JUSTIN && BRIAN
Chapter.2 - Rien ne change jamais ?

Lieu : Restaurant de Brian près du lac

Justin avait trainé les pieds pour se rendre à l'ancien restaurant prêt du lac, mais cela faisait déjà deux fois qu'il n'était pas venu l'aider après les cours. Il ne voulait pas que cela commence à paraître louche. Mais, pouvait-il lui faire face après ce qu'il avait vu ? Il l'avait vu surpris entrain d'embrasser un garçon - Non, ce n'était pas une fille aux cheveux courts. C'était Stan, il le connaissait bien car c'était son ami. Le blondinet était passé par tous les stades : la colère, la peine et l'incompréhension. Maintenant, il voulait simplement l'oublier. Son fantasme vivant se révélait aimer aussi les hommes et il il ne lui avait jamais adressé un regard. Il devait tirer un trait définitif sur ce béguin - mais est-ce qu'il le pouvait vraiment ?

Il se rendit après son cours de dessin au lac comme à son habitude avec son vélo qu'il rangea en dehors de la bâtisse. Un nouveau raccourci lui avait fait gagné quinze-minutes et c'était peut-être la seule chose qui lui fit plaisir. En tout cas jusqu'à qu'il commence à entendre des bruits plus que significatives. L'étudiant s'approcha discrètement et se cacha derrière un gros pilier. Dans un premier regard qu'il jeta, son sang ne fit qu'un tour en découvrant l'arrière plus que délicieux de Brian en pleine action, son corps encastré dans celui-ci d'une jeune femme. Il dévora ses fesses couvertes de sueur et qui lui donna bien chaud lui aussi, jusqu'à entendre l'orgasme faire chavirer leurs corps. Justin reprit place dans sa cachette et ne bougea plus. Cependant pas pour longtemps, dés qu'il entendit la voix de Downay. Il se fit un plaisir de bondir hors de sa cachette pour se faire entendre de sa plus belle voix.

Mais, les rumeurs vont très très vite en ville. Je confirme...Madame Shepperd. Mais, faites comme si je n'étais pas là. Je ne suis pas du genre à aller parler à votre mari. J'espère juste tenir ma langue en cours...J'ai votre petit frère, Scott, comme partenaire de TD.

Justin se déplaça jusqu'à une table pour poser son sac à dos avec son sourire et ses jeux de sourcils diaboliques. Il laissa la jeune femme se rhabiller, alors qu'il avait parlé avec un ton si cynique et froid que cela en étant presque effrayant. Il ouvrit son sac sur la table et voulut sortir un peu d'eau pour se rafraichir. La femme bafouée s'échappa le visage au bord des larmes et bousculant de plein fouet le jeune Meyer. Son sac tomba au sol et toutes ses affaires se rependirent, même son carnet à croquis qui alla glisser sous un comptoir. Et, oui...Justin pouvait être aussi un monstre parfois.

Justin n'avait aucun contrat avec Brian. Il savait que s'il ne venait pas. Il ne recevrait pas d'argent, Downay le payant à la journée de travail. Le blondinet savait pertinemment que Brian se moquerait complétement s'il ne venait plus. Il prendrait quelqu'un d'autre. C'était tout aussi simple que cela entre les deux jeunes hommes et cela convenait très bien à Meyer. L'étudiant avait toujours aimé l'aider, toujours enthousiaste de proposer ses idées. Lui, qui voulait devenir architecte plus tard. Il venait toujours avec pleins d'idées dans ses carnets à croquis. Mais, pas aujourd'hui...Aujourd'hui, il voulait simplement faire son travail, prendre son chèque et se casser.

Bien sûr, c'était sans compter cette image qu'il ne pourrait jamais oublié maintenant du corps nu de Brian qui venait de s'incruster pour toujours dans son esprit. Il était hors de question qu'il reste dans sa cachette même si son regard ne put s'empêcher de fixer Brian entrain de remonter la fermeture éclair de son pantalon. Cela n'empêcha pas de jouer de cynisme avec la belle blonde que Brian avait réussi à attraper dans ses griffes. Il détourna son regard de celui de Brian, comme s'il n'écoutait pas ce qu'il disait. C'était complétement puéril, mais il avait décidé de l'ignorer - à sa manière. La jeune femme prise de panique se mit à s'enfuir à toutes jambes. Justin eu juste le temps de lui crier comme si le grand brun n'était pas à côté de lui entrain de reboutonner sa chemise.

Mais, ne vous inquiétez pas Madame Shepperd. Brian vous aura déjà oublié dans quelques minutes. Il faut pas vous en faire. C'était juste pour se vider.

Comme Brian, Justin n'eut aucune peine pour la jeune femme, mais aucune colère non plus. Il n'avait jamais été jaloux des aventures féminines de Downay. Cela l'avait toujours amusé et ici c'était la même chose. Continuant de rassembler ses affaires, Justin continua à feindre l'ignorance, ne relevant même pas la tête quand il le traita de vilain garçon. Il alla poser son sac à dos un peu plus loin et se mit au travail. Il commença par ramasser une planche de bois assez lourde et la déplaça à l'extérieur.

Il passa devant Brian entrain de boire et lui envoya un sourire ironique quand celui-ci lui rappela ses dernières absences. Il jeta la planche dans les encombrants et ne put s'empêcher de se poser dans l’embrasure du vieux restaurant. Il joignit ses mains sous ses coudes et passa sa langue sur sa lèvres inférieure.

Ouais, j'avais besoin de fric. On veut aller à un concert samedi avec Stan...Un pote à moi que tu connais pas...

La diplomatie. Non, Justin ne connaissait pas et mettre les pieds dans le plat était bien plus marrant. Il s'avança et vola des mains de Brian la bouteille d'eau. Il but une grande gorgée tout en le défiant de son oeil des plus froid. Puis, s'arrêta en pleine milieu de sa gorgée, comme s'il avait quelque chose de primordial à dire.

Mais, si tu le connais je suis con. L'autre jour...Si souviens-toi proche du lac. Je sais que tu retiens pas les prénoms...Mais, un brun de ma taille...Tu lui bouffais jusqu'à la glotte...Ça c'était du baiser. Encore mieux que le porno pour lequel je viens juste d'assister.

Justin lui rendit violemment sa bouteille en la rejetant contre le torse du grand brun. Puis, il marcha vers le grand mur qui n'attendait plus d'être peint. Le blondinet comme si de rien n'était déboucha l'un des pots de peinture et s'agenouilla devant. N'attendant rien de Brian finalement. Il voulait juste lui faire savoir qu'il savait.

Justin était différent; plus froid et plus distant que jamais. Bien sûr qu'il avait quelque chose qui n'allait pas et Brian était bien à des kilomètres de le découvrir. L'étudiant était en colère et finalement ce n'était pas de l'avoir vu embrasser un autre homme. Cette jalousie - car il s'agissait bien de jalousie - était bien singulière. Cette jalousie venait du faite que le blondinet se sentait trahi. C'était quelque chose qu'il avait tant espéré, que Brian s'intéresse aussi aux hommes. Non, il n'était pas là pour le juger. Peut-être que Downay était bisexuel ? Peut-être que c'était occasionnel ? Stan était mannequin et très beau garçon, bien plus beau que lui. Tout était possible.

Ce que Justin n'arrivait pas à se remettre ce qu'il n'avait jamais posé un oeil sur lui. Il en aurait eu rien à faire, d'être un simple coup d'un soir ou un moment de plaisir comme Madame Shepperd. Il l'aurait pu l'utiliser et le jeter, cela aurait été quand même le plus beau jour de sa vie. Justin n'avait jamais rien espéré avec Brian: qu'il tombe amoureux de lui - pour cela il aurait fallu que Downay est un cœur - qu'ils sortent ensemble ou toutes ses bêtises. Tout ce qu'il avait toujours voulu, était simple: être collé à Brian quelques minutes, porter son odeur sur sa peau même quelques secondes...et c'est tout.

Mais, alors que l'étudiant était enchaîné à ses fantasmes, avec ce qu'il avait vu, tout s'écroulait. Il devait se rendre à l'évidence. Il n'avait rien d'un mannequin et si Brian n'avait jamais tenté quelque chose avec lui c'était tout...simplement...qu'il ne l'intéressait pas. Et, c'était ça qui alimentait la colère de notre petite tête blonde. Une rage qui lui donna la force de piquer sa bouteille pour y boire et le lui rendre. Un colère qui donna la force à ses reparties, pour répondre à celui qui insinuait qu'il le surveillait.

Bien sûr...J'ai que cela à faire...te surveiller. Non, je passais par là en vélo c'est tout. J'avais oublié mon carnet à croquis au restau.

Ce qui était un pieux mensonge, car bien sûr que Justin avait espéré revoir Brian quand il était revenu chercher son carnet: le croiser, voir ce qu'il faisait et peut-être le dessiner comme il aimait si souvent le faire à l’abri des regards indiscrets. Mais, là n'était pas la question. Justin déboucha un pot de peinture et plongea son rouleau à l'intérieur quand il entendit Brian se mettre à rire bruyamment. Justin se retourna et le fixa d'un regard sombre tout en agitant son rouleau vers le futur restaurateur.

Qu'est-ce qu'il y a de drôle dans tout ça ? Vas-y éclaire ma lanterne. Et, non Stan et moi nous sommes pas ensembles. Il veut se reconvertir et je l'aide, c'est tout...Et...

Justin s'approcha sans peur de Brian avec son rouleau. Il croisa son regard, celui-ci ne devait pas avoir bien peur de lui. Mais, même le plus petit serpent peut mordre. Justin passa son rouleau sur toute la longueur du visage du beau brun, le peinturlurant d'une peinture éclatante. Le blondinet s'écarta, semblant très satisfait de son travail.

Et, là aussi tu te fends la poire ?

Justin n'avait rien trouvé de mien que de passer son rouleau sur le visage de Brian et même si cela n’apaisa en rien sa colère, elle le fit retrouver son sourire de chenapan. Particulièrement content de sa bêtise et surtout de croiser les réactions de Downay qui le traitait de sale gamin. Il lui tira la langue particulièrement amusé de cette visage de cette peinture fraiche qui goutait de son menton. Une vision tellement amusante, que l'étudiant se mit à rire, sa joie de vivre soudainement retrouvé. Le chenapan se tordait de rire, ne pouvant plus s'arrêter alors qu'il observait le beau brun s'essuyait le visage avec un torchon.

Peut-être qu'il aurait dû faire plus attention ? Peut-être qu'il aurait dû reposer son rouleau ? Car Brian s'empara de son poignet et bien décidé à se jouer de l'adage: La vengeance était un plat qui se mange froid - plutôt chaud d'après son regard perçant. Justin ne s'arrêta pas de rire pour autant, il lutta sans vraiment y mettre tout son cœur. Son torse plaqué contre celui du beau brun, ce sentiment - qu'il essayait d'éradiquer - qui brûlait ses entrailles par son simple rapprochement. Il lui laissa cette revanche, de pouvoir lui colorer le nez le menton et la joue. Son rire enjoué et joueur qui raisonna comme une fête de fin d'été tout autour d'eux, jusqu'à que leurs corps reprennent leurs distances.

Allez aux toilettes...pour me nettoyer la face... Humm...Te connaissant tu as dû dire la même chose à Stan une fois que vous avez terminés.

Les traits de son visage étaient redevenues aussi froid que la peinture qui était répandue au sol: inerte et sans vie. Justin tourna les talons avant de dire quelque chose qu'il pourrait regretter. Une fois dans les toilettes, il s’aspergea le visage d'eau et resta accoudé au lavabo. Il fallait qu'il se reprenne ! L'étudiant se donna des claques pour se booster. Quel image donnait-il ? Lui, qui souhaitait être le plus invisible possible. Il savait pourtant bien que cela finirait mal ce béguin pour Downay. C'était mieux que cela soit maintenant...Il était quelqu'un de fort. Il pouvait le faire. Il le devait.

Justin après quelques minutes sortit des toilettes avec encore un linge pour s'essuyer les contours de son visage mouillée, car il croisa le regard de Brian occupé sur l'un de ses carnets. Jusqu'à là, rien d'inquiétant pour l'étudiant. Il en avait des dizaines et parmi eux, ceux qu'ils montraient pour l'avancement du restaurant. Mais, le carnet dans les mains de Downay était spécial, il le reconnu aussitôt. Ce carnet était comme son journal intime. Des pages et des pages de dessin de Brian: des vues générales, de plein pied, vue subjectif et beaucoup de portraits. Le cœur de Justin se serra alors qu'il continua à s'avancer. Une pointe de sudation excessive se mit à poindre sur son front.

Tu fais quoi avec MON carnet ?

Le jeune blond essaya de se montrer le plus détaché possible, mais sa voix trahissait son angoisse soudaine. Car, Brian n'avait jamais posé pour lui, ces dessins étaient le fruit de son imagination - de son adoration.. Justin se demanda soudainement depuis combien de temps il regardait son carnet ? Et, surtout est-ce qu'il était allé jusqu'au bout. Justin ne l'espérait pas. Les dernières pages portaient par son coup de crayon des choses plus corsées: des paires de fesses, des corps entiers et une anatomie masculine fantasmée du beau Downay. Justin tendit sa main fébrile, décidant de ne pas arracher son carnet des mains du beau brun pour ne pas paraître encore plus gêné qu'il ne l'était.

Donnes-moi ça, Brian. C'est rien. Il n'y a rien d'intéressant...C'est que des bêtises...

C'était vraiment pas sa semaine à ce pauvre Justin, qui n'arrêtait plus de se donner des claques intérieurement devant la découverte de ce ce carnet qu'il n'aurait jamais dû garder sur lui. Un carnet de dessins qu'il aurait dû cacher au plus profond de sa chambre, ces pages blanches où il avait capté la beauté des traits olympien du beau Downay qui occupait son cœur et son esprit. De le voir ainsi feuilleté son jardin secret donna l'envie de lui arracher des mains, mais l'étudiant arriva à garder son calme. Il respira profondément tout en essayant d'amadouer son pauvre cœur qui battait la chamade. Brian le complimentait à sa manière, mais l'étudiant n'écoutait plus que d'une oreille et tentait de sauver les apparences par quelques traits d'humour.

Tu trouves ? Moi, je trouve que le modèle assez fade, mon crayon en a déjà assez.

Bien sûr, maintenant il voulait récupérer l'objet de son trouble, même si le mal était fait. Il n'allait pas insulter l'intelligence de Brian en inventant des mensonges là où ils en avaient pas. Qui dessine un carnet de croquis entier de quelqu'un sans avoir quelques pulsions envers lui ? Il était découvert et feindre l'ignorance ne l'aurait rendu que plus stupide. Et, Justin refusait de l'être, son caractère emporté l'en empêchait. Il serait comme un capitaine lors d'un naufrage, il coulerait avec son navire sans faillir ou sourciller. Fier.

Oui, j'ai du talent, mon professeur de dessin n'arrête pas de me le dire. J'arrive d'après lui à magnifier la beauté là où il n'en a pas une trace.

La main toujours en l'air, il attendait de récupérer son carnet, son cœur affolé, mais son regard toujours aussi assuré. Il offrit un sourire de circonstance pour répondre à celui de Brian. Le connaissant, cela devait lui faire tellement plaisir tout ça, flatter son égo - déjà bien énorme au goût du blondinet. - Qu'il avait succombé lui aussi aux charmes du divin Downay. Qu'il pouvait ou avait un pouvoir sur lui. Justin se mordit violemment l'intérieur de sa bouche, maudissant ce moment.

Il récupéra son carnet et voulut le serrer tout contre lui. Après tout cet objet était comme une extension de lui-même, mais même si Brian lui tournait le dos. Justin se dressa fier comme un paon et alla ranger son carnet dans son sac.

Ah, tu jubiles, hein ? Vas-y profite...Je pense que l'expression " Pas te faire un dessin " est de rigueur ?

Justin offrit son plus beau sourire et se pencha pour ramasser deux pinceaux. Il en apporta un à Brian et lui déposa dans la main. Puis, le jeune étudiant commença enfin à produire le travail qu'il était venu apporter. Il commença à peindre le mur qui n'attendait plus que leurs coups de pinceaux. Son agitation intérieure était toujours aussi vive: il voulait hurler, s'arracher les cheveux, mais il garda son calme. Il commença à peindre comme si de rien n'était, ne voulait apporter aucune satisfaction à cette bataille qu'il venait de perdre. Il se tourna dans le même élan calme vers Brian et continua de sa voix posée, l'odeur de la peinture commençant à l’enivrer.

Au moins, tu n'es pas tombé sur mon autre carnet ou je nous dessinais entrain de revisiter tout le Kamasutra, c'est déjà ça.

Justin se montra lui-même finalement. Son petit cœur amoureux lui donnait toujours l'impression de pouvoir imploser d'une minute à l'autre. Mais, pourquoi nier ce qui avait été découvert ? Il était peut-être temps d'enfin couper le cordon et de se séparer de ce béguin stupide qui ne menait à rien. Alors, qu'il essayait de retrouver son calme tout en peignant à côté de Brian, se répétant sans s'arrêter - comme une formule magique pour chasser un mauvais esprit. - Que tout cela était finalement très positif, car le jeune Meyer ne ressentait plus aucune colère. La libération de la découverte de ses dessins avaient complétement vider son ressentiment pour le beau Downay. Il lui souriait à présent et ajoutait ses allusions comme si de rien n'était. Qu'est-ce qu'il était beau quand il lui souriait aussi, pensa le jeune étudiant avant de monter sur la pointe de ses pieds pour atteindre une zone tout en haut du mur. C'était cela de ne pas avoir mangé assez de soupe.

Il s'arrêta pourtant, dans un geste complétement mimétique, comme son voisin et écouta sa demande de lui faire quelques croquis sur les murs de son restaurant. Justin n'hésita pas à afficher un temps la surprise sur son visage avant d'afficher un plus large sourire, comme une illumination.

C'est marrant que tu me parles de ça maintenant. Justement j'ai commencé à dessiner des trucs pour toi, attends...

Justin posa son pinceau et alla rejoindre son sac à nouveau. Il sortit un nouveau carnet à dessin, celui-ci rouge. Il s'approcha et montra quelques croquis qu'il pensait proposer aujourd'hui à Brian. Les grands esprits se rencontrent, pensa le jeune blond.

Je me suis dit que cela serait plutôt sympa de mettre celui-ci en haut et....attends...Voilà ! Mettre ceux-là qui se répètent dans l'entrée, tu en penses quoi ?

Le jeune blond abandonna son carnet dans les mains de Brian - au moins dans celui-ci, il avait rien de choquant. Que des dessins pour le restaurant: la peinture, le réaménagement et la décoration. Justin comme branché sur une prise électrice, se mit à pointer les murs sur lesquels il voulait peindre ses croquis. Comme d'habitude, quand il s'agissait d'architecture, on ne l'arrêtait plus et surtout pas son enthousiasme.

Je pourrais te faire cela aux pinceaux, plutôt qu'aux pochoirs. Bien sûr, cela prendra vachement plus de temps, mais cela donnerait un super cachet.

Justin souriait et c'était pour lui la chose la plus naturelle du monde. Il parlait de ce qu'il aimait par-dessus tout, ce qu'il voulait consacrer sa vie professionnelle future. Il illuminait la pièce en travaux de cette bonne humeur qui apportait cette chaleur dans chacun de ses gestes et de sa manière de frôler l'épaule de Brian sans le vouloir. L'étudiant n'essayait pas de le séduire ou de l’impressionner. C'était sa manière d'être, même s'il était arrivé en colère et sur la défensive. Il n'avait plus envie de punir le futur restaurateur. Déjà, pouvait-il le faire ? Il n'avait aucun pouvoir sur Brian et pensait qu'il n'en aurait jamais. Peut-on mettre un animal sauvage en cage ?

Justin qui avait laissé son carnet de croquis dans les mains de Downay, avait laissé ses doigts effleurer un peu plus longtemps ceux du trentenaire avec cette bonne humeur qui semblait sur le point d'exploser et colorer tous les murs d'un gigantesque arc-en-ciel. Après tout, il avait une raison pour que son frère Danny l'appelle : Sunshine Un sourire qui répondait à celui de Brian. Voir Brian sourire était quelque de chose de si rare. Cela ne perturba pas l'étudiant qui n'arrêta plus de vanter et de proposer de mettre quelques croquis qu'il avait fait pour le restaurant sur certains murs. Justin les voyait déjà, même si c'était un sacré travail surtout s'il faisait cela au pinceau, mais avec Downay il ne comptait pas. Comment aurait-il pu ?

Tu vas voir cela sera magnifique. Waou, je suis impatient de m'y mettre. Bon, par contre, il faudra que j'aille faire des achats. Il me faudra...

Justin oublia Brian, complétement absorbé dans sa bulle. Il alla rejoindre son sac pour noter tout ce qu'il devrait acheter pour faire ça bien. Il commença à les énumérer dans sa barbe tout en agitant les mains, jusqu'à que Brian s’inquiète du temps que cela mettrait. L'étudiant arqua un sourcil amusé et alla sauter devant le restaurateur tout en posant ses mains sur son torse. Le blondinet avait toujours été tactile avec le meilleur ami de son frère car il savait très bien que Brian détestait ça.

Normalement cela prend deux semaines, mais moi je peux te le faire en une. Maintenant, chaque chose à un prix....

Justin s'amusa avec la chemise du restaurateur avec son immense sourire. Il tira légèrement sur le tissu, tout en s'amusant du bout de langue sur sa lèvre inférieure. Encore une fois, le blondinet n'essayait en rien d'exciter ou d'intéresser le beau brun. Là, il parlait d'argent, faire des choses gratuitement n'était pas dans son état d'esprit. Il pouvait être un resquin surtout quand il s'agissait de parler business.

Un professionnel te demanderait 600 dollars pour ça...Moi, je te fais cela à 400 dollars....Je pourrais te faire moins, mais tu as foutu ta langue dans la bouche de Stan... Deal,alors ?

Justin sentait bien Brian perplexe, mais croyait-il qu'il allait lui faire tout cela gratuitement pour ses jolies yeux ? Même, si de base, il avait accepté de venir travailler à la reconstruction du restaurant pour passer du temps avec le beau brun, c'était aussi pour avoir une rémunération. Le blondinet ne perdait jamais la tête quand il s'agissait d'argent. Il se mit donc à sourire face à la surprise de Brian face à sa demande d'un prix . Bien sûr, il aurait pu parler de tout cela tranquillement dans son coin, mais l'idée de se rapprocher de Brian l'amusait. Il était toujours l'emmerdeur que Downay connaissait. Et, que n'aurait pas fait l'étudiant pour pousser toujours un peu plus le restaurateur.

Oui un prix. Tu crois que je vais te faire cela gratuitement, tout ça car j'aime bien te dessiner ?

Justin se moquait bien de ne pas attirer l'attention du beau brun avec ses jeux de lèvres. Depuis, l'histoire avec Stan - et même si elle était encore fraiche - le blond se persuadait qu'il ne plairait jamais au restaurateur. Après tout, il l'avait eu devant les yeux depuis vingt-trois ans, alors s'il n'avait jamais fait une once d'approche ou de remarque, c'est qu'il le trouvait tout simplement pas à son goût. Mais, alors qu'il pensait garder cela pour lui et simplement parler du prix pour peindre les murs avec ses croquis. La question de Brian le fit lever les yeux aux ciels. Pourquoi se retenir maintenant ? Justin préférait jouer carte sur table. Peut-être que cela lui ferrait du bien de le dire à haute voix ? Peut-être qu'il se sentirait libéré ?

Bien sûr, que cela me gêne. Pas pour Stan, mais toi. Je suis gay. J'apprends que tu joues dans les deux équipes. Tu tapes tout ce qui passe à Great Falls et tu ne m'as jamais regardé que comme le petit frère chiant et agaçant de Danny. Réfléchie. Tu serais pas vexé à ma place ?

Justin nota ses remarques et retira en même temps que les mains de Brian, ses minimes de la chemise du beau brun. Il alla ranger son carnet et reprit son pinceau. Il reprit son travail avec entrain et énergie pas choqué de sa - pseudo - révélation, qui était pour lui facile à comprendre : son annonce de son homosexualité à l’hôpital, sa présence quasi régulière dés que Brian montrait le bout de son nez quelque part et enfin son carnet à dessin découvert aujourd'hui. CQFD !

Oui, chef !

Justin avait encore parlé avec franchise et il ne montrait aucune gêne ou envie de se cacher la tête sous un meuble. Après tout, il pensait que s'il voulait sincèrement tirer un trait sur le beau brun à la réputation de play-boy de Great Falls, il devait dire à haute voix ce qui pour lui était si évident. Voir Brian et Stan ensemble n'avait rien de dérangeant. C'était simplement que Downay n’avait jamais porté une attention à son égard: Un petit regard en coin, une main baladeuse dans ses cheveux ou une main qui aurait effleuré ses côtes par inadvertance avec un regard plein de sous-entendus. Les occasions n'auraient pas manqués. Combien de fois Brian était resté dormir chez Danny ? Combien de fois ils s'étaient croisés le matin devant la salle de bain ? Non, tout ce que Justin avait eu le droit: c'était des répliques cinglantes, des traits d'humours, des hochements d'épaules agacés et des regards si distants.

Cela n'en rendait pas pour autant Justin malheureux. Attention ! Comme il l'avait dit à l’hôpital, il avait rien à changer dans Brian pour lui. Il l'aimait comme il l'était. Il allait simplement devoir à partir d'aujourd'hui l'aimer simplement comme le meilleur ami de son frère. Et, pour cela, il devait faire un travail sur lui, c'était donc pour lui très utile de vider son sac et reprendre le travail par la suite n'avait rien de surprenant.

La journée passa rapidement, après les peintures, Justin s'occupa de peindre dans les couleurs très sobres les meubles qui serviraient à occuper l'espace du restaurant. Ils parlèrent de tout et de rien, l'étudiant se mit même à discuter du vieux jukebox qu'il avait vu dans une brocante pas loin en sortant de la ville et qui irait super bien dans sa salle de jeux. Il rappela aussi qu'il ne reprendrait pas l'entrainement avec deux semaines d'après l'avis du médecin qu'il voyait en douce depuis son accident de la dernière fois. C'était une bonne journée et c'était avec un immense sourire que le blondinet s'occupa de ramasser les bâches pour les ranger dans l'arrière salle. Puis, il se rapprocha de Brian qui nettoyait les pinceaux dans l'évier. Il lui vola des mains, ses doigts effleurant ceux du restaurateur.

Ouai', on a bien bossé...Et, donne moi ça, c'est mon boulot de nettoyer. Tu devais pas rejoindre Danny pour vos courses ?

Justin donna un coup de fessier pour écarter Brian de l'évier et lui tira légèrement la langue. Il était hors de question d'arrêter d'embêter et de chercher le beau brun. C'était son jeu préféré après tout. Tout en terminant le travail bien entamé de Downay, il passa des nouveaux pinceaux sous l'eau tout en réfléchissant à le demande de celui-ci.

Merveileux...Hum ? Cela veut dire que si je dis oui, je peux venir à votre fête ? Déjà, j'ai un plan de secours pour venir quand même donc tu n'arriveras même pas à casser ma bonne humeur avec un refus.

Le blondinet envoya vers Brian l'un de ses clins d’œils malicieux et lança sa jambe en arrière pour frapper les fesses du beau Downay avec le côté de sa chaussure.

Justin aborda le sujet épineux de cette fête qu'organisaient Danny et Brian. Une fête pour laquelle cela faisait de jours, que le blondinet les harcelait pour se faire inviter. On peut dire que le jeune homme était tenace. Il avait presque tout essayé et ne se doutait pas une seule seconde que sa question allait provoquer le moment le plus érotique de sa jeune vie. Sentir Brian se placer derrière lui, frôlant son corps imposant contre le sien si frêle. Un arc électrique frappa son coccyx et remonta langoureusement le long de sa colonne vertébrale. Il lâcha dans sa surprise les pinceaux qui tombèrent au fond de l'évier. Justin arriva à retenir un frémissement en se mordant violemment l'intérieur de la joue. Justin ne bougea plus, ne respira plus. Ses pommettes rouges pivoines.

Je suis pas un enfant...

Justin prononça ses mots fébrilement; la voix si chaude et envoutante de Brian l'ayant complétement en son pouvoir - Il avait encore du chemin à faire pour se débarrer du pouvoir qu'avait Downay sur lui - D'abord, surprit de voir un chiffon être déposé sur sa tête, le blondinet subit de plein fouet le coup de rein qui le fit gémir et s’allonger de tout son torse sur l'évier de façon si lascive. L'étudiant si honteux de ce gémissement qui avait échappé de ses lèvres. Il releva la tête avec hargne. Il suivit Brian passer de l'autre côté du bar avec ses yeux pleins de colère.

Toi et Danny, vous ne voulez pas. Je sais que c'est une fête d'anciens potes. Mais, il y a une chose que vous n'avez pas pensés. Vous avez autorisés vos invités à être accompagnés d'une personne. Et, oui, je me suis renseigné...Et...Scott m'a proposé...

Le blondinet quittant sa position lascive, se releva fiérement. L'étudiant commença à doucement faire le tour tout en caressant de son doigt le meuble. Brian connaissait bien Scott. Ils étaient de la même bande avec Danny dans leurs jeunesses. Scott était comme le double de Brian en terme de play-boy toujours en manque de chair fraiche. Sauf, qu'il était complétement homosexuel et bien plus agressif de ce que Downay pouvait être. Sans compter que Scott avait une aura bien plus sombre et effrayante. Justin en avait peur et il n'avait pas tord, car Scott avait commencé à le regarder étrangement dés ces quatorze-ans. Ce que Danny avait tout de suite remarqué et n'avait donc jamais laissé son petit frère seul. Mais, le jeune Meyer détestait perdre, il devait se rendre à cette fête, c'était son honneur qui était en jeu, alors il était prêt à tout accepter.

Donc, ton non tu peux te le mettre où je pense...Car, je serais là que tu le veuilles ou pas...monsieur le baby-sitter.

Justin termina de faire le tour, se colla à son tour à Brian, face à lui. Il descendit ses deux mains sur la ceinture à son pantalon et tout en le regardant avec son regard si hardent. Il enfonça le chiffon entre la bordure du pantalon et la fin du ventre du beau brun, avec son plus beau sourire victorieux. Ne tremble pas, Justin ! Lâche rien ! Sois fort ! Montre lui qui a le pouvoir ici !!, se répéta en boucle le jeune blondinet dans sa pauvre tête toute en branle.

T’inquiète, je sais très bien quel genre de mec est Scott...Et, ce que je vais devoir lui offrir si je viens avec lui...

Justin se mura dans un silence de cathédrale juste après cela. Que pouvait-il dire de plus ? Scott ne l'invitait pas pour ses beaux yeux. Il voulait coucher avec lui et jusqu'à là rien de plus normal, vous allez me dire ? Deux personnes consentantes qui font l'amour, mais Justin n'aimait pas Scott. Il le dégoutait, mais c'était comme l'avait dit Brian son choix. Il savait aussi qu'il risquerait de mettre son frère en colère, mais encore une fois l'étudiant était bien trop sûr de lui. Il faisait confiance en ses capacités pour se démêler des pires situations. Il trouvera bien quelque chose le jour de la fête...

Justin qui avait plutôt oublié son sourire, le retrouva aussitôt que le doigt de Brian rencontra son front. Il lâcha un " Aie ! " amusé avant d'esquisser ce sourire que le restaurateur lui connaissait. bien. Surprit de lui voir lancer ses clés, il les attrapa au vol et le regarda d'un air interrogatif celui qui était sur le départ. Il rangea les clés et rassura Downay. Il était hors de question qu'il fasse une fête ici ou autre chose. L'image du beau brun avec cette femme en pleine action lui donnait des relents. Il chassa très vite cette image pour rassembler ses affaires et quitter le restaurant. Maintenant, qu'il avait ses clés il pourrait venir peindre quand il le voudrait.

Une fois prêt à partir, ils allèrent rejoindre le 4x4 de Brian et Justin continua de parler de tout et de rien sur le chemin du retour, serrant dans ses mains fébrilement les clés de Brian. C'était une grande marque de confiance qu'il venait de lui offrir, l'air de rien. Justin ne put s'empêcher de soupirer intérieurement tout le long du voyage jusqu'à qu'il le dépose chez lui: " Comment il allait faire pour ne plus être amoureux de lui ? C'était comme demander que le soleil ne se lève pas demain...Impossible en somme..."

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