Une virée en ville, de l'argent jeté par les fenêtres, le compte en banque qui se vide, les rires des acheteuses, les sourires des vendeuses. Liv avait cédé à se genre de plaisir des centaines de fois en trois ans, la carte de son père et elle revenait avec une limousine pleine d'achats. Toute once de principes créés durant son enfance c'étaient envolés en trois ans. Peu importait l'utilité des achats, l'importances de la personne à qui on offrirait le cadeau, du prix de l'obje convoité. Peu importait les gens qui mourraient de faim le quartier voisin.

La jeune femme sortit du taxi les mains vides. Elle paya rapidement le chauffeur et s'enfouit dans l'auberge, avant de sa plaquer dos contre un mur, en train de se frapper lentement la tête sur la pierre derrière elle. Oubliant qu'elle n'était ni dans son appartement à New York, ni dans sa chambre mais bien au milieu d'une salle de restaurant, la jeune femme enrageait contre son attitude. Elle se pencha sur sa tenue. Robe en soie, six cent vingt dollars. Escarpins d'un grand couturrier, cinq cents dollars. Maquillage, cent vingt dollars. Liv s'apprêtait à hurler de rage et à arracher ses vêtements lorsqu'elle réalise se trouver devant une dizaine de tables à moitiées pleine de personnes qui digéraient tout en la fixant intriguées. Ellle expira longuement, son expression froide toujours peinte sur le visage et elle s'éffondra à la table juste devant elle. La tête enfouie dans les mains, il y avait des centaines de personnes qu'elle ne voulait surtout par croiser dans cet état.

Elle était partie très tot le matin, la carte banquaire pleine des économies fournient par papounet plein de fric que je hais dans son dos, direction Milwaulkee dont elle n'avait pas prévu de revenir sans deux taxis plein de sacs. Après deux boutiques elle avait croisé une jeune femme extravagante mais qui en quelque mots l'avait fait réfléchir:


C'était tellement simple et pourtant cela l'avait perturbée jusqu'à ce qu'elle se retrouve là, installée au bord des larmes à une table de son auberge sans le moindre achat. De l'idée qu'elle n'était qu'une égoiste sans coeur et un poid pour ce monde, elle avait repensé à Aaron, à son père, à sa mère et aux rencontres qu'elle avait faite à Great Falls. De ce qui lui manquerait à New York mais de ce qu'elle serait devenue en y restant. De ce qu'elle allait vivre et devenir ici. Elle était terrorisée et regrettait comme jamais la facilité de sa vie avant son départ. Liv avait à peine dix neuf ans et allait devoir tout assumer, sans repaires.

Deuxième jour de travail à l’auberge. Lisa avait commencé son travail à peu près un mois avant d’entrer à l’école de cuisine de Milwaukee. La catastrophe du nouvel an s’était finalement révélé être une véritable chance. La nuit passée avec Danielle Andrews, aussi innocente fut-elle, lui avait ouvert les portes du métier. En effet, l’auberge Andrews se devait de nourrir ses clients et s’ils avaient déjà quelqu’un pour faire la cuisine familiale de ce charmant endroit, Danielle avait finalement accepté de prendre Lisa en alternance durant ses études histoire d’avoir un petit coup de main. La petite blonde ne pouvait que se réjouir de ce renouveau.

C’était donc avec le sourire qu’elle avait pris ses fonctions, trois semaines après son anniversaire environ. Le premier jour avait été épuisant, on lui avait montré tout ce qui pouvait se trouver dans la cuisine et même si ce n’était qu’une cuisine d’auberge familiale, il y avait plus de matos que chez elle. Puis il avait fallu qu’elle fasse ses preuves, elle avait aidé à la confection du repas du midi et de celui du soir. Elle était rentrée épuisée mais ravie.

Aujourd’hui, Lisa avait commencé à prendre ses marques, vêtue de son tablier ajusté sur ses hanches, elle venait de finir le nettoyage de la cuisine après le service, elle quitta son tablier et se rendit dans la salle de restaurant où quelques retardataires terminaient leur digestion autour d’un café et constata que personne ne semblait regretter son repas. Elle se dirigeât vers l’extérieur dans l’idée d’aller fumer une cigarette lorsque le comportement étrange d'une jeune femme l’attira. Une jeune femme qu’elle avait repérée plusieurs fois depuis quelques jours après s'être tapé la tête en arrière contre le mur, elle la vit s'effondrer la tête entre les mains à la table la plus proche.

Lisa s’installa à côté, timidement, elle n’imaginait pas vraiment si la jeune femme préférerait qu’on la laisse tranquille.

« ça va pas mademoiselle ? » demanda-t-elle sachant bien que la réponse allait de soi.

Un carré rouge, deux carrés blancs, un carré rouge, deux carrés blancs,etc. Liv fixait les dessins de la table à vingt centimètres de sa tête à peine. Elle les mémorisait pour se calmer, tout en pensant à respirer calmement. L'état dans lequel elle avait put se mettre la faisait rager car elle réalisait être moins mature que ce qu'elle croyait. On avait tous des problèmes et on réalisait un jour qu'ils nous envahissaient et qu'on était pas si parfait que ce que l'on voulait ou pensait. Mais elle avait eut besoin de l'afficher devant tous. Elle haissait son caractère certains jours.

-Ca dépend. Je suis triste mais je suis contente d'avoir réalisé ce qui me déprime...

La jeune Hoole releva la tête avec un vague sourire. Elle avait déjà apperçu la jeune femme et avait entendu la gérante l'appeller Lisa. Liv avait voulut aller vers elle un matin, discuter et faire connaissance. Elle lui semblait aimable et ouverte aux rencontres, ce qui offrait l'opportunité d'une nouvelle connaissance dans une ville dont elle ne connaissait rien. Mais sa semaine avait fait qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'aller l'aborder.

-Je suis ridicule, j'en conviens. Liv Hoole, je loge à l'auberge...

Tout en tamponnant son visage avec un mouchoir, la jeune femme sortit un miroir de son sac pour nettoyer le maquillage qui avait coulé avec ses larmes.

-Ne jurer que par Waterproof!

Elle rit doucement avant de se mordre violemment la lèvre pour retenir un nouveau sanglot. Dire qu'elle avait abandonné sa vie à New York pour devenir indépendante et forte...

-Si vous deviez partir, je ne voudrais pas vous retenir, je suis loin du sucide, vous n'aurez rien sur la consience!

Liv sourit, elle espérait que son humour bien que très mauvais -comment faire mieux dans son état?-, persuaderait Lisa qu'elle n'avait pas à rester si elle n'en avait pas le temps. La Hoole détestait l'idée de forcer la pitié des gens. Alors, que ce soit cela ou non, elle ne voulait pas retenir la jeune femme bien que discuter pourrait certainement lui faire du bien.

A peine le deuxième jour et Lisa se sentait déjà chez elle. C’était sans doute la bonne entente avec l’ensemble de l’équipe et avec Danielle qui jouait beaucoup. Elle venait de sortir dans l’idée de faire une pause lorsqu’une jeune femme à la mine triste attira son attention. Etant une fille altruiste et toujours prête à apporter son aide, Lisa ne put s’empêcher de rejoindre la triste demoiselle et s’installa à côté pour savoir comment elle allait.

La réponse de la demoiselle lui arracha un sourire. D’une part elle n’était pas tombée sur une fille aigrie qui déteste qu’on s’occupe d’elle et d’autre part, le mal n’était pas si mauvais apparemment. Elle se présenta ensuite. Quelqu’un d’aussi avenant, ça ne pouvait que coller avec Lisa.

« Lisa Desmond, apprentie cuisinière. » dit-elle se présentant à son tour ne pouvant refouler sa fierté. Elle regarda Liv se tamponner le visage pour effacer les traces de larmes passées.

A la plaisanterie de Liv qui suivit, Lisa rit de bon cœur, rassurée.

« Je suis d’accord, et croyez-moi, j’en connais un rayon. »

Avec le sourire, Lisa évoquait les quelques mois qu’elle avait passé le chagrin au cœur. Elle n’en dit pas plus pour ne pas gêner Liv, après tout, ce n’était pas le sujet, mais elle continua de sourire pour la consoler encore. Elle remarqua que le chagrin n’était pas encore passé et machinalement elle passa sa main dans le dos de la jeune femme pour la caresser amicalement.

« Non, c’est bon, je suis en pause jusqu’à 17 heures. »

Elle avait tout le temps pour écouter cette demoiselle en détresse.

« Alors, que ce passe-t-il ? Chagrin d’amour ? »


Lisa lui sourit avec douceur et lui parlait avec la même douceur.

La jeune femme affirma qu'elle pouvait rester et entreprit de consoler Liv, ce qui ravit cette dernière. Elle avait besoin de parler, bien qu'un peu trop fière elle ne l'aurait pas dit et que ce soit Lisa qui se propose pour l'écouter la rassurait, elle n'aurait pas eu envie de se dévoiler à quelqu'un d'autre.

-Chagrin d'amour et autres...J'ai plaqué mon fiancé avant d'abandonner la ville où j'ai toujours vécu pour m'installer dans un lieu qui m'est inconnu et je ne connais plus personne.

Résumer ainsi sa vie actuelle ne l'aida pas vraiment, elle eut envie de rire du désastre qu'elle avait causé mais seul un vague sourire ironique vint se peindre sur ses lèvres. Elle regrettait de se pleindre ainsi pour deux raisons, premièrement elle voulait être forte et pas une gamine larmoyante et, deuxièmement, elle était loin d'être la fille la plus triste du monde.

-Mais enfin...Great Falls semble cool, je suis juste en train de réaliser qu'on m'a transformée et que je n'aime pas ce que je suis devenue.

Il était là, le vrai problème. Egoiste, cruelle, sans principes, entravées et autres. Elle avait du mal à tout mettre sur le dos de son père, malgré toute la haine qu'elle pouvait lui porter, mais c'était à cause de la vie qu'il lui avait offerte qu'elle était devenue ainsi. Il avait certainement cru bien faire, ou plutôt, cela aurait été son avis s'il n'avait pas arrachée Liv à sa mère uniquement pour faire mal à cette dernière. Liv avait quitté la misère pour la richesse et regrettait ce qu'elle était devenue mais ne pouvait nier que l'argent facilitait sa vie.

-Il y a eu trop de changements dans ma vie pour le moment...J'ai juste craqué, ce n'est pas grave!

Peut-être que cela allait plus loin, en réalité, mais la jeune femme réalisait n'avoir nul envie d'entamer une nouvelle relation en se plaignant alors qu'elle doutait en avoir le droit. Affichant un petit sourire, elle termina d'éffacer son maquillage.

-Apprentie cusinière...C'est sympa?

Consoler une inconnue pouvait passer pour un acte complètement altruiste et désintéresser mais Lisa n’oubliait pas une dimension essentielle : consoler quelqu'un lui faisait du bien aussi. C’était peut être la conscience de cela qui faisait d’elle une bonne oreille, elle savait donner comme elle savait prendre et n’hésiterait pas à « gaspiller » son temps pour Liv sachant très bien qu’il ne serait pas perdu.

Elle écouta donc la jeune femme bien attentivement continuant de lui caresser le dos d’une main amicale.

« Quel choix radical ! » constat Lisa naturellement ne se défaisant pas d’un large sourire.
« Je suppose que tu –je me permets de te tutoyer- avais une bonne raison à tout ça. »

Elle lui parlait comme s’il s’agissait d’une de ses très bonnes amies, sans complexe. Elle essayait de récupérer toutes les informations qui lui seraient utiles pour permettre à Liv de se libérer. Aux dires de la jeune fille, Lisa pouvait aisément comprendre qu’elle ne venait pas d’une petite ville où tout le monde se connait.

« Tu viens d’une grande ville ? » demanda-t-elle sans avidité.

Elle arrêta sa main pour ne plus embêter Liv et plongea son regard plein de compassion dans celui de la jeune femme. Elle ne connaissait pas assez Liv pour porter un jugement sur ce qu’elle disait aussi préféra-t-elle rester neutre et éviter de la vexer ou de la braquer avec une maladresse.

« Je comprends, ça fait du bien de craquer de temps à autre. »

Lisa savait bien de quoi elle parlait, les larmes qu’elle avait versé pour Callan avaient été salutaires même si son amour propre en avait prit un coup.
Alors que Liv fit une réflexion sur le boulot de Lisa, elle élargit son sourire, toute fière.

« Oui, c’est très sympa. … Enfin, c’est que mon deuxième jour mais ça me plait bien. »

« Et du coup, tu veux t’installer à Great Falls ? Tu as un job ? » demanda-t-elle essayant d’en apprendre plus sur cette nouvelle connaissance.

Puisque Lisa semblait écouter et s'intérèsser sincèrement aux soucis de Liv, cette dernière décida de se dévoiler un peu plus. Elles ne se connaissaient pas mais la Hoole savait pouvoir avoir confiance en la jeune femme, elle n'irait pas raconter sa vie à tous vas!

-Je l'ai rencontré il y a deux ans...Le coup de foudre, évidemment et puis, on était the couple du moment à New York, oui, une grande ville! Il y a six mois il m'a demandé en mariage, j'ai accepté et dès lors il a tout organisé avec mon père sans plus se préoccuper de mes envies, des mes besoins...J'ai voulu lui en faire part et il m'a rit au nez. Je n'avais plus d'attaches alors je suis partie très loin...ici!

Elle rit un court instant tout en se remémorant la soirée de sa "fuite". Ses valises prévuent pour son voyage de noce sous le bras elle avait interpellé un taxi qui l'avait menée à la gare. Un ticket pour une ville tirée au hasard sur la carte des Etats Unis et elle s'était retrouvée ici, à l'aube. Vite une auberge et somnolence jusqu'à douze heures le lendemain. Certes, Liv était totalement irréfléchie mais elle avait reprit sa vie en mains. Totalement. Un peu trop?

-Merci de m'écouter, en tous cas!

La conversation revint sur le job de Lisa, cuisinière, Liv aimait plus ou moins la cuisine, du moins, les rares fois où elle avait put s'introduire en cuisine avec son père et, elle avait beau y être chaque jours quand elle vivait chez sa mère, elle n'avait jamais eu l'occasion de vraiment s'intéresser. Mais, autant elle pouvait appréçier de se faire un dessert au chocolat de temps à autre, autant en faire son métier était loin d'être un projet pour elle.

-Bonne chance alors, mais si tu es passionnée, cela devrait couler de source!

C'était un des principes de Liv, persévérer et y croire. Elle avait rarement appliqué cette idée mais n'en avait pas beaucoup eu l'occasion à vrai dire. La jeune femme était du genre à croire en les rêves, les passions et, évidemment, les coups de foudre.

-Je suis à la recherche d'une collocation, donc oui, j'ai bien l'intention de m'installer! Il est évident que je ne retournerais jamais à New York et je ne vais pas changer d'université trois cents fois donc je termine mes études ici. Rien n'est sur quant à la suite...Mais si j'aime toujours Great Falls dans deux ans et que je dégote un post dans un musée, je resterais! Je cherche aussi un travail à coté de mes études en réalité. Etudes d'histoire de l'art si tu veux savoir!

Lisa était heureuse de voir que même lors d’une première rencontre, une jeune fille comme Liv pouvait se confier et se livrer. Lisa en était toute fière et décidait alors de prendre son rôle très au sérieux. Elle l’écouta donc attentivement essayant de tout comprendre du premier coup. Lisa ne se trompait pas en demandant à Liv Hoole si elle venait d’une grande ville. New York… elle se demanda si elle connaissait sa cousine Lexie qui avait grandit à New York aussi puis se dit qu’après tout, la ville était bien assez grande pour qu’elles passent des années sans se rencontrer. New York ce n’était pas Great Falls. Il était aussi question de mariage, d’un mariage qui semblait joyeux mais qui se révélait être une belle prison en perspective.

Lisa la regarda un peu interloquée puis lui sourit pour la rassurer.

« Je pense que t’as bien fait. Je trouve ça impressionnant et absolument courageux. »

C’était peut être une solution radicale après tout, Lisa n’aurait sans doute jamais agit ainsi mais elle ne voyait pas là une fuite par peur mais plus une fuite nécessaire. Du moins, c’était ce que ressentait Lisa.

« Oh, t’inquiète, c’est avec plaisir. »

Liv évoqua le job actuel de Lisa lui demandant si elle le trouvait sympa, même au bout du deuxième jour, Lisa était déjà conquise. Son précédent stage au Coffee Time s’était aussi bien passé si on oubliait le rendez-vous final avec Chris Warner qui avait essayé de lui faire comprendre qu’elle serait sans doute une meilleure cuisinière amatrice que professionnel. Sur le coup, ça avait détruit toute envie chez Lisa, d’autant que peu après ce moment, elle en profitait pour découvrir que le gars qu’elle aimait en préférait une autre, puis de tout faire partir en vrille avec sa bêtise et sa gaminerie. Au début, Lisa en avait voulu à Chris, puis elle s’était dit qu’il avait surement raison. Elle avait passé l’année à s’auto-convaincre qu’il valait mieux pour elle travailler au domaine de son père. Seulement voilà, c’était viscéral et une fois l’envie revenue, on ne pouvait plus l’arrêter. Lisa avait rempli les congélateurs de la maison avec ses essais et créations. Elle avait aussi comprit, en osant poser sa candidatures dans plusieurs écoles de cuisine à Milwaukee, Madison et environs et en passant quelques entretiens, qu’il lui fallait de l’expérience et de la maturité et qu’ensuite elle pourrait faire ses preuves.

« Disons que ça faisait longtemps que j’y pensais, j’ai fait des études de gestion avant ça, pendant trois ans, mon père voulait que je l’aide, il a l’exploitation céréalière au nord de la ville. »

Elle se sentait bien avec cette fille, elle semblait avoir la même facilité à parler qu’elle ce qui lui plaisait bien. Liv lui expliqua ensuite qu’elle cherchait une collocation dans le coin et qu’elle ne retournera pas à New York. Lisa en fut ravie.

« Histoire de l’art ? C’est fascinant, il n’y a pas de musées ou de trucs comme ça à Great Falls mais je pense que tu pourrais trouver un job en rapport avec tes études du côté de Milwaukee. Et tu verras, la vie à Great Falls est vraiment cool, c’est pas parce qu’on est dans une petite ville que les jeunes ne savent pas s’amuser. Premier truc à faire si tu aimes danser, c’est aller au Live, c’est pas loin du lac. En revanche, pour une colloc, je peux pas trop t’aider, la sœur d’une amie est agent immobilier mais je la connais pas très bien, enfin j’pourrais peut être en parler à ma pote du coup si tu veux. »

Comme si elle connaissait Liv depuis des années, Lisa se sentait parfaitement à l’aise.

Liv s'était mise à pleurer sans raisons apparantes et Lisa était venue vers elle. La jeune déprimée avait alors dévoilé ses soucis et son interlocutrice semblait être quelqu'un de compréhensif et de sincère, juste ce qu'il fallait à la Hoole. Lorsque l'apprentie cuisinière affirma trouver cela courageux d'avoir quitté New York si elle ne s'y sentait plus libre, Liv ne put retenir un sourire soulagé et un peu fière. Elle avait besoin de ce compliment, depuis son arrivée à Great Falls, elle hésitait à regretter ce choix de peur d'être la seule à le comprendre et d'avoir agis dans un accès de colère...Il semblerait que cela ne soit pas le cas.

-Merci de ne pas juger...

Avec un sourire, elle reporta son attention sur le nouveau métier de Lisa. Comme elle l'avait pensé lorsqu'elle lui avait annonçé en quoi il consistait, la Hoole ne s'imaginait vraiment pas suivre la même voie, cuisiner à longeur de journée ne l'attirait pas franchement. Elle voulait donc savoir ce qui intérèssait la jeune femme, bien qu'elle se doute que les gouts différant, il était difficile de comprendre ce qui poussait un autre à refuser ce que l'on accepte et inversément.

-Je ne me souviens pas d'avoir vu énormément de champs de céréales mais au fond, vu ce que je m'y connais...Il va falloir que j'aille jeter un oeil avec un herbier! Pauvre fille de la ville que je suis...

Elle l'affirmait en rigolant mais le pensait assez, New York avait été du gachi, du moins dans son esprit et elle avait à présent les grandes villes en horreur. Lisa se mit alors à lui indiquer une bonne adresse, à lui proposer de l'aide pour trouver une collocation,...comme si elles se connaissaient depuis toujours. Si quelqu'un entrait à ce moment dans l'auberge sans n'en connaitre aucune il affirmerait certainement qu'elles devaient s'être rencontrées des années au paravant. Et pourtant...

-Je ne m'attendais pas à trouver un musée ici mais, de toutes façons, j'appréhende le métier avec l'espoir d'avoir l'occasion de voyager...l'art c'est partout dans le monde!

Il était vrai qu'elle avait une peur bleue d'un job morne où, en s'éveillant, elle refuserait de réaliser qu'un jour de plus était là et qu'elle allait rester cloitrée dans son bureau à pianoter sur un ordinateur. C'était du rêve qu'un métier parfait mais autant rêver tant qu'elle le pouvait!

-J'avoue ne pas vraiment oser m'aventurer dans les boites en solo pour une première fois...ca fait perdue.

Liv partit d'un rire léger bien qu'elle espérait que Lisa n'ait pas pour habitude de se balader seule au "Live"...Cela metterait un froid et elle n'y tenait vraiment pas. Autant elle aurait su se débrouiller pour mettre un terme à la conversation si elle l'avait voulu, autant la discution lui plaisait vraiment et l'idée de partir ne lui effleurait même pas l'esprit.

-Et toi, une relation amoureuse?

Lisa ne pouvait pas se permettre de critiquer les agissements que lui décrivait Liv alors qu’elle-même avait du attendre des mois pour finalement se décider à la dernière minute à vivre son seul rêve. Et encore, si elle n’avait pas d’abord vécu un bel échec du à son immobilisme avec Callan, elle serait sans doute encore en train de faire des études de gestion sans grandes convictions. Qui était-elle de toute manière pour porter un jugement ? Pour être passé par des phases similaires, elle savait bien que la dernière chose attendue c’était une personne présente pour dire que la plus belle erreur venait d’être commise, et puis, elle ne pensait pas le moins du monde qu’il s’agissait d’une erreur. S’échapper d’un destin qui n’était pas le sien était sans doute la plus belle preuve de courage de Liv. Il serait sans doute encore plus difficile pour elle de continuer sur cette voix et de se tenir à cette vie choisie mais Great Falls était une ville accueillante et Lisa ne s’inquiétait pas trop pour elle.

Elle lui sourit une nouvelle fois, fière d’avoir fait son boulot puis expliqua à son tour un peu plus en détail ce qu’elle faisait de sa vie. Liv avoua ne pas trop s’y connaitre en céréales et tous ces trucs d’agriculteurs.

« Chacun sa spécialité, en fait tous les trucs jaunes et vert autour de la ville, c’est du maïs et, à peu près tout est à mon père, on a aussi un peu de blé, d’orge et d’avoine. Si tu veux je peux être ton coach de la campagne, genre je t’aiderai à compléter ton herbier et je t’apprendrais à chiquer et à cracher comme un homme. »

Sur ce, Lisa rumina dans le vent et fit semblant de cracher en exagérant bien le geste avant de rire. Elle se plaisait bien durant cette petite pause, cette fille, Liv Hoole, était fort sympathique et elle avait l’air bon public aussi. Lisa ne voulait pas se jeter immédiatement dans les plaisanteries ironiques, ne sachant pas vraiment comment la demoiselle réagirait. Elle avait apprit de sa rencontre avec Brooke que tout le monde n’était pas aussi second degrés qu’elle.

« T’en fait pas, on les traite bien les gens de la ville ici, ma cousine vient de New York elle aussi et elle s’est pas trop mal intégrée à la population locale pour l’instant … même si elle en traite parfois certains d’arriérés … mais bon, elle a pas tort, c’est l’Amérique bien profonde ici. »

Elle pensait en disant cela à ces quelques idiots conservateurs incapables de comprendre que la société avait évolué.
Lisa lui donna quelques conseils et lui expliqua qu’il n’y avait pas de musées en ville, en tout cas pas à sa connaissance. Liv lui fit alors part de ses envies futures de voyage. Un truc qui n’avait jamais vraiment attiré Lisa. D’un côté, elle avait l’occasion de partir en vacance quand ça lui plaisait et où ça lui chantait.

« Sinon, mon père cherche une assistante de gestion depuis que je l’ai planté. » dit-elle en plaisantant en parlant de ce poste qu’elle pensait prendre à la rentrée. Elle continuerait tout de même à lui donner des coups de main, ça lui permettrait d’ailleurs de ne pas perdre le bénéfice de ce qu’elle avait appris à la fac. Et puis, elle aurait aussi des cours de gestion dans son école. Peut être la seule matière dans laquelle elle sera la meilleure d’ailleurs.

Liv confia à Lisa qu’elle n’osait pas s’aventurer seule en boîte de nuit. Lisa suivit son rire léger.

« Ah mais t’es à Great Falls maintenant, t’en fais pas, personne ne s’est fait violé depuis 1845. On a deux trois tueurs en série parfois mais bon, c'est l'occasion de rencontrer les beaux gars du F.B.I.» plaisanta-t-elle avant de penser à l’agression d’Andrea Morgan ce qui lui coupa toute envie de plaisanter de nouveau sur la célèbre sécurité de Great Falls.

« Plus sérieusement, moi aussi j’ai l’air paumée quand je sors seule en boîte, je sais pas pourquoi d’ailleurs… (Elle leva les yeux au ciel et prit l’air faussement innocent d’une jolie poupée blonde) Si ça te dis, et que t’es libre, ce weekend je te fais un cours de rattrapage accélérer sur la ville, et on sort au Live… »

Lisa se recula et pris un air interrogateur attendant sa réponse.

Au moment où Liv lui posa des questions sur sa vie amoureuse, Lisa sourit encore et ouvrit de grands yeux avant de tendre sa main.

« Bien, j’ai été ravie de te rencontrer, je vais devoir y aller. »

Elle sourit plus ironiquement avant de reprendre en riant.

« La question qui fâche… Je suis très célibataire. »

Elle était incapable de reconnaître un champs de mais...honte à elle! Oui, de près, un épis, ce n'était pas sorcier de le nommer mais avait elle jamais ressentit le plaisir de se perdre dans l'étendue d'un champs? Le gout d'un grain cueillit sur la plante? Liv s'y voyait déjà lorsqu'elle reporta son attention sur la conversation. Une rêveuse comme elle avait du mal à suivre le fil sans que son esprit aille se balader loin du sujet mais elle faisait ses efforts! Elle rit de bon coeur lorsque Lisa lui proposa de lui apprendre tout ce qu'il fallait savoir...et pas que du raffiné.

-Avec plaisir! Par contre cracher, je préfère apprendre avec quelqu'un d'autre...genre Titanic, tu vois?

Son humeur gravissait les échelons positifs de plus en plus vite, les larmes qu’elle avait versées une dizaine de minutes auparavant étaient déjà oubliées...ou presque car parler d’amour semblait découdre un peu plus une blessure réparée dans son coeur. Mais peu importait la douleur, Aaron ne devait être qu'un souvenir, coûte que coûte il disparaîtrait.

-Je suis une grande romantique!

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, jusqu’où apprendre à cracher pouvait-être romantique?

-Mes premières expériences m'ont données une bonne opinion de Geat Falls! Je ne penses pas avoir croisé ta cousine mais je considère qu'une dizaine de connaissance en moins de deux semaines c'est bien!

Jusqu'à présent, Liv avait apprécie chacune de ses rencontres si ce n'est un groupe de gamins qui s'amusaient à jeter leurs papiers au sol mais quelques phrases bien choisies et ils avaient disparut la laissant tranquillement faire la connaissance d'une écolo', du moins qui, tout comme elle, détestait l'idée d'une planète polluée. Alors qu'elle allait au théâtre, elle avait aussi croisé une jeune femme y travaillait et qui lui avait gentiment demandé de poser pour les photographies du site. Elle avait croisé deux fois le mignon dragueur de l'auberge, un mec un peu moins "rentre dedans" mais agréable, une styliste avec laquelle elle avait débattu des styles, et finalement Lisa. Sincèrement, elle savait que le rythme ne durerait pas fort longtemps mais cela lui plaisait pour l’instant, c'était le principal pour qu'elle se remette de sa fuite et qu'elle puisse revenir à une vie normale.

-J'ai jamais compris pourquoi les flics sont si sexy...Le monde est mal fait, ils se mettent trop en danger pour une relation stable et sont rarement attiré par des nuits folles. Mais je tenterais une agression, merci du conseil!

La Hoole savait pertinemment que ce ne serait pas un projet pour son avenir proche. Elle avait eu bien assez de relations dans sa vie, trop peu sérieuse de quinze à dix sept, trop par la suite. Le juste milieu ne semblait pas lui plaire, elle se contenterait du calme plat pour quelque temps.

-Va pour le weekend! On passe la matinée ensemble pour choisir les tenues aussi!

Elle y tenait vraiment, autant elle savait pouvoir enfiler un peu de tout et elle aimait passer du temps à s'occuper de ses tenues mais c'était une sorte de tradition les défiler entre filles avant une sortie. Du moins avec ses connaissances à New York. Rien de plus instructif pour une accro de la mode que les conseils d'une autre addict! Alors que Liv prenait elle même une pose de bimbo après avoir sourit face à celle prise par Lisa, elle écouta pensivement les réflexions qui suivirent.

-Maintenant on est deux, à la différence près que moi, cela me soulage...

Il était évident qu'à présent, la jeune femme aurait peur des histoires stables. Oui le problème était du à leur jeunesses mais même plus mature, elle pourrait réaliser un vice caché de son compagnon, même s'ils se connaissaient depuis des années. Elle ne s'en serait s préoccupée si elle ne l'avait pas vécu,...C'était trop tard aujourd’hui.

-Mais, comme tu viens de la prouver, tu sais plaire, tu trouveras vite l'âme soeur!

Liv faisait référence aux poses de blonde. Cela lui rappela la "séance photos" faites avec Erin et un sourire s'ajouta à sa joyeuse expression.

C’était peut être grâce à Lisa ou pas, mais Liv semblait retrouver les sourire, envolé le chagrin. Lisa en était ravie et continua donc sur sa lancée pour découvrir la petite nouvelle en ville. Elle lui expliqua deux trois truc sur la ville de campagne n’hésitant pas à plaisanter sur le cliché du bouseux qui chique et crache son tabac comme un beauf. Liv fit une référence à Titanic que Lisa ne put pas vraiment comprendre.

« Ne me juge pas mais, j’ai jamais vu Titanic… »

Elle tordit sa bouche faussement honteuse mais son regard était rieur. Et en effet, Lisa n’avait jamais eu l’occasion de regarder ce film, elle n’en avait pas tellement ressentit le manque jusqu’à présent à vrai dire, mais au moins elle avait quelque chose à répondre.
Liv confia être une grande romantique à Lisa.

« Quelle fille ne l’est pas… »

Elle plaisanta ensuite sur la réputation de sécurité dans les petites villes du Wisconsin, réputation plutôt faussée en y repensant. Liv prit le train en route et s’amusa à son tour de ce que lui avait dit Lisa et provoqua chez elle un bel éclat de rire clair et spontané.

« Oh, et tu vas voir, les flics à Great Falls, ils sont sexys !! »

Desmond pensa au frère de Hannah en particulier. Mais elle avait croisé d’autres agents et … woooo… Enfin, bref, c’était sans doute un hasard … (a)
Elle proposa bien rapidement à Liv de passer un bon petit week end entre filles le temps de découvrir pleinement la ville.

« Très bonne idée, non parce qu’ici, tu me donneras des petits conseils comme ça ? Hein ? » demanda-t-elle. Les grimaces exagérées de Liv firent rire Lisa qui la suivit adoptant une belle duck face.

Les filles parlèrent ensuite d’Amouuur, normal, sujet qui revient souvent sur le tapis. Lisa plaisanta d’abord faisant comprendre que c’était un sujet sensible et Liv la rassura toujours en plaisantant.

« Mais, oui, je ne m’inquiète pas, au pire j’épouserai mon cousin, ça se fait par ici … »

Elle partie à rire, jouant toujours sur les clichés de l’Amérique profonde.

Liv fit mine de s'enfuir avec une mine outrée lorsque Lisa avoua n'avoir jamais vu Titanic. Ce n'était que de l'humour et, peu importait si elle ne s'y intéressait pas mais la jeune Hoole tenterait de l'inicier un jour! Elles repartirent d'un fou rire, il ne semblait pas vouloir les quitter. Grimaces et exagérations faisaient la conversation pour le plus grand plaisir et, finalement, soulagement de la jeune femme. Se confier l'aurait aidée mais, sincèrement, rire aux larmes était bien plus simple!

-Je ne voudrais pas casser tes fantasmes mais à New York, se sont des bombes, on ira faire un tour au poste pour comparer mais ce sont des dieux s'ils battent NY!

Elle rit tout en se souvenant ses rares rencontres avec le FBI. En réalité, c'était arrivé trois fois. Les deux premières, elle n'avait pas de souvenirs...la raison étant la même que le pourquoi de la confrontation. L'alcool. La dernière, lors d'un cambriolage dans l'immeuble de son père, mais, en réalité, elle n'avait pas trop fantasmé puisqu'elle était occupée avec Aaron...Bref, elle connaissait bien mieux les pompiers, expérience oblige mais on pouvait les mettre dans le même sac.

-Va pour les conseils mais tu devras me donner les traditions vestimentaires de ton petit village de campagnards! J'ai pas trop l'habitude...

Elle sourit et vit, avec surprise, les lampadaires s'allumer le long de la route dans son dos. Elle observa, par la même occasion, le ciel fort assombri et ne compris pas totalement la réflexion de Lisa. Alors qu'elle allait lui demander de la répèter, Liv imagina d'elle même et ne sut retenir un rire un peu trop bruillant qui fit se retourner les derniers clients. Elle hésita quelques secondes à leur retourner une grimace mais apperçu la gérante et se retint.

-Ton cousin? Chez moi on épouse les grands pères pour l'héritage! Faut voir tactique dans la vie!

La jeune femme se remit à rire sans ne plus pouvoir se calmer. Elle se sentait un peu idiote au fond mais ne s'en occupait pas. Maintenant qu'elle savait pouvoir tout quitter, elle ne pensait ne plus rien avoir à perdre, alors se ridiculiser, qu'elle importance? Elle vivait comme bon lui semblait et pourrait fuir si les pressions devenaient insoutenables! Cela lui paraissait un peu lache et immature comme projet mais elle n'avait pas encore vingts ans alors...

Liv semblait avoir le même sens de l’humour que Lisa ce qui n’était pas pour lui déplaire. La jeune femme rit alors que sa nouvelle amie faisait mine d’être vraiment vexée. Les deux fonctionnaient de la même manière et le courant passait vraiment bien. Elles parlèrent des beaux agents de Great Falls, apparemment, ils étaient encore plus canons en ville. Lisa n’en doutait pas, d’autant qu’ils devaient être encore plus nombreux.

« Tu vérifieras par toi-même. La dernière fois que je suis allée à New York, ce genre de chose ne m’intéressaient pas.. »

Lisa promit ensuite des conseils sur la vie de campagne à Liv. Il n’y avait pas tant de différence que cela entre les urbains et les ruraux, d’autant qu’&aujourd’hui, la ville n’était qu’à trois quarts d’heure de route et internet était partout. Parfois, ça donnait aussi quelques horreurs comme ces filles ultra auto-bronzées, crêpées et recouvertes d’extensions capillaires qui se croyaient à la pointe de la mode.

Lisa lui sourit pour toute réponse. Cela faisait un moment qu’elles discutaient. Lisa ajouta une dernière plaisanterie disant qu’elle devrait ans doute épouser son cousin et Liv renchérit arrachant un beau rire à Lisa.

« Alors toi t’es vraiment drôle, j’aurais jamais cru ! » dit-elle tout en regardant furtivement l’heure sur l’horloge accrochée face à elles. Il allait être temps qu’elle retourne en cuisine mais il était hors de question qu’elle ne revoit pas cette Liv Hoole.

« Bon, je vais retourner au boulot mais tiens, voilà mon numéro (elle inscrivit son téléphone sur une serviette en papier et le tendis à Liv) et puis on se fait cette sortie bien vite. »