Si Mary-Ann pensait naïvement pouvoir profiter des vacances de sa fille avec son père pour se reposer un peu et sortir avec ses amies, ce n’était pas du tout le cas de ses parents qui estimaient à raison que leur petite dernière pourrait les aider sur l’exploitation. Un genre de paiement pour compenser le fait que la brunette n’ait pas encore cherché de travail sérieux et comptait un peu trop sur la famille pour pouvoir élever correctement Zoey…

Pour faire plaisir à papa maman et leur montrer qu’elle leur était reconnaissante pour tout ce qu’ils faisaient au quotidien, la jeune femme ne rechigna pas à se lever à l’aube pour mettre les fruits sous conditionnement, préparer la camionnette pour le marché, prendre quelques coups de fils des grossistes… même si ces occupations restaient une belle corvée ! Alors quand son père lui demanda d’emmener la voiture familiale au garage de la ville, la brunette sauta sur l’occasion pour échapper un moment à l’ambiance travailleuse de la ferme. Ouf ! Enfin elle allait pouvoir prendre un peu l’air.

Quittant ses vieux habits qu’elle ne gardait dans son placard que pour les jours où ses parents lui demandaient de l’aide pour ramasser les fruits, Mary-Ann retrouva avec plaisir le tissu de sa petite robe d’été préférée, le parfum frais du dernier Lancôme et le confort de spartiates. D’accord, elle quittait la ferme pour aller dans un garage… Elle n’avait pas franchement besoin de se préparer, mais la brunette ne s’imaginait pas sortir en ville habillée comme une paysanne.

La route jusqu’au garage Stanford ne lui pris pas plus de cinq minutes, mais la jeune femme espérait avoir le temps d’aller flâner devant les boutiques pendant que le mécano inspecterait le moteur de la voiture. Pourvu qu’il ne trouve pas en cinq minutes le pourquoi du comment l’engin faisait autant de bruit qu’un char de guerre !

- Bonjour… Il y a quelqu’un ?!

Laissant la voiture sur le parking devant la petite enseigne, Mary-Ann venait de rentrer dans le cœur du garage puisque personne ne semblait s’être aperçu de sa présence au point d’accueil. La radio tournait en fond et les bruits d’outils avaient surement couvert le son de sa voix… Hésitante, elle s’avança encore un peu jusqu'à voir une silhouette penchée sous un capot, la tête dans le moteur, un bras cherchant une pièce dans la gueule ouverte de la voiture, une main tâtonnant à l’aveugle pour attraper un outil laissé sur le coté. En constatant qu’il ne pourrait pas l’atteindre, Mary-Ann n’hésita pas à attraper elle-même…la clé ?!... pour lui donner directement, quitte à se salir un peu les doigts.

- Besoin d’aide ? Demanda-t-elle tout sourire sans vraiment réfléchir à comment elle pourrait réellement aider...

Les vacances ne semblent être qu’un terme très flou en ce qui concerne Dean. Déjà, parce que son travail lui plaît énormément et que, malgré des jours « sans », il est toujours heureux de s’y rendre, mais aussi parce qu’il préfère largement travailler dur pour assainir complètement les finances plutôt que d’envisager de se séparer de quelqu’un. Ce n’est clairement pas ainsi qu’il envisage l’avenir. S’ils se sont serrés les coudes lors de la tempête, aucune raison de changer de stratégie par la suite ~

La radio est allumée, comme chaque fois qu’il bosse, le garçon se retrouve concentré sur sa tâche et insensible au monde extérieur, si l’on veut. Malgré le nombre d’année, ça n’est pas répétitif comme métier, enfin pas vraiment, si l’on veut, parce que les problèmes diffèrent, même si ce sont principalement les mêmes qui reviennent, qui sont les plus fréquents.

Ne s’attendant absolument pas à une visite surprise – pourtant ça n’a rien d’étrange puisqu’ils sont dans un garage –, la voix de la jeune femme lui fait l’effet d’un électrochoc. Dean relève la tête, un peu trop brusquement d’ailleurs. Si bien qu’il ne manque pas de heurter le capot ouvert de la voiture sur laquelle il était en train d’effectué des réparations. Dans un geste assuré, il le rattrape et le stabilise pour éviter un grand fracas inutile. Il porte ensuite une main à son crâne, un peu douloureux, mais ça devrait passer dans les prochaines minutes.

— Bonjour, hm oui, en fait j’ai besoin de la clé à bougies, c’est l’autre… »

Lui fait-il savoir, s’avançant pour la prendre lui-même. Une fois en main, il ne se remet cependant pas au travail, pas dans l’immédiat. Son regard se pose dans le sien, il lui sourit.

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? »

Après tout, on vient rarement dans un garage pour une visite de santé. Il se doute que la jeune femme n’est pas là pour une initiation à la mécanique vu sa robe d’été qu’elle ne veut probablement pas voir couverte de cambouis. Alors il ne reste plus que l’option du dépannage ~

L’entrée de Mary-Ann dans le garage Stanford n’avait pas dû être remarquée puisque le mécanicien se cogna violement la tête dans le capot de la voiture qu’il réparait quand la voix de la brunette le tira de ses réparations… Elle n’avait pas imaginé le surprendre de la sorte, et s’en voulu aussitôt de ne pas avoir fait plus de bruit pour manifester sa présence. Heureusement, le choc n’avait pas dû être trop violent malgré le son sourd. Pas de blessure. Pas de sang. Peu être une simple bosse suffisamment douloureuse, mais la jeune femme n’allait surement pas lui toucher la tête pour s’en rendre compte…

— Bonjour, hm oui, en fait j’ai besoin de la clé à bougies, c’est l’autre… »

Oups… Mary-Ann, où comment faire une belle bourde !

- Ha… J’avais une chance sur deux, chercha-t-elle a se justifier pour son erreur en affichant une petite mine gênée. Pourtant face au sourire du mécanicien la jeune femme réussit à garder son sans froid et évita que le rouge de la honte ne lui monte aux joues. Et pendant qu’il attrapait la bonne clé, elle reposa discrètement celle qu’elle tenait inutilement dans les mains. S’il elle avait cherché à faire bonne impression, c’était lamentablement loupé.

— Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? »

Soulagée de voir qu’il ne la jetait pas dehors après sa prestation, elle retrouva sa spontanéité habituelle.

- Oui, je pense que ma voiture a un léger problème de roulement. Le bruit est assez caractéristique, mais j’aimerais l’avis d’un expert pour confirmer qu’il n’y a rien de plus.

Mary-Ann répétait bêtement ce qu’elle avait entendu dans la bouche de son père, mais après le coup de la clé, elle voulait se montrer un peu moins ridicule. Elle ne voulait pas passer pour la fille à papa qui amène la voiture au garage sans savoir pourquoi…

- Vous auriez le temps de regarder ? Elle est juste là, devant le garage, lança-t-elle en désignant le parking.

C’est bien souvent comme ça que cela se passe, quand Dean est pris dans son travail, dans son petit monde, et bien il ne se rend plus vraiment compte de ce qui l’entoure. Même si ce n’est que de petites réparations, ou quelque chose qui ne demande pas forcément une grande concentration. Il se rappelle des souvenirs, parfois, quelque chose réussit à lui arracher un sourire sans qu’il n’ait réellement envie de l’expliquer. Il faut dire que la passion pour la mécanique, il la tient de son père. Et ce garage, sans le soutien de ses parents, ne serait probablement plus sur pied. Pas d’un point de vue financier, mais plutôt moral. Ce qu’on peut retenir, c’est qu’il aime beaucoup ce qu’il fait et qu’il n’est pas peu fier de son parcours – sans pour autant faire le fanfaron ~

Il est tiré de ses rêveries d’une manière un peu abrupte, mais il ne peut s’en prendre qu’à lui et non pas à la jeune femme qui fait irruption. Après tout, si on ne vient pas l’accueillir, c’est normal qu’elle vienne voir ce qu’il en est. Dean se frotte l’arrière du crâne, esquissant une légère grimace avant de sourire

— Il n’y a pas de soucis… »

Lui assure le garçon, esquissant un sourire rassurant. On ne peut pas demander à tout le monde de s’y connaître. Surtout parce que, si c’était le cas, et bien il se retrouverait au chômage ! Autant dire que ce n’est pas le but, personne n’aime se retrouver dans ce genre de situation. Heureusement, à sa réponse, Dean se sent tout de suite utile (a) Il acquiesce d’un hochement de tête concerné et sérieux.

— Ça fait longtemps que vous l’avez ? »

L’interroge simplement Dean, sans rentrer dans de quelconques détails techniques. Il est vrai que les roulements peuvent être bruyants, ils s’usent et, bien souvent, il vaut mieux les changer complètement avant d’avoir des problèmes autrement plus grave comme la perte de maitrise du véhicule. Parce que ça, contrairement à un peu de jeu ce n’est pas gérable ~

— Oui, sans problème. Vous êtes pressée, au fait ? »

Demande-t-il, sans arrière pensée, juste pour savoir si c’est urgent où comment tout cela va se passer. Il faut dire qu’en la voyant, on peut penser qu’elle n’est pas le genre à mettre les mains dans le cambouis ou à aimer trainer dans un endroit comme celui-ci ^^’

Contrairement à son apparence soignée et donc pas franchement adaptée pour venir dans un garage automobile, Mary-Ann voulait passer pour une fille qui s’intéressait à la mécanique pour rattraper la boulette qu’elle venait de faire en dérangeant le mécanicien dans ses réparations… Et même s’il assurait « qu’il n’y avait pas de soucis », la brunette se sentit vraiment idiote et responsable de la bosse qui grossirait sur son crâne. Alors pour oublier un peu l’incident, elle se lança dans des explications concernant le problème de la voiture de ses parents, et accessoirement la sienne quand son père lui donnait l’autorisait de l’emprunter.

— Ça fait longtemps que vous l’avez ? »

Ouf, pas de questions trop techniques où elle se serait retrouvée vraiment coincée…

- Bientôt quatre ans, répondit-elle avec assurance en ce souvenant très bien pourquoi la famille Smith avait dû changer de modèle… La naissance de Zoey avait chamboulé bien des habitudes et l’ancienne Chevrolet ne convenait plus du tout pour transporter un bébé et toutes ses affaires. Et on a jamais eu de gros soucis, à part l’entretien habituel.

Mary-Ann demanda ensuite s’il pouvait s’en occuper tout de suite… Elle imaginait déjà une réponse négative qui lui permettrait d’aller faire les boutiques, mais malheureusement le mécanicien semblait avoir du temps devant lui.

— Oui, sans problème. Vous êtes pressée, au fait ? »

Prise au piège entre son envie de shopping et celle de donner bonne impression, le jeune femme hésita quelques instants, comme si elle fouillait dans sa mémoire à la recherche de son emploi du temps. Et puis elle estima que pour faire plaisir à son père, il était préférable d’attendre ici que la voiture soit inspectée, voir réparée, plutôt que de reporter ce rendez vous au lendemain.

- Non, non, j’ai tout mon temps, assura-t-elle en souriant. Je vais attendre que vous ayez terminé en feuilletant les magazines mécaniques que j’ai vus dans le hall d’accueil…

L’idée de ne l’emballait pas vraiment, mais pour se fondre dans la peau d’une fada de voiture, Mary-Ann allait devoir s’intéresser à cet univers dont elle ignorait quasiment tout… Gros programme.

Dean ne lui tient pas rigueur de son erreur, en fait, il a tendance à trouver ça plutôt gentil de vouloir donner un coup de main. Ce sont les intentions qui comptent et puis, elle ne pouvait pas savoir avec exactitude ce qu’il était en train de faire. Être flexible fait partie de ce boulot parce qu’il n’y a pas seulement les réparations « prévues », mais aussi, certaines urgences, comme ici. Il terminera ce qu’il avait commencé plus tard. Il a, de toute façon, tout son temps à disposition. Travailler lui a toujours permis de penser à autre chose, tout comme de se sentir proche de son père disparu, d’une certaine manière. Ça aide forcément à se remettre les idées en place. Enfin, là n’est pas la question ~

La réponse que lui donne la jeune femme lui fait acquiescer d’un mouvement de tête. Normalement, les roulements ont une durée de vie d’environ 150'000 kilomètres. A moins qu’il y ait une défaillance, un accident ou alors, qu’elle l’utilise beaucoup. Pour se faire une idée, il lui pose la question directement :

— Pas d’accident, rien ? Vous roulez beaucoup avec ? »

En fait, il ne tardera pas à le savoir, il suffit, pour ça, de regarder les différents compteurs. Mais bon, ça permet aussi de faire un peu la conversation. Il faut dire ce qu’il en est, étant un passionné, Dean n’a pas forcément une immense palette de conversation ! Cela dit, il ne compte pas pour autant la bassiner avec des termes techniques, il a un minimum de savoir vivre (a)

— D’accord, sinon je vous aurais proposer d’aller faire un tour pendant que je l’inspectai, mais c’est aussi bien que vous restiez. Comme ça, vous saurez tout en temps réel »

Un sourire éclaire son visage. Ok, c’est tout bête, mais il est juste content de la situation et puis, on peut dire qu’elle est tout ce qu’il y a de plus charmante. Mais sans arrière pensée, évidemment puisque dans le cas du grand brun, c’est d’avantage la voiture qui l’intéresse. Contrairement à d’autres de sa famille, il ne considère pas les femmes comme des proies au premier regard.

— Vous l’avez parquée devant ? »

Que de questions. Il devrait commencer par aller voir directement, la déplacer jusqu’à une place appropriée et voir par la même occasion quel est le bruit dont elle lui a parlé. Il l’incite à le suivre, à sortir pour se mettre au boulot ~

L’incident du coup de tête dans le capot fût rapidement éludé et Mary-Ann expliqua au mécanicien les véritables raisons de sa présence au garage. Toujours soucieuse de l’état de santé du jeune homme, la brunette continuait à l’observer discrètement du coin de l’œil en parlant du problème du break familial des Smith. Après le choc, elle guettait quand même le moindre signe de malaise malgré les paroles rassurantes qu'il lui avait adressé.

— Pas d’accident, rien ? Vous roulez beaucoup avec ? »

- Non, elle ne fait pas beaucoup de kilomètres. On s’en sert juste pour aller en ville ou sur Milwaukee, commença-t-elle en parlant des habitudes de la famille. Par contre, c'est vrai que mon père à juste eu un petit accrochage au centre ville il y a quinze jours, rien de grave à part de la taule froissée. Je pense pas que le bruit soit lié à ça… mais c’est vous qui allez me dire.

Pour le moment, la demoiselle s’en sortait bien. L’interrogatoire sur les symptômes de la voiture lui était accessible, pas trop technique, même si Mary essayait de faire croire que la mécanique n’était pas un secret pour elle. Sans plonger dans les détails, elle répondait naturellement aux questions.

Et puis, comme il lui demandait ce qu’elle comptait faire pendant qu’il examinerait la voiture, Mary-Ann se proposa d’attendre sur place, espérant se montrer impliquer et pas juste spectatrice des problèmes de la voiture. Le sourire que le mécanicien lui adressa lui confirma qu’elle avait pris la bonne décision et que de cette manière il pourrait expliquer au fur et à mesure. Cool… Elle allait devoir supporter une conversation mécanique sans broncher maintenant qu’elle s’était aventurée sur ce terrain. Heureusement le mécanicien semblait de bonne compagnie malgré l’odeur de cambouis qui s’échappait de ses vêtements de travail. Et puis il n’était pas trop bavard, sans non plus se montrer d'une grande timidité. Un bon équilibre.

— Vous l’avez parquée devant ? »

- Oui, juste là confirma-t-elle en le suivant à l’extérieur du garage. Il n’y a plus beaucoup d’essence, mais suffisamment pour faire le tour de Great Falls si vous avez besoin de la faire rouler pour savoir d’où vient le problème.

Sur ces quelques mots, elle lui tendit les clés en espérant qu’il ne ferait pas trop attention au désordre laissé par Zoey… Toutes sortes de jouets s’étalaient sur la banquette arrière à coté de son siège bébé. La brunette se rassura silencieusement en pensant que le mécanicien devait avoir l’habitude de rentrer dans les véhicules pour résoudre leur problème, pas pour regarder l’état de rangement.

[ Bon, jme suis renseignée sur le sujet, j'espère ne pas dire trop de conneries XD ]

Passé la surprise, Dean se replonge complètement dans son univers masculin plein de cambouis. Il ne s’attends pas à ce que Mary-Ann s’y connaisse d’une quelconque manière. En fait, si c’était le cas, elle n’aurait pas besoin de lui et ce serait on-ne-peut-plus dommage de se retrouver au chômage après tout ce que cette entreprise a traversé ! Il acquiesce lorsqu’elle lui parle de ses habitudes.

— Normalement, les roulements se changent… ça dépends de comment on roule, tous les dix ans, ou vers les 150, 200 mille kilomètres. »

Explique le garçon, sans penser qu’il est tout à fait possible qu’elle s’ennuie à mourir lorsqu’il parle de cette façon. Parce que, soyons honnêtes, ce ne sont pas forcément des informations très utiles dans la vie de tous les jours. Surtout que, bien souvent, ce n’est pas sexiste ou quoi que ce soit, mais bien souvent, ce sont les hommes qui s’occupent de ce genre de choses. Il connaît une exception, une qui avait fait ses preuves et qui l’avait vraiment surpris, en vraiment bien. Katie.

— C’est toujours possible qu’il y ait un défaut, ou qu’un accident les ait abimé. Mais si ce n’était rien, je ne pense pas que ce soit ça. »

En fait, c’est peut-être tout autre chose. Mais il va vérifier par lui-même. Plusieurs possibilités se présentent déjà, il essaie de réfléchir. Et puis, ils se dirigent tous les deux dehors. Dean acquiesce une nouvelle fois et la remercie en prenant les clés. Faire un tour n’est pas une mauvaise idée en soi, mais ce n’est pas non plus forcément nécessaire. Pour vérifier les roulements, il leur faut juste

— On en apprends beaucoup sur les gens en regardant leur voiture (a) Vous avez un enfant ? Enfin… ça ne me regarde pas. »

Il a remarqué le siège bébé, et le reste. Mais ce n’était qu’une remarque comme ça, dans le vague, pour faire la discussion. On ne peut pas dire que c’est un art qu’il maitrise vraiment Dean. Il est plutôt du genre timide, un peu réservé, alors parfois, quand il essaie, il est un peu nul x) Heureusement, ce n’est pas ça qu’on lui demande, mais de réparer une voiture. Ça, c’est dans ses cordes.

[Désolé pour le retard, mon passage en mode page blanche est pas encore vraiment résolu =( J'ai quand même essayé d'avancer un peu]

Tout en sortant du garage pour aller inspecter la voiture en compagnie du mécano, Mary-Ann repensa à tout le bazar de jeux laissé par Zoey sur la banquette arrière. En temps normal elle n’y prêtait pas vraiment attention, c’était même devenu un désordre habituel pour la jeune maman. Pourtant elle se sentit un peu mal à l’aise d’avoir oublier ce léger « détail » en laissant les clés au garagiste pour qu’il étudie lui-même le problème du break familial des Smith.

— On en apprends beaucoup sur les gens en regardant leur voiture (a) Vous avez un enfant ? Enfin… ça ne me regarde pas. »

Si la première remarque braqua aussitôt la demoiselle en se sentant jugée pour la tenue de la voiture, elle oublia rapidement de bouder quand il la questionna sur la possibilité qu’elle ait un enfant. Zoey était toute sa vie et parler d’elle lui amenait toujours le sourire aux lèvres. Alors, même si le mécanicien avait éludé sa question en prétextant que ce n’était pas ses affaires, la brunette se décida à parler un peu de sa vie privée. La vraie ! Et pas un simple mytho autour de la mécanique débité pour faire bonne impression.

- Oui c’est pas un secret, j’ai une fille, expliqua-t-elle tout sourire pour détendre l’atmosphère. Enfin, c’est surtout un petit démon quand on voit comment elle envoie valser ses jouets.

D’ailleurs, elle se rappela que Zoey avait cassé l’un d’entre eux en le laissant tomber par terre au moment d’ouvrir la porte et de descendre.

- Vous réparer les roues de carrosse Barbie ? Plaisanta-t-elle en espérant que le mécanicien aurait le sens de l’humour…

Quelque part, il l’envie. Il ne la connaît pas, mais il ne peut qu’envier cette image de petite famille parfaite qu’il se fait. Dean ne connaît cependant pas sa situation avec exactitude, mais il imagine que ce doit être un véritable cadeau d’avoir des enfants. Il y a un léger pincement au cœur, mais en plus d’éviter d’y penser, de le balayer rapidement, il n’en laisse rien paraître. La vie continue toujours au même rythme, quoi qu’il arrive et quoi qu’on veuille.

— Ah oui ? Quel âge a-t-elle ? »

Lui demande-t-il, parce que c’est simplement dans sa nature de s’intéresser aux autres. Et puis, quitte à ce qu’ils restent ensemble alors qu’il tente de réparer sa voiture au moindre coût, autant faire la conversation plutôt que de laisser un quelconque silence gênant s’installer entre eux. Dean n’est pas un garçon particulièrement expressif pourtant. Il n’est pas très spontané non plus. Mais il fait de son mieux pour se soigner. C’est en partie cette timidité qui lui rend, quelque peu, la vie difficile.

La question suivante le fait rire, et sourire largement. Il ne s’y attendait pas le moins du monde. Et, sur le coup, ne sait pas très bien quoi dire. Les quelques secondes qui lui sont nécessaires lui semblent des heures. Finalement, il reprend la parole, faisant de son mieux pour se « prendre au jeu ».

— Ça peut se faire (a)

Il faut bien se diversifier. »

Il passe une main dans ses cheveux, un peu bête. Okay, pour le sens de l’humour on repassera. Il se sent tout bête d’essayer et pourtant, c’est toujours ça de pris. Il faut dire que Dean est plutôt le genre de gars tout tendre, tout romantique ou amical, pas le bout-en-train de service qui trouve toujours le mot pour rire.

En venant à parler de sa fille, Mary-Ann se sentit tout de suite plus à l'aise. C’était un sujet qu’elle maitrisait sur le bout des doigts ! Et puis raconter ce morceau de sa vie privée ne la dérangeait absolument pas, au contraire, la brunette était même plutôt fière de sa puce. Pour autant elle ne s’en vantait pas et ne dressait pas Zoey sur un pied d’estale ! Non, comme toutes les enfants du monde, la demoiselle faisait aussi des caprices, des bêtises…

— Ah oui ? Quel âge a-t-elle ? »

- Elle aura quatre ans en janvier… dit-elle d’un ton nostalgique. Que le temps passait vite ! Bien qu’elle ne regrettait pas tout à fait la période pouponnage des premiers mois, Mary-Ann se souvenait des premiers mots de sa puce, de ses premiers pas,… Pourtant il y aurait toutes autant de premières fois dans les années à venir et c’est vers cette vision de la vie que la jeune femme se projetait plutôt que de remuer le passer. Et le futur ça serait de faire réparer le carrosse de Barbie !

— Ça peut se faire (a) Il faut bien se diversifier. »

La brunette s’était un peu attendue à se faire rembarrer, mais le mécano explosa de rire. Ouf ! Son sourire ne fit que s’agrandir. Il ne la prenait pas de haut en lui disant que son garage n’était pas un atelier de service après vente et elle tenait peut-être l’occasion de faire plaisir à Zoey.

- Je pense qu’elle voudra surement venir demander ça elle-même, comme une grande.

Du haut de ses trois ans et demi, la petit fille n’était pas timide pour un sous et savait déjà très bien ce qu’elle voulait, surtout quand elle le voyait de ses yeux ou l’entendait de ses propres oreilles.

- Attendez vous à nous revoir dés qu’elle reviendra de vacance.

Les enfants sont des cadeaux du ciel. Ça peut paraître un peu niais, surtout venant d’un homme, mais Dean a toujours eu cette envie de trouver la bonne personne, de construire quelque chose, une famille, puis une maison. Alors, forcément, quand il rencontre des gens qui ont trouvé tout ce dont il peut rêver, il ne peut qu’être un peu envieux. Envieux, certes, mais heureux également. Il n’est pas jaloux, ni mesquin. Il est sincèrement content pour les autres. D’ailleurs, quitte à choisir, il sacrifierait probablement son bonheur si ça signifiait l’offrir à quelqu’un d’autre. Pas étonnant qu’il soit reconnu comme un gars gentil, un peu, voire beaucoup trop gentil. Du coup, par déduction, ce n’est certainement pas étonnant qu’il soit encore seul alors qu’il approche doucement mais surement de la trentaine. Cela dit, il a l’avantage d’être un homme, il n’a pas besoin de se soucier d’une quelconque « horloge biologique » XD

Quand il a remarqué le désordre dans la voiture, il n’a pas songé un seul instant à se moquer ou à lui faire une remarque cinglante. C’était une observation qui leur permet, qui plus est, de faire la conversation dans un domaine peut-être un peu plus « accessible » que la mécanique. Dean a conscience qu’il peut être un peu lourd à parler de terme technique ou raconter des anecdotes qui, finalement, n’intéresse que lui. Là, c’est l’occasion de parler et d’un peu mieux se connaître. Pas dans un quelconque but inavouable, juste amicalement.

— Elle va bientôt commencer l’école, alors ? »

L’interroge-t-il, sans savoir si c’est déjà maintenant ou une année plus tard. Dean imagine que ce sont des choses qu’on apprend sur le tas, une fois dans la situation adéquate. Bien qu’il ne soit pas spontané pour un sous, il tente de se prendre au jeu lorsqu’elle lui parle de carrosse de barbie. En fait, en réalité, il le ferait volontiers si on le lui demandait. C’est dans sa nature de se montrer serviable. C’est aussi un aspect de son travail qui lui plaît pour cette raison. Même si, dans le cadre du garage et bien, ce service est payant. Mais il faut bien vivre.

Un sourire éclaire ses lèvres, il est amusé par sa réponse et acquiesce par la suite. Il est souvent occupé, mais il leur offrira volontiers un thé, un café ou un verre d’eau si elle repasse par là, y compris si c’est pour réparer un jouet o/

— Avec plaisir, vous revenez quand vous voulez. »

Lui fait-il savoir. Ce n’est pas le meilleur endroit, ça reste un garage, mais de la visite, pourquoi pas x)