Eva sait que la situation est particulière dans leur cas, puisque son père, et la plupart des gens en ville d'ailleurs, s'imaginent des quantités de choses complètement fausses à leur propos. Tout d'abord, on pense que Devon l'a trompée avec Andrea Morgan, alors qu'il n'en est rien. Et puis, récemment, il y a ceux qui s'imaginent que le jeune homme la "harcèle". En bref, du grand n'importe quoi, mais la jeune femme ne peut pas s'en plaindre. Elle sait que tout est parti d'un mensonge qu'ils ont mis en place tous les deux et qu'ils ne peuvent, finalement, s'en vouloir qu'à eux-mêmes… Elle espère cependant qu'avec le temps, cette histoire finira par se tasser ! Et qu'on laissera une chance à leur couple.

Loin de se douter que son petit-ami a quelque chose de "grave" à lui annoncer, Eva le retrouve avec le sourire, laissant sa main immédiatement retrouver la sienne, le temps de faire le chemin jusqu'au lac. Une fois sur place, le couple choisit un endroit isolé pour se poser et la blonde vient prendre place dans l'herbe, s'extasiant devant le temps, juste magnifique et devant la vue, elle-aussi splendide. Prenant la parole, la blonde n'hésite pas à confier à Devon qu'elle aimerait particulièrement se baigner.

Je vais peut-être prendre des couleurs !

Lance la jeune femme, dans un sourire adorable, espérant que son teint porcelaine finisse par devenir un peu mate, bien qu'il y ait peu de chance que cela arrive, tant sa peau est claire. Devon, lui, risque davantage de prendre des couleurs mais, visiblement, là n'est pas la question. En effet, après avoir pris délicatement sa main, l'étudiant lui confie qu'il a quelque chose à lui dire. Son air semble si grave que la blonde s'inquiète aussitôt, et le dévisage un court instant, comme s'il était possible de trouver une réponse dans son regard.

Il n'en est, évidemment, rien, et l'estomac de la photographe finit par se nouer d'inquiétude.

Vas-y, je t'écoute…

Murmure-t-elle, sans essayer de dissimuler son air fébrile. Il faut dire que le fait que Devon lui annonce si sérieusement qu'il aimerait lui parler de quelque chose ne peut que l'inquiéter ! Elle sent en effet que ce qu'il va dire ne va pas lui plaire… Et ce n'est pas peu dire !

Eva sait qu'ils ne sont pas partis du "bon pied". Leur relation n'est pas classique puisqu'ils ont d'abord été un "faux couple" et que les gens se méprennent totalement sur leur histoire. Cependant, ce qui l'embête le plus, c'est qu'on s'imagine des quantités de choses – et pas des bonnes – sur le compte de Devon, qu'on se méprenne sur lui. Elle aimerait que le reste du monde sache tout comme elle à quel point il est quelqu'un de génial, et de bienveillant. Malheureusement, les rumeurs qui courent sur son compte ne l'ont pas permis jusqu'à maintenant ! Et finalement, Eva s'en veut un peu pour ça… En effet, en comparaison, les rumeurs se sont drôlement calmées la concernant ! Et, fatalement, elle se sent un peu coupable de s'en être sortie comme elle le désirait, tandis que de son côté, Devon a finalement "plongé", en quelque sorte…

Enfin, Eva se refuse de songer à tout ça sur le moment. Elle n'a pas envie de ramener un sujet aussi délicat sur le tapis en ce bel après-midi. En fait, elle aimerait même profiter de ce magnifique temps pour aller se baigner, et peut-être prendre quelques couleurs…

C'est vrai, tu aimes ?

Demande-t-elle, les joues fatalement un peu rougies. Eva espère réellement lui plaire, y compris avec son teint de porcelaine ! Elle a toujours beaucoup douté de son physique mais, heureusement, Devon a toujours su la rassurer sur ce plan-là, et sur tous les autres, soit dit en passant. Enfin, le moment qu'elle est en train de vivre avec lui fait soudainement défaut à la règle ! En effet, avec son air des plus sérieux, et sa volonté de lui parler de quelque chose, Eva commence à angoisser. Elle attend avec impatience qu'il se lance, le cœur tout serré u.u

Qu'est-ce qui se passe ?

Demande immédiatement Eva quand Devon lui confie que, chez lui, c'est assez "horrible" dernièrement. Elle cherche tout de suite à comprendre, parce qu'elle est inquiète pour son petit-ami, et qu'elle craint que les choses ne se passent pas bien avec ses parents. Attentive, elle ne le quitte donc pas des yeux tandis qu'il se lance dans une longue explication, ponctuée d'un prénom, et d'un nom, ceux d'Andrea Morgan. Il n'en faut pas plus pour que le cœur d'Eva se resserre d'un coup. Ça ne va pas en s'améliorant quand Devon parle de colocation. Ils vont donc vivre ensemble…

Le jeune homme ne relève pas la tête, mais de toute manière, Eva ne le regarde même plus. Sur le coup, elle ne sait pas quoi penser. Elle est à la fois triste, déçue, et sans doute un peu agacée. Cependant, aucun mot ne lui vient à l'esprit, et ce n'est pas la colère qui parle pour elle. En fait, jamais elle n'a pour habitude de s'énerver, et quand elle sent l'agacement monter en elle, Eva a plutôt de le réflexe de se renfermer…

Oh… Je vois… Vous allez vivre ensemble, quoi.

Résume-t-elle, en quelques mots, et en regardant droit devant elle. Bizarrement, le ciel lui paraît d'un coup moins bleu, et la vue nettement moins resplendissante. Cette nouvelle lui fait presque mal au ventre. Elle finit d'ailleurs par retirer sa main, disposée sous la sienne, pour la faire glisser dans ses cheveux. Incapable de laisser ses émotions parler pour elle, Eva se ferme comme une huître.

Eva ne se doute vraiment de rien et ne s’inquiète donc absolument pas de la suite des évènements. Elle discute librement avec Devon, faisant référence au temps – absolument magnifique – et à son envie de se baigner. Elle aimerait, également, prendre quelques couleurs, mais n’est pas sûre que son teint le lui permette. Heureusement, son petit-ami la rassure sans plus attendre à ce propos. Devon a toujours su trouver les mots pour calmer ses angoisses, et c’est vraiment rassurant pour elle. La photographe esquisse d’ailleurs un sourire tendre, quand il lui répond qu’elle lui plaît telle qu’elle est.

Merci…

Souffle-t-elle, un peu timidement, et en détournant brièvement le regard. Même si elle cherchait à se rassurer en lui posant cette question, Eva n’est pas pour autant fan des compliments (a) Elle a tendance à rougir très facilement mais un peu moins avec Devon dernièrement, puisqu’elle se sent, en sa compagnie, de plus en plus à l’aise.

Enfin… jusqu’à maintenant. En effet, son attitude mystérieuse, et le fait qu’il lui dise si sérieusement à quel point il doit lui parler, commence à inquiéter la jolie blonde. Déstabilisée, nerveuse, Eva se montre très attentive, mais sent son cœur se resserrer dès que le prénom et le nom d’Andrea Morgan sont mentionnés. A l’époque de cette histoire, elle avait ressenti une certaine jalousie, mais autant dire que maintenant qu’elle partage une véritable relation avec Devon, c’est pire que tout. Le cœur lourd, donc, elle l’écoute jusqu’au bout, comprenant peu à peu que Devon et elle vont vivre ensemble. Elle finit d’ailleurs par le dire à voix haute, histoire d’être certaine de bien avoir compris ce qu’il en est… Et, apparemment, elle ne s’est absolument pas trompée.

Les yeux rivés devant elle, Eva n’arrive pas à exprimer le désarroi qui la submerge à ce moment-là. Une foule de sentiments s’emparent d’elle, tels que la jalousie, la tristesse, la colère, voire même la déception. Pour autant, elle n’arrive pas à mettre de mots sur tout ça et finit par garder le silence, en retirant sa main de la sienne. Cette nouvelle change radicalement la donne, et Eva ne se sent plus du tout d’humeur à passer tout l’après-midi en compagnie de Devon… ! En fait, elle aimerait disparaître.

Le jeune homme a beau s’excuser, lui dire même que ça ne lui fait pas franchement plaisir, Eva ne parvient pas à avoir la moindre réaction. Elle se ferme comme une huître, plutôt que d’exploser comme la plupart des gens le ferait. Le cœur lourd, elle baisse les yeux dès que Devon se place face à elle, lui demandant de dire quelque chose. Plus facile à dire qu’à faire ! Elle a l’estomac noué.

Pourtant, elle aurait tellement de choses à dire ! D’abord, ça aurait été Andrea ou n’importe quelle autre fille, Eva aurait sans doute mal vécu la chose. Que Devon s’installe seul à seul avec une autre, ça lui fend complètement le cœur… mais en prime, il s’agit d’elle. Cette fille avec laquelle il partage un passé commun, et pas n’importe lequel >< Ils ont tout de même couché ensemble. Des images viennent d’ailleurs s’immiscer dans l’esprit de la blonde, des images qui lui tord à nouveau l’estomac. Et puis, il n’y a pas que ça non plus. Andrea Morgan est l’opposé d’Eva Jenns. C’est une magnifique brune, pulpeuse, sensuelle et sexy, particulièrement sûre d’elle, sociable, et féminine. Elles n’ont rien à voir l’une avec l’autre ! Et le fait que Devon ait cédé à ses charmes une fois fait s’interroger Eva sur son goût pour la gente féminine… Comment peut-il avoir « ressenti » quelque chose pour les deux, alors qu’elles sont si différentes ?

En face d’elle, Devon attend toujours une réaction mais Eva, la bouche entrouverte, ne trouve rien à dire de particulier. Pourtant, son cœur est lourd, très lourd ><

Je n’ai pas mon mot à dire, tu fais ce que tu veux.

Finit-elle par murmurer, sans parvenir à cacher sa déception. Elle détourne d’ailleurs le regard, se sentant absolument incapable de fixer le sien.

La nouvelle est difficile à avaler pour Eva, si bien qu’elle oublie complètement leur conversation précédente. Elle s’attendait d’abord à ce que le jeune homme rencontre des difficultés avec ses parents, mais quand le nom d’Andrea Morgan avait été mentionné dans la discussion, elle avait rapidement compris que ça n’avait rien à voir avec eux. Et autant dire que d’apprendre une chose pareille ne la fait pas sauter de joie, bien au contraire… Apprendre qu’ils avaient couché ensemble l’avait déjà rendue jalouse à l’époque mais, à ce moment-là, Eva n’avait pas son mot à dire ! Et elle en était parfaitement consciente. Dev’ et elle n’étaient que de simples amis, peut-être que leur relation commençait tout juste à devenir ambigüe, mais le jeune homme n’avait aucun compte à lui rendre. C’est sans doute ce qui change la donne. A présent, ils forment un couple et, fatalement, les sentiments que la blonde ressent pour l’étudiant la rendent encore plus amère vis-à-vis de cette nouvelle. Ça lui fiche presque un terrible mal de ventre, mais Eva garde tous ses sentiments bien enfouis au fond d’elle, et ne parvient absolument pas à les exprimer.

Pourtant, Devon la pousse à parler, à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Il tente même de se positionner en face d’elle, certainement pour capter son attention, ou son regard. Seulement, Eva a tendance à se refermer sur elle, et ne parvient pas à le fixer. Elle arrive, tout de même, à dire quelques mots, qui ne semblent cependant pas convenir au jeune homme ! Sans doute aurait-elle du garder le silence mais, pour tout dire, sur le moment, Eva n’avait tout simplement pas trouvé mieux ! Elle ne se voit pas l’engueuler pour finir, puisque cette idée ne vient pas de lui à la base… Cela dit, ce n’est pas ce qui lui permet non plus de prendre les choses du bon côté ! Cette nouvelle lui fait quand même drôlement mal au cœur, mais ce n’est rien comparé à ce que lui balance l’étudiant ensuite !

Le cœur d’Eva se resserre d’un coup d’un seul quand il fait mention de « ne pas décevoir ses parents ». Il lui balance cette histoire à la figure, alors qu’elle pensait que tout ça appartenait au passé, d’autant que dernièrement, la photographe a beaucoup pris sur elle pour tenir tête à son père vis-à-vis de leur relation ! Mais ça, Devon ne semble pas du tout s’en rendre compte. Il ne réalise pas à quel point la jeune femme vit mal le fait de décevoir son père, ou de se disputer avec lui. Pour elle, c’est une véritable source de souffrances, qu’elle est prête cependant à endurer, pour pouvoir être avec lui. Il est certainement très loin de le réaliser. Au moins, cette remarque de sa part aura eu le mérite de la faire parler !

J’arrive pas à croire que tu oses me balancer ça à la figure ! Parce que ça aurait été légitime de m’en vouloir, peut-être ? Je tiens tête à mon père pour la première fois de toute ma vie pour être avec toi, je te signale !

Lance-t-elle, en retirant sa jambe de sa main, sentant d’ores et déjà l’émotion s’emparer d’elle, et les larmes lui monter aux yeux. Elle va à l’encontre de la volonté de son père pour être avec lui, mais ça ne lui suffit toujours pas ? C’est assez ironique en un sens, puisque c’est finalement lui qui n’est pas capable d’aller à l’encontre des attentes de sa famille et pas l’inverse finalement… ! Jamais Eva ne pensait se mettre dans un état pareil, surtout pas à cause de Devon mais cette remarque l’a profondément blessée venant de lui. Cela dit, ce n’est pas la colère qui prône, mais bel et bien la tristesse. Elle craint d’ailleurs que sa sensibilité ne prenne le dessus, et qu’elle s’effondre en larmes devant lui… ! Enfin, ce ne serait certainement pas le pire qui pourrait leur arriver ~

La nouvelle compromet vraiment l’après-midi qu’ils avaient prévu de passer ensemble, au bord de l’eau. Eva n’est plus du tout de bonne humeur, et n’a absolument pas envie de s’amuser désormais. Mais, plutôt que de poursuivre cette discussion douloureuse, elle choisit d’abord de se murer dans le silence. La belle blonde ne s’énerve que très rarement, et n’a pas envie de se mettre en colère de toute manière, puisque consciente que ce n’est pas de la faute de Devon, mais plutôt de ses parents, qui lui imposent directement leur décision. Pour autant, ça n’enlève rien à la peine qu’elle ressent. Savoir qu’il verra cette fille tous les jours, qu’ils partageront ensemble des choses qu’Eva ne partagera pas avec lui, c’est une sensation dérangeante. Ça la met en quelque sorte sur la touche, et la jeune femme considère qu’elle ne mérite pas ça, d’autant que leur histoire vient tout juste commencer. Il aurait choisi de s’installer avec une amie à lui, elle aurait pu le comprendre mais là, c’est trop tordu… ! Ils ont couché ensemble, et Eva ne sait même pas quelle relation ils entretiennent à ce jour. De toute manière, ça n’a pas grande importance, puisqu’elle n’a pas son mot à dire dans l’histoire : tout semble déjà plié.

Du coup, elle se montre plutôt fataliste, et finit par reprendre la parole, comme il le souhaite, mais pour lui dire qu’il fait bien comme il veut. Apparemment, cette réponse ne semble pas du tout convenir à Devon qui ne tarde pas à reprendre la parole, un peu plus vivement, parvenant alors à la pousser à bout avec une seule phrase. C’était la corde sensible à laquelle il ne fallait pas toucher. Le cœur d’Eva se resserre, sa colère se fait plus grande. Elle aurait pu encaisser une remarque de ce genre de la part de n’importe qui, mais venant de Devon, c’est extrêmement douloureux.

L’étudiant peut être content de lui ! Cette remarque pousse Eva à sortir du silence. Vivement, d’ailleurs. Elle en profite également pour retirer sa jambe de sa main, n’ayant absolument pas envie de ce genre de contact sur le moment. Au fur et à mesure de ses mots, la blonde se sent tout de même drôlement fébrile. Elle sent même les larmes lui monter aux yeux. Elle voudrait bien s’en empêcher, se montrer plus solide, mais ça a toujours été plus fort qu’elle et sans doute même que ça finit par l’agacer encore davantage…

Si ça t’affectait, tu aurais pu le dire avant, pas maintenant ! On dirait que tu utilises cette histoire comme une excuse pour te justifier et me faire culpabiliser !

Lance-t-elle, sans parvenir à baisser le ton de son côté. Il faut dire qu’elle est profondément touchée par leur conversation, et qu’elle a bien du mal à se détendre. Pour tout dire, qu’on puisse les entendre, ce n’est pas un détail qui lui effleure l'esprit ! Elle est tellement submergée par la tristesse qu’elle a mille autres choses en tête sur l’instant.

Lorsqu’il reprend la parole, Eva baisse la tête, toujours aussi incapable de le regarder dans les yeux. Elle sait qu’il ne voulait pas intentionnellement la blesser, mais c’est tout de même ce qui vient de se passer. Cette remarque, il aurait mieux fait de la garder pour lui sans doute. On dirait que tout est en train de leur exploser à la figure. Mais, plus calme, Eva reprend finalement la parole.

Je suis désolée pour Andrea, et pour ce cambriolage, mais elle n’est pas seule, elle a une quantité d’amis, des frères et sœurs ! Ce sont eux qui devraient vivre avec elle pour la rassurer, certainement pas toi. J’ai du mal à comprendre, je suis désolée. Si je te disais du jour au lendemain que j’allais vivre en colocation avec Parker, ça ne te ferait rien ?

Sa gorge est toujours serrée, l’émotion se fait toujours entendre dans sa voix. Le moment est très difficile pour Eva, elle qui n’a pas l’habitude de parler à cœur ouvert… Elle fait tout de même beaucoup d’efforts pour lui, mais il semblerait presque que ça semble dérisoire à ses yeux au final…

Eva, elle, ne s’attendait pas du tout à ça. Autant dire que ça n’est pas une bonne surprise, loin de là. En prime, sa réaction ne semble pas convenir à son petit-ami. Il aurait pu accepter le fait qu’elle se renferme, mais même pas. Il la force à parler et, visiblement, quand elle parle ça ne lui convient pas non plus. Du coup, il hausse le ton, et en arrive à lui dire des choses particulièrement blessantes. C’est la corde sensible de la belle blonde qu'il vient de toucher là. Ses relations avec son père ont toujours été très particulières, et c’est quelque chose qui lui pèse au quotidien. Lui tenir tête est source de souffrances pour elle, mais Devon n’imagine pas à quel point, apparemment. Ce qui l’attriste d’autant plus, c’est que cette remarque vienne finalement de lui. Elle pensait qu’il faisait exception à la règle, qu’il était le plus à même de se montrer compréhensif avec elle, de ne pas porter un jugement… Elle réalise qu’elle s’est peut-être trompée, et ça lui fait drôlement mal. D’ailleurs, elle est particulièrement fragilisée par la conversation. Son cœur est lourd, sa gorge serrée. Ça s’entend dans sa manière de parler. Son regard, lui, est brillant, mais elle tente de le cacher à tout prix. Elle n’a pas envie que Devon ait pitié d’elle, ou quelque chose dans ce goût-là.

C’est quand même injuste…

Murmure finalement Eva, d’un coup sur un ton beaucoup moins vif. Elle le vit comme un « coup bas », presque. C’était vraiment la seule chose qu’il pouvait lui dire pour l’atteindre, et lui faire mal. Sans doute ne se doutait-il pas à quel point…

Le cœur lourd, la blonde parvient tout de même à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Elle n’a pas envie de se montrer dure avec Andrea qui a eu le malheur d’être impliquée dans un cambriolage dernièrement. Cependant, elle en vient à des conclusions qui lui semblent évidentes, et cette fois, elle n’hésite plus à les dire tout haut. Sa voix est un peu chevrotante, mais au moins, elle parle. Et ce qui la surprend d’autant plus, c’est que Devon ne cherche plus à se défendre. Il admet même qu’elle a raison sur tous les points… Ce n’est pas pour autant qu’il semble être prêt à refuser cette colocation.

Mais bon quoi ? ^^’

Tu as essayé d’en parler à tes parents ? ou bien à Andrea ? Ils pourraient comprendre !

Est-ce que tu leur as dit que vous n'étiez pas amis ? Ou bien que tu es en couple et que ça te gêne de vivre avec une autre femme ? Est-ce que tu leur as dit tout ça ?

Demande-t-elle, en trouvant cette fois la force de relever la tête, pour le fixer. Devon ajoute alors que, si les rôles étaient inversés, le fait qu’elle s’installe avec Parker ne le laissera pas insensible non plus. Au moins, il a une vague idée de ce qu’elle peut ressentir sur le moment.

Eva sait que Devon n'a pas envie de la blesser, mais c'est pourtant ce qu'il vient de faire à l'instant, et autant dire que ça lui a fait très mal au cœur. Elle ne pensait pas qu'un jour ce genre de commentaires sortirait de sa bouche. En fait, sans doute à tort, elle avait pensé qu'il pouvait la comprendre, mais force est de constater que non. Personne ne sait réellement ce qu'elle vit au quotidien avec son père, le lien qui les unit, même pas sa petite sœur. Personne ne semble comprendre à quel point Eva ressent le besoin d'avoir le soutien de son père, constamment. Du coup, quand il le lui enlève, elle se sent perdue, comme un petit chaton qu'on viendrait d'abandonner. C'est idiot, elle le sait bien, tout spécialement à son âge, mais leur relation est fusionnelle, et la peur de le décevoir se fait toujours sentir en elle…! Cela dit, cette fois, elle était parvenue à lui tenir tête, pour poursuivre sa relation avec Devon, malgré tout ce qu'il pouvait en penser. C'est ironique, donc, que ce soit maintenant qu'elle se prenne une réflexion à ce sujet, alors qu'elle vient tout juste de parvenir à s'imposer face à lui… Ironique, et blessant.

Cela dit, Dev' finit par s'excuser, comprenant sans doute enfin quel impact ses propos ont pu avoir sur elle. Eva aimerait lui dire que ce n'est pas grave, mais ces mots ne veulent pas sortir d'entre ses lèvres, sans doute parce qu'en vérité, en fait, ça l'est. Du coup, elle se contente d'acquiescer, de hocher la tête, sans dire cependant un seul mot. Son cœur est toujours serré, la conversation est toujours difficile.

Elle reprend malgré tout la parole, et lui dit tout ce qu'elle a sur le cœur. Sa voix a beau être chancelante, elle sait que ses propos sont cohérents et qu'elle marque des points ! Elle commence d'abord par lui dire qu'Andrea est très entourée, qu'elle n'a certainement pas besoin de lui, mais sans doute d'une personne bien plus proche d'elle… Et puis, elle l'interroge pour savoir s'il a vraiment essayé d'expliquer la situation à ses parents… Force est de constater que… non >< Eva finit par baisser les bras. Elle n'essaie même plus, et se contente de murmurer, le cœur lourd :

Tu n'as même pas essayé…

La blonde est bien placée pour savoir combien il est dur d'avoir des parents oppressants, qui vous forcent à faire des choses dont vous n'avez absolument pas envie…! Mais elle sait aussi à présent ce que c'est de leur tenir tête. Elle sait aussi qu'il faut parfois essayer, même si on a peur, même si c'est dur. Au moins essayer >< Elle, elle a su le faire, pour lui ! La photographe garde les yeux baissés, et essaie de le mettre à sa place deux secondes. Si elle s'installait avec Parker, que ressentirait-il ? Sans doute qu'il ne sauterait pas de joie lui non plus… Il finit par lui dire combien il s'en veut de lui infliger ça, mais Eva a l'impression de n'avoir plus rien à ajouter. C'est plié maintenant, c'est fait. Elle n'a pas son mot à dire, elle n'y peut rien…

En fait, tu ne me demandes pas mon avis, n'est-ce pas ? C'est juste… comme ça ? Il faut que je m'y fasse et voilà ?

Lui demande-t-elle, en parvenant une fois encore à maintenir son regard. Son cœur est serré, ses yeux toujours aussi brillants. Elle doit faire face à la réalité. Quoi qu'elle en dise, Devon va s'installer avec Andrea…

Cette réflexion de la part de Devon, Eva l’a vraiment mal vécue. On lui en a fait, des commentaires, à ce sujet, quand elle était plus jeune. On l’appelait souvent la « gentille fi-fille à son papa », ou des trucs du genre. Sans compter que sa petite sœur n’en pense pas moins, et qu’Emma n’a jamais été un soutien de ce côté-là (en même temps, cela peut se comprendre vu la différence que Wesley fait entre ses deux filles). Du coup, la blonde n’avait jamais l’impression d’être réellement soutenue, sauf par Devon. Autant dire, donc, que cette remarque lui a fait très mal, d’autant qu’il s’agit là, incontestablement, de son point faible. Du coup, lorsqu’il s’excuse, elle ne parvient pas à lui dire que ce n’est pas grave, et se contente simplement d’acquiescer silencieusement. Ça l’a tout de même beaucoup blessée, d’autant que dernièrement, elle est parvenue à tenir tête à son père ! C’est donc ironique (et pas dans le bon sens du terme !) que ce soit donc maintenant qu’elle se prenne une telle réflexion en pleine figure. Elle sait bien cependant que Devon n’a pas voulu lui faire intentionnellement du mal, et c’est certainement ce qu’elle va essayer de garder en mémoire après coup.

Cette remarque de sa part aura eu le mérite, au moins, de sortir Eva du silence. Celle-ci poursuit donc sa réflexion, au sujet d’Andrea. Celle-ci est une jeune femme très entourée à la base, du coup Eva ne comprend pas du tout pourquoi Devon aurait ce rôle à jouer, et pas quelqu’un de sa famille, plutôt, ou l’un de ses amis, par exemple. Elle continue en interrogeant son petit-ami, pour savoir s’il a tenté d’expliquer à ses parents la situation. Il n’en est rien, ce qui la déçoit, même quand Devon lui explique que c’est parce qu’il est persuadé que ça n’aurait rien changé.

Ça n’aurait rien coûté d’essayer quand même.

Souffle la jeune femme, les yeux perdus dans le vide. Autant dire que le fait qu’il n’ait pas insisté, rien qu’un peu, pour que cette colocation ne se fasse pas, laisse penser à Eva qu’il n’est pas réellement contre cette idée pour finir. C’est d’ailleurs ce que ses parents doivent penser eux-aussi, puisqu’il ne leur a jamais fait part de son mécontentement à ce propos…

La blonde parvient à provoquer une réaction chez Devon, en lui parlant de Parker. Ce dernier concède que, si la situation était inversée, il ne l’aurait pas bien vécu lui non plus. Il n’empêche qu’au fil de la discussion, l’étudiante commence à comprendre qu’en lui parlant de cette colocation, son petit-ami ne cherchait ni à obtenir son approbation, ni son avis. La décision est, en fait, déjà prise, et Eva est donc censée faire avec. Elle l’a compris, et le lui demande finalement tout haut. Devon lui répond qu’il n’a pas envie de le lui imposer…

C’est pourtant ce que tu fais, enfin je trouve…

Le ton d’Eva n’est plus vif, mais plutôt triste pour tout dire. D’ailleurs Devon ajoute ensuite qu’il pourrait comprendre qu’elle ne veuille pas continuer dans ces conditions, signe incontestable du fait qu’il lui impose cette colocation, et que ça va bien finir par se faire, quoi qu’elle en dise. Le regard de la photographe se pose dans le sien.

Je te fais confiance, ça n’a rien à voir avec ça.

Mais de savoir qu’elle va partager plein de choses avec toi, des choses que nous deux nous ne partagerons pas, et en plus avec votre passé commun, ça me gêne, oui, ça me rend jalouse. On a rien à voir l’une avec l’autre, ça me donne l’impression que tu trouves avec elle ce qui te manque chez moi.

Avant même que Devon ait le temps de la contredire – parce qu’elle est persuadée qu’il va le faire – Eva reprend la parole, pour ajouter :

Je sais, c’est idiot, mais c’est comme ça, et je ne peux pas m’en empêcher.

Devon aura beau dire tout ce qu’il voudra, cette peur en elle n’est pas prête de disparaître, tout comme son manque de confiance en elle. A nouveau, ses yeux se mettent à briller, et son cœur lui semble plus lourd que jamais. Sans attendre, Eva finit par se redresser, préférant bouger, s’en aller, même, que de fondre en larmes devant lui.

Je suis désolée, j’aurais voulu en être capable, mais je ne le suis pas…

Eva se sent « vide ». Elle ne pensait pas du tout qu’une telle conversation viendrait gâcher leur après-midi, qu’elle se sentirait aussi mal, à la fois déçue, perdue, et triste. Le pire dans tout ça, c’est que leur relation vient tout juste de débuter et qu’un obstacle vient déjà se mettre entre eux. Ils n’ont pas de chance, ils ont attendu tout ce temps, pour finir par se déchirer, à cause d’une histoire de colocation. L’étudiante a beau savoir que les parents de Devon ne lui laissent pas vraiment le choix (même si elle est persuadée qu’il aurait du essayer de leur en toucher deux mots…), elle ne peut pas accepter que son petit-ami vive avec un ancien « coup d’un soir ». C’est trop difficile à gérer. Pourtant, elle lui fait confiance et sait que jamais il ne lui fera de mal, là n’est pas le problème. Seulement, elle sait qu’au quotidien cette situation va finir par lui peser. Elle sait que sa jalousie ne s’envolera pas du jour au lendemain, qu’elle va mal le vivre, qu’elle n’arrêtera pas de s’interroger, et que sa confiance en elle – déjà bien maigre – va finir par en prendre un coup. Non, c’est trop dur à envisager, d’autant qu’elle sait que les habitants de Great Falls se feront une joie de l’entraîner à nouveau dans des commérages mesquins. Eva sait aussi qu’elle devra faire face, une fois de plus, aux commentaires de son père, qui se servira de cette colocation pour dénigrer Devon un peu plus. C’est trop de choses à gérer pour la photographe, qui, tristement, se rend bien compte finalement qu’elle n’a pas son mot à dire dans l’histoire, quoi qu’il en soit.

Lorsque le jeune homme s’excuse, à nouveau, Eva ne sait pas quoi lui répondre une fois encore. Elle lui a dit qu’elle était navrée également, mais elle ne peut pas considérer que ça n’est pas grave. C’est toute leur relation qui en pâtit, leur histoire qui s’envole en fumée. Du coup, elle n’arrive pas à minimiser ce qui se passe, ni à voir les choses du bon côté. En fait, elle se retient de fondre en larmes, allez savoir comment. Elle ne sait pas où elle puise cette force mais parvient à garder une certaine contenance. Sans doute qu’une fois loin de Devon, elle s’empressera d’éclater en sanglots… Mais tant pis. L’essentiel, c’est qu’il n’assiste pas à ça !

Comme elle s’y attendait, par la suite, Devon tente de la rassurer, lui dit qu’il ne manque rien chez elle… mais Eva peine à y croire. Ses craintes ne s’envoleront malheureusement pas en un clin d’œil, et elle en a parfaitement conscience. Du coup, une fois encore, elle garde le silence, mais finit par agir, et par se lever. Elle est incapable de rester plus longtemps dans de telles conditions. Son cœur est terriblement lourd et puis elle sent, aussi, que les larmes qui brillent au bord de ses yeux vont finir par couler d’une minute à l’autre.

Devon a beau comprendre, ça n’enlève rien à la douleur de la belle blonde. Tout ce qu’elle espère, c’est que leur amitié s’en sortira indemne mais, sincèrement, elle ne peut s’empêcher de ressentir de profonds doutes à ce propos, ce qui n’arrange vraiment rien sur le moment. Elle peine, d’ailleurs, à regarder l’étudiant, craignant de s’effondrer d’une minute à l’autre.

Je vais rentrer.

Appelle-moi, si tu veux… enfin… pas trop tôt non plus, je crois que j’ai besoin d’être un peu seule.

A nouveau, Eva puise une force surprenante en elle, puisqu’elle parvient à esquisser un léger sourire, avant de se retourner, pour s’en aller. Ses pas se sont rapides, parce qu’elle sent l’émotion l’envahir. Ce n’est qu’après avoir franchi une dizaine de mètres qu’elle réalise ce qui vient réellement de se produire ente Devon et elle. Elle se sent plus vide encore, plus seule que jamais et, comme il fallait s’y attendre, finit par s'effondrer en larmes…