Ce matin-là, j’avais mis mon appartement sens dessus-dessous. C’est la nouvelle tempête Jade qui avait dévasté tout le F2. Ceci s’expliquait par ce maudit réveil qui n’avait pas sonné, par ma tenue qui me déplaisait étrangement à la dernière minute. J’avais sauté dans une tenue fraîchement repassée, avant d’attraper une pomme et de courir vers le complexe scolaire. Courir sur talons, toute une aventure. Je détestais être en retard, mais cela m’arrivait quelques fois lorsque des imprévus malmenaient mon organisation.

Arrivée à bon port, je croisai des collègues que je saluai froidement. J’étais de mauvaise humeur, c’était presque inscrit en gros caractères sur mon front. Éviter de croiser mon chemin relevait de l’instinct de survie en cette belle matinée.

Je m’octroyai quelques minutes pour me refaire une beauté dans les toilettes. Ou plutôt me faire une beauté, à en constater l’état de mon minois. Chose faite, je me dirigeai d’un pas décidé vers ma salle de classe. Huit heures et deux minutes.

« Bonjour », dis-je fermement en constatant que tous mes élèves étaient en classe, mais debout à discuter à droite à gauche.

« Rejoignez vos places et ouvrez vos livres page 56 s’il vous plaît. »

Sur ces belles paroles, le cours débuta. Je parlais beaucoup plus que d’habitude, pour éviter d’avoir à faire preuve de patience. La pause ne tarda pas, je pris un café. Miraculeux breuvage qui me remit d’aplomb mais n'arrangeait pas mon humeur, je décidai que cette deuxième heure, je ferai participer davantage les élèves.

Encore une matinée de cours... Cette année n'en finissait pas, et le lycée m'était de plus en plus insupportable. J'arrivai juste à l'heure, m'évitant un nouveau tour du coté de la vie scolaire... Ma convocation ne datant pas de plus de dix jours, j'essayai de ne pas y retourner tout de suite. Et puis Chad était rentré, alors je tentai de me raisonner. Avoir ce foutu exam de fin d'année m'ouvrait les portes de la fac... même si pour le moment, j'avais du mal à remonter mes notes. Je devais reconnaître que je ne faisais pas grand chose pour y remédier...

Je vivais sur mes acquis. Je ne travaillais plus, ou très peu en dehors du lycée, et je faisais le minimum syndical en cours. Insuffisant donc, et de plus en plus de professeurs m'en faisaient la remarque.

En entrant dans la classe de littérature, j'espérais ne pas voir arriver mon professeur. Quoi? Je pouvais toujours espérer, une bonne grippe, une panne, quelque chose quoi! Melle Watson était une prof sympa, mais j'avais un mal de crane horrible, vestige de ma soirée un peu trop arrosée chez Chad, et il me manquait quelques heures de sommeil... alors parler littérature... Très peu pour moi. J'espérais passer inaperçue dans le fond de la classe, bien calée contre le radiateur qui chauffait à plein régime! Etre fatiguée ne me réussissait pas, j'étais congelée, alors que je voyais bien que les autres élèves ne souffrait pas plus que ça des températures glaciales de ce mois de février.

Pendant la pause, je ne quittai pas mon fidèle radiateur, mon mal de tête ne me donnant de toutes façons pas du tout envie d'en griller une. Bras croisés, la tête posée sur mon bureau, j'en profitai pour me laisser aller à cinq minutes d'un profond sommeil.

Tellement profond, que je n'entendis pas la sonnerie de reprise des cours, ni le retour de Melle Watson dans la classe.