Rien n’est immuable. Le temps passe, la vie continue. A l’annonce du divorce de ses parents, Samuel Austin avait réagi comme un adolescent en colère, ou en pleine crise. Malgré ses vingt-six ans, c’est exactement ce qu’il est. Un gamin pourri gâté, qui a tout, sauf ce qu’il voudrait. On peut l’expliquer par le fait que les valeurs matérielles n’ont jamais remplacé l’amour et l’affection d’une famille unie, et il s’en est toujours senti exclu. Ou alors, c’est juste dans son caractère. Enfin, ce n’est pas si important. Depuis que Ben ne vit plus à la demeure Austin, le climat s’est un peu calmé. En fait, ça a eu un effet positif sur la relation du musicien avec son grand frère adopté… Ils ne sont pas devenus les meilleurs amis du monde, mais il y a du mieux. Il y a également du mieux sur l’argent de poche. Plus besoin de demander, accès quasi illimité. L’argent règle toujours tout dans une famille comme la leur. En fait, ça a toujours été la seule chose qui compte puisque cette image de famille parfaite qu’ils renvoyaient était on-ne-peut-plus fausse.

Au moins, maintenant, plus de faux semblant. Après sa douche, Samuel étudie son look avec soin. S’il ne parle pas chiffons pendant des heures, il n’empêche que les apparences sont extrêmement importante pour lui et que s’il aborde un petit air négligé avec une barbe de trois jours, tout est étudié. Pas étonnant que ce ne soit pas son esprit ou son humour qu’on remarque au premier abord. Enfin, ce n’est pas comme s’il cherchait l’amour. Ses histoires n’ont jamais fonctionné. Et ses parents sont un exemple que le mariage n’est qu’une connerie. Quoi que, d’un autre côté, ça peut aussi donner envie de quelque chose de différents…

En rentrant au Tom’s, il ne remarque pas tout de suite une présence connue, ce n’est que quand il croit entendre quelqu’un lui parler et qu’il se tourne qu’il la voit enfin. Tara Kudrow.

— Hé. Salut. »

Souffle-t-il, esquissant un sourire. Tous les deux ne se sont pas vu depuis un certain temps. En fait, la dernière fois, il pensait la retrouver sur une terrasse au bord du lac, passer un moment avec elle pour finalement se retrouver en tête à tête avec Andrea Morgan. Evidemment, sur le coup, le musicien l’a plutôt mal vécu. Mais de l’eau a coulé sous les ponts. Il l’a de moins en moins dans la peau, il va simplement de l’avant.

— T’es toute seule ? »

Il jette un regard au alentour, sans voir qui que ce soit de « possessif » envers elle. Alors, il préfère demander. Et puis, sa question n’est pas tout à fait vide de sens. Il y a, en effet, fort à parier qu’il préfère tracer au cas où sa meilleure amie est dans les parages. Une question de bon sens (a) Et puis, ça l'étonnerait, elle ne lui a jamais semblé être le genre à sortir toute seule, ou bien ?

Sortir, c’est le rayon de Sam. Pas forcément pour faire la fête, mais aussi, juste pour penser à autre chose. A son âge, c’est triste d’en arriver là. Mais il ne semble parfois pas y avoir de solutions, surtout quand on a toujours tout obtenu pratiquement, sur un plateau d’argent. Ce soir est prévu pour être exactement comme tous les autres. C’est la fin de semaine, il y a du monde, il va forcément faire des rencontres, tomber sur des têtes connues et, il verra bien pour la suite. C’est un des avantages de Great Falls. Il n’y a aucune chance de tomber uniquement sur des inconnus. C’est une petite ville, un peu plus réputée depuis qu’il y a le Live, mais qui reste modeste dans ses fréquentations. Enfin, c’est en tout cas comme ça que le blondinet voit les choses.

La surprise est bel et bien là, même s’il ne le montre pas tant, quand son attention est attirée par une jolie blonde. Tara. Sa première réaction est de l’interroger, savoir si elle ne se trouve pas en compagnie de quelqu’un qu’il n’aurait pas envie de voir. Depuis ce « rendez-vous » au lac, il n’a pas non plus eu le loisir de revoir Andrea, et c’est franchement mieux ainsi. La distance lui permet de relativiser, de se la sortir de la tête. Surtout qu’elle a trouvé chaussure à son pied, alors cette obsession est complètement hors de propos !

— Je parie que les pourboires ça a bien marcher… »

Un sourire narquois éclaire ses lèvres. C’est une manière comme une autre de lui demander si ça s’est bien passé. Tout comme il a conscience que lui, en tout cas, a tendance à laisser de l’argent aux jolies filles. Beaucoup plus facilement qu’aux moches ou qu’aux mecs x) Il ne réaliste pas immédiatement qu’elle faisait autre chose auparavant. Puis, ça lui revient, la bagarre, sa petite cicatrice sur le ventre, et les points de sutures. C’est pour ça que ça lui semble aussi étrange ~

— Bah écoute… Plutôt bien et toi ? Tu restes dans le coin ? »

Lui répond-il, faisant soin d’évincer de ses pensées tout ce qui peut aller de travers dans sa petite vie bien rangée. Il n’est pas du genre à se lamenter, et puis, les petits déboires familiaux ne regardent personne. Il est là pour s’éloigner, comme d’habitude, faire autre chose.

Maintenant qu’il se retrouve en face d’elle, Samuel se rappelle certains souvenirs plutôt agréables d’une précédente soirée. Enfin… agréable. Oui, ça l’était, il avait bien ri à ses dépends et parce qu’elle était un peu à l’ouest. Sa jalousie avait été piquée à vif aussi. Mais, ça, ça ne fait pas partie des choses qu’il est prêt à admettre. Surtout que ça n’a pas lieu d’être puisqu’elle avait trop bu. Ils ont d’ailleurs fini par passer la nuit ensemble. Pas de la manière dont on pourrait l’entendre en parlant de Sam, mais en tout bien tout honneur. Une anomalie en soi.

– Infirmière ça reste plus sexy comme job (a) »

Son air se fait un peu absent, songeur, avec un léger sourire au coin des lèvres. Il ne fait peut-être pas la distinction entre assistante médicale et infirmière, mais il l’imagine tout à fait dans une petite tenue affriolante. Vu les tendances que prennent les déguisements d’halloween, il a un infime espoir d’y avoir droit, même brièvement et même si ça ne lui est pas destiné. Enfin, quoi que… Même si elle est plutôt bien faite, Tara n’a pas l’air d’être le genre de fille à se laisser à de telles extravagances. En revanche, c’est tout à fait le genre d’Andy… Encore un sujet un peu sensible.

Il se souvient également du passage au cabiner du dr. Myers et du fait que c’est Tara qui s’était occupée de sa blessure causée par une bagarre de bar. C’est à se demander qu’est-ce qu’elle fait au Tom’s. Si, elle travaille, mais tout ça n’est pas très clair.

— Rassure-moi, Andrea est pas cachée quelque part ?

Sinon, ouais. me faire entretenir par une jolie fille. J’aime bien l’idée XD »

Un sourire éclaire ses lèvres. Il ne fait que plaisanter concernant le premier point ~

Le garçon est quelqu’un de buté, mais aussi de cavalier. Andrea n’aurait pas dû avoir de mal à croire que c’était lui le « coupable » dans l’histoire Tara/Samuel, que c’était lui qui lui avait fait explicitement des avances. Mais soit. On ne revient pas en arrière. Et puis, Sam ne voudrait rien changer. Il préfère connaître la vérité plutôt que de continuer d’être le dindon de la farce. Cette histoire commence doucement mais surement à dater, mais l’amertume refait surface de temps à autre. Cela dit, aucune raison d’en ressentir à l’égard de la jolie blonde aux cheveux bouclés. Elle n’y est pour rien.

Il hausse les épaules comme si tout cela lui était profondément égal :

— Bah tout s’est arrangé. Elle a plutôt l’air bien avec son flic. »

Décèlerait-on une pointe de jalousie chez Samuel ? C’est fort probable. Ou disons non, pas tout à fait, pas de la jalousie mais plutôt… Un sentiment indescriptible qui fait que ça l’agace plus qu’autre chose de la savoir dans le genre d’histoire qui se termine par « and they lived happily ever after ». Enfin peu importe, Andrea est la dernière personne sur terre de qui il a envie de parler. Si elle pouvait partir à l’autre bout de la planète, il serait plus soulagé qu’autre chose. En fait, ça donnerait l’impulsion nécessaire pour qu’elle disparaisse complètement et de manière définitive de sa vie. Enfin bon. On ne va pas faire la fine bouche. C’est un homme, un vrai, il ne ressent pas la moindre émotion. Ou, en tout cas, ne se laisse pas guider par celles-ci. Sauf quand il s’agit de musique. Mais là, c’est un monde à part.

Si Tara ne répond pas à la première question, le blondinet espère vraiment qu’elle ne va pas surgir de nulle part et s’incruster, ou évincer l’assistante médicale. Enfin, logiquement, elle a eu son compte la dernière fois, il lui a sorti un joli petit numéro. Quoi que, on ne peut pas dire que ce dernier ait été très crédible, elle a probablement déjà découvert le pot aux roses, ou ça ne saurait tarder. Bah, peu importe. Il avisera.

— C’est pas faux…

Rassure-moi, tu prends des rendez-vous en privé, chez toi ? Genre si j’ai besoin de me faire recoudre (a) »

Cela dit, il ne serait surement pas non plus contre l’idée de se retrouver chez elle pour d’autres raisons. Quoi que, si elle vit dans un coin craignos, autant la ramener chez lui, parce que même si la famille Austin n’est pas très unie, ni très heureuse, ils ont une maison qui vaut le détour ~

Sam, quant à lui, opte pour une bière tout simplement. Commençons tranquille.

Happily ever after. Samuel se remémore sa dernière « rencontre » avec Andrea. Elle avait semblé particulièrement enthousiaste à l’idée de faire une sortie à quatre un jour, voire même à six avec Colin et une autre idiote qu’il fréquentait vraisemblablement à ce moment. Du grand n’importe quoi. Peu à peu, il devrait lâcher prise, arrêter de se prendre la tête pour cette fille qui, de toute façon n’a fait que se servir de lui. Il a beau crié haut et fort que c’est le cas, qu’il se moque complètement d’elle. La réalité, au plus profond de lui-même est légèrement différente. Ça laisse forcément des traces d’avoir passé tant de temps comme… « meilleur ami »

— Cool. »

Ajoute Samuel, hochant légèrement la tête, un peu pour clore cette discussion parce qu’il ne veut pas entendre les derniers petits potins à son sujet. Andrea ne fait plus partie du paysage. Un peu pris dans ses pensées, le musicien ne comprend pas immédiatement où Tara veut en venir.

— Ma petite amie ? »

Répète Samuel, incrédule. Sa question est très claire, mais il met une poignée de seconde à se remettre dans l’histoire et reprendre en main ce mensonge. Il répond d’un vague oui de la tête.

— Ouais… Qu’est-ce qu’elle t’a raconté, au fait ? »

Un léger sourire relève le coin de ses lèvres, il risque de payer cher la propagation de ce « bruit », Jordan n’apprécierait probablement pas, la connaissant. Mais il a envie de savoir où elle se trouve vis-à-vis de ça. Peut-être qu’elle n’y est pas complètement indifférente. Il y trouverait une certaine satisfaction ~

— Y a pas de plaisir à être trop sage. »

Rétorque Samuel, parce qu’il y pense – même s’il y a clairement d’autres manières de profiter de la vie que de s’embarquer dans des bagarres entre mecs bourrés en fin de soirée – mais aussi comme pour inciter Tara à se lâcher. On ne peut pas dire qu’il la connaît beaucoup, mais il sait qu’elle est plutôt timide dans son genre, mise à part quand elle se soule. Il repense à leur soirée soudainement. Le blondinet garde un sourire aux lèvres, il n’arrête pas de la regarder (a)

Jordan serait probablement furieuse. Samuel finit par penser à elle, une sacrée fille, qui ne manquerait pas de lui coller sa main dans la figure si elle était là. C’est complètement dingue que cette histoire continue à être alimentée de cette façon. Andrea y croit encore et elle la fait suivre. Ça risque de prendre des proportions immenses, et ça risque, surtout de lui retomber dessus quand la vérité éclatera. A moins qu’ils en viennent à dire qu’ils se sont séparés. Ce genre de jeu, de mensonges, ce n’est clairement pas le truc de Sam. Il n’est pas un grand manipulateur, contrairement à la brune pour qui il craquait il y a quelques temps.

— Ouais. »

Se contente-t-il de dire, très vaguement, portant son verre à ses lèvres. Il n’a clairement pas envie de s’étaler sur le sujet. Ça l’a beaucoup amusé, sur le coup, de lui faire comprendre qu’elle n’avait plus d’importance, qu’il ne la voulait plus dans sa vie ! Un pari réussi. Heureusement que tout le monde n’y croit pas, il ne tient pas particulièrement à passer pour le salop. Parce que même si c’est un dragueur, ça ne fait pas de lui le genre de gars à tromper ses copines – quoi que, il n’a jamais non plus eu de relations de très longues durées…

— C’est pas « peut-être », j’ai raison, c’est tout XD »

Répond le garçon en riant lorsque Tara semble encore incertaine quand à sa remarque. Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. C’est une maxime connue et c’est son credo. Sauf que lui, il n’est pas exactement un exemple, il a tendance à abuser.

— Attends, c’était quand la dernière fois que tu t’es lâchée et que tu t’es fait plaisir ? »

Le regard qu’il lui lance, son sourire explique très bien ce dont il est en train de parler. Si ça se trouve, c’est là qu’elle lui avoue être vierge ? Non, quand même ! Elle est peut-être timide, mais pas à ce point, right ? Ce serait quand même grave, à son sens (a) Quoi que, il se sent peut-être d’humeur suffisamment généreuse pour abréger son attente. Un peu plus et il se verrait comme une sorte de sauveur. Si on exclut le fait que Samuel n’a rien d’un prince charmant, encore moins vu la façon dont il parle x)

Être en couple, c’est quelque chose que Samuel n’a pas expérimenté depuis des lustres et pourtant, il ne souhaite pas avouer la vérité à Tara. Il n’a pas envie que ça parvienne à Andrea, il préfère retarder cette chute le plus possible

— Piètre excuse. »

Répond Samuel dans un sourire lorsqu’elle lui dit que c’est dans sa nature. Bon, c’est surement vrai, mais ce n’est pas parce qu’on est réservé qu’on ne sait pas s’amuser. Elle le fait peut-être différemment que lui. Tout le monde ne trouve pas son compte dans l’idée de sortir et de se souler régulièrement. Ce qui est on-ne-peut-plus compréhensible. En tout cas, à son sens, c’est une mauvaise excuse pour expliquer le fait qu’elle ne sorte pas (a)

La question qu’il lui pose ensuite est très indiscrète. Et dire qu’il essaie d’être délicat pour une fois ! Tara ne se rend pas compte de la chance qu’elle a de ne pas le voir faire dans la « vulgarité », ou plutôt d’une franchise parfois un peu gênante selon les mots plus ou moins crus que l’on peut utiliser. Alors, il fait des efforts et le résultat est qu’elle ne voit pas du tout où il veut en venir ! A moins qu’elle joue les innocentes ? (a) Non. Enfin d’un côté, pour avoir fréquenté Andrea si longtemps, ce ne serait pas étonnant qu’elle soi elle-même une grande manipulatrice et qu’elle joue sur son image de « fille sage ». Mais il n’y croit pas vraiment. Non, la blonde a réellement l’air de l’être. Les apparences peuvent toujours être trompeuses, mais il y croit.

— C’est quand la dernière fois que tu t’es envoyée en l’air ? »

Parfois, Tara semble un peu coincée, voire tout le temps, alors ça ne lui ferait surement pas de mal de se « lâcher » (a) Il est clair que ça ne le regarde absolument pas, mais il n’a pas la moindre limite. Il prend soudainement un air grave. Il la regarde avec beaucoup de sérieux :

— Me dis pas que t’es vierge ? XD »

Non, vraiment, ce serait le summum ! Ce n’est quand même pas possible. Personne ici bas ne passerait à côté des plaisirs de la chair ? A part… Il y a bien une fille, qu’il connaît, mais ce n’est pas pareil, elle est complètement hors catégorie. Samuel rigole, il serait tout à fait pour faire une bonne action, tiens. Pas forcément pour de bonnes raisons, mais bon (a)

La vérité sortira tôt ou tard, mais pas ce soir. Et ce, même si ce n’est pas forcément confortable pour lui de mentir, de se prétendre dans une relation de couple plan plan qui ne lui conviendrait certainement pas. Il envisage rapidement une solution temporaire, celle de changer radicalement de sujet, espérant que ça suffira à détourner son attention et à ce qu’elle ne le remette pas sur le tapis.

Pour Samuel, c’est important de s’éclater dans la vie. Son point de vue est indéniablement différent de celui de Tara, ne serait-ce que parce qu’ils ont des manières extrêmement différentes de le faire. Elle, elle est plus calme, plus réservée. Tandis que lui est tout à fait du genre à se mettre minable tous les weekends, voir tous les deux jours. Cela dit, ça ne s’arrête pas là. Le garçon se montre curieux sur un sujet qui ne le regarde absolument pas mais qui commence à l’intriguer (a) Il ne peut pas concevoir qu’on puisse dire non aux plaisirs de la chair. Ça fait partie de la vie, le genre de chose gratuite (dans la plupart des cas) et qui font un bien fou autant à l’âme qu’au corps.

La réaction de Tara ne le surprend pas particulièrement, il trouve ça plutôt mignon, son côté timide, ses joues qui rougissent. Ça doit être un peu fatiguant à la longue, mais à petite dose, c’est plutôt amusant. Contrairement à elle, Sam fait toujours preuve de la même assurance.

— C’est déjà rassurant. »

S’esclaffe le garçon lorsqu’elle lui confirme être déjà « passée par là ». La suite n’est cependant pas très encourageante. Il hausse un sourcil, plutôt surpris. Son regard cherche celui de Tara, mais sans grand succès puisque cette dernière regarde sans arrêt ailleurs. Mais il ne doute pas lire dans ses yeux qu’elle est sincère. Et ce n’est pas une mince que de garder son sérieux. En fait, c’est hallucinant à son sens. Quoi que, peut-être pas tant que ça. Partager quelque chose de spécial, ça ne peut être qu’une façon d’enjoliver.

— Ouais pas au premier rendez-vous quoi. »

Avoir des principes, c’est très bien. Il n’empêche que Sam trouve ça un peu ridicule de se mettre ce genre de limite. Et puis il réfléchit une demi-seconde. Ça ne lui prend que rarement plus de temps. On peut dire que le musicien est quelqu’un de spontané. Ou de complètement idiot suivant les points de vue.

— Mais bon… C’est pas la première fois qu’on se voit. »

Un sourire en coin éclaire ses lèvres, il est plutôt fier de ses imbécilités. Et il n’empêche qu’il a raison sur ce point. Ils commencent doucement mais surement à se connaître. Ils ont partagés certains moments. Allez savoir si ce n’est pas une proposition sérieuse (a)

Si Tara semble gênée par le tournant que prend la conversation, de son côté, Samuel, lui, s’amuse comme un gamin de cinq ans (enfin, si on exclut le thème qui est un peu plus « adulte » que ça). Faire l’idiot, c’est son dada. C’est aussi vital que respirer pour quelqu’un comme lui. Il ne peut jamais bien longtemps rester sérieux au risque de voir revenir son tempérament initial au galop. De toute façon, le blondinet n’a ni envie, ni l’intention de changer. Peut-être que ça viendra tout seul, un jour, progressivement, lorsqu’il s’assagira un peu, ou tombera sur la bonne personne. Mais ce n’est pas quelque chose qui le préoccupe, pas du tout.

Son attention est toute focalisée sur son amie qui a l’air de ne plus savoir où se mettre. C’est plutôt amusant d’ailleurs – à son sens en tout cas (a) S’il aime autant la charrier, c’est surement en partie parce que ses joues prennent si vite une couleur vive. Quand on y pense, Tara est complètement à l’opposé d’Andrea. Avec cette dernière, c’était très différent. Mais c’est de l’histoire ancienne également.

— Fais pas ta sainte-nitouche, t’as très bien compris (a) »

La provoque-t-il, buvant une gorgée de sa boisson, l’air de rien. Comme si c’était parfaitement normal de lancer ça, comme ça, spontanément et qu’elle devait y répondre de manière claire. Le désavantage qu’il peut y avoir, pour la blonde, c’est surement de ne pas pouvoir être certaine du fait qu’il se moque gentiment d’elle ou s’il y a du sérieux. Les deux sont certainement possible, selon la tournure que prendront les événements.

— Ça va, j’ai compris que j’te plaisais pas… »

Reprend le jeune homme, mimant un air déçu et un peu blasé. C’est à son tour de baisser misérablement la tête. Voyons voir comment elle va tenter de se « rattraper » ! Il en jubile intérieurement en plus, le salop x)

C’est un peu méchant de jouer à ce genre de jeu avec quelqu’un qui n’est pas aussi spontanée et qui bute sur ses réparties. Mais c’est aussi ça qui rend la situation amusante. Samuel aime beaucoup voir les joues de la nouvelle barmaid rougir, la voir détourner le regard ou simplement ne pas savoir quoi dire. Cela dit, même si on ne peut pas dire qu’il fasse le nécessaire pour la mettre à l’aise – c’est même tout le contraire – ses intentions ne sont pas mauvaises. En fait, il l’aime bien, il l’apprécie plutôt et ce, même si elle est la personne la plus proche d’Andrea et qu’il ne veut plus avoir à faire à cette dernière. Quand on y pense, c’est bizarre qu’ils n’aient pas fait vraiment connaissance plus tôt. Enfin, non, pas d’un autre côté, c’est probablement de Colin dont elles parlaient et probablement lui que la brune aurait immédiatement présentée à son amie. Une légère vague de mélancolie le submerge. Il la chasse rapidement. Le temps est trop précieux pour le gâcher avec des émotions de ce genre.

Il relève la tête, peinant à cacher son sourire, presque victorieux, lorsqu’elle répond du tac au tac que ce n’est pas ça. Donc, il ne lui déplaît pas. Bon, en même temps, ça, c’est plutôt logique. Voire complètement normal ! Qui dirait non à un étalon dans son genre ? Non, vraiment, il ne faut pas être sain d’esprit pour songer ne serait-ce qu’une seconde à repousser ses avances, si avances il y a. Ce qu’on peut retenir, donc, c’est que selon le raisonnement du musicien, l’agent immobilier pour qui il craquait, a un très sérieux problème xD

Comme il ne veut pas la bloquer davantage (a) Samuel la laisse parler et l’écoute bien sagement. Il jubile intérieurement de la voir essayer de se dépêtrer d’une situation qui, pourtant, n’est même pas très délicate. S’il ne s’attendait à rien de plus concrètement, il ne pensait pas qu’elle repenserait à cette histoire de couple. Il faut reconnaître que c’est une jolie pirouette.

— Ah ouais, c’est que ça ? (a) »

Il a totalement envie de croire qu’elle lui sauterait dessus s’il n’avait personne dans sa vie. Ou alors, plutôt, qu’elle penserait à lui silencieusement puisqu’elle ne donne pas l’impression d’être de celle à prendre les devants, en tout cas pas dans ce genre de domaine… Peut-être qu’il devrait lui dire la vérité. Pas dans l’hypothèse de pouvoir la ramener chez lui, juste parce que c’est un mensonge sur lequel il faudra bien lever le voile à un moment ou à un autre ~