« Bonjour, j’ai 28 ans, je suis divorcé suite à une liaison adultère ». Peyton semble avoir cette étiquette sur le front, à la fois coupable et amer. Si c’était à recommencer, elle ne le ferait sans doute pas. Son mariage aurait été un échec, certes, mais elle n’aurait jamais voulu que cela se termine ainsi. Les sentiments pour son ex époux n’étaient plus les mêmes depuis ses longues absences répétées, et elle se voilait la face en se projetant dans l’avenir avec lui.

Quoiqu’il en soit, il a été très dur pour elle de passer à autre chose. Les papiers à signer, les démarches administratives à suivre, toutes ses choses qui sont si désagréables à faire. Mais la pire chose qu’elle du faire, était sans nul doute d’enlever son alliance. Chose qu’elle réussit à faire il y a quelques jours seulement.

Lors de ses procédures administratives, elle avait croisé un homme divorcé lui aussi. Ils avaient réussi à discuter un peu ensemble, lors d’une attente interminable à la mairie. Ils avaient bien sympathisé depuis ils se sont échangés quelques messages/mails, se réconfortant qu’ils sont tout deux séparés. Alexander et Peyton prévoient de se voir aujourd’hui et elle l’attend impatiemment sur une table au Coffee Shop appelé le « Coffee Time ».

Elle avait hâte de lui dire qu’elle avait enfin réussi à enlever son alliance, ce qui était sentimentalement très difficile pour elle.

Il était 17h07 lorsqu’Alexander, debout dans la cuisine, épluchait une banane, histoire de ne pas aller à l’entrainement le ventre vide. Occupé à mâcher tranquillement, il soupira lorsque le téléphone se mit à sonner. Avalant promptement, il décrocha le combiné et salua son interlocuteur, qui s’avérait être une femme. D’ailleurs, sans bonjour, sans politesse, et sans même se présenter, elle lui dit, d’une voix ferme, qu’il lui devait de l’argent. Alexander fût quelque peu déstabilisé et mit quelques instants pour savoir qui se trouvait à l’autre bout. Mais lorsque la femme parla d’avocat et d’autres choses de genre, alors il n’y avait plus de doute possible : il s’agissait bel et bien d’Anna, celle qui l’avait quitté quelques jours plus tôt et qui, par la poste, lui avait envoyé les papiers de divorce. Il s’était contenter de soupirer, puis, avant de s’énerver au téléphone, il avait raccroché. Anna l’avait rappelé pour le traiter de tous les noms d’oiseaux qui lui passaient par la tête. Il avait commencé à s’énerver. Elle s’énervait plus. Il s’énervait d’avantage. Et donc, pour mettre fin à ce cercle vicieux, Alexander avait raccroché, avait ignoré la sonnerie et était sorti de la maison.

L’entrainement de karaté qui avait suivi, avait été dur et exténuant. Alexander s’était donné à fond, allant presque jusqu’à surpasser ses propres limites. Mais pourquoi ? Peut-être était-ce car il préparait très activement son 4ème DAN. Mais peut-être était-ce tout simplement sa façon personnelle d’extérioriser sa rage contre Anna, qui avait, encore une fois, fait preuve d’une sacrée puérilité? Quoiqu’il en soit, si ses victimes de combat d’entrainement devaient en vouloir à quelqu’un, c’était à cette femme qu’ils allaient devoir s’en prendre.

Il était 19h00 lorsqu’il rentra, 19h20 lorsqu’il entra dans l’eau chaude de la baignoire et 19h55 lorsqu’il se redressa en sursaut. Aujourd’hui, c’était vendredi et Alexander venait de se rappeler qu’il s’était donné rendez-vous au « coffee time » avec Peyton Riley, une jeune femme, elle aussi, fraichement divorcée, à 20h. Sachant qu’il mettait une bonne quinzaine de minutes pour y parvenir, notre jeune homme se dépêcha de sortir de la baignoire. Tandis qu’il laissa l’eau couler de la baignoire, il se sécha, alla dans sa chambre et se dirigea vers son armoire. Il attrapa et enfila un jeans noir sur lequel il mit une chemise bleue. Ensemble simple et classique, mais qui était toute de même classe. Soit. Alexander retourna au pas de course dans la salle de bain, dompta rapidement ses cheveux –qu’il n’avait, fort heureusement, pas laver- puis descendit les escaliers quatre à quatre. Il chaussa ses chaussures, attrapa sa veste en cuir noir, glissa son porte feuille dans la poche arrière de son jeans, attrapa les clefs de sa voiture et descendit dans le garage.

Et, bien qu’il eu fait quelques excès de vitesse et griller un ou deux stops, il ne parvint pas à temps au bar. Il était 20h30 lorsqu’il descendit de la voiture. Soupirant lourdement, il enfila sa veste, observa encore rapidement son reflet dans la vitre de son véhicule, remit son col en place, lissa un plie de sa chemise puis se dirigea vers l’entrée du bar. Poussant la porte, il fît quelques pas en avant. Saluant le barman d’un hochement de tête, Alexander aperçut Peyton un peu plus loin. Affichant son sourire, il lui fît un signe de la main puis se dirigea vers elle.

« Désolé Peyton » s’excusa-t-il tendis qu’il tira la chaise pour s’installer en fasse d’elle « J’ai eu un appel enfantin d’Anna qui a, encore une fois, piqué sa crise. Enfin, je te passe les détails »

Ce n’était qu’un demi-mensonge après tout. Mais soit. Lorsqu’arriva le serveur, il commanda un double whisky puis reporta son attention sur Peyton.

« Tu vas bien toi ? » demanda-t-il, tandis qu’il enleva sa veste.

Il avait délibérément choisi de poser cette question, car, lors de leur première rencontre, il avait connu une jeune femme abattue par son divorce. Alexander avait alors tenté de lui remonter le moral, bien que le sien ne fût pas au meilleur niveau non plus. Enfin, au lieu d’être triste, notre jeune homme avait plutôt énervé. Mais ça, ce n’était qu’un détail.

En attendant son rendez-vous – qui n’avait rien d’un rencard bien entendu, Peyton s’était installé à une table. Pour passer le temps elle lisait ses mails/messages, parcourant le web. Elle lit son horoscope : « Vous bénéficierez d'une chance réelle qui vous épargnera les disputes, les tromperies et les jalousies ». Cela la fait intérieurement rire, puisque depuis son divorce elle n’a personne d’autre dans sa vie sentimentale donc effectivement elle a une chance inouïe d’être épargné de toutes disputes/tromperies/jalousies.

Et alors qu’elle est encore plongée dans son horoscope, elle voit Alexander débarqué. Il s’excuse de son retard, expliquant que son ex-femme l’avait une fois de plus embêté.

- Oh pas de souci, ne t’inquiète pas. Comment vas-tu ?

Demande-t-elle avant de lui faire la bise. Le temps qu’ils s’installent, le serveur arrive quelques instants après. Alexander commande immédiatement un whisky, Peyton pour sa part opte pour un cappuccino. Il lui demande alors comment elle va, et pour lui répondre elle reste silencieuse en lui montrant sa main gauche. Elle agite son annulaire gauche, et sourit. Elle ne porte plus son alliance.

- J’ai passé le capte.

Fit-elle, soulagée. Pour elle il s’agit d’un pas gigantesque. Il a été difficile pour elle de réaliser que son mariage était bel et bien mort. Et lorsqu’elle a été à la mairie pour les papiers administratifs, la réalité l’avait rattrapé. Aujourd’hui elle sait pertinemment que plus rien ne la rattache à son ex-mari.

- Je pouvais plus la porter, ça me rendait trop malheureuse. Je sais que je n’ai que ce que je mérite, mais ça été très dur, crois-moi.

Explique Peyton. Elle avait raconté à Alexander la situation avec son ex-mari, il sait qu’elle l’a trompé suite à son délaissement et ses absences répétées. Elle se sentait coupable et à la fois innocente. Parce qu’au final elle n’était pas heureuse dans son mariage mais qu’elle n’a rien fait pour le sauver. Elle est tombée dans les bras d’un autre homme par manque d’affection.

Alexander la félicite. Après un combat qui dura des mois entiers, Peyton a parvenue à retirer son alliance et de ne plus la porter. Il s'agit d'un grand pas en avant, mais cela représentait aussi sa volonté de vouloir oublier ce mariage.

- C'est officilel, j'ai encore du mal à prononcer le mot "ex-mari" mais je pense que tout le monde passe par là non?

Demande Peyton, qui sait que Alexander est beaucoup plus expérimenté en la matière. Il avait divorcé avec sa femme depuis plus longtemps qu'elle. Elle avait besoin de connaitre son point de vue, et bizarrement ça lui faisait un bien fou d'en parler. Au moins lui, il pouvait comprendre puisqu'il l'avait vécu.

- Je voulais savoir aussi, quel temps il faut pour pouvoir passer... à quelqu'un d'autre?

Elle est presque honteuse de lui poser cette question. Sa voix a baissé d'un ton, comme si elle ne veut que personne les entende. A vrai dire c'est un sujet délicat, elle a trompé son Eliott donc envisager une relation avec un autre homme était sans doute culoté. Toutefois Peyton ressent vraiment l'envie d'avoir de nouveau un homme dans sa vie. Elle a ce besoin constant d'être aimée, et d'aimer en retour. Il lui faut quelqu'un qui lui apporte toute l'affection et l'attention dont elle désire tant.

Parce que malgré tout ce qu'elle a traversé, Peyton espère croire de nouveau en l'amour.