Lisa & Callan

“ Let’s drink to how life’s broken us „

Samedi matin, 10 heures. Il est rare que Callan se lève à une heure si tardive, même en week-end, mais la nuit passée, il a veillé tard, penché sur son ordinateur, à multiplier les recherches sur Jordan Mars. Depuis qu’il connaît le nom de famille de cette dernière, il est obsédé à l’idée d’en savoir plus à son sujet. La jeune femme n’a pas répondu au coup de fil que Julian lui a passé, et les deux frères ont décidé de ne pas chercher à trop la contacter, histoire de ne pas éveiller ses soupçons. En attendant, ils continuent de mener l’enquête, Callan plus que Julian sans doute. Ce dernier a d’ailleurs passé la nuit dehors, et les chances qu’il l’ait fait pour se renseigner sur Jordan sont minces. Sans doute a-t-il atterri chez une fille. Enfin, peu importe. Les tensions entre les deux frères se sont apaisées dernièrement, et Cal’ sait que ce dernier tient autant que lui à découvrir la vérité sur Jordan. Ils y arriveront, mais il faut s’armer de patience, et la jouer finement. Se mettre dans peau d’un inspecteur de police n’est pas désagréable pour l’étudiant, bien que ce soit frustrant pour lui de ne pas obtenir les réponses dont il a tant besoin, et ce depuis quelques jours désormais.

Le jeune homme n’a pas eu l’occasion d’évoquer cette découverte avec Hannah. Il est très pris par les recherches qu’il mène ardemment, et sa petite-amie, elle, est très occupée par la rentrée de septembre, qui a démarré sur les chapeaux de roue, comme d’habitude. Callan ne vit pas trop mal cette « séparation ». Il est préoccupé par tout à fait autre chose pour tout dire. Ces derniers temps, il pense beaucoup à Jordan, mais aussi, et surtout, à son père. Cette découverte a fait remonter des souvenirs plus que douloureux…

Le jeune homme a fait un rapide détour par la salle de bain, pour se passer un peu d’eau sur le visage, et se coiffer grossièrement. Il dévale ensuite les escaliers de la maison familiale, portant pour seul vêtement un pantalon de pyjama rayé, et rejoint la cuisine sans attendre. Dans le cadre de ses recherches, on ne peut pas dire que Callan ait pris le temps de manger correctement, et ce matin, son ventre le tiraille. Le jeune homme se lance donc dans une préparation de pancakes. Rien de bien compliqué puisqu’il n’a qu’à s’en tenir à ce qu’il y a écrit au dos du paquet de mélange tout prêt. Il n’a qu’à rajouter une dose de lait, et respecter les instructions à la lettre, ce à quoi il est plutôt doué. Seulement, après avoir mis une poêle sur le feu, l’étudiant commence à jongler avec la préparation des pancakes et le rangement de la cuisine. Il remplit un verre de jus de fruits par la même occasion. Préoccupé, qui plus est, par diverses réflexions, le jeune homme, en essayant de faire sauter le pancake dans sa poêle, finit par se brûler. Après avoir poussé un grognement qui en dit long sur son état d’agacement, et sur sa douleur, Cal’ pousse la poêle hors du feu, et prend le chemin de la salle de bain. Il est arrêté dans sa lancée par le bruit de la sonnette. Julian étant absent, et sa mère au travail, l’étudiant ne sait pas de quoi il peut s’agir. Il hésite même à ouvrir la porte pour tout dire, mais s’ose à jeter un coup d’œil par la fenêtre adjacente. En voyant de qui il s’agit, il esquisse un sourire, et en oublierait presque sa douleur à la main. Il va ouvrir la porte sans tarder, non sans cacher sa blessure.

Tu tombes bien, j’étais à deux doigts de mourir !

S’exclame-t-il, dans un sourire amusé, et en lui montrant le côté de sa main, rougit par la brûlure. Il n’a pas eu le réflexe de la passer sous l’eau, et la douleur le lance. Pourtant, c’est Lisa qui retient son attention, et seulement elle. En temps normal, sa pudeur l’aurait poussé à enfiler un tee-shirt, mais dans la précipitation, Callan ne le réalise que trop tard. Gêné, il refoule soudainement la spontanéité dont il a fait preuve, et laisse son sourire disparaître de son visage.

Samedi matin 10 H. Lisa était levée depuis trois bonnes heures, elle avait de l’énergie à revendre ces derniers temps, incapable de rester en place deux minutes, elle jonglait avec son travail à l’auberge, quelques sorties avec les amis et s’était même remise au jogging. Pour de vrai cette fois, pas seulement pour se donner bonne conscience. Elle avait prévu ce matin de rendre une petite visite à Callan, histoire d’y mettre un peu du sien dans la reconstruction de leur amitié. Elle avait donc pour cela bien évidemment préparé une petite fournée de pâtisseries, des muffins aux chocolats noir et blanc pour être exacte. Habillée simplement, sans y avoir vraiment réfléchit, elle avait même chaussée une paire de ballerine et oublié le rouge sur les lèvres. Elle n’en avait pas besoin. Lisa glissa finalement quatre muffins dans un sac en papier blanc et quitta la maison son sac en bandoulière sur l’épaule pour sauter dans sa voiture. Un petit arrêt au Coffee Time où elle acheta deux grands cafés à emporter et elle se dirigea vers le 61 Burroughs Street.

Ce n’était pas la première fois qu’elle franchissait cette petite allée qui menait à la porte principale et malgré tous ses efforts pour oublier ses sentiments, elle ressentait encore un pincement dans la poitrine tandis qu’elle s’apprêtait à sonner. Elle souffla un bon coup et se lança.

Par chance, ce fut Callan qui ouvrit la porte, torse nu seulement vêtu d’un bas de pyjama, Lisa le regarda d’abord dans les yeux avant de légèrement pencher sa tête sur le côté laissant ses yeux légèrement descendre tout en élargissant son sourire déjà présent. Elle fixa finalement son regard sur la blessure qu’il lui montrait se rappelant que cet homme était déjà pris (a).

« Je vois ça ! » dis-elle espiègle mettant naturellement un pied dans la maison sans même demander la permission.

Repérant la disparition du sourire sur le visage de Callan, Lisa ressentit l’immense besoin de le divertir immédiatement. Elle avait dans une main un plateau en carton mâché avec les deux gobelets de café et le sachet de muffins replié juste à côté lui laissant une main libre qu’elle utilisa pour attraper le poignet de Callan observant de plus prés la blessure rouge pour mieux l’identifier.

« Tu me dis où je peux poser mes victuailles d’excuses et tu m’expliques à qui appartient le cadavre que tu essayes de faire brûler dans le jardin ? »

Elle afficha un large sourire amusé relevant le regard sur le visage de Callan espérant y voir naitre le même genre de sourire.

Lisa et lui ne se sont pas revus depuis qu’ils se sont croisés, aux abords du Coffee Shop, mais Callan a fait quelques efforts pour rester en contact, en lui envoyant notamment quelques petits SMS. Rien de bien transcendant il est vrai, mais le jeune homme a été très pris dernièrement par ses recherches, et par la reconstruction de son lien avec Julian. Toutes ces histoires monopolisent la plupart de ses pensées, mais dernièrement, c’est à son père à qui il est souvent amené à songer. Il a souvent refoulé ses sentiments à son égard, sa colère essentiellement. Quand il était plus jeune, Cal’ souffrait énormément de la situation, mais c’était le chagrin qui l’emportait sur le reste. Aujourd’hui, les choses sont bel et bien différentes – il éprouve de la haine. Cet homme s’est comporté comme le dernier des salauds, et il a presque honte de faire partie de sa famille, de savoir que c’est le même sang qui coule dans ses veines. Ces choses-là, il en a fait mention avec son frère à certains moments, mais ça fait longtemps qu’il n’a plus abordé le sujet avec qui que ce soit. Dès qu’il est question de son père, le jeune homme se montre plus réservé qu’il ne l’est d’habitude (c’est pour dire !). D’ailleurs, même s’il se dit monopolisé dernièrement par toute cette histoire avec Jordan, c’est davantage la situation avec son père qui le travaille, qui le perturbe. Il se sent parfois ailleurs, perdu dans ses pensées. C’est sans doute ce qui le rend maladroit par moment, comme ce matin d’ailleurs. Le jeune homme se blesse, en voulant faire sauter un pancake dans une poêle… Faut dire qu’il n’a jamais été un grand cuisinier. Dans ce domaine, il est même une calamité. On ne peut pas être bon partout.

En voyant qu’il s’agit de Lisa derrière la porte, Callan n’hésite pas à lui ouvrir, bien qu’il ne soit pas franchement couvert, et qu’il vienne de se brûler. Malgré la douleur lancinante, il finit même par esquisser un sourire, considérant la jeune femme comme sa sauveuse. Elle tombe plutôt bien en fait.

Entre.

Souffle Callan à son amie, bien qu’elle ait déjà mis un pied dans la maison. Le sourire de l’étudiant a finalement disparu de son visage. Il se rappelle en effet des nombreuses péripéties qui l’ont fait s’éloigner de son amie cette année, et craint que leur relation ait trop changé pour pouvoir faire preuve d’autant de spontanéité en sa compagnie. Qui plus est, il est torse nu, et c’est quelque chose qui l’ennuie, d’abord parce qu’il a toujours été pudique, mais aussi parce qu’il cultive bien des complexes sur son aspect physique. Bien que son corps affiné laisse très bien entrevoir les dessins de ses muscles, Cal’ se trouve trop frêle, et n’a jamais été fan de son physique. Il n’a jamais essayé d’en jouer d’ailleurs, dans quelque situation que ce soit. Ça n’aurait été, de toute manière, qu’un échec cuisant.

Heureusement, l’attitude de Lisa lui permet rapidement de se détendre à nouveau. Il a l’impression de la retrouver – enfin. Il réalise seulement, quand elle prend la parole, qu’elle a elle-même une main prise.

Victuailles d’excuses ?

Répète le jeune homme, en insistant sur le mot « excuses ». Il ne voit pas pour quelles raisons son amie était censée lui en faire.

Tu peux les poser là...

Ajoute-t-il, en désignant un meuble à côté de la porte d'entrée. Callan baisse ensuite les yeux vers sa main blessée, que Lisa vient de relever en saisissant son poignet, puis sourit franchement à ses dires.

Ça sent si mauvais que ça ?

Demande-t-il, en faisant référence au pancake qu’il a raté et qui, il l’espère, ne sent pas aussi mauvais qu’un cadavre – ou alors il est le pire cuistot de la planète ! En riant légèrement, Callan relève les yeux pour se poser dans ceux de son amie.

Comme avant. Ce n’était pas si difficile une fois la colère passée. Lisa avait tellement bien caché son jeu, ses sentiments pendant si longtemps, qu’elle pouvait bien continuer à le faire en attendant qu’ils disparaissent effacés par autre chose. Elle était fixée au moins maintenant et n’attendait plus rien de la part de Callan que de l’amitié.
Leur dernière rencontre datait un peu, Lisa était entre temps partie en Floride avec Drew, et avait décidé grâce à Danielle Andrews de poursuivre son rêve professionnel jusqu’au bout. Décidée à s’investir encore plus, elle savait qu’elle avait encore des progrès à faire. Sa cuisine avait beau être délicieuse, elle n’était pas professionnelle, c’était ce que lui avait apprit son passage au Coffee Time. A l’auberge, elle avait encore un peu de mal à gérer le temps, mais elle persévérait et sans doute que dés que ses cours à l’école commenceraient, elle ferait des progrès considérables.

Pour l’heure, il fallait qu’elle « rembourse » un café et un brownie à Callan. Elle savait bien qu’il ne lui réclamerait rien mais c’était un moyen de faire un geste, un pas vers lui. Faute de brownie, elle confectionna des petits muffins et acheta le café directement où on pouvait le trouver avant de venir frapper chez les Mars. Lisa appréhendait un peu que ce soit un autre membre de la famille qui lui ouvre ou pire, Hannah en visite, mais elle devait bien aller au-delà.

Finalement, elle eut droit à la bouille rieuse de Callan, un peu négligé (il n’avait pas l’habitude d’être négligé) mais ça lui allait plutôt bien. Elle entra sans se faire prier dans la maison constatant que ça n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois qu’elle y avait mis les pieds.

« Oui, c’est parce que je t’ai volé ton café et ton brownie la dernière fois, comme ça on est quittes ! » dit-elle avec une telle facilité qu’elle s’en étonnait elle-même. Elle suivit Callan et posa ses affaires où il lui indiquait avant de se concentrer sur la brûlure qu’il arborait.

« J’en sais rien en fait, j’ai jamais vraiment reniflé un cadavre en train de bruler, mais ça sent bien le cramé quand même. Et puis je me suis dit qu’avec tes connaissance en criminologie, t’aurais peut être essayé quelques techniques de meurtre sur des voisins histoire de mieux te mettre dans la peau des tueurs en série. »

La jeune femme afficha un large sourire, heureuse de sa plaisanterie mais surtout de voir qu’elle arrivait à ignorer son cœur serré.

« Bon, faut soigner ça sinon je vais te perdre dans les 10 minutes à venir, t’as de la biafine ? »

HJ:

[Haha, c’est pas grave !!]

Callan se sent à la fois gêné, intimidé, et bien embêté, de recevoir Lisa dans cette tenue, et alors qu’il vient à peine de se lever. Il est beaucoup plus matinal en temps normal. En tout cas, le jeune homme ne s’attendait pas à ce qu’elle lui « rembourse » le café et les viennoiseries de l’autre fois. En fait, il avait considéré que c’était la moindre des choses, étant donné ce qui s’était produit. Il s’était comporté comme un abruti avec elle, et il le regrettait. Le temps n’avait pas joué en sa faveur, mais contre lui. Il avait envenimé les choses, et l’étudiant l’avait laissé faire. C’est évidemment une chose pour laquelle il s’en veut, et il sait pertinemment qu’un café et un brownie n’auront pas réglé les choses. Disons que c’était un départ. Il ne s’attendait donc aucunement à ce que la jeune femme essaie de se racheter. En fait, en lui ouvrant la porte, il ne fait même pas attention à ce qu’elle a dans les mains. Il est perturbé par sa venue, de se retrouver devant elle dans un tel état, et de s’être brûlé. Le côté de sa main gauche est brûlé. Ce n’est pas moche à voir, mais c’est tout de même bien rouge, et la douleur se fait sentir de plus en plus.

Oh ! C'est vrai... je me souviens…

Murmure-t-il, en invitant Lisa à poser le tout sur un meuble à côté. Pour tout dire, c’est davantage leur discussion qui l’avait marqué que les mets que la jeune femme lui avait « retirés de la bouche ». Mais peu importe. Il pense tout de même à la remercier, parce que, même si la douleur est de plus en plus intenable, Callan est un jeune homme profondément poli – c’est dans sa nature.

Merci, il ne fallait pas tu sais…

La douceur du jeune homme est bien vite remplacée par un rire. Il s’amuse des réflexions de son amie concernant sa cuisine. Autant dire que c’est un véritable fiasco. Lisa lui indique qu’il aurait très bien pu utiliser son cursus scolaire comme argument pour justifier l’odeur qui les prenait au nez. Le jeune homme secoue la tête.

Je saurais être plus discret que ça !

S’exclame-t-il, tout sourire, bien qu’il soit en fait parfaitement sérieux. Avec tout ce qu’il a appris au cours de sa scolarité, le jeune homme saurait se montrer bien plus discret pour faire disparaître un corps. Cela dit, il n’a pas spécialement envie de mettre ce sujet lugubre sur le tapis, d’autant qu’il y a plus important. Sa blessure. Resserrant pourtant avec soin sa main entre ses doigts, Lisa lui fait un peu mal. Callan grimace, en serrant les dents. Il ne veut pas passer pour une petite nature, mais, sous la douleur, le jeune homme fait preuve de plus de spontanéité que ce qu'il voudrait bien.

Aïe, tu me fais un peu mal, là ^^’

L’étudiant esquisse un sourire navré, avant d’acquiescer aux dires de Lisa. Dans les cas de brûlures, on dit qu’il faut agir vite qui plus est.

Dans la salle de bain, à l’étage.

Ça t’embête pas de m’attendre là ? Je vais essayer de faire vite.

Lui demande poliment Callan, ne souhaitant pas lui demander de s’occuper de lui. Il n’a plus 6 ans tout de même… ! Bien qu’il ne serait pas contre l’idée d’être materné pour tout dire. Ça fait partie de ses grandes contradictions ~

« Mais si, il fallait. » insista Lisa en parlant de ses « victuailles » d’excuses. C’était aussi une bonne excuse pour débarquer chez les Mars sans passer pour un stalkeur. Au pire, elle aurait laissé les cafés et les muffins et se serait dégonflées en repartant directement chez elle. Mais il n’en était rien, Callan avait ouvert et son premier accueil, spontané et réjouissant avait immédiatement mis Lisa à l’aise. Leur dernière discussion avait beaucoup moins bien commencé. Il fallait dire que Lisa avait des griefs certains contre Callan et qu’elle n’était pas non plus dans son meilleur jour. Mais ce grand garçon avait su se faire pardonner assez facilement, à croire qu’elle n’était pas vraiment en colère.

Lisa plaisanta un moment sur l’odeur de brûlé qui envahissait un peu la maison et fut très heureuse de découvrir ce petit sourire sur le visage de Callan, celui qui lui faisait deux petites fossettes absolument adorables au coin des lèvres. Sourire contagieux à souhait puisqu’elle le suivit sur ce chemin là.

« J’espère bien, t’es la première personne à qui je demanderai en cas de besoins. Mais pour le moment ça va, j’ai envie de tuer personne. »

Elle sourit de plus belle riant légèrement avant de s’occuper de la blessure de Cal’. Elle ne se rendait pas compte qu’elle lui faisait un peu mal et aussitôt l’eut-il prévenue, elle lâcha sa main avec un petit rictus désolé.

« Oups, désolée. »

Callan lui demanda ensuite de l’attendre le temps qu’il aille se soigner.

« Oui, pas de soucis. »

Callan ne s’attendait pas à la venue de Lisa, comme il ne s’attendait pas à ce qu’elle se fasse pardonner pour cette histoire de café et de brownie. Il sourit en l’entendant insister à ce sujet, et décide de ne pas chercher à la contredire davantage. C’est un geste adorable de sa part, et peut-être le signe, aussi, que leur amitié ne s’est pas complètement envolée.

En même temps, ça tombe plutôt bien !

Ce sera toujours meilleur que ce que j’étais en train de me préparer !

Lance finalement le jeune homme, en affichant un large sourire. En règle générale, l’étudiant n’aime pas reconnaître ses faiblesses, mais la cuisine n’est clairement pas son domaine de prédilection. Ça ne l’a jamais vraiment passionné, et il considère presque qu’il faut un don pour ce genre de choses, ou alors une patience certaine dans tous les cas. Et lui, il n’est pas fait pour ça… ! Nul doute que les mets préparés par Lisa seront meilleurs, car la jeune femme a toujours eu beaucoup de talent pour la cuisine. Sa venue tombe donc à pic.

Ses remarques sur l’odeur qui règne dans la maison ne font que renforcer ce que pense Callan au sujet de sa cuisine. Il sourit, donc, et prend la chose avec légèreté, bien que sa main soit de plus en plus douloureuse. Il ne s’est vraiment pas loupé.

Est-ce que je dois me sentir flatté ?

Demande Callan, dans un léger rire, quand Lisa lui explique que c’est vers lui qu’elle se tournerait si elle avait un cadavre à dissimuler. Il est sans doute, en fait, le seul étudiant qu’elle connaisse de la section criminologie – ou alors elle le prend vraiment pour un malade ! Quoi qu’il en soit, le jeune homme reporte son attention sur sa brûlure, qu’il serait sans doute temps de soigner, comme le lui fait remarquer son amie.

Fais comme chez toi, d’accord ? Je me dépêche.

Lui indique gentiment l’étudiant, en croisant son regard, avant de se retourner pour traverser le salon, et monter deux par deux les marches de l’escalier qui le sépare de la salle de bain. Une fois à l’intérieur, Callan essaie de trouver la crème adéquate, et l’applique ensuite sur le côté de sa main, en grimaçant de douleur. Il entreprend ensuite de rejoindre sa chambre, pour passer des vêtements plus adéquats. Ce faisant, il tente de se débrouiller du mieux possible pour éviter que sa main ne frotte un quelconque tissu pendant qu’il s’habille.

La première chose à faire pour aller de l’avant, c’était le premier pas. Cal’ avait fait le sien un peu par hasard en croisant Lisa un lendemain de fête difficile et à son tour, pour montrer à son ami qu’elle était prête à avancer. Elle n’allait pas se renfrogner, passer son temps à pleurer ses amours perdues tandis que le monde vivait dehors. Pas vraiment son genre de rester immobile alors que tout le monde avançait, Lisa avait pris le temps, mais elle était de retour sur le devant de la scène dans sa propre vie.

« Et bien voilà, elle a toujours de bonnes idées Tata Lisa ! » lança-t-elle tout sourire apprenant que Callan avait brûlé son petit déjeuner. Elle en profita d’ailleurs pour continuer de plaisanter sur le sujet se doutant bien qu’il n’avait tué personne. En avouant qu’il serait la première personne qu’elle irait voir pour demander conseil en meurtre, Lisa était parfaitement sincère. Bon, elle n’avait prévu aucun assassinat pour l’instant mais il lui semblait faire assez confiance à Callan pour lui confier ce genre de secrets x).

« Moui, tu peux, je suis sûre que tu ferais un complice parfait. »

Mais pendant qu’ils étaient déjà en train de préméditer un meurtre, Callan n’en restait pas moins brûlé et devait se soigner. Lisa ne vit aucun inconvénient à ce qu’il monte se soigner, elle n’allait quand même pas le forcer à souffrir pour elle. Quoi que son esprit tordu aurait peut être pu apprécier ça (a).

« Oui, pas de soucis. » dit-elle alors qu’il montait déjà l’escalier à toute vitesse.

Elle récupéra son plateau en carton pâte et se dirigeât vers la cuisine. Faire comme chez elle, Lisa ne se permettrait peut être pas. Elle laissa ses victuailles sur la table et jeta un œil au pancake brulé dans la poêle laissant échapper une grimace amusée. Lisa constata que la pâte était tout à fait viable mais s’en désintéressa bien rapidement pour aller regarder les quelques photos de famille sous cadre qui trainaient dans la maison. Elle ne pu s’empêcher de sourire face aux bouilles enfantines de Callan et Julian, laissant son regard se perdre, Lisa songeât qu’elle avait beaucoup de chance d’avoir encore droit à l’amitié de Callan et qu’elle pourrait peut être faire avec juste ça.

« Tata Lisa » ? Ça te donne un p’tit coup de vieux, ce surnom !

S’exclame Callan, dans un léger rire. En fait, comme il le lui a dit, Lisa n’aurait pas pu tomber mieux. Il est, bien sûr, pour commencer, très content de la voir, mais il faut dire qu’elle tombe à point nommé, avec ses pâtisseries. Qui plus est, le jeune homme espère toujours parvenir à arranger les choses avec la jeune femme, il tient à sauver leur amitié. Elle a toujours beaucoup compté à ses yeux, même quand il a appris les sentiments de Lisa à son égard et qu’il ne savait absolument pas comment les gérer. D’ailleurs, il regrette les décisions qu’il a prises à ce moment précis. Il a vraiment tout fait de travers à cette période, mais aucun retour en arrière n’est désormais possible. Il faut avancer, faire les bons choix à présent… ! Et on peut dire que retrouver leur complicité fait partie des priorités du jeune homme dernièrement, même si ce qu’il a appris au sujet de cette fameuse « Jordan Mars » l’a vraiment détourné de son but. Il faut dire que cette nouvelle lui a fait l’effet d’un bon coup de massue. Et, pour le moment, l’étudiant ne s’en est même pas vraiment encore remis.

Bon, je vais prendre ça comme un compliment alors… !

Callan se croyait trop droit pour cacher un crime à la police, mais il sait désormais que tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Son frère trempe dans un trafic de drogues, et le balancer n’a jamais fait partie de ses projets. C’est pourtant un garçon solitaire à la base, mais il faut croire que ses proches comptent plus à ses yeux qu’il ne le montre au quotidien. Et il n’est pas mécontent que Lisa puisse le considérer comme le « complice parfait ». C’est peut-être ce qui l’a poussé d’ailleurs à prendre sa remarque sous un angle positif d’ailleurs.

Sans tarder, le jeune homme finit par accéder à l’étage, pour soigner sa main brûlée. Il y a applique de la crème, puis décide de rejoindre sa chambre pour se changer en quatrième vitesse. L’étudiant enfile un jean, puis une chemise aux motifs des plus sobres, qu’il boutonne avec difficulté d’ailleurs – si bien que chaque bouton se retrouve pour finir dans le mauvais trou, mais Cal’ n’y fait pas attention, et redescend bien vite rejoindre Lisa, qu’il trouve dans la cuisine, à regarder les différents cadres accrochés au mur.

On a demandé plusieurs fois à ma mère de les enlever, mais elle veut rien entendre ^^’

Explique le jeune homme, à propos des photos. Il aimerait bien que sa mère se décide un jour à les ranger dans une boîte, mais elle aime visiblement exposer ces « pièces à conviction » aux yeux de tous les visiteurs.

Tata Lisa, c'était sans doute le seul rôle qu'elle pourra se permettre de jouer quand Hannah et Callan seront mariés et auront des enfants. Elle sourit de travers penchant la tête sur le côté laissant ses cheveux blonds dégringoler sur son épaule.

"C'est que je me fais vieille, 22 ans, t'imagines, je vais bientôt perdre mes dents."

Elle plaisanta, rit légèrement et releva le regard vers Callan. Elle était prête à lui donner un coup de main pour ce petit-déjeuner en passe d'être raté et surtout lui apporta un radieux sourire. Lisa ignorait qu'il pouvait se poser autant de questions qu'elle. en fait, même si elle savait que Callan était un bon garçon altruiste et toujours généreux, elle s'était dit qu'il devait avoir oubliée toute cette histoire pour mieux vivre son amour avec Hannah. Elle était persuadée être la seule à s'être autant torturée. Alors Lisa se disait qu'elle était peut être aussi la clé du problème. Pas d'orgueil mal placé, après la façon dont elle avait traité Callan au tout début de leurs retrouvailles en ville, Lisa se disait qu'elle devait faire un effort. Ce n'était pas trop dur pour le moment, quelques plaisanteries peut être encore un peu timide. C'était tout de même compliqué de mettre de côté tout ça, Lisa se sentait à nu depuis qu'elle avait avoué ses sentiments un peu maladroitement à Callan.

Callan s'éclipsa pour aller soigner ses blessures laissant Lisa traîner devant les photos de famille après avoir constaté les dégâts culinaires du beau brun. Elle avait un sourire nostalgique inscrit sur le visage, comme si elle avait connu ses instants. En fait, elle était amusée par la petite bouille de mini-Callan. Ce dernier d'ailleurs la surprit s'étant faufilé derrière elle en silence. Lisa se retourna tout sourire.

"Non, faut pas, c'est mignon." dit-elle avant de le regarder de haut en bas constatant qu'il en avait profité pour se changer, sans doute un peu rapidement puisque sa chemise était mal boutonnée.

"T'avais pas besoin de te changer."

Elle réalisa ce qu'elle venait de dire et essaye de se reprendre.

"Enfin, si, je veux dire t'es chez toi hein... T'es tout mal fagoté."

Lisa rit légèrement. Elle s'approcha instinctivement de lui et porta ses mains sur son torse commençant à déboutonner puis reboutonner sa chemise correctement. Elle s'arrêta net dans son action, regardant Callan dans les yeux elle fit un pas en arrière.

"Désolée, c'est déplacé, je devrais pas faire ça."

Lisa se sentait gênée d'avoir laisser parler sa spontanéité. Elle releva le regard et sourit timidement.

Ben j’osais pas te le dire, mais c’est vrai que tu as pris un petit coup de vieux quand même !

Répond Callan, en prenant un faux air concerné, avant de partir à rire. C’est plus fort que lui, il ne sait pas jouer la comédie sur le long terme, pas quand il a envie de sourire en tout cas. Le jeune homme ne quitte pas son amie du regard, se réjouit de sa venue pour tout dire. Dernièrement, il avait la tête un peu ailleurs, mais ce n’est pas pour autant qu’il en a oublié la jeune femme, au contraire. Leur amitié a toujours été précieuse à ses yeux, et s’il sait une chose, c’est qu’il a terriblement besoin d’elle dans sa vie. Il aurait cela dit compris que Lisa choisisse de lui tourner le dos, mais il ne peut que se satisfaire qu’elle ait choisi de ne pas le faire. Parfois, il se souvient encore du soulagement qu’il avait éprouvé, en la retrouvant, le soir de la tempête. Tout avait été chamboulé par la venue d’Hannah ensuite, mais il n’empêche que ce soir-là, Callan avait réalisé toute l’ampleur de l’attachement qu’il ressentait et qu'il ressent d'ailleurs toujours envers son amie.

Après un passage éclair dans la salle de bain, pour soigner grossièrement sa blessure (qui est tout de même toujours très douloureuse), l’étudiant se dépêche de passer dans sa chambre, pour enfiler une tenue plus correcte. C’est plus fort que lui, il tient à être présentable. Après avoir rejoint le rez-de-chaussée, c’est à la cuisine que Cal’ retrouve son amie. Elle a l’air subjugué par les photos qui sont accrochées aux murs de cette pièce. Le musicien la surprend en prenant justement la parole à ce sujet. Lorsqu’elle se retourne dans sa direction, après un mot gentil, Callan ne peut que lui adresser un sourire tendre. La blonde détaille alors sa tenue, et constate tout haut qu’il s’est changé… d’une manière un peu maladroite. Sans comprendre pour quelle raison, l’étudiant se sent bêtement rougir un peu. Il ne trouve même pas quoi lui répondre que Lisa lui fait un commentaire qui l’intrigue. En baissant les yeux en direction de sa chemise, l’étudiant réalise qu’il a fait n’importe quoi. Il n’a pas le temps de s’en occuper que la belle blonde vient s’en charger elle-même. En la regardant faire, le jeune homme ne réprime pas un sourire tendre. Mais tout se casse la figure quand Lisa recule, et lui fait part de ses regrets. Bouche bée, le jeune homme secoue la tête, en sentant son cœur s’emballer.

Non, non, ça va !

S’empresse-t-il de dire, en attrapant une de ses mains, pour l’attirer vers lui, vers les boutons de sa chemise. Il ne veut pas de ça entre eux, il ne veut pas de cette gêne. Il voudrait qu’elle continue, il a simplement trouvé ce geste… adorable. Pas déplacé du tout. Son regard inquiet cherche le sien… Peut-être est-ce déplacé, par contre, de lui demander de reprendre où elle s’est arrêtée. Soudainement nerveux, Callan resserre sa main dans la sienne. Les lèvres entrouvertes, il ne sait pourtant pas quoi dire pour rattraper la situation. Son cœur bât encore un peu plus vite.

Un petit coup de vieux ? C’était possible. Lisa rit sans complexe devant Callan. Elle se sentait dans une position étrange mais faisait en sorte de ne pas y pensait. Après tout, ça serait peut être comme ça pendant encore quelques temps. Le regard rivé sur lui, Desmond se dit qu’elle avait fait le bon choix en surmontant ses craintes et en acceptant de continuer son rôle d’amie. Elle le laissa même s’échapper un moment pour qu’il puisse se soigner.

Le petit sourire que Callan lui offrit en revenant était vraiment adorable et craquant. Lisa n’arrêtait pas de se dire qu’il fallait qu’elle bloque ses pensées mais c’était plus fort qu’elle. Même une fois l’espoir de toute relation disparue, la petite blonde ne pouvait faire autrement que de fondre pour le beau brun. Constatant le changement de tenue de son ami, elle voulu faire un trait d’esprit qui avait plus l’air d’une remarque de fille désespérée en sortant de sa bouche. Aussi préféra-t-elle alléger tout ça avec un beau sourire amusé. Elle se permit même spontanément de reboutonner correctement la chemise enfilée à la hâte de Cal’ avant de faire un pas en arrière conscient que ce geste pouvait être mal interprété.

Elle s’excusa mais Cal’ attrapa une de ses mains et l’attira vers lui. Ce contact l’électrisa et il lui fallut un instant pour regagner discrètement son calme intérieur. Lisa sourit, gênée. En temps normal elle aurait usé de sarcasme mais elle était bien trop concentrée à refouler ses sentiments. Elle recommença avec le deuxième puis le troisième bouton avant de s’arrêter net sentant la main de Callan se resserrer contre la sienne. Elle releva le regard, un peu paniquée. A l’instant même, elle avait terriblement envie de pleurer, mais elle ne laissa rien paraitre. Le cœur battant la chamade, c’était exactement ce genre de chose qu’il fallait arrêter. Lisa s’arrêta là, ravala son nœud à la gorge et leva le regard vers Callan en souriant.

« C’est exactement ça qu’il faut arrêter. »

Elle se défit à contre cœur de Callan et trouva une place prés de la table sur laquelle elle défit les produits qu’elle avait apporté notamment les muffins qu’elle sortie de leur poche en papier kraft. S’activant tout en souriant elle se tourna finalement vers Callan.

« J’ai pas envie d’être la fille désespérée qui attend dans l’ombre qu’un malheur touche la copine du gars qu’elle aime, parce qu’en plus elle est sympa Hannah. »

La voix un peu brisée, Lisa repensa à l’échange de SMS avec Max, ou plutôt sa copine. Elle se sentait seule et déprimée ce soir là mais elle avait réalisé qu’elle avait trop d’estime d’elle-même pour être une briseuse de ménage. Et puis, le rôle de la fille de passage, elle le laissait à d’autres. Alors elle tendit un gobelet de café et un muffin à Callan, souriant franchement et largement avant de reprendre.

« Tu vas gouter mes muffins et me raconter tout ce qui s’est passé dans ta vie ces derniers temps parce que j’ai très envie de savoir et ensuite je me mêlerai de ce qui ne me regarde pas en faisait des commentaires désobligeants mais complètement hilarants dessus, ça marche ? »

Callan a mis un certain temps à réaliser que son amie éprouvait des sentiments amoureux pour lui. Hannah l’avait pourtant alerté en ce sens, mais il ne parvenait pas à y croire. Il n’avait vraiment rien vu venir. Du coup, malgré leur passif, le jeune homme essaie de ne plus songer à ce qu’ils ont traversé. Pour ce faire, il a juste à agir comme avant, quand il ignorait tout des sentiments de Lisa. Et il sait que c’est sans doute dix fois plus facile pour lui que pour la jeune femme. Preuve en est son mouvement de recul, alors qu’elle était en train de reboutonner sa chemise. Gêné, et le cœur en vrac, Callan la retient tout de même, pour l’inciter à poursuivre ce qu’elle a commencé. A lui, ce geste n’a pas déplu. Surprenant peut-être, mais il a trouvé ça adorable pour finir, et ne veut pas que Lisa se sent mal à l’aise avec lui. Il croit donc juger bon de l’inciter à continuer, mais se sent légèrement gêné tout de même. Il ne devrait peut-être pas insister pour ce genre de choses. En fait, il se sent un peu perdu, et craint que tout vole en éclats, à cause de cette histoire toute bête de chemise. Il ne veut pas voir Lisa sortir de sa vie. Mais il ne sait pas comment la garder près de lui.

Ses propos l’obligent à baisser les yeux. Callan reboutonne grossièrement et rapidement le reste de sa chemise, en sentant la culpabilité le ronger soudainement. Venait-il de faire quelque chose de mal ? De déplacé ? Il n’en a pas réellement eu l’impression pour tout dire, mais désormais, il a tendance à s’interroger. Le jeune homme ne parvient pas à regarder son amie quand elle s’occupe des sacs, et qu’elle se tourne dans sa direction ensuite. Il semble songeur, et essaie de remettre de l’ordre dans les idées. Il a toujours le cœur serré. Les propos de son amie ne l’aident pas franchement à se sentir mieux. Nerveux, il déglutit, et ne relève les yeux que lorsque Lisa vient lui tendre de quoi manger et boire. Seulement, plutôt que d’accepter de les prendre en mains, Callan fronce les sourcils. Il ne supporte pas le sourire qu’arbore Lisa, parce qu’il a l’impression qu’il est faux. Pourtant, il paraît presque naturel, il ressemble à tous les autres ! Mais quand savoir quand il s’agit d’un sourire véritable, ou d’un sourire de façade ? La blonde semble en abuser, à bien des reprises, et le jeune homme n’aime pas être pris pour un idiot. Il a l’impression qu’elle le trahit en faisant « semblant ». Ce soudain élan de bonne humeur le dégoûterait presque sur le coup.

Je ne veux pas que tu sois cette fille moi non plus !

Lâche-t-il, sans détour. Il se moque de ne pas rentrer dans son jeu, de ne pas jouer le rôle qu’elle veut lui donner. Lui, il veut parler de ça, et pour une fois, Callan ne va pas avoir la politesse de faire ce qu’on attend de lui.

Mais j’ai pas envie qu’on se sente mal à l’aise pour des bêtises ! Et on peut pas faire comme si de rien n'était constamment, c’est pas comme ça que ça peut fonctionner ! Enfin, je pense…

Le jeune homme baisse la tête, le cœur encore un peu plus serré. Il décide de jouer franc jeu, bien que ça lui coûte de s’ouvrir ainsi. Il ne parvient d’ailleurs pas à relever les yeux en parlant.

Il m’arrive des trucs en ce moment et j’ai vraiment besoin de ma Lisa... La vraie Lisa. Elle me manque.

Maintenant que la ville entière (et tout particulièrement Callan) était au courant de son béguin, Lisa ne savait plus comment agir avec lui. Elle avait beau essayer de faire comme avant, chaque mot, chaque geste, elle avait l'impression qu'il les interpréterait mal, comme une nouvelle proposition désespérée de sa part, comme ce baiser volé le premier janvier. Elle avait assez morflé à cause d'Hannah même si elle n'arrivait plus vraiment à détester cette fille. En agissant ainsi, la jeune femme essayait de se protéger. Voilà pourquoi elle coupa court à sa spontanéité. En fait, acheter deux cafés, faire des gâteaux, frapper à la porte et dire bonjour avec bonne humeur, tout ça lui avait parut très simple et après quelques minutes, Lisa se retrouvait toute drôle. Le coeur battant plus fort, les joues ayant une terrible envie de rougir et surtout les nerfs à fleur de peau. Elle voyait ses bonnes résolutions de faire blocage à ses sentiments s'envoler.

Lorsque Callan l'incita à continuer, elle s'exécuta puis préféra mettre de la distance. Complètement paumée, Lisa savait que ça n'avait rien à voir avec ces espoirs. Elle essaye son sourire pansements et expliqua ses sentiments comme elle le pouvait, un peu maladroitement. Elle tenta même une touche d'humour, un peu trop travaillée pour être sincère. Lisa ne cherchait pas lui mentir, elle voulait juste se protéger. L'écoutant le regard rivé sur son visage, jouer franc jeu semblait être la solution, mais il n'y avait rien d'évident à exprimer un amour à sens unique.

"Mais..." Elle reposa le regard au sol, le coeur serré.
"Qu'est ce que je peux faire? C'était plus facile d'être ton amie quand tu ne savais rien."

Lisa n'arrivait pas à lui faire comprendre. Faire comme si de rien n'était était aussi dur que n'importe qu'elle autre solution. Callan s'ouvrit d'avantage lui avouant avoir des choses à lui raconter.

"Je suis là, je vais t'écouter, je suis toujours la même, je vais pas partir." lança-t-elle en un souffle.

Elle croisa ses jambes et commença à triturer une bouloche de coton sur sa veste n'osant plus croiser le regard de Cal'. La gorge nouée, les mains tremblantes, la petite blonde faisait de son mieux pour ne pas se faire détester en fait.

"Seulement ... quand je te vois, quand je te touche, j'ai envie de ... je, j'ai l'impression de faire quelque chose d'interdit à chaque fois, j'ai l'impression que tu vas prendre chacun de mes gestes comme une tentative de séduction et je me sens ridicule."

Puis elle récupéra son courage et releva les yeux pour plonger son regard dans celui de Cal', son sourire revint, plus léger mais naturel et spontané.

"Et moi aussi j'ai des trucs à te raconter."

Callan est désemparé de constater que tout est en train de voler en éclats, pour une broutille : une chemise tout simplement mal boutonnée. Il a beau essayer d’écouter les dires de Lisa, la bonne humeur qu’elle affiche ensuite, ses sourires… tout lui paraît faux. Cal’ n’arrive clairement pas à oublier ce qui vient de se produire, et décide de prendre la parole. Il sait qu’il est en train de prendre un vrai risque, car cet élan d’honnêteté pourrait clairement se retourner contre lui à terme. Seulement, les conditions sont telles qu’il ne peut envisager de se taire plus longtemps. Il tient trop à leur amitié pour garder le silence, il préfère mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes… Quitte à remuer, peut-être, le couteau dans la plaie. Mais pour lui, c’est un passage obligé. Il ne veut pas poursuivre dans ces conditions, il veut s’expliquer avec son amie, lui dire ce qu’il a sur le cœur, même si c’est loin d’être un exercice facile pour un garçon aussi réservé que lui.

Lorsque Lisa l’interroge, Callan n’a pas de réponse à lui donner. Il comprend parfaitement que ce soit compliqué, et difficile, même, pour elle… ! Mais ce n’est pas une information qu’il peut effacer de sa mémoire. Elle est là, ancrée en lui, et c’était si surprenant à ses yeux qu’il n’est pas prêt de l’oublier pour tout dire. Et puis, même si on lui donnait la possibilité de faire le tri parmi ses souvenirs, l’étudiant n’est pas sûr qu’il choisirait de ne pas connaître les sentiments de Lisa pour lui. La belle blonde prend un ton plus rassurant par la suite, mais l’étudiant ne parvient pas à relever la tête. Il est clairement intimidé. Il ne remarque pas que Lisa est dans le même état que lui. Ce n’est que lorsqu’il relève la tête, pour lui répondre enfin, qu’il remarque sa gêne.

Je ne t’ai jamais trouvée ridicule.

Le ton de l’étudiant est sincère, son regard l’est tout autant. Jamais Callan n’a pensé ça d’elle, et ça ne va pas commencer maintenant. Il la trouve, en fait, terriblement touchante. Et il ne peut qu’être fier, et honoré même, d’avoir attiré l’attention d’une fille comme elle. Jamais il ne pensait que Lisa le regarderait un jour avec ces yeux-là.

J’sais que je suis parfois parano, mais en tout cas j’interprète jamais tes gestes dans ce sens, je veux dire… j’arrive même pas à croire que tu puisses… ressentir ce genre de choses pour moi, alors tu vois, je suis loin de penser que t’essaies de me séduire à chaque occasion qui se présente ^^’

Le jeune homme est encore une fois parfaitement honnête. Il était tellement à des années lumière de croire qu’il intéressait Lisa qu’il a parfois encore du mal aujourd’hui à se dire que c’est bien réel. En sa présence, il ne pense absolument pas à ce genre de choses, puisqu’il a tout bêtement l’impression d’être avec Lisa, son amie. C’est pour ça d’ailleurs qu’il tient à renouer avec leur amitié, et leur complicité passée. Comme il le lui a dit, c’est ce qui lui manque le plus. Il a des choses sur le cœur qu’il aimerait partager avec elle qui plus est, et c’est apparemment réciproque d’ailleurs.

Si la plupart des mecs ne comprenaient pas les filles, Lisa faisait parti de ce genre de fille qui, parfois, ne se comprenait pas elle-même. Incapable de donner une explication à Callan pour sn comportement, elle essayait malgré tout de lui faire comprendre ses sentiments et ce à quoi ils menaient. L’épisode de la chemise créa une tension absolument pas désirée mais reboutonner Callan n’était pas vraiment ce de mettre qui lui permettrait de mettre ses sentiments de côté. Le problème était qu’elle s’était promise de ne voir que l’ami en Callan avant de sonner à sa porte, qu’elle s’était fait son scenario dans sa tête et que tout avait l’air vraiment simple jusqu’à ce moment où elle avait posé ses mains sur son torse et qu’une décharge électrique lui avait parcouru l’échine.

A travers ses paroles, Lisa voulait effacer ce malentendu et faire comme si de rien n’était, mais ce n’était pas de l’avis de Callan qui semblait encore désireux d’explications et/ou de solutions. Il essaya de la rassurer alors qu’elle lui avoua se trouver dans une position totalement ridicule. Rien à voir avec le ridicule de ses plaisanteries, celui-ci était bien plus méchant. Seulement les mots de Cal’ ne suffirent pas et il fallut à Lisa lire dans son regard pour vraiment comprendre. Elle l’écouta ensuite et son visage s’illumina d’un sourire amusé et sincère. Cal’ n’arrivait toujours pas à croire à la réalité des sentiments de Lisa, et pourtant ils étaient bien là. Avait-elle vraiment besoin de lui prouver ? Elle rit avec douceur et légèreté avant de prendre la parole.

« C’est peut être parce que tu n’as jamais rien interprété que tu n’as pas remarqué que je craquais pour toi. »

Et c’était sans doute parce qu’elle avait interprété chaque geste et chaque parole de Cal’ qu’elle s’était dit qu’elle aurait sa chance un jour. Par moment, Lisa aimerait vraiment voyager dans le futur pour aller se dire à elle-même de laisser tomber avant que tout ne dérape. Mais aucun retour en arrière possible, et l’instant présent, Lisa préférerait écouter Callan lui raconter les évènements derniers de sa vie plutôt que de remuer le couteau dans la plaie. Il avait d’ailleurs piqué sa curiosité à vif mais quelque part, Lisa redoutait d’entendre des trucs sur Hannah.

« Je sais pas ce que tu attends de moi, t’as peut être besoin d’une preuve de ce que je ressens mais je peux pas être plus claire là. Je fais une croix sur tout ce dont j’ai toujours rêvé pour que tu sois heureux, tout simplement, avec … elle. »

Lisa n’osa même pas prononcer son nom, elle se leva d’un bond rapide pour se mettre à la même hauteur que Callan, mais cela ne suffisait pas. Elle plongea son regard dans celui de Cal’ cherchant à lui prouver sa sincérité.

« J’ai pas choisi de tomber amoureuse toute seule tu vois, j’m’en serais bien passé vu ce qui a suivit. Mais voilà c’est comme ça, combien de fois j’aurais besoin de te le dire ? »

Elle aurait bien aimé pouvoir rester la pétillante et rigolote Lisa mais ce qu’elle avait à dire était bien sérieux. Encore une fois, alors que depuis le début elle cherchait à cacher sa détresse, Lisa sentit les larmes emplir ses glandes lacrymales mais refoula le moindre sanglot quitte à sans faire un ulcère. Les yeux simplement humide, elle s’approcha de Cal’ au point de pouvoir respirer sans odeur sans même réaliser qu’elle pourrait être intrusive. Le sourire blême, elle essayait de parer sa tristesse.

« Qu’est-ce que tu veux que j’te dise, c’est la vie. »
Lisa remua légèrement la tête faisant onduler ses cheveux blonds sur ses épaules et décida de se reprendre. Le visage ouvert et les yeux pétillants, elle sourit plus amplement.

« Et puis je suis quand même mignonne non, j’aurais pu t’avoir sans problème. »

Elle se moquait d’elle-même espérant détendre un peu la situation, autant pour elle que pour lui, le seul moyen pour Lisa de reprendre la situation en main parce qu’elle avait à l’instant précis les yeux rivés sur les lèvres de Callan ne pouvant s’empêcher de songer à tout ce qu’elle n’aurait jamais. Et ça lui serrait le cœur encore davantage.

Elle le regarda de nouveau dans les yeux cherchant à être parfaitement honnête.

« De toute façon c’est pas ce qui m’intéresse, je veux pas t’accrocher sur un tableau de chasse ou quoi, je veux juste que tu sois heureux c’est tout. Et moi ... ça va passer hein... »

Callan ne cherche pas du tout à être rassuré, ou à être complimenté, il veut simplement se montrer honnête avec son amie. Il peine en effet à croire qu’il puisse l’intéresser, parce qu’il n’avait pas su repérer les signes, mais aussi parce qu’il ne pensait pas du tout être le genre d’hommes à intéresser Lisa. Toute cette histoire l’a vraiment surpris, à tel point qu’aujourd’hui, il a encore beaucoup de mal à réaliser. Sans doute n’a-t-il pas envie, aussi, que toute cette histoire ne vienne fausser la donne. Lui aussi il voudrait que leur amitié soit sauvée, qu’ils puissent tout retrouver comme avant. Malheureusement, cela ne semble pas aussi simple, preuve en est que le sujet est remis sur le tapis à l’instant. Ce n’est pas de cette manière qu’ils avanceront… Ou peut-être que si ?... En tout cas, l’étudiant ne supporte pas plus longuement le sourire qu’affiche la jeune femme. Il le sent faux, dénué de sens. Il préfère donc prendre le taureau par les cornes et dire ce qu’il pense. A ses risques et périls. Il faut avouer qu’il a toujours été très maladroit avec la gente féminine.

Non, je ne veux pas de preuves, je…

Le jeune homme a l’impression de s’emmêler les pinceaux. Il veut juste faire comprendre à Lisa que tout ça lui semble encore complètement irréel. Seulement, les propos qu’elle tient ensuite l’empêchent d’aller au bout de son raisonnement. Il est troublé qu’elle parle de lui comme de « tout ce dont elle a toujours rêvé », et qu’elle fasse mention d’une sorte de sacrifice. Ses mots aident Callan à appréhender la situation sous un autre angle, et à se rendre compte des efforts que Lisa est en train de fournir pour rester dans sa vie, sans occuper le rôle qu’elle aurait aimé y jouer.

Lorsque la jeune femme se relève, le musicien est troublé et la dévisage, tout en écoutant avec attention chacun de ses mots. Bien embêté, Cal’ affiche un air navré.

Pardonne-moi, je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie…

Murmure-t-il d’une voix peu assurée, et sans la quitter du regard. C’est peut-être idiot, mais Callan a l’impression d’y voir un peu plus clair maintenant. Il n’est pourtant pas si stupide d’habitude, mais toute cette histoire lui a toujours semblé très irréelle, à tel point qu’il a toujours eu du mal à voir la vérité en face. Comme Lisa le dit si bien, c’est la vie. Leur proximité lui noue soudainement l’estomac – l’étudiant ne quitte plus la belle blonde des yeux, qui semble alors reprendre du poil de la bête. La suite, le jeune homme ne sait pas bien si c’est un trait d’humour, et s’il doit y répondre par la plaisanterie, ou s’il est censé vraiment dire ce qu’il ressent au plus profond de lui. Il ne voudrait pas vexer Lisa en n’y répondant pas, ou en faisant de l’humour mal placé, alors Callan décide de jouer la carte de la sincérité. Ce n’est cependant pas sans rougir qu’il lui avoue le fond de sa pensée.

Le mot "mignonne" est même un peu faible.

Le jeune homme esquisse un petit sourire timide. Il ne se souvient pas d’avoir déjà dit une telle chose à Lisa, et, craignant soudainement de ne pas avoir fait ce qu’il faut une fois de plus, Callan sent son petit cœur s’emballer encore davantage. Son état ne s’améliore pas lorsque son amie vient plonger son regard au fond du sien. Ce qu’elle lui dit ensuite lui va droit au cœur, mais lui donne aussi le triste sentiment d’être quelqu’un de détestable. Il s’en veut de lui infliger tout ça et se surprend à vouloir la serrer dans ses bras.

Seulement moi aussi je voudrais que tu sois heureuse… ^^’

Cal' est on-ne-peut-plus sincère. Il aimerait que Lisa nage dans le bonheur, mais à ce jour, il a le sentiment de lui maintenir la tête sous l'eau, et clairement, pour lui, c'est terrible. Il n'a jamais voulu lui faire le moindre mal...

Lisa n’était pas à la recherche d’un calcul quelconque, elle n’était pas ce genre de fille un peu manipulatrice et les seules trace d’hypocrisie qu’elle pouvait donner n’étaient que dans le seul but de se protéger. C’était son instinct qui lui disait de sourire et de ne rien dire, de ne pas se plaindre et d’éviter de relancer le débat. Il n’en était pas ainsi pour Callan qui souhaitait que leur amitié reste à 100% honnête. Lisa ne pouvait pas l’en blâmer en réalité. Que leur relation soit complètement superficielle l’aurait vraiment heurté et elle n’aurait sans doute pas voulut aller plus loin.

La jeune femme pensait devoir s’expliquer, se justifier ou en tout cas prouver à Cl’ que ce n’était pas un mauvais jeu, elle était belle et bien tombée pour lui, seulement ce n’était pas tout à fait ce qu’il attendait.

Le visage plus fermé qu’à l’ordinaire, les efforts de Lisa pour passer à autre chose sont considérables, maintenant et tous les jours. Voilà ce qu’elle essayait de faire comprendre maladroitement à Callan. Elle n’avait pas besoin qu’on lui rappelle chaque jour qu’elle ne serait jamais à la place qu’elle aurait voulu. Dépassée par ses émotions, Lisa avait bien du mal à retenir les sanglots qui l’envahissaient. Elle trouva la parade en ressortant son sourire et son humour. Callan s’excusa, il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, mais c’était exactement ce qu’il faisait. Seulement Lisa avait déjà essayé de lui en vouloir, elle n’y arrivait pas, tôt ou tard elle finissait par lui trouver une belle excuse toute faite et n’avait qu’une envie, le revoir.

« C’est pas grave. »

Toujours trop proche de Callan alors qu’elle avait décidé de se mettre de belles barrières, Lisa plaisanta sur elle-même sans jamais dépareiller. Cal’ pouvait bien répondre ce qu’il veut, elle ne prendrait rien mal. Elle n’avait certainement dit cela dans l’espoir de recevoir de compliments, au contraire. La réponse faite par Callan la surpris d’ailleurs, elle s’attendait bien à ce qu’il rougisse, sourit, mais pas à ce qu’il la complimente vraiment. Lisa baissa les yeux, sourit et rougit. Elle sentit une étrange chaleur envahir son corps entier. Cal’ rajouta qu’il voulait lui aussi qu’elle soit heureuse. Voie sans issue vu la configuration.

Lisa se pinça les lèvres et baissa la tête laissant le nœud qu’elle avait à l’estomac se nouer encore davantage. Puis elle releva le visage, se débarrassa de quelques mèches retombées affichant un sourire timide qui contredisaient les yeux humides de la jeune femme. Elle ne s’était jamais sentie aussi fragile et vulnérable qu’en présence de Callan. Elle se frotta les joues d’un revers de main comme pour en enlever quelques larmes non retenues mais n’y trouva que ça peau brûlante et rouge.

« Ça viendra, je suis pas heureuse en amour mais je travaille à l’Auberge Andrews maintenant, comme apprentie cuisinière, tu vois, c’est tout ce dont je rêvais, je vais devenir chef. »

Jamais Callan n’a pris Lisa pour une hypocrite, mais découvrir qu’elle avait des sentiments pour lui l’a complètement abasourdi, parce qu’il ne l’avait jamais soupçonné. Quand on fait des études comme les siennes, il y a de quoi se sentir complètement crétin, mais le jeune homme avait finalement mis ça sur le compte de son attirance pour Hannah. Il s’était clairement mis des œillères, il ne voyait qu’elle, n’aimait qu’elle, et ne voulait qu’elle. Cela dit, avec le temps, il s’est rendu compte aussi que son amie pouvait se cacher derrière son sourire, ce qu’elle vient justement de faire, et que le musicien n’envisage pas de laisser passer. Maintenant que ce secret a été percé à jour, le jeune homme aimerait que leur relation puisse continuer de se construire sur des bases saines. Il ne veut plus fermer les yeux, il l’a fait pendant trop longtemps, et il s’est senti très bête de n’avoir rien vu. Il préfère jouer la carte de l’honnêteté, en pensant d’abord que c’est la meilleure chose à faire, avant de réaliser que ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus facile pour Lisa. Les propos qu’elle tient ensuite l’aident clairement à se rendre compte qu’elle a fait de nombreux sacrifices pour lui, notamment en décidant de le garder dans sa vie. Elle aurait pu choisir de l’en évincer – il aurait été bien plus simple pour elle de faire une croix sur ses sentiments dans ces conditions d’ailleurs. Mais sa décision a été tout autre.

La belle blonde l’excuse de cette énième maladresse. Une fois de plus, le jeune homme peut compter sur son humour pour détendre l’atmosphère, bien qu’il ne sache pas réellement quoi lui répondre ensuite. Il ne sait plus trop quelle carte jouer, il a simplement peur de la blesser une fois de plus… Alors il décide d’écouter un peu son cœur, de jouer franc-jeu. Allez savoir si c’est ce compliment ou leur proximité, mais en tout cas, le jeune homme se sent rougir. Il ne l’avait sans doute jamais dit tout haut auparavant, mais il ne peut désormais que le reconnaître. Lisa n’est pas seulement mignonne – ce n’est même pas le terme qu’il emploierait s’il devait la décrire. Il dirait plutôt qu’elle est vraiment très jolie, qu’elle dégage quelque chose, ou bien, plus simplement, qu’elle est belle. Il ne prend cependant pas le risque d’en dire davantage car il a l’impression d’avoir bien répondu, à en voir la réaction de son amie. Tant mieux en un sens, car il n’a dit que la stricte vérité ~

L’étudiant parvient, sans savoir comment, à lutter contre sa timidité, pour continuer à regarder Lisa. Il maintient son regard au fond du sien un instant, bien qu’ils soient très proches, puis observe ses moindres faits et gestes lorsqu’elle repousse ses cheveux blonds, et qu’elle essuie ses joues ensuite. Là, elle lui fait une confidence de taille. Le jeune homme ne cache pas son étonnement.

C’est vrai ?!

S’exclame-t-il, avant de réaliser que ses dires n’ont pas le moindre sens. Évidemment que c’est vrai ! Très vite, le jeune homme esquisse un sourire, et se réjouit pour elle, en ayant le réflexe de poser une main sur son bras. Il n’est pourtant pas si tactile d’habitude, mais il a toujours envie de la serrer contre lui.

Je suis super content pour toi ! Ça se passe bien, ça te plaît ?

Ajoute-t-il, avec un entrain qui ne lui ressemble pas réellement ; c’est sans doute la nervosité qui le pousse à aller dans l’exagération. Il vient en effet de réaliser qu’il venait de la toucher à nouveau. Son regard se pose sur sa main un court instant, qu’il détache doucement du bras de Lisa en esquissant un sourire embêté. Il ne comprend pas pourquoi il se sent si troublé. Peut-être parce qu’il n’a pas envie de faire un pas en arrière...? Mais là n'est pas la question.

Tout était si troublant entre eux deux. Lisa commençait à regretter de n’avoir pas pris le large, quitté son ami pour mieux laisser le temps à son cœur de se ressouder. Mais en voyant le visage de Callan, elle ne pouvait que s’estimer heureuse d’avoir un ami qui s’inquiète autant pour elle. Pour rien au monde Lisa ne voudrait perdre Callan même si cela signifiait le voir heureux avec son amoureuse alors qu’elle devait ignorer la douleur. Ce n’était plus de la jalousie que Lisa ressentait pour Hannah, en fait, elle ne ressentait rien pour cette fille, les sentiments qui l’envahissaient étaient seulement pour Callan.

Ce n’était pas l’intention de Lisa de mentir à Callan, ou en tout cas elle ne le faisait que pour protéger leur relation, mais il avait remarqué son petit jeu à la première seconde. Il avait fallut la dérision habituelle de Lisa pour qu’ils s’extorquent de cette conversations sans fin. En fait, pour Lisa, ça ne servait plus à rien d’en parler, il valait mieux clore le sujet pour qu’elle retrouve son ami. Elle lui annonça d’ailleurs qu’elle arrêtait la fac pour travailler comme apprentie cuisinière à l’auberge Andrews. La première réaction de Callan la fit sourire, rassurée de voir qu’il pouvait toujours se réjouir pour elle.

« Oui, je ne me suis jamais sentie autant à ma place. C’est dur parfois parce que faire la cuisine pour cinq et pour quarante ça n’a rien à voir, mais je ne regrette pas. »

Cette fois le sourire de Lisa ne cachait rien, seulement en sentant la main de Callan toucher son bras, elle se dit qu’il vaudrait mieux pour elle qu’elle recule. Seulement elle n’en avait aucune envie.

« J’ai arrêté l’université, je vais dans une école de cuisine à Milwaukee maintenant. » ajouta-t-elle alors qu’elle ne songeait déjà plus à sa carrière. Les yeux de Callan plongés dans les siens la troublait comme toujours et elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devrait faire pour se protéger cette fois.

Gérer la situation n’est pas une chose facile, mais elle l’est certainement plus pour Callan que pour Lisa, et ça, il l’a véritablement compris aujourd’hui. Elle aurait très bien pu choisir de le rayer de sa vie une bonne fois pour toutes, ne serait-ce que pour passer à autre chose. Ça aurait été normal en un sens… Radical, certes, mais logique. Egoïstement bien sûr, l’étudiant n’est pas mécontent qu’elle ait opté pour un tout autre choix. Il s’est senti stupide de ne pas avoir su déceler les sentiments de Lisa à son égard, mais la jeune femme fait sans conteste partie de ses amis les plus chers, il éprouve même pour elle un attachement certain, dont il n’a vraiment eu conscience que le soir de la tempête. Cette nuit-là, avant qu’Hannah ne lui saute au cou, le soulagement de retrouver son amie Lisa en un seul et même morceau avait été intense. Il avait réalisé que la blonde comptait énormément dans sa vie. Pourtant, rares sont ceux que Callan laisse se rapprocher de lui. Avec elle, tout a été si naturel qu’il ne l’a même pas vraiment vu venir. C’est aussi ce qui la rend si attachante.

La conversation est close. Revenir sur le sujet, encore et encore, ne leur permettra pas d’avancer, et ça le jeune homme en a parfaitement conscience. Cela ne lui dit pas comment il est censé se comporter maintenant, mais il essaie de faire au mieux, en commençant par dire ce qu’il pense. En attendant, il ne s’éloigne toujours pas de Lisa, et se réjouit pour elle, quand elle lui annonce une bonne nouvelle. Par réflexe, sa main se pose même doucement sur son bras, il réprime l’envie de la serrer contre lui pour la féliciter.

Je pense que tu as fait le bon choix.

Callan ne sait pas à quel point son avis peut être important pour Lisa, mais il est persuadé que son amie est faite pour la cuisine. C’est ce qui la rend heureuse, et le jeune homme ne peut que trouver génial le fait de pouvoir vivre de sa passion. S’il avait eu plus de cran lui-même, sans doute se serait-il tourné vers la musique… ! Mais c’est une autre histoire. Sa main finit par quitter son bras, et le jeune homme affiche une petite moue, avant de se focaliser sur les propos de son amie à nouveau. Elle lui explique qu’elle va désormais dans une école de cuisine, à Milwaukee.

Si jamais tu as besoin d’un cobaye pour goûter tes plats… (a)

Souffle Callan, avant d’esquisser un sourire en coin. Il a toujours trouvé Lisa très talentueuse dans ce domaine et sait pertinemment qu’il ne prendrait pas grand risque à goûter sa cuisine – sauf celle de prendre quelques kilos peut-être ! Il demande ensuite, d’un ton un peu plus sérieux, en la dévisageant :

D’ailleurs, est-ce qu’il faut forcément dormir à l’auberge pour y manger ?

L’étudiant aimerait bien y passer, pour goûter les plats concoctés par Lisa. Ce serait sa manière à lui de montrer qu’il la soutient. Ne la lâchant toujours pas du regard, Callan n’arrête pas de repenser au compliment qu’il lui a fait un peu plus tôt. C’est vrai qu’elle est vraiment très jolie. Mais est-ce qu’il avait seulement remarqué à quel point auparavant ?

Son corps était envahit par une vague de chaleur intense, la même qu’à chaque fois que son cœur tressautait pour Callan. Du temps, du temps, c’était ce qu’on disait qu’il fallait, mais ça ne servait à rien. Même en 1000 ans Lisa n’arriverait pas à l’oublier, c’était en tout cas ce qu’elle ressentait à l’instant présent. Callan semblait commencer à comprendre contre quoi Lisa se battait car il n’insistât pas pour remettre les choses à plat encore une fois. Il n’y avait plus rien à dire, seulement à continuer.

Toujours aussi proches l’un de l’autre, Lisa cherchait à se concentrer sur ce qu’elle disait pour ne pas mettre Cal’ mal à l’aise encore une fois.

« Oui »

Lorsque la main de Callan quitta le bras de Lisa, elle ressentit comme un manque. Elle resta cependant sans bouger, et souris lorsqu’il se proposa pour être son cobaye.

« Mais oui bien sûr, tu m’as offert une toque c’est bien le moins que je puisse faire. »

Lisa choisit enfin de prendre quelques distances reculant d’un pas et fuyant le regard pour le poser ailleurs dans la cuisine avant de reprendre sa chaise et s’asseoir.

« Non, non, tu peux venir juste pour gouter le repas. Mais je suis juste apprentie tu sais, pour le moment je fais le strict minimum. »

Elle sourit de plus belle et se pinça les lèvres instinctivement.

« Et toi alors, comment va la vie ? »

Callan ne parvenait pas à briser leur proximité, et il ne comprenait pas vraiment lui-même pourquoi. Sans doute ne voulait-il pas réellement se l’expliquer… En tout cas, il comprend désormais un peu mieux la situation, et les ressentis de Lisa. Il s’en veut même un peu d’avoir mis autant de temps à ouvrir les yeux, que ce soit sur ses sentiments pour lui, ou sur les sacrifices qu’elle est capable de faire pour tenter de sauver leur amitié. Résultat, il ne préfère pas remettre toute cette histoire sur le tapis. Ça n’aurait pas grand intérêt finalement, puisque tout a été dit… Cela dit, le jeune homme ne compte pas faire comme si de rien n’était non plus !... Cette fois, il veut garder conscience de ce qui se passe autour de lui, et de ce qui se passe pour Lisa. Disons simplement qu’il évitera de raviver les douleurs du passé. Cela dit, avec la maladresse dont il peut faire preuve, on peut dire que tout n’est pas gagné. La conversation reprit, dans une atmosphère plus aérienne, bien qu’encore légèrement électrique, sur les études de Lisa.

C’était un cadeau un peu bête, peut-être… !?

Souffle le jeune homme, dans un sourire gêné. Sur le coup, ça lui avait semblé opportun, mais avec un peu de recul, l’étudiant s’était dit que c’était peut-être un peu cliché, un peu gamin… ? C’est le moment de savoir ce qu’en pense Lisa finalement. Lorsqu’elle recule et finit par prendre place à la table de la cuisine, Callan se sent soulagé et embêté en même temps. Il observe son amie, et s’assoit à son tour, l’air presque un peu perdu… Il se ressaisit lorsque son amie reprend la parole.

J’essaierai de passer te faire un petit coucou au moins.

Car on peut dire que son planning est plutôt chargé en ce moment. Entre ses études, qu’il essaie comme toujours de mener à bien, et les récentes découvertes qu’il a faites, au sujet de Julian, puis de Jordan, Callan a un planning franchement chargé. Qui plus est, il doit aussi trouver le temps de voir Hannah… ! Ce qui a été rendu très difficile dernièrement d’ailleurs.

Oh, et bien… disons que j’ai connu mieux. Cette histoire avec Jordan l’avait beaucoup travaillé. Cela dit, c’est avec le sourire qu’il reprend, pour ajouter : Mais il n’y a pas que du négatif. Avec Julian, ça se passe beaucoup mieux !

Le jeune homme essaie de relativiser, de toute manière, stresser autour de cette histoire avec Jordan ne lui servira pas à grand chose...! Et pour ce qui est des affaires de Julian, il essayait toujours de se faire une raison. Posant son regard sur le gobelet de café que lui a amené Lisa, Callan finit par tendre le bras pour l'attraper d'où il se tient. Pour cela, il est obligé de se pencher un peu vers son amie, et lui sourit au passage, avant de se ré-enfoncer dans sa chaise, café à la main.

Callan avait prit une place importante dans la vie de Lisa très rapidement après leur première rencontre. Ils étaient pourtant très différents l’un de l’autre mais l’amitié s’était installée naturellement entre eux puis étaient venu autre chose de la part de Lisa. Autre chose qu’elle n’avait d’abord pas su exprimer même pas à elle-même. Lorsqu’elle avait enfin mit un nom sur ce qu’elle ressentait, elle n’avait pas réussit à aller à au niveau suivant se laissant doubler par cette Hannah. C’était un souvenir pénible que ce soir de tempête où tout s’était écroulé autour d’elle. Mise face à son immobilisme, mais finalement, la jeune femme s’était consolée en se disant qu’elle ne serait arrivée à rien de toute manière. Le cœur de Cal’ était pris, c’en était fini et après tout ça elle essayait de se reconstruire, de tourner la page tout en préservant leur amitié.

« Non, c’était un cadeau génial ! » dit-elle souriante. Lisa adorait cette toque brodée à son prénom, c’était un objet qui donnait tout son sens à l’amitié que Callan portait à la petite blonde.

L’instant était vraiment étrange, Lisa n’arrivait pas à gérer ses émotions aussi décida-t-elle de s’éloigner de Callan pour aller s’asseoir. Cal’ ne tarda pas à la rejoindre.

« T’inquiète pas, j’y suis pour deux ans minimum, tu auras le temps de trouver un moment j’imagine. »

Qu’il fasse autant d’efforts pour préserver leur amitié rassurait Lisa qui petit à petit retrouvait ses marques passées. Lisa ne voulait pas centrer la conversation autour d’elle aussi se dépêcha-t-elle de demander des nouvelles à Callan.

« Ah oui ? C’est bien que tu te rapproches de ton frère, c’est toujours mieux une fratrie unie. »

Elle prit un gobelet de café à son tour au moment ou Callan se levait légèrement, leurs regards se croisèrent laissant un léger frisson parcourir l’échine de la blonde qui répondit au sourire. Elle ouvrit ensuite le sachet avec les muffins et invita Cal’ à se servir.

« Et ce qui ne va pas… tu veux en parler ? »

Elle n’était plus sûre d’avoir le droit d’être une confidente mais elle voulait se montrer disponible au cas où.

Depuis sa tendre enfance, Callan est amoureux d’Hannah Hansen. C’est une chose qui l’a pris alors qu’il était très jeune, et qui ne l’a jamais quitté ensuite. Il a longtemps fantasmé sur une possible relation avec elle, sans penser qu’il parviendrait à l’avoir un jour. Il a essayé à de nombreuses reprises, d’ailleurs, de se faire une raison, mais n’y est jamais parvenu. Hannah était dans sa ligne de mire, et il ne voyait qu’elle. Elle était son but, son objectif, son obsession, même, pour finir. C’est sans doute cet amour inconditionnel – et absolument pas partagé au départ – qui lui a mis des œillères et qui l’a empêché de remarquer que Lisa, dans l’ombre, éprouvait elle-aussi certaines choses. Aujourd’hui, il regrette d’avoir fermé les yeux sur tout ça, parce qu’il ne voulait pas la faire souffrir à ce point. Cela dit, connaître les sentiments de son amie ne lui permet pas de la préserver, au contraire. Callan a l’impression de cumuler les bourdes, et c’est frustrant pour lui, qui n’a pas envie de voir son amie malheureuse. Elle a toujours beaucoup compté, et il a eu l’occasion de comprendre à quel point, lorsqu’ils ont pris certaines distances, cette année.

Quand il est question du cadeau qu’il lui a fait, cette fameuse toque, Callan se contente d’esquisser un petit sourire ému. Il est content de constater que Lisa a réellement apprécié ce geste de sa part. Il avait trouvé l’idée bonne, puis ridicule, puis bonne à nouveau… ! Il était partagé, sur le moment.

Lorsque Lisa s’éloigne pour prendre place à table, Callan a l’impression que quelqu’un vient de percer la bulle dans laquelle il était avec elle, quelques secondes auparavant, et dans laquelle il se sentait si bien. Il a l’impression d’être confronté à la dure réalité à nouveau, mais n’en dit mot et s’assoit pour finir à table avec elle.

Je devrais avoir plus de temps pendant les vacances de Noël, je passerai !

Souffle le jeune homme, dans un sourire, avant de poursuivre la discussion, au sujet de Julian désormais :

On a mis les choses à plat, et ça va mieux. C’est clair que ça fait du bien, ça devenait compliqué de vivre sous le même toit dans ces conditions…

Explique Callan, sans entrer dans les détails. Il ne compte pas parler du trafic de son frère à Lisa, non pas parce qu’il ne lui fait pas confiance, mais parce qu’il ne tient pas à l’impliquer, et à faire d’elle une complice. Il compte adopter la même attitude avec Hannah d’ailleurs. Il tient à les protéger, au cas où le secret de Julian serait percé à jour par la police. C’est l’attitude qui lui semble la plus raisonnable…

Lorsqu’il s’agit de se confier, l’étudiant n’hésite pas longtemps avant de se décider. Il sait à qui il s’adresse, alors ça aide. A nouveau, son regard s’accroche à celui de Lisa. Plus la conversation se prolonge, et puis il apprécie le fait de pouvoir de nouveau discuter avec elle comme avant. Pourtant, il a l’impression que quelque chose a changé, sans parvenir à mettre le doigt dessus pour le moment.

C’est toi qui les as faits ? Demande Callan, en parlant des muffins, avant de se servir. Il reprend le fil de leur discussion par la suite : Ben, c’est assez compliqué… En gros, Jul’ et moi on s’est rendu compte qu’une fille était venue nous parler, chacun de notre côté, et qu'elle nous avait raconté une version différente à chacun sur les détails la concernant. Ça m’aurait pas plus inquiété que ça en temps normal mais en faisant des recherches, on s’est rendus compte qu’elle porte le même nom de famille que nous… Elle est sûrement de la famille de mon père. Et on sait pas pourquoi elle a fait ça.

Le visage de l’étudiant se ferme à l’évocation de cette homme, qui provoque toujours en lui un dégoût, voire même une certaine colère.