La journée prenait une tournure des plus agréables. Peter venait de faire une jolie rencontre en la présence de Lexie Black. Une jeune femme à belle stature qui portait sa robe à fleur comme une reine. Si au début, il ne s’agissait pour Peter que d’un petit tour de séduction, plus il passait du temps avec elle et plus il l’appréciait. Il ne pouvait pas mentir non plus, la beauté qui émanait de ce visage poupin l’éblouissait, sans parler de ces jambes, quelles jambes !
Bref, Peter avait bien eu envie de prolonger ce café pris à deux. Il avait donc invité Lexie à aller se balader autour du Lac Michigan et vu la chaleur, pourquoi pas en profiter pour se rafraichir en trempant les pieds.

Les deux jeunes gens arrivèrent près de la forêt qui bordait le Lac et commencèrent leur balade avec douceur. Malgré sa canne, Peter soutenait une bonne allure, il avait juste une démarche différente plus posée et altière. Même si ça l’amusait de marcher aussi lentement qu’un grand Prince, il tardait beaucoup à Peter que cette opération remette tout en place qu’il puisse enfin passer à autre chose. Bien sûr, avec son oreille à moitié sourde et son cerveaux absolument pas défaillant, il y avait peu de chance qu’il oublie.

Pour l’heure, Peter savourait la compagnie de Lexie.

« Mademoiselle Lexie Black dont je ne me souviendrais pas, vous arrive-t-il souvent d’accepter les invitations d’inconnus éclopés ? » demanda-t-il en sa direction, curieux et espiègle. Il espérait bien pouvoir virer cette canne bien rapidement pour prouver à Lexie de quoi il était vraiment capable.

Lexie a toujours apprécié la compagnie d’un homme séduisant, et Peter est ce genre d’hommes qu’elle qualifie d’intéressants. Il est distingué, et semble la respecter en tant que femme. Mais ce à quoi elle ne s’attendait pas, c’est qu’il puisse être son fantasme d’adolescente pré-pubère. Bien sûr, au début elle a cherché dans son esprit pour le remettre, mais quand c’est arrivé, elle s’est un peu sentie défaillir. Il avait hanté ses pensées et ses rêves lorsqu’elle venait encore à Great Falls, et aujourd’hui, même si elle est devenue la femme qu’elle, il est clair qu’au fond d’elle il reste cette jeune fille totalement dingue de la masculinité de cet homme. Maintenant qu’elle y pense, il n’a pas tant changé que ça. Il a toujours cette allure digne qu’elle lui admirait, et surtout, il est toujours aussi sexy. Du coup, avoir la chance d’être invitée pour une balade au bord du lac par cet homme la ravit. Oh, bien sûr, elle a compris que ce n’est pas le genre d’homme à se laisser séduire par des mots crus et une attitude vulgaire, alors elle compte bien se tenir. Ça tombe bien : aujourd’hui elle est habillée avec classe. Remarquez, il est très probable qu’il n’aurait pas abordée si elle arborait l’une de ses tenues affriolantes. Faut dire qu’elle a de la chance aujourd’hui.

Il y a quand même quelque chose qui la travaille. Elle se sent dépendante de cet homme, comme si elle redevenait la jeune fille accro à un mec plus vieux qu’elle. C’est un sentiment qu’elle n’apprécie pas. Elle est d’habitude très indépendante, quitte à ne pas plaire à quelqu’un. Elle ne supporte pas d’être assujettie à quelqu’un et, même si bien sûr c’est un peu exagéré, elle tente de se maîtriser un maximum. C’est bien difficile pour elle qui a l’habitude d’être très franche. Mais pour autant, elle ne peut pas laisser passer une telle occasion de passer un moment avec cet homme qui la trouble. Refuser sa proposition aurait été bien au-dessus de ses moyens, mais plutôt que de s’avouer cette faiblesse, elle préfère se dire qu’elle a décidé de le suivre comme s’il s’était agi d’un autre homme. Tout en marchant avec distinction malgré sa canne, Peter la questionne. Avec un sourire charmeur et sans gêne, elle répond :

Seulement lorsqu’ils sont aussi séduisants que vous.

En vérité et en général, les éclopés, ce n’est pas son truc. Elle les préfère vaillants et forts, et elle n’aime pas beaucoup les faibles. Si elle finit par les séduire, c’est plus pour passer le temps ou bien par intérêt. Là, par contre, avec Peter, elle sent que cet accident ne fait pas de lui un faible. Il a l’air fort et robuste. Il maîtrise son allure et n’est pas dans une situation d’infériorité. De plus, il parait que ça ne durera pas, alors…

Et vous, vous invitez souvent des femmes à vous accompagner au bord du lac ?

Cette rencontre fortuite avait vraiment de très beaux avantages. Peter ne s’en voulait pas vraiment de ne pas avoir reconnue la jeune Lexie Black, à vrai dire, il préférait n’avoir aucun souvenir d’elle pour mieux la découvrir aujourd’hui. Il était aussi rassuré de pouvoir séduire une belle blonde malgré une canne de soutien et une oreille un peu sourde. Comme quoi son charme ne venait pas du tout de sa simple mobilité. Bien sûr, le militaire serait ravi d’enfin pouvoir retrouver celle-ci, mais le temps serait long avant qu’il puisse quitter cette canne et il ne recouvrerait jamais son audition complète. Ravi d’avoir décroché un « second rendez-vous » dans la foulée, Peter ressentait vraiment quelque chose de particulier auprès de Lexie. Une attirance inéluctable qui le plongeait dans une admiration totale. De sa bouche ; de ses yeux ; de ses seins qu’il devinait à travers sa robe cintrée ; de ses jambes interminables encore plus lorsqu’elles étaient en mouvement.

Les mots qu’il choisi étaient pesés et posés, il les prononça avec un détachement juste sufisant pour faire naître le personnage Peter Ellington. Il se retrouva pris à son propre piège tandis qu’elle le complimenta. Il piqua un fard spontané mais essaya de garder contenance avec un sourire fière.

« Seulement avant de les tuer froidement et de les jeter à l’eau. » répondit-il clairement pour la faire rire. Il en profita même pour faire sa petite grimace assez drôle mais aussi plutôt mignonne.

Il ressortit ensuite le petit rictus souriant avant d’enchainer.

« Sans plaisanter, vous avez de sérieux atouts vous aussi. »

Peter se sentir rougir de nouveau.

Peter Ellington a été son fantasme d’adolescente, et voilà qu’aujourd’hui elle est à ses côtés, marchant au bord du lac, en un rendez-vous improvisé au dernier moment. En venant ce matin au Coffee Shop, elle ne pensait pas rencontrer un homme et encore moins ce bel apollon. Son apollon. C’est comme ça qu’elle l’appelait lorsqu’elle parlait de lui à Lisa. C’est un temps désormais révolu, mais se retrouver à ses côtés une fois adulte la fait revenir en arrière. Il lui procure à la fois un bien être, mais aussi ce sentiment d’être bien trop attachée alors qu’elle ne le connait même pas. C’est un sentiment de dépendance qu’elle n’aime clairement pas, mais comment aurait-elle pu lui refuser cette balade au bord du lac ? Il l’attire indéniablement.

Alors qu’ils marchent doucement, non seulement à cause de la canne de Peter mais aussi parce que c’est un rythme agréable, le bel homme lance la conversation. A la première occasion, Lexie lui offre un compliment, sans la moindre gêne. Visiblement, ses expériences passées lui ont permis d’avoir une assurance face à cet homme qu’elle n’avait pas lorsqu’elle était adolescente. Un bon point pour elle. Elle est d’ailleurs agréablement surprise de voir que Peter rougit à son compliment. Le toucher ainsi par de simples mots donne enfin à Lexie ce sentiment qu’elle n’est pas inférieure, bien au contraire. Elle a le pouvoir de le faire rougir, et c’est déjà beaucoup. Lorsqu’elle lui retourne la question, le jeune homme fait une plaisanterie accompagnée d'une grimace tout à fait craquante. Lex se met à rire avec classe mais avec une sincérité toute réelle. En plus d’être sexy et distingué, il est drôle. A-t-il seulement des défauts ? Pour l’instant elle ne les voit pas, surtout qu’il lui retourne un compliment en toute sincérité lui aussi. La jeune femme sourit, flattée, et demande innocemment (a) :

Ah oui ? Lesquels ?

Les atouts de Lexie ? Ils étaient plutôt évidents non ? Peter rougit immédiatement. Il n’était mas particulièrement mal à l’aise, mais le fait de devoir énumérer les points positifs qu’il trouvait en Lexie ne lui faisait que penser davantage à ces atouts en question. Il jouer le doux jeu de la séduction, sans vraiment chercher à draguer pour draguer. Bien évidemment, Peter ne faisait pas tout cela en vain, mais il préférait attendre de voir ce que l’avenir leur réserverait.

« Vous savez très bien lesquels. »

Il essayait de s’en sortir avec une pirouette, parce qu’il y avait déjà trop à dire sur le peu qu’il connaissait d’elle. Il la regarda du coin de l’œil, tout en souriant, les lèvres légèrement pincées comme il le ferait devant une gourmandise. Il plongea dans ses yeux pour lui prouver qu’en parlant d’atouts, il ne pensait pas uniquement à son physique.

« Vous êtes une très belle femme, personne ne pourrait dire le contraire, mais vous avez surtout l’air très douce et très intelligente. »

Après avoir prononcé ses mots, Peter grimaça légèrement détournant la tête une seconde. C’était un peu stupide ce qu’il venait de sortir.

« Vous êtes surtout très troublante. » avoua-t-il enfin.

[Je vais commencer le prochain sujet vu que tu as fait les deux précédents !]

Cet homme a sur Lexie un pouvoir qu’elle n’aime pas trop. En général, les hommes l’attirent pour son physique, ils ont beau la faire rire, elle ne s’attache jamais. Mais avec Peter, c’est une autre histoire. Elle a un passé avec lui. Passé qu’il ignore, certes, mais, pour elle, c’est encore très présent. Si, jusqu’à maintenant, elle avait oublié, à cet instant, de nombreux souvenirs, de nombreux fantasmes lui reviennent. Seulement, aujourd’hui, elle sait à peu près comment gérer tout ça. Elle réussit même à faire un compliment au gentleman sans la moindre gêne, preuve qu’elle n’est plus l’adolescente qu’elle était mais bel et bien une femme avec ses atouts. En parlant d’atouts, après avoir fait une pointe d’humour, Peter complimente la stripteaseuse sur certains atouts qu’elle aurait. Flattée, la jeune femme fait l’innocente en demandant quels sont lesdits atouts. Petit sourire en coin, elle laisse ainsi entendre son côté malicieux et son envie d’entendre des compliments.

Il ne la laisse pas en reste. Après avoir fait remarquer qu’elle savait très bien quelles sont ses qualités, Peter finit pas la complimenter, les yeux dans les yeux. C’est la première fois en de nombreuses années qu’elle se sent troublée face à des compliments, et face à un regard si intense. Faut dire que, pour une fois, on ne la voit pas seulement pour un physique mais aussi pour sa personnalité. C’est terriblement agréable, mais en quelque part elle n’aime pas qu’il puisse lire en elle aussi facilement… Elle arrête de marcher, sous le coup de l’émotion, et en arborant un sourire timide (très rare mais particulièrement charmant), elle fait face à son interlocuteur et s’apprête à répondre. Seulement, son téléphone sonne. La chanson « Elevation » de U2 retentit, et Lex, gênée d’interrompre ce moment, détourne le regard pour le porter sur son sac.

Excusez-moi…

Puis, elle décroche. Elle reste une bonne minute au téléphone, ponctuant la conversation de « oui », de « non », et finalement d’un « j’arrive » résigné. Désolée, elle adresse un sourire triste à Peter et lui dit, sans pour autant perdre le nord :

Je suis désolée, je vais devoir y aller…
Est-ce que je peux vous donner mon numéro ? Comme ça vous pourrez me proposer une nouvelle balade… Ou une danse, quand vous serez remis…

Sans attendre la réponse de son apollon, Lexie attrape un stylo dans son sac et prend la main chaude de Peter. Elle la tourne, paume vers le haut, et se permet d’y inscrire son prénom ainsi que son numéro. Elle rajoute finalement un « au plaisir » en dessous, et offre un bref baiser sur la joue du bel homme avant de partir.


Fin de la scène.