A chaque fois qu'il se pointait au Live Bar, Colin ne la jouait pas fine. Il était toujours dans l'expectative, jamais sûr de rentrer. il fallait dire que le motard avec accumulée les bagarres dans cette boîte et il s'était fait refoulé deux trois fois pour avoir été remarqué par le videur. Pourtant il disait bien à ses quelques potes de beuverie qu'il risquait fort de finir dans la rue mais ils insistaient toujours pour aller au Live. C'était sans doute la preuve que ce bar était particulièrement prisé.

Enfin à l'intérieur, il pouvait un peu se détendre et boire. C'était sa principale activité avec Garrett et Oliver. De très mauvaises relations, plus âgés que lui, plus paumés aussi, ils n'étaient pas vraiment des gars sur qui on pouvait compter mais de bons piliers de bar.

Quelques verres plus tard, les mecs étaient installés sur une banquette. Garrett laissait trainer ses yeux sur les mouvements de hanches de quelques jeunes filles en train de danser et Oliver se marrait à sa propre blague scabreuse accompagné de Colin. Le motard se leva direction le bar pour refaire le plein mais alors qu'il attendait ses consommations, un gars vraisemblablement bien amoché lui aussi l'accosta.

"Hey, mec, je t'ai déjà vu, t'es le fils Austin!"

Colin se demanda comment on pouvait le "reconnaitre" alors qu'il n'avait rien à voir physiquement avec son père surtout que ce n'était pas son père biologique. Il ne réagit pas mais le gars insista.

"Mais si j'connais ton frère, bon alors, tu l'as baisée la Morgan?"

Entendant le nom d'Andrea, Colin se retourna, le regard noir. Pourquoi venait-on le faire chier avec une vieille histoire pareille?

"En tout cas, si vous en voulez pas moi je l'essaierai bien, y parait qu'elle est tellement chaude que même ses agresseurs elle les a baisé!"

Colin avait bien bu, assez pour être sûr de finir la soirée avec une embrouille, mais là, pas de discours qui tienne. Il leva son poing, prit son élan et avant que le pochtron ne l'ai vu venir, il lui colla une droite qui l'assomma sur le bar. Quelques clients autour s'offusquèrent mais, aucun employé n'étant à proximité et le gars restant à gémir en silence se tenant l'arcade douloureuse d'une main, les faits en restèrent là. Colin rejoint ses potes, sans les verres mais avec la ferme intention de dégager avant qu'on ne le foute dehors, il ne voudrait pas être banni à vie.
Il ne remarqua pas la jeune femme qui s'était installée seule sur la banquette d'à côté et retrouva ses potes en train de chahuter comme des gamins. Colin pensait expliquer ce qu'il venait de faire et dégager dans la foulée, quelque part, sa raison lui disait que ce gars avait peut être des amis. Et il n'avait pas tort. Il ne comprit pas immédiatement la mine étrange de ses potes jusqu'à recevoir un violent coup dans la nuque puis d'entendre la bouteille finir de se briser au sol. En passant sa main sur son épaule, Clin constata qu'il avait des bouts de verre incrustés dans des plaies pleines de sang. Le reste se déroula vraiment très rapidement. Garrett et Oliver foncèrent sur les gars en question, on en tendit quelques cris effarés, et des voix d'hommes donnant des ordres au fond. Colin n'en resta pas là non plus, bien que sonné, il donna encore quelques coups, pas autant qu'il en reçut, avant de finir par s'échouer sur la banquette tandis que les videurs venaient dégager les trouble-fêtes.

Pour une fois que Colin n’avait pas particulièrement dans l’idée de finir la soirée en baston, c’était la baston qui s’était amenée à lui. En même temps, il ne pouvait pas rester là sans rien dire alors qu’un gars qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam cracher comme ça sur Andrea. Sa réaction avait été spontanée et irréfléchie, surtout que Col’ s’était évertué à se convaincre lui-même que c’était de l’histoire ancienne, mais apparemment on n’oublie pas les coups de cœurs comme ça. Le whisky aidait bien quand même.

Pour le coup, Col’ était assez fier de lui, il n’avait pas attiré l’attention de la sécurité, bon, le gars se plaindrait souvent mais c’était quoi ? Une petite baffe. Les clients qui avaient observé la scène s’étaient bien sûr offusqués, mais pas de scandale jusqu’à ce que Colin retrouve ses potes dans l’intention de se barrer. Malheureusement, ceux du gars qu’il avait agressé en avait décidé autrement.

La bagarre continuait entre les gars de la sécurité, les amis de Col’ et les deux autres mecs venus se battre mais l’aîné des Austin était K.O. sur la banquette. Il ne s’était pas retrouvé dans cet état depuis longtemps et il était un peu frustré que ça arrive au début de la scène. Seulement les coups qu’il avait reçu l’avaient vraiment assommé au point que sa tête tournait comme jamais. Il resta sonné un moment tandis que la situation se calmait. On avait mis les fauteurs de trouble dehors et Colin était resté avachis dans la banquette.

Une blondinette s’approcha de lui et lui demanda comment il allait. Colin grogna et fronça les sourcils tout en se relevant légèrement. Son crâne lui faisait affreusement mal.

« Non, non, ça va…. »

Elle avait l’air vraiment concerné mais Colin n’avait pas particulièrement envie qu’on l’aide. Il se releva davantage sentant sa tête tourner.

« Non, je vais rentrer. » dit-il sans même un remerciement pour la jeune femme. Il n’était pas vraiment sûr de pouvoir retrouver son chemin à moto avec la gueule fracassée et des bouts de verre dans le dos…

Colin n’était pas vraiment dans un très bon état. Il sous-estimait ses blessures et voulait ignorer son mal de crâne, mais il avait prit un bien mauvais coup et n’était pas sûr d’être en état de rentrer chez lui. Conduire bourré état une chose, c’en était une autre de conduire sonné. Il refusa pourtant la proposition de la fille, c’était très sympa de sa part, mais en bon macho qu’il était, Colin préférait se débrouiller tout seul.

Le truc c’est qu’il ne se sentait vraiment pas bien, il geint encore en se relevant davantage. Sa nuque le lançait et il sentait du sang couler le long de son cou. Colin toucha le col de sa chemise du bout des doigts e la ressortie tâcher d’un peu de liquide rouge.

« Oh putain… » souffla-t-il alors que la demoiselle revenait à la charge.

Il la regarda droit dans les yeux sans vraiment décrisper son visage.

« Ouais, ouais, c’est pas prudent. » Dit-il alors.

Sa voix était un peu couverte par la musique mais la fille semblait avoir comprit. Il se sentait complètement vide, fatigué. Elle lui proposa de le raccompagner, le truc, c’est qu’il ne pouvait pas rentrer comme ça chez lui, sa mère allait faire une syncope sans parler du fait qu’il devrait se soigner. Colin se releva complètement déchiré par la douleur, tout ses muscles semblaient vouloir le faire souffrir.

« Par contre, je peux pas rentrer chez moi. »

C’était peut être un peu louche de dire ça mais si elle pouvait le déposer ailleurs, chez un pote où chez Olivia, ça lui irait.

C’était peut être parce qu’il réalisait qu’il était vraiment mal en point, mais Colin ne prenait pas la proposition de la jeune femme trop mal. Bien sûr il avait sa fierté et aurait préféré se débrouiller tout seul. Il en avait subit des blessures et des coups qui l’avaient affaiblit mais là, était-ce les bouts de verre ou juste l’emplacement où avaient été porté les coups, une chose était sûre, il ne s’était jamais sentit aussi faiblard. Il essaye de se relever encore, tout tournait autour de lui, il luttait pour ne pas tomber dans les pommes. Colin finit donc par concéder à cette fille qu’il avait peut être besoin de son aide.

Alors qu’elle acceptait de ne pas le raccompagner chez lui, Colin jeta un regard à cette inconnue un peu intrigué.

« J’vais pas vous emmerder… »

Il était maintenant complètement relevé sur la banquette quand elle s’assura qu’il pourrait rejoindre sa voiture sans soucis. Colin prit encore quelques secondes mais il réussit à tenir debout sur ses pattes sans trop avoir le vertige.

« ça devrait aller… » dit-il se permettant cependant de poser sa grande paluche sur l’épaule de cette blondinette pour se soutenir un peu. Elle n’était pas bien grosse aussi fit-il l’effort de trouver un équilibre pour ne pas l’écraser sous son poids.

« C’est sympa. » lança-t-il doucement en guise de remerciement. Colin n’était pas très doué pour exprimer ses sentiments et encore moins sa reconnaissance. Et pourtant, il était plutôt content de tomber sur une fille sympa pour l’aider finalement.

Colin, une fois n’est pas coutume, culpabilisait de devoir ennuyer cette jeune femme alors qu’il était vraiment dans un état pitoyable. Le motard avait été le déclencheur de cette bagarre mais aussi la victime principale. Peut être parce qu’il n’avait pas particulièrement prévu de chercher des noises ce soir là ou bien parce qu’il n’avait pas assez bu pour ignorer la douleur des coups portés. La jeune femme ne sembla pas inquiète et plaisanta même. Colin rit légèrement puis finit dans un grognement de douleur constatant qu’un coup porté aux côtes semblait lui avoir causé un léger traumatisme.

Une fois debout et en route vers la sortie, Colin remerciât à sa façon la petite blonde.

Les mecs qui avaient été mis dehors étaient sans doute partis depuis longtemps, voir embarqués par la police s’ils avaient continué leur bordel dehors. Colin ne s’inquiétait pas vraiment pour Garrett et Oliver, ils avaient l’habitude. Colin se laissa guider jusqu’à la voiture de la jeune femme. Un instant, l’idée qu’il puisse en fait s’agir d’une tueuse en série très expérimentée qui s’attaque à des hommes affaiblis. Bon, tant pis, au pire c’était assez cool comme mort… (a) Il s’installa dans sa voiture et attendit qu’elle se mette au volant. Il jeta un œil à sa moto au bout du parking. Elle ne risquait pas grand-chose ici.

« Colin. » se présenta-t-il rapidement essayant de se concentrer sur autre chose que la douleur qui l’envahissait. Il attacha sa ceinture non sans difficultés. Il sourit alors qu’elle le rassura au cas où il salisse ses sièges.

« Normalement, pas de risque, c’était qu’une petite embrouille, un gars à insulté une copine et j’m’emporte toujours assez vite dans ce genre de cas… » Expliqua-t-il.

Il se disait qu’elle méritait bien quelques explications. Roxanne s’arrêta devant la pharmacie, Colin n’était pas très inquiet, il savait que sa mère ne bossait pas à cette heure-ci. Il évita cependant de montrer son visage pour peux qu’une collègue le reconnaisse et cafte ensuite. Elle revint rapidement et le rythme cardiaque augmenta lorsqu’il comprit qu’elle prenait la direction de St. Oakes Street. Mais elle ne le connaissait pas, elle ne pouvait pas savoir qu’il habitait là. Ils s’arrêtèrent devant la villa appartenant aux James. Il ne connaissait aucun des membres de cette famille mais savait au moins leur nom de famille puisqu’ils étaient quelque peu voisins. Colin se demanda si Roxanne faisait partit de cette famille mais cela l’étonnait un peu, enfin, il était un peu dans les vapes pour réfléchir correctement.

Elle l’aida à descendre et le guida ensuite. Se blessures saignaient encore, pas avec abondance mais assez pour laisser une belle marque sur la chemise de Col’.

« Merci. »

« T’habites ici ? » demanda-t-il finalement étonné de ne jamais l’avoir croisée dans la rue. Quoiqu’il n’ait pas un grand sens physionomiste et puis sa question était un peu con.

Colin rassura son ange gardien au moment de monter dans sa voiture. Ce n’était qu’une banale embrouille dont il avait l’habitude, il avait juste mal encaissés les coups cette fois-ci mais il n’y avait pas de quoi passer les trente prochains jours à longer les murs. C’était un peu comme ça par ici, le gars qui avait insulté Andy n’était sans doute même pas un habitant de Great Falls, juste une travailleur agricole du coin ou peut être un garçon vacher qu’en savait-il. Tout se savait et parfois certains, un peu alcoolisés, en profitaient pour proférer des insanités. Andrea avait beau être ce qu’elle était, Colin avait beau avoir été déçu par sn message, il n’avait pas pu laisser dire ce genre d’obscénités sur elle.

Colin sourit malgré lui écoutant la réflexion à voix basse de Roxanne. Il ne releva pas.
Après un arrêt à la pharmacie, ils se retrouvèrent devant une belle maison de St Oakes. La question que posa Colin méritait bien une réponse comme celle que donna la blonde. Il la regarda un sourire en coin ne croyant pas une seule parole de celle-ci. Elle lui faisait un peu penser à Olivia (a).

« T’es pas d’ici, ça s’entend à ton accent. » remarqua Colin.

Il la tutoyait avec facilité sans même vraiment s’en rendre compte. Colin la suivit dans l’allée et ne s’inquiéta pas lorsqu’elle lui annonça que sa chambre était à l’étage.

« ça devrait aller. » dit-il lui emboîtant le pas.

« Non ça va, c’est pas grave, c’est sympa l’accent, il parait que j’ai un accent de Texan. » lança Colin ne sachant pas vraiment pourquoi. Sa réflexion était un peu inutile, c’était sans doute les contusions qui devaient lui tourner la tête, ou une vieille réminiscence de son passé inconnu alors. Il se contenta finalement de suivre la jeune femme qui l’accueillait chez elle ou presque alors qu’elle ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam et qu’il sortait tout juste d’une bagarre qu’il avait tout simplement déclenchée. Non vraiment, Colin devrait peut être se poser des questions parfois.

L’intérieur sombre de la maison lui rappelait la sienne, une ville chiquement décorée, peut être un peu plus pompeuse que la maison Austin. Il ne prit pas vraiment la peine d’étudier le design intérieur et suivit de prés Roxanne s’appuyant par intermittence sur ses frêles épaules dés que la tête lui tournait.

Une fois en haut, elle le mena à ce qui était vraisemblablement sa chambre et lui demanda de s’installer. Encore incommodé par la douleur, Colin s’exécuta et s’assit sur le lit. Il resta un instant dans le silence, seul. Sa nuque était raide et son épaule lui brulait sans pareil, la tache de sang était encore plus large et sa chemise toute déchirée par endroit. Pas bien beau à voir, Andrea l’avait encore foutu dans une sacré merde pensa-t-il par mauvaise foi. Elle n’y était pour rien la pauvre, mais Colin se complaisait à trouver une nouvelle excuse pour ses dérapages, ignorant alors pour une fois la séparation récente de Ben et Holly.

Lorsque Roxanne réapparut dans la pièce, Colin lui adressa un gentil sourire.

« C’est vraiment sympa de m’aider, je sais pas comment je pourrais te remercier. »

On avait fait la remarque plusieurs fois à Colin sur son accent de Texan, lui n’avait jamais vraiment fait attention, il ne s’agissait peut être que d’une sorte d’anomalie sans importance. Il avait grandit dans le Wisconsin de toute manière, il ne pouvait avoir l’accent que du Wisconsin. Bien sûr, ce serait mentir s’il n’avouait pas avoir songé que cette particularité qu’on lui remarquait venait peut être de ses origines, de ses vrais parents, mais c’était invraisemblable, l’accent n’était pas génétique…

Souffrant encore de ses blessures infligées par le verre, Colin répondit avec douleur au sourire de Roxanne.

Dans la chambre de son hôtesse, Colin s’attarda sur la décoration durant son absence cherchant à oublier qu’il avait mal. Il fut finalement soulagé de la voir revenir et la remerciât encore. Il exprimait peut être mal sa gratitude, mais Col’ était plutôt heureux de se savoir bientôt soigné, son père médecin et sa mère pharmacienne auraient sans doute été très bons aussi dans le rôle, mais vu les derniers évènements, il préférait rester discret.

Roxanne n’accepta qu’à peine ces remerciements mais au moins le fit sourire un peu plus. La tâche de sang avait bien imbibé la chemise du motard et il était tant qu’elle s’occupe de lui. Elle lui demanda d’ailleurs d’enlever sa chemise. Pas vraiment d’humeur aux blagues grivoises, Col’ s’exécuta avec difficulté sentant les déchirures s’étirer puis tourna son épaule écorchées vers Roxanne.

« Alors, pas trop inquiétant ? » demanda-t-il légèrement replié sur lui-même.

Colin avait eut de la chance de tomber sur Roxanne, une jeune femme très agréable qui lui avait proposé de le soigner après cette bagarre. Il fallait dire que le motard ne s’imaginait pas vraiment rentrer chez lui dans un tel état, et elle avait bien raison, il devait être soigné rapidement. Alors que Roxanne lui demanda d’enlever son haut, il s’exécuta, un peu amusé mais la douleur le rappela à l’ordre et lui fit décrire une grimace sur le visage. Colin ne tarda pas à demander l’ampleur des dégâts à la jeune femme qui s’était automatiquement placée derrière lui.

Rien de bien rassurant puisqu’elle lui donna un oreiller à mordre, Col’ le prit mais le posa devant lui sans trop s’inquiéter, pas question de mettre en doute sa résistance à la douleur. La bouteille de whiskey sous le lit de la demoiselle l’interressait tout de suite nettement plus. Il la prit entre ses mains et l’ouvrit machinalement.

« Tu planques du whisky sous ton lit ? T’es quel genre de fille en fait ? » demanda-t-il le sourire aux lèvres avant de s’enfiler deux gorgée du liquide ambré.

Puis, dés l’instant où Roxanne toucha la blessure, Colin sursauta.

«Aïe… »

Il serra les dents et attendit qu’elle fasse une pause pour demander :

« Tu fais quoi ici ? »

Ce n’était pas vraiment son genre de lancer la conversation, mais il avait bien besoin de distraction, il se permit même de boire une gorgée d’alcool supplémentaire.

La petite Roxanne avait du répondant, et elle plaisait de plus en plus à Colin qui l’avait vu sortir une bouteille de whisky de sous son lit. Il pensait être le seul être dans le coin à planquer de l’alcool dans sa chambre en cas de déprime. Il lui avait donc posé la question innocemment, sans bien sûr oublier d’entamer cette pauvre bouteille. Il semblait qu’il n’était pas le seule à avoir besoin d’un petit remontant pour mieux supporter le quotidien, quoi que Roxanne n’avait pas non plus la tête d’une alcoolique. Sa réponse fit sourire Colin qui jeta un œil par-dessus son épaule.

« J’aurais pensé trouver autre chose sous le lit de ce genre de filles là. »

Il plaisantait grassement mais se permettait tout de même cette réflexion sans vraiment chercher à faire peur à celle qui voulait bien le soigner. Elle commença d’ailleurs l’opération, non sans effleurer un peu la douleur qui s’endormait sur les plaies. A la remarque de Col’, elle s’excusa et celui-ci se permit de boire deux nouvelles gorgée d’alcool pour toute réponse. Elle fit enfin une pause pour laisser souffler le motard qui serrait les dents.

« Tu veux rentrer en France ? Je suppose que t’as du boulot à poursuivre là-bas. » Demanda-t-il cherchant à nourrir la conversation pour éviter de penser au picotement qui suivirent. Il serra les dents de nouveau, cherchant à garder sa dignité d’homme viril.

Le courant passait bien entre Roxanne et Colin, ce dernier ne s’en serait pas douté. Il avait du mal à s’ouvrir à de nouvelle personnes, pas par timidité, juste par orgueil. Ours qu’il était Colin considérait souvent qu’il n’avait pas besoin des autres.
Il plaisanta avec son infirmière personnelle sur le contenu du dessous du lit de la belle.

« J’préfère rien dire, j’ai peur de te choquer ! »

Il se mit à rire ce qui n’était pas plus mal puisque la douleur survint ensuite. Il laissa des grincements le tenir calme tout en interrogeant Roxanne sur ses idées d’avenir. Elle lui avoua ne rien avoir qui l’attendait en France ce qui surprit un peu Colin, il se demandait ce qu’elle venait faire là pour de bon.

« Je sais pas moi, un garçon peut être. »

En disant cela, Col’ ne pensait pas du tout à lui, juste à l’idée générale. La blondinette était trè mignonne, mais sans plus. Il la laissa terminer son pansement, soulagé de ne plus avoir à subir les assauts de douleur puis se tourna de nouveau vers elle.

« Merci, c’est vraiment cool de ta part. »

Il remit sa chemise un peu tâché et trouée puis se tourna vers Roxanne.

« Donc pas de boulot ? Des études ? »

Colin s’était finalement rapidement sentit bien avec Roxanne. Cette petite française avait du chien et une bouteille de whiskey sous son lit, de quoi lui plaire. Il plaisanta d’ailleurs sur se sujet, se retenant niveau blague salace puisqu’il n’était pas vraiment en compagnie d’un de ses potes. Elle menaça de le torturer avec un petit ciseau à gaz, aussitôt Colin se mit à rire.

« Hola, j’ai peur !! » prononça-t-il pas vraiment convaincant.

Elle finit par terminer de le soigner, ce qui était une torture en soi même si elle mettait toute son attention à ne pas lui faire mal. Voilà, pas crédible en tant que bourreau cette petite.
Une fois la séance rafistolage terminée, était-ce l’alcool ou la sympathie de la jeune femme, toujours étant que Colin s’enquit d’en savoir plus sur elle. Il supposa même qu’elle ne repartirait pas de Great Falls si elle tombait amoureuse. Rien à voir avec de la drague. Il l’interrogea ensuite sur son travail ou études.

« Assistante sociale ? » répéta-t-il d’un ton neutre.

Heureux hasard. Enfant, Colin avait beaucoup eu à faire à ce corps de métier. Adopté à 2 ans par les Austin, il n’avait que peu de souvenirs de cette période, mais il avait croisé le chemin de plusieurs assistants sociaux et éducateurs notamment à l’adolescence. Pour diverses raisons, parfois de la paperasse, parfois de la psychologie. L’état vérifiait qu’on ne l’avait pas casé dans une famille affreuse et comme toujours, les Austin étaient merveilleux en façade, rien à redire.

Un silence s’installa quelques secondes avant que ce ne soit la curiosité de Roxanne qui parle. Elle lui demanda pourquoi il ne voulait pas rentrer chez lui. Colin détourna le regard un instant, plongeant dans ses pensées. Il était à la base partit pour une longue soirée d’alcool et de débauche et ça s’était terminé 20 minutes plus tard autour d’un peu de gaze et de désinfectant chez une parfaite inconnue. Tout ça pourquoi ? Pour échapper à l’ambiance pesante des murs chargés de souvenirs dans sa maison d’enfance.
La plaisanterie de la française le fit rire, détendant ainsi son visage crispé.

« Non, non. C’est juste… »

Il marqua un temps d’arrêt, se confier, c’était pas son truc, parler déjà, c’était un grand pas en avant. Mais peut être était-ce parce qu’elle était assistance sociale, ou juste française ou bien tout simplement sympa. Il releva le regard et se permit de prendre une gorgée de whisky.

« … mes parents viennent de se séparer alors, c’est bizarre à la maison. J’ai l’impression d’avoir à nouveau 15 ans, c’est chiant. »