[ God c’est pourri, je suis désolée ><’ ]

Cela fait déjà quelques semaines que Dean vit à moitié chez Arielle. Tous les deux vont avoir un enfant et même s’ils n’ont pas réellement parlé de ce qui les attend et que c’est encore bien trop abstrait – pour lui en tout cas – il passe le plus clair de son temps, ou en tout cas de ses nuits, en compagnie de son amoureuse. Evidemment, il ne peut pas simplement emménager chez elle, déjà parce que ça le gênerait, mais également parce qu’il ne veut pas abandonner sa famille alors que de si grandes plaies sont encore béantes. Principalement pour sa sœur cadette. Arielle semble le comprendre, l’accepter. Et puis, c’est sans compter sur le fait que leur histoire est encore toute jeune également ~ Ça ne doit même pas faire plus d’un mois qu’ils sont officiellement ensemble. Un mois simplement extraordinaire d’ailleurs.

Ce soir, comme tant d’autres, le jeune homme est directement venu chez elle, (pour l’emmener ensuite à Milwaukee). Il a désormais quelques affaires dans sa chambre puisqu’elle a eu la bonté de lui laisser un tiroir pour les siennes afin qu’il n’ait pas besoin de sans cesse faire des aller-retour. Il y a également une brosse à dent à lui dans la salle de bain. Comme Arielle a catégoriquement refusé qu’il participe aux frais de sa maison, il se ‘rachète’ comme il peut. Enfin, quoi que, dans tous les cas Dean est quelqu’un d’adorable et d’attentionné. Surtout, et encore plus, quand il est amoureux. Il s’évertue à lui faire plaisir, à la faire sourire et rire également. Pour une fois, il a tendance à se comporter en égoïste et pense un peu plus à lui ainsi qu’à ce dont il a envie. Suivre ce genre de conseils est à double tranchant. D’un côté, il se sent bien, de l’autre il s’en veut. Mais ça, rien ne peut y changer quoi que ce soit.

La tempête qui sévit dans l’état, il en a entendu parler. Comme tout le monde, il a plus ou moins suivi son évolution aux nouvelles ne serait-ce que pour se rassurer sur le fait qu’ils ne craignaient rien ainsi que pour se dire que l’être humain est insignifiant face à la nature. Ces mêmes nouvelles qui semblaient dans un premier temps positive finissent par tourner tout bonnement au cauchemar. C’est une chance que le message leur parvienne. Même si c’est fichtrement inquiétant. Sans réellement savoir comment, Dean n’a pas le choix et garde son calme. Ses pensées vont évidemment à sa mère, sa sœur et son frère. Mais avant de s’inquiéter pour eux, il a une ‘mission’ plus importante, à savoir mettre Arielle en sécurité.

Et pour ça, il faut aller jusqu’au gymnase. Heureusement, sans doute qu’ils rentrent justement maintenant de leur petite ‘virée’ à Milwaukee. Du coup, ils sont déjà en voiture, sans compter le fait que le gymnase est plus près que la maison d’Arielle ~ Mine de rien passablement inquiet, autant parce que le temps est sacrément mauvais que parce qu’il craint qu’il arrive quelque chose à Arielle, Dean ne peut s’empêcher de lui lancer un regard qui traduit exactement ce à quoi il pense à ce moment précis ~

Alertée par le ciel inquiétant ainsi que par un de ses voisins avec qui le courant est toujours bien passé. La jeune femme rejoint son appartement afin de récupérer une paire de chaussure à laquelle elle tient particulièrement et descend les étages afin de retourner à sa voiture. Ses pensées virevoltent, elle fronce les sourcils, et s’énerve à force de ne pas trouver ses clés dans son trousseau. Le gymnase n’est pas vraiment éloigné de son immeuble, mais elle préfère ne pas prendre le moindre risque avec le vent qui s’est levé.

C’est triste à dire, mais depuis petite, Megan a toujours su qu’elle mourrait jeune. Sa vie serait brève, intense mais brève. Hors de question de devenir vieille, de perdre les seules choses qu’elle a pour elle, à savoir : son corps et son beau visage. A partir de ce triste moment, il y a de forte chance pour qu’elle soit seule, livrée à elle-même et ça, c’est hors de question. Megan a beau se la jouer indépendante et « je n’ai besoin de personne », rien n’est plus faux.

Cela dit, étrangement, au lieu de simplement rester chez elle et attendre de voir si le destin vient la chercher ou non, elle décide de suivre les consignes de prudence et de rejoindre le gymnase. Ce qui a changé dernièrement, ce sont ses projets d’avenir. Cette idée d’avoir un enfant ne l’a toujours pas quittée. Elle y pense depuis des semaines. Ou alors, plus simplement, elle ne peut pas attendre d’un air dédaigneux sans avoir préalablement donner un sens à sa vie. Ni sans lui avoir dit à quel point il compte à ses yeux ~

Elle pose son sac à main sur le siège passager et tourne la clé dans le contact.

Si Arielle ne semblait pas vraiment nerveuse à l’idée d’aller à un rendez-vous chez le médecin, Dean lui, l’était. En un sens, ce n’est pas facile puisqu’il est extérieur à tout cela et qu’il a l’impression que, de toute façon, il ne peut rien faire pour elle. Il se contente d’être présent, sans savoir si vraiment c’est suffisant. Ce qu’il comprend en sortant, c’est que tout semble se passer au mieux pour l’instant. C’est toujours ça de pris. Il l’invite ensuite au restaurant. Autant dire que cette soirée – comme toutes les autres en sa compagnie – lui semble absolument parfaite. Le jeune homme aimerait pouvoir lui offrir plus, lui donner tout ce qu’elle mérite, malheureusement, on ne peut pas dire qu’il en ait les moyens.

Malgré ça, il n’a rien d’un opportuniste, il est d’ailleurs hors de question de seulement profiter de la ‘générosité’ d’Arielle. Sans doute aussi parce que Dean aime faire plaisir et a beaucoup à donner ~ Mais pour l’instant, là n’est pas la question. Un avis de tempête a été signalé, ils doivent se rendre au gymnase histoire d’être à l’abri. Tout ce qui est matériel n’a pas d’importance, c’est pour cette raison que ses pensées vont d’abord à sa famille.

« Moi aussi je t’aime *-* »

Répond Dean avec le sourire, soudainement réconforté. Ce qu’il vit avec Arielle est tout simplement merveilleux. Il s’emballe certainement – c’est ce qu’il fait de mieux – mais il a envie de croire qu’ils sont fait l’un pour l’autre et que rien ne pourra les séparer. Ceci est d’autant plus important qu’ils vont, dans environ huit mois, être parents. Il lui sourit avec tendresse et pose brièvement sa main sur celle de sa blonde (a) avant de se concentrer à nouveau sur la route. Le temps est vraiment épouvantable ~

Sans réellement savoir ce qu’il se passe, c’est en arrivant à Great Falls justement que le jeune homme perd le maitrise de son véhicule. Peut-être à cause de l’eau de la pluie, du vent. Dans tous les cas, il plante sur les freins sans pour autant réussir à éviter le violent impact. Il perd tout sens des réalités sans savoir combien de temps il reste dans les vap’ ~

Il ne lui arrivera rien ce soir. Et quand bien même, est-ce que Megan saura manquer à quelqu’un ? Cette question traverse son esprit tandis qu’elle descend les escaliers et rejoint sa voiture. Sa vie est insignifiante aux yeux de beaucoup, la plupart des habitants de Great Falls la haïssent. Inutile de parler de sa famille non plus puisque la nouvelle ne parviendrait certainement pas jusqu’aux oreilles de sa mère et son père et bien… il serait certainement soulagé de ne plus avoir à entendre parler des frasques de sa fille unique. Est-ce que quelqu’un pleurera à sa crémation ? Ses pensées la ramènent forcément à Joey qui reste, malgré tout, le centre de ses préoccupations malheureusement ~

Le temps est épouvantable, il pleut, ses cheveux sont mouillés et collent légèrement à son visage. Pour cette raison, avant de démarrer, elle prend la peine d’attacher ses cheveux histoire qu’ils ne la dérangent pas plus longtemps. Puis c’est le moment d’y aller. Le trajet n’est pas loin jusqu’au gymnase, elle devrait y être rapidement. Après, il ne lui restera plus qu’à attendre que le temps passe jusqu’à pouvoir réinvestir son appartement.

Mais pour l’instant, elle n’y est pas encore. Elle tourne la clé dans le contact. Enervée, elle râle et finit, bien entendu, par caler une fois avant de réussir enfin à démarrer et à partir. Les essuie-glaces marchent au maximum et pourtant, elle a l’impression de patauger complètement. Pas étonnant qu’elle préfère rouler prudemment. Plus ou moins en tout cas. Que risque-t-elle ? On dirait que c’est une ville fantôme et qu’il n’y a déjà plus personne dans la ville.

Sans réellement faire attention – parce qu’elle a la priorité et qu’elle connaît la route par cœur – Megan s’engage sur la route. Elle a à peine le temps de voir une autre voiture s’approcher que c’est déjà le drame. Un choc terrible. Le cri qu’elle pousse ne se fait probablement entendre que dans sa tête. Tout se passe bien trop vite pour y faire quoi que ce soit. Pour une fois, elle aurait certainement dû attacher sa ceinture de sécurité. Elle s’agrippe au volant, ferme les yeux. Le choc lui coupe le souffle l’espace d’un instant. Puis, c’est le trou noir.

Megan revient à elle sans réaliser la situation délicate dans laquelle elle, et probablement d’autres personnes se trouvent. Ce qui la perturbe cependant, c’est le goût du sang dans sa bouche et le liquide chaud qu’elle sent couler sur son visage… Elle aimerait hurler, encore, mais aucun son ne sort d’entre ses lèvres. Ses yeux se ferment, les larmes lui montent aux yeux. Et si elle n’avait plus qu’à attendre la fin ? De toute façon, aucun autre choix ne se profile puisqu’elle n’a pas la force de bouger.

Luke ne comprend pas ce qui se passe. Il n’était pas sur Great Falls quand la tempête s’est levée, mais à l’entrepôt dans lequel il garde soigneusement et secrètement ses précieuses « recettes ». C’est en prenant la route de Great Falls, pour rentrer, qu’il a assisté à ce déferlement de pluie, d’éclairs. Inquiété par cette tempête de plus en plus violente, il règle donc son autoradio sur une station d’informations. Ce n’est que là qu’il apprend les dégâts matériels, les pertes humaines, même, qui ont été provoqués par cette tempête. Les instructions qui sont données sont très claires pour Great Falls : le point de rendez-vous fixé est le gymnase. D’ores et déjà en voiture, le jeune homme décide de s’y rendre. Comme il arrive par la route de Miwaukee, il passera de toute manière devant chez lui, et devant l’appartement de Megan ! Emprunter Cunningham Street le rassure donc en un sens, puisqu’il pourra voir ce qui s’y passe… du moins, en théorie.

En effet, une fois sur place, le jeune homme a bien du mal à diriger sa Ford ! Il n’y voit pas à deux ou trois mètres devant lui. La tempête s’abat violemment sur la ville, et l’électricité semble coupée. En se garant devant la maison de ses parents, il a le cœur en vrac, se demande si ses proches ont pu rejoindre le gymnase à temps. La tempête est en effet bien plus impressionnante que ce qu’il s’était imaginé… Heureusement, trouver la maison complètement vide, et constater que la voiture de ses parents n’est plus dans le garage, le rassure grandement. Ils ont du se réfugier au gymnase, avec les autres. Reste plus qu’à vérifier l’appartement de Megan. Luke ne conçoit pas de passer devant sans s’arrêter… ! Il est tout aussi inquiet pour elle que pour le restant de ses proches… Peut-être même un peu plus, en fait. Après avoir roulé très lentement jusqu’au bout de la rue, Luke quitte à nouveau son véhicule, bravant le vent, la foudre, pour pousser les portes de l’immeuble de Megan. Il grimpe à toute vitesse les escaliers, sonne et frappe à sa porte sans ménagement, jusqu’à constater qu’elle a du partir elle-aussi.

Le dealer emprunte les escaliers dans l’autre sens, à toute vitesse, rassuré. Il pense en effet qu’il n’a plus qu’à se rendre au gymnase pour retrouver ceux auxquels il tient. Tout le monde a l’air de s’être réfugié à temps ! Il n’y a plus que lui, et il doit faire attention. Du coup, en remontant dans sa Ford, il démarre et s’engage lentement dans le centre de la ville, le cœur toujours en vrac, malgré tout.

Pensant avoir vu le pire jusqu’à maintenant, Luke freine d’un coup quand une autre vision d’horreur se dessine juste devant ses yeux. Coupant le contact de sa voiture, il s’empresse d’en sortir, en laissant les phares allumés. Sa portière claque derrière lui. Deux voitures sont renversées sur la route, et l’une d’elle, il la reconnaît parfaitement. Son sang se glace. Sans réfléchir, il se met à courir. Il a peur. Ce n’est pas un sentiment qui l’envahit souvent mais là, vraiment… il a très peur.

Megan ! Megan !

Lance-t-il, de toutes ses forces, en glissant sur le bitume pour se retrouver à terre, et se pencher pour regarder à l’intérieur de la voiture, retournée sur le toit. Elle est à l’intérieur. Elle est là. Megan n’est pas la seule dans cet accident, il y a certainement d’autres blessés mais ça, Luke n’y prête pas la moindre attention. Il n’y a qu’elle qui compte à ses yeux. Il n’y a qu’elle, et il faut qu’elle s’en sorte…

Megan, tu m’entends ? Megan !! ><

C’est un fait, il roulait trop vite. Normalement, il ne le fait pas, mais pour une fois, il se le permet pour la simple et bonne raison que c’est une situation d’urgence. Il est de son devoir de mettre sa chérie et son futur bébé à l’abri avant que quoi que ce soit ne puisse les atteindre. Dean est loin de se douter en fait que c’est finalement lui la source de leur malheur. Il est toujours prudent ><’ Sauf là. Leur voiture heurte celle d’une personne sans aucun doute aussi pressée qu’eux d’arriver au gymnase. Il ne le réalise pas vraiment sur le coup, mais leur voiture fait également un sacré vol plané et ratterrit, contrairement à celle de l’autre personne, sur les roues ~

Il faut du temps au mécanicien pour reprendre ses esprits. Il ne saurait dire s’il va bien ou s’il a vraiment mal quelque part, mais il semble en tout cas capable de réflexion, il n’a pas l’air de saigner non plus. Son second réflexe est de lancer un regard à la blonde.

« Arielle ! »

Murmure le jeune homme comme pour s’assurer d’abord que tout cela est bien réel mais aussi qu’elle va bien. Sauf qu’elle ne répond pas. Il ne perd jamais le contrôle en temps normal mais là, ne pas l’entendre lui répondre lui fait imaginer les pires scénarios possibles et imaginables !

« Arielle ! Dis quelque chose je t’en prie… »

Demande-t-il plus fortement sans se soucier une minute de plus de sa propre situation. Ce qui compte c’est elle, elle et personne d’autre. Tout ça est de sa faute et soyez sûr qu’il ressent le poids de la culpabilité dès à présent. Nerveux, il met un moment à détacher sa ceinture de sécurité. Il faut qu’il sorte, non il faut qu’il la sorte de là. Tout un tas d’idée lui passe par la tête. Ils ne peuvent pas appeler l’ambulance ni qui que ce soit à la rescousse et il faut absolument qu’il l’emmène chez le médecin avant qu’il ne soit trop tard. La vie serait trop cruel de les séparer maintenant ~

Les larmes brouillent la brève vision qu’elle a de la situation juste avant qu’elle ne referme les paupières. Le liquide épais et chaud qu’elle sent couler sur son visage l’achève. Aussi facilement, Megan renonce. Elle n’a pas la force de bouger, ni l’envie de reprendre ses esprits. Peut-être que c’est ça la solution de facilité. Pourtant, elle n’est pas sur le point de mourir, ses blessures sont sans doute superficielles, mais elle ne se sent pas capable de se battre ni de s’extirper de sa ‘prison’. Brièvement, elle songe à ce qu’elle regrette. Elle déglutit en se rendant compte que, quoi qu’il arrive, la vie est toujours trop courte, toujours injuste également. Cela dit, elle mériterait bel et bien d’être abandonnée à son sort, elle ne pourrait que se blâmer elle-même de ne jamais avoir fait le bien autour d’elle…

Le froid qu’elle ressent dans chaque cellule de son corps l’empêche certainement d’avoir mal. Comme toujours, elle n’est pas franchement habillée de la meilleure manière qui soit vis-à-vis du temps atroce qu’il fait. Elle porte, comme toujours, une robe et une veste légère. La pluie bat sans merci ce qu’il reste de la carrosserie de sa voiture. Elle l’entend, inlassablement et s’y accroche encore une dernière fois. La seule chose qu’il lui faut en réalité, c’est reprendre ses esprits, reprendre contact pour de bon avec la réalité parce qu’on ne peut pas dire qu’elle soit en très bonne posture à l’heure actuelle ~

Puis elle entend son prénom. D’abord la voix lui semble lointaine, intouchable, puis plus proche. Son cœur se resserre quand il lui semble la reconnaître. Luke. Est-ce que c’est seulement possible ou est-ce seulement son esprit qui lui joue des tours ? Aucune idée. En essayant de bouger, elle finit par geigner et tenter de prendre la parole. C’est douloureux. Sans pour autant qu’elle ne sache où exactement elle souffre.

« Oui…

Murmure faiblement Megan, réussit finalement à sortir un son de sa bouche. Pourtant, elle aurait aimé la rassurer cette voix, lui dire que tout va bien et qu’il ne faut pas s’inquiéter. Sauf que c’est bien trop lui demander sur l’instant. Probablement pas parce qu’elle est blessée mais plus parce qu’elle baisse les bras et n’a peut-être même pas envie d’arriver à sortir…

Elle trouve le courage d’ouvrir les paupières et déglutit.

« Luke… »

En passant chez ses parents, puis par l’appartement de Megan, Luke en était venu à la conclusion que tout le monde avait du se réfugier à temps au gymnase, et que tout ce qu’il avait à faire désormais, c’était s’y rendre également. Seulement, à quelques mètres de là, c’est une vision bien plus angoissante qui apparaît devant ses yeux. Délaissant son véhicule dont il vient de couper le contact, pour agir vite, le jeune homme court en direction d’une des deux voitures accidentées. Et s’il a choisi celle-ci, ce n’est pas par hasard. Il sait pertinemment qu’elle appartient à Megan…

Glissant avec maîtrise sur le bitume aux abords de sa voiture, Luke se retrouve à terre, et penche rapidement la tête pour voir à l’intérieur. Il y découvre la jeune femme, seule, et s’empresse de l’interpeller, en pensant qu’elle a peut-être perdu connaissance. Le filet rouge qui vient couler le long de son visage glace le sang du dealer. Angoissé comme jamais, il s’empresse de hurler pour inciter Megan à réagir. Enfin, il la voit légèrement bouger. Et elle finit par répondre, aussi.

C’est moi, c’est moi… !

Souffle Luke, espérant que le son de sa voix, que sa présence, pourront la rassurer. Oubliant totalement l’autre véhicule accidenté, le jeune homme ne se focalise plus que sur la blonde, qui finit – Dieu soit loué – par rouvrir les yeux. Son regard croise alors le sien. Luke se sent soulagé qu’elle ne se soit pas évanouie.

Je vais te sortir de là, d’accord ?

Le dealer prend aussitôt la peine d’observer l’intérieur de la voiture, pour savoir comment la tirer de là. Si la vitre du côté conducteur a éclaté pendant le choc, le pare-brise, lui, ne s’est pas brisé. Cela va rendre les choses plus difficiles pour extirper Megan du véhicule. Cela dit, le jeune homme remarque autre chose, et s’empresse de faire la remarque…

Putain, tu portais pas ta ceinture en plus ><

En même temps, c’est peut-être aussi bien puisque la ceinture ne la retiendra pas prisonnière de son siège, au moins. Très vite, le dealer regarde autour de lui, se redresse même légèrement, pour voir si les secours n’arrivent pas. Non, ils sont seuls. Ou presque. Le jeune homme jette en effet un coup d’œil à l’autre voiture. Mais sa priorité reste Megan… Il la regarde à nouveau, le cœur serré.

C’est un soupir de soulagement qui passe entre ses lèvres dès le moment où Arielle reprend la parole. Au moins, elle est en possession d'une partie de ses moyens, ce qui est un bon départ. Elle semble par contre un peu secouée et sans repère, ça lui resserre le coeur. Cela dit, sans savoir quoi répondre, il déglutit et tente de ravaler sa culpabilité. Ce n’est pas le moment de se confondre en excuse. Avant tout, il doit rester simplement maître de lui-même et les sortir de là. Mais ce n’est pas pour autant que Dean n’a pas peur.

« On a eu… un accident.

Ça va aller. »

Murmure Dean pour rassurer tout autant sa blonde que lui-même. Il faut qu’il respire profondément et qu’il reprenne ses esprits. Jamais jusque là il ne s’est laissé submerger par ses émotions et ça ne va pas commencer aujourd’hui. Le jeune homme doit garder a tête froide afin de pouvoir venir en aide à Arielle. Il l’a mise dans cette situation, il doit l’en sortir le plus rapidement possible.

« Est-ce que… tu as mal quelque part ? »

S’enquit le jeune homme, les sourcils légèrement froncés, traduisant son anxiété. Il s’inquiète pour elle, cela va sans dire. Et c’est sans compter le fait qu’elle est enceinte. Tout allait bien auparavant, mais un choc ne doit pas franchement être très bon pour la vie balbutiante qu’elle porte en elle. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est elle.

Dean a la gorge sèche, il ne se sent pas vraiment bien mais prend sur lui. Il peut probablement sortir de la voiture et l’extirper, mais avant, il préfère lui demander si quelque chose cloche ne serait-ce que pour avoir le temps de reprendre ses repères.

Megan est consciente, mais ça ne l’empêche pas de divaguer un minimum. Elle ferme les yeux, se surprend à songer à sa propre mort. Elle ne manquerait à personne si elle disparaissait. Personne ne remarquerait son absence qui plus est. C’est dans des moments comme celui-ci que la secrétaire se surprendrait presque à souhaiter que sa vie se termine. Mais ce n’est pas ce qui va se produire. De toute façon, Megan n’est que superficiellement. Il suffirait qu’elle réussisse à s’extirper.

Une voix la ramène à la réalité. Cette voix ressemble étrangement à celle de Luke. Megan ouvre les yeux et ne peut qu’esquisser un très léger sourire en croisant son regard. Elle réussit à peine à contenir ses larmes, partagées entre toutes les émotions contradictoires qui s’insinuent en elle. C’est bien lui, elle ne rêve pas. Ce n’est pas un mauvais rêve.

« Luke… Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fais là ? »

Demande Megan reprenant peu à peu ses esprits. Il ne devrait pas être ici. Il n’a rien à faire ici où il n’est pas à l’abri et où il risque à tout moment de lui arriver malheur. Mais ce n’est pas cela qui la tracasse à vrai dire. Son cœur se resserre quand elle se demande s’il est là pour elle ou si ce n’est qu’une simple coïncidence.

Quand il lui assure qu’il va la sortir de là, la secrétaire hoche positivement la tête pour signifier son accord. Il faut qu’elle respire, tout va bien aller. Cette certitude s’évapore quelque peu quand elle passe une main sur son front et qu’elle cligne des yeux en voyant le sang. On ne peut pas dire que ça l’aide à se sentir un tant soit peu mieux. Au contraire.

Elle grimace quand le dealer reprend fortement la parole pour lui faire une remarque.

« J’allais au gymnase… C’est pas loin. »

Dit-elle pour excuser le fait qu’elle ne porte pas sa ceinture de sécurité. En fait, lui est mal placé pour lui faire la morale dans la mesure où il ne doit pas non plus la mettre souvent. Cela dit, Megan n’est pas franchement en très bonne condition pour plaisanter ou se moquer de lui. Ça viendra certainement une fois rassurée, une fois que ce son propre sang aura cessé de couler sur sa peau et tâcher ses vêtements ~

Luke est arrivé sur les lieux par hasard, mais n’est pas mécontent d’être tombé sur l’accident. Il serait arrivé au gymnase sans y trouver Megan, il se serait sans doute terriblement inquiété. Là, il est tout aussi anxieux, voire pire, mais au moins, il a les cartes en main. Il sait que la suite des évènements repose sur ses épaules, et qu’il peut faire quelque chose. Le pire aurait été de se sentir impuissant, en fait. Mais là, il va pouvoir l’aider. Elle, d’abord. Les autres victimes de l’accident, peut-être, ensuite. Pour le moment, il ne se focalise que sur elle. La voir les larmes aux yeux ne le laisse pas de marbre, au contraire. Il sent son cœur se serrer aussitôt. Il ne l’a jamais vue dans un tel état de détresse par le passé, et le sang qui ruisselle sur son visage ne fait que le rendre plus nerveux encore. Il ne supporterait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.

J’allais au gymnase !

Explique simplement et brièvement le jeune homme, en regardant dans le véhicule, pour trouver comment extirper Megan de là. La vitre de son côté est cassée, mais il serait bien plus simple de la faire passer par le pare-brise. En tout cas, ce n’est pas la ceinture de sécurité qui risque de poser problème et ça, le jeune homme le constate tout haut. Lui non plus il ne la met pas fréquemment, mais cette histoire le fera certainement réfléchir à l’avenir ! Megan aurait pu traverser le pare-brise, et se tuer >< Elle a eu de la chance. Mais ça, il ne vaut mieux pas y penser sur le moment. Luke doit agir, plutôt que de songer au pire.

On va y aller après.

Lui dit-il, l’air rassurant. Il veut lui faire comprendre que tout va bien se passer, qu’il ne va pas la laisser là, et qu’il va la conduire au gymnase, auprès des autres, saine et sauve. Sans tarder, il retire le sweat à capuche qu’il porte, évidemment trempé, et se retrouve en tee-shirt à manches longues. Il lui tend le vêtement aussitôt.

Protège-toi avec ça, d’accord ? Je vais péter le pare-brise et te sortir de là.

Je reviens.

Le jeune homme s’éclipse en courant pour rejoindre sa voiture. Dans le coffre, il sort une batte de baseball, dont il ne se sert pas pour jouer, mais en cas de « problème ». Il retourne bien vite retrouver Megan, et jette un bref coup d’œil en direction de l’autre voiture accidentée. Il y a du mouvement à l’intérieur, Luke ne s’en inquiète donc toujours pas.

Un peu croyant tout de même (bien que pas du tout pratiquant), Dean remercie brièvement le ciel quand il est certain que la blondinette va bien, ou, qu’en tout cas, ça pourrait être pire. Au moins, elle semble être avec lui ce qui est un bon point de départ. Dans leur malheur, ils ont eu de la chance…

« Ça va aller, ne t’en fais pas. »

Répète Dean, bien incapable de calmer visiblement les peurs de sa bien-aimée. Lui non plus n’est pas spécialement serein. Il n’a jamais eu d’accident de voiture, sans compter qu’habituellement, on peut au moins compter sur des témoins et l’ambulance qui arrive rapidement. Mais là, la ville semble absolument déserte, simplement livrée aux intempéries qui risque de faire bien des dégâts. Quand Arielle reprend la parole, il baisse les yeux pour remarquer (enfin) la tâche de sang sur ses vêtements.

« Arielle, reste avec moi… ><’ »

Murmure le mécanicien, sans savoir quoi faire. Il ne connaît rien à la médecine et à tout ce qui va avec, il n’empêche que ce n’est jamais bon signe quand une personne perd conscience. Encore moins d’ailleurs quand elle semble perdre du sang. Ça lui brise le cœur de la voir dans cet état et encore plus de ne rien pouvoir faire.

« On va trouver un médecin, tu vas t’en sortir. »

Dit-il, plus pour se donner du courage à lui-même qu’à Arielle. Cela dit, si elle l’entend, il préfère rester positif. Il est toujours positif en situation de crise. Bien qu’on ne puisse pas dire qu’il ait déjà vécu quelque chose de semblable en fait. Première étape, sortir de la voiture ~ La portière semble coincer au départ mais finit par céder. Sans réellement savoir comment, il réussit à la sortir du véhicule. Enfin, de toute façon c’est bien plus évident dans leur situation comparée à celle de l’autre voiture, retournée. En d’autres circonstances, il se serait dépêché d’aller voir, d’apporter son aide mais là, il ne peut pas laisser Arielle. A défaut, il jette un regard en direction de l’autre voiture pour remarquer, soulager, que quelqu’un est en train d’aider l’autre personne ~

Apprendre qu’il allait au gymnase surprend presque Megan. Cela dit, il n’y a pas de quoi. Comme n’importe qui ici bas, il doit s’inquiéter pour sa famille, ses proches et n’avoir qu’une envie, celle de les retrouver le plus rapidement là-bas. C’est à ce moment-là qu’elle songe à Jack et à Sydney. Pourquoi est-ce qu’elle continue de voir que la noirceur au lieu de tout ce qui l’entoure. Contrairement à ce qu’elle dit parfois, elle n’est pas seule et il y a tout de même des gens à qui elle tient énormément et pour qui ce sentiment est réciproque. A commencer par lui ?

Il n’hésite pas par la suite à lui balancer une remarque, l’air plutôt mécontent. Même si la courte distance n’est pas une excuse puisqu’elle peut tout autant se faire arrêter et avoir une amende qu’un accident grave, elle ne sait pas que dire d’autre. Si ce n’est que, au final, elle se sent entière.

« D’accord. »

Approuve Megan, se raccrochant aux paroles de Luke. Tout va bien aller, il n’y a pas de raison que ça dérape. En fait, de toute façon, ça ne pourrait pas être pire. A moins qu’une tornade passe soudainement au centre ville. Mais ce n’est pas censé arriver… Ses mains se crispent sur le vêtement que le dealer finit par lui passer. Ses yeux s’arrondissent légèrement quand il reprend tout naturellement la parole pour lui dire qu’il va casser le pare-brise. Comme si c’était tout à fait normal…

Le cœur de la jeune femme se resserre alors qu’il s’éloigne.

Quand elle le voit revenir avec une batte de baseball, c’est bête, mais sa première réaction est de sourire ainsi que de se dire « ça, c’est mon homme » *-* Ce n’est pas tout à fait vrai, à l’heure actuelle ils n’ont eu qu’une ‘aventure’, mais ça ne suffit pas à atténuer sa certitude quant au fait que c’est lui dont elle a besoin, et avec qui elle veut être. Peut-être qu’elle délire, ou alors que cette situation un peu délicate lui fait réaliser certaine chose comme le fait que la vie est trop courte… Dans tous les cas, elle est ravie de ne pas faire partie de ses ennemis et n’aimerait pas être à la place de quiconque essaierait de le blouser ~

Suivant ses indications, elle se protège comme elle peut avec son sweatshirt.

Depuis que Megan a ouvert les yeux, qu’elle parle, et qu’elle parvient à tenir une conversation, Luke est grandement rassuré. Sa blessure, bien que sanglante, ne doit être que superficielle. L’essentiel est qu’elle ne perde pas connaissance. Elle semble avoir tous ses esprits qui plus est, ce qui lui facilite bien la tâche. Il devrait pouvoir la sortir de la voiture sans problème. Par contre, passer par la vitre côté conducteur risque d’être difficile. Le véhicule a légèrement plié pendant le choc, et il n’y a pas franchement la place de passer. En plus, de tirer Megan par là risque d’être difficile. Du coup, le cerveau du dealer carbure. Et il en arrive à une conclusion qui ne lui fait pas peur : il va tout casser \o/

Après avoir retiré son sweat, et le lui avoir confié pour qu’elle se protège avec, le jeune homme court jusqu’à sa voiture. Sa précieuse batte de baseball va encore le sortir d’un mauvais pas ! Il ne perd pas une minute pour s’en emparer, et revenir vers le véhicule accidenté de la jeune femme. Au passage, le mouvement qu’il y a dans l’autre voiture le rassure, mais il ne s’en occupe pas davantage. Il n’a qu’un objectif : sortir Megan de là, et au plus vite.

Le pas assuré, baseball à la main, Luke finit par se baisser pour regarder par le pare-brise. Comme convenu, Megan se protège avec son vêtement. Le jeune homme reprend brièvement la parole.

T’es prête ? 1, 2, 3 !

Avec force, le dealer donne un bon coup de batte dans le pare-brise. Il se fissure un peu plus, mais ne casse pas. Ces trucs-là sont fait pour résister, du coup Luke persiste. L’adrénaline lui donne de la force, et c’est finalement sans trop d’efforts (du moins c’est son impression !) qu’il parvient à décrocher le pare-brise. Bien vite, il tire sur ses manches longues pour protéger ses mains, et attrape le pare-brise pour le replier autant que possible sur lui-même. Il s’écorche légèrement la paume au passage mais ne sent absolument pas la douleur sur le coup.

File-moi le sweat.

Demande-t-il, sans trop vraiment attendre qu’elle le lui tende pour le prendre. Son regard croise brièvement le sien, et Luke tente de se montrer rassurant. Il agrippe le vêtement et le passe sur l’encadrement du pare-brise, pour retirer un maximum de bouts de verres, et faire en sorte que Megan ne se blesse pas en sortant.

C’est bon, ça devrait le faire. Attrape mes mains, je vais te sortir de là.

Le jeune homme se penche complètement sous le capot de la voiture, et tend les mains vers la blonde. Couché sur la route, recouverte de pluie, Luke sent rapidement son jean et son tee-shirt s’imbiber d’eau. Il a froid, mais il n’y pense pas. Il est complètement concentré sur son objectif : faire sortir Megan de là. Et ça se voit dans ses yeux qu'il ne rigole pas... Il n'a peut-être jamais eu autant la frousse de toute sa vie.

Et dire que la soirée commençait si bien. En fait, chaque moment passé en compagnie d’Arielle est un pur délice. Depuis leur rencontre, il a totalement craqué sur elle. Ils ont sautés toutes les étapes possibles et imaginables, mais au final, ils sont, ou étaient bien, bien ensemble jusqu’à maintenant. Mais là, c’est le drame. Dean ne comprend pas immédiatement ce qu’il se passe avant qu’un terrible choc se fasse ressentir et qu’il finisse par reprendre connaissance.

Bien qu’il ne sache pas si tout va effectivement bien se passer, le jeune homme fait de son mieux pour rassurer la blonde. La première étape est déjà de la sortir de la voiture. Son regard se pose dans celui de son amoureuse alors qu’elle lui dit, à nouveau, l’aimer. Il ne tarde pas à lui répondre…

« Je t’aime aussi ma chérie. »

La voir fermer les yeux, puis ne plus réagir lorsqu’il lui parle lui serre le cœur. Ce n’est définitivement pas une bonne chose. Il aimerait la forcer à rester avec lui, à lui parler, mais elle semble soudainement déconnectée de cette tragique réalité. Peut-être est-ce une manière pour elle de supporter la douleur ? Encore une fois, ça n’a rien de rassurant.

« Accroche-toi. On va s’en sortir tous les deux. On va aller, comme prévu, au gymnase. »

Répète le jeune homme ne serait-ce que pour qu’elle puisse se raccrocher à sa voix, qu’elle l’écoute. Il finit par réussir à ouvrir la portière et prend sa chérie dans ses bras pour la faire sortir. La pluie est glacée, et encore, si ce n’était que ça. Sans hésiter une seule seconde, il retire sa veste pour protéger Arielle. A nouveau, Dean jette un coup d’œil autour d’eux. Personne à l’horizon. Les secours sont probablement occupés ailleurs. Il sort tout de même son téléphone portable de sa poche pour tenter de composer un numéro. En vain >< Les lignes sont coupées visiblement.

« Arielle, serre ma main si tu m’entends, ou dis quelque chose… »

La supplie-t-il, on-ne-peut-plus inquiet. Le sang sur elle, principalement sur son bas ventre en fait, laisse à penser qu’elle est blessée, mais aussi que l’enfant qu’elle porte depuis un peu pus d’un mois peut avoir subi le choc. Mais ce n’est pas cela le plus important en ce moment…

[ Un peu court >< ]

Maintenant que Luke est là, Megan est nettement plus sereine. Auparavant, elle avait beau se dire que tout irait bien que, peut importe si la faucheuse venait la chercher, elle serait en phase avec cette décision, il n’en est en fait rien. Ses yeux sont emplis de larmes, le goût du sang dans sa bouche refuse catégoriquement de s’en aller. Sans savoir exactement où, la secrétaire ressent certaines douleurs, sans savoir si elles sont inventées ou bien réelles. Une seule chose devient évidente, c’est qu’il va la sortir de là. Et son idée semble plutôt simple puisqu’elle consiste à simplement exploser le pare-brise.

Indéniablement, il en impose. Il doit d’ailleurs en avoir parfaitement consciente. Le plus merveilleux dans l’histoire, c’est que, même si en l’occurrence il peut passer pour une brute épaisse, Megan le voit tout à fait différemment. Elle est en effet admirative, reconnaissante aussi. Sans compter que pour une fois dans sa vie, la secrétaire ne discute pas les ‘ordres’ qu’on lui donne. Bien sagement, elle acquiesce à ses dires et prend le sweat du dealer afin de se protéger le visage. Sur le moment, elle ne se pose même pas de question.

Malgré le décompte, au premier coup, puis au second sur la vitre, Megan se crispe et ferme à nouveau les paupières. Heureusement cependant, elle reste consciente. Pas sûr cela dit qu’elle ait réellement conscience de la situation effective dans laquelle elle se trouve. Mais ça, à la limite, ça n’a pas non plus une importance capitale. Megan n’a pas le temps de lui rendre le sweat qu’il le lui prend des mains. Sans dire un mot, la blonde le regarde faire.

Une de ses mains est pleine du sang qu’elle a essayé d’essuyer sur son front, celles de Luke sont mouillées et glissantes. Mais, quand il lui les tend, Megan s’empresse de les attraper et de les serrer de toutes ses forces ~

« Me laisse pas. »

Murmure la jeune femme. Ça ne concerne même pas forcément le moment présent. Elle sait qu’il va faire tout ce qu’il peut pour la tirer de ce mauvais pas, elle lui fait entière confiance. Ce qu’elle craint, par contre, c’est peut-être qu’il disparaisse de sa vie par la suite… Sous aucun prétexte elle ne souhaite le voir sortir de son entourage. Au contraire. Elle le veut, elle en est sûre désormais ~

[T’en fais pas, c’est moi qui ai tendance à faire des gros pâtés dernièrement XD]

Luke ne va pas analyser la situation pendant 107 ans. Il a une idée en tête, et même si celle-ci est de tout casser, il considère que c’est la plus simple, et donc, la meilleure. D’autant que de laisser Megan dans cette voiture ne peut qu’être dangereux. Il n’y a aucun parfum d’essence dans l’air, mais ils sont tout de même au milieu de la chaussée ! Et par ce temps, qui ne se calme malheureusement pas, quelqu’un pourrait leur foncer droit dessus sans faire attention. Le dealer y a bien évidemment pensé, mais ce n’est pas ce qui le paralyse, au contraire. Quand il s’agit d’agir, de foncer, il n’a plus peur de rien. Par contre, l’idée de perdre Megan, ça, ça le tétanise.

La situation est radicale. Dès que Megan se protège avec son sweat, Luke donne de violents coups de batte dans le pare-brise. C’est vrai qu’il doit passer pour une brute, mais il n’a jamais pris en considération l’opinion des autres et, dans un sens, ça l’arrange. Il préfère qu’on voit sa force, plutôt que ses failles. Cela dit, il n’a rien contre le fait de se dévoiler à certaines personnes. Comme Megan. Il tient à ce qu’elle, elle ne s’arrête pas à l’image qu’il veut bien renvoyer aux autres. Elle, c’est différent.

Le jeune homme, malgré les manches qui protègent un peu ses mains, s’écorche légèrement la paume en repliant le pare-brise. Il n’y fait guère attention, puis lui attrape le vêtement des mains pour s’en servir, et faire tomber les bouts de verre qui étaient restés coincés dans l’encadrement du pare-brise. Le passage est désormais libre de toute encombre. Luke ne perd pas une minute, et glisse sous le capot, pour se rapprocher au plus près de Megan. Il lui tend ses deux mains, et acquiesce en entendant ses dires.

T’inquiète, on y est presque !

Lance-t-il, en serrant ses mains très fort. Non, il ne pense pas au second degré que pourrait avoir sa phrase. Il est trop poussé par l’adrénaline, et l’angoisse, pour songer à ce genre de choses. Il ne pense qu’à la sortir de là, et tire avec force pour l’extirper de son siège. Il parvient à la faire bouger, et la récupère davantage contre lui. Le dealer tente alors de la sortir complètement, en se laissant glisser lui-même sur le bitume. Ils vont bien finir par y arriver !!

C’est horrible à dire mais, pour le moment, Dean ne pense pas au bien-être du bébé qu’Arielle porte dans son ventre, ce qui lui importe c’est qu’elle, elle aille bien. Le reste, au fond, n’a pas tant d’importance que cela. D’autant plus qu’elle en est à peine à plus d’un mois de grossesse et que des fausses couches peuvent se produire, avec ou sans accident. Mais ça, il n’y songe pas. Très inquiet pour sa bien-aimée, il s’empresse de la sortir de la voiture. L’adrénaline dans ses veines lui permet, sans qu’il ne sache comment, à la porter à l’extérieur.

La pluie est battante mais il ne s’en rend pas non plus compte. Il essaie de capter l’attention de sa petite-amie qui, malheureusement, ne semble pas vouloir reprendre conscience. Franchement, il ne sait pas quoi faire. En temps normal, il réussit à garder une maitrise de lui quasiment parfaite. On peut dire qu’il a l’habitude des tragédies puisque son père est décédé et que sa sœur n’a jamais réussi à s’en remettre. Mais tout ça n’est en rien comparable à la situation présente. Il a le sang d’Arielle sur les mains, elle lui a dit avoir mal au ventre, craindre pour leur enfant. Mais il ne peut rien faire de plus que de s’assurer qu’elle reste un tant soit peu connectée à la réalité. Sa main serre la sienne, il continue de lui parler juste pour qu’elle puisse se raccrocher à sa voix.

Il finit par tourner la tête en direction de l’autre ‘couple’. Visiblement, l’homme qui est arrivé par la suite a réussi à tirer de la voiture la jeune femme. Ils ne sont pas si loin.

« Est-ce qu’elle va bien ? »

S’enquit-t-il d’une voix forte histoire de couvrir le bruit sourd de la pluie. Il espère réellement que l’autre va s’en sortir sans mal. Il a déjà suffisamment de culpabilité sur les épaules sans s’encombrer d’autres choses. Il espère également que, malgré le fait que Dean se sente entièrement responsable, qu’il voudra bel et bien les aider à se rendre au gymnase. Arielle a impérativement besoin de soin.