BABY LOVE

♦ Peter Ellington & Megan Echolls

C’est fou ce qu’un simple dossier de santé pouvait contenir comme documents. Cartes en tout genre, sécurité sociales, ordonnance, radiographies, échographies … et encore, ça n’était que ce qui concernait la hanche de Peter. Il avait des annexes concernant son oreille qu’il n’avait pas apportée.

Vêtu d’un jean tout simple et d’une chemise décontractée, Peter attendait qu’on veuille bien s’occuper de lui à l’accueil du centre de radiologie qu’il fréquentait à Milwaukee. Debout, maintenu par sa canne, il souriait avec la patience qu’il commençait à perdre. Au bout de cinq minutes supplémentaires, on lui expliqua qu’il devrait encore patienter.

Peter entra donc dans la salle d’attente lançant un « Bonjour » à l’adresse de tout le monde. Il prit place à côté d’une jeune femme blonde au ventre joliment rebondis. Il lui adressa aussitôt un large sourire et posa sa canne à côté de lui ainsi que son dossier bien rempli. Il était sensé faire une nouvelle échographie de sa hanche pour voir comment évoluait l’articulation. Ce que Peter espérait avant tout, c’était d’être rapidement opéré pour pouvoir se remettre encore plus rapidement et enfin pouvoir au moins retravailler à l’Etat Major de Madison.

D’un naturel avenant, parce qu’il imaginait très bien qu’il faudrait attendre assez longtemps avant d’être prit en charge et parce que les magazines proposés étaient vraiment naze, Peter s’adressa aimablement à la femme enceinte à côté de lui d’un air tout à fait détendu.

« C’est votre premier ? »

C’est fou comme le temps file. Megan a l’impression que la première échographie était la veille. Et la voilà à nouveau dans la salle d’attente, à patienter tranquillement avant que ce ne soit son tour. La seule différence notable est que, cette fois, elle est seule. Un peu plus tôt, c’est avec son père qu’elle a fait le trajet jusqu’à Milwaukee. Ce dernier se rendait à un rendez-vous professionnel, tandis que Megan avait des courses à faire. Si elle prend les transports publics ou s’arrange pour voyager avec d’autres c’est parce que, depuis la tempête, elle n’a plus de voiture. Son accident l’a trop amochée et, autant dire qu’avec ses problèmes financiers, ce n’est pas une dépense qu’elle peut se permettre, ni même qui lui soit très utile si l’on considère qu’elle vit et travaille dans la même ville !

La jeune femme retire sa veste pour être plus à l’aise et se retrouver en t-shirt, coupe féminine, un peu moulant, d’autant plus au niveau de son ventre qui a bel et bien commencé à s’arrondir. Elle feuillette un vieux magazine, relevant les yeux pour saluer aimablement toutes personnes qui rentrent dans la salle d’attente, tout comme pour vérifier l’heure. Son esprit vagabonde, puis, ses sourcils se froncent une fraction de seconde alors qu’il lui semble qu’on s’adresse à elle. La secrétaire tourne la tête comme pour s’en assurer et décrocher un sourire à son voisin.

— Oui, c’est le premier. »

Répond Megan, sans cacher son enthousiasme. C’est avec ce même sentiment extrêmement positif qu’elle reprend la parole pour donner un peu plus de détails quand à ce rendez-vous qu’elle attend avec impatience :

— C’est aujourd’hui qu’on va savoir si c’est une fille ou un garçon ! »

Pas sûr que ça l’intéresse vraiment, mais, depuis qu’elle est enceinte, la blonde doit prendre sur elle pour ne pas parler de cet enfant non-stop, quitte à répéter trente-six fois la même chose. Alors, quand on l’interroge, dur de résister davantage à la tentation. Et puis, pour sa défense, le moment est tout particulier (a) instinctivement, un sourire un peu rêveur, un peu niais, elle porte une main à son ventre ~ 

Ne voulant pas ennuyer sa grand-mère en utilisant sa voiture, Peter s’était rendu à Milwaukee en bus. Il n’aimait pas particulièrement être tributaire des horaires des transports en commun ni même de la durée allongée de ceux-ci, mais il n’avait pas vraiment le choix. S’il possédait son permis depuis bien longtemps, il n’avait jamais réellement eut de voiture à lui. Souvent en déplacements de toute manière, il conduisait les véhiculent de l’armée la plupart du temps ou vivait dans la caserne.
Cette embuscade et les blessures qui en suivirent l’avait forcé à radicalement changer de rythme de vie ce qui ne le réjouissait pas beaucoup, mais il essayait de respecter la volonté des médecins, plus vite il se remettrait, mieux il irait même psychologiquement.

Assis dans la salle d’attente pour une échographie de la hanche, Peter profita de l’instant pour sympathiser avec une jeune femme blonde au ventre rond. Le militaire était très sensible à ce genre d’évènements, il se souvenait l’émotion ressentit lors de la naissance de sa nièce. Il avait eut la chance de pouvoir rencontrer sa petite filleule quelques heures à peine après sa naissance et les sensations étaient sans pareille. Il ne pensait pas qu’il aurait des enfants un jour, du moins avant « l’accident », mais désormais tout était remit en cause, peut être aspirerait-il à d’autres buts dans la vie, surtout s’il ne partait plus en opex.

« Vous devez être impatiente. »

D’un large sourire, Peter accompagna l’enthousiasme de la femme.

« Vraiment ? Et vous avez une envie particulière ? »

C’était une question banalement posée aux femmes enceintes mais on ne pouvait s’en passer. Quel que soit le sexe de l’enfant, la maman et le papa seraient sas doute ravis.

Peter n’avait aucune difficulté à se montrer avenant, pas timide pour un sous, il n’aimait pas ennuyer les gens mais quand la réponse à sa proposition de discussion se faisait positive, il n’hésitait pas à continuer.

La vie de Megan change peu à peu et, pour l’instant, on peut dire que c’est en bien. Elle fait plus attention à ce qu’elle mange, à ce qu’elle boit. Elle ne sort plus la nuit, dort suffisamment, s’investit sérieusement dans son travail et fait de son mieux pour renflouer ses comptes en banque. Ses problèmes d’argent lui créent énormément de soucis, d’angoisses, mais ça reste encore gérable. Faire du sport devrait l’aider, non seulement à garder la forme, mais aussi à se vider la tête. C’est pour cela qu’elle s’est rendue à la piscine pour se renseigner sur les ouvertures et le prix des abonnements. C’est un sport « doux », indiqué dans son état. Ses bonnes résolutions la poussent à envisager de se rendre au moins deux fois par semaine. Mais après, elle verra bien ou la réalité la mène ~

Comme ils ne sont pas venus ensemble, la secrétaire commence à s’inquiéter de l’absence de Luke. Il a encore un peu de temps, mais tout de même ! La discussion qu’engage son voisin détourne son attention. La jeune femme confirme d’un signe de tête :

— Oh oui ! C’est le moins qu’on puisse dire ! »

Confirme Megan avec un grand sourire. Elle sauterait de joie comme une gamine le matin de Noël si on lui en laissait la possibilité. Mais il faut être un minimum civilisée, alors elle se contient, se contentant de pétiller intérieurement. Elle se réjouit de revoir son enfant sur le moniteur de l’échographe, elle se réjouit d’autant plus de savoir s’il s’agit d’un petit garçon ou d’une petite fille ! Dans tous les cas, la jeune mère est persuadée que ce petit ange sera tout simplement sublime. Sans doute, même, la meilleure chose qu’elle ait jamais faite. Mais avant d’en arriver là, ils ont encore un certain temps !

— Hm… Non. J’en sais rien, je crois qu’il vaut mieux que je ne dise rien, on ne sait jamais ! »

Ça risque de porter malheur. Il vaut mieux ne pas tirer de plan sur la comète. Imaginons qu’elle se réjouisse d’avoir un petit garçon, s’imagine ce que ça serait et qu’il s’avère que c’est une fille. Ou inversement.

— Et vous ? Vous n’êtes pas enceinte j’imagine ? XD »

Sa bonne humeur prend le pas sur le reste, quitte à faire de l’humour un peu douteux. Megan se mord la lèvre inférieure, se sentant un peu idiote sur le coup (a)

Se refaire des connaissances, des amis, retrouver des marques dans un lieu alors qu’il n’avait jamais posé de marque nulle part, tout ça était un peu étrange pour Peter. Par forcément effrayant, surtout étrange. Sans compter sur ses soucis de santé qu’il espérait bientôt finis.

Dans la salle d’attente du centre de radiographies et d’échographies, Peter s’installa à côté d’une jeune femme blonde à la mine rayonnante. Sans doute à cause de ce vendre rebondi qui se dissimulait sous ses vêtements. Il ne fallait pas être très observateur pour voir qu’elle était tout simplement enceinte. Cela donnait du baume au cœur de Peter qui préférait largement voir la vie à la mort.

La mort, il l’avait souvent côtoyée, parfois frôlée lors d’opérations militaire. Il était très difficile pour lui d’en parler. Si cela faisait partit du métier, de la vocation qu’il avait choisit, ça n’avait rien de réjouissant. Contrairement à ce que bon nombre pouvait penser, les militaires ne sont pas des gens violents, parfois bien au contraire. C’était d’ailleurs avant tout pur cela qu’il s’était engagé, sauver des vies, des populations et non pas « faire la guerre ».

Il n’hésitât pas à engager la conversation avec la demoiselle, future maman. D’un large sourire, il salua son impatience, amusé.

« Vous avez raison, les surprises de ce type ne peuvent être que bonne de toute manière. »

Le sexe d’un enfant importait peu aux parents en général, même si une préférence se faisait ressentir, quoiqu’il en soit, des parents heureux de mettre un bébé au monde le seraient toujours fille ou garçon.

La plaisanterie de la jeune femme le fit rire. Non, pas de bébé pour lui. Son histoire était un peu plus compliquée. Il indiqua sa canne du bout du doigt pour expliquer sa venue dans le centre.

« Non, moi je me fais vieux, on ne dirait pas comme ça mais je vais fêter mes 86 ans ! »

Il insistait un peu sur le ton de la plaisanterie et se permit de rire avec bonne humeur. Sa petite trentaine contrastait beaucoup avec son état physique actuel. A moitié sourd, la hanche bientôt en plastique médical.

« En réalité je viens pour ma hanche, j’ai eu un accident et il se peut que je doive en changer. »

Quelque part, ne pas savoir où il est, ni même s’il va venir, a tendance à stresser la future mère. Elle se rassure en songeant au fait qu’il lui a promis. C’est un des revers de la médaille. Enfin, dans tous les cas, ce moment ne peut qu’être magique puisqu’elle va revoir le petit bout de chou qu’elle porte dans son bidon, et même savoir s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon.

— C’est sûr.

Le miracle de la vie… »

Murmure la jeune femme, portant une main à son ventre. Elle se sent bien dans sa peau, heureuse. Par moment, ses soucis l’assaillent et l’étouffent. Mais dans d’autres, elle se contente de profiter de la vie et de respirer un bol d’air frais. Puis, ils la rattrapent. Mais il est hors de question de laisser ce jour magique s’assombrir à cause de ce détail !

Pour plaisanter, la jeune femme suppose qu’il n’est pas ici pour le service d’échographie. Il n’a pas l’air d’être enceinte (a) Evidemment puisque c’est un homme. Le fait qu’il ne la toise pas mais, au contraire, joue le jeu, la ravi.

— Eh bien, vous êtes très séduisant (a) »

Minaude Megan, esquissant un sourire. Elle n’est de loin pas certaine de jouir encore d’un quelconque pouvoir de séduction, ni même si qui que ce soit peut encore y être sensible vu son état de femme enceinte. Mais il n’empêche qu’elle pense très sérieusement ce qu’elle vient de dire. Même si, évidemment, elle n’oserait pas lui faire du gringue ouvertement, dans une situation pareille, ou bien ? Elle reprend en riant légèrement, préférant lui donner une sorte de porte de sortie :

— Pour votre âge, je veux dire, évidemment. Il faudra que vous me donniez votre secret ! »

La jeune femme est bien lunée, d’une humeur à faire des plaisanteries. Elle a conscience qu’il n’est pas sérieux, à son sens, il doit avoir quelque chose comme la trentaine. Un âge que la secrétaire atteindra bientôt également. Mais il vaut mieux ne pas y songer. Vieillir, ça l’a toujours beaucoup effrayée.

Quand la conversation redevient un peu sérieuse, elle en fait de même. Une opération, ça ne doit pas être une perspective très réjouissante. Pas plus que les souvenirs d’un accident qui a dû être terrible pour le conduire ici. Megan ne se permet cependant pas de lui poser d’avantage de questions.

— Oh… J’espère que ça ira »

Souffle-t-elle, ne pouvant décemment pas souhaiter du mal à son interlocuteur. Evidemment, ça ne sert à rien, mais elle le trouve plutôt sympa et espère qu’il se rétablira ~

Enthousiasmé par la vie et tout ce qu’elle peut promettre de beau, Peter ne lâcher pas son large sourire. Il posa un regard sur le ventre de la jeune femme ne s’attardant pas trop pour ne pas paraitre trop impoli. La main que cette femme porta sur son ventre prouvait bien que l’amour maternel naissait bien rapidement.

A son tour, elle posa quelques questions à Peter sur la raison de sa présence ici. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’autant qu’il avait été le premier à être indiscret. Il plaisanta d’abord, rebondissant sur ce qu’elle venait de dire et acceptant le compliment qui suivit non sans rougir quelque peu.

« Merci bien ! » dit-il avant de rire alors qu’elle précisait « pour son âge ».

« Un secret reste un secret ! » ajouta-t-il plus bas puis reparti à rire.

Plus sérieusement, il lui expliqua les vrais raisons de sa présence sans chercher à se faire plaindre. Le pire était derrière lui après tout, Peter ne pouvait que regarder vers l’avenir. Il remerciât la demoiselle du regard tandis qu’elle en restait là, ne posant pas d’avantages de questions.

« Oui, ce n’est qu’une visite de contrôle après tout. »

Il se décida enfin à se présenter avec les formes tendant sa main dans sa direction.

« Je ne me suis même pas présenté, Peter Ellington. » dit-il sobrement.

Même si ce n’est clairement pas l’endroit et, qu’en plus, ça ne s’apparente qu’à une sorte de plaisanterie, Megan trouve réellement séduisant son interlocuteur. Peut-être parce qu’il semble plus « raffiné » que ceux qu’elle fréquente en temps normal, mieux éduqué. Ou alors c’est son expérience. Il semble, en effet, être un peu plus âgé qu’elle, pas de beaucoup, mais suffisamment pour le rendre attrayant. Il dégage quelque chose. Ou alors, ce sont ses hormones et son état qui la font délirer (a) Dans d’autres circonstances, dans une vie antérieure même, la secrétaire aurait tout mis en œuvre pour obtenir ce qu’elle voulait, pour découvrir et « dévorer » ce qui l’attirait chez lui. Mais ce n’est plus elle. Elle ne veut plus être comme cela. Par respect autant pour elle-même que pour cet enfant qu’elle porte au creux de son ventre. Ce dernier doit d’ailleurs réduire considérablement son attraction. C’est surement bien mieux ainsi ~

— Et si je vous promets de ne pas le répéter ? (a) »

Elle rigole, comme une enfant. En fait, ça lui fait un bien fou de dire des bêtises, de se détendre un peu, de lâcher du lest. De toute façon, se faire un sang d’encre quant à l’absence de Luke ne réglera en rien le problème. Et puis, ce dernier à la temps avant le rendez-vous. Et elle, elle a le temps de discuter gentiment avec son voisin. D’autant plus qu’elle est persuadée de ne jamais le revoir. Ça calme forcément toute trace de timidité. Même si Megan n’est pas réputée pour faire preuve de ce genre de sentiments (a)

Quand il lui apprend que ce n’est qu’un contrôle, Megan esquisse un sourire et acquiesce d’un léger hochement de tête. Ça ne doit pas être drôle d’avoir des problèmes de hanches. Ce doit être même très douloureux. S’il souffre, il n’a pas l’air de s’en plaindre en tout cas. C’est déjà ça.

Et puis, il se présente. Peter. La secrétaire se promet de s’en souvenir si par hasard ils ont à nouveau des rendez-vous très proche et que l’occasion de discuter se représente.

— Megan Echolls, enchantée ! »

Elle lui serre la main, puis redevient silencieuse. Elle hésite, se mord légèrement la lèvre inférieure et puis… La curiosité finit par l’emporter sur le reste. Elle se tourne vers lui pour l’interroger :

— Est-ce qu'il y a une Madame Ellington ? (a) »

Très sérieusement, Megan ne sait même pas pourquoi elle minaude de cette manière, se rend surement même ridicule. Peut-être qu'elle teste, les limites, ses limites, qu'elle vérifie ce qu'elle pense avoir complètement perdu. De toute façon, ce n'est pas comme si elle risquait grand chose. Il peut la remettre à sa place, elle ne s'en offusquerait même pas. Et puis, elle ne fait rien de mal puisqu'elle est céibataire. Enceinte, mais célibataire ~ 

La conversation lancée avec cette autre patiente plaisait bien à Peter, d’autant que l’attente semblait interminable. L’inconvénient principal des examens médicaux à passer étaient que le rendez-vous avait toujours au moins une demi-heure de retard. Pendant tout ce temps là, il y avait beaucoup de possibilité comme par exemple sympathiser avec une future maman.

Alors que l’état de la jeune femme semblait plutôt clair et visible, celui de Peter soulevait des interrogations. Sa canne laissait supposer un handicap mais son allure physique (quoi qu’ayant perdu un peu de musculature depuis l’accident) ne présupposait par un handicap de longue date.

Peter se laissa aller un instant à quelque plaisanterie laissant croire qu’il était bien plus vieux que ce qu’il paraissait. La blonde accrochait sans soucis à cet humour riant avec plaisir. Peter fit de même.

« Si je vous le disais, je devrais vous tuer après ! » rajouta-t-il avant de rire de plus belle.

Tout en écoutant la présentation de la demoiselle, Peter lui serre la main et fait une légère révérence du bout de la tête.

« Madame Echolls, je suis ravi ! »

Il n’était pas du tout dans une logique de séduction, cette femme était enceinte, il y avait donc un monsieur, c’était sûr, s’il n’avait pas remarqué d’alliance à son doigt, Peter n’imaginait pas qu’on face un enfant complètement seule, le père se pointerait sans doute rapidement après tout. La question de Megan le surprit d’ailleurs un peu mais il mit cela sur le compte d’une poussée de maternalisme. Ça arrivait souvent à sa sœur de lui demander ce qu’il faisait encore célibataire à son âge. Il sourit alors, rougissant légèrement avant de répondre avec honnêteté.

« Et non, malheureusement. »

La ponctualité n’a jamais été le fort des médecins, c’est connu. D’habitude, on passe le temps en feuilletant un magazine sans intérêt. Même si Megan est impatiente de passer cet examen, de connaître le sexe de l’enfant qu’elle porte, elle n’est pas pressée pour autant. Dans la mesure où son ex petit-ami n’est pas encore là et qu’elle tient réellement à sa présence. Et puis, il y a un autre bon côté à l’attente, il s’agit de la discussion qui s’est instaurée avec le jeune homme à côté d’elle.

Megan se sent d’excellente humeur. Etant donné son état, on peut sans doute mettre ses minaudages sur le compte des hormones. Mais également de sa solitude. Ou alors, ce n’est qu’un moyen de tester ses limites, d’essayer de voir si elle est toujours dans le circuit, ou non. Et puis, elle n’a pas menti, la secrétaire trouve le garçon réellement séduisant. Il a du charme, de l’esprit également, il lui plaît bien en somme (a)

— Ce serait fâcheux, je suis d’accord x) »

Elle rigole doucement. Cette conversation n’a ni queue ni tête, mais il n’empêche que ça l’amuse beaucoup. Puis, ils se présentent mutuellement. Même si c’est d’usage de donner le titre de « madame », Megan n’y adhère pas ! Ça lui donne cette affreuse impression d’être vieille, chose qu’elle refuse et combat de tout son être. Surement parce que ça lui fait affreusement peur ~

— En fait, c’est mademoiselle (a) Pas de mariage à l’horizon… »

Un sourire fend son visage. C’est peut-être un terme un peu vieillot, mais ça lui va beaucoup mieux. C’est également une bonne manière de lui faire savoir qu’elle est libre ! Enfin, s’il demande, Megan n’hésitera pas à le lui faire savoir. Alors oui, son cœur est, d’une certaine manière, déjà pris. Ne serait-ce que pas tout l’amour qu’elle porte à son enfant à venir et au père de ce dernier. Mais elle est célibataire.

Lorsque Peter lui apprend que c’est également son cas, elle se mord brièvement la lèvre inférieure, lui fait même un peu les yeux doux. On dirait réellement une adolescente, la bouche en cœur. Ce doit être un peu pitoyable dans son état, mais elle ne s’en rend même pas compte qu’elle en fait des tonnes x)

— Je ne me fais aucun souci pour vous ! »

Lui assure-t-elle. Il ne doit pas être le genre d’homme qui peine à trouver chaussure à son pied.

S’il avait hâte de quelque chose, ce n’était pas particulièrement de passer cet examen de contrôle. Peter commençait à se lasser de la situation de sa hanche et voulait que l’opération soit bientôt fixée pour enfin pouvoir passer à autre chose. Mais il devait faire preuve de patience alors pendant ce temps, pourquoi ne pas rencontrer de nouvelles personnes.

C’était justement ce qu’il était en train de faire en discutant avec Megan Echolls. Il lui avoua qu’il devrait la tuer s’il lui révélait son secret de jeunesse ce qui l’amusât semble-t-il. Il était loin d’imaginer qu’il pouvait plaire à cette jeune femme d’autant que son intention n’était pas là. Peter avait bien trop de respect pour la famille pour se voir « draguer » une femme enceinte. Non qu’elle ne soit pas à son gout, Megan faisait une très belle femme malgré ou grâce à son aura de future mère mais il y avait forcément un père.

Alors que tout naturellement il l’appela « Madame », la jeune femme s’en défendit avouant qu’elle n’était pas mariée. Aussitôt Peter fronça les sourcils malgré lui et s’inquiétât pour elle.

« Ah, vraiment ? Et … le père ? » Demanda-t-il un eu maladroit.

Peter avait du mal à concevoir qu’on puisse fonder une famille seule. Bien sûr, parfois il n’y avait pas le choix et pour un croyant et conservateur comme lui, encore valait-il mieux cela que de sacrifier la vie d’un bébé en devenir.
Elle lui demanda à son tour s’il était célibataire. Peter prit la réponse de Mega comme un compliment et retrouva un sourire charmant.

Le mariage n’a jamais vraiment fait partie des projets de Megan. Qui plus est, maintenant qu’elle est seule, et bientôt mère, ça ne risque plus vraiment d’arriver. En fait, la jeune femme a l’intention de se focaliser sur cet enfant, tout faire pour lui offrir la vie qu’il mérite, l’aimer de tout son cœur. Même s’il risque bel et bien de donner un sens à sa vie, il faudra cependant qu’elle ne l’étouffe pas. Mais elle a encore le temps de voir venir, et de s’en rendre compte ~

— On est séparé. »

La jeune femme esquisse un sourire un peu triste. Même s’ils étaient encore ensemble, il y a fort à parier qu’un engagement tel que le mariage n’aurait jamais fait partie du paysage. Megan a également tendance à se dire que leur couple n’aurait pas tenu avec sa grossesse. Alors, finalement, il mérite juste qu’elle le laisse tranquille. Il est surement déjà en train de passer à autre chose et c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Même si, de son côté, la secrétaire n’est pas douée pour cela, et qu’elle ne s’en remettra probablement jamais complètement. Elle ne le veut d’ailleurs pas.

— Mais… il sera présent pour le bébé. »

Souffle-t-elle, pour éclaircir la situation. Pas que ça le regarde vraiment, mais c’est un détail important. S’il n’est pas là pour elle, il sera là pour cet enfant, fruit d’un amour probablement éteint. Enfin, ce n’est pas un drame, il y a, à l’heure actuelle, énormément de femmes actives, célibataires et mères !

— Qu’est-ce qu’il vous est arrivé au fait ? Vous avez parlé d’un accident ? »

Demande-t-elle, autant par curiosité que pour changer un peu de sujet (a)

Maintenant qu’il savait avoir à faire à une jeune femme enceinte et célibataire, Peter ne la voyait plus tout à fait comme avant. Loin de lui l’idée de la juger, en réalité, il lui fallait beaucoup d’effort pour éviter cela, mais il ne comprenait pas comment de telles situations pouvaient arriver. Il ne s’imaginait pas mettre une femme enceinte et la laisser à son propre sort. Tout ça ne faisait pas partie de ses valeurs, il essayait pourtant de ne pas se montrer trop désappointé.

« Séparés, c’est bien triste ça. » dit-il compatissant, vraiment soucieux pour Megan.

Le sourire fané de la jeune femme prouvait bien la difficulté qu’elle avait à accepter la situation, preuve que concevoir un enfant et l’élever devait se faire à deux. Elle lui apprit finalement que le père serait présent pour le bébé. Peter se mordit la lèvre dans un tic dubitatif, il essayait de ne pas montrer de pitié mais plus de l’empathie or c’était plus facile à dire qu’à faire.

« C’est déjà ça, au moins il connaitra son père. »

C’était un peu maladroit de dire quelque chose comme ça, mais c’était le fond de sa pensée après tout. Peter avait eu une telle image parfaite de la famille qu’il ne concevait pas qu’on puisse être heureux autrement.

Megan relança alors le sujet sur lui et sa blessure, preuve qu’elle devait en avoir assez de devoir se justifier, mais cela n’arrangeait pas plus Peter.

« Un accident de travail en quelque sorte. Je suis militaire. » dit-il en souriant.

Bien que son histoire avec Luke est terminée depuis quelques mois désormais, la blessure n’est pas encore pansée. Megan fait de son mieux pour mettre ses sentiments de côté, aller de l’avant, avancer dans la vie. Ce n’est pas forcément toujours facile pour être honnête. Cela dit, la jeune femme n’a pas honte de l’avouer.

— C’est vrai, mais… Je veux dire, c’est courant à l’heure actuelle. Ce n’est pas forcément plus mal. Vous ne croyez pas ? »

Sans doute n’a-t-elle pas besoin de se justifier, ni même d’aller chercher son approbation puisqu’ils ne se connaissent pas, mais c’est ce que Megan fait d’instinct. Quoi qu’il arrive, ça ne changera pas la situation dans laquelle elle se trouve. En fait, ça ne lui fera sans doute pas changer d’avis. Elle-même a grandi sans mère. Son père a rapidement cessé d’être un exemple. Elle ne souhaite cela à personne ! Surtout pas à l’enfant qu’elle porte en elle et qu’elle chérit déjà plus que tout au monde.

Dans cette configuration, il bénéficiera autant de l’amour de son père, que de celui de sa mère. Ils sont tous les deux des adultes civilisés. Qui plus est, Megan est persuadée qu’ils partagent bon nombre de vue. Ils ne devraient donc pas avoir de problème pour s’entendre sur l’éducation, ou se voir de manière très régulière et parfaitement amical. Il vaut mieux cela plutôt que des engueulades à longueur de temps, qu’ils continuent de partager leur lit s’il ne lui fait pas confiance. Evidemment, Megan ne se doute pas une seconde la vision bien plus « conventionnelle » que se fait Peter de la famille.

Lorsque Peter lui apprend être militaire, la réaction de la jeune femme est partagée. Les hommes en uniforme, c’est d’autant plus attrayant (a) Mais une autre question la taraude, et c’est d’une manière timide que la jeune femme la pose :

— Vous êtes… déjà parti au front ? »

Son regard soutient le sien. Megan n’a pas un avis tranché sur les affaires de « guerre ». Dans tous les cas, elle ose à peine imaginer l’horreur que ce doit être…

Apprenant que Megan était en fait sur le point de faire un bébé toute seule, Peter ne put faire autrement que de montrer son désappointement. Il ne voulait pas paraitre rude, mais il pensait qu’il n’y avait rien de mieux pour un enfant que de naître dans une famille constituée d’un père et d’une mère. Megan lui dit alors que c’était une chose courante, ce qui selon lui n’en justifiait pas la légitimité et que ce n’était pas forcément plus mal.

« Oui, je reste quand même convaincu que grandir au creux d’un foyer où les parents s’aiment reste l’idéal. »

Il gardait son sourire franc et sincère mais ne pouvait se résoudre à désavouer ses propres valeurs. Dans le cas du décès d’un des parents, l’amour demeure et l’image paternelle ou maternelle reste très présente. C’était peut être un peu rétro de penser que la famille traditionnelle était ce qu’il pouvait y avoir de mieux, Peter ne cachait certainement pas son opinion de toute manière. Cela ne l’empêchait pas de considérer la jeune femme enceinte à ses côtés comme une personne agréable et de bonne compagnie.

Alors que Megan voulait en savoir plus sur l’accident de Peter, il ne vit pas d’intérêt au mensonge, il espérait cependant qu’elle ne lui poserait pas trop de questions sur le sujet. La question de la future maman le fit sourire.

« Oui, j’étais en Afghanistan lorsque … » Il indiqua sa jambe du regard.

« J’ai aussi perdu un peu de mon ouïe mais ça c’est pas trop grave, ça me permet de ne pas répondre quand on me demande de l’aide. » ajouta-t-il en plaisantant tout en touchant son oreille droite du bout du doigt.

Que peut répondre Megan à ça ? Elle n’a pas la moindre idée de ce que cela fait d’être accompagné d’un père et d’une mère aimante. La sienne l’a lâchement abandonnée alors qu’elle n’était qu’une gamine. A son sens, il vaut mieux avoir des parents présents, même s’ils ne vivent pas sous le même toit, même s’ils ne s’aiment pas comme ils le devraient. Elle sent comme une sorte de froid s’immiscer entre eux, surement dû à leur différence de point de vue. En fait, la blonde le vit comme une sorte de reproche. Pourtant, ce n’est pas de sa faute, pas entièrement du moins… Ou bien ? Dans tous les cas, c’est la première fois qu’on la met ainsi devant le fait accompli. En général, les gens compatient, ils lui assurent que tout ira bien. S’ils pensent la même chose que Peter, ils se gardent bien de le lui faire savoir en face.

— Oui, sans doute. »

Se contente-t-elle de répondre, plus aussi à l’aise qu’auparavant. Megan n’a pas l’impression de s’en être si mal sortie. Oui, elle a complètement déconné à l’adolescence. Elle aurait également pu écoper d’une peine de prison ou d’intérêts généraux en tout cas. Mais elle s’est bel et bien reprise. Elle a la sensation d’être sur la voie de la rédemption. Elle a envie de s’en sortir, elle a envie de changer de vie en quelque sorte. Et cet enfant est la solution à ses « problèmes », sa seule motivation (a)

Puis la conversation s’oriente timidement sur un autre sujet, à savoir, l’accident qui vaut à Peter Ellington d’être dans cette salle d’attente. Megan est surprise de le découvrir militaire, elle l’est d’autant plus lorsqu’il lui apprend qu’il était en Afghanistan. Ce doit être terrible.

— Ça a dû être horrible. »

Souffle la secrétaire, sans se rendre compte que sa réaction doit être stupide. Après tout, c’est le métier du jeune homme de se retrouver dans un endroit de ce genre. Elle réussit à peine à esquisser un léger sourire lorsqu’il plaisante. Même si la jeune femme a un faible pour les homme en uniforme (a), elle ne peut s’empêcher de se demander s’il a semé la mort sur son passage, ce qu’il faisait là-bas. Sa main caresse son ventre arrondi.

Les idées de Peter étaient sans doute un peu rétrogrades, mais qu’y pouvait-il ? Il avait été éduqué comme ça, avec cet esprit républicain et ces valeurs chrétiennes. Sa réaction était naturelle, face à une telle situation, Peter ne pouvait que déplorer l’absence d’une figure paternelle. Megan expliqua que le père serait présent mais cela suffirait-il ? Peter préférait éviter d’aller trop loin dans les remarques, cette fille n’y était pour rien, au contraire, elle n’était qu’une victime en quelques sortes.

Peter lui exprima la joie que c’était d’avoir grandit dans une famille unie et aimante. Il se rendit compte face à la réaction de Megan qu’il s’était peu être montré un peu rude.

« Excusez-moi, je ne devrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. » dit-il dans le but de s’excuser.

Megan lui fit d’autant plus regretter ses paroles qu’elle en profita pour l’interroger sur les raisons de ses blessures. Il essaya de rebondir sur une plaisanterie, sans vraiment de succès. La réaction habituelle, Megan semblait horrifiée à l’idée de savoir que Peter revenait de guerre. Il esquissa un sourire aimable et la rassura.

« On ne voit pas toujours du très beau mais ce métier nous permet avant tout de défendre les civils. C’est pour ça que je me suis engagé. » dit-il sûr de lui.

Il ne voulait pas parler des horreurs qui se passaient dans ces pays à feu et à sang. Il préférait donner une image positive de son métier, pas qu’il ait quelque chose à cacher, en réalité, il préférait juste se concentrer sur le positif.

La conversation ne tourne absolument pas de la manière espérée. En fait, Megan se sent comme une adolescente. Elle s’entendait minauder, tenter de lui faire du charme, tentatives qui n’aboutissent absolument à rien. Avant qu’il ne la remette en place, d’abord en ignorant ses avances subtiles, puis en lui faisant ce qui ressemble à des reproches, sur sa manière de vivre, d’appréhender sa grossesse. Elle se sent comme une enfant que l’on gronderait. Pour autant, la jeune femme ne perd pas la face et relativise.

— C’est rien, ne vous en faites pas. »

Lui assure Megan, esquissant un sourire qui se veut rassurant. A vrai dire, elle n’est pas habituée à ce genre de réactions. Peut-être derrière son dos. Mais devant, on lui souhaite bonne chance, on lui assure qu’un enfant, ça vous change la vie et on trouve que c’est une excellente chose que le père fasse tout de même partie de l’équation.

Peut-être que Peter a raison, mais tout n’est pas aussi simple. Tout ne se passe pas toujours comme il le faudrait. En attendant, Luke et Megan resteront liés. Elle est également persuadée qu’ils seront suffisamment adultes et responsables pour s’entendre et s’occuper de leur rejeton de la meilleure façon qui soit !

Il lui apprend la cause de son accident, puis son métier. En l’entendant parler de cette façon, donne l’impression à Megan qu’il est « passionné », si l’on peut dire.

— Une noble cause… »

Confirme-t-elle, sans pour autant être persuadée de la véracité de ses propos. Il vaut mieux faire l’amour que la guerre ! Mais bon, si c’est pour protéger des innocents, ce n’est pas elle qui va trouver à y dire quelque chose.

D’une manière automatique, Megan jette un coup d’œil à l’horloge. Le temps file, ça ne devrait plus être long. Cela dit, c’était une attente beaucoup plus agréable que d’habitude (a)

L’avis de Peter sur plusieurs « évolutions » de la société pouvait paraitre étonnant. A son âge, il réagissait parfois comme un vieux survivants des années cinquante, si ça pouvait avoir son charme, notamment lorsqu’il se mettait à danser un bon vieux rock avec une fille, c’était la plupart du temps interprété comme une preuve d’esprit fermé. Il s’excusa donc d’avoir trop vite porté un jugement sur la situation de Megan. Rassuré par la jeune femme, il lui sourit la remerciant de son indulgence.

Puis, la conversation s’orienta sur la blessure de Peter qui ne lui cacha pas être militaire. Il préféra donner une image positive plutôt que d’insister sur les horreurs, il ne voulait pas plomber la pauvre Megan.

« C’est pour le pays !’ » ajouta-t-il en lien avec la noble cause tout en esquissant un léger salut militaire très américain.

A ce moment une assistance médicale surgit dans la salle d’attente.

« Monsieur Ellington s’il vous plait. » énonça-t-elle regardant un peu partout dans la pièce, son regard se posant avec insistance davantage sur les hommes.

« C’est moi, j’arrive. »

Peter se leva alors un peu déçu de voir que Megan devrait encore attendre, il tendis sa main libre vers la femme enceinte pour lui serrer la main et la saluer.

« J’ai été ravi Megan. » dit-il en souriant avant de se mouvoir sans trop de difficultés vers la jeune femme qui l’avait appelé et de disparaitre dans une salle d’examen.

Tout le monde ne peut pas avoir le même point de vue. Il comprendra peut-être un jour celui de Megan s’il se retrouve dans une situation similaire. On a beau avoir toute la volonté du monde, tous les couples ne sont pas faits pour tenir, quoi qu’on veuille croire (parfois, il suffit d’une erreur pour que tout vole en éclat). Il vaut mieux, alors, trouver des solutions adultes. Faire preuve de maturité pour gérer la situation au mieux sans se déchirer. La séparation de Luke et Megan a été d’autant plus difficile qu’ils s’aimaient encore tous les deux. Maintenant, la blonde serait incapable de mettre des mots sur leur relation, elle n’a pas la moindre idée de ce qu’il en est du côté de son ex petit-ami, et il vaut surement mieux ne pas tenter de cerner leurs sentiments respectifs. Ça ne ferait que souffrir la jeune femme et elle a bien assez à faire sans ça !

Hors de question, cependant, d’en dire un mot de plus. Megan préfère orienter la conversation sur un autre sujet. Ayant toujours été une égoïste de première catégorie, elle ne voit pas vraiment l’intérêt de se battre dans une contrée lointaine. En revanche, on ne peut pas dire non plus qu’elle soit contre la violence puisque ça lui a toujours fait un petit quelque chose qu’on se batte pour elle (a) Enfin, cette époque lui semble à des années lumière désormais.

Le regard de la jeune femme se pose sur la porte de la salle d’attente qui s’ouvre. C’est justement son interlocuteur qu’on appelle. Quels que soient leurs désaccords, Peter se montre poli, adorable même, comme depuis le début. Elle lui serre la main.

— Moi aussi. A bientôt j’espère (a) »

Souffle-t-elle, esquissant un sourire. C’est sincère. Il est vrai que, malgré tout, Megan le trouve on-ne-peut-plus charmant et plutôt beau garçon, même s’il a clairement ignoré ses minaudages. Elle ne peut pas lui en vouloir, pas dans son « état », personne ne fait plus attention à elle de cette façon ~

La salle d’attente lui semble à nouveau silencieuse et ennuyeuse. Et puis, il s’avère que c’est son tour. Sa légère inquiétude refait surface, la blonde se demande où est Luke et ce qu’il peut bien faire ! C’est un immense soulagement de le voir arriver.

— Hey, juste à temps ! »

Elle lui fera des reproches plus tard (a)

Luke avait passé la soirée, ou plutôt la nuit, au « Live ». S’il ne comptait pas y rester des heures à la base, il avait été surpris d’apprendre l’absence d’un des barmans et avait dû le remplacer au pied levé. Le jeune homme avait fini par se prendre au jeu, et était resté jusqu’à la fermeture, à boire, fumer, discuter à droite à gauche, et bien sûr, à travailler, aussi, un peu (a) En rentrant, il avait pensé, tout de même, à mettre un réveil. Fait rare pour lui, qui n’a jamais eu de véritables horaires, et qui se lève à peu près quand bon lui semble en temps normal. Seulement, le dealer n’avait pas oublié (fort heureusement !) le rendez-vous que lui avait fixé Megan, dans une clinique de Milwaukee, pour la seconde échographie, celle au cours de laquelle ils devraient d’ailleurs connaître enfin le sexe du bébé. Il avait donc prévu le coup, et avait indiqué à son téléphone portable de le réveiller à une heure précise, heure qui devrait lui laisser le temps de prendre une douche, de s’habiller plus ou moins convenablement, et de faire la route jusqu’à Milwaukee.

Ce rendez-vous, Luke n’a clairement pas envie de le manquer. Il tient à suivre la grossesse de Megan de très près, et à jouer son rôle de père. Pour l’instant, il n’a pas à assumer beaucoup de responsabilités, si ce n’est de se pointer aux échographies, et c’est donc très sérieusement qu’il comptait s’y tenir… avant qu’il ne réalise, en se réveillant, que son téléphone portable avait tenté de le réveiller – en vain – une heure plus tôt…

C’est le branle-bas de combat sur Cunningham Street. Après avoir enfilé le premier jean qu’il avait trouvé – à savoir un vieux truc troué aux deux genoux – et un tee-shirt gris foncé, Luke avait dévalé les escaliers de chez lui, tout en coiffant ses cheveux courts d’une main, pour gagner du temps. Au volant de son 4x4, il avait brièvement jeté un coup d’œil dans son reflet, en constatant que ses joues mal rasées ne feraient sans doute pas bon effet. Pour camoufler le fait qu’il ne s’était pas lavé les dents, et qu’il avait fumé au volant, Luke avait opté pour deux chewing-gum à la menthe, qu’il avait mâchouillés juste avant d’arriver. Heureusement, il avait tout de même pensé à se mettre du déodorant avant de partir… ! Pour le reste, disons qu’il a tout d’un ours mal léché.

Une fois à l’intérieur de la clinique, Luke arpente les couloirs à toute vitesse pour retrouver la salle d’attente, en priant le ciel d’arriver à temps. Son soulagement est énorme lorsqu’il croise le regard de Megan, justement en train de se lever d’un des fauteuils, pour entrer dans le bureau du médecin. Comme il fallait s’en douter, celle-ci se permet un petit commentaire, alors que le dealer tente de reprendre son souffle.

Je gère o/

Lance-t-il, comme si tout était calculé, avant de sourire, en saluant le médecin, qui les invite sans plus tarder à entrer dans la salle d’examen. Le verdict est pour bientôt ~

Fin de la scène