April était dans sa chambre, en train de ranger la nouvelle paire de chaussures qu’elle s’était achetée. Enfin, ranger est un bien grand mot. Disons qu’elle avait ôté la boîte et qu’elle avait enfilé les deux chaussures, avant de se mettre à marcher dans sa chambre comme si elle défilait sur le catwalk ^^. La sonnerie de la porte en bas ne la distrait pas une seconde, jusqu’à ce que sa mère l’appelle… et appelle également Derek. Fait chier. Elle descendit donc les escaliers, revêtue d’une robe dans un camaïeu de marron avec ses nouveaux escarpins extravagants, bref autant dire que ça ne va pas ensemble, mais vu que Rebecca crie à nouveau, elle n’a pas vraiment le temps de se changer. Une fois en bas – la maison est immense - April découvre ses parents en compagnie d’un policier. Le fils du shérif.

« Rebecca, merci. Je ne savais pas qu’on fêtait mon anniversaire en avance, cette année ! »

Ne put-elle s’empêcher de plaisanter, comme si le policier avait été son cadeau. Le jeune homme expliqua qu’il avait un mandat et qu’il souhaitait interroger April au poste. Pour le coup, la brune se mit à ronchonner, prenant toujours le tout pour une grosse plaisanterie.

« Rho, ils sont plus sympas dans Magic Mike. »

Son père, furieux de son comportement je m’en foutiste, se mit à hausser la voix pour la faire taire.

« Ca suffit maintenant, April ! Arrête de faire l’enfant. Tu suis monsieur jusqu’au commissariat et tu fais ce qu'il te demande! »

« C’est bon Derek, déstres…. »

« April, arrête ça tout de suite, ton père à raison. »

La brune roula les yeux et regarda l’agent :

« Est-ce que j’ai le droit d’aller changer de chaussures ? »

Demanda-t-elle à tout hasard, avant de se faire fusiller du regard par les trois autres personnes présentes.

« C’est bon, c’est bon, je monte en voiture. »

« Bon sang, qu’ai-je fait au ciel pour avoir une fille pareille ? Qu'as-tu encore bien pu faire ?»

Demanda Derek, avant de prendre sa tête entre ses mains. Le pauvre homme quand même, quelle horrible fille il avait ! Elle attendit donc d’être montée dans la voiture du policier, avant de lui dire :

« Mais enfin, monsieur l’agent, je promets ce n’est pas moi qui ai mangé le dernier choco glacé et qui ai laissé la boîte dans le surgélateur. »

Le jeune homme lui expliqua ensuite les charges qui pesaient à son encontre et pour le coup, il réussit où les autres ont échoué : il lui cloua le bec. Elle se tut le long du trajet, posant sa tête contre la vitre, se demandant si elle ferait les gros titres des ragots. Une semaine s’est écoulée depuis la Dare Night et elle allait en payer les conséquences. Une fois au poste, elle ne répondit à rien de ce qu’on lui demanda et fut donc placée en cellule. C’est la première fois de sa vie qu’elle se retrouvait derrière les barreaux et elle s’en voulait que pour cet évènement unique, elle n’ait pas la tenue adéquate. Si seulement on lui avait laissé changer de chaussures XD.

April accrocha ses mains aux barreaux, et tenta de passer sa tête à travers. Peine perdue. Curieuse comme elle était, elle voulait essayer d’apercevoir qui était la personne qui venait d’entrer au commissariat en se mettant à hurler, mais elle n’y arriva pas, et la femme commença à se calmer. Dire qu’elle n’avait même pas droit à un peu d’animation. Quelques minutes auparavant, la brune a été interrogée et a prétendu ne répondre à aucune question sans la présence de ses avocats. Parce que oui, les gens normaux ont un avocat, mais chez les James, on en a une batterie. Sauf que la batterie est à disposition quand on s’appelle Rebecca, Elena ou Derek. Visiblement, son cher et tendre père n’a pas jugé bon faire déplacer ses chers avocats juste pour sa fille ainée, qui était allée se mettre dans le pétrin toute seule. Cette pensée l’énerva encore plus que le fait d’être en prison.

Elle alla s’asseoir sur l’espèce de petite banquette immonde en évitant de réfléchir à combien de bactéries au centimètre il devait y avoir là-dessus et se demanda si Drew aussi avait été arrêté ou alors si sa famille à lui s’était battue pour lui. Peut-être que la femme qui avait hurlé un peu plus tôt était sa mère adoptive, enfin la dame chez qui il vivait. Ou alors, son avocat l’avait directement sorti de prison. Ou encore il avait tout avoué et avait été relâché. Elle était en train de se torturer le cerveau quand un policier arriva avec son complice. Très égoïstement, ça la rassura un peu de le voir… Surtout qu’il n’avait pas l’air furieux contre elle. Il aurait eu de quoi, parce qu’elle l’a quand même incité à faire pas mal de choses, mais en même temps, elle ne l’a jamais forcé à rien. Donc ça aurait été injuste qu’il lui en veuille. Heureusement, au lieu de ça, il la salua et vint s’asseoir à ses côtés.

« Coucou. »

Elle lui sourit un instant, avant d’ajouter :

« T’sais, j’aurais préféré qu’on se revoit ailleurs. »

Parce que oui, même dans les pires situations, elle ne peut s’empêcher de faire le pitre. Son visage s’assombrit un instant, avant de lui demander :

« Ils t’ont demandé quoi ? Et t’as dit quoi ? Tu crois qu’on va rester ici longtemps ? T’es déjà allé en prison ? »

Tout était sorti d’un coup, la brune assommant l’étudiant de tout ce qui lui passait par la tête…. Et espérant obtenir des réponses pour chacune de ses interrogations.

April n’avait pas du tout inclus dans son programme du jour un petit tour en prison. Si la brune est plutôt adepte des nouvelles expériences, elle se serait clairement bien passée de celle-ci. Ca n’est pas qu’elle est difficile, mais qu’être confinée comme un malfrat alors qu’elle n’a rien fait de pire que la moitié des jeunes de Great Falls, ça l’énerve un peu. Ce qui l’agace aussi, c’est que si ça avait été Elena qui avait eu des soucis, Derek – son père – aurait fait le déplacement, trois avocats différents auraient déjà réussi à la faire sortir de cellule et blablabla. Seulement, elle est April, et elle ne tient des James que leur nom de famille et le teint basané.

Heureusement, si sa famille la laisse tomber, la caissière n’est pas toute seule dans son malheur. En effet, elle connait le garçon qui vient finalement la rejoindre dans la cellule, puisqu’il n’est autre que Drew, son compagnon de la Dare Night. Ensemble, ils ont relevé différents défis dont celui de partir sans payer d’un restaurant. C’est pour ça qu’ils se retrouvent ici aujourd’hui.

La jeune femme tente tout de même de se montrer charmante à son égard, en lui faisant comprendre qu’elle est contente de le voir, mais qu’elle aurait préféré que ça soit dans un autre contexte, ce qui est totalement compréhensible. D’ailleurs, il ne manque pas de confirmer, avant qu’April ne se mette à lui poser toutes les questions qui lui passaient par la tête.

« Oh. »

Souffla-t-elle alors qu’il annonça avoir tout dit.

« J’ai fait ma diva, j’ai dit que je ne dirai rien sans la présence de mon avocat. T’as tout gâché. »

Un clin d’œil accompagna sa dernière réflexion. Bien sur elle plaisantait.

« Mes géniteurs savent déjà où j’suis et tu vois, ils n’ont pas l’air de ruer dans les brancards. J’espère que ton « appel à un ami » sera plus efficace que le mien. »

Elle devrait logiquement être triste de ne pas pouvoir compter sur ses parents, mais ça fait tellement longtemps qu’elle s’en fiche à présent. Elle a l’habitude, et elle a enterré bien loin ses envies d’une famille aimante. Elle la construira avec ses propres enfants, lorsque le jour viendra.

« Pareil. Mais je croyais que ça avait un côté excitant tu vois d’être enfermée ici. Que les policiers me regarderaient comme une vilaine fille qu’il faut punir… »

Elle s’arrêta un instant, avant de reprendre.

« Ok, ok, je m’emballe, pardon. Bref, le fils du shérif avait l’air intéressé par tout sauf moi lorsqu’il m’a conduite ici, quel idiot. Et tu veux savoir le pire ? J’ai des nouvelles chaussures et je me suis fait une cloche. Ca fait mal. » XD

April et les James, c’est toute une histoire. C’est à se demander comment ils peuvent haïr à ce point la chair de leur chair. Heureusement, il y a un de leurs défauts qui sert grandement à leur fille : le qu’en dira-t-on. En effet, si les James n’avaient pas eu si peur de tâcher leur réputation, ils n’auraient pas hésité à foutre leur descendance à la porte. Petite précision : pas toute leur descendance. Non non… Juste April. Elle n’est pas assez ceci et est un peu trop cela que pour leur plaire. Du coup, Elena a tout leur amour et leur préférence.

« Non, t’inquiètes. Ca devrait les faire flipper que de penser que toute la ville saura que je suis ici. »

Elle essaya de se montrer convaincante, mais au fond d’elle-même elle avait tout de même un doute. Et si ? Elle préféra ne pas y penser et se cacha derrière sa belle assurance, préférant parler chaussures que de ses autres problèmes. Parce que oui, il ne faut pas croire, avoir une cloche c’est douloureux et ça l’est tout autant que de porter une paire de chaussures qui ne vont pas avec une robe, quand on a son style (a).

« Clairement ! »

Rajouta-t-elle vivement, après que Drew ait critiqué Aidan Grimes. Un policier se dirigea vers la porte, et elle crut un instant qu’il allait les engueuler pour ce qu’ils venaient de dire, mais finalement non, il se contenta de leur ouvrir et de leur expliquer la suite des opérations. April obtempéra, bien évidemment et suivit les consignes de l’homme en uniforme. Drew, en vrai gentleman, la laissa passer, alors qu’elle boitillait légèrement suite à sa blessure XD.

Elle se dirigea donc vers le combiné téléphonique et composa le numéro de chez ses parents. Elle tomba directement sur son père, qui attendait sans doute son appel. L’humiliation que de l’entendre l’engueuler alors qu’elle n’avait rien fait de mal était heureusement privée. Du moins, elle espérait que Drew n’entendrait rien. Une fois la colère de son paternel passée, elle l’informa du montant de la caution à payer. Il ne rechigna pas, annonçant qu’il allait envoyer… son jardinier ! Dans le genre rien à foutre, bonsoir ! Elle racrocha finalement, avant de lancer un petit sourire à Drew et de faire le V de la victoire. Ce qu’il y a de bien, c’est que ça ne lui fait plus mal, tant elle est habituée. Et heureusement, sinon, elle serait plus bas que terre.

Drew était sorti faire un jogging, quel courage ! Lisa avait choisi de trainer un peu au lit ce jour là. Engloutie par la masse textile toute chaude, elle eut beaucoup de difficulté à mettre un pied hors du lit. Une fois debout néanmoins, elle ne trainassa pas à aller se doucher, s’habiller. Elle n’avait pas grand-chose de prévu pour la journée, attendant patiemment que les cours commencent dans sa nouvelle école. Lisa avait passé beaucoup de bon temps ces vacances, que ce soit avec Drew, Kyle ou avec Lauren et bien d’autres amis. De quoi lui faire oublier un peu ses tracas amoureux, la Dare night en compagnie de Jack Morgan s’était d’ailleurs révélée très sympathique.

Le temps étant au beau fixe, Lisa glissa son téléphone portable dans la poche de sa jupe et prit son paquet de cigarettes, un briquet, un magazine et un mug de lait froid qu’elle apporta dehors. Dexter était à l’exploitation, et Linda à une réunion de quartier pour une soirée de bienfaisance ou un truc comme ça. Lisa s’installa sur la terrasse, profitant des derniers jours d’été, l’hiver approcherait bien vite et il sera alors temps de sortir les doudounes.

En plein milieu d’un article passionnant traitant de la meilleure manière de résister à la tentation du shopping – un article que Linda devrait lire – le portable de Lisa vibra, un appel d’un numéro inconnu. D’habitude elle préférait ne pas répondre à ce genre d’appel, mais il semblait s’agir d’un numéro du coin aussi décrocha-t-elle curieuse.
En entendant la voix de Drew, Lisa se détendit et reprit même le feuilletage du magazine.

« J’ai rien à faire, ça tombe bien, je t’écoute. »

Elle souriait ce qui devait s’entendre au téléphone, en tout cas jusqu’à ce que Drew lui donne une explication. La petite blonde s’arrêta de tourner les pages net et fronça les sourcils avant de partir à rire.

« Ouais, ouais, très drôle ! »

Drew derrière les barreaux, mais bien sûr, elle voudrait bien voir ça. Lisa calma cependant son rire alors que Drew lui affirmait être très sérieux. Il était bel et bien au poste de police de Great Falls et demanda à Lisa de ne rien dire à ses parents. Pour le moins surprise, Lisa le rassura lui disant qu’elle se mettait en route et une fois le téléphone raccroché, elle ne tarda pas à quitter la maison. La route fut courte mais Lisa ne cessait de s’interroger sur cette histoire de prison.

Une fois à l’intérieur du poste, on la guida jusqu’au bureau où se trouvaient Drew, tout penaud et une jeune femme qu’elle avait déjà vu à l’épicerie lui semblait-il. Lisa ne savait pas comment réagir mais naturellement son visage s’illumina et elle refoula une belle envie de fou rire. Son sac à main vacillant sur son épaule, elle se pinça les lèvres, les yeux pétillants.

« Je sais pas quoi dire, j’aurais tellement voulu avoir la parfaite remarque, et crois moi, j’y ai pensé pendant tout le chemin. » dit-elle amusée de la situation sans vraiment prêter d’attention à la fille.

Finalement, April peut enfin sortir de sa cellule. Galamment, Drew la laisse non seulement passer, mais aussi prendre le combiné en premier lieu. Elle compose donc le numéro de sa maison et ne doit pas attendre bien longtemps avant de se faire enguirlander comme une petite fille par son père, de très mauvaise humeur. Ok, elle comprend qu’il soit furieux, mais il n’a même pas écouté sa version des faits, il n’en a juste rien à faire. Ce qui le tracasse, ce sont les racontars. Du coup, il décide quand même de la sortir de là, mais ne se déplacera pas en personne. Il ne fera pas non plus se déplacer maitre Weastler ou maitre Kelly. Non, il enverra Samuel, le jardinier paysagiste.

Après avoir signalé à Drew qu’elle allait être sortie d’affaire, April alla s’asseoir sur une des chaises et regarda le garçon de dos. Du coup, ses yeux descendirent légèrement sur les fesses de l'étudiant, avant qu’elle ne sente un regard sur elle. Un des policiers lui lança un regard désapprobateur.

« Bah quoi ! »

Genre les mecs ne matent jamais les filles. En plus, ici, il n’y a rien de mal. Et quand bien même elle se l’enverait, elle fait ce qu’elle veut de sa vie. Décidément, les flics de Great Falls sont des gros chiants, ou du moins aujourd’hui. Finalement, Drew revint et sa remarque fit penser que pour lui aussi, tout allait rentrer dans l’ordre.

« Lisa – c’est ça ? - va venir te sauver ? »

Elle lui sourit, avant d’ajouter.

« Tu sais, normalement, ce sont les hommes qui doivent voler au secours des femmes en détresse et pas l’inverse ! »

Le taquina-t-elle, alors qu’il continuèrent à parler quelque peu. Finalement, une jolie blonde fit son apparition. Visiblement, Lisa trouvait la situation amusante. On voit bien que ça n’est pas elle qui a des cloches au pied ! April fit tout de même un effort pour ne rien répondre de désagréable, alors qu’elle en avait bien envie, pour ne pas mettre Drew mal à l’aise. Elle se sent un peu coupable de l’avoir entrainé dans tout ça.

« Bonjour, je suis April… et désolée qu’on ait à se rencontrer dans un endroit pareil. Au moins ça restera un souvenir inoubliable. »

Elle haussa les épaules, se permettant à son tour une petite remarque du genre, pour surfer sur la vague lancée par Lisa.

Drew avait téléphoné à Lisa pour qu’elle vienne le chercher à la station de police de Great Falls. Idée un peu saugrenue, quand on y pensait, entre eux deux, c’était Lisa la plus susceptible de finir derrière les barreaux un jour, sans doute à cause de sa fâcheuse tendance à confondre les pédales sur sa voiture d’ailleurs.
En arrivant au poste, la petite blonde avait très envie de rire, peut être que si elle avait trouvé Drew réellement derrière les barreaux, elle n’aurait pas réagit de la même manière.

Elle se rapprocha cependant de Drew pour s’assurer d’un coup d’œil que tout allait bien, enfin, le poste de police de Great Falls, ce n’était pas Guantanamo non plus. Mais il fit mine de se vexer avant de rire soulageant ainsi la conscience de la blonde. Elle sourit aimablement avant de se radoucir.

« Je suis désolée Drew, ça doit pas être marrant d’être trainé ici. »

Elle ne prêta pas vraiment attention à la jeune femme assise à ses côtés jusqu’au moment où celle-ci se présenta. Lisa l’accueillit d’un large sourire comme à son habitude.

« Bonjour April, Lisa, la sœur de Drew, enfin c’est tout comme. » dit-elle jetant un œil à Drew comme à la recherche d’une confirmation.

Lisa se demandait qui pouvait bien être cette fille par rapport à Drew et l’idée qu’elle puisse être une potentielle conquête de son frère de cœur l’irrita légèrement. Qu’il se trouve quelqu’un, vaille, mais pas une fille qui le traîne en prison. Elle resta néanmoins polie et absolument pas rigide sur sa première impression, Lisa savait à quel point celle-ci pouvait être trompeuse.

« Du coup, je peux en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle innocemment.

April serait presque envieuse de la relation que Drew a avec Lisa. C’est dingue, elle, elle a une vraie sœur de sang et pourtant, leur lien est quasi inexistant. Drew a été recueilli par les Desmond et Lisa semble être prête à tout pour l’aider. Elle est aussi sure que l’inverse serait de mise. Est-ce que c’est parce qu’elle est elle-même qu’elle dérange ses proches ? Est-ce qu’elle est une personne détestable pour que ses deux parents et sa sœur la détestent et la rejettent à ce point ? Heureusement, il y a belle lurette qu’elle a arrêté de se poser toutes ces questions. Une fois arrivée à l’adolescence, April a décidé de tout faire pour leur gâcher la vie, comme ils ont gâché son enfance en la faisant se torturer psychologiquement. Aller en prison aurait pu être sur sa liste de choses à faire pour leur casser les pieds, mais pour tout dire, elle ne pensait jamais aller jusque là. Si au moins elle avait été arrêtée par le frère de sa meilleure amie, Logan, il se serait peut-être montré plus agréable que l’autre mini Grimes là.

La caissière ne manqua pas de rappeler à Drew que normalement, c’est à lui de faire l’homme fort et que c’est lui qui devait être le prince charmant volant à la rescousse d’une demoiselle en détresse. Sa réponse fit rire April, qui devait lui reconnaitre qu’il était drôle, même dans les pires situations. Finalement, Lisa arriva et Drew s’adressa directement à la blonde. Ayant tout de même un minimum de politesse, April attendit quelques instants avant de finalement se présenter à sa voisine. Bien qu’elles habitent dans la même rue, elles ne se connaissent que de nom. Lisa doit être à peu près du même âge qu’Elena.

April rendit son sourire à Lisa et hocha la tête lorsqu’elle lui expliqua qui elle était. Drew lui avait en effet grossièrement expliqué qui elle était par rapport à lui. Evidemment, Lisa ne manqua pas de demander comment ils ont fait pour atterrir ici.

« En fait tout est de ma faute… »

Annonça-t-elle, d’un air coupable, espérant que Drew n’ajoute rien.

« J’ai demandé à Drew d’organiser un faux braquage à ma caisse, mais on s’est fait prendre… »

Elle regarda un instant, son « complice », avant d’éclater de rire.

« Je déconne, c’est à cause de la Dare Night, là. On a été trop fort, c’est tout ! »

Lisa ignorait pourquoi elle avait ressentit de l’antipathie au premier contact avec cette fille. Elle ne ressentait jamais d’antipathie pour personne à moins d’avoir une excellente raison, et surtout, elle se laissait toujours un droit de retour sur son premier avis. C’était peut être la plaisanterie qu’elle avait sortie, Lisa avait toujours peur de perdre ses amis qui trouveraient quelqu’un de plus drôle qu’elle, mais elle savait pourtant qu’il faudrait bien plus qu’une bonne blague pour que Drew choisisse un jour de lui tourner le dos.

Après avoir rassuré Drew et s’être présentée, elle demanda quelques explications qu’elle était bien en droit d’avoir non ? April commença un récit plutôt abracadabrantesque, les sourcils froncés, Lisa l’écouta avant de sourire avec gêne après qu’April éclata de rire. Le rire de Drew suivant bien vite, Lisa sourit de plus belle, un peu faussement cherchant à rassembler un peu de bon sens.

De tout temps, Lisa s’était montrée une jeune femme gentille et bienveillante, drôle et toujours partante pour passer du bon temps avec ses amis mais un défaut bien important la faisait parfois agir drôlement. Sa possessivité envers ses amis, ou plutôt l’assurance que tout ce beau monde gravite bien autour d’elle. Rien à voir avec de l’égoïsme, seulement, parfois, Lisa pouvait se sentir un peu mal si elle avait l’impression d’être transparente. C’était exactement ce qui était en train de se jouer là. April et Drew avaient passé un bon moment ensemble, un bon moment dont elle avait été largement écartée par ce rire à l’unisson.

Heureusement, pour eux et pour elle, Lisa avait conscience de ce défaut et aussitôt les premières pensées négatives ayant fait leur apparition, la petite blonde relativisa la situation, Drew pouvait bien avoir d’autres amies non ? Il devait bien y avoir d’autres filles aussi drôle qu’elle voir plus drôle, et justement, cela lui faisait un point commun avec April.

Silencieuse depuis trop longtemps pour qu’on ne devine pas sa légère gêne, Lisa laissa Drew l’appeler Wonder Woman et lui ébouriffer les cheveux tout en souriant de nouveau bien sincèrement. Elle se rapprocha néanmoins du jeune homme jusqu’à se coller à lui et passa une main sur son épaule, le menton relevé, les yeux vers son visage, une légère expression de fausse remontrance sur le visage.

« Ah bah, bravo Clyde ! »

Puis elle se tourna vers April, le regard calme et le sourire aussi large que possible avant de s’adresser à elle indirectement sans être méprisante.

« Est-ce que je dois raccompagner Bonnie aussi ? »

Voilà, maintenant qu’elle était tout près de Drew, Lisa se sentait plus forte. Elle pouvait se montrer plus naturelle envers April qui, intuition féminine oblige, avait sans doute sentit cette pointe jalousie.

Ils ne devaient pas avoir une bien grosse bêtise, et puis de toute manière, qui n’en avait pas fait lors de la Dare Night ? Lisa n’avait pas été inquiétée pour le vol du nain de jardin et pourtant, même si elle s’était dit qu’elle le ramènerait plus tard, il trainait encore sur le sol arrière de sa voiture. Voir Drew et April au poste lui rappela d’ailleurs que ce ne serait pas mal d’aller discrètement le reposer à sa place attitrée.
En rencontrant April, Lisa avait vu naître une étrange jalousie en elle, elle essaya bien rapidement de s’en détacher mais ne fut plus à l’aise qu’une fois qu’elle s’était enfin rapprochée physiquement de Drew.

Elle proposa d’ailleurs à la jeune femme de la raccompagner. Celle-ci refusa expliquant que la personne envoyée par ses parents ne tarderait pas mais Drew insista et lui proposa qu’ils restent jusqu’à ce que la personne en question arrive enfin. Cela ne dérangeait pas plus Lisa d’ailleurs qui élargit son sourire avant de confirmer.

« Oui, ça ne me dérange pas non plus d’attendre si tu veux. »

Lisa sentit le bras de Drew venir se poser dans son dos ce qui la tranquillisa davantage encore alors qu’elle regardait April en souriant. Cette dernière lança enfin l’idée que Drew et elle se revoient dans de meilleures conditions. Lisa ne pouvait qu’approuver. Elle regarda Drew le visage ravi et fronça le nez en souriant encore.

Tout contre Drew, Lisa se sentait plus forte, elle se sentait toujours plus forte quand il était à ses côtés. Là elle pouvait surmonter ses vieux démons de possessivité et resté la charmante blondinette auprès d’April. Cela ne la dérangeait d’ailleurs pas d’attendre avec elle la personne qui devait venir la chercher. Elle réussit même à se tenir à l’écart des délires d’April et Drew, après tout ils pouvaient bien être amis, elle n’avait rien à redire la dessus.

La personne en question ne tarda pas à débarquer au poste. Il vouvoyait April et semblait mal à l’aise. Lisa était sûre d’avoir déjà vu ce gars dans leur rue mais elle ne chercha pas plus loin. Laissant son regard trainer vers lui puis vers elle suivant la conversation comme une spectatrice d’un match de tennis. Sans s’interposer, elle resta près de son frère de cœur en souriant gentiment. Lorsque Drew proposa d’accompagner April et son … qui était cet homme en fait ? Elle n’en savait rien, seulement elle était venue en voiture aussi leur serait-il difficile de les accompagner à pieds par exemple.

« Euh, je suis venue en voiture flemmarde que je suis, désolée. » dit-elle affichant une petite moue navrée.

[Fin de la scène ]