Every moment spent with you is a moment I treasure

Jake & Candice

« Every moment spent with you is a moment I treasure »

Candice venait de recevoir son dossier d’admission. Le cœur battant, elle le rangea dans son bureau et se demanda une fois de plus si elle avait pris la bonne décision. Reprendre ses études à son age, c’est certes bien joli, mais est-ce bien raisonnable. Elle descendit à la cuisine se faire une tasse de thé vert au tilleul, pour essayer de se calmer et de s’apaiser. Son père était déjà parti au boulot, elle lui annoncerait donc ce soir la nouvelle. Or de question pour elle de quitter à nouveau la maison. Elle ferait les trajets tous les jours. Il faudrait d’ailleurs qu’elle recontacte Max Stanford pour avoir une voiture.

Les petits cris de ses canaris eurent vite fait de la remettre d’aplomb, oubliant ses craintes. Elle repensa à la discussion qu’elle avait eue avec Chris Warner et se souvint de comment il avait réussi à la convaincre, très simplement, en l’écoutant et la guidant. Peut-être avait-elle croisé son ange gardien ? Elle sourit à cette pensée, avant de boire une gorgée de thé chaud… Trop chaud. En attendant qu’il refroidisse, elle monta à l’étage s’habiller. Elle opta pour un combi-short dans les tons de rouge, qu’elle agrémenta d’une ceinture et de ballerines noires. Elle laissa ses cheveux flotter sur ses épaules, ne relevant que quelques mèches en demi-queue, à l’aide d’une pince. Elle redescendit aussi légèrement qu’elle était montée.

Son thé à présent refroidit, elle le but avant de rassembler ses affaires dans un grand sac noir. Elle n’aime pas vraiment cette couleur, d’ailleurs ça n’en est pas vraiment une. Elle ne la porte donc qu’en accessoires, pour éviter de faire trop « bariolé ». Elle prit ses clés et ferma la porte derrière elle, sans oublier de faire un gros câlin à Sateen et Cappie, ses deux chats.

Ses pas la guidèrent, sans qu'elle n'y réfléchisse vraiment, à l’endroit qu’elle aimait le plus au monde. La cabane. Cette cabane qu’elle avait construite il y a des années de ça avec son Jake. A l’évocation du prénom du jeune homme, elle ne put s’empêcher de sourire. En même temps, son ventre se tordit légèrement. Autant elle n’en pouvait plus d’attendre le retour du garçon, autant elle craignait des reproches qu’elle aurait franchement mérité. De toute façon, autant ne pas se tracasser avec ça aujourd’hui étant donné qu’elle n’allait certainement pas le croiser et encore moins là-bas.

Elle farfouilla dans son sac pour en sortir une paire de lunettes de soleil rouges qu’elle posa sur son nez. Le soleil était visiblement avec elle, aujourd’hui. Parfait, avec un peu de chance, elle aurait de l’inspiration. Après quelques minutes de marche, elle arriva près du lac et ne dut s’enfoncer qu’un peu au milieu des arbres pour trouver leur cabane. Déçue, elle remarqua immédiatement un tag laissé par des personnes qui n’avaient visiblement rien d’autre à faire. Elle s’approcha et laissa ses doigts glisser sur la peinture séchée verte fluo qui venait gâcher la beauté de son endroit.

♫ Aerosmith - I don't wanna miss a thing

**Invité** Invité

C'était sur un coup de tête que Jake avait décidé de se rendre à la cabane. Il s'était levé le matin même, le moral à zéro sans trop savoir pourquoi. Il avait eu l'impression de perdre ses repères. Il fallait avouer qu'il passait par une phase assez difficile. Il avait été voir Stan, son petit frère pour y voir plus clair, mais au final, il stagnait toujours... Puis, il avait revu Juliet. Une fille qu'il avait vraisemblablement décidé de rayé de sa vie après avoir agi de manière particulièrement infâme avec elle. Il n'en revenait toujours pas d'ailleurs. Il ne se reconnaissait pas dans les propos qu'avait tenus la jeune fille. Il n'y croyait pas et niait d'ailleurs tout en bloc dans sa tête. Il n'en avait d'ailleurs parlé à personne et ne voulait laisser personne connaître son horrible secret. Aucun de ses proches ne le verraient plus de la même manière s'ils savaient.

Complètement perdu, il avait donc pris la route de la cabane pour se ressourcer. Il avait enfilé un simple jeans, et un t-shirt presque informe. Il se fichait pas mal de ce à quoi il ressemblait. Il n'avait même pas la tête à faire de la musique, à chipoter sur ses programmes sur son ordinateur non. Il avait la tête pleine et tout ce qu'il voulait, c'était oublier, revenir à un endroit paisible et calme qui lui rappellerait le Jake qu'il connaissait, celui qu'il était et qu'il voulait encore être...

Il ne put s'empêcher d'afficher une mine déconfite et un air dépité lorsqu'il constata que leur cabane avait été souillée... Leur cabane... à Candice et à lui. Candice. C'était tout de même une longue histoire. Ils s'étaient connus jeunes, et Jake s'était toujours demandé si elle avait su qu'il craquait pour elle. Il n'avait rien fait, bien sûr. Il s'était cantonné à la place du meilleur ami. Mais Candice restait son amour d'enfance. Il y avait eu Liam aussi. Il s'était ajouté à leur petite bande et lui aussi en avait pincé pour la belle. Et pourtant... ils n'avaient toujours été que des amis eux aussi. Cette cabane, c'était avec elle qu'il l'avait construite et lorsqu'il la regardait, son cœur se serrait. Un fin sourire s'afficha sur son visage.

Cela représentait une époque pure, et simple. À présent que la vie semblait si compliquée -bien qu'il ne se prenne pas la tête- il serait bien retourné à ce moment de sa vie. Même si elle était à présent tagguée, elle ne perdait rien de son charme. Quelques rayons de soleil se déposaient doucement sur les bouts de bois assemblés. Jake la trouvait bien ridicule à présent. Il s'en fichait. Il pénétra dans l'antre et y resta un instant... dix minutes ? Vingt minutes ? Il ne calcula pas. Il demeura silencieux, les yeux ferma et songea.

Ce furent des bruits de pas qui l'alertèrent. Il ouvrit les yeux. Il devait s'agir de jeunes, venus pour détruire un peu plus le temple de sa jeunesse et il ne comptait pas les laisser faire. Il se redressa et sortit en trombe de la cabane.

« Vous n'en avez pas assez fait bande de petits... »

il s'arrêta net. Il ne s'agissait pas d'une bande de loubards prêts à amocher encore plus le lieu de recueillement du jeune garçon. Non, bien au contraire. C'était elle... Il crut rêver. Elle ne pouvait pas être là. Elle était loin et vivait sa vie, son succès.

« Candice... »

Candice laissa ses doigts glisser le long du tag. Visiblement, l’auteur avait simplement écrit son nom de taggeur, elle n’arrivait même pas à distinguer correctement les lettres. Elle releva ses lunettes de soleil et les laissa sur sa tête, avant de se mettre à essayer de voir si la peinture tenait ou non. Elle sortit un mouchoir et se mit à essayer de racler, mais visiblement, c’était loin d’être suffisant.

En pleine contemplation de la catastrophe, la jeune femme ne se douta pas une seconde qu’elle pourrait ne pas être seule. Pourtant, elle entendit une voix se faire entendre et sursauta. Visiblement, la personne n’était pas vraiment contente, si bien qu’elle sursauta à la violence des propos. Elle tourna ses yeux marron vers le seuil de la porte, ou se tenait à présent Jake.

La surprise prit place sur le visage de la jeune femme, alors qu’il souffla son prénom. Déjà, il l’a reconnue. Il faut dire qu’elle a changé du tout au tout, en trois ans. Elle est passée du look total de garçon manqué à une certaine féminité. Déjà ses cheveux sont longs. Elle se maquille légèrement, mais la plus grande transformation, c’est sans doute les vêtements qu’elle porte. Elle a un look très bohème qui la change de l’éternel jeans+t-shirt des années lycée.

« Jake. »

Souffla-t-elle à son tour, un peu hésitante. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle se serait jetée dans ses bras. Par contre, elle ne sait pas du tout si son meilleur ami lui en veut. Elle est partie trois ans et n’a pas donné de nouvelles, mis à part à son père. Il faut dire qu’elle avait un millier de choses à faire, et qu’en plus, elle avait peur que de les entendre lui donne trop envie de rentrer.

« T’es rentré. »

Fut-tout ce qu’elle était capable d’articuler. C’était certainement un peu gros que ça soit elle qui dise ça, mais elle est rentrée avant lui, finalement. Il faut dire qu’elle avait été terriblement déçue que ni lui, ni Liam ne soit là à son retour. D’un autre côté, à quoi s’attendait-elle ? Ils n’allaient pas l’attendre… Ils sont juste meilleurs amis, c’est tout. Et puis elle n’a pas respecté sa part du contrat d’amitié, alors elle ne pouvait rien leur reprocher.

Le cœur battant, elle attendit une réaction de Jake, incapable de bouger, pour sa part. Ca fait tellement longtemps. Tellement longtemps qu’elle veut le retrouver et lui parler. Qu’elle veut passer tout son temps libre en sa compagnie à parler de tout et de rien. Elle a tant de choses à lui raconter… Même si elle a un peu peur de lui parler de son expérience, se sentant coupable d’être partie sans lui. Bref, dans les mille et uns scénarios de retrouvailles qu’elle s’était imaginé, aucun ne ressemblait vraiment à ce qui est en train de se passer.

**Invité** Invité

Il serait bien resté plus longtemps à méditer dans la cabane de son enfance, le petite Jake, mais un visiteur indésirable venait de le déranger. Il sortit tout en jurant histoire de faire un peu peur aux loubards qui venaient sans doute parachever « l’œuvre » qu'ils avaient commencé. Mais ce qu'il vit le laissa bouche bée. Ce n'était pas des jeunes garçons dehors à des heures indues. Il s'agissait de Candice. D'ailleurs, lorsqu'il la vit, tout ce qu'il put dire fut son prénom.

Visiblement, elle ne sut pas très bien comment réagir avec lui non plus. Jake sourit presque bêtement alors qu'il regardait la jeune fille. Elle avait bien changé. Elle était loin de la jeune demoiselle au look de garçon manqué. Elle avait grandi. Elle était devenue une vraie femme, même si Jake l'avait toujours vue comme telle. Elle se maquillait, son look était différent. Elle était encore plus belle que dans les souvenirs de son meilleur ami.

Il fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle souligna qu'il était rentré. C'était bien la meilleure celle-là. Il n'avait jamais quitté la région lui. Il était toujours resté dans les environs, avait continué ses études à l'université de Milwaukee. C'était elle qui avait pris la poudre d'escampette et qui n'avait pas donné de nouvelles.

« Rentré ?... ahah ! Jamais parti, plutôt ! »

Souffla-t-il avec humour. Il était si heureux de la voir. Est-ce qu'il devait l'enlacer ? Quelle attitude était d'usage lorsque l'on revoyait sa meilleure amie après trois ans sans nouvelles. Il s'avança vers elle et encercla ses bras autour de ses épaules et la pressa quelques secondes contre son corps avant de la laisser s'échapper.

« Alors... »

c'était pitoyable comme réplique, il le savait, mais il se sentait tellement mal à l'aise, même si c'était Candice. Cela faisait tout de même trois ans. Et puis, visiblement, sa vie se passait plutôt bien. La sienne en revanche. Il n'avait pas tellement envie d'avoir à lui raconté qu'il n'avait pas évolué alors qu'elle était partie à la conquête du pays. Elle avait mis les voiles pour réaliser ses rêves et il était resté derrière. Aujourd'hui, il ne faisait juste rien. Il hocha quelque peu la tête puis frappa ses mains l'une contre l'autre.

« Tu es rentrée... »

fit-il avec un large sourire reprenant ses propres paroles.

« Trois ans... c'est long... »

il était parfaitement stupide. Il le savait. Cela lui rappelait la conversation qu'il avait eu il n'y avait pas si longtemps que ça avec Eva, la fille sur laquelle il avait craqué pendant toute sa dernière année à l'université. Il était passé pour un idiot aussi. Il en était certain.

Ca a fait mal au cœur de la petite Candice, de voir que quelqu’un avait souillé sa cabane, son lieu de culte. C’est ici qu’elle est venue jouer un millier de fois avec son meilleur ami. Plus tard, c’est ici qu’elle a commencé à écrire ses chansons, avec Jake ou avec Liam ou les deux. C’est sans conteste son endroit préféré à Great Falls, souvenir d’une période parfaite ou son seul souci était d’empêcher sa mère de lui acheter des robes ! Après, tout s’est compliqué. Lindsey est partie, abandonnant son mari et sa fille pour fonder une nouvelle famille, ailleurs. A partir de ce moment, les choses n’avaient plus jamais été comme avant. Candice avait perdu sa foi en l’amour, décidant que ça ne lui arriverait jamais.

Lorsqu’elle avait décidé de se rendre à la cabane, elle n’avait bien sur aucune idée qu’il y aurait déjà quelqu’un à l’intérieur qui l’entendrait arriver et se fâcherait sur elle, la prenant pour quelqu’un d’autre. La situation était, à dire vrai, assez rigolote. Sauf qu’en fait, il s’agit de Jake. Ca fait un bail qu’elle ne l’a pas vu. Plus de trois ans ! Elle a pensé à lui, au moins trois fois par jour, et pourtant, elle l’a abandonné. Tout comme son autre meilleur ami : Liam. Ce n’est pas du tout une question qu’elle ne les aimait plus ou qu’elle s’était fait de nouveaux amis ou qu’elle ne pensait pas à eux. Non. Elle n’avait pas beaucoup de temps pour elle, elle avait peur qu’ils ne lui manquent de trop et qu’elle rentre sur un coup de tête et elle était un peu gênée d’être partie. Du coup, pour ne pas devoir se confier et parler de tout ça, elle avait préféré mettre de la distance entre eux, jugeant ça plus intelligent et sain pour elle.

La jeune femme souligna le fait que Jake était rentré, et elle baissa légèrement les yeux à la remarque du garçon. Elle sourit pourtant, mais était clairement mal à l’aise. Au moins, il ne crie pas, c’est déjà ça. Jake s’approcha et la serra un instant contre lui. Candice plaça ses bras dans le dos du garçon quelques courtes secondes, pour lui rendre son ‘hug’, avant de le laisser se reculer. Elle passa machinalement une main dans ses cheveux. Ce geste était tellement loin d’elle et de ce qu’elle est. Combien de fois ne s’est-elle pas moquée des filles qui se servent de leur main comme peigne, lorsqu’elle était plus jeune. Pourtant, elle avait trouvé que ça lui donnait une convenance. Elle ressentait une tension autour d’elle et de Jake et se demanda si elle a bien fait d’être venue.

La jeune femme sourit lorsqu’il lui demanda ‘alors’. Elle craignait les questions qui allaient suivre. ‘Quand es-tu revenue ? Quand repars-tu ?’ c’est toujours ce qu’on lui demande et elle n’a pas de réponse, du moins, pour la seconde question. Pour le coup, elle repartirait bien demain vu comme elle avait l’impression d’être à présent de trop dans cette situation. A voir toujours le meilleur en toute circonstance, elle s’était imaginée que Jake serait super heureux de la revoir et qu’elle pourrait reprendre sa place là où elle l’a laissé.

« Oui… »

Souffla-t-elle, lorsqu’il souligna qu’elle était rentrée, reprenant la réplique de la demoiselle. Il souligna ensuite que trois ans, c’est long et le cœur de la demoiselle se serra légèrement. Elle s’y était attendue. Voilà que ça arrivait. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire à ça ? Encore ‘oui’ ? Voulait-il qu’elle s’excuse ? Qu’attendait-il d’elle ?

« Oui… »

Ok, à ce rythme-là, la conversation allait vite devenir passionnante… ou pas.

« Je passais juste voir si j’avais pas oublié un carnet, je… je vais rentrer. »

Mentit-elle. Elle préférait simplement fuir, plutôt que d’avoir à l’affronter et puis elle était terriblement déçue de la gêne qui s’était installée entre eux. Jamais ils n’avaient vécu pareille situation.

**Invité** Invité

[désolée pour le retard... j'ai eu une semaine de fou!]

Jake ne pouvait quitter sa meilleure amie du regard... enfin, meilleure amie. Il ne savait pas s'il pouvait toujours la considérer comme telle après les années qui s'étaient écoulées. Certes, elle comptait toujours énormément pour lui, et dans son cœur, rien n'avait changé. Mais il craignait de se faire rattraper rapidement par la réalité. Il se souvenait de toutes les activités qu'ils pratiquaient tous les deux lorsqu'ils étaient plus jeunes, puis à trois lorsque Liam avait rejoint leur petite bande [C'est dingue comme on fait des persos qui viennent d'un groupe de trois...]

Alors qu'il la regardait, il se surprit à souhaiter que rien n'ait changé, qu'ils soient toujours aussi proches, et étrangement, il avait envie de lui prendre la main, de l’entraîner dans la cabane et d'y jouer, encore et encore, comme s'ils étaient encore des enfants. Mais il n'en fit rien. Candice l'aurait certainement pris pour un fou. D'autant plus qu'elle semblait avoir changé. Elle avait évolué. Quelle déception il serait lorsqu'elle apprendrait qu'en réalité il n'avait pas changé d'un brin. Il était toujours le même. Il avait simplement terminé ses études et maintenant, il se retrouvait au chômage.

Son coeur se serra. Elle avait réussi, elle avait une grande carrière en route. Non, ils ne pourraient définitivement pas être comme par le passé. Jake le regretta un instant. Il sourit légèrement. Comment allait-il lui annoncer qu'il avait échoué ?

Jake lui posa quelques questions historie de lancer la conversation, afin de briser la glace. Même s'ils n'étaient pas comme par le passé, rien ne les empêchait de toujours bien s'entendre. Mais il était certain à présent, qu'il n'avait absolument aucune chance avec elle. La grande Candice Lenz ne le verrait jamais comme un homme mais toujours comme un gamin.

Après des années, il avait bien compris que c'était impossible avec Candice et il l'avait toujours considérée comme un amour d'enfance, non réciproque bien entendu. Mais il avait secrètement espéré qu'elle puisse au moins l'admirer une fois dans sa vie.

Il fronça les sourcils lorsqu'elle souffla qu'elle avait simplement voulu vérifier si elle n'avait pas oublié un carnet et qu'elle allait rentrer à présent. Il mit un moment à réaliser et la laissa s'éloigner quelque peu avant de secouer la tête et de se reprendre en main.

« Non, mais tu plaisantes là ? »

lui lança-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine. Il était vraiment fâché qu'elle ait tenté de fuir de la sorte. Certes la situation était gênante mais tout de même !

« ... Trois ans d'absence, deux oui, et tu t'en vas ? Mais bien sûr ! »

il esquissa un fin sourire qu'elle ne se sente pas tout simplement agressée. Il en lui en voulait pas. Il était juste légèrement vexé.

[C’est clair, mais pourtant, Candice est tellement loin de Genesia ! Où Ginny pêterait un câble, elle se casse XD. Elle ressemble plus à Liolio en fait ^^]

La cabane ! Sans conteste l’endroit préféré de Candice Lenz. Il lui rappelle tellement de bonnes choses ! Son enfance, quand elle était encore innocente et vierge de toute blessure. Les heures interminables passées avec Jake, à faire des projets, à rêver, à jouer, à se battre, à rire, … Les moments passés en famille, avec son père ET sa mère et l’idée que l’amour c’est beau et que ça existe. D’ailleurs, à l’époque Jake était son amoureux, et elle était persuadée que ‘quand ils seraient grands’, ils se marieraient. Elle n’en n’a jamais parlé, parce qu’elle ne se confie que très peu et à fort peu de personnes, mais elle en était intimement persuadée.

C’était sans compter sur Lindsey, sa mère, qui lui a prouvé qu’on n’est jamais sûr de ce qu’on a et qu’on peut tout perdre. Du coup, Candice a préféré renoncer aux garçons et les garder juste comme amis. Même Max Stanford, son coup de cœur du début de lycée, elle n’y pensa plus. Déjà parce qu’elle était loin de l’intéresser, et puis ensuite parce qu’elle préfère s’éviter de souffrir. Elle arrive à être heureuse sans un homme qui joue le rôle de petit ami, alors à quoi bon ?

Une autre chose qui a changé, c’est sa relation avec Jake. Sans doute un élément de plus qui lui prouve qu’elle a raison d’avoir une telle crainte de l’abandon, puisque sa relation avec le garçon semble avoir changé. Elle ne peut, honnêtement, pas espérer revenir comme si de rien n’était, mais elle ne pensait pas qu’il y aurait un tel froid entre elle et une des trois personnes qu’elle aime le plus au monde.

Du coup, elle qui voit toujours la vie du bon côté, commence à craindre aussi ses retrouvailles avec Liam. Est-ce que ça se passera de la même manière ? Est-ce qu’elle les a perdus tous les deux ? La jeune femme se mordit la lèvre et essaya de trouver une solution pour se sortir de ce mauvais pas. Inutile de rester là à ne savoir que dire à Jake. Pas eux. Elle inventa donc une histoire de carnet pour avoir une raison de rebrousser chemin.

Preuve qu’elle racontait n’importe quoi, elle ne prit pas la peine d’aller voir dans la cabane, trop perturbée par la situation. Elle se contenta de lui lançer un petit sourire, plus triste que ce qu’elle n’aurait voulu, avant de pivoter sur elle-même et d’avancer… Jusqu’à ce qu’elle entende Jake l’interpeler.

Surprise, elle se retourna et le vit, bras croisés sur la poitrine, ce qui n’augure généralement rien de bon. Elle baissa un peu la tête, avant qu’il ne prenne à nouveau la parole.

« Jake… »

Elle perdit son sourire, remplacé par du tracas. Elle refit un pas en avant, pour ne pas devoir lever le ton pour lui parler.

« Qu’est ce que tu voudrais que je fasse ? »

Lui demanda-t-elle, terriblement sincèrement, un peu perdue. S’il lui dit clairement ce qu’il attend d’elle, elle pourra répondre à ses attentes, parce que là, elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. Ce qu’il veut. Elle ne veut pas se faire rejeter… Ca non.

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[Mes excuses à tous, j’étais en exam de passage et j’ai oublié de prévenir…]

Ce qu’il voulait qu’elle... c’était un vaste à question à laquelle il ne pouvait répondre comme ça. En outre, elle pouvait s’appliquer à tellement de domaines différents. Jake voudrait que Candice le regarde comme un homme. Mais il savait que c’était impossible tout simplement parce que la jeune fille avait décidé il y avait bien longtemps qu’il serait complètement asexué à ses yeux. Mais en plus, il n’avait pas fait grand-chose pour mériter le titre d’homme.

Jake voulait que Candice ne soit jamais partie sans donner de nouvelles. Elle avait bien sûr le droit de poursuivre une carrière. Il n’était pas un monstre. Il n’allait pas la priver de la réalisation de son rêve. Mais pourquoi n’avait-elle pas envoyé un mail, tout simplement, ou même un message, n’importe quoi. Quelque chose qui aurait pu le raccrocher à la vie qu’il menait avant, qu’ils partageaient tous les deux. Il fallait croire que les choses avait réellement changé.

Jake voudrait revenir en arrière, à l’époque où ils jouaient dans cette cabane et que rien n’avait d’importance. Ils étaient tellement insouciants. Tout ce qui importait c’était d’arriver au bout du jeu et que les méchants soient hors d’état de nuire. Il voulait redevenir un enfant. Mais tous ces rêves, n’étaient que vaines chimères.

Pourtant, Jake aurait voulu que Candice lui parle, là, qu’elle lui raconte sa vie, ses aventures, qu’elle lui parle des étapes qu’elle avait une à une franchies. Il voulait qu’elle lui décrive son parcours et qu’ils retrouvent peut-être pas entièrement mais une partie de leur connivence d’autant. Et ça… elle pouvait le faire. Aussi restait-il bras croisés à la regarder alors qu’elle lui demandait impuissante ce qu’il voudrait qu’elle fasse.

« Que tu ne me voies pas comme un étranger… »

Suggéra-t-il en levant les yeux au ciel. Il savait qu’elle était la seule fille avec laquelle il avait assez de cran pour se montrer un rien plus ferme. Il continua à énumérer les possibilités :

« Que tu me racontes ton voyage, tes trois ans ? Que tu me fasses un sourire au moins, non ? Que me parles, tout simplement ! »

Il soupira tout en posant une nouvelle fois son regard sur elle.

« Qu’on soit nous, à nouveau, c’est tout… »

La question de Candice était certes vaste, mais elle était totalement honnête. Qu’est ce que Jake attendait d’elle ? Elle, elle aurait voulu un signe, quelque chose qui lui montre qu’il ne lui en voulait pas et qu’il était heureux de la voir. Elle aurait aimé qu’il lui tombe dans les bras ou qu’il réagisse de manière un peu plus enthousiaste. Elle est injuste et elle le sait.

L’effet de surprise, pour Jake, doit quand même être assez scotchant. Ca fait trois ans – plus même – qu’il ne l’a plus vue et elle s’est physiquement métamorphosée. Au-delà de son apparence physique, il ne l’avait plus eu en face de lui depuis un bon petit bout de temps et devait penser qu’elle ne reviendrait pas de sitôt, peut-être même jamais. Du coup, normal qu’il réagisse d’une manière qui pouvait sembler étrange à la jeune femme, un peu comme dans un ralenti.

Son meilleur ami avait également pas mal de raisons de lui en vouloir. Déjà, il pourrait lui reprocher d’avoir accepté un contrat ne la concernant qu’elle, alors qu’il lui avait fait les arrangements de pas mal de ses chansons. Et puis elle l’avait abandonné pour vivre son rêve. Lui et Liam elle les avait mis de côté. Elle leur avait préféré sa carrière. Il y a tout de même de quoi être vexé.

Sauf que la réalité, du côté de Candice, n’est pas totalement pareille. Déjà, elle ne les as jamais oublié. Toujours ils ont été dans son cœur, Jake en particulier. Il faut dire qu’en hommage, quitte à ne pas l’avoir à ses côtés dans l’aboutissement des morceaux sur lesquels ils avaient travaillé, elle avait fait un mélange de son nom de famille et de celui de son meilleur ami, pour obtenir son nom de scène. En effet, elle est ‘connue’ sous le nom de Candice Stenz.

Elle écouta avec beaucoup d’attention Jake lui demander de ne pas le traiter comme un étranger. Elle n’avait pas vraiment l’impression de l’avoir fait… Sauf qu’il la connait mieux qu’un quelconque étranger. Il avait dû comprendre son ‘stratagème d’évitement’. Elle baissa les yeux un instant, pensive. Elle ne voulait pas le traiter comme un inconnu, justement pas… Mais c’est de voir comment ils avaient interagit ensemble qui lui avait montré que peut-être ils n’ont plus grand-chose en commun. Son cœur se fit douloureux, alors qu’elle reposa les yeux sur Jake, qui reprit la parole.

Il voulait qu’elle lui parle d’elle, qu’elle lui raconte ce qu’elle avait vécu, traversé, qu’elle lui… sourie ? Elle plissa le front un instant, surprise, avant d’entendre la dernière phrase. Elle resta silencieuse un instant. Elle était celle qui avait les cartes en mains. Il avait fait un pas, en lui expliquant ce qu’il voulait. C’était à présent à elle de dire qu’elle ne veut pas le perdre. Qu’elle a peur. Qu’il lui a manqué à chaque seconde et peut-être qu’il lui manque un peu plus encore maintenant…

« D’accord. »

Fut tout ce qu’elle réussit à articuler. Elle se rapprocha de lui, et lui sourit, presque timidement. Elle hésita, mais finalement prit la main de son meilleur ami pour l’attirer à l’intérieur de leur cabane.

**Invité** Invité

Cette fille était tout de même un cas social. C’était du moins ce que pensait Jake à l’instant présent. Cela faisait plus de trois ans qu’ils ne s’étaient pas revus et ils n’étaient pas foutus d’échanger deux paroles cohérentes. Certes, c’était toujours difficile de recréer des liens, de retrouver une connexion avec un ami qu’on n’a plus vu depuis un certain temps, mais il n’était pas n’importe quel ami que diable. Il était son meilleur ami ! (avec Liam, certes, mais il avait toujours aimé penser qu’il était plus important que ce dernier. D’ailleurs, il était arrivé après, il n’avait pas tous droits, Jake était le meilleur point barre.)

La réaction assez froide et distante de Candice le surprit et même lui fit craindre un éventuel retournement de situation. Il redoutait ces retrouvailles. Peut-être avait-elle tellement changé qu’elle ne voulait plus avoir affaire à lui. Tout était possible. La métamorphose physique était tellement énorme qu’il ne savait pas ce qu’il était advenu de sa personnalité qu’il avait tant aimé par le passer. Il avait envie qu’au fond d’elle réside toujours celle qu’il avait connue, mais il n’était pas sot. Les gens changeaient, et il était fort bien placé pour le savoir.

Il savait qu’elle avait pensé à lui et qu’elle ne l’avait sans doute jamais oublié. Il avait suivi un moment sa carrière et s’était plu à croire que son nom de scène venait en partie de lui. À présent qu’elle était en chair et en os face à lui, il voulait qu’elle se bouge, qu’elle redevienne elle, tout simplement, qu’ils soient eux à nouveau.

Lorsqu’elle murmura un simple « d’accord » après un silence prolongé, Jake ne sut pas tellement à quoi s’attendre. Elle avait l’air tellement désorienté comme si elle ne savait pas ce qu’elle pouvait ou devait faire. Mais il suffisait simplement qu’elle soit elle-même.

Elle s’approcha doucement de lui, presque timidement. Il esquissa un sourire à l’instar de la jeune demoiselle. Il sentit sa main se glisser dans la sienne. Il se laissa guider sans mot dire acceptant le contact et la destination. Elle l’emmena dans la cabane. C’était quelque part logique. C’était leur endroit, leur lieu, ils s’y sentaient bien, protégés, en sécurité.

Jake se laissa entièrement guider par Candice. Il ne prit dès lors aucune initiative et une fois arrivé dans la cabane, il s’en remit à elle complètement. Il ne pouvait plus la quitter du regard. Elle était sa meilleure amie, et même si l’enveloppe était bien différente que celle qu’il avait connue, il pouvait la reconnaitre, c’était dans ses yeux, dans son regard, dans ses mimiques aussi, dans tous les traits de son visage.

« Tu m’as tellement manqué… »

Lui souffla-t-il simplement.

Candice s’est toujours sentie terriblement proche de son meilleur ami, Jake. Il faut dire qu’ils se connaissent depuis qu’ils sont tout petits et qu’ils ont partagé tout un tas de choses. Jake et son père sont les deux seules personnes à l’avoir vue traverser toutes les épreuves de sa vie, même si Candice estime avoir été réellement chanceuse. Mis à part le divorce de ses parents, sa vie a été un enchantement. Certes, il y a des tas de petites choses au quotidien qui auraient pu lui faire vouloir autre chose ou lui donner envie d’ailleurs, mais elle ne s’attache pas aux futilités. Elle sait à quel point être avec ceux qu’on aime est important et le reste n’a presque pas d’improtance.

Au jardin d’enfants, à l’école primaire, au collège, puis au lycée et même à l’université, Jake et Candice ne se sont jamais quitté. On les a souvent pris pour des jumeaux, se demandant s’ils avaient un lien familial, les appelant les inséparables et leur prédisant une happy ending digne des plus beaux Disneys. Les choses se seraient sans doutes passées de la sorte si, à 15 ans, Candice n’avait pas été complètement traumatisée. La jeune femme, qui craquait alors pour le rebel Max Stanford, s’est rendu compte que l’amour c’est bien beau, mais que ça ne dure pas. On peut quitter son mari et sa fille. On peut quitter l’homme auquel on a juré fidélité et amour. On peut quitter la chair de sa chair juste pour les plaisirs de la chair, justement ! Une fois que la jeune femme eut réalisé ça, sa vie devint nettement plus facile. Elle n’avait plus besoin de se tracasser, elle vivrait seule, toujours. Enfin seule dans son couple, mais elle serait toujours autant entourée par ses deux meilleurs amis.

C’était sans compter sur son départ pour New York, qui l’a éloignée de ses proches. Ce départ lui a quelque part servi d’excuse. Elle a voulu prouver à tout le monde qu’elle aussi, elle peut se détacher. Qu’elle aussi, elle peut partir et ne jamais revenir. Qu’elle n’est pas acquise, et qu’elle ne le sera jamais. Ce n’est pas du tout ce qu’elle pense, mais son inconscient tordu avait besoin de prouver ces choses-là, sans qu’elle ne s’en rende compte.

Il faut dire que depuis la ‘trahison’, la chanteuse s’est refermée comme une huitre. Elle peut montrer par des gestes ou des actions tout son attachement ou son amour, mais elle n’arrive pas à se confier. Elle a trop peur d’être déçue, rejetée, abandonnée, en ayant confié des choses importantes.

Voulant cependant recréer un lien avec celui qui fut la personnne de son âge la plus importante dans sa vie, Candice prit la main de Jake et l’entraina à l’intérieur de leur cabane. Elle s’y sentirait déjà plus en sécurité. Heureusement, il se laissa faire et elle se sentit un peu plus rassurée. Une fois à l’intérieur, elle ne lâcha pas sa main et lui fit face, cherchant que dire. Elle se mordit la lèvre lorsqu’il avoua qu’elle lui avait manqué. La réciproque était de mise. Pourtant…

« Tu me manques tellement. »

Son cœur se déchira à cet aveu et elle rompit le contact entre eux. Elle passa sa main dans ses cheveux, furieuse contre elle-même, avant de pivoter pour ne plus faire face à Jake. Contre toute attente, elle avait réussi à sortir ce qu’elle ressentait, mais du coup, elle était mal de l’avoir avoué. Candicien…

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Jake n’avait jamais pris Candice pour une fille comme les autres. Elle l’avait tout de suite marquée et il l’avait rangée inévitablement dans une catégorie de personnes bien particulières. Celles qui étaient dans son cœur à jamais. Il savait que même s’ils passaient dix ans sans se voir, sans même se parler à la minute où elle reprendrait contact avec lui, il serait là pour elle. Irrémédiablement. C’était inscrit en lui. Elle faisait partie de lui. Pas dans un sens romantique. Non. Candice était une sorte d’âme sœur amicale… enfin, il avait bien fallu qu’ils le deviennent puisqu’elle n’avait jamais voulu être une âme sœur tout court, mais au final, Jake ne trouvait pas ça plus mal.

Candice était là, devant lui. Près de lui. C’était étrange. Il y avait plein d’émotions qui lui traversaient le corps, un peu, beaucoup et le reste. Il se surprenait à avoir quelques moments d’absence alors qu’il l’observait. Elle l’entraina dans leur cabane. Il ne le dit. Elle ne dit rien. Il la regarda, elle fit pareil. Elle était là. Il fallait bien qu’ils parlent. Il brisa la glace. « tu m’as tellement manqué » n’eut pas l’effet escompté. Moment de blanc. Mordillage de lèvre. Jake analysait sa meilleure amie. Il voulait la comprendre. Elle n’était pas facile à comprendre. C’était une fille certes et les filles, c’est pas facile à comprendre, mais elle…

« Tu me manques tellement »… Aveu. Sourire. Jake était heureux de lui manquer, mais il était là à présent. Elle n’était plus là par contre. Nouveau moment d’absence. Candice s’était entre temps retournée. Elle ne lui faisait plus face. Pourquoi ? Jake fronça les sourcils. Bizarre. Féminin. Compréhensible. Il ne se formalisa pas. Il l’aimait, sa meilleure amie. Il n’avait plus à lui manquer. Il était là. Pourquoi un tel aveu la mettait-elle dans un pareil état.

Il fit un pas en avant. Il hésita. Mais il savait qu’il n’avait pas à hésiter. C’était candice après tout. Il fit un autre pas et un troisième. Leur cabane n’était pas grande. Il eut vite fait de se retrouver juste derrière la jeune fille. Il l’encercla sa taille de ses longs bras pas très musclés mais quand même, c’était pas trop mal.

« Je n’ai plus à te manquer. Je suis là. »

Une question le tarabiscotait. Lui il était là. Et elle ? Elle était là. Oui. Pour combien de temps ? Il n’y pensa plus. L’instant présent, c’était tout ce qui comptait.

Les filles sont en générale, selon les dires des garçons, compliquées. Candice est loin de faire exception à la règle, elle est peut-être même pire. Ou plutôt : elle est très simple. En effet, pour que tout se passe bien, il suffit d’éviter de lui parler et de la faire parler de ses sentiments et de ce qu’elle ressent. Tout se passera alors pour le mieux. Candice a compris, bien malgré elle, que les gens partent toujours et que personne n’est jamais acquis ou éternel. Du coup, bien loin d’elle l’envie d’avoir un petit ami, de se marier et d’avoir des enfants. Jamais elle ne veut souffrir comme elle a vu son père adoré souffrir ou faire du mal à quelqu’un comme elle en a eu elle-même en voyant sa maman l’abandonner.

Elle est pourtant loin d’être une égoïste. La jeune femme a le cœur sur la main et d’une générosité qui n’est plus à prouver. Elle est bien trop gentille ce qui lui vaut d’être considérée comme une personne naive et beaucoup trop crédule. Comme son prénom le suggère, elle est parfois trop candide et ne devrait pas laisser sa peur de l’abandon guider sa vie entière. Seulement, si c’est clair pour nous, son ‘problème’ n’est pas aussi évident pour elle. Elle s’est convaincue que vivre en harmonie avec des personnes charmantes autour suffisait, mais que fera-t-elle le jour où elle se rendra compte que ça n’est pas le cas ?

Pour l’instant en tout cas, elle est bien loin de s’en tracasser, alors qu’à contrecœur, elle laissa la vérité se faufiler un chemin entre ses lèvres. Jake lui manque. Il lui a certes manqué, mais à la rigueur, il lui manque encore plus maintenant. Maintenant qu’elle l’a face à elle. Maintenant qu’elle réalise que les choses ne seront sans doute jamais plus comme avant.

Gênée d’avoir osé avouer ça et craignant un rejet, elle se retourna, se refusant à le regarder partir sous ses yeux. Jake n’aurait jamais fait ça, elle le sait très bien, mais sa peur et son mal être prend trop souvent le dessus et l’empêche de se sentir libérée et légère. Elle sentit les bras de son ami se poser autour de sa taille, et il se voulu sans doute rassurant, en lui disant qu’il était là, qu’il ne devait plus lui manquer. Elle réfléchit un instant à ce qu’il venait de dire. Etait-il réellement prêt à faire que les choses redeviennent comment avant, prêt à lui pardonner toutes ses erreurs qu’elle ne se pardonnait elle-même pas toujours ? Elle reprit une bouffée de courage et se tourna à nouveau, pour faire face à son meilleur ami, se dégageant de par ce geste de son étreinte.

« J’ai raté beaucoup de choses ? »

Demanda-t-elle, avec une moue embêtée sur le visage. Elle se doutait bien que le monde ne s’était pas arrêté de tourner parce qu’elle a décidé de se la jouer rock star à New York.

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Jake partageait les mêmes peurs que Candice. Il craignait qu’on l’abandonne, qu’on ne l’aime pas assez et se retrouvait souvent seul. Non pas parce qu’il n’avait pas d’amis, ou d’amis proches, il en avait, il le savait. Il y avait Liam, sur lequel il pouvait compter. Stan son petit frère. Il y avait Candice, malgré tout, même si cela faisait quelques années qu’ils ne s’étaient plus vus. Des amis, il en avait. Mais les appeler ? Leur demander leur aide ? Jamais. Jake en souffrait beaucoup. Mais il n’arrivait pas à se persuader qu’il comptait assez aux yeux de certaines personnes pour se permettre de les déranger, de leur faire part de sa petite vie minable, de ses peurs.

D’ailleurs, le plus souvent, lorsqu’il parlait de ce qui lui arrivait ou de ses craintes pour l’avenir, il se dépêchait de changer de sujet, de passer à autre chose comme si cela n’avait guère d’importance. Il se rendait d’ailleurs souvent bien compte que l’humanité était cruelle égoïste. Il mentionnait ses problèmes, l’air de rien, demandait à son interlocuteur des nouvelles, et celui-ci s’empressait souvent de monopoliser la parole pour raconter sa vie en détails. Ça n’avait jamais déranger Jake. Il écoutait avec plaisir… Il manquait simplement d’une personne qui comprendrait que tout ce qu’il souhaitait, c’était d’entendre un simple « Non, parle-moi de toi… »

Il l’avait déjà entendue cette phrase, mais il fallait y mettre du sien pour le faire parler. Il avait besoin de savoir que sa vie intéressait ses amis. Sinon, qui était-il et que faisait-il ? Il n’était qu’un simple imbécile sans avenir qui se plaignait sans cesse, mais qui ne se bougeait pas les fesses. Cette simple idée lui était insupportable. Il ne voulait pas qu’on le prenne en pitié. Il ne demandait pas grand-chose, un peu d’attention.

Lorsque Candice se détacha de lui, il se sentit étrangement seul. Une simple étreinte lui faisait toujours beaucoup de bien. Ça lui arrivait peu souvent. Il avait souvent entendu dire que les hommes ne pensaient qu’au sexe. Il n’était pas comme ça. Il préférait de loin passer sa soirée dans les bras d’une fille, à discuter, plaisanter, l’embrasser même, sans que ça aille plus loin. Du sexe pour du sexe, il pouvait en avoir. Il n’en voulait plus. Il voulait de l’affection que diable. Aussi, se détacher de Candice fut plutôt douloureux. Il rit légèrement lorsqu’elle lui demanda si elle avait manqué beaucoup de choses.

« Pas tellement, en fait… Je suis diplômé… au chômage. Je vis toujours chez mes parents. Je me cherche un appart… Il est temps. Je les aime, mais tu les connais. Ils peuvent me rendre fou… »

Et comme de bien entendu, il ajouta :

« Mais toi, raconte ! »

Jake et Liam. Qu’est ce qu’ils ont manqué à Candice. C’était tellement dur, d’être loin d’eux. Tellement qu’elle préférait les ignorer plutôt que de nouer contact avec eux. Si elle avait entendu la voix de Jake au téléphone, elle aurait sans doute fait demi-tour et serait rentrée. Si elle avait lu une lettre de Liam, elle aurait voulu le serrer dans ses bras et lui raconter un millier de choses. Du coup, il avait certainement été plus facile pour elle d’éviter tout contact avec un être cher qui pourrait la faire douter de son choix.

A présent de retour à Great Falls, elle n’attendait qu’une seule chose, retrouver ses deux meilleurs amis. L’idée de les revoir lui mettait le cœur en joie, mais en même temps, elle était plutôt nerveuse. Même si elle voulait voir le meilleur en chaque situation, elle craignait un peu la réaction de ses amis. Il faut dire qu’elle les a laissé tomber, en quelques sortes. Bien loin du délire des nouvelles starlettes qui quittent leurs anciens amis parce qu’ils n’en n’ont plus besoin, elle, elle les a quittés parce qu’elle en a trop besoin.

Son voisin lui a manqué. Tellement. A tel point qu’elle a pris sur elle pour le lui avouer. Formuler ces mots est quelque chose d’assez compliqué pour elle. Elle déteste expliquer ce qu’elle ressent. C’est tendre un bâton pour se faire battre. Même si elle aime Jake plus que tout, même si elle a confiance en lui et en Liam en plus qu’en personne d’autre, c’est impossible pour elle de faire confiance à ce point à quelqu’un. Sa maman l’a trop déçue. Depuis des années, elle est traumatisée par ça et se refuse obstinément à en parler.

Une fois son stress passé, Candice demande à Jake ce qu’elle a manqué. Sans doute tout un tas de trucs. Elle s’assit sur un des « sièges » de fortune de leur cabane, et l’écouta lui raconter ce qui s’est passé.

« Félicitations »

Il avait été diplômé, et elle n’avait même pas été là. Il expliqua ensuite qu’il était au chômage, et elle se sentit un peu coupable, sans rien en laisser paraitre.

« Tu… tu vas partir ? »

Demanda-t-elle, pâlissant sous le coup de la nouvelle. Jake a toujours été soin voisin, elle ne peut pas imaginer qu’il en soit différent. Elle a envie de pouvoir sortir et aller sonner à la porte d’à côté au cas où elle se sent seule, au cas où elle a envie de parler ou encore si elle s’ennuie. Elle ne peut pas imaginer vivre à Great Falls et ne plus se trouver physiquement à moins de cent cinquante mètres de lui, même s’ils sont dans des maisons différentes.

« Moi ? J’ai vécu mon rêve, je me suis faite renvoyer et je suis de retour. »

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