{Je ne savais pas où poster pour Port Washington alors je l'ai mit ici}

Lundi. 14.15. Hôpital de Port Washington. Salle d’attente. Les yeux dans le vague, April n’aborde pas vraiment le charmant sourire qu’on lui connait. Elle tente de rester forte et de se promettre intérieurement que tout va bien se passer, mais ça n’est pas vraiment le cas. Elle soupira, alors qu’une vieille chanson des années 70’ au moins se mit en route sur la radio de l’hôpital. Ca n’est certainement pas ça qui va la détendre. Elle n’a rendez-vous que dans quinze minutes, mais elle a prit l’habitude d’arriver toujours en avance, parce que c’est peut-être les seuls rendez-vous importants de sa vie ou du moins les seuls pour lesquels elle se donne la peine de faire un effort.

Une porte claqua et elle leva les yeux en voyant une infirmière. Ca n’est pas lui. Un peu déçue, elle baissa les yeux sur la table devant la pile de magazines datant de la semaine ou du mois dernier. Elle était assise droite comme un i, contre le dossier, la tension contractant chacun de ses muscles. Pourvu que Gavin passe. C’était la seule chose qui rendait ses visites hebdomadaires un peu moins pénibles, le fait de voir le garçon. Ce qu’elle aime chez lui, c’est qu’il arrive à la calmer, à la rassurer et puis il reste avec elle et ils discutent de beaucoup de choses. Le fait qu’il soit beau c’est bien sur du bonus.

Elle soupira un peu fort, ce qui valut qu’une dame âgée se retourne vers elle. Elle n’eut même pas le courage de faire semblant d’aller bien et de lui lancer un sourire. Au lieu de ça, elle se rappela de couper son téléphone portable. La dernière fois, il avait sonné en plein pendant que le docteur s’occupait d’elle et il n’avait pas vraiment apprécié. N’ayant pas envie de se faire une nouvelle fois gronder comme une petite fille, la caissière éteignit l’engin et le remit dans son sac.

Vaincue, elle se pencha pour prendre un magazine et le feuilleta rapidement, avant de le redéposer se rendant compte qu’elle ne faisait attention à absolument rien du tout. Tout ce qu’elle ressentait c’était un stress immense. Et puis elle sait que comme chaque semaine, quand elle repartira, elle aura l’impression d’aller bien, jusqu’à ce qu’une heure ou deux après, elle ne commence à ressentir les premiers effets secondaires dus à son traitement…

Les lundis comptaient dans les jours que je détestais le plus dans une année ! Et celui là ne ferait pas exception puisque je devais me rendre à l’hôpital de Port-Washington pour faire un bilan avec le spécialiste qui me suivait depuis mon accident, et sans doute passer quelques examens… Je savais toujours à quelle heure j’allais passer les portes de cet établissement, mais jamais quand est-ce que je pourrais ensuite m’en sauver ! Heureusement, j’y venais seule en taxi. Mes parents n’avaient donc pas à se soucier de cette attente interminable qui ne manquait jamais de les inquiéter.

Josh, le chauffeur qui m’y conduisait à chaque fois, m’accompagna gentiment jusqu'à l’accueil avant d’aller s’installer à la cafétéria. Il y viderait sans doute deux litres de café en regardant les courses hippique, en attendant que je fasse sonner son portable pour lui signifier que je n’avais plus qu’a récupérer mon dossier avant de le retrouver dans le hall. Nos petites habitudes étaient rodées depuis toutes ces années… Pas comme la ponctualité des médecins qui dans cet hôpital relevait de l’utopie !

Sachant d’avance que j’allais patienter de longues minutes dans la salle d’attente, je m’étais armée de mes magasines people préférés et d’un grand gobelet de café. Deux éléments nécessaires pour affronter les aiguilles de l’horloge.

La salle d’attente n’était pas bondée, mais il n'y avait pas beaucoup d’endroit où je pouvais rester sans gêner le passage et même si je préférais ne pas m’approcher trop près des gens, je n’eus pas le choix que de m’installer dans l’espace vide à coté d’une brunette. Au premier coup d’œil je ne l’avais pas reconnu, mais en m’approchant davantage je l’identifiais facilement. Nous nous étions déjà croisées plusieurs fois à Great Falls, mais sans jamais échanger plus de quelques mots.

- Salut ! Lançai-je poliment en croisant son regard. Tu crois qu’ils vont avoir beaucoup de retard aujourd’hui ? Lui demandai-je en espérant avoir une information pour jauger le temps pendant lequel je devrais attendre de voir mon médecin appeler mon nom.

Quand personne ne la regarde, April n’est pas la même. Ce changement s’est opéré il y a quelques mois de cela, à une date bien précise : le vendredi 11 février pour être exacte. Avant, elle était gaie tout le temps, même lorsqu’elle était toute seule quelque part. Elle souriait à tout va, saluait toutes les personnes qu’elle rencontrait sur sa route et était heureuse de vivre, de respirer, de marcher, de… de tout ! Depuis qu’elle sait que tout peut s’arrêter, c’est un peu comme si l’inverse se produisait. Elle profitait moins, alors que chez tous les autres humains de la terre, ça fait l’inverse ! Bien sur, elle est encore plus dans le trip « je ne m’attache à rien, je peux faire toutes les conneries que je veux, carpe diem », mais elle a aussi peur, chose qu’elle ne ressentait pas avant. Elle a peur de mourir. Elle sait qu’il y a de grandes chances pour que ça n’arrive pas pour l’instant, parce qu’elle suit son traitement et qu’elle est entre de bonnes mains, mais elle y pense au moins une fois par heure, au moins !

Complètement stressée, la brune ne sait pas dans quelle position se mettre, trouvant le siège très inconfortable. Finalement, elle prit un magazine, puis le redéposa. Impossible de se concentrer sur quoi que ce soit. Elle soupira, avant de laisser son regard vagabonder dans la pièce. Il fut attiré par une jeune femme en chaise roulante, qui finit par s’approcher d’elle. April l’avait déjà croisée à plusieurs reprises, elle pense même qu’elle vient de Great Falls. Quand on est caissière dans un petit village, on finit par connaitre tout le monde, du moins de vue.

« Salut. »

Fit-elle, en se tenant légèrement plus droite. Elle était un peu mal à l’aise de se retrouver « coincée » avec la jeune infirme puisqu’elle était censée être ici pour du bénévolat. Elle tenta donc d’essayer de masquer le poisson et de reprendre son air du « tout va bien dans le meilleur des mondes ».

« Oh, je n’en sais rien, je viens d’arriver dans la salle d’attente. J’étais en train de travailler dans un autre service et PAF ! Je me suis piquée avec une aiguille. Il n’y a pas plus maladroite que moi ! »

Excuse plantée directement, en espérant que ça passe….

Ce n’est pas de gaité de cœur que j’allais m’installer dans la salle d’attente, mais plutôt avec résignation puisque ces rendez vous à l’hôpital étaient devenus mon quotidien depuis le lendemain de mon accident. A force je m’y étais habituée et même si je râlais toujours contre le retard des médecins, je n’y faisais plus vraiment attention. Ce genre de critiques ressemblait plus à un rituel pour me déstresser à l’idée d’entendre de mauvaises nouvelles concernant mon état de santé, que par réelle contrariété. J’avais bien d’autres sujets de préoccupations pour me prendre la tête avec ça…

Et puis aujourd’hui j’allais peut-être pouvoir passer le temps en discutant un peu avec une brunette que j’avais déjà croisé à de nombreuses reprises. Oubliant que nous ne nous connaissions pas plus que ça, je la saluais et lui demandais si elle avait une idée de la quantité de retard de nos chers médecins.

" Oh, je n’en sais rien, je viens d’arriver dans la salle d’attente. J’étais en train de travailler dans un autre service et PAF ! Je me suis piquée avec une aiguille. Il n’y a pas plus maladroite que moi ! "

Bon je n’étais pas plus avancée sur le respect des horaires, mais la raison de sa présence ici était plus claire à présent. J’en arrivais à la conclusion qu’elle devait faire partie des bénévoles de l’hôpital puisque je ne l’avais jamais vu en blouse ou autre tenue réservées aux personnels soignants.

- Aie ! J’espère qu’ils vont pouvoir te prendre en urgence. C’est pas à prendre à la légère ce genre de chose je crois bien ?

Elle semblait prendre la chose avec le sourire, mais même su je n’y connaissais pas grand-chose, je savais néanmoins que ce genre de « piqure » devait être assez stressant avec les risques que cela pouvait entrainer.

Ca n’était déjà pas facile, pour April de venir, parce qu’elle devait le faire seul. Bien que Gavin ait tenté de la convaincre, à plusieurs reprises, de parler à ses proches, de s’ouvrir et de leur avouer la vérité, la brune s’y est toujours résignée. Elle a d’ailleurs trouvé une bonne raison pour expliquer sa présence à l’hôpital : une histoire de bénévolat. Jusque là, tout le monde y croit, même si ça n’est pas vraiment son genre de donner son temps pour aider des personnes qu’elle ne connait pas. Si la jeune femme est généreuse, elle ne l’est pas envers de « sombres » inconnus.

Elle ne connait pas Erin Grey, mais elle l’a déjà croisée à plusieurs reprises, à Great Falls et ici. Du coup, ça n’est pas étonnant que la demoiselle vienne se mettre près d’elle, d’autant qu’elle avait besoin d’un espace suffisant pour y glisser son fauteuil. April changea d’attitude dès que la demoiselle approcha et remit son masque du « je vais bien, tout va bien. » . D’ailleurs, après avoir salué la jeune femme, elle se mit à discuter, inventant sur le tas un faux prétexte qui pourrait expliquer sa présence ici.

« En même temps, c’est pas dix minutes qui vont changer ma vie. »

Prétendit-elle, carrément ravie que la jeune femme ne lui demande pas à voir à quel endroit elle était piquée, puisqu’elle inventait tout à l'instant. En même temps, elle avait des vieilles traces de baxters sur ses bras, donc elle aurait pu en ‘utiliser’ une comme prétexte, en espérant que la jeune femme ne s’y connaisse pas en soins médicaux ^^.

« Au fait, je suis April, April James. »

Expliqua-t-elle, avant d’ajouter.

« On s’est déjà croisées plusieurs fois, je pense. Tu viens de Great Falls ? »

Demanda-t-elle confirmation, alors qu’elle en était presque sure. Elle ne connaissait pas la famille de la jeune femme, mais savait qu’elle l’avait déjà vue. Il faut dire qu’elle ne passe pas inaperçu, déjà rien que par le fait qu’elle se déplace en fauteuil.

Papoter cinq minutes allait m’aider à faire passer le temps dans cette salle d’attente et c’est donc tout naturellement que j’engageais la conversation avec la brunette qui était installée tout proche de moi. Même si nous nous étions déjà croisées à plusieurs reprises à l’hôpital ou au hasard dans les rues de Great Falls, la jeune femme m’était totalement étrangère. J’ignorais jusqu'à son prénom. Alors c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus l’une sur l’autre en attendant que nos médecins respectifs veuillent bien nous recevoir.

Après les « Salut » d’usages, elle m’expliqua le pourquoi du comment elle se trouvait ici ou lieu de continuer à travailler dans un des nombreux services de cet hôpital. Pas inquiète, elle me parlait calmement de cette piqure, tout en affichant toujours un sourire amusé.

« En même temps, c’est pas dix minutes qui vont changer ma vie. »

- Ouai d’accord, mais t’es pas une patiente comme les autres… pas comme moi. J’imagine que t’as d’autres choses à faire que perdre du temps ici pour un accident de piqure.

Du moins, moi, à sa place, je crois que je ne supporterais pas d’attendre aussi longtemps… La patience n’était pas vraiment une de mes qualités premières dans ce genre de situation.

« Au fait, je suis April, April James. »

- Erin Grey, ravie de faire ta connaissance ! Lui lançai-je sincèrement avant qu’elle ne poursuive.

« On s’est déjà croisées plusieurs fois, je pense. Tu viens de Great Falls ? »

Nous en venions donc aux présentations plus poussées et je n’allais pas lui cacher ce qu’elle savait déjà. Je n’avais aucun problème avec notre petite bourgade, contrairement à certains autres jeunes de mon âge, alors il était bien inutile de chercher à lui mentir.

- Oui, j’habite à Burroughs Street avec ma ptite famille. Et toi, tu bosses au centre ville, non ?

Plutôt facile d’accès, April est une vraie bavarde. Combien de fois elle n’a pas commencé à lier conversation avec des gens à la caisse de l’épicerie ? Elle pourrait être coiffeuse, tellement elle manie bien l’art de parler de tout et de rien, naturellement. Il faut dire qu’elle n’a pas de tabou, et c’est déjà quelque chose de pas mal, même si elle risque de choquer.

Pourtant, aujourd’hui, elle n’a pas vraiment envie de discuter. Elle sait qu’elle va passer un moment désagréable et que les heures qui vont suivre vont être pires encore. Elle ne répond donc pas de la manière la plus délicate qui soit à la jeune femme qui met l’accent sur le fait qu’elle devrait passer vite, si elle s’est fait piquer par une aiguille, parce que ça pourrait être réellement dangereux. Elle se radoucit par la suite, d’autant que la jeune femme qui avait pris place à côté d’elle était loin de perdre patience ou de prendre sa mauvaise humeur comme un signal pour se taire.

Du coup, un brin plus polie cette fois, April se présenta, en donnant simplement son nom et son prénom. Elle apprit que son interlocutrice s’appelait Erin Grey. De fait, elle avait déjà entendu ce nom, mais rien de plus. Elle n’a pas l’impression d’avoir des personnes en commun avec la jeune femme, sans doute déjà parce qu’elles doivent avoir une assez grande différence d’âge.

Ne se tracassant pas vraiment des convenances, elle ne répondit pas qu’elle était enchantée, parce que franchement, ça veut rien dire. Et si ça ne veut rien dire, autant se taire XD. Par contre, elle avait des choses bien plus utiles à converser.

« Ah, je connais pas bien ce quartier. J’habite à Saint Oakes, mais euh, ça veut rien dire. J’suis carrément cool comme nana. »

Elle offrit un large sourire à la jeune femme. Difficile à croire, vu le côté un peu rustre qu’elle lui avait montré quelques secondes auparavant, mais Erin pourra bientôt se rendre compte par elle-même que ce qu’elle dit est vrai (a).

« Oui, c’est ça. Je bosse à l’épicerie de Great Falls. Chez les Lowell. T'étudies, toi je suppose? »

Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas en fauteuil qu’on ne la remarque pas. Elle est une des caissières de la ville, du coup, pas mal de gens l’ont déjà vue, sans parfois savoir dire où. Sans son superbe attirail de travail, elle a presque l’air d’être « comme tout le monde ».

Pas franchement inquiète et loin d’imaginer que ma jovialité habituelle puisse déranger la bénévole dans son attente silencieuse, c’est tout naturellement que je la saluais avant de commencer à discuter pour faire passer le temps. Du moins, c’était mon objectif principal en l’abordant pour faire plus ample connaissance, et je ne remarquais pas une seule seconde que mon attitude bavarde pouvait l’embêter…

Sans se connaitre vraiment au delà des présentations d’usages, nous avions néanmoins quelques connaissances l’une sur l’autre. Je savais par exemple qu’April vivait à Great Falls puisque je l’avais croisé plusieurs fois dans les rues de la ville avant même d’apprendre qu’elle bossait dans cet hôpital comme bénévole dévouée à la cause des nombreux patients. Alors quand elle me demanda si j’habitais bien dans la petite ville, je n’hésitais pas à lui répondre que je vivais bien avec ma famille dans la rue la moins branchée : Burroughs Street.

« Ah, je connais pas bien ce quartier. J’habite à Saint Oakes, mais euh, ça veut rien dire. J’suis carrément cool comme nana. »

- T’inquiètes j’suis pas du genre à juger les gens sur leur provenance géographique.

J’avais suffisamment souffert dans mon adolescence des commérages et regard indiscrets pour savoir combien il était insupportable d’être cataloguée par des inconnus sans même avoir l’occasion de pouvoir argumenter ou se défendre. Du coup, je m'étais juré de ne jamais devenir comme ça...Et pour le prouver, je préférais m’intéresser à son job que je pensais connaitre, plutôt que de la ranger dans une catégorie sociale bien précise.

« Oui, c’est ça. Je bosse à l’épicerie de Great Falls. Chez les Lowell. T'étudies, toi je suppose? »

- Il me semblait bien que je t’avais déjà croisé la bas, mais j’étais plus sure.

L’arrivée d’un médecin m’interrompit dans ma réponse et comme j’aurais pu le parier dix milles dollars avec la brunette, il n’appela aucun de nos deux noms.

- Ouai en informatique. Il me reste encore un exam à passer pour espérer valider mon année d’ailleurs.

Rien que d’y penser j’en stressais déjà…

Finalement, April se laisse prendre au jeu et discute avec l’habitante de Great Falls. Il faut dire que ça n’est pas dans ses habitude d’être impolie ou désagréable. Erin n’a juste pas eu de chance, parce qu’elle n’était pas vraiment d’humeur pour parler, à la base. Mais comme toujours, la bonne humeur de miss James n’est jamais bien loin et refait rapidement surface au fur et à mesure que les deux jeunes femmes discutent. Déjà, ce qui la rassure, c’est qu’Erin a l’air de croire en son prétexte bidon comme quoi elle vient ici en tant que bénévole. Ca n’est absolument pas le cas, mais c’est sa couverture pour les gens qu’elle connait de Great Falls. Heureusement, elle a trouvé un prétexte bidon pour justifier sa présence dans la salle d'attente.

Elles se mirent à discuter de leur lieu d’habitation. Pour tout dire, elles sont carrément à l’opposé. April vit dans la rue la plus chic de toute la ville et Erin dans celle qui « craint » le plus. Maintenant, la caissière est bien différente de ses parents qui sont très snobs et détestés à Great Falls. Elle est chaleureuse, ouverte et fofolle, tout le contraire d’Elena, celle qui est génétiquement sa sœur, mais qu’elle déteste appeler comme ça. Elles ne peuvent pas avoir tant en commun, c’est pas possible.

« On est pareille sur ce point. »

La rassura-t-elle à son tour, au cas où. Elle n’allait pas devenir plus chiante ou se barrer et changer de siège parce qu’Erin vient d’un milieu socioculturel moins élevé. Ca serait de la grosse blague ! D’ailleurs, April est caissière, ce qu’elle annonce et Erin ne semble pas surprise, au contraire, elle l’a déjà croisée. Rien d’étonnant vu qu’elles vivent dans un petit village. Alors que l’étudiante s’apprête à lui parler de sa formation, un médecin arrive et demande à voir un patient. Il ne s’agissait d’aucune d’elles deux et April apprit qu’elle étudiant l’informatique et qu’elle avait encore…

Le cœur de la brune eut un raté lorsqu’elle aperçut Gavin. Il alla parler quelques secondes au médecin qui venait de partir et lorsqu’il se retourna et vit la jeune femme, il lui lança un sourire radieux. Elle crut mourir sur place, avant de lui rendre un sourire en retour. Elle aurait bien traversé la salle et sauté sur lui pour l’embrasser sauvagement, mais ils sont loin d’avoir ce genre de rapports. Elle se retourna vers Erin, puis secoua la tête pour se remettre les idées en place, avant de dire :

« Euh, excuse-moi, tu disais ? »

Si la vie ne m’avait pas imposé certaines épreuves, comme les poursuites judiciaires de mon père et mon accident, peut-être que je serais devenue l’une de ces poules de luxe totalement insensible et orgueilleuse… mais « par chance » mon passé m’avait donné la possibilité de devenir une toute autre personne. Et heureusement au final ! Alors je n’allais sans doute pas juger April uniquement parce qu’elle habitait dans le quartier le plus UP de Great Falls. Si je devais me faire une opinion sur sa petite personne, et bien j’allais le faire au travers d’une conversation et pas uniquement sur les bruits qui pouvaient courir sur telle ou telle rue.

« On est pareille sur ce point. » Me dit-elle avant de m’interroger sur mes études puisque les médecins ne semblaient pas encore décidés à nous recevoir.

Toujours un peu stressée à cause des exams qu’il me restait à passer avant de pouvoir valider mon année, je lui répondis rapidement pour ne pas trop m’étendre sur le sujet… Et April n’eut pas l’occasion de me questionner d’avantage puisque l’apparition d’un infirmier accapara toute son attention. Mes yeux allaient de l’un à l’autre en bonne curieuse que j’étais, et il m’était impossible de ne pas remarquer les sourires échangés par ces deux là… Ho cette fois, plus qu’avec des mots, j’avais vraiment l’impression d’avoir découvert une facette cachée d’April James.

« Euh, excuse-moi, tu disais ? »

- Rien d’important comparé à ça, murmurai-je en bougeant uniquement les yeux en direction de l’infirmier. Qui c’est ?

Si j’avais reconnu la tenue que portait le jeune homme, je ne l’avais jamais croisé lors de mes divers rendez vous à l’hôpital. Je n’avais aucune vu sur lui bien sur, je demandais pas simple curiosité et pour en savoir un peu plus sur celui qui faisait sourire April de cette manière…

- D’ailleurs tu devrais le rattraper au lieu de rester assise ici. J’suis sur qu’il aura des choses bien plus intéressante que moi à te raconter.

A l’inverse d’Erin, April se fait plutôt rapidement une opinion sur les gens. Elle les met « dans des catégories », tout en sachant que les choses peuvent changer et évoluer. Elle a un instinct qui lui fait rarement défaut. Il faut dire qu’elle est quelqu’un de très ouvert, elle fait donc souvent de nouvelles rencontres et du coup, classifier l’aide à s’y retrouver. Par contre, le lieu de résidence n’entre pas en compte dans sa manière de faire, sinon elle se détesterait elle-même !

Au final, elle dut bien admettre que ça lui faisait du bien de parler avec Erin. Elle pensait à autre chose que son traitement et elle gardait ses pensées positives en tête, plutôt que ce qui ne va pas. Elle interrogea Erin sur ses études et finalement décrocha dès qu’elle aperçut un de ses voisins faire son apparition. Il s’agissait de Gavin, son infirmier préféré, la seule personne de qui elle se sentait proche qui était au courant de sa maladie. Lorsqu’elle le voyait, elle avait presque l’impression d’être comme un de ces personnages dans les comédies romantiques. Elle avait un ressenti de ralenti, comme si chaque seconde était prolongée et rendait les battements de son cœur plus lourds encore. Sauf que dans les films, ça se termine bien.

Après avoir échangé un sourire complice avec le garçon, elle revint à ses moutons et se rendit compte qu’elle n’avait pas écouté tout ce qu’Erin lui avait dit. Ca ne fait pas très bien élevé, mais son monde s’arrête de tourner quand Gavin est dans la pièce *___*.

« Je suis désolée. »

Elle était presque gênée, pour le coup, avant de reprendre la parole pour répondre à la question de l’étudiante.

« C’est Gavin Sanders, il est infirmier. On habite aussi dans la même rue. Enfin, il est carrément trop gentil. »

Et beau, et sexy, et …. Elle tenta de calmer ses ardeurs et de ne pas trop avoir l’air d’une groupie aux yeux de son interlocutrice. Elle a quand même 26 ans, elle est censée être mature… Enfin… censée !

« Oh non, je. On est juste amis. »

Expliqua-t-elle, reprenant un air plutôt sérieux. Si de son côté, les choses ne sont pas aussi claires, elle est sure que pour Gavin, ça l’est. Il est gentil avec elle, parce que c’est sa patiente, c’est tout.

Si je ne remarquais pas vraiment le médecin qui appela son prochain patient, le sourire qu’April afficha quelques secondes plus tard me fît aussitôt tourner la tête en bonne curieuse. A qui pouvait-elle adresser une mine aussi rayonnante ? A priori à un infirmier de l’hôpital, puisqu’ils échangeaient un regard plutôt complice et que ce dernier lui rendait son sourire. Houuuu, j’avais bien l’impression d’assister à une scène intime et romantique qui aurait dû rester secrète.

« Je suis désolée. » s’excusa la brunette alors qu’elle prenait conscience de sa petite absence et j’en profitais pour lui demander qui était cet inconnu au bataillon. « C’est Gavin Sanders, il est infirmier. On habite aussi dans la même rue. Enfin, il est carrément trop gentil. »

- Ha ouai, il habite aussi à Great Falls ? On s’est jamais croisé, sinon je m’en souviendrais, lui dis-je en plaisantant pour la taquiner un peu. Comme quoi c’est pas si petit que ça.

Je comprenais pourquoi April pouvait-être sensible au charme de ce Gavin. Il était vraiment beau mec avec ce sourire et en plus s’il était gentil, que pouvait-on demander de plus ? Alors, pour qu’elle ne perde pas son temps avec moi s’il y avait quelque chose à construire entre eux, je lui proposais de courir derrière lui plutôt que de continuer à papoter. Mais a priori je me trompais sur ses intentions…

« Oh non, je. On est juste amis. »

- Vraiment ? T’es sure ? Lui demandais-je pour être sure d’avoir bien compris.

J’étais vraiment surprise de l’entendre me dire une chose pareille, surtout à ça manière d’hésiter. J’avais aussi des amis garçons et je ne pensais pas leur lancer ce genre de regard… Ha moins que je ne m’en rende pas compte et ça expliquerait pourquoi Candice et bien d’autres personnes avaient cru que Jax et moi étions plus que des amis, alors que non. Et sans vraiment réfléchir je lui lançais :

- Perso, ça serait plutôt le genre de regard que je voudrais voir dans les yeux du mec que j’aime que de mon meilleur pote.

Le seul moment de plaisir d’April à l’hôpital, c’est lorsqu’elle voit Gavin. A chaque mot qu’il dit, à chaque sourire qu’il lui offre, elle se sent fondre comme si elle avait douze ans et demi. Pourtant, le garçon est l’antithèse de ce qu’elle aime habituellement. La brune est plutôt du genre mauvais garçons. Elle n’en peut rien, ça la grise et puis ça fait carrément chier ses parents, alors c’est tout bénéf. Gavin fait « bien trop bien dans le paysage » que pour faire partie des garçons qu’elle remarque, de prime abord... et pourtant. Pourtant, il la traite comme une personne normale et pas comme une malade. Il est gentil avec elle, il est doux, il est prévenant et elle… est en train de se griller auprès d’Erin.

« C’est clair qu’il ne passe pas inaperçu. »

Elle rejeta un coup d’œil vers le médecin, mais son Roméo avait disparu. En même temps, ça n’est qu’une question de minutes, bientôt il s’occuperait d’elle et ça, c’est sans aucun doute le seul point positif dans sa maladie ! Après ça, elle essaya de faire croire qu’ils sont juste amis. Enfin, ils sont juste amis, y a juste qu’elle, dans son esprit de tarée, elle voudrait qu’ils soient bien plus que cela.

« Bah oui. Il est infirmier et mois je suis… »

Sa patiente.

« Bénévole. Il est gentil parce qu’on est collègues, mais il doit être comme ça avec tout le monde. »

C’était sans doute la seule raison pour laquelle elle ne l’avait pas encore plaqué contre un mur pour l’embrasser sauvagement. Elle sait que ça fait partie du boulot de Gavin d’être gentil et attentionné avec ses patients et elle sait qu’il agit comme ça avec tout le monde. Pourtant, les propos d’Erin avaient le don de raviver la flamme de l’espoir. Elle se mordit la lèvre un instant, avant d’avouer.

« Okay, à toi je peux te le dire : il me fait complètement craquer. Mais tu crois vraiment que… il m’a regardée pas comme une amie ? »

Elle allait devenir folle, en attendant la réponse de la jeune femme. Son rythme cardiaque s'était accéléré et elle espérait réellement qu'elle allait répondre comme il le fallait, à présent. Mais pas pour faire plaisir à April, non, parce qu'elle le pensait réellement.

« C’est clair qu’il ne passe pas inaperçu. »

En effet ! Si j’avais déjà croisé la route de Gavin dans les rues de Great Falls, je m’en serais souvenue… Même sans chercher à le séduire ou à engager la conversation, rien que son visage et son sourire auraient marqué ma mémoire. Et puis je me bridais suffisamment le cœur à cause de Jake, je n’allais pas en plus fermer les yeux. Je restais une jeune femme comme les autres, qui appréciait les beaux mecs quand elle en voyait.

« Bah oui. Il est infirmier et mois je suis… Bénévole. Il est gentil parce qu’on est collègues, mais il doit être comme ça avec tout le monde. »

- Ouai… Tu dois avoir raison, commençai-je en tapotant les doigts sur l’accoudoir de mon fauteuil en souriant. Après tout je le connais pas plus que ça. C’était juste une intuition.

Nooon ! J’avais envie de la secouer comme un cocotier et de l’obliger à courir après l’infirmier mais ce n’était pas une attitude très civilisé… Et puis nous venions de faire connaissance, je ne pouvais pas agir de la sorte après seulement quelques minutes de conversation. Mais comment pouvait-elle refuser l’évidence à ce point ?! Peut-être parce qu’April ne se rendait pas vraiment compte de ce qui m’apparaissait comme une certitude. Peut-être que quand on est amoureux il devient difficile d’y voir clair ? J’étais tellement persuadée d’avoir vu un regard plus qu’amical entre eux que j’en perdais peut-être aussi mon objectivité… Mais je pouvais au moins lui dire que ce serait le genre de regard que j’aimerai voir dans les yeux du mec que j’aimais… de Jake…

« Okay, à toi je peux te le dire : il me fait complètement craquer. Mais tu crois vraiment que… il m’a regardée pas comme une amie ? »

Ha ba voila ! J’aimais mieux entendre ça ! Au moins je n’étais pas folle ou prise d’hallucinations.

- Son regard en disait aussi long que le tien. Alors… A toi d’en faire les bonnes déductions.

Cette histoire me faisait sourire. C’était tellement mignon ! Tout ce que je rêvais de vivre ! Alors il fallait absolument qu’April passe à la vitesse supérieure pour ne pas perdre du temps inutilement alors qu’elle pourrait être dans le bras de Gavin…

April, elle, n’aurait pas spécialement remarqué Gavin si elle l’avait juste croisé dans la rue. Elle se serait sans doute dit qu’il est un beau garçon, comme les deux Sanders le sont, d’ailleurs, mais sans plus. Il faut dire qu’il est loin d’être le ‘genre’ de la caissière. Ce qu’elle préfère, habituellement, ce sont les badboys. Les ‘gros durs’, les mecs qui ont du caractère, les vilains garçons, les rebels. Bref, tout sauf un gentil infirmier qui s’occupe de tout le monde avec beaucoup d’attention. Et pourtant, elle est clairement attirée par lui.

L’histoire serait mignonne si elle n’était pas intimement convaincue qu’il agissait avec elle de manière aussi gentille uniquement parce qu’elle est sa patiente et qu’elle est quand même assez malade. Ce qu’elle a n’est pas mortel, mais demande un lourd traitement pour rester bénin. Du coup, il l’a peut-être simplement prise en pitié et ça, c’est horrible à penser. Elle ne pouvait pas expliquer ça tout à fait à Erin, alors elle remplaça le terme « patiente » par « bénévole », c’était presque pareil, mais pas encore tout à fait. C’est pire d’être une malade que d’être une collègue !

« Ouais… »

Elle était un peu déçue qu’Erin soit d’accord. En fait, elle aurait bien mieux aimé qu’elle lui dise que non, que ça devait être un signe, que le garçon devait être raide dingue amoureux d’elle pour la regarder comme ça. D’ailleurs, elle lui demanda si elle avait vraiment trouvé qu’il la regardait particulièrement. Elle aimait bien mieux la réponse d’Erin cette fois-ci.

« Je sais pas trop. »

Souffla-t-elle finalement, entre deux idées. Elle aimerait réellement croire qu’elle a raison, mais comme Erin et elle l’ont constaté précédemment, l’infirmier aurait des raisons de se comporter comme ça avec tous ses collègues/patients. Elle se contenta de soupirer bruyamment et posa son coude sur son genou, avant de mettre sa tête par-dessus.

« C’que c’est compliqué, l’amour. »

Constata-t-elle, avant d’ajouter plus gaiement :

« Enfin, heureusement y a le sexe ! »

Même si les sentiments amoureux entre April et Gavin me sautaient aux yeux, je ne me voyais pas insister plus longtemps sur le sujet au risque de vraiment passer pour la fille qui s’occupe un peu trop des affaire des autres... Je n’étais rien du tout pour ces deux là, si ce n’est une vague connaissance pour la brunette et une totale inconnue pour l’infirmier. Mon rôle n’allait donc pas plus loin que celui d’une discussion de salle d’attente, même si j’essayai de faire passer un message à April : Je ne pensais pas une seule seconde qu’il ne puisse s’agir que d’amitié entre eux ou d’une simple relation cordiale entre collègue. Maintenant la balle était dans son camps, à elle de la saisir pour marquer le point…

« Je sais pas trop. »

Raaa ! Alors que je pensais avoir réussit à la convaincre en l’entendant me dire qu’elle craquait totalement pour lui, là voila qui recommençait à douter des intentions de l’infirmier en prenant un air boudeur.

- Attends pas trop longtemps… Cette fille là bas, elle a pas arrêté de le mater quand il est parti.

Ce n’était pas vraiment un mensonge puisqu’elle avait effectivement regardé Gavin sortir de la pièce, mais peut-être pas aussi intensément que ce que je disais. Et puis si ça pouvait la faire réagir, c’était tout ce que je demandais… Pourvu qu’un brin de jalousie arrive à la décider !

« C’que c’est compliqué, l’amour. »

- Pioufff, je te le fais pas dire…

Comment positiver sur le sujet alors que j’étais moi-même dans une impasse. C’était triste... Et même si une jolie fille comme April avait des difficultés a dévoiler ses sentiments, mon cas m’apparaissait désespéré. Heureusement, elle ne me laissa pas le temps de me lamenter sur mon sort, ce que je ne me serais pas autorisé plus de quelques minute de toute façon.

« Enfin, heureusement y a le sexe ! »

Prise de fou rire en l’entendant lancer ça avec un tel naturel, je la regardais en sentant une larme couler le long de ma joue.

- Parle pour toi ma belle ! Je dois me contenter d’en rêver.

April s’est souvent interrogée sur les intentions de l’infirmier. Au départ, elle l’avait certes trouvé beau, mais il est bien loin d’être son genre. Il est trop gentil, trop patient, trop calme. Et pourtant, au fur et à mesure de leurs rencontres hebdomadaires, la caissière avait appris à un peu le connaitre et à se faire plutôt carrément très bien à son caractère. Il la fait rire, il lui donne de la légèreté, et puis elle a très fort confiance en lui. Il connait son secret, mais elle sait que même s’il n’est pas d’accord avec sa décision, il ne dira rien à personne, parce qu’il la respecte. C’est une des choses qu’elle aime, chez lui.

Pourtant, si des fois elle a l’impression de déceler qu’il se passe quelque chose entre eux qui sort du cadre « professionnel », elle se dit qu’il agit peut-être juste comme ça avec toutes ses patientes. Peut-être qu’elle interprète ses faits et gestes et qu’elle se plante complètement. Si ça n’est habituellement pas trop son genre de réfléchir, mais plutôt de foncer, elle préfère ici ne rien faire, de peur de gâcher leur amitié et qu’elle n’ait plus de confident. Qu’elle n’ait plus personne dans le secret à qui elle peut parler librement.

Lorsqu’Erin parla d’une autre fille qui avait les yeux rivés sur SON Gavin, April sentit la moutarde lui monter au nez. Qu’elle garde ses yeux chez elle, celle-là ! En plus, elle en est sure, elle n’est même pas une vraie blonde. Elle doit se colorer les cheveux et avec le peu de cerveau qu’elle a (a). En même temps, si d’autres le regardaient comme ça, ça devait être que l’infirmier est parfait avec toutes ses patientes, et pas juste avec April…. Même si toute son attention était tournée vers elle, lorsqu’il est passé trop brièvement. Bref, elle avait du mal à savoir quoi penser et que faire. Du coup, elle soupira à voix haute en expliquant que l’amour était bien compliqué. Erin semblait du même avis.

« Ah bah toi aussi ? Raconte ! »

Avec tout le naturel qu’on lui connait, April lança gaiement qu’heureusement, le sexe était là. Les choses sont simples, lorsqu’on se limite à ça. Elles sont claires aussi, même si un des deux côtés souffre toujours un peu plus que l’autre. Il faut donc s’arranger pour être le côté qui profite plus. Erin se mit à rire et April sourit à son tour, surtout lorsqu’elle remarqua une dame agée qui recula d’un siège pour s’éloigner d’elles.

« Oups ! »

Elle haussa les épaules, tout en gardant un grand sourire sur son visage, qui disparut légèrement lorsqu’elle entendit la suite. Il laissa place à un air complètement surpris.

« Quoi ? Me dis pas que tu l’as jamais fait ? »

Ses yeux étaient ronds comme des billes, avant qu’ils ne tombent sur son fauteuil. Très décomplexée et adepte du parler franc, elle lui demanda une précision :

« Ou alors tu peux pas ? »

Mes talents d’entremetteuse n’étaient pas des plus développés, mais en voyant April et Gavin échanger des regards étrangement amoureux, je ne pouvais vraiment pas rester sans rien faire.

Mes premiers arguments ne servirent pas à grand-chose, même si la brunette finie par m’avouer les sentiments qu’elle cachait à l’infirmier derrière ses sourires complices. Elle en était même raide dingue ! Alors je n’hésitais pas à lui dire qu’une autre fille semblait intéressée pour réveiller sa jalousie. Une REUSSITE ! … Qui nous conduit quand même à la conclusion suivante : L’amour était vraiment compliqué.

« Ah bah toi aussi ? Raconte ! »

Sa spontanéité ne m’étonna pas plus que ça et je me sentis libre de lui parler. Elle ne devait pas connaitre Jake et ne faisait pas parti du cercle d’ami de mon frère, alors qu’est-ce que je risquais à me confier un peu ? Pas grand-chose, au contraire, ça me libérerait un peu du poids que je portais volontairement sur les épaules.

J’hésitais une seconde pour trouver les mots et me lançait :

- C’est pas franchement plus simple pour moi vu que je suis désespérément amoureuse du meilleur ami de mon frère… J’ose rien lui dire pour pas gâcher leur amitié et parce qu’il me voit pas du tout comme Gavin peut te regarder, toi, mais il finira bien par ouvrir les yeux. En attendant je souffre en silence.

J’ajoutais une grimace à ma dernière phrase pour en plaisanter et dédramatiser. Pas question de tomber dans le mélodrame.

La conversation dériva ensuite tout naturellement vers le sexe. Si pour April ça paraissait facile, la chose se compliquait dans mon cas… Essentiellement à cause de ma fixation sur Jake qui me fermait totalement aux autres mecs de la planète.

« Quoi ? Me dis pas que tu l’as jamais fait ? » me demanda-t-elle les yeux exorbités avant que ses pupilles glissent vers mes jambes et mon fauteuil. « Ou alors tu peux pas ? »

- Je l’ai pas fait depuis mon accident si tu veux tout savoir, mais j’ai d’assez bons souvenirs qui remonte un peu avant ça, répondis-je d’un air taquin et décomplexé. Alors je comprends que ça soit une solution.

A l’époque, je n’étais pas la fille prude pour laquelle on me prenait aujourd’hui. Sans ce chauffard et le choc qui m’avait paralysé j’aurais sans doute très mal tourné… Alors s’il y avait un point positif dans cette histoire, en dehors du rapprochement familial, c’était bien celui là.

- Depuis ba… rien… Mais sérieux, tu t’envoie en l’air avec des mecs d’un soir ?

J’allais sans doute passer pour une ringarde, mais mon coté romantique en prenait quand même un coup en entendant ça… même si parfois ce genre de relation me faisait envie.

Après ses explications sur Gavin, April s’intéressa naturellement à mes problèmes de cœur quand j’affirmais à mon tour que l’amour était un sentiment bien compliqué… Et c’est sans pudeur que je lui parlais de ma propre histoire. Une grande première pour moi qui était plutôt habituée à dissimuler ma peine derrière un sourire.

Heureusement la brunette dédramatisa en plaisantant sur le fait qu’elle aurait adoré avoir un grand frère pour lui présenter des garçons. Sa remarque me fit sourire, mais Liam était un peu surprotecteur avec moi et je l’imaginais mal me présenter à ses potes en espérant me caser avec l’un deux. Même si c’est ce dont je rêvais secrètement… J’étais d’ailleurs en train de m’imaginer ce que je ressentirais si Jake me prenait dans ses bras, mais April ne me laissa pas divaguer plus longtemps. Toujours aussi franche, elle n’hésita pas à me donner son avis sur la question.

Ses conseils n’étaient franchement pas idiot et j’écoutais en silence tout en fixant son regard, mais je ne me sentais absolument pas capable de parler de mes sentiments avec mon frère… d’autant plus qu’il s’agissait de son meilleur ami. Non, si je devais vraiment en parler sincèrement à quelqu’un un jour ou l’autre, ça serait à Jake lui-même. Et autant dire que je n’étais pas prête à le faire demain matin… même si cette distance me faisait souffrir.

« Pourquoi ça te fait souffrir ? Je veux dire en fait t’as des options. Tu peux en parler avec l’intéressé et voir ce qu’il en est de son côté ou ne rien dire, mais que ça ne t’empêche quand même pas de vivre d’autres choses sur le côté. »

- J’ai pas assez confiance en moi pour aller lui parler il est là le problème… et je suis tellement à fond sur lui que je vois pas les autres mecs autour de moi. Ils pourraient tous avoir des pancartes avec marqué « Erin je t’aime » que je les verrais même pas.

April n’avait pas tord, la vie continuait malgré tout, pourtant je ne pouvais pas imaginer une seule seconde sortir avec un autre mec sans avoir de sentiments pour lui. Mon romantisme maladif me bloquait totalement à ce niveau là… alors penser à un plan cul d’un soir, j’en étais très loin. Vraiment très loin. Pas comme la brunette qui ne se gênais pas à prendre du bon temps en attendant que Gavin se décide à faire le premier pas.

« Ah, tu m’as fait peur, j’ai cru que t’étais vierge ! »

Je me mis aussitôt à rire quand elle baissa le volume de sa voix sur le dernier mot.

- Et non… même si ça en surprendrait plus d’un !

En bonne curieuse, je m’intéressais à son expérience en la matière… dans le fond ça m’intriguais.

« Oui. Mais pas avec n’importe qui, hein. Je sais les choisir. Tu devrais essayer. Ca fait un bien fou. »

Sa franchise était une vraie bouffée d’oxygène !

- Promis je vais y réfléchir… ou pas. Mais c’est quoi tes critères de sélection ? Que je me fasse pas avoir si je décide de tenter l’expérience…

April attendait son rendez-vous hebdomadaire. Tous les lundis, c’est la même routine. Début d’après-midi, elle se retrouve dans la salle d’attente. Elle a l’habitude, et pourtant, elle est toujours nerveuse. Elle a peur de plein de choses, comme du fait de tomber sur quelqu’un qu’elle connait, par exemple. Ca n’est pas exactement ce qu’il s’est passé. Elle ne connait pas Erin, elle l’avait juste déjà vue et en avait entendu parler. Les infirmes dans une si petite ville, ça ne court pas les rues. C’est une des raisons pour lesquelles April ne veut pas parler de sa maladie. Tout le monde le saurait en moins de temps qu’il ne faut que pour le dire !

Quoi qu’il en soit, elle se mit à discuter avec la jeune femme et puis fut interrompue par une vision de rêve, celle de Gavin Sanders qui alla adresser deux mots à un médecin, non sans tourner la tête et adresser un sourire à April. Il ne lui en fallut pas plus que pour perdre le fil de la conversation. Finalement, les deux jeunes femmes discutèrent de ce qui venait de se passer, et le fait de savoir qu’il y avait peut être quelque chose poussa April à se confier et à expliquer ce qu’elle ressent pour l’infirmier.

Visiblement, elle était loin d’avoir le monopole des relations inexistantes mais pourtant déjà compliquées. Elle écouta d’ailleurs avec attention Erin lui parler du fait qu’elle était amoureuse du meilleur ami de son frère. Classique. April ne put s’empêcher d’interrompre pour faire un petit commentaire (a). Finalement, elle donna son avis sur la situation. Si Erin souffrait du fait de ne pas en parler à son frère, elle devrait commencer par là, sinon elle pouvait aussi garder ça pour elle.

La caissière essaya de faire comprendre à l’étudiante qu’elle n’avait pas besoin d’avoir mal. Que cet amour pouvait être positif. Il faut qu’elle n’en tire que le côté positif et elle n’a pas besoin que ça se fasse dans la souffrance, même si ça a un côté très romantique, elle veut bien l’accorder. Il ne faut pas non plus qu’Erin se cantonne dans cette relation, en laissant passer d’autres choses sur le côté. C’est son avis le plus sincère, en tout cas.

« Peut-être que justement. Le fait d’être à fond sur lui, ça pourrait l’effrayer ou l’éloigner sans que vous n’ayez besoin de vous parler. Tu sais, choper un mec, c’est pas sorcier. Il faut souffler le chaud et le froid. Ca demande un peu de technique et d’habitude, mais j’ai très souvent eu ce que je voulais. »

La seule fois où ça n’avait pas fonctionné, c’était avec Luke Hansen. Elle avait accepté de coucher avec lui de temps en temps, en pensant naïvement qu’un jour il l’envisagerait autrement… Ce qu’il n’a jamais fait. Et elle a dû passer pour une cruche totale à ses yeux ! L’espace d’un instant, Erin effraya April qui sur un malentendu, comprit qu’elle était vierge ! Non mais, quelle horreur ! Ca n’était finalement pas le cas et April expliqua qu’elle avait peut-être des plans culs, mais qu’elle les choisissait un minimum tout de même.

« Déjà, je ne ramène jamais un mec bourré ou qui a pris une substance illicite. Parce que le but du jeu, c’est de prendre du plaisir, et si le mec n’est pas en maitrise totale de son cerveau –et des fois, même avec ça, mais bon c’est une autre histoire – ça risque d’être pénible pour toi, ou alors qu’il ne pense qu’à lui. »

Elle remit une mèche de cheveux, derrière son oreille.

« Je ramène toujours chez moi, je ne vais jamais chez un inconnu. J’utilise TOUJOURS un préservatif. Je donne mon numéro s’il était vraiment intéressant, mais JE ne rappelle jamais personne. »

Elle fit une petite pause, avant d’expliquer :

« On est des princesses, on doit se faire chouchouter. Ils doivent nous mériter ! »

D’abord surprise d’entendre April me dire qu’elle n’hésitait à prendre du bon temps avec des mecs d’un soir alors qu’elle était raide dingue de Gavin, son collègue infirmier qui venait de faire un passage éclair dans la salle d’attente, je compris finalement son point de vue lorsqu’elle me donna quelques explications… Et puis avec son naturel bavard, la brunette n’hésitait pas à me donner des conseils sur l’art et la manière de faire craquer les hommes. Pas sur que je sois capable d’en faire autant, mais cette conversation était vraiment rafraichissante pour mon romantisme poussiéreux de conte de fées.

" Tu sais, choper un mec, c’est pas sorcier. Il faut souffler le chaud et le froid. Ça demande un peu de technique et d’habitude, mais j’ai très souvent eu ce que je voulais. "

En effet, elle semblait avoir une sacrée expérience en matière de drague et relation amoureuse pour en parler aussi facilement. Pas comme moi… même si je ne considérais pas mon cas comme désespéré, juste un peu à la traine comparé à ceux d’autres filles de mon âge. Il était temps que je me bouge au lieu de rester à attendre. April avait parfaitement raison !

- Hum hum… acquiesçais-je en l’entendant parler d’un plan d’attaque amoureux alternant le feu et la glace. Je vais essayer ton astuce et je reviendrais te donner des nouvelles !

Ma motivation était boostée à bloc ! Il ne restait plus qu’a passé à l’action… demain… dans une semaine… dés que l’occasion se présenterait… En attendant, je laissais April me parler de ses aventures d’un soir et surtout des conditions qu’elle respectait pour rester en sécurité avec des garçons qu’elle ne connaissait absolument pas. Une nouvelle fois, la demoiselle maîtrisait parfaitement le sujet et savait le manier pour me faire rire en parlant de sélection masculine sur les consommations alcoolisés ou d’autres produits illicites. Ceux là étaient directement rayés de la liste des amants potentiels !

« Je ramène toujours chez moi, je ne vais jamais chez un inconnu. J’utilise TOUJOURS un préservatif. Je donne mon numéro s’il était vraiment intéressant, mais JE ne rappelle jamais personne. »

Ses plans semblaient parfait à quelques petites exceptions près…Ramener quelqu’un à la maison me semblait déjà compliqué, alors de là à imposer à ma famille des plans cul il y avait un canyon à franchir.

- Avec quelques modifications adaptées à mon cas, tes règles sont parfaites ! J’y repenserais pour ma prochaine soirée…

D’accord, peut-être pas pour celle de ce soir, mais peut-être que si je donnais l’image d’une fille qui profite VRAIMENT de la vie, Jake me remarquerait davantage. Toutes les autres techniques avaient échouées, alors pourquoi ne pas tenter celle-ci ?

« On est des princesses, on doit se faire chouchouter. Ils doivent nous mériter ! »

Vraiment ? Des princesses… Cela me rappelait une conversation délirante avec Candice…

- J’suis pas certaine qu’un princesse ramènerait un mec différent dans son lit chaque week-end, mais comme les mecs sont loin d’un des princes… alors ça compense.

Mon prince charmant existait j’en étais certaine, mais les rôles étaient inversés. C’est lui qui devait m’attendre les yeux fermés en haut d’une tour dont les marches m’interdisaient l’accès… Alors j’allais me débrouiller pour faire un tel boucan qu’il serait obligé de sortir de son sommeil éternel pour voir qui l’empêchait de dormir! Et là il verrait tout ce qu’il avait loupé à passé son temps à roupiller … Et enfin nous pourrions vivre heureux comme je l’espérais.

April est de nature plutôt bavarde. Ne voyant pas spécialement le mal partout, elle n’hésite pas à papoter de tout et de rien avec des inconnus. Evidemment, elle n’irait pas raconter ses plans cul à n’importe qui non plus, mais Erin lui inspire un minimum confiance et elle n’a donc pas l’impression de prendre des risques en lui parlant un peu de son expérience. A la limite, elle est presque contente. Ce sont des choses dont elle ne peut pas parler avec sa petite sœur, parce qu’elles n’ont pas de lien privilégié. En même temps, Elena est tellement égoïste qu’elle ne doit aimer qu’elle-même.

Quoi qu’il en soit, elle essaye de guider la jeune Erin au mieux. Si certains diront qu’elle est de mauvaise influence, parce qu’elle ne lui inculque pas qu’il faut attendre le mariage pour avoir des relations sexuelles, elle préfère se dire qu’elle lui apprend ce que c’est que la vie réelle. Ca ne sert à rien de se cacher, il faut au contraire pouvoir en parler librement pour éviter d’avoir des ennuis. Il faut parler du préservatif, des garçons à éviter, de ce genre de choses. Ca lui semble tout à fait normal.

« J’espère bien. Et puis, il faut aussi que tu fasses attention à quelque chose. Souvent, les filles, on a tendance à interpréter les réactions des garçons, en y lisant ce qu’on veut y lire… Donc… Quand tu auras avancé avec ton mec, regarde bien sa manière de réagir et écoute bien ce qu’il dit, et puis viens tout reporter à Tata April XD ».

Elle rit de sa bêtise, avant de passer une main dans ses longs cheveux. Elle espère réellement que ça pourra marcher pour Erin et qu’elle arrivera à ses fins… Mais avant tout, qu’elle vienne lui raconter la suite de ses aventures trépidantes… Ou pas ! Ayant relativement confiance en elle, April explique ensuite qu’elle ne rappelle jamais un homme. S’il en vaut la peine, il le fera lui-même. Elle donne ses autres règles par la même occasion et Erin semble approuver, bien qu’elle dise qu’il allait lui falloir quelques adaptations. Pour être sure qu’Erin ait bien compris où elle voulait en venir, April crut bon insister sur le fait qu’elle doit se faire chouchouter par les hommes, pas se laisser briser le cœur. Plus facile à dire qu’à faire.

« Il faut bien que la princesse essaye de rencontrer son prince ! C’est sur que c’est pas en restant enfermée chez soi à mater la télé ou à jouer sur l’ordi qu’on va faire des rencontres ! »

Réagit-elle du tac au tac. Elle n’est pas non plus une trainée, ce qu’elle a un peu pris pour elle dans la remarque précédente de miss Grey. Mais sa mauvaise humeur lui passe souvent aussi vite que ce qu’elle n’arrive.

Depuis combien de temps est-ce qu’on papotait ? Je n’en avais pas la moindre idée…Je passais un très bon moment alors qu’attendre en salle d’attente ressemblait habituellement à une séance de torture sans nom. Tout au contraire, cette rencontre était franchement agréable et je trouvais vraiment agréable de pouvoir aborder des sujets de ce genre avec une quasi totale inconnue. J’avais l’impression de connaitre April depuis des mois, alors que je l’avais abordé seulement quelques minutes plus tôt. Qui aurait deviné que nous parlerions mecs et capotes ? Pas moi si on me l’avait annoncé au réveil, et encore moins la mamie qui s’était écartée de l’autre coté de la pièce pour ne pas entendre nos propos sans doute trop « libertins » pour ses chastes oreilles.

Et puis viens tout reporter à Tata April ! Conclut-t-elle après m’avoir donné de nouveaux conseils pour choisir un mec à ramener le soir pour finir la soirée autrement que toute seule dans mon lit. Les critères de sélections annoncés me paraissaient tout à fait raisonnables et faciles à respecter… Restait à voir si je serais capable de les mettre en application lors de ma prochaine soirée. Ce qui était nettement moins sur… Par contre je pouvais lui faire au moins une promesse :

- Promis je te raconterais tout ! Et ça me donnera une excuse pour venir te voir à l’épicerie et te déranger un peu dans tes heures de boulot.

Bon, peut-être que je lui dirais pas tout en détail, mais au moins les grandes lignes pour qu’elle en sache assez pour me croire et pas me prendre pour une mythomane. En suivant ses conseils j’espérais quand même bien réussir à passer le cap… Car même si nous n’avions pas les vies des princesses que nous racontent les contes de fées, April me conseillait de me faire traiter comme telle ! Je n’imaginais pas Blanche Neige agir de la sorte, et je ne voulais pas juger son comportement dans ma remarque, mais simplement dire que comme les princes n’existaient pas non plus, nous n’avions pas à jouer aux petites filles trop bien élevées pour prendre du plaisir… Je sentis bien que j’avais fait une boulette.

Il faut bien que la princesse essaye de rencontrer son prince ! C’est sur que c’est pas en restant enfermée chez soi à mater la télé ou à jouer sur l’ordi qu’on va faire des rencontres !

Je préférais ne pas remuer le couteau dans la plaie au risque de l’aggraver encore un peu plus… Je pris donc sur moi pour ne pas répondre et éloigner un peu le sujet. Ce n’était pas le moment de me brouiller avec April pour un simple quiproquo.

- Trop ! Et puis je ne veux pas un geek ou un mec trop casanier. Mon prince ne sera pas comme ça, mais pour le moment il doit pas encore connaitre l’adresse du Live Bar… En l’attendant je devrais quand même pouvoir trouver un de ses cousins pour passer une bonne soirée.

J’ajoutais un clin d’œil complice pour bien lui dire que j’avais bien compris le message : le prince charmant ok, mais pas question de se morfondre en l’attendant.

April n’est pas le genre de personne à être spécialement méfiante de nature. Elle a un cœur en or, bien caché par son sacré tempérament. Elle laisse rarement les gens indifférents. Elle prend de la place et cela peut sacrément déranger. Elle est drôle et cela peut sacrément plaire. Bref, elle n’est pas le genre de fille qui passe inaperçu et si elle n’avait jamais fait la connaissance d’Erin les deux jeunes femmes s’étaient déjà croisées. Pourtant, à présent, elles discutaient comme deux réelles amies et les gens autour d’elles devaient penser qu’elles l’étaient… La dame plus âgée, elle, devait regretter porter ses appareils auditifs aujourd’hui, tant elle sembla choquée par ce qu’elle entendait.

Pourtant, April ne disait rien de choquant dans le but unique de déranger. Il lui arrive de jouer à ça, mais à présent, elle est juste en train de donner des conseils à une jeune fille qui semble intéressée par son expérience et ce qu’elle raconte. En tout cas, curieuse comme elle est, April veut vraiment tout savoir de l’avancée d’Erin dans la conquête du cœur du fameux ami de son frère. Pour le coup, April trouve ça trop dommage de n’avoir pas eu de frère qui ramène des beaux gosses à la maison. En même temps, si elle veut ramener, il lui suffit de sortir en boîte. Pas qu’elle est plus jolie ou plus quoi que ce soit qu’une autre, mais simplement parce que les hommes sont faciles ! Et il y en a toute une série prêts à coucher juste pour se ‘vider’ – how charming.

« Oh y a pas de souci. C’est pas comme si mes patrons étaient chiants et puis ils ne me surveillent plus vraiment, depuis le temps que je bosse là. »

En effet, les Lowell sont des gens très gentils même s’ils sont relativement exigeants. En même temps, April manipule leur argent, c’est quand même normal qu’ils soient un minimum sérieux et qu’ils en attendent autant d’elle. Parfois, ça semble les agacer un peu qu’elle papote autant, mais au final les clients sont contents de l’intérêt que la caissière leur porte et ils reviennent volontiers. Du coup, tout le monde est content et tout va bien dans le meilleur des mondes.

« Puis ça me fera plaisir de te revoir. »

Ajouta-t-elle, très sincèrement…. Avant de se sentir un peu vexée par une des remarques de la jeune femme. Qu’Erin se rassure. Si April prend très rapidement la mouche, la tension redescend en flèche quelques secondes plus tard, lorsqu’elle a oublié ce qui l’avait énervée.

« Je ne vais pas non plus au Live Bar. C’est un mec que j’ai beaucoup aimé qui le tient et on ne se parle plus depuis des années. Donc je sors plutôt à Milwaukee. »

Elle sourit, avant d’ajouter.

« Mais bon, même là y a quelques cousins intéressants. »

Reconnut-elle, son sourire toujours accroché à ses jolies lèvres.