Samedi après midi. Le soleil était au rendez vous une fois de plus. Assise sur un banc dans Marshall Street, ses béquilles posées par terre, Alyssa profitait des derniers jours du mois d'Août. Déjà bien bronzée la jeune femme aimait tout de même ressentir les rayons de sol lui brûler la peau. Pour en profiter un maximum elle avait revêtue une petite robe légère ainsi qu'une simple pairs de tongs, laissant son bandage apparaître aux yeux de tous.

Absorbée par un magasine de mode, la jeune femme ne vit pas une petite silhouette s'approcher d'elle. Soudain quelque chose lui frôla les cheveux. Pensant immédiatement à un insecte elle sursauta et commença à se débattre en laissant échapper un cri perçant. En se retournant elle se rendit compte qu'une petite fille, haute comme trois pomme, la regardait en riant aux éclats.

Alyssa ne s'était jamais sentit à l'aise avec les enfants. La jeune femme ne les détestait pas mais elle ne savait pas du tout comment s'y prendre avec eux. Ne sachant pas quoi dire, elle observa la petite fille silencieusement. De nouveau l'enfant s'approcha d'elle et lui caressa sa longue chevelure noire avant de rire de nouveau.

Elle est où ta mère ?, lâcha t'elle finalement comme si elle s'adressait à un enfant plus agé.

La petite fille sourit puis leva le doigts pour montrer une jeune femme qui se dirigeait rapidement vers elles.

La rentrée scolaire approchait à grand pas, et si de nombreux parents commençaient à stresser en pensant aux courses qu’ils devraient faire avant la date fatidique, Mary-Ann ne se sentait pas du tout concernée par cet aspect de sa vie de maman. Zoey ne rentrerait pas à la maternelle cette année encore. Avec Ethan, ils estimaient que leur petite puce avait suffisamment le temps d’être sur les bancs de l’école pour l’inscrire alors qu’elle n’avait pas encore quatre ans. Et puis la vie qu’elle menait entre la ferme et la caserne leur semblait plutôt correcte dans une situation comme là leur, assez sociabilisante, pour attendre encore quelques mois avant de la présenter à la maitresse et aux petits élèves de la classe.

Mary-Ann profitait donc de cette belle journée pour être dehors avec Zoey. Il fallait bien occuper la petite puisqu’il était hors de question pour la jeune femme de laisser sa fille devant la télévision ! Et l’activité du jour était l’entretien des massifs de fleurs qui donnaient sur la rue. Pendant que Mary-Ann arrachait les mauvaises herbes et enlevait les pétales séchés, sa fille s’amusait plutôt à cueillir les géraniums et les pensées pour faire un joli bouquet… Heureusement que là mamie ne tenait pas particulièrement à l’aspect étrange que cette taille donnait à ses parterres.

Concentrée sur sa tâche, la jeune maman jetait toujours un coup d’œil sur la fillette qui s’éloignait un peu pour chercher des pâquerettes sur l’herbe un peu plus loin… jusqu'à ce qu’en relevant les yeux une nouvelle fois, Mary-Ann là vit rire, debout devant une femme assise sur un banc.

Abandonnant là ses outils de jardinage, elle se releva rapidement en enlevant un restant de terre accumulée sur ses genoux, et se précipita pour ramener sa fille près d’elle… et s’excuser pour cette intrusion qui semblait déranger.

- Zoey ! Zoey… Tu sais que c’est interdit de t’éloigner comme ça, s’exclama-t-elle en s’agenouillant pour se mettre au niveau de la petite pour lui rappeler cette règle qu’elle lui inculquait depuis toujours. Excuse-là Alyssa, s’adressa-t-elle ensuite à la demoiselle installée sur le banc et qu’elle avait reconnu comme étant l’une de ses voisines d’un peu plus haut dans la rue. Zoey est un véritable petit démon ! Continua la jeune maman en chatouillant sa fille qui se mit à rire aux éclats.

Mary-Ann n’avait pas revu Alyssa depuis plusieurs années, mais elle gardait un assez bon souvenir visuel de cette voisine pour la reconnaitre au premier regard. Leurs parents se fréquentaient beaucoup à une époque et il n’était pas rare que les filles Smith passent du temps avec celle de Moreira les mercredis après midi ou les soirées de week-end. La différence d’âge et la distance aidant, les deux jeunes femmes s’étaient inexorablement éloignées… sans que ça ne soit quelque chose que regrette amèrement la brunette.

Pourtant, comme devant tout le monde, la jeune maman veut prouver à son ancienne copine de jeux qu’elle est véritablement heureuse dans la vie qu’elle à choisi en gardant Zoey et assez responsable pour l’élever seule. Pour cette raison elle se dépêche de rappeler sa fille à l’ordre avant de la prendre dans ses bras pour un moment de pure complicité.

- Ma mère avait raison à ce que je vois ! C'est ta fille ?

Impossible de ne pas remarquer le ton particulièrement mesquin employé pour aligner ces quelques mots. Sensible à ce genre de réaction, Mary-Ann sentit une petite boule d’agacement se former dans le fond de sa gorge.

- Oui, c’est Zoey ! Pourquoi, tu pensais que ta mère te racontait des histoires ? Annonça-t-elle fièrement, bien décidée à ne pas se laisser faire par cette pimbêche qui se permettait de la juger, sans pour autant montrer que ce genre de réflexions là blessait beaucoup. Devant sa fille, Mary-Ann ne pouvait pas se permettre d’écart de conduite. Elle devait montrer l’exemple ! Rester polie et souriante ! Alors c’est ce qu’elle se força à faire tout en essayant d’être un peu piquante à son tour.

- Avec les biberons, les couches, les premiers pas et les jouets, j’ai été bien occupée, mais ça en valait la peine, commença-t-elle en embrassant sa fille sur la joue. Et toi, tu as fais quoi de ta vie depuis tout ce temps ? Ta mère a dû oublier d’en parler à la mienne, parce que je ne suis au courant de rien du tout…