Justin savait exactement quel jeu il jouait. Il savait que la seule personne qui serait blesser à la fin, n'était que sa propre personne. Depuis, que le blondinet avait été présenté à Brian, plus que brièvement par son frère entre deux portes, il savait que cette pulsion qui l'attirait irrémédiablement vers le grand brun causerait sa perte. Mais, il s'en moquait, comme sa façon de venir rouler des fesses jusqu'à lui pour demander son aide pour les étirements obligatoires pour tout bon sportif. Même, si certains de ses camarades le regardaient avec étonnement. Lui, Meyer, qui n'avait jamais mis en avant son homosexualité. Non, par la peur du regard des autres, mais tout simplement la propre protection de son jardin intime. Le blondinet ne voulait pas être l'étudiant gay de Great Falls, il était bien plus que ça. Toutefois, Brian lui donnait envie de lever le voile ou en tout cas l'envie de s'approcher de la flamme, même s'il savait qu'il s'y brulerait. C'est ainsi que Justin se coucha dans l'herbe sans même attendre une réponse de celui qu'il ne pouvait se passer de prénommer – Coach -, sa tête se tournant vers son meilleur ami qui semblait le regarder avec un air interrogatif : «  Mais, tu fais quoi là ? »

Il se posait lui même la question, plantant ses yeux océan comme des dagues dans le regard de celui qui était venu jusqu'à lui. Il le sentit se coucher contre sa jambe qu'il remonta facilement jusqu'à caresser le menton de Brian, son corps se contractant avant de tout relâcher, comme l'art des étirements le désirait. Toutefois, le jeune Meyer ne put s'empêcher d'en rajouter, comme une jeune enfant espiègle, il lâcha quelques : «  Mhmm... » «  Ouch... » qui voulaient tout dire et rien dire à la fois. Même si le jeune étudiant n'espérait pas émoustiller son nouveau coach pour si peu. Lui, qui lui demandait si cela allait ou s'il devait arrêter. Finalement, il n'attendait rien de Brian et cela lui convenait parfaitement. Il n'espérait pas le faire chavirer ou même succomber à ses charmes. Déjà, est-ce qu'il en avait ? Tout, ce que voulait le blondinet était cela, ce moment où le monde pouvait s'écrouler, il n'en aurait eu rien à faire car il était tout simplement pendu aux yeux couleurs chocolats du brun si délicieux.

« Non...C'est bon...Je suis pas en sucre. Vous pouvez pousser plus fort, Coach. »

Justin le sourire aux lèvres malgré son corps ainsi compressé, poussa Brian à s'appuyer plus fort contre lui, jusqu'à qu'un bruit libérateur d'os se fit entendre et le jeune étudiant se laissa aller dans un long gémissement, tout en relevant la tête pour remonter irrémédiablement vers les lèvres du beau brun, dans une agilité plus qu'impressionnante.

« C'est beaucoup mieux comme ça. Je sens enfin que ça commence à chauffer... »

Parlait-il de ses muscles ou d'autres choses ? Le jeune blond retomba la tête dans l'herbe dans un rictus encore plus grand, et il changea de jambe, répétant ainsi les mêmes mouvements que précédemment.

Justin s'amusait et n'écoutait pas son corps. Brian avait raison sur ce point. Après, le son funeste de ce craquement, une douleur lancinante agrippa ses côtes et décida de ne plus le lâcher. Presque par automatisme, il se releva tout en restant les fesses dans l'herbe, jetant un dernier regard au beau Brian qui lui souligna qu'il n'avait plus qu'à s'étirer tout seul. Mais, aussi d'autres choses sur son corps et ce qu'il devait en faire. Des conseils que le jeune blond n’écoutèrent que d'une seule oreille - comme à son habitude. Il posa une main sur le côté droit de son ventre et commença à se masser discrètement, se rappelant tout à fait pourquoi il avait mal à cet endroit précis: les coups de poings répétés de son père pour forger son caractère.

« Ouais, Ouais, Bla-Bla... »

Justin continua de s'étirer, essayant d'oublier cette vieille blessure qu'il pensait appartenir au passé. Il alla ensuite rejoindre ses camarades après que leur nouveau coach frappa dans ses mains. Il l'écouta et dés que le ballon fut lancé, il alla se placer au milieu du terrain dans une petite foulée hésitante. Sa main toujours sur ses côtes et qui inquiéta son meilleur ami qui se mit à courir à côté de lui. Il lui demanda discrètement à l'oreille :

Ça va, Justin ? Tu as une sale gueule...
« Ouais, t’inquiète. J'ai trop fumé avant de venir. Cela m'apprendra. »

Pour Justin il était hors de question qu'on s’inquiète pour lui. Si son père lui avait appris quelque chose, c'était à se dépasser. Il puisa alors dans toute son énergie pour repousser au plus loin la douleur et agir comme à son habitude. Au coup de sifflet, Justin se montra offensive et ne laissant passer aucune balle. Peut-être essayait-il d'impressionner Brian ? Il joua des coudes et grâce à un travail collectif il arriva à marquer un premier but après quinze-minutes intensives. Ses douleurs doublèrent, mais le jeune étudiant ne montra rien - ou presque, tout en prenant plaisir à venir fanfaronner devant Brian.

« Pas mal pour un drogué, non ? »

Puis, il se mit à marcher vers ses camarades, tortillant outrageusement son arrière train dans son petit short moulant. Simplement pour une chose, peut-être pouvoir avoir droit à un regard ? Car, même si le jeune blond savait pertinemment Brian hétérosexuel, il pouvait toujours rêver, non ? C'est pour cela que Justin, tourna la tête au bout de quelques secondes pour vérifier si le beau brun le regardait. Rêver n'a jamais tué personne, non ?

« Alors, c'est à votre goût, coach ? »

Justin ne se considérait pas particulièrement doué. Même pour dire la vérité, il détestait le sport surtout car celui-ci lui rappelait son père. Cette boule de colère qui avait essayé de faire de lui l'homme qu'il ne serait jamais. Un père qui l'avait trainé sous des pluies battantes pour courir, qui l'avait fait faire des pompes dans la boue. Non, rien n'avait été épargné lors de son adolescence et pourtant, le jeune blond était sur ce terrain et donnait le meilleur de lui-même. Mais, aujourd'hui il ne le faisait pour personne d'autre que Brian Downay. Le beau brun qu'il essayait d'impressionner ou en tout cas avec lequel il essayait de marquer quelques points. C'est qu'il n'était pas du genre à abandonner, même s'il ne gagna qu'un - pas mal - Ce qui était déjà beaucoup pour lui. Il en esquissa un sourire malgré le - mais - qui tomba aussitôt. Justin était habitué à ses réparties très froides et distantes.

« Bah, venez me montrer ce qui est pour vous : " convenable", coach. »

Si Brian était connu pour ses réponses cinglantes, Justin l'était tout autant pour sa langue qu'il ne gardait jamais dans sa poche. Ce caractère bien trempé qui le poussait à toujours pousser et titiller sans s'imposer de limites.

Déçu, mais pas surprit, Justin alla se repositionner sur le terrain. Il n'avait même pas gagné un regard de Brian, bien trop concentré dans son rôle. Il alla plutôt s'investir dans le jeu, tout en dissimulant ses douleurs. Il respirait lourdement et essayait de toujours rien montrer. Il fut agréablement surprit de voir Brian venir sur le terrain, mais encore plus le voir dribbler le ballon et foncer vers leurs buts. Si de voir son fantasme en pleine action avait quelque chose de fort excitant, Justin resta concentrer sur la partie. Il se mit à courir vers lui sans faillir.

« Si vous croyez que je vais vous laisser passer ! »

Justin n'eut même pas le temps d'accuser un rictus qu'il lança sa jambe pour récupérer le ballon. Leurs corps s’entrechoquèrent et leurs pieds s’emmêlèrent, rien de bien méchant, sauf que le coude du trentenaire frappa de plein fouet dans ses côtes douloureuses. Au sol, le jeune blond se retrouva sur Brian, sa tête contractée par la douleur et impossible de quitter son torse. Il lâcha très vite un : Aieeeee...., qu'il étouffa presque aussitôt en serrant les dents. Il leva sa tête vers son coach avec les larmes aux yeux - par cette douleur brutale. et qui le rendait soudainement si fragile.

« Moi, j'aime bien ce que je vois en tout cas. »

Est-ce que c'était la douleur qui lui déliait la langue ? Justin jouant sur la question qu'il avait posé quelques minutes avant au grand brun. Il dut attendre que son meilleur ami vienne le relever pour enfin quitter le torse de Brian. Il sécha ses larmes et se montra à nouveau dur comme l'acier. Il resta le corps plié, malgré sa volonté de toujours rien laisser paraître. Il repoussa les mains et les questions qui s'inquiétaient de son bien être avec son grand sourire que tout le monde lui connaissait et commença à marcher de lui-même vers le banc de touche.

« Ça va ! Ça va ! C'est rien...Juste besoin de reprendre mon souffle. »

Justin aurait adoré profiter de ce moment à deux, lui sur Brian, dans une position plus que subjective s'ils avaient portés moins de vêtements. Cette chute causée par sa tentative de protéger les buts de son équipe et qui les avaient fait roulés au sol. Tout rapprochement était bon pour l'étudiant, pour connaitre son odeur, le touché de sa peau et toute chose plus intime, mais la douleur le paralysait littéralement. L'étudiant serrait tellement les dents qu'il sentit ses plombages crépiter. Quelque chose n'allait pas et il le sentait bien, sa tête commençait à tourner et il avait des hauts le cœur. Toutefois sa tête allait très bien, malgré l'avis du beau brun qui semblait tout faire pour le faire dégager. Il prit le coup de sa jambe comme le signe qu'il devait faire quelque chose, cependant la douleur le tenaillait.

Le jeune Meyer se mordit violemment les joues pour se donner du courage et ainsi répondre à celui qui lui rappelait qu'il n'aurait définitivement jamais de chance tant qu'il ne gagnera pas quelques attributs féminins.

« Je crois l'avoir remarqué, malheureusement... Et, je bouge si je veux ! »

Heureusement pour Justin, son meilleur ami lui donna l'impulsion pour se remettre sur ses jambes. Il prit des grandes inspirations et se tourna rapidement pour marcher hors du terrain. Au moins de dos, personne ne pouvait voir les traits de son visage contractés. Mais, c'était sans compter leur nouveau coach qui semblait appuyer que le match n'était pas encore terminé. Malgré ses premières paroles, Justin continua de trottiner vers le banc de touche. Il avait envie de vomir à présent et quelque chose remonta le long de sa trachée. Cependant, l'étudiant s'arrêta aux dernières paroles de Brian, qui était le seul à permettre qu'un joueur entre ou sorte du terrain. Justin cracha discrètement dans l'herbe un peu de sang. Il s'essuya la bouche et se tourna aussi fier qu'un paon.

« C'est vous le chef, coach ! »

Justin commença à revenir en arrière en courant comme si de rien n'était, son regard froid et ajoutant un salut militaire en passant devant le beau brun. Le même regard qu'il offrait à son père, même si la douleur lui donnait envie de rouler au sol en se tordant de douleur. Le match put reprendre. Justin fut pendant presque une demi-heure dans un jeu très agressif, même si son nouveau coach ne l'avait jamais vu jouer, cela se voyait que quelque chose n'allait pas. Il bousculait ses camarades. Il envoyait le ballon dans les buts avec une rage aux pieds. Au moins, il marquait des buts même si tous ses camarades commencèrent à lui jeter des regards noirs. Le match continua, Justin se liquéfiait sur le terrain, son tee-shirt était trempé, comme ses cheveux. Ce goût cuivré de sang qu'il n'arrêtait plus de ravaler tout en dépassant de minute en minute ses dernières forces et cela jusqu'à la fin du temps réglementaire. 4 à 1 pour son équipe, tout le monde semblait ravi.

Justin fit comme ses camarades et il alla rejoindre Brian. Pensant déjà qu'il allait devoir trouver la force après d'aller aider Brian à retaper son restaurant. Il s'agenouilla dans l'herbe - heureusement comme d'autre de ses camarades, ce qui rendait la chose moins étrange - sur le point de s'évanouir.

« Alors, votre avis, coach ? On meurt tous de l'entendre. »

Justin et son équipe avait gagné mais à quel prix ? L'étudiant se sentait nauséeux et fiévreux. Là, assit dans l'herbe, il pouvait entendre son pauvre cœur battre à tout rompre. Déjà, il n'entendait plus que cela, n'écoutant même plus Brian. Il baissa les yeux sur ses chaussures, pour ne pas montrer que son regard se troublait et que son propre corps était entrain de le trahir. Le jeune blond ne savait pas si les paroles de Brian étaient bonnes ou mauvaises. Il leva tout simplement la tête en remarquant que tous ses camarades s'étaient levés et étaient entrain de courir vers les vestiaires.

C'est encore grâce à son meilleur ami qu'il trouva la force de se lever, dissimulant toujours son visage. Il crut entendre la voix de Brian, il se tourna très faible vers lui et sans même vraiment savoir ce qu'il lui avait demandé, il répondit :

« Oui...Bien sûr. »

Justin arriva à rejoindre les vestiaires grâce à l'aide de son meilleur ami qui semblait de plus en plus inquiet pour lui. Il le déposa sur un des bancs et proposa à nouveau son aide, mais Meyer était bien trop fier. Il resta donc sur son banc, alors que c'était fête - comme cela peut l'être dans un vestiaire masculin - même s'il n'y participa pas. Il resta discret dans son coin, retirant vêtement après vêtement comme s'il avait un poignard enfoncé dans le ventre. Il ne sembla même pas prêter attention à ses camarades qui terminaient de se doucher, en tout cas jusqu'à qu'il vit passer Brian qui avait été attrapé par les joueurs les plus baraqués et imposants de l'équipe.

COACH ! COACH ! COACH !

Les joueurs taquins le jetèrent tout habillé dans les douches et explosèrent de rire avant de s'enfuir en courant. Justin s'approcha, sa serviette autour de la taille et encore son tee-shirt sur le dos, mai aussi son téléphone portable dans son dos. Il esquissa un sourire - malgré la douleur - en s'adossant à l'extérieur des douches.

« C'est définitivement un moment que j'ai envie de garder en mémoire.! »

Le bruit de l’obturateur de son portable se fit entendre et Justin offrit une œillade provocante avant de marcher très très lentement vers son banc. Il était hors de question de retirer son haut devant Brian. Son corps était trop mutilé pour ça.

Justin prit plaisir à voir Brian trempé de la tête aux pieds. Il agita ses lèvres dans un pincement agaçant comme il pouvait le faire si souvent alors que le beau brun lui demandait s'il voulait une photo. En effet, il n'allait pas dire non, car c'était des choses qui pourront toujours se revendre plus tard. Satisfait après avoir prit sa photo, il le regarda alors que Downay lui annonçait que cela se payerait plus tard. Il esquissa un rictus avant de disparaitre.

« Mais, j'espère bien. »

Justin reprit sa place sur son banc et rangea son portable dans son sac. Il fit comme à son habitude. Il attendit que ses camarades terminent de prendre leurs douches. Il fit semblant de perdre son temps la tête dans son casier. Ce qui lui permit de voir passer nu comme un ver, le beau brun au corps si parfait. Justin resta bouche bée devant cette apparition - divine -. Il fixa ses fesses jusqu'à qu'elles disparaissent. Le vestiaire se vidait et il entendit Brian lui rappeler qu'il l'attendait dehors.

« Tu as intérêt à m'attendre. Je serais pas long. »

Au moins, maintenant l'étudiant était seul. Il clopina sous les douches. L'eau chaude sur son corps lui redonna un nouveau souffle. Il baissa son regard vers ses côtes. Un énorme bleu aux couleurs jaunes et violettes lui tirailla les entrailles. En retournant, vers ses affaires, il avala une rasade de médicament contre la douleur - peut-être trop ? Il se sécha et enfila un tee-shirt blanc, son jean et une chemise ouverte au-dessus de son tee-shirt.

Il sortit des vestiaires et alla rejoindre Brian à sa voiture. Il se sentait mieux - même si la douleur était bien là -. Les médicaments faisaient leur travail, même s'il se sentait de plus en plus fiévreux. Il ouvrit la portière de la voiture et monta dans le véhicule tout en agitant son portable sous le nez du conducteur.

« Mon frère va adorer cette photo de toi sous les douches. Je pense que je vais pouvoir la monnayer un bon prix, tu ne penses pas ? »

Il lui passa sous le nez avant de le ranger dans la poche de son jean.

« Sauf, si tu fais un truc pour moi...Presque rien, je t'assure...Tu pourrais pousser mon frère par exemple à me laisser venir à votre soirée de samedi ? Je sais que c'est les fêtes les plus délurées de Great Falls et je veux en être. »

C'est à dire et même cela le Justin le savait: alcool, drogue, sexe et libertinage jusqu'au petit jour.

Si Justin pouvait adorer son frère et il détestait sa mauvaise manie de le couver. Il le traitait encore comme un enfant. Il lui enlevait les bières des mains pour lui mettre des sodas, comme s'il n'avait pas l'âge légal pour ça. Et, la dernière fois, qu'il l'avait surprit entrain de fumer, il lui avait fait une scène digne d'une vraie maman poule. Justin ne pouvait pas sortir sans se faire harceler de coups de téléphone. Il y a quelques semaines, il était même venu le chercher dans une fête entre jeunes de son âge dans un entrepôt désaffecté de Great Falls comme s'il avait eu quatorze ans.

Sa demande à Brian était donc pour lui pas idiote. Il se sentit donc vexé de la remarque de celui-ci qui trouvait qu'il faisait - pitié - d'attendre l'autorisation de son frère pour sortir. L'étudiant se plaça face à Brian, les bras autour de la taille et le fixa avec hargne.

« J'attends pas son autorisation. Je veux juste pas d'emmerdes. Et, c'est toi qui fait pitié !! Rappelles moi le prénom de la fille que tu as sauté hier ? »

Justin en profita pour lui piqua sa clope des mains et la posa à ses lèvres. Il en tira plusieurs taffes et rejeta la fumée vers Brian, car le blondinet était presque certain (mais il pouvait avoir tord) qu'il n'avait même pas noté cette information, monsieur Downay, le célèbre célibastard de Great Falls. Mais, finalement dans la bouche de Meyer c'était loin d'être un reproche. Justin aimait tout dans le beau brun, sa lumière comme son obscurité. Et, il aurait tout donné ici et maintenant pour être un jour tout simplement un de ses coups d'un soir. Il l'écouta lui annoncer cette information qu'il n'avait pas eu - c'était Brian qui organisait la soirée de samedi soir et il n'avait pas prévu de l'inviter.

« Je vois et te connaissant le sujet est clos ? Bref, je m'en fiche, j'y serais. »

Justin jeta le mégot de la cigarette aux pieds de Brian avant qu'il décide de monter dans sa jeep. Il alla le rejoindre et s'installa côté passager. Vexé, il n'avait pas envie de parler à Brian. Il alluma la radio et garda un silence religieux tout en regardant par sa vitre. Ce silence lui permettait au moins de se concentrer sur ses douleurs. Meyer commençait vraiment à s'inquiéter de son état et son bon sens lui hurlait de demander à Brian de faire marche arrière et de l'emmener vers l’hôpital. Il posa donc sa main sur la sienne qui était sur le levier de vitesse.

« Brian ?... » Il leva son regard vers le sien, mais il n'arriva pas à aller jusqu'au bout. Il était bien trop fier. « Rien ! Juste te dire que tu es un enfoiré ! »

Justin ne quittait pas les yeux de Brian. Il en avait rien à faire cette fille - ou de toutes les filles - qui passaient dans le lit du beau brun. Finalement, il se rapprocha et s'arrêta à quelques centimètres de ses lèvres. Trop heureux de pouvoir titiller le meilleur ami de son frère, même si sa façon de faire l'avait toujours plutôt excité.

« Parce que cette fille n'était pas un bout de viande et qu'elle méritait que tu retiennes son prénom. Mais, toi, comme Danny, vous les jetez comme des mouchoirs sales. Moi, en tout cas, si j'étais à la place de ces filles, il serait hors question de me faire jeter. Je suis " unforgettable". »

Justin lança à nouveau la fumée vers Brian, tout en offrant une moue provocatrice. Il le regarda s'offrir une nouvelle cigarette, tout en lui confirmant que le sujet était clos pour cette soirée qu'il organisait. Il jeta son mégot comme son voisin et se fit plaisir à inhaler la fumée qu'il lui souffla à la figure, comme celui-ci avait été un cadeau.

Il monta ensuite dans la jeep de Brian comme celui-ci le somma. Même s'il avait décidé de ne plus lui adresser la parole et de tourner son attention vers le paysage qui défilait devant ses yeux. L'étudiant essayait de dissimuler ses douleurs et son front complétement transpirant. Ses mains étaient moites et même s'il venait de prendre une douche, son col de ton tee-shirt était trempé. Sa douleur au ventre augmenta crescendo et il avait maintenant l'impression que quelque chose couler en lui. Pourtant, il essaya de faire encore de l'humour en insultant Brian, ce qui fait au moins rire le principal intéressé.

Quand la voiture s'arrêta au Lac Michigan, Justin fut content de voir Brian quitter sa jeep et se diriger vers le lac. Il relâcha ses efforts de paraitre normal et se contracta sur son siège en position fœtale. Il grimaça de douleur et toussa violemment dans ses mains. Elles se couvrirent d'un peu de sang. L'étudiant enleva sa chemise et s'essuya les mains avec. Il cacha sa chemise sous son fauteuil et sortit du véhicule suite à la demande du beau brun.

« Oui, j'arrive, tête de gland... »

Il marcha jusqu'à lui et posa une main sur son épaule. Justin ne tenait presque plus debout. Il avait de plus en plus de mal à respirer. Son visage était blême et en nage. Il commença à se tenir frénétiquement le ventre tout en s'écroulant le long du torse puissant de Brian. Il ouvrit la bouche, mais avant de pouvoir prononcer ses premiers mots, il cracha un peu de sang sur lui.

« Brian...Emmène moi à l'hopital... »

Les larmes aux yeux à cause de douleur, il tomba à ses pieds, et tout son corps se mit à trembler sans qu'il puisse l'arrêter. La fièvre avait prit le pouvoir sur lui et Justin s’agita comme s'il été prit par un crise d’épilepsie (ce qui n'était pas le cas).

« ...S'il-te-plaît.. »

Justin commençait à perdre conscience et il savait que c'était mauvais signe. Il avait fermé les yeux quelques secondes pour lui et pourtant il se retrouvait comme par magie dans la voiture de Brian. Il était frigorifié et ses tremblements s’aggravèrent. Le claquement de ses dents ponctuèrent les bruits de la jeep qui démarra en trombe pour l’hôpital comme il l'avait demandé. Cependant, le blondinet s’accrocha aux paroles du beau brun qui arriva à le faire rire entre deux toussotements brutaux.

« Je vais faire ce que je peux... »

Il se tordit de douleur sur son siège sur tout le long de la route, mais son regard resta fixe sur le conducteur. Il ne savait pas si c'était la fièvre, mais il le trouvait si beau, comme si une aura entourait ses cheveux et les traits de son visage masculin. Est-ce que c'était le moment de dire qu'il l'aimait ? Non. Il préférait emporter cela dans sa tombe. Il lutta le plus longtemps possible, mais il tomba finalement dans les pommes.

Quand Justin ouvrit les yeux, il avait quitté le siège de la jeep de Brian, il était sur un brancard, plusieurs infirmières et médecins étaient autour de lui. Ils parlaient un jargon médical qu'il ne comprenait pas. Son torse était découvert, mais il n'avait plus vraiment l'énergie pour avoir honte des dizaines de bleus sur le bas de ses épaules et le long des bras, une énorme entaille sous son mamelon droit et cette très vilaine plaie infectée sur les côtes qui semblait inquiéter les médecins. Mais, même au bord de l'agonie, Justin décida de pas se laisser faire. La honte qu'il pensait oublier, le mit dans une rage folle. Il repoussa les médecins, fit tomber les ustensiles et enleva lui-même la perfusion qu'il avait au bras.

Une infirmière sortit de la salle d’osculation et se mit à courir jusqu'à Brian. Elle l'attrapa par le bras et le força à venir avec elle. Monsieur, venez avec moi. Le jeune homme que vous nous avez emmenés ne veut pas se calmer. Peut-être vous pourriez nous aider ? L'infirmière s'arrêta devant la porte de la salle et commença à habiller Brian de la blouse obligatoire. Il faut qu'on agisse maintenant. Il aurait possiblement une hémorragie interne liée à une ancienne blessure. Et, je suis désolé de vous poser la question... Puis, l'infirmière sembla hésiter, mais elle continua son interrogatoire tout en emmenant Brian vers Justin. Mais, est ce que ce jeune homme connait pour vous des violences physiques ? Est-ce un enfant battu ? Car nous sommes très inquiets de son cas, voyez par vous même...

Justin se calma aussitôt en voyant Brian rentrer dans la salle d’osculation. Il essaya de couvrir son torse, mais ce n'était pas la peine. Il retomba la tête sur le brancard et commença à pleurer à chaude l'arme. Les médecins commencèrent à s’affairer autour du jeune homme à nouveau qui jeta son coude sur ses yeux pour dissimuler ses larmes.

« Je voulais pas...Je voulais pas que tu me vois ça...pas comme ça... »

Justin ne savait même pas comment il était arrivé là. Cette foule autour de lui l'avait énervé, surtout car il savait que son corps parlait pour lui. On lui poserait des questions et il ne savait pas s'il aurait la force de mentir. Mais, quand il vit la tête de Brian faire son entrée dans la salle d'auscultation, toute sa colère s'échappa. Les infirmières se jetèrent sur lui pour faire leur travail. Justin, lui, il était plus que honteux. Car, il sentait bien le regard du beau brun sur ses ecchymoses, ses bleus et autres coups. Il pleurait à chaude larmes, mais il ne savait même pas pourquoi: la douleur, la honte, la fièvre ? Il voulait tellement cacher cette facette de lui et on venait de lui priver de cette chance. Justin grâce à l'application des médecins arrivait maintenant à garder conscience. Il sentait reprendre possession de son corps et de ses forces. Il baissa son bras face à ses explications - car comme tout médecin, ils cherchaient des réponses à ses blessures - et alla planter son regard océan dans le sien. Il n'essaya pas de comprendre pourquoi il venait de le protéger, l'occasion était trop belle pour qu'elle ne la saisisse pas aux vols.

« C'est ma faute...Je me suis moqué d'un de mes camarades et ils ont pas appréciés. »

Justin malgré la douleur, lança un clin d’œil et ossement de sourcil complice vers Brian.

« J'ai dit à Anderson qu'il avait tout d'une gueule à pipes, et que c'était plutôt un bon point pour lui.... »

Justin retomba la tête en arrière en serrant les dents alors qu'il sentit quelque chose pénétrer sa peau. Malheureusement, pour lui, il ne pouvait plus rien voir, les infirmières avaient installés une bâche autour de son torse, seul sa tête et le début de ses épaules dépassés. Pour Anderson, ce n'était pas tout à fait faux, tout l'école savait qu'il était du genre à prodiguer des plaisirs buccaux à tout ce qui passait devant ou derrière lui.

Mais, quand Brian menaça de partir, Justin lança son bras et attrapa la poche droite du pantalon du beau brun. Il le serra de toutes ses forces et le regarda comme il ne l'avait jamais regardé de toute sa vie, un regard qui demandait son aide.

« NON ! Reste...s'il-te-plaît, Brian... »

Les doigts de Justin ne lâchèrent plus le vêtement Deux fois, s'il-vous-plaît, en moins de quelques heures, c'était beaucoup pour Justin qui n'était pas du genre à solliciter les autres. Cependant, il ne voulait pas son frère, car celui-ci irait immédiatement tuer leurs pères. Et, pour sa mère, elle aurait fondue en larme et n'aurait été d'aucune aide. Justin plongea dans son regard noisette et y puisa toute sa force alors qu'il sentit quelque chose plongée sous sa chair. Presque par automatisme, sa main dériva et alla agripper celle du beau brian. Il y planta ses doigts et décida de ne plus la lâcher alors qu'il hurla de plus belle.

« PUTAIN !!! de merde...J'aurais préféré qu'ils me violent plutôt qu'ils me tabassent... »

L'humour à la Meyer, ce qui consterna toute l'équipe médicale. Mais, qui amusa celui qui n'arrivait même pas à être sérieux sur un lit d’hôpital.