De longs mois s'étaient écoulés depuis la disparition de Joshua, et je ne m'étais toujours pas résignée à me séparer de ses affaires. J'avais continué, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un seul dans la panière, à laver le linge qu'il avait porté, l'avait repassé puis rangé soigneusement dans le dressing que nous partagions jusqu'alors. Le week-end, je passais des heures entières à errer dans la maison désespérément vide, vêtue d'une de ses vieilles chemises imprégnées depuis longtemps de son parfum qui avait persisté même après tout ce temps.

Néanmoins, je savais qu'il ne me serait pas possible de vivre éternellement ainsi, ressassant sans cesse le passé. Il me fallait aller de l'avant, continuer de vivre ma vie, peut-être même la vivre pour deux puisque la sienne avait été brutalement écourtée. Aussi avais-je enfin pris la décision de trier ses affaires afin de donner ce qui était encore assez neuf aux bonnes oeuvres et de jeter ce qui était bien trop usé pour servir encore.

J'avais donc pris mon jeudi afin de m'atteler à cette tâche qui, je le savais, risquait de s'avérer plus difficile que prévue. J'avais commencé par la salle de bain, où le simple fait de jeter sa brosse à dent avait provoqué chez moi une crise de larmes que je n'avais réussi à faire cesser que de longues minutes plus tard, après que mes yeux se soient asséchés d'avoir tant pleuré. Cette première étape passée, il me fut bien plus facile de trier le reste de ses affaires, si bien que deux heures plus tard, il ne restait de son passage dans ma vie que quelques photos de nous éparpillées dans les différentes pièces de la maison et deux énormes cartons destinés à une association pour sans abris. Le reste emplissait trois sacs poubelles qui trônaient déjà sur le trottoir. J'allais porter les cartons dans le coffre de ma voiture lorsque j'apercus dans le vide poche posé sur le guéridon de l'entrée, un trousseau de clé, son trousseau de clé au bout duquel étaient pendues les clés de sa vieille ford galaxie décapotable. Parquée dans le garage depuis la mort de Josh, j'avais presque oublié l'existence de ce petit bijoux...

Reposant le carton que je tenais dans les bras, je finis par m'emparer des clés et allais ouvrir la porte du garage. La magnifique voiture, rouge cerise n'avait pas bougée. Joshua se serait damné pour cette voiture, mais je n'avais pas les moyens de payer seule l'assurance qui allait de paire avec cette voiture de collection. Je n'avais d'autre choix que de me débarrasser d'elle aussi... Et j'allais le faire aujourd'hui...

M'installant au volant du véhicule, je ne tardais pas à la faire démarrer. Le léger vrombissement du moteur me fit sourire tristement, je l'entendais pour la dernière fois. M'engageant sur la route, je conduisit sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois jusqu'au garage Stanford où je comptais mettre la voiture en vente...
Arrivée sur place,je parquais la voiture sur la grande place du garage avant d'en sortir.Regardant autour de moi sans voir personne, je décidais de rentrer à l'intérieur de la concession à la recherche de quelqu'un.

S'il vous plait, il y a quelqu'un...?

[ Désolé c’pas top ]

Les affaires reprennent gentiment. Les pertes seront longues et fastidieuses à combler, mais Dean refuse de jeter l’éponge parce que ce garage, c’est un peu son bébé. Il a longtemps travaillé pour parvenir à le lancer, puis le maintenir à flot et refuse de baisser les bras. D’autant plus que c’est le seul de proximité. Evidemment, les habitants peuvent aller à Milwaukee ou plus loin, mais le coup est tout de suite différent, surtout s’il s’agit de se faire dépanner dans le coin. Aujourd’hui, il travaille avec Katie. Pour remettre d’aplomb les finances, n’importe quelle grande entreprise aurait commencé par virer ses employés. Mais lui préfère éviter d’en arriver à cet extrême, quitte à galérer plus longtemps jusqu’à ce que tout redevienne comme avant.

Ses pensées commencent enfin à le laisser tranquille, peu à peu, Dean recommence à vivre. C’est peut-être horrible à dire, mais cette séparation avec Arielle était nécessaire, sans doute autant pour l’un que pour l’autre. Au lieu de se torturer, il réussit enfin à se concentrer sur autre chose, à aller de l’avant ! Ses humeurs ne sont pas encore au beau fixer, mais personne ne lui en voudra pour ça, il n’y a que peu de monde à qui ça arrive pour être une sorte de norme à atteindre. Lorsqu’il se rend compte que les pièces reçues ne sont pas celles qu’il avait demandée pour les voitures qu’il a encore en stand by, Dean marmonne sa mauvaise foi et s’éclipse dans son bureau pour faire des vérifications.

C’est une voix, vraisemblablement féminine, qui le tire de son travail. Il relève la tête.

— Oui, une minute, j’arrive ! »

Lance Dean en replongeant la fête sur cette maudite feuille de commande qui commence à le rendre dingue. Il doit absolument tout contrôler et ça ne lui plaît pas. On pourrait croire qu’après tant d’années on peut se reposer sur les autres, mais il n’en est finalement jamais ainsi. Il soupire et finit par la remettre dans le classeur, il terminera tout cela après. C’est sans doute son humeur plutôt maussade du moment qui lui fait tout voir en noir et qui ne l’aide absolument pas à relativiser. Pour autant, le mécanicien préfère n’en parler à personne. De un, ça n’avancerait à rien, et de deux, d’autres personnes traversent des situations pire que la sienne.

— Bonjour, est-ce que je peux vous aidez ? »

Demande-t-il poliment, venant à la rencontre d’une jeune femme qu’il ne connaît pas vraiment pour tout dire.

[Ca me convient parfaitement & j'adore ton kit ^^]


Je n'avais encore jamais mis les pieds au garage de la ville. Il faut dire que jusqu'ici, connaissant mon "talent" pour la mécanique, Joshua avait toujours pris en charge les problèmes relatifs à nos deux voitures. La mienne, une Prius noire que Josh' m'avait offert pour notre premier anniversaire de mariage n'avait encore jamais eu de réel problème si ce n'est un pneu crevé qu'il avait remplacé lui même, mais sa galaxie elle avait posé d'autres problèmes un peu plus sérieux qui lui avaient valu quelques séjours au garage. Joshua ayant toujours fait confiance aux Stanfords pour s'occuper de la prunelle de ses yeux, je ne doutais pas qu'ils puissent à présent trouver un nouveau propriétaire à la magnifique décapotable rouge que je venais de garer devant le garage.

Me dirigeant à l'intérieur du bâtiment à la recherche de quelqu'un, je fus un peu étonnée de ne croiser personne. Peut-être avais-je eu la bonne idée d'arriver en pleine pause ou quelque chose dans le même goût, après tout, cela ne m'aurait pas vraiment surprise... Décidant tout de même de signaler ma présence, je me permis d'appeler dans le vide, appel qui ne resta pas sans réponse puisque très vite, une voix masculine se fit entendre.
Me postant là où j'étais quand la voix s'était élevée, j'attendis patiemment que le jeune homme se montre, ce qui se fit très rapidement.
Esquissant un sourire de circonstance,incapable de servir autre chose qu'un léger rictus déformé par la tristesse, je tendis néanmoins la main vers lui afin de le saluer à mon tour lorsque celui-ci me salua et questionna sur les raisons de ma présence.

Bonjour, répondis-je tout en serrant la main de mon interlocuteur.

A vrai dire, oui, j'espère que vous pourrez m'aider. Je cherche à vendre la voiture de mon mari et j'espérais pouvoir le faire en passant par votre garage...

J'ignorais pour tout dire, si venir ici était une bonne idée. Peut-être ne pourrait-il rien faire pour moi, après tout il n'était pas concessionnaire, seulement garagiste, je n'avais même pas pris le temps de songer à l'éventualité qu'il ne puisse pas me racheter la ford... D'ailleurs, je n'avait pas pris le temps de réfléchir à grand chose si ce n'est au fait que je voulais me séparer des affaires de Joshua afin de laisser le passé là où il devait être, c'est à dire derrière moi.

[ Merci ♥ ]

En sortant de son bureau, le regard de Dean se pose dans l’atelier, se demandant bien où a bien pu passer sa mécanicienne. Peut-être qu’elle est en pause, ou alors, plus crédible, elle lui a dit qu’elle allait chercher une pièce et, acquiesçant d’une manière automatique, plongé dans ses pensées, il ne l’a tout simplement pas enregistré. Il lui fait entièrement confiance, elle sait ce qu’elle fait et ce qui est le mieux pour cette entreprise très « familiale ». Sortant ses soucis actuels de son esprit, le mécanicien esquisse un sourire en saluant une jeune femme qu’il connaît pour l’avoir déjà croisée en ville, mais rien de plus. Poliment, ils se serrent la main avant qu’elle ne lui expose la raison de sa venue.

S’il est déjà arrivé de racheter des voitures pour ensuite les revendre, les finances du garage ne le lui permettent pas à l’heure actuelle. Ne voulant cependant pas se montrer négatif, il n’en souffle pas un mot. Ils peuvent sans doute trouver une solution intermédiaire, ou, à défaut, la rediriger vers quelqu’un de plus apte. Il y a un concessionnaire pas loin. En fait, le seul avantage de passer par lui est qu’il est d’une honnêteté à tout épreuve et n’essaieras pas de gagner de l’argent sur son dos. De leur côté, les vendeurs de voitures n’ont pas vraiment la même réputation. Pas sûr que ça se justifie, mais il n’empêche que c’est un cliché bien ancré dans les esprits.

Curieux d’en savoir un peu plus, il se dirige vers l’extérieur.

— C’est cette voiture ?

Un véritable petit bijou… Est-ce que… Vous êtes sûre de vouloir vous en séparer ? »

Commente d’abord Dean, esquissant un léger sourire avant d’interroger la jeune femme plus sérieusement. Autant être sûr qu’elle a bel et bien pesé le pour et le contre. Pour l’avoir déjà vue, il se souvient de son propriétaire. Il ne le connaissait que vaguement pour avoir déjà longuement discuté mécanique. Il sait également, qu’il n’est plus là et ne sait pas réellement quoi dire à la blonde sur le coup. Mieux vaut éviter de faire un faux pas, ou de rouvrir, sans le faire exprès des blessures. Pour cette raison, il ne souffle pas mots à ce sujet.