La corvée de course était encore pour moi cette semaine et je DETESTAIS ça ! Katie savait parfaitement que n’aimais pas aller au centre ville de Great Falls pour remplir le frigo, elle s’était donc amusée à charger la « petite » liste qu’elle me donnait à chaque fois que je devais aller jusqu'à l’épicerie Lowell. Super ! Comment gâcher une fin d’aprem ?! Et bien, il suffisait de perdre son temps dans les rayons d’une boutique, à chercher une boite de cœur de palmier ou des chips au wasabi…

Armé d’un sac aux motifs cœurs roses, que j’avais plié dans une de mes poches pour ne pas me taper la honte, je trainais les pieds tout le long de la rue jusqu'à l’entrée du magasin. Autant dire que ma motivation ne dépassait pas celle que j’avais lorsqu’il fallait aller chez le dentiste ou réparer la machine à laver encore en panne… Pouffff. J’étais gavé !

J’espérais que personne n’aurait besoin de venir acheter un truc à l’épicerie en même temps que moi. Il n’existait rien de pire que cette corvée, si ce n’est de croiser en plus une vieille mamie bavarde qui voulait rompre sa solitude en racontant sa vie au pauvre mec qui ne venait juste prendre du sirop d’érable à coté des conserves de petits pois qu’elle convoitait… Ou bien une ex avec qui vous vous êtes séparés plutôt bruyamment.

Hé merde ! C’était vraiment pas mon jour.

Je ne pouvais pas faire celui qui n’avait pas remarqué la jolie brune. La boutique était trop petite pour ça et Elisabeth se trouvait juste en face de l’entrée. Je ne pourrais pas m’échapper cette fois.

- Salut Lizzie, lâchai-je par politesse en passant devant elle. T’avais encore besoin de cartouches d’encres pour imprimer tes photos de commère ?

Si j’avais espérer régler cette histoire de courses en deux deux, c’était lamentablement raté. Combien avais-je de chance de croiser Lizzie ? Une sur cent ? J’aurais pu m’éclater à faire un pronostic si la silhouette de la jolie brune ne s’était pas profiler dans le rayon devant moi. C’était vraiment pas de bol !

Ma relation avec cette fille n’avait jamais rien eu de vraiment passionnel… Loin de là ! Nous étions tombés dans le même plumard pour oublier nos problèmes et la solitude de nos vies, pas par sentiments amoureux. Ha ça ouai, coté sexe ont assuraient grave ! Mais pour le reste, il ne fallait pas trop en demander. Nos prises de têtes étaient donc devenues normales au fil du temps, jusqu'à ce qu’on finisse par rompre un soir où nous n’avions pas pu nous retrouver sur l’oreiller. Bof… ya mieux comme rupture, mais on s’en foutait.

Depuis ce jour là, on ne se parlait plus que pour s’envoyer bouler. Ni l’un ni l’autre nous n’avions envie de réconciliation ! La preuve ! A peine une minute dans la même boutique et les hostilités étaient déclarées… Et ce premier échange était des plus piquants ! Comme d’habitude je me servais de ses faiblesses, comme elle se servait des miennes.

D’ailleurs, rien qu’à son regard de tueuse, je compris que j’avais touché un point très sensible…

- Et toi alors ? Tu viens te piquer à la farine ?

Et BIM, prend toi ça dans les dents ! Un partout ! En même temps je l’avais bien cherché en balançant sur son amour pour les commérages, alors normal qu’elle réplique en attaquant mon penchant pour la dope qu’elle connaissait parfaitement. Je ne m’étais jamais caché pour prendre mes shoot de coke devant elle.

- C’est ça ouai ! Tu devrais pt’être en prendre un peu pour te dérider, lâchai-je méchamment en fixant son visage. T’as pas pris un ptit coup de vieux d’ailleurs?

Sans attendre qu’elle me réponde, où me jette une boite de gâteau sur la tronche, je me glissais dans le rayon suivant à la recherche des conserves favorites de ma sœur. Je ne pensais pas vraiment que la brunette reviendrait à la charge, mais il fallait s’attendre à tout avec elle.

Mon histoire avec Lizzie n’avait jamais ressemblé à celle d’un petit couple d’amoureux tranquilles et discret, c’était même carrément l’inverse ! A se demander comment nous avions pu nous supporter l’un l’autre aussi longtemps… Je gardais quand même certain bons souvenirs en mémoire, mais bien peu comparé à nos prises de têtes quotidiennes. Même si cette aventure remontait à plusieurs années, aujourd’hui je n’arrivais toujours pas à être sympa avec elle. Comme si nous n’avions pas d’autres moyens de communiquer que par les vannes et les insultes… Et cette fois j’y allais fort en lui balançant qu’elle avait pris un méchant coup de vieux, alors que dans le fond elle était toujours aussi jolie.

- C'est pas ce que tu disais quand on était au lit tout les deux pourtant ! Cria-t-elle alors que passais dans le rayon d’à coté pour ne pas rester planter là et commencer les courses imposées par ma frangine.

Comme la discrétion n’était pas notre truc, je n’hésitais pas à lui répondre de la même manière:

- Faut croire que j’avais la langue trop occupée pour parler à ce moment là !

Quelle classe ! Décidément je ne pouvais pas m’empêcher d’être cinglant avec elle et je me foutais pas mal que les autres clients puissent nous entendre. J’aurais pu aussi me taire et la laisser dire, mais j’en étais incapable.

- Puis perso, j'ai pas envie d'avoir ta tête de drogué.

Retournant sur mes pas, je glissais ma tête vers son rayon et lui lançais en souriant :

- Je préfère avoir ma gueule que ta langue de pute.

Sur ces belles paroles, je lui balançais un paquet de coton tige qui trainait sur l’étagère des promos en bout de rayon.

Le couple Lizzie/Chad n'était vraiment celui dont d'autre auraient pu rêver. Il passait leur temps à s'engueuler sur tout et n'importe quoi. Peut être pour se réconcilier sur l'oreiller? Jusqu'au jour où ils n'ont pas eu l'occasion de la réconciliation à l'aide de relation sexuelle, et où leur histoire s'est terminée subitement. Ils en étaient limite à jeter des objets par terre, mais pas au point de se taper dessus non plus. Jamais Elisabeth ne restera avec un homme qui lève la main sur elle, ça c'est sur. Malgré les bons moments qu'ils ont pu passé ensemble, c'est tout de même les mauvais qui priment et elle n'a donc aucune bonne raison de rester son amie...

Ne pouvant pas se laisser marcher sur les pieds par ce drogué de Chad, elle ne put s'empêcher d'aller à sa rencontre à nouveau pour répliquer. Comme si cela lui plaisait de chercher la mauvaise ambiance. Défouloir. Pourtant, quand il en vient à parler de ce qu'il se passait entre eux au lit, elle ne trouve rien à redire, et cela l'agace d'avantage ><

Bien sur... Et encore, quand tu n'étais pas trop droguer pour arriver jusqu'à la chambre...

Lance t elle finalement en croisant les bras. La joute verbale n'avait pas apparemment pas l'air de vouloir se terminer rapidement. Ils sont tout les deux des teignes alors, cela risque de durer un long bon moment...

Si je suis une pute, tu me dois un sacré paquet de fric, Matthews!! >< Mais vu que tu dépenses tout dans tes saloperies de cachets, tu vas devoir faire crédit!! Pauv' con va.

S'exclame t elle en receptionnant le paquet de coton tiges, dont quelques uns tombent au sol, qu'elle repose dans le rayon. Bien que se jeter des objets étaient un rituel, elle n'avait pas envie de se donner en spectacle devant tout le monde... et pourtant, en revenir à ces disputes avec Chad, cela l'excitait un peu... XD Va comprendre.

Me replonger dans mes souvenirs de mon histoire d’amour plan cul avec Lizzie n’était pas particulièrement agréable, mais retrouver nos vieux réflexes d’engueulades m’amusait pas mal et rendait ma corvée de course nettement plus intéressante ! Pas très adulte comme comportement, mais la brunette n’avait pas l’air décidé à mettre fin à ce petit jeu puisqu’elle n’hésitait à me répondre en haussant le ton histoire que je l’entende bien, même depuis le rayon voisin. La caissière allait être vraiment ravie d’entrer dans notre vie privée en entendant nos paroles particulièrement imagées…

- Bien sur... Et encore, quand tu n'étais pas trop droguer pour arriver jusqu'à la chambre...

S’il y avait bien une chose sur laquelle on s’entendait à cette époque, c’était bien niveau sexe, alors je savais qu’elle balançait ça en désespoir de cause, et pas pour me blesser… ou alors ce n’était pas la bonne méthode pour m’atteindre.

- La chambre ?! Shooté ou pas c’était carrément trop loin ! Tu me sautais dessus direct et je sais pas combien de fois on a du le faire sur la table de la cuisine… Mais en plus des rides, tu dois avoir des trous de mémoire !

Notre échange poli continua comme ça pendant quelques temps avant de passer à stade supérieur où elle me traitait carrément de junkie, et où je ne me gênais pas pour lui dire que pour ça part elle avait une belle langue de pute. Amis de la poésie, bonsoir.

- Si je suis une pute, tu me dois un sacré paquet de fric, Matthews!! >< Mais vu que tu dépenses tout dans tes saloperies de cachets, tu vas devoir faire crédit!! Pauv' con va.

Tout en parlant, elle rattrapa habillement le paquet de coton tiges que je lui avais balancé en espérant le voir exploser sur le sol. Loupé ! Alors je me contentais de rire de sa répartie.

- Ho la ferme, je t’ai suffisamment payé en nature de toute façon !

Ressortant la liste de course, j’attrapais une boite de céréale et le jetais dans mon sac.

- Alors, raconte, c’est quoi les derniers potins de la ville ?! Continuai-je pour essayer de calmer un peu le jeu. Je n'avais pas particulièrement envie de me faire virer et de rentrer les mains vides à la maison... Katie me tomberait forcément sur le dos et je voulais éviter une énième dispute avec ma frangine.

M’engueuler avec Lizzie n’avait rien d’inhabituel, surtout si on oubliait que nous étions séparés depuis plusieurs mois déjà et que notre échange de vannes plutôt douteuses se déroulait au plein milieu de l’épicerie… Mais je m’amusais bien trop pour me soucier si la caissière et les autres clients nous regardaient du coin de l’œil ou étaient dérangés par notre petit règlement de compte. D’ailleurs la brunette s’en moquait tout autant puisqu’elle n’hésitait pas à me répondre aussi ouvertement, ressortant même des vieilles disputes de l’époque où nous couchions encore ensemble… et d’un certain paiement de dettes que, soit disant, je lui devais.

Perso, je trouve que ça sera jamais suffisant. T'oublies les dommages et intérêts, lança-t-elle alors que nous parlions d'argent que je lui devais si elle travaillait sur le trottoir à l’époque où nous sortions ensemble. J’y avais été un peu fort en la traitant de langue de pute, je devais bien l’admettre, mais la voir partir au quart de tour était particulièrement jouissif.

- Vas’y, porte plainte pour retard de paiement si ça t’amuse ! J’imagine déjà la tête des flics quand tu leur raconteras toute l’histoire…

Repensant ensuite à la liste de course que ma sœur m’avait donné, je commençais à déambulé dans les rayons à la recherche des produits indiqués. Mais toujours assez proche de Lizzie pour l’entendre me répondre quand je la questionnais sur les derniers commérages qui alimentait surement les soirées papote entre gonzesses.

Je voulais simplement changer de sujet pour qu’on oublie notre engueulade, mais la brunette ne semblait pas disposée à parler calmement après les attaques sournoises que je lui avais balancées. J’aurais dû m’y attendre…

Qu'est ce que ça peut te faire ? Tu t'es toujours soucié que de ta petite personne...

Sur ce coup là elle n’avait pas tord ! Les commérages je m’en foutais pas mal.

- C’était juste pour faire la conversation comme deux personnes civilisées, mais tu dois rien avoir de croustillant à raconter en fait pour te braquer comme ça.

Spoiler:

Étrangement, malgré le peu de temps que nous avions passé ensemble, Lizzie connaissait très bien mes points sensibles, tout comme je savais où se trouvaient les siens. Inutile de dire que nous nous en servions pour chercher à blesser l’autre pendant cette dispute… Sur ce point nous ne valions pas mieux l’un que l’autre et même si je m’amusais beaucoup à provoquer la brunette, je me prenais quand même en pleine tronche ses attaques sur mes consos. Je n’y pensais pas vraiment, mais il y avait de grandes chances pour que ses paroles me reviennent quand je me retrouverais seul.
Et d’autant plus quand les flics arrivèrent dans la conversation :

Ou quand je leur raconterais que tu as des petits sachets pas très légaux chez toi...

- Pas con ! Mais si je vais en taule pour possession de drogue, tu peux dire au revoir à tes foutues indemnités… continuai-je à plaisanter sur le même ton avant de retrouver un peu mon sérieux. Et en plus tu culpabiliserais. Sous tes airs de rottweiler, t’es une fille gentille.

Du moins s’était à espérer… Si elle me balançait effectivement au flic, je ne donnais pas cher de ma peau. Ça n’irait peut être pas jusqu'à la prison puisque mon casier judiciaire était vierge, mais je ne pourrais pas échapper à la garde à vue.

J’avais ma dose d’engueulade pour aujourd’hui et je ne voulais pas passer le restant de ma journée ici, alors j’essayai de calmer le jeu en lui parlant plus naturellement… mais Lizzie restait braquée.

Il faudrait déjà que tu sois civilisée pour qu'on puisse avoir ce genre de conversation... Comment va ta petite amie ?

- C’est vrai que je suis un mec vraiment primitif et asocial, mais c’est ça qui t’as fait craquer non… ? Tentais-je pour garder bonne figure comme elle attaquait une blessure tout juste ouverte. Elle va bien ! Et si tu espères qu'elle me largue pour avoir encore une nouvelle chance avec moi, oublie. C'est totalement mort!

Du moins je l’espérais… Notre couple était soudé, mais qui pouvait se vanter d'être à l'abri de tout danger?

La menace de Lizzie fit rapidement son bout de chemin dans mon esprit. Si elle me cherchait vraiment des emmerdes, appeler les flics pour leur parler des mes petites consos illégales serait la meilleure manière de parvenir à ses fins. Mais même si ces paroles pouvaient me faire flipper, je n’allais surement pas lui montrer. Je préférais continuer les courses en gardant un ton de plaisanterie… en essayant de changer doucement de sujet et en lui parlant de la culpabilité qu’elle aurait à me voir derrière les barreaux d’une cellule. Cette diversion juste au cas où j’aurais poussé l’engueulade un peu trop loin…

Moi ? Une fille gentille ? Tu aimerais bien, hein ?

- Franchement Lizzie, ce que j’aimerais ou pas dans ma vie c’est loin de te concerner. Alors tu peux être la pire des garces que j’en ai plus rien à foutre.

Non, décidément, même avec un fond de trouille qu’elle appelle vraiment les flics, je ne pouvais pas m’empêcher de répondre à ses piques. C’était plus fort que moi ! Il fallait juste que j’ai raison sur un point, qu’elle soit trop gentille pour faire ce genre de chose, ce dont je restais néanmoins persuader sous ses faux airs de fille hargneuse.

Sa manière d’attaquer était bien plus sournoise… vicieuse… et d’autant plus douloureuse qu’elle touchait le cœur. Abi. Je ne pensais pas qu’elle s’abaisserait à ce genre provocation, mais je me trompais totalement. Sur ce point elle savait taper là où ça fait mal.

Je ne sais pas si elle va te larguer mais en tout cas, tu l'as bien trouvé celle là !... J'ai entendu des choses pas très jolies à son sujet...

Sa réplique m’arrêta immédiatement dans mon remplissage de cas. Si il y avait bien un sujet qu’il ne fallait pas aborder c’était bien celui là ! Qu’on m’attaquer personnellement ça ne me dérangeais pas, mais qu’on parle de ma copine et je devenais fou.

- C’est encore un de tes mytho pour foutre la merde ?! Sérieux trouve autre chose, Abi est clean et c’est pas sur elle que tu pourras faire courir des saloperies.

Personne n’aurait pu nous faire taire. Une fois que nous étions partis à lancer des attaques plus sournoises les unes que les autres, il devenait impossible de nous arrêter Lizzie et moi. Comme lorsque je lui balançais une boite de coton tige bas de gamme à travers la tête en la traitant de langue de pute, ou qu’elle menaçait d’appeler les flics pour me faire payer de vieilles dettes imaginaires et les pousser à chercher dans mes poches de substances illégales.

Heureusement que nous ne nous croisions pas tous les jours…

Mais ce devait être une fois de trop pour la propriétaire de l’épicerie qui voyait son commerce transformé en véritable scène de Battle à faire flipper les meilleurs rappeurs du coin. Même si elle ne nous avait pas encore rappelé à l’ordre, elle ne tarderait sans doute pas à le faire si la conversation continuait à être aussi animée…

Tu ne seras sans doute ni le premier, ni le dernier à en avoir rien à foutre... chuchota Lizzie alors que je venais de lui répondre que je me foutais pas mal de sa gentillesse ou de son antipathie.

- Tu me ferais presque pitié…

C’était ironique bien sur. J’étais bien loin de me soucier de sa petite personne depuis quelques années. En tout cas, elle, elle ne cherchait pas à m’épargner en me parlant de ma petite amie et de bruits qui couraient sur son compte. Encore une connerie pour me toucher là où ça faisait mal…

J'ai encore rien dit !... Et puis, tu sais, c'est que des rumeurs... Des « on dit ».

Cette fois elle avait réussi son coup, j’étais énervé ! Et encore plus quand elle esquiva en utilisant un argument de taille : mon aversion pour les rumeurs et le peu de crédit que j’y accordais en temps normal. Mais cette fois il s’agissait d’Abi… Il fallait que je sache pourquoi.

- Vas’y balance, ça te fait trop plaisir d’façon.

Le volume de notre conversation commençait à baisser d’un ton… ce qui n’était pas plus mal puisque nous nous trouvions toujours entre deux rayons de l’épicerie et que les clients commençaient à nous regarder vraiment de travers. A croire que nous avions finalement trouvé un autre moyen de communiquer plus correct qu’en nous hurlant dessus. Pourtant le niveau sonore ne changeait en rien la teneur de nos propos… ça il ne fallait pas trop y conter. Au lieu de piquer, nos phrases devenaient de plus en plus blessantes.

Jamais tu la fermes ><

- J’vois pas pourquoi ?

Je jouais sur un terrain dangereux maintenant qu’elle menaçait d’appeler les flics, mais j’étais incapable de me taire. Mais si je pensais avoir enfin clos la conversation avec cette dernière vanne, je me trompais. Lizzie m’attaqua à nouveau et sur un sujet qui me touchait particulièrement : Abi. Jamais je n’aurais imaginé que ma copine puisse être le sujet d’une rumeur, et je pensais que la brunette me servait un mensonge pour m’atteindre plus profondément encore qu’avec cette histoire de dette et de dénonciation. Pourtant son petit air satisfait m’inquiéta et me poussa à la faire parler pour savoir ce qu’elle avait derrière la tête.

Ok, me répondit-elle en se tournant vers moi et en fixant mon regard. J'ai entendu qu'elle avait couché avec Evan Carter.

- Quoi ? Dis-je moitié souriant devant cette connerie, moitié flippé par ce qui avait bien pu alimenter cette histoire dans l'esprit de Lizzie.

Je ne pouvais pas croire ce que je venais d’entendre. Jamais, jamais, Abi ne me ferait ça. Impossible! Je ne croyais pas aux rumeurs, et encore moins celles que pouvait lancer mon ex… alors pourquoi est-ce que je me sentais mal à l’aise et ne trouvait pas le répondant pour la remettre à sa place. Elle venait de semer le doute et c’était la pire chose qu’elle pouvait faire pour m’atteindre.

- Tu dis ça parce que j’tai énervé et que tu cherches à te payer ma tronche !

Mes rencontres hasardeuses avec Lizzie étaient plutôt rares depuis notre séparation, mais les quelques minutes que nous passions ensemble dans ces occasions suffisaient pour que la conversation la plus minimale possible tourne à l’explosion d’insultes et de menaces. Rien n’aurait pu faire changer la donne. Et surement pas la présence d’un public comme dans l’épicerie Lowell où nous nous étions retrouvés aujourd’hui… avant que ça parte en vrille.

Si au départ je pensais être le plus malsain de nous deux avec mes vannes blessantes, mon ex revenait petit à petit à la charge en menaçant d’avoir la langue bien pendue pour appeler les fils et leur parler des sachets de poudre qu’ils trouveraient surement dans ma veste. Là, elle marquait des points… et m’acheva en me parlant de la dernière rumeur qui courait en ville : Abigail, ma petite amie, se serait envoyé en l’air avec Evan Carter.

Je n’arrivais pas à croire à ce bobard ! Parce que ça ne pouvait-être qu’un mytho que cette fille utilisait pour m’atteindre et essayer de me blesser une fois de plus, et bien plus profondément qu’en utilisant le prétexte de la dope.

C'est Meredith qui l'a entendu. C'est pas de moi. Elle n'a fait que me le rapporter...

Pourquoi je n’étais pas surpris ? Lizzie ne rapportait que ce que d’autres filles lui disait, pas ce qu’elles avait vu de ses propres yeux. La brunette n’était que le maillon d’une chaine, pas la tête pensante… Et au final ça me rassurait.

- Ouai… En gros t’es qu’un perroquet débile qui répète ce qu’il a entendu, lâchai-je en me rapprochant de la caisse. J’avais hâte de me barrer loin de cette gonzesse et de ses mythos. Pourtant, un doute persistait dans ma tête… et rien ne pourrait me l’enlever avant que je n’éclaircisse les choses avec Abi. Mais pourquoi est-ce que j’emmerderais ma copine avec ça puisque ce n’était qu’une rumeur de plus.

Rien que de le revoir pendant ces quelques minutes donne envie à la jeune femme de se taper la tête contre les murs tant elle le déteste !! >< Et pourtant, elle se souvient aussi pourquoi ils sont restés ensemble... Il est vraiment beau et c'est sans doute le fait de pouvoir s'engueuler pour mieux se réconcilier qui faisait qu'ils ne se sont pas séparés immédiatement. Parce que là, elle n'a pas du tout envie de se retrouver en couple avec lui à nouveau ! Il ne la fait pas sourire, la traite vraiment comme une moins que rien et lui parle vraiment mal ><

D'abord menaçante sur le fait de parler de son petit trafic de drogue à la police, Elisabeth se tourne rapidement vers autre chose. Elle a reçu des informations concernant la petite amie de Chad et compte bien le lui révéler si il continue de l'enquiquiner. D'ailleurs, elle en vient rapidement à lui parler de cette rumeur qu'elle a entendu : Abigail Cook aurait couché avec Evan Carter. Elle n'était pas sur les lieux du « crime » et ne fait que répéter ce qu'elle a entendu. Mais cela ne change pas grand chose... Lizzie ne sait pas si son ex petit ami l'aurait cru même si elle lui avait assuré avoir été présente pendant l'acte.

Lorsqu'il réplique à sa remarque, comme quoi elle est un perroquet qui ne fait que répéter, la serveuse réagit à un mot : débile. À ce mot là, elle arme sa main qui termine sa route sur la joue du jeune homme. Qu'il ne s'avise pas de la juger pour ce que sa nouvelle petite amie lui a fait ; ça n'est pas sa faute ><

Va te faire foutre ! C'est toi qui a voulu l'entendre. C'est pas ma faute si ta nouvelle copine passe pour une traînée.

Lance t elle, le regard furieux. Elle sert les poings et pose la corbeille de l'épicerie remplit de courses par terre. Tant pis, elle le fera plus tard...

[Tu clôtures?]

[ Hihihi, bien placée la gifle Et ok je clôture ]

Comment est-ce que nous en étions arrivés là ? D’accord, notre séparation résonnait encore dans mes souvenirs à cause des cris et des reproches faits ce jour là, mais je ne comprenais pas vraiment pourquoi, même deux ans après cette histoire, nous n’arrivions pas à oublier et passer à autre chose. Par plaisir de s’engueuler à la moindre occasion ? Peut-être, puisqu’une fois encore nous nous donnions en spectacle dans un lieu pas franchement idéal. Parce que nous avions encore des sentiments l’un pour l’autre ? Pas du tout, à part de la haine, ma présence n’inspirait pas grand-chose de plus dans les yeux de Lizzie, et moi j’étais trop amoureux d’Abigail pour voir la brunette autrement que comme un parasite qu’il fallait éviter… Mais dans le fond de mon inconscient, peut-être que je réagissais aussi mal à chaque fois que nous nous croisions parce que je regrettais l’époque où nous sortions ensemble. Mais pour le moment, je n’en étais pas à me poser ce genre de questions.

La rumeur qui courait sur Abi me semblait bien plus importante que le pourquoi du comment nous n’arrivions pas à nous ignorer mutuellement avec Lizzie. Légèrement inquiet, je poussais mon ex à m’en dire plus sur ce qu’elle prétendait savoir sur ma petite amie. Et quand elle se décida enfin à me parler de ce scoop, je me pris une belle claque dans la tronche. Même si je ne croyais pas une seule seconde à cette histoire, le doute s’était installé… et c’était ce qu’il pouvait y avoir de plus mauvais : ne plus avoir totalement confiance.

Alors même si je continuais d’accabler Lizzie de reproches, je ne pensais qu’a une seule chose : Abi dans les bras d’Evan… En déposant les courses à la caisse, je ne vis pas la baffe arriver ! Aie… Ma fierté en pris un coup, mais j’étais trop déstabilisé par la rumeur pour réagir autrement qu’en lui adressant seulement un regard noir.

- T’es vraiment pas bien ! Va te faire soigner.

Va te faire foutre ! C'est toi qui a voulu l'entendre. C'est pas ma faute si ta nouvelle copine passe pour une traînée.

Et elle me planta là… Laissant son casier de course sur le sol avant de filer.

- Putain, ce que c’est compliqué les gonzesses… Lâchais-je entre mes dents, comme pour me justifier de tout ce bordel auprès de la caissière qui ne savait pas trop quoi dire de toute ça.