur pilotis, aussi tremblante que statique. A quoi bien faire croire que tout allait bien ? C’était une habitude, voilà tout. Col’ se laissait aller en un sens mais il restait toujours aussi habile lorsqu’il s’agissait d’envoyer des coups de poings. Il entretenait sa moto et son penchant pour la bouteille.

En entrant dans le Coffee Shop, il espérait pouvoir juste prendre un café et manger un morceau. C’était un moyen comme un autre de ne pas être chez lui. Col’ passait son temps … à passer le temps. Heureusement il y avait Olivia pour égayer un peu tout ça.

Après avoir payé sa boisson et sa douceur, Colin repéra une table accueillant une charmante jeune femme aux cheveux couleur soleil. Il s’approcha sourire aux lèvres l’ayant cette fois ci bien reconnue.

Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas vue Arielle. Il lui demanda s’il pouvait se joindre à elle. Évidemment, classique, elle lui demanda s’il allait bien. Il se contenta de sourire ironiquement et de s’installer à table sans même attendre une réponse. C’était plutôt d’elle qu’il fallait parler. Elle était passée par de durs moments et Colin avait d’ailleurs cru comprendre que Dean et elle s’étaient séparés. Il ne savait pas trop ce qu’il en était vraiment, mais il avait encore en tête l’expression du visage de Dean après que la tempête eut détruit leurs espérances.

« C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça. » dit-il en baissant sa voix.

Les lunettes de soleils, la voix éraillée, Arielle semblait avoir passée une nuit plutôt mouvementée. Loin de lui l’idée de faire le curieux, il essaya tout de même de ne pas parler trop fort.

Décidément, Colin croisait Arielle par pur hasard à chaque fois. L’ex-petite amie de Nathan avait une sale mine et le garçon imaginait bien que cela avait un rapport avec sa récente rupture avec Dean ou même avec cet accident qui lui avait fait perdre un enfant. Colin était au courant de cette histoire car il s’était retrouvé nez à nez avec son docteur de bécane alors qu’il avait amené Rachel à l’hosto.

L’homme n’était pas vraiment du genre à aller vers les autres pour leur demander comment ils allaient, la plupart du temps ça ne l’intéressait pas. Pas qu’il soit égocentrique ou autre chose, en réalité il ne savait juste pas quoi dire lorsqu’on se confiait à lui. Avec Dean c’était plus facile, ils restaient le regard dans le vide à boire des bières en silence et ça les réconfortait, mais les filles ça aimait parler.

Mais il avait quand même une conscience d’ami et Colin demanda donc à Arielle comment elle allait, ça aussi parce qu’il détestait parler de lui de toute manière.

La jeune femme commença fort, elle évoqua directement ce bébé qu’elle avait perdu lors de l’accident de la route qu’elle avait eut. La tempête avait alors ravagé le Wisconsin laissant quelques morts et de nombreux blessés sur son passage. Colin comprit la détresse d’Arielle mais il se sentait démuni face à cette révélation, incapable de connaitre le remède.

Assis face à la belle, le grand blond sourit légèrement pour soutenir son amie.

« Je … J’imagine, j’étais à l’hôpital quand vous êtes arrivés. »

Il ne savait vraiment pas quoi dire alors il se contenta de suivre son instinct même s’il lui faisait parfois défaut.

[Le gif ]

Bien qu'on ne puisse pas dire qu'Arielle et Colin se voient souvent, la jeune femme sait que cela ne sert à rien de tourner autour du pot. D'ailleurs, elle se demande maintenant pourquoi elle avait autant caché ce test de grossesse au moment où il s s'étaient croisés à la supérette. Il n'est pas du genre à aller gueuler sur tout les toits que telle ou telle personne à fait ci ou ça... Et encore moins sur elle. Même si ils avaient un peu coupé les ponts suite à sa rupture avec Nate, elle trouvait toujours Colin très sympa et il n'était pas un ennemi.

Il est vrai qu'aujourd'hui, rester tranquillement assise à cette table sans que l'on vienne l'interrompre était son programme... Mais, se retrouver au final aux côtés du jeune homme n'est pas un mal non plus. Il est quelqu'un de bien... Elle n'a pas non plus envie de lui mettre toute sa mauvaise humeur et sa détresse dans la figure, mais elle ne sait pas pourquoi, en entendant sa remarque, cette phrase sur le bébé lui est sorti d'un seul coup...

Loin d'elle l'idée de mettre son ami mal à l'aise, elle sourit tout de même en le regardant quelques secondes mais ne peut s'empêcher de baisser les yeux, de peur de craquer devant lui. Elle écoute ce qu'il lui répond et ne savait pas qu'il était présent à l'hôpital le soir de l'accident.

Je n'ai pas envie de t'embêter avec ça...

Lance t elle finalement en se redressant pour boire un coup de sa boisson chaude.

Jusqu’à ce qu’il croise Dean à l’hôpital la nuit de la tempête, Colin ignorait qu’Arielle attendait un enfant. En réalité, il ne la voyait pas souvent et n’était sans doute pas la personne la mieux placée pour qu’elle se confie à lui. Malgré ça, il partageait sa souffrance face à une peine aussi profonde.

Pas vraiment bavard, cela ne dérangeait pas Colin d’écouter Arielle si elle avait besoin de parler. Il n’était peut être pas le meilleur choix pour une confidence. D’un côté, il ne risquait pas de faire passer une rumeur quelconque mais il n’était pas non plus d’un répondant exceptionnel. Arielle ne voulait pas l’embêter mais il ne voulait pas qu’elle croit que son bien être ne lui importait pas. Il était juste un peu bourru et je-m’en-foutiste mais ça ne l’empêchait pas de savoir écouter ses amis.

« Si tu as besoin, tu peux en parler. » dit-il laissant échapper un petit sourire.

Mais en attendant qu’elle soit prête, Colin décida d’alléger un peu la conversation se souvenant qu’il avait confondue Arielle avec une autre fille à la soirée de la saint Valentin. Il préférait mettre l’accent sur une anecdote amusante plutôt que sur la défaite amoureuse du couple Dean/Arielle.

« C’est marrant tu sais, je t’ai confondue avec une autre fille à la soirée des Stewart. Au début je me suis approché sûr de moi et quand j’ai capté que c’était pas toi, c’était trop tard, je crois qu’elle a cru que je la draguais. »

Colin ignorait que lors de ses retrouvailles avec Arielle, celle-ci se doutait déjà qu’elle était enceinte. Bien trop axé sur sa propre envie de cacher ses bouteilles, il n’avait rien remarqué. D’un autre côté, cela ne le concernait pas, ni à l’époque ni maintenant. Tout ce qu’il pouvait se permettre de faire, c’était lui changer un peu les idées ou l’écouter si elle en avait besoin.

Installé face à son amie, Colin entama son café tout en assurant tout son soutien à Arielle. Il était aussi au courant de la séparation d’Arielle et de Dean. Même s’il était ami avec les deux, il ne s’imaginait pas avoir à prendre un camp. Il préféra donc éviter le sujet.

Il sourit alors qu’Arielle le remerciât de se proposer comme une oreille mais il changea de sujet sentant qu’il n’était peut être pas la meilleure personne. Il évoqua sa rencontre avec une fille lui ressemblant beaucoup. Arielle lui dit qu’il avait peut être croisée sa sœur en y réfléchissant un instant c’était fort possible.

« Ouais, peut être, elle était sympa la pauvre je l’ai un peu laissée en plan après ... »

Il s’arrêta net de parler. Il ne pensait plus que cette soirée n’avait pas été vraiment la meilleure qu’il avait connue, il n’avait pas vraiment envie de se plaindre en plus devant Arielle. D’un autre côté, il aurait peut être bien besoin d’un avis féminin sur la question, il avait voulu en parler à Olivia puis avait renoncé, sans doute pr pudeur.

Peut être que Colin avait besoin de positiver un peu, de voir la vie un peu plus rose ne serait-ce que pour imaginer un avenir pour lui. Pour le moment, il ne faisait que reléguer cette idée bien au fond de son esprit, noyé sous des tonnes d’alcool en fait. Voilà pourquoi il n’était pas particulièrement le meilleur ami sur lequel on puisse compter. A part écouter, et encore il n’était pas toujours très attentif, Colin ne pouvait donner aucun conseil. D’un côté, cela montrait qu’il n’était pas hypocrite, il ne se risquait pas à orienter des gens sur des chemins qu’il ne connaissait pas.

Colin préféra donc raconter quelques banalités et une anecdote sur cette fille croisée qui ressemblait tant à Arielle. Il s’excusa même pour l’avoir laissée seule ce qui ne sembla pas inquiéter Arielle.

Il lui sourit à son tour avant de sentir sa gorge se nouer à l’écoute de la nouvelle question. Pour se donner un peu de temps, Colin s’empressa de boire quelques gorgées de café.

« Je … Pas grand-chose à vrai dire. » avoua-t-il se disant qu’il serait bien stupide de mentir, il n’avait même pas assez d’imagination pour ça, ni même de motivation. Il sourit gêné redoutant l’indéniable moment où il devrait avouer sa lose attitude à la jolie blonde.

« Oh non, t’en fais pas c’est juste que c’est le calme plat en ce moment. » mentit Colin essayant de cacher son malaise.

Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en Arielle, il voulait surtout ne pas l’embêter avec ses histoires. Il n’avait pas non plus envie de remuer le couteau et avait besoin de réfléchir un peu à ce qu’il allait devenir. Chose qu’il repoussait sans cesse au lendemain.

Arielle changea de sujet et évoqua leurs soirées au Tom’s avec Nate. La nostalgie envahit Colin qui sourit légèrement tout en buvant une nouvelle fois dans son gobelet.

« Oui, je me souviens. »

Lui n’avait pas revu Nate depuis longtemps. Il supposait que c’était aussi assez difficile pour Arielle, enfin, il l’imaginait.

« Tu as revu Nathan depuis … »

Colin ne termina pas sa phrase se doutant que la jeune femme comprendrait ce dont il voulait parler. A cette époque, tout paraissait beaucoup plus simple, il n’y avait pas de secret entre eux.

Arielle avait bien raison dans ce qu’elle disait. Colin ne pouvait pas vraiment se plaindre d’avoir une vie un peu calme, au contraire il fallait qu’il en profite car rien ne promettait que ça dure. Il regarda Arielle et esquissa un sourire agréable avant de répondre avec jugeote :

« Oui, t’as raison. »

Colin ne réalisait absolument pas quel type de comportement il avait en compagnie de son amie, en fait, il essayait de ne pas être trop brusque étant donné ce qui lui tait arrivé. Colin ne connaissait assez pour savoir qu’il pouvait être parfois maladroit et parler de sujets tabous sans le vouloir, il n’était pas vraiment l’ami idéal mais faisait des efforts avec Arielle.
Il lui demanda si elle avait revu Nathan, ils avaient l’habitude de se retrouver souvent ensemble avant.

« C’est cool ça. »

D’un point de vue extérieur, on aurait pu croire à de la timidité de la part de Col’ mais en réalité, il était simplement redevenu aussi peu loquace qu’à son habitude. Il but donc une gorgée de café et s trouva interpellé par la dernière phrase d’Arielle. Il stoppa son geste et porta sa main sur celle de la vétérinaire pour la rassurer. Il afficha alors un grand sourire.

« Hey, oui, bien sûr. »

Etait-elle mal ? Vraiment mal à cause de Nathan, de Dean ou du bébé ? Ou était-ce la nostalgie de leur jeunesse qui commençait à voler en regrets ? Colin voulut à nouveau trouver les bons mots.

« Je suis nul pour remonter le moral des gens mais si ça peut aider je peux jongler avec les gobelets ou essayer de faire le poirier. »

Dans l’atmosphère acidulée et sucrées de la pâtisserie café, la rencontre d’Arielle et Colin semblait étrangement triste. Il fallait dire que les deux jeunes gens n’avait pas vécu les meilleurs jours de leurs vies ces derniers temps. Colin était d’ailleurs un bien piètre humoriste, il l’avait bien prouvé une fois avec Andrea. Cela dit, il lui arrivait de trouver quelques réflexions qui faisaient mouche et arrachaient un sourire aux autres.

Lorsqu’Arielle lui demanda de la faire rire, il fronça d’abord les sourcils avant de se lancer dans une grimace aussi affreuse que réussie. La langue tirée pendouillant au dessus de sa barbe, les yeux louchant sur son nez, il essaya de toucher le bout de son nez avec sa langue, sans réel succès. Il relâcha la position, riant légèrement.

« SI, si, je le vois de temps à autre. »

Il ne le voyait pas très souvent cela dit, Colin avait peur de ne pas savoir tenir sa langue auprès de son meilleur ami concernant la liaison entre Ben et Lucy.
Voyant que ces efforts pour divertir Arielle étaient relativement perdus, Col’ lui expliqua quel mauvais ami il faisait avant de lui faire une proposition.

« Okay, je peux essayer. »

Il attrapa alors son gobelet vide et celui d’Arielle qui ne l’était pas tout à fait et, maladroitement, fit passer l’un et l’autre dans chacune de ses mains ponctuant le tout de petits « hop, hop ». Colin prit confiance et accéléra le rythme et finit par en faire tomber un, celui d’Arielle bien sûr, renversant à l’occasion le fond de liquide qu’il contenait.

« Désolé ! » dit-il avant de se dépêcher à essuyer le tout avec une serviette en papier.

« Note que je ne pourrais jamais devenir jongleur ! » finit-il par dire avant de rire.

« Si tu veux, je peux te faire faire un tour de moto, pour ça je suis doué ! »

Colin bomba le torse, fier de lui essayant encore une fois de changer les idées d’Arielle.