Callan & Julian

“ Time to tell the truth „

Cela fait des semaines à présent que Callan a été abordé sur le campus, et qu’on l’a confondu avec son petit-frère. Pour autant, l’étudiant n’a trouvé ni le cran, ni le temps, de confronter ce dernier à la vérité. Il faut dire que c’est une information capitale qu’on lui a donnée ce jour-là, si capitale, même, que l’étudiant ne savait pas réellement quoi en faire. A certains moments, il s’était même dit qu’il s’agissait, peut-être, d’une erreur, avant de faire appel à son bon sens. Faire face à la réalité n’est pas toujours une chose facile, loin de là. En tant que grand-frère, Cal’ s’est aussi dit à maintes reprises qu’il aurait dû « protéger » Julian, l’empêcher de tomber aussi bas. Quelque part, en s’éloignant de lui, le jeune homme ne l’a pas aidé, au contraire. En étant mis de côté, son cadet a dû se rapprocher encore davantage de personnes peu fréquentables, et tremper encore un peu plus dans des histoires très louches. Si Callan lui avait accordé plus de temps, plus d’importance, tout aurait pu être différent. C’est aussi ce qui l’a bloqué un moment et qui l’a empêché de puiser la force en lui d’aller le trouver… Mais tout ça a trop duré. Dernièrement, l’étudiant en criminologie a l’impression de stagner dans sa vie qui plus est. Il n’a de nouvelles ni d’Hannah, ni de Lisa, et se sent vraiment très seul. Il aura tout de même ressorti un point positif de cette solitude forcée. Elle lui a en effet permis de faire le point sur sa situation avec Julian, et de chercher en lui la force de le confronter.

A la maison, Callan s’est assis devant la télévision. Ce n’est pas dans ses habitudes mais, en attendant le retour de Julian, l’étudiant a préféré se lancer dans une activité qu’il sera capable d’arrêter à tout moment, à l’inverse d’éventuelles révisions par exemple. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’en entendant une clé dans la porte d’entrée, le jeune homme se montre immédiatement attentif. S’il avait été plongé dans un travail pour la faculté, il aurait été trop concentré dessus pour se focaliser sur l’arrivée de Julian. Là, c’est complètement différent. Tournant la tête par-dessus son épaule, Cal’ guette l’entrée de son frère, qui semble être en train de se débarrasser de sa veste.

Inévitablement, pour rejoindre sa chambre, Julian devra traverser le salon. Callan sent son cœur battre à toute vitesse, puis se serrer. Il sent d’ores et déjà que la conversation va être compliquée. Qui plus est, même s’il a beaucoup réfléchi à ce qu’il est censé dire, et de quelle manière le dire, Cal’ sait pertinemment que les réactions de son frère pourront le surprendre, et donc le déstabiliser. Il devra pourtant faire face, et tenir bon. Hors de question que la vérité lui échappe une fois de plus.

En voyant son frère entrer dans la pièce, Cal’ pose aussitôt son regard sur lui :

Salut…

Alors que les affaires de Julian n'ont jamais été aussi bonnes, le dealer est loin de se douter qu'un crétin d'étudiant avait fait l'amalgame entre lui et son frère. Le jeune homme sait en revanche que son frère a toujours été suspicieux quant aux rentrées d'argent de son cadet. Julian n'a jamais vraiment trouvé d'excuses officielles. Il aurait pu s'inventer un job, ou quelque chose comme ça mais ça aurait été difficile, pas crédible. Il se contente de balancer ce qui lui passe par la tête au moment venu. Jusqu'à maintenant, il s'en est toujours sorti habilement. Le fait que son frère l'ait beaucoup moins interrogé dernièrement aurait pu l'alarmer mais ce n'est bien évidemment pas le cas, en fait, il se dit qu'il a peut être laissé tomber o/ Julian n'a jamais pensé qu'un jour il se confronterait à la situation...

Et puis, avouons le, même si ça arrivait, Julian a aucune idée de ce qu'il ferait. Il n'a aucunement l'intention d'arrêter. Ils ont toujours manqué d'argent. Certes, pas assez pour manquer de faim, ou quoi... mais à présent qu'il a goûté à un semblant de luxe, Julian ne compte plus se priver. C'est de l'argent facile, rapide. Lui, il aime faire ça. Ça l'a forgé. C'est ce que Julian est. Le dealer ne se voit absolument pas faire autre chose pour le moment. Les études dans lesquelles il s'est lancé sont juste un plan B. Histoire d'avoir quelque chose en poche. Il n'est pas complètement débile non plus. D'autant plus que son cursus est loin d'être inintéressant, bien au contraire.

Après les cours, le jeune homme a l'habitude de traîner un moment sur Milwaukee. Surtout parce que c'est toujours à ce moment là qu'on le sollicite. Le jeune homme fait sa petite affaire et rentre tout content. Heureusement, il parvient à attraper le car pour rentrer à Great Falls. Moins d'une heure plus tard, le voilà sur la place principale où il se faufile dans les rues de sa ville pour rejoindre sa maison. Il sort ses clés et entre dans celle-ci. Il délaisse sa veste à l'entrée et traverse le salon, où Callan se trouve devant la télévision. Ce n'est pas vraiment l'endroit de prédilection de son grand frère et la surprise le fait sursauter légèrement.

Salut !

Dit-il dans un sourire. Le genre de sourire innocent, avant qu'on ne lui balance une bombe atomique dans la tronche. D'ailleurs, il ne rejoint pas sa chambre et reste dans le salon. Il jette un rapide coup d'oeil à l'écran pour lui demander :

Tu mattes quoi x) ?

Nombreuses ont été les fois où Callan a cherché à comprendre comment son frère se procurait autant d’argent. Il a souvent dû faire face à des réponses diverses et variées de la part de Julian, souvent habile, et fin menteur. Il peut comprendre quelque part qu’il ne lui en ait pas parlé. Il devait savoir que son grand frère réagirait au quart de tour, qu’il ne pourrait pas comprendre, encore moins accepter. Il ne voulait sans doute pas l’impliquer non plus. Cela dit, maintenant qu’il est au courant de la vérité, l’étudiant ne compte pas fermer les yeux sur tout ça pour autant. Son frère, en agissant de la sorte, se met en danger. Il pourrait s’attirer de gros problèmes, que ce soit avec des caïds de la drogue, ou avec la police… Leur mère serait sans nul doute dévastée si une chose pareille se produisait. Callan serait probablement dans le même état d’ailleurs. Bien qu’il ait beaucoup de difficultés à faire part de son affection à son petit frère, ce dernier compte malgré tout énormément pour lui.

Le jour de la confrontation est arrivé. Cal’ a rassemblé tout son courage, car il sait que la conversation sera éprouvante, tumultueuse. Il se demande si Julian va tenter de lui raconter des histoires encore une fois, ou s’il va finir par admettre la vérité. De toute manière, l’étudiant ne compte pas gober ses mensonges une fois de plus. Son frère l’a suffisamment fait tourner en bourrique comme ça ! Et l’étudiant est trop intelligent pour se faire avoir une fois de plus. Il doit garder une seule ligne de conduite, au fil de la discussion. Ça ne va pas être simple, il le sait. D’ailleurs, il appréhende.

Lorsqu’il entend une clé tourner dans la porte d’entrée, le jeune homme se crispe un instant. Il se retourne ensuite, constatant qu’il s’agit bel et bien de Julian. Ce dernier va fatalement traverser le salon pour rejoindre sa chambre, et ce sera le moment d’intervenir pour Callan. Son estomac est noué. Il sait pourtant que de faire face à des « criminels », que de les confronter, fera un jour partie de son quotidien mais là… C’est Julian. Son frère. Ce n’est pas rien. C’est même énorme.

Rien d’important.

Répond le jeune homme, en attrapant la télécommande pour éteindre la télévision. Il ne s’est posé là que pour attendre son frère, pas dans le but de regarder une quelconque émission. D’ailleurs, il finit rapidement par se lever, pour faire face à Julian. Il est temps de parler. Leur mère ne rentrera pas avant des heures, ils ont la maison pour eux… C’est le moment ou jamais.

J’aimerais te parler.

Souffle-t-il, poliment d’abord. Cette simple phrase le rendra peut-être nerveux, le poussera peut-être à vouloir échapper à la discussion ? En tout cas, Callan ne laissera pas tomber si facilement. Il s’est préparé psychologiquement à le confronter aujourd’hui. Il ne va pas reculer maintenant.

Si Julian s'est lancé dans ce genre d'embrouilles, ce n'est pas seulement par "nécessité". Pour tout dire, lorsqu'il a commencé, l'adolescent se sentait minable. Cet espèce de rôle l'a complètement changé. Julian sait qu'il a sa petite importance à présent, qu'il sert à quelque chose, même si c'est mal, même si c'est super dangereux. On peut dire qu'il se sent respecté dans ce qu'il fait et Julian apprécie énormément ça. De pouvoir faire le flambeur, de ne plus se priver et surtout qu'on le connaisse, c'est un peu son petit rêve. Alors à présent, et même s'il le pouvait, Julian ne ferait pas marche arrière. Il ne regrette pas le chemin qu'il a pris. Et s'ils se sont éloignés avec son frère, le dealer a fini par s'en trouver un autre par "procuration". C'est humain de vouloir remplacer quelque chose de manquant par une autre. C'est comme ça.

Julian n'a aucune idée de la réaction de son frère s'il apprenait ce qu'il faisait et comment il se procurait autant d'argent. C'est certain il n'approuverait pas, paniquerait grave. Même si le dealer sait que c'est quelque chose de dangereux, que les conséquences peuvent être graves, il est quand même prêt à prendre le risque… ça le comble, pour le moment.

Pour preuve, c'est tout sourire qu'il rentre chez lui. Après avoir déposé sa veste à l'entrée, Julian est forcé de passer par le salon pour accéder à sa chambre. Pas que la vision de son frère sur le canapé soit insoutenable. Au contraire. Le jeune homme se dit que c'est peut être l'occasion de partager un moment XD S'il savait ^^' la conversation qui suivra risquera probablement de les éloigner d'avantage. Jul' lui demande ce qu'il regarde mais ça ne semble pas important.

Ah okay.

Répond bêtement Julian qui s'apprête à se barrer du coup mais Callan se lève pour lui faire face et demande à lui parler. Julian fronce aussitôt les sourcils en sentant la merde arriver à cinquante kilomètres. Pas vraiment enthousiaste il lui répond :

Heu ouais ? Tu veux me dire quoi ?

Faire face à la réalité n’a pas été évident pour Callan, d’autant plus que, depuis le Nouvel an, et cette histoire avec Hannah, et Lisa, le jeune homme se sent très seul. Il peut heureusement compter sur Ryan, en toutes circonstances, mais n’est pas parvenu à lui parler du cas « Julian ». Quelque part, le jeune homme ne veut pas ébruiter cette histoire. Il ne voudrait pas lui attirer des problèmes, il sait que leur mère serait dévastée si Julian finissait derrière les barreaux par exemple. Ça n’empêche pas l’étudiant, bien sûr, de désapprouver. Il est loin de connaître les raisons qui ont motivé son frère à se lancer sur cette pente savonneuse, mais il considère que leur manque de moyens n’est certainement pas une excuse à cela. Lui, il s’en est bien sorti malgré ça, par exemple. Cette conversion lui permettra sans doute de faire le point sur la situation, et de comprendre. Enfin, cela ne sera possible que si le jeune homme décide de se montrer avec lui franc et honnête… pour une fois. Même s’il est désormais prêt à faire face à la situation, Callan a mis un certain temps à le confronter à ce qu’il a appris dernièrement. Il avait besoin de rassembler son courage, et de trouver les mots… Hannah lui avait fait comprendre qu’il ne devait pas l’attaquer à ce propos, mais plutôt essayer de comprendre la situation, dans un premier temps. C’est de cette manière qu’il souhaite commencer la discussion désormais. Sans les conseils de sa petite-amie, il aurait sans doute fait n’importe quoi, n’étant pas particulièrement doué pour les relations sociales, tout spécialement quand il s’agit de son petit frère…

Installé sur le canapé, le jeune homme attend l’arrivée de ce dernier. Lorsqu’il entend sa clé dans la porte, le guitariste sent son cœur se serrer, la nervosité l’envahir… Mais il ne compte pas, pour autant, rebrousser chemin. Il éteint même la télévision pour finir, histoire qu’aucun évènement extérieur ne puisse le distraire du but qu’il s’est fixé ce soir. Après s’être levé, Callan demande à parler. Il sent la bonne humeur de Julian s’envoler d’un coup, mais ce dernier ne cherche pas à disparaître non plus. Le cœur en vrac, les poings serrés par la nervosité, l’étudiant finit, enfin, par lui dire de quoi il s’agit…

J’ai compris, ça y est. Je sais.

Le jeune homme sent son cœur s’emballer. Quelque part, il en veut à Julian car, si sa mère apprenait la vérité, ou s’il lui arrivait quoi que ce soit, ce serait un drame pour tout le monde… Ça mettrait un terme à l’équilibre malheureusement très délicat qu’ils sont parvenus à instaurer, depuis le départ de Denton. Pour autant, Callan essaie de contenir sa colère, et de garder son calme.

Ton argent, je sais d’où il vient.

Ajoute Callan, pour se montrer plus précis, et faire comprendre à Julian qu’il est décidé à aborder ce sujet, et pas un autre.

Si Julian se prenait la tête au sujet de se faire choper, il a bien vu que Luke, qui a encore plus gros à perdre, ne passe pas son temps à flipper. Pourtant, lui, il a un frère flic, et ce serait encore pire. Genre le truc de malade en soit. Il a préféré agir comme lui. Parce que oui, c'est son exemple et que si lui, il arrive à s'en sortir, pourquoi pas Julian ? Il n'est pas plus stupide qu'un autre et a de la facilité à s'en sortir dans des situations compliquées. Il a commencé il y a quatre ans à présent et a pris la confiance dira-t-on. Julian ne se voit pas se faire choper. Il a toujours fait preuve de prudence, ou presque. Si au départ Julian pensait aux conséquences de ses actes, du fait que sa mère, toute sa famille même serait dévastée en apprenant la chose, à présent, il préfère passer outre cette peur d'être démasqué. Dans un sens, cette vie risquée le fait se sentir « vivant ». Et puis il ne fait pas ça à contrecoeur, bien au contraire. Même si ça l'arrange, il y prend aussi un certain plaisir... et c'est probablement ça le pire. Pourquoi changer ? Pourquoi se ranger et se plier aux lois quand on peut faire tout le contraire.

En rentrant de l'université, Julian est particulièrement de bonne humeur. Si bien qu'il n'hésite pas à saluer son frère, prêt à papoter avec ce dernier. Lui même semble être open pour une conversation mais les deux frères ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Oui, en voyant son air si sérieux, Julian en perd son enthousiasme. Il n'est pas du genre à fuir mais sait d'avance que Callan va lui prendre la tête. Ça l'emmerde franchement. En entendant ses propos , Julian arque un sourcil. Lui qui pensait qu'il était passé à autre chose... Julian s'était complètement planté. Ce dernier est toujours prêt à tout pour découvrir ce qu'il cache. Ça ne peut que le conforter dans l'idée qu'un rapprochement entre eux deux est impossible. Pour Julian, Callan gâche tout XD

Le cadet ne répond rien, attendant une suite. Son cœur s'emballe franchement en entendant celle-ci mais Julian n'en laisse rien paraître. Comme d'habitude, il réfléchit à toute vitesse, cherchant quelque chose de piquant à balancer. Julian prend un air plus léger, du moins il s'efforce de le faire pour lui répondre :

Vas-y fais moi rêver ?

Lance Julian avant de balancer :

J'ai braqué une banque ? Tuer un millionnaire ? XD C'est pas parce que tu étudies la criminologie que tout le monde est un criminel vieux. Faut arrêter de triper. Ça te monte à la tête si tu veux mon avis (a)

L’angoisse est bel et bien présente quand Callan entend les clés de son frère dans la porte, et qu’il réalise que c’est maintenant, tout de suite, qu’il va devoir le confronter à la vérité. Quelque part, ça le rend effectivement très nerveux, car il sait d’ores et déjà que la conversation va être délicate mais, d’une autre manière, il sait que c’est un passage obligé, et qu’il doit tenter de mettre un terme à ce qui est en train de se passer, à ce qui a trop duré. Il ne peut pas rester là, spectateur, et laisser son frère gâcher sa vie… ! Ils ne sont plus très proches depuis un moment, c’est vrai, mais ça n’empêche rien au fait que l’étudiant tient à son petit frère, et qu’il ne se contentera pas de rester en dehors de tout ça, quoi qu’il en dise. D’ailleurs, pour tout avouer, le jeune homme s’interroge, se demande ce que son frère va encore se trouver comme excuses. Mais, cette fois, le jeune homme ne se laissera pas avoir, ça non ! Il a suffisamment gobé de bêtises comme ça. Et il est trop intelligent pour se laisser berner une fois de plus.

Eteignant la télévision, Callan fait rapidement part à son frère de son souhait de discuter. Son air sérieux indique clairement qu’il ne compte pas parler de choses et d’autres, non, il a bel et bien un sujet de discussion en tête. L’étudiant en face de lui ne cherche pas à fuir la conversation, mais paraît tout de même carrément blasé, voire même moqueur, après que son grand frère lui ait indiqué de quoi il voulait parler. La mâchoire du jeune homme se crispe. Il n’aime pas le ton que prend Julian avec lui, il n’aime pas son attitude, qu'il trouve particulièrement irrespectueuse, et déplacée. On dirait vraiment qu’il se fiche de lui, qu’il le prend pour un crétin, alors qu'il est juste inquiet pour lui dans le fond ! Sur le coup, et pour une fois, le guitariste laisse la spontanéité l’emporter sur la raison, lorsqu’il reprend la parole.

Me prends pas pour un con, merde !

Son rythme cardiaque s’emballe. Le jeune homme est énervé, et ne cherche pas à le cacher. Pour une fois, il se laisse un peu guider par ses émotions, ce qui peut surprendre il est vrai. Cela dit, Callan considère que c’est peut-être utile en un sens, que son frère se rendra peut-être compte de l’état dans lequel la vérité a pu le mettre.

Tu vends de la drogue.

Lâche l’étudiant, en soutenant son regard, et en guettant sa réaction, le cœur en vrac.

Le jeune homme n'a pas envie qu'on le fasse sortir, qu'on l'incite à arrêter ce qu'il fait. Il n'a aucune intention de le faire. Julian est bien trop impliqué là dedans pour y mettre un terme. On ne peut le forcer à le faire à moins qu'on l'emprisonne ^^' pour tout dire. Il ne se voit pas faire autre chose. Il y a le bien, y a le mal partout. Et bah lui, il fout la merde, c'est tout. C'est un équilibre pour lui. Tout le monde ne peut pas se ranger, aspirer à de grandes carrières. Lui, pour l'instant, il veut vendre, c'est tout. Julian veut faire comme Luke. Et peut être qu'à un moment dans sa vie, il souhaiterait faire autre chose. C'est pour cette raison qu'il n'a pas tout arrêter. Qu'il est toujours dans un cursus scolaire. Cela dit, c'est également pour se faire plus de clients qu'il a choisi Milwaukee. C'est un objectif qu'il a atteint avec brio. Sans le savoir, cette soif d'ambition l'a fait se faire découvrir auprès de son grand frère qu'il attend de pieds ferme dans le salon.

La situation avec Callan est devenue critique depuis quelques années. Ils ne sont plus aussi proches, le jeune homme se demande si ce dernier en a quelque chose à faire dans le fond ou non. Lui, ça l'emmerde. Il aurait voulu avoir un grand frère avec qui il aurait été proche... mais ce n'est pas le cas. Il n'est pas comme lui. Trop différent. A fond dans son délire. Ils n'ont pas le même et leurs chemins se sont éloignés. Complètement. Si bien que lorsqu'il fait un effort pour lui parler, ce dernier le coupe carrément dans sa lancée pour l'embrouiller. C'est sa manière de voir les choses. Ça le déçoit qu'il en soit encore à avoir des soupçons sur lui. Comme s'il ne pouvait pas lui foutre la paix. Il a un avis assez restreint sur le point de vue de son grand frère. Il pense qu'il fait juste ça pour lui foutre des bâtons dans les roues. Quand Callan rentre dans le vif du sujet, Julian a pour réflexe de répondre légèrement, en se foutant un peu de sa gueule. C'est dans son tempérament, il a toujours été très provoquant. Et ça ne plaît pas à Callan qui s'emporte.

Pourquoi tu me prends encore la tête ? Tu sers qu'à ça, vraiment. Je t'assure.

Lance Julian en soupirant. Son cœur se resserre, s'emballe. Fais des folies. Il serre les points, essaie de se calmer intérieurement. Il ne veut rien laisser paraître, surtout pas devant Callan. Ce serait critique. D'autant plus qu'il l'observe en lui balançant qu'il vend de la drogue. Julian se demande sérieusement comment il a su. Comment il sait. A moins qu'il prêche le faux pour savoir le vrai. Sans preuve. Julian est certain qu'il ne peut pas l'avoir rodé en flag. Il fait bien trop attention pour ça ^^'

Tu dis de la merde. T'as des preuves de ce que t'avances ?

Julian est prêt à faire n'importe quoi pour garder son secret intact.

Julian ne semble pas comprendre que si Callan agit de cette façon avec lui, c’est avant tout pour son bien. S’il s’est toujours interrogé à son propos, s’il a toujours cultivé des soupçons, c’est parce qu’il était inquiet, et parce qu’il tient effectivement à lui. Il avait de quoi s’inquiéter qui plus est, puisque son petit frère trempe dans une affaire très louche, très dangereuse, aussi… ! Si la police l’apprenait, il passerait sans doute un certain temps derrière les barreaux. Ce sont des faits graves qui lui seront reprochés, et l’étudiant ne compte pas fermer les yeux sur la situation, et sur les risques encourus. S’il le faisait, ce serait la preuve évidente qu’il n’en a strictement rien à faire, et ce n’est justement pas le cas, au contraire. Il tient énormément à son frère. Il regrette d’ailleurs de ne pas avoir su le lui montrer par le passé. En même temps, Julian n’a pas fait grand-chose non plus pour se rapprocher de lui… ! C’est la vie qui veut ça. Mais en tout cas, l’étudiant sait désormais qu’il ne va pas fermer les yeux sur un fait aussi important, et qu’il ne va pas laisser couler cette fois. Pourtant, c’est très dur de faire face à Julian, d’autant plus parce qu’il ne fait pas le moindre effort, et qu’il en arrive même à se foutre ouvertement de sa gueule. A bout de nerfs, Callan craque en haussant la voix. Il n’en peut plus de cette situation, et il vit très mal cette fâcheuse et désagréable impression d’être au beau milieu d’une discussion avec ce qui lui semble être… un inconnu.

Parce que ça m’importe, tu crois quoi ?!

S’exclame Callan, le ventre noué. Il est en colère que son frère le prenne pour un emmerdeur de première, alors que son seul but est de lui tendre la main, de faire partie de sa vie pour une fois, en l’aidant par exemple. Le jeune homme reprend cependant son calme lorsque son frère fait de même. Il le confronte à la vérité, mais Julian ne veut toujours pas céder. Callan compte être plus buté que lui pour une fois. Il ne baissera pas les bras.

Et toi, tu fais de la merde.

Répond l’étudiant, sûr de lui, fixant son frère droit dans les yeux.

Arrête Julian, je sais que c’est la vérité ! Je serais jamais venu te balancer un truc pareil à la figure si j’avais le moindre doute.

Pourquoi t’as si peur de me l’avouer, hein ? Tu crois que je serais capable de te balancer aux flics ?

Le jeune homme sait que le mettre au défi d’avouer, que de l’accuser d’avoir peur, peut lui servir de levier pour le pousser à se révéler. Il connaît son frère, il sait qu’il ne le laissera pas l’accuser d’être lâche sans réagir…

Julian est convaincu que si Callan se montre aussi chiant avec ses supçons à la con, c'est uniquement pour l'emmerder. Oui, il n'est pas très ouvert d'esprit quand ça concerne les intentions de son grand frère. Il ne voit pas qu'il ne se soucie de lui, de ce qui pourrait lui arriver ! Pourquoi il penserait ainsi ? Son frère n'a jamais été présent pour ce dernier. D'ailleurs, il se dit secrètement qu'il n'est même pas son vrai frère. Dans le passé, on a dit de lui qu'il était un batard, que son père n'était pas Denton et avec le temps, Julian s'est dit que c'était peut être vrai. Cependant, il ne se verrait jamais dire une pareille chose à sa mère. La seule idée de pouvoir insinuer devant elle qu'elle aurait pu le tromper ou quoi que ce soit, ça lui semble tellement...déplacé ! Et pourtant, son attitude avec tout le monde l'est mais Julian s'en cogne. C'est sa mère, c'est tout. Alors voilà, que son frère ait été absent dans sa vie pendant tout ce temps, ça ne l'aide pas à voir les choses correctement. Et si ce dernier le balançait, ou lui faisait du chantage, dieu sait quoi... ! Julian n'a aucune envie de s'arrêter ! Alors d'avoir cette conversation, ça l'énerve... et au lieu de piquer une crise, il provoque son grand frère, en l'énervant d'avantage, lui disant de la merde, oui. Il s'en cogne complètement que ça puisse le blesser. Il veut juste se protéger.

T'as jamais été un grand frère pour moi, surtout pas quand il le fallait, tu crois que ça me fait quelque chose maintenant ? Fais pas genre.

Dit-il en arborant un sourire tandis qu'il sort ça de son cœur, vraiment. Mais comme d'habitude, il préfère feindre l'indifférence. Ça l'aide, ça le fait se sentir moins faible. Oui parce qu'il ne veut pas qu'on puisse voir ses petites failles. Lorsque Callan lui répond que c'est lui qui fait de la merde, il ne répond pas. De toute, Callan rajoute autre chose, le provoque même dans un sens et Jul' ne manque pas de déglutir en fronçant encore plus ses sourcils.

T'arrêtes pas d'être suspicieux, genre H24 ! Ça fera une fois de plus, c'est tout !

J'ai pas peur !! Pourquoi je te parlerais à toi, hein, s'il y avait quelque chose de toute façon ? J'te fais pas confiance, c'est tout.

Lance Julian en sachant que ses propos sont exagérés, qu'il est probablement injuste dans le fond mais il ne veut pas le dire, pas à Callan. Et il est toujours buté : ce n'est pas une balance. Il ne veut rien laisser échapper de sa bouche. Et puis ça décevrait son pote ^^' Oui, il est vraiment prêt à tout sacrifier, ça l'aveugle.

Les intentions de l’étudiant sont pourtant bonnes… ! Mais Callan s’attendait à ce que Julian réagisse d’une telle manière pour tout dire. Il savait que ce dernier allait sans doute lui raconter une quantité de bobards, comme il en a pris l’habitude jusqu’à maintenant, pour l’éloigner et l’écarter de son secret. C’est « classique » avec lui. Son petit frère n’a jamais manqué de bagou, à l’inverse de l’aîné de la famille, bien plus renfermé pour tout dire. C’est vrai, ils ne se ressemblent pas beaucoup. Enfants, leur intérêt commun pour le jeu les rapprochait mais, en grandissant, ils se sont véritablement éloignés. Cal’ a travaillé dur pour obtenir son diplôme au lycée, et a multiplié les emplois pour se payer de bonnes études supérieures. Son ambition permanente, et ses loisirs bien différents de ceux de son frère les ont éloignés. Pourtant, jamais Cal’ n’aurait pensé que son frère le lui reprocherait un jour… ! Parce que c’est la vie qui veut ça. On ne maîtrise pas toujours tout. Du coup, quand Julian lui reproche de ne jamais avoir été un grand frère pour lui, l’étudiant en criminologie fronce les sourcils, vexé que ce soit sur lui que Julian rejette la faute, d’autant qu’il ne s’est pas toujours désintéressé de lui, loin de là.

Tu plaisantes ?

Je pourrais même pas compter toutes les fois où tu m’as éloigné de ta vie, où tu m’as menti ouvertement ! C’est vrai, on s’est peut-être éloignés à une époque, mais jamais tu m’as laissé l’occasion d’arranger les choses !

S’exclame-t-il vivement, sans éprouver la moindre difficulté à maintenir le regard de son cadet. La conversation est pourtant douloureuse ; son cœur bât d’ailleurs à toute vitesse. Pour couronner le tout, son frère lui reproche sa constante suspicion – pourtant justifiée – avant d’ajouter qu’il ne lui fait absolument pas confiance. Choqué par de tels propos, Callan se crispe, et fixe Julian, en s’immobilisant. Il a une boule dans la gorge, presque le souffle coupé. C’est très dur à entendre pour tout dire. Certes, ils se sont éloignés, le temps passant, mais jamais l’étudiant n’aurait pu penser que ce manque de proximité allait tout remettre en question entre eux deux. Comme s’il était capable de le balancer aux flics ?! Comment Julian pourrait penser une telle chose de lui ? Ils sont frères, et Callan n’oserait jamais lui faire sciemment le moindre mal. S’il a repoussé encore et encore cette conversation, c’était parce qu’il ne savait absolument pas comment gérer la chose qu’il avait apprise… mais il n’a jamais été question, pour lui, d’avertir la police, même s’il fera lui-même partie des membres de l’ordre, pourtant, un jour.

Tu penses vraiment une chose pareille ? Que je serais capable de te faire du mal, consciemment… ?

Le cœur du jeune homme se resserre. Il a toujours été très axé sur ses études, toujours très porté par l’ambition… Ça ne l’empêche pourtant pas de ressentir beaucoup d’amour pour ses proches. Sa mère, et son frère, ce sont eux, sa seule famille… ! Et ils comptent énormément pour lui. Il ne leur a peut-être pas montré suffisamment ?... A cette idée, Callan se sent très mal, submergé par l’émotion, même, pour tout dire. C’est une première pour lui, mais il se rend compte à l’instant même que ses ambitions professionnelles l’ont éloigné d’une chose bien plus importante. Le cœur serré, Cal’ sent l’émotion l’envahir bien plus qu’il ne l’aurait pensé en lançant cette discussion. Il est à la fois terriblement attristé que son frère ne réalise pas à quel point il compte pour lui, et aussi très inquiet à son égard. Sans s’en rendre compte, ses yeux se mettent à briller ~

Julian n'est pas prêt à avouer qu'il trempe dans des affaires louches. Et il est habitué aux soupçons de son grand frère, qui avec le temps, se font encore plus grands. Julian n'aime pas sa manière de l'interroger, de chercher à savoir ce qu'il cache. Dans l'idéal, dans son petit monde « enchanté », Julian aimerait qu'on lui foute la paix. Il est très bien dans sa situation actuelle. Tout roule. Il n'a jamais eu autant d'argent que depuis qu'il s'est mis à dealer et surtout, ce n'est pas à contrecoeur qu'il fait ça. Pas de contraintes. Mise à part de ne pas l'ouvrir à ce propos. Chose qu'il fait très bien jusqu'à maintenant. La bonne humeur du dealer s'est complètement envolée depuis que la conversation s'est lancée. Callan semble de plus en plus près dans ses investigations et Julian, comme d'habitude, se permet de lui raconter des conneries. A croire que cette fois ci, ça ne fonctionnera pas vraiment. L'étudiant ne lâche pas prise et ça pousse Julian à se montrer de plus en plus agressif, blessant dans ses propos. Il lui reproche aussitôt de ne jamais avoir été un grand frère pour lui.

Parce que c'est trop tard, de toute façon on peut pas s'entendre...T'es trop...toi ^^' et moi j'suis trop... différent. On voit pas les choses du même angle.

Lance Julian, pour se défendre bêtement. Il se montre pessimiste quant à sa relation avec son frère. Il est énervé car il ne pensait pas qu'ils auraient toute cette conversation. L'étudiant reprend d'ailleurs, toujours d'une manière blessante lorsque Callan le provoque, enfin, d'après le dealer. Il n'hésite pas à lui dire qu'il n'a cesse de le soupçonner et qu'en prime, il ne lui fait pas confiance. Julian a toujours eu l'impression que son frère était devenu un parfait inconnu pour lui... alors se confier à ce dernier ? Jamais. Callan reprend ensuite, pour lui demander s'il le pense vraiment et puis l'interroge sur le fait qu'il puisse penser que son grand frère pourrait lui faire du mal consciemment.

J'en sais rien, ptêtre pas mais j'ai l'impression d'être en face d'un inconnu.

Avoue le dealer sans perdre Callan des yeux. Il ne sait pas où toute cette conversation va les mener mais remarque finalement les yeux brillants de son aîné. Particulièrement mal à l'aise, Julian se mord la lèvre inférieure en glissant sa main jusqu'à sa nuque qu'il se met à masser. Peut-être est-il allé trop loin... ? Il s'interroge mais ne sait pas vraiment quoi dire ^^' Dès qu'il ouvre la bouche, Julian a tendance à empirer les choses.

Julian ne semble pas réaliser que les soupçons de son frère à son égard ne partent pas (et ne sont jamais partis) de mauvaises intentions. En fait, Callan s’est toujours beaucoup inquiété pour lui. Le voir débarquer, une fois, blessé, l’avait complètement retourné d’ailleurs. L’argent qu’il accumule, aussi, a soulevé chez lui de véritables interrogations. Quoi de plus normal, après tout ? Même sans faire des études de criminologie, n’importe quel homme s’inquiéterait pour son frère comme le fait Callan avec son cadet. Ça ne lui semble pas déplacé, loin de là… ! Mais l’étudiant ne semble rien vouloir entendre. Il est dans son truc, il se met des œillères. Pour lui, c’est Cal’ qui est en tort, tout bêtement. C’est vrai ça, pourquoi ne se contente-t-il donc pas de fermer les yeux sur ses petites activités illégales ?! Ce n’est bien sûr pas aussi simple, d’autant que Julian se met en danger, avec toutes ces histoires. Il pourrait finir en prison, voire pire. Il pourrait être blessé une fois de plus… ! Il pourrait même ne pas s’en sortir cette fois. Du coup, en pensant à tous ces scénarios, son grand frère ne peut que se sentir très inquiet. Il s’attendait bien sûr à ce que son frère ne saute pas de joie au cours de cette discussion, mais pas à ce qu’il lui balance une quantité de reproches à la figure… Plus la discussion se prolonge, et plus le jeune homme sent son estomac se nouer, et de nombreuses émotions le prendre aux tripes… Julian vient même lui reprocher d’être trop « lui »… A croire que sa personne toute entière déplaît à son cadet ><

Alors ne me reproche pas de ne pas avoir été un grand frère pour toi !

C’est toi qui as voulu cette situation, c’est toi qui as continué de te fermer, encore et encore ! J’ai essayé de revenir. T’as jamais voulu de moi ~

Callan a une véritable boule dans la gorge à ce moment même. Son propre père lui a tourné le dos, et voilà maintenant que même son frère ne veut plus de lui. C’est très difficile à avaler, tout spécialement quand son cadet prend la parole pour lui balancer à la figure son manque de confiance en lui… Pour l’étudiant, c’est une effroyable remise en question qui s’impose alors à lui. Troublé, attristé par la situation, il sent même ses yeux s’emplir de larmes, et se mettre à briller… Il savait que Julian et lui s’étaient éloignés, mais il était loin d’imaginer à quel point, et il ne pensait pas que ce n’était pas rattrapable. Ça lui fait horriblement mal…

C’est réciproque.

Lâche soudainement l’aîné, la gorge serrée. Lui aussi il a la sensation désagréable d’être en face d’un inconnu. Qui est ce type, ce dealer, qui ne semble en avoir rien à faire de lui, de sa famille, qui se comporte comme un véritable égoïste ? Et pourtant, malgré tout ce qu’il lui reproche, Callan n’arrive pas à le détester, au contraire. Il voudrait le protéger, le prendre sous son aile, comme il le faisait quand ils étaient encore enfants… Submergé par l’émotion, Cal’ est obligé de se retourner, pour essuyer ses yeux discrètement (enfin pas tant que ça). Il savait pourtant que Julian allait chercher à le détourner de son but par tous les moyens en sa possession, mais il ne pensait pas que ça irait aussi loin. Son cœur est serré, l’étudiant a presque l’impression d’étouffer. Il a tout foiré.

Le point de vue de Julian est complètement différent. En fait, il a plus l'impression d'être constamment traqué qu'autre chose. Il ne voit pas que ce dernier cherche probablement à l'aider. Tout simplement parce que Julian ne pense pas avoir besoin d'aide puisqu'à son sens il n'a pas de problèmes. Il est très bien comme ça et souhaite égoïstement que son grand frère puisse un jour lui lâcher la grappe tout simplement. L'étudiant est certain qu'il ne lui arrivera rien de tragique, il se montre confiant dans ce qu'il fait, quant à son avenir, parce qu'il a toujours fait attention. C'est inconscient, débile mais c'est Julian. De plus, moins on en sait et moins sa famille risque d'en pâtir en cas de scénario catastrophe. La conversation se prolonge entre les deux fils Mars mais elle ne tourne pas autour de son activité illégale. Julian se permet de lui reprocher des tas de choses pour se protéger. C'est certain que ça détourne aussitôt l'attention sur le sujet principal mais c'est également loin d'être juste. Julian lui reproche de ne jamais avoir été un grand frère pour lui, et pire, qu'ils ne pourront jamais s'entendre. A son sens, ils sont bien trop différent. La personnalité de son frère est tellement à l'opposée de la sienne que pour lui, ça lui semble impossible.

J'ai pas voulu qu'on s'éloigne.

Alors c'est ça ? C'est en m'accusant de vendre de la drogue que tu veux qu'on se rapproche ? Non parce que ça me paraît surnaturel du coup.

Demande Julian, à propos du fait que son frère ait souhaité revenir vers lui et que Julian l'ait toujours repoussé. Il ne voit pas les choses ainsi, puisqu'il se sent toujours menacé dans un sens. Et puis il en viendra à lui dire qu'il n'a aucune confiance en ce dernier, qu'il le voit comme un inconnu seulement, après cette phrase, Julian, qui n'avait pas détourné le regard, remarque aisément la tristesse dans celui de Callan. Pas franchement à l'aise, et en se remettant légèrement (mais pas trop non plus hein) en question, Julian n'a aucune idée de ce qu'il pourrait dire. Il n'a jamais voulu lui faire de mal dans le fond ^^' La réponse de Callan ne l'étonne pas vraiment et Julian prend conscience qu'en rajouter une couche ne fera qu'empirer la chose. Oui, il réalise tout ce qu'il vient de balancer dans l'unique but de changer de conversation.


Lorsque Callan se retourne, Julian continue de l'observer en se sentant bien petit. Il a toujours accordé de l'importance à sa famille. C'est important pour lui, même s'il le montre probablement de la mauvaise façon. En voyant son aîné s'essuyer les yeux, Julian dégluti discrètement. Il pourrait partir comme ça, le planter en plein milieu du salon, ça ne serait qu'une suite logique vu son comportement mais il reste quelques secondes planté là en se repassant la même phrase dans la tête sans qu'elle ne daigne sortir d'entre ses lèvres. Le dealer pose bêtement sa main sur l'épaule de Callan pour attirer son attention. Il la retire bien vite finalement lorsqu'il reprend :

J'suis... désolé.

J'voulais pas t'blesser comme ça, tsais.

Ajoute-t-il en s'écartant.

Le point de vue de Callan est assez restreint pour tout dire. Il pense juste que son frère trempe dans un trafic de drogues, ce qui est donc, tout simplement, par définition, une situation dangereuse. Cela pourrait lui causer bien des problèmes, comme la prison pour commencer, mais aussi bien pire s’il s’attirait des ennuis avec d’autres revendeurs par exemple. Il a déjà été blessé une fois, et gravement qui plus est… ! Ça pourrait être bien pire, une prochaine fois. Leur mère ne se remettrait pas de la mort d’un fils, encore moins si elle apprenait qu’il trempait dans ce genre de trafics. Callan non plus ne s’en remettrait pas mais ça son frère ne s’en rend certainement pas compte. Il l’accuse de tout un tas de choses, parvenant aisément à détourner l’attention de l’étudiant. Il s’en prend plein la figure, et ça lui fait horriblement mal au cœur… Il n’en oublie pas pour autant leur discussion initiale, non… ! Mais il est quand même blessé. Son frère a l’air particulièrement sincère, et de savoir ce qu’il ressent à son propos est assez dur à avaler. Le jeune homme fronce les sourcils quand son frère utilise le mot « accuser ». Il n’en est rien en fait ! Du moins pas à ses yeux. Ils ne vivent pas du tout la discussion de la même manière semble-t-il.

Je ne t’accuse pas, je le sais, c’est tout !

Et c’est pas en me racontant des bobards que tu vas nous rapprocher non plus, hein… !

Jamais l’étudiant n’a songé à dénoncer son frère à la police, il voulait juste que celui-ci admette la vérité et qu’ils en discutent. Que Julian reconnaisse la vérité, ça, ça pourrait les faire avancer, justement. Aux yeux de Callan, les énormités que lui a racontées son frère pour se justifier à plusieurs reprises ne les ont pas rapproché, loin de là. Ça a poussé son aîné à s’inquiéter davantage, et donc à le surveiller encore plus. Quant à Julian, il s’est senti traqué et s’est éloigné… C’est un cercle vicieux. Ils sont devenus deux inconnus l’un pour l’autre, et l’aîné des Mars a beaucoup de mal à l’encaisser. Ce n’est pas ce qu’il a voulu. Ému, il finit par se retourner à moitié, pour tenter de se ressaisir. Il se doutait pourtant que son frère ferait tout pour fuir la discussion, mais il ne pensait pas que ça le plongerait dans un tel état de tristesse. Callan n’a jamais voulu tout ça. Il tient très fort à sa famille. Le départ de Denton avait renforcé leurs liens. Aujourd’hui, c’est comme si tout ça était parti en fumée…

L’étudiant est surpris de sentir la main de son frère sur son épaule. Il se redresse d’un coup, en sentant sa gorge se serrer. Dès que Julian s’écarte, Callan, les sourcils froncés, fait un pas en arrière lui aussi.

Tu comprends pas que je suis simplement inquiet pour toi ?

Lâche le jeune homme, le cœur en vrac, la vue légèrement brouillée par les larmes, heureusement toujours dans ses yeux.

Si je m’intéressais autant à toi, si j’essayais de savoir, de comprendre, c’était pas pour t’emmerder, Jul’… ! Je voulais juste aider ><

Le dealer n'a pas voulu s'éloigner de son aîné. Plus jeunes, ils s'entendaient plutôt bien. C'est à l'adolescence que Julian a fini par se détourner du droit chemin, en faisant de « mauvaises » rencontres. Lui, il ne voit bien évidemment pas ça de cette manière. Il ne regrette rien. Leur éloignement c'est sur, mais le reste non. Il est même plutôt fier de son parcours jusqu'à maintenant. Il a réussi en cours, il a réussi « dans la rue ». Tout roule pour lui, en somme. Certes, ce qu'il fait est dangereux. Il s'est déjà retrouvé dans un état critique dans le passé. Et là, il faut avouer qu'il avait pu compter sur Callan, et ses connaissances pour lui éviter l'hôpital. Pourtant, dans sa tête, c'était du passé. Il a malheureusement retenu que les choses négatives. Les suspicions, le fait qu'il se soit senti traqué tout ce temps. Julian tient tellement à ne rien dire, qu'il en vient à lui reprocher des choses, de se montrer particulièrement méchant. Il exagère, c'est certain mais son air assuré rend ses propos d'avantage sincères. Il y a une part de sincérité c'est certain mais il aurait pu dire les choses autrement.

Lorsque Callan reprend, pour lui dire qu'il sait, que ce n'est pas en racontant des bobards que ça allait les rapprocher, Julian hoche la tête. Il ne dit rien car pour tout dire, il commence à être à court de conneries à balancer. D'autant plus que l'émotion est palpable dans les yeux de son grand frère et ça commence à lui peser sur la conscience. Oui, il s'en veut. Julian ne voulait pas lui faire autant de mal, il cherchait simplement à se protéger d'une manière assez immature. A ce moment là, Julian ne s'est jamais senti aussi loin de son ainé. Pourtant, ils sont en face mais un gouffre s'est installé entre eux et le dealer a l'impression qu'ils n'arriveront jamais à se retrouver. Par cette propre pensée, le dealer est attristé, baisse un instant les yeux.

Cherchant à se faire pardonner, le jeune homme répète dans sa tête ses excuses avant de les faire à haute voix après que sa main se soit posée sur l'épaule de Callan. Il recule, comme de peur qu'il puisse avoir une réaction vive et écoute ses propos. L'étudiant reprend pour lui faire comprendre qu'il voulait simplement l'aider, qu'il est inquiet pour lui. Julian se mord l'intérieur de sa joue en détournant le regard.

Jul se frotte l'arrière de son crâne avec sa nuque. Son regard se perd dans la pièce. Il n'a aucune idée de ce qu'il pourrait faire. D'ailleurs, s'il avait agit comme d'habitude, Julian aurait profité de ce moment plus « calme » pour se barrer vite fait, toujours dans le but d'esquiver la chose. Les secondes passent et le dealer réalise qu'il n'a pas ouvert la bouche. Nerveusement ses mains se perdent sur son visage avant qu'il ne relève les yeux vers Callan, qui devait sûrement s'impatienter. Dans un souffle rapide, le jeune homme reprend:

Ouais, j'vends de l'herbe.

Jamais Callan ne s’était remis en question quant à leur éloignement. Il s’était toujours dit que c’était la vie qui voulait ça, et que le fait qu’ils soient différents ne les empêchait guère de rester proches dans le fond. L’atterrissage est donc difficile, d’autant que son petit frère lui balance une quantité de reproches à la figure, reproches auxquels il ne s’attendait pas. Ça fait très mal car, pour tout dire, le jeune homme avait toujours imaginé que ce serait rattrapable, qu’ils finiraient par rencontrer une situation délicate, et qu’ils se tiendraient les coudes, par exemple. Il n’en est rien et, à ce jour, son cadet lui explique même qu’il ne pense pas les choses rattrapables à un moment ou à un autre. Petit à petit, l’étudiant sent sa gorge se nouer, ses yeux s’emplir de larmes. Son petit frère, c’était tout pour lui, quand il n’était qu’un enfant. Il adorait le prendre sous son aile, lui expliquer une quantité de choses sur la vie (du moins sur ce qu’il en savait à l’époque), le protéger aussi, voire même le soigner quand il était tombé, et qu’il s’était fait mal. A ce moment-là, lui-aussi, il a l’impression que cette époque est révolue, il a même la sensation qu’elle n’a jamais été aussi loin, que le souvenir de ces bons moments s’efface doucement mais sûrement. Ce retour à la réalité est terriblement difficile à gérer pour le jeune homme qui, pour une fois, ne parvient plus à cacher ses plus profondes émotions. Il se sent d’ailleurs un peu gêné, et se détourne de son frère pour essuyer ses yeux. Il poursuit quand même la conversation, cherchant à faire entendre à Julian ses véritables intentions. Jamais il n’a voulu le dénoncer à la police par exemple. Jamais il ne lui a souhaité le moindre mal. Seulement, ces rentrées d’argent, cette blessure avec laquelle il était revenu à la maison, ça l’avait poussé à s’interroger et surtout, à s’inquiéter. C’est l’angoisse qui a motivé ses suspicions, et qui l’a poussé à agir de la sorte avec son cadet. Rien d’autre.

Cette conversation a beau l’avoir secoué, Callan ne démord pas de ce qu’il sait sur son frère. Il est convaincu qu’il fait du trafic de drogues. Ça expliquerait beaucoup de choses, et il a certaines preuves indéniables, alors… Non. Hors de question de fermer les yeux une fois de plus ; il ne se montra pas crédule à nouveau.

Le geste de son frère le surprend, mais pour autant le touche. Julian semble vouloir renouer le dialogue. Callan finit par se retourner, mais fait un pas en arrière, pour pouvoir observer son frère, bien que des larmes brouillent encore ses yeux sur le moment. Ses intentions n’ont jamais été mauvaises et, maintenant qu’il le lui a expliqué à voix haute, l’étudiant attend une réaction de son cadet, qui finit seulement par tourner la tête. Les poings serrés, l’émotion lui serrant la gorge, le jeune homme attend quelques mots de sa part, quelque chose… ! Mais les minutes passent, et font grandir sa détresse. Cal’ s’apprête à dire quelques mots, mais Julian l’arrête dans sa lancée, en lui confessant, enfin, la vérité. Son frère, troublé, relève aussitôt les yeux dans sa direction. Quelque part, il est soulagé qu’il veuille bien admettre les faits mais, d’un autre côté, c’est assez dur à entendre tout de même. Du coup, c’est idiot, mais même si c’est ce qu’il attendait aujourd'hui, Callan se sent un peu… perturbé.

P… Pourquoi ?

Murmure-t-il, avant de se reprendre, pour se montrer plus clair :

Pourquoi tu fais ça, pour l’argent ?

Ses sourcils se froncent. Il a besoin de comprendre.

Les souvenirs avec son fèrre se font rares également chez Julian, qui commence à penser que cette époque n'a jamais existé tout simplement. Il est rare qu'ils passent du temps ensemble. Dans ses souvenirs, la dernière fois remonte aux fêtes probablement. Il aime beaucoup sa famille, plus qu'on pourrait le penser, plus qu'il le montre tout simplement mais les choses sont si compliquées. Julian a l'impression d'être en face d'un étranger, comme s'ils ne s'étaient jamais connus, entendus. Ils ont tellement changés et ne se ressemblent absolument pas. Dans la rue, on pourrait penser qu'ils ne sont pas frères par exemple. C'est quelque chose qui a toujours tracassé le dealer, bien qu'il n'en ait jamais parlé à personne. Pour qui il passerait en ayant de telles pensée ? Pourtant, c'est ce que les gens disaient lorsqu'il était jeune. Personne ne l'a soutenu à ce moment là de sa vie et le voilà où il est à présent. Julian a réussi à s'en sortir. C'est comme ça qu'il voit les choses. Il est content de ce qu'il fait, de sa vie pour tout avouer et pour rien au monde il changerait une pareille chose. C'est également pour ça que Julian ne souhaitait pas en parler avec Callan. Ce dernier n'approuverait pas, ne comprendrait peut être pas non plus ? Il le pousserait à arrêter, c'est certain... et ce n'est pas dans les intentions de son cadet.

A travers cette nouvelle conversation, bourrée de reproches, le jeune homme espère faire changer la donne, qu'ils ne puissent pas reparler de ce dont Callan le suspecte. Mais plus la conversation continue et plus Julian se sent mal à l'aise et surtout coupable d'infliger une telle peine à son ainé. Ce dernier ne lui a rien fait en réalité, pas de mal. Pourtant, lui, se permet de lui dire des choses blessantes. Il perçoit le regard brouillés de larmes et ça le rend triste malgré tout. Julian n'est pas un gros sensible, loin de là mais il est tout de même humain. Ça le touche naturellement. Plus Callan parle et plus Julian fini par se la fermer tout simplement. Il se la fait plus discret et s'approche de lui pour poser sa main sur son épaule. Il n'a pas envie de s'en aller, de couper court à cette discussion malgré son contenu. Malgré le fait que ça puisse compliquer de nombreuses choses.

Lorsque Callan reprend, Julian détourne le regard. Dans sa tête, ça fuse, il réfléchit à ce qu'il pourrait dire pour rattraper les choses. Il sait que Callan n'attend qu'une chose : qu'il lui parle. Julian n'a toujours pas envie de le lui dire. Il a peur de sa réaction, qu'il ne comprenne pas. Il veut pas de son aide puisqu'il n'a pas l'impression d'en avoir besoin. Julian s'en sort très bien ainsi... mais après quelques minutes de silence, il reprend pour lui avouer qu'il vend de la drogue. Son regard se relève vers Callan, appréhendant sa réaction. Son cœur s'emballe, le dealer serre nerveusement les poings en attendant une réaction de la part de son grand frère.

Ouais, pour la thune.

Lance le jeune homme en haussant les épaules. Il prend une inspiration, au point où il en est, Julian peut bien se permettre d'en parler d'avantage, du moins, de se confier un peu plus à ce sujet :

On a jamais crevé la dalle non plus mais j'avais besoin de ça quand j'ai commencé.

Dit-il, en se demandant s'il ne ferait pas mieux de faire impasse sur le fait qu'il aime surtout ça, en fait. Ce qu'il fait ne le dégoûte en rien. Il attend alors la réaction de Callan, en croisant les bras, se sentant presque plus "léger". Peut être que ce n'est qu'une sensation passagère....

Callan a l’impression que tout est en train de partir en fumée entre son frère et lui… Pourtant, ce n’est jamais ce qu’il a voulu pour eux deux. Sa famille compte énormément à ses yeux. Le départ de Denton a été terrible mais, à l’époque, toute la famille s’est véritablement soudée pour faire face à son départ, et aller de l’avant. Julian et Callan ont protégé leur mère, se sont occupés d’elle, l’ont toujours énormément soutenue… ! Même si le temps a fait que les deux enfants se sont éloignés, et sont devenus différents, Cal’ imaginait toujours que quelque chose les retenait l’un à l’autre, les liait… Aujourd’hui, il a la sensation de s’être trompé sur toute la ligne, et c’est très dur à avaler. Les nombreux reproches de son cadet le poussent, certes, à oublier cette histoire de drogue momentanément, mais lui font aussi, et surtout, énormément de mal. Le cœur lourd, l’étudiant a bien du mal à contenir et à dissimuler son émotion. Il a beau se retourner, il est très fragilisé par cette discussion, et un peu perdu pour tout dire. Pour une fois, Cal’ n’essaie absolument pas de se reprendre, de porter ce masque qu’il a souvent arboré en toutes circonstances, non. Il se montre tel qu’il est, et ne camoufle pas ses émotions, quitte à passer pour un type trop sensible. Tant pis. Au point où il en est, il n’a plus franchement de cartes à jouer avec Julian, si ce n’est celle d’être lui-même ~

Quand son frère se rapproche de lui, et établit un contact, l’étudiant en criminologie est touché quelque part. Il tente donc de reprendre la parole, et d’expliquer à Julian pour quelles raisons il s’est donné du mal pour connaître la vérité à son sujet, et pourquoi il s’est montré si suspicieux par moment. Certes, Callan est un jeune homme curieux, de par sa formation sans doute mais, au-delà de ça, et surtout, c’était l’inquiétude qui le poussait à agir. De voir Julian revenir chez eux blessé, en sang, ça l’avait paniqué, rendu dingue. Il se souvient encore de cette nuit au cours de laquelle il avait dû appeler Ryan à la rescousse. Il avait eu si peur…

Et puis, enfin, les masques tombent. D’un côté comme de l’autre. Julian avoue finalement tremper dans un trafic de drogues. Pour Callan, ces aveux pourraient être une délivrance, mais il n’en est finalement rien. Ça lui laisse encore un goût très amer en bouche. Faut dire que c’est malgré tout très difficile à encaisser… ! Pourtant, il essaie de garder son calme, de ne pas le bousculer. Il essaie, même, de comprendre. C’était ce qu’Hannah l’avait incité à faire. Elle avait sans doute raison puisque, pour la première fois depuis très longtemps, les deux jeunes hommes s’ouvrent l’un à l’autre, se confient. Ils ont une conversation très sérieuse. Très vraie, même si le contenu est lourd de sens.

T’aurais pu me demander, je… j’avais un petit boulot à l’époque… !

C’est vrai, les Mars n’ont jamais roulé sur l’or, pour autant, jamais il n’est passé à l’esprit de Callan de devenir un criminel. Julian aurait pu dégoter un petit boulot, ou lui demander de l’argent (même s’il l’économisait pour s’offrir ses études à l’époque). Du coup, aux yeux de Cal’, ce besoin ne justifie pas forcément qu’on trempe dans ces histoires de drogue. Il essaie, pour autant, de ne pas sortir de ses gonds, de garder son calme, et d’instaurer un vrai dialogue, pour une fois.

Julian n'est pas doué pour ce genre de conversations sérieuses. Il est tout le temps en train de dire des conneries, faire le malin. En revanche, quand il s'agit d'agir avec maturité, il a tendance à se défiler et à faire un tas de reproches. Juste pour se protéger. Lui, son secret. Comme s'il se sentait menacé. S'il réfléchissait plus, il comprendrait que les intentions de son aîné ne sont pas mauvaises, qu'il ne lui veut pas du mal, de le mettre dans une situation critique, en le balançant aux flics par exemple. Suite à ses propos, Julian remarque aisément qu'ils ont eu un effet sur Callan, qui ne cache pas sa peine. Il semble vraiment touché par ce qu'il vient de lui dire et Julian regrette. Il ne voulait pas le blesser, ce n'était pas dans son intention. Au bout d'un moment, le dealer fini par s'avancer vers lui, pour poser sa main sur son épaule. Ainsi, il espère attirer son attention pour souffler quelques mots.

Son frère reprend, lui explique les raisons qui l'ont poussé à agir ainsi, à être aussi suspicieux. C'est quelque chose qui l'a toujours rendu dingue en quelque sorte. Il n'aime pas qu'on fouine même si c'est pour l'aider. Forcément, il n'a pas l'impression d'en avoir besoin. Même maintenant. C'est vrai, les choses ont dérapé une fois et le jeune homme s'était retrouvé gravement blessé mais ça ne s'est plus reproduit, bien qu'il n'ait pas oublié cet épisode là de sa vie, c'est certain. Lui même a eu particulièrement peur à ce moment là. Pourtant, ça ne lui a pas donné envie de tout arrêter.

Plus la conversation se poursuit et moins Julian trouve des choses à dire. En effet, Callan marque certains points et le dealer est lassé de balancer des conneries. Du coup, il reste silencieux quelques minutes. Minutes durant lesquelles il réfléchit à toute vitesse pour finalement en venir à avouer qu'il trempe dans un trafic de drogues. Le cœur battant comme un dingue, Julian attend la réaction de Callan, qui cherche à comprendre les raisons qui l'ont poussé à se lancer là dedans. Son frère lui fait remarquer qu'il aurait pu lui demander, qu'il avait un petit boulot à l'époque. Julian fronce les sourcils et secoue négativement la tête.

Nan, j'voulais pas te demander. J'voulais me débrouiller.

Dit-il simplement en reposant son regard sur le jeune homme. Il sait que le manque d'argent n'est pas une raison pour se lancer dans une pareille chose... mais qu'importe ! Il faut de tout pour faire un monde. Des gens bien, des mauvais. Ceux qui respectent la loi et ceux qui ne le font pas.

Je regrette pas, tsais. C'est ce que j'suis c'est tout.

Tente de conclure Jul' bien qu'il se doute que Callan ne comprendra certainement pas ^^'

Callan s’est préparé à cette discussion pendant des jours ! Et pourtant, il a l’impression que c’est un bel échec. Il est particulièrement affecté par les propos tenus par son frère cadet, et se sent réellement blessé. Il finit même par lui tourner le dos, pour tenter de se remettre de ses émotions, en vain. Il a l’impression de s’être un peu bercé d’illusions jusque là. Même s’il savait que Julian et lui s’étaient éloignés, avec le temps, il cultivait l’espoir qu’un jour tout redeviendrait comme avant, qu’un évènement finirait par les rapprocher, par exemple… Il ne pensait pas que la flamme avait pu s’éteindre. C’est l’impression qu’il a désormais, et c’est très désagréable, d’autant que sa famille compte énormément à ses yeux… ! Tout spécialement son petit frère, dont il aimait tant s’occuper quand ils n’étaient encore que des enfants. C’est sans doute bien trop loin tout ça…

Après qu’il ait attiré son attention, et que Callan ait exposé les raisons et ses intentions en se montrant suspicieux, Julian finit enfin par cracher le morceau. Il avait beau parfaitement plaider sa cause, quelques minutes en arrière, et en lui mentant sans mal qui plus est, ce qu’avait appris Callan à son sujet n’était autre que la stricte vérité. Même s’il est soulagé que son frère cesse sa comédie pour une fois, il est tout de même un peu amer. C’est une très triste nouvelle pour lui, et c’est dur à encaisser. Ses inquiétudes n’ont pas fini de grandir, ça non… ! La perspective de voir son frère derrière les barreaux, ou pire encore, lui glace le sang. Le jeune homme essaie, pour autant, de ne pas s’emporter, de garder son calme. Il suit les conseils d’Hannah qui avait un regard objectif sur la situation, et qui avait raison sur un point : il est important de chercher à comprendre l’autre avant d’émettre le moindre jugement. Tout spécialement quand il s’agit d’un proche ~

Le cœur en vrac, Cal’ ose poser une question, la plus importante à ses yeux : pourquoi. Il veut comprendre ce qui a poussé son frère à agir ainsi. Une discussion se lance à ce propos. Le jeune homme écoute avec attention. A ses yeux, Julian a pris des risques inconsidérés, pour une raison insuffisante. Il tente pourtant de ne pas partir en vrille, de rester maître de lui-même. Julian vient de s’ouvrir à lui, pour la première fois depuis très longtemps… Ce n’est pas le moment de tout gâcher.

C’est tout ?

Souffle l’étudiant, terrassé par sa dernière remarque (à son sens idiote). Il essaie pourtant de poursuivre sans s’énerver.

Tu te rends compte des risques que tu cours ?

Lui demande-t-il, sérieusement. En même temps, il sait que son frère doit adorer ça. Il le connaît tout de même un peu, et il sait que Julian adore les montées d’adrénaline, les sensations extrêmes. Il reprend, donc, avec un argument qui, pour lui, aura un peu plus de poids (du moins, il l’espère !).

T’as pensé à maman ?

Callan sait que son frère tient énormément à elle, tout comme lui. Même s'il bouillonne de l'intérieur, le jeune homme est parvenu à lui poser cette nouvelle question d'un ton neutre, encore.

En rentrant chez lui, Julian ne se doutait absolument pas qu'ils en viendraient à avoir une pareille conversation. Lui qui pensait que son silence quant à ses doutes sur son petit frère était « normal » mais au final, Julian se rend compte qu'il n'a jamais été aussi certain que son petit frère trempe dans des affaires louches. Comme quoi, il faut se méfier du silence. L'étudiant tente, comme toujours, d'esquiver cette conversation. Il aime son frère mais ne peut s'empêcher de se montrer hostile, méchant, dès qu'ils engagent le sujet. Le dealer n'a pas envie de parler de ce qu'il fait en dehors des cours. Il sait que son frère ne le comprendrait pas. Comme s'ils ne viennent pas du tout du même monde. Mais voilà, Julian parvient à attrister Callan et ce n'était pas son but à la base, juste de le détourner du sujet principal.

Seulement, petit retournement de situation, Julian se décide à dire la vérité. Ça l'embête, lui coûte énormément à son sens mais Julian fini par se lancer. Il a le cœur qui bat fort, vite, irrégulièrement. Il ne peut pas contrôler les réactions de son aîné et c'est quelque chose qui l'angoisse. Le dealer n'a aucune idée de la suite des événements, de comment se déroulera la conversation. Il a peur que ça n'aide pas, qu'ils finissent par s'énerver à nouveau. C'est un sujet sensible. Du coup, en premier lieu, Callan essaie de comprendre. Julian lui répond que la première raison qui l'a poussé à faire ça, c'était pour l'argent.

Julian se doute qu'il n'approuvera pas, même ainsi. Ils ont toujours eu des problèmes d'argent mais pas au moins de se priver de manger, c'est certain mais Julian avait envie de pouvoir jouir d'un peu plus de... luxe. Il aime ça et maintenant ne veut pas s'arrêter. Retourner à la case départ ? Jamais. Le jeune homme fini par conclure qu'il est ainsi, c'est tout. Il n'a pas d'autre chose à rajouter. Callan l'interroge en reprenant ses propos.

Ouais.

Dit-il simplement avant d'ajouter  lorsqu'il l'interroge sur les risques qu'il prend, et surtout s'il a pensé à leur mère.

Nan, nan. Tu m'prends pour un débile ou quoi? Bien sûr que j'y ai pensé.

Demande Julian en arquant un sourcil. Bien sûr qu'il est au courant mais ça ne l'empêche pas de continuer pour autant.

J'vais pas arrêter tsais.

D'ailleurs, t'aurais pas de futur taf si y avait pas des gens qui ne respectent pas la loi.

Callan est si touché par les propos de son frère qu’il ne parvient absolument pas à contenir son émotion. Habituellement, pourtant, il sait toujours rester maître de lui-même, mais les réflexions de Julian l’ont poussé dans ses retranchements. L’étudiant savait que son frère serait prêt à tout pour nier la vérité, mais pas qu’il en arriverait à ce point là. Ses mots sont blessants, l’atteignent en plein cœur. Le jeune homme, à ses côtés, repensent aux bons moments qu’ils ont passés quand ils n’étaient encore que deux enfants. C’est très loin tout ça mais il n’empêche que Cal’ n’a jamais oublié. Il avait espéré connaître cette complicité à nouveau, un jour, avec Julian. Ses espoirs tombent d’un seul coup à l’eau. Sa gorge se resserre au fur et à mesure de la discussion, et les larmes finissent même par lui monter aux yeux ~

Lorsque Julian accepte, enfin, de reconnaître les faits, son frère aîné n’est pas soulagé pour autant. Savoir qu’il trempe dans des histoires aussi louches et dangereuses l’angoisse pour tout dire, mais, comme le lui avait conseillé Hannah, Callan essaie de rester calme, de comprendre les intentions de son frère. Peut-être a-t-il une excellente excuse à lui fournir ? Seulement, au fur et à mesure de leur conversation, l’étudiant en criminologie réalise que ses justifications sont pour le moins idiotes. L’argent aurait pu être une raison suffisante (et encore, ils ne sont pas à la rue non plus… !), mais les propos que lui tient son frère ensuite sont sans nul doute pires que le tout le reste. Pour lui, c’est comme ça, c’est ce qu’il est, et point barre. Quand Cal’ parle de leur mère, il espère réveiller quelque chose en lui, peut-être faire surgir une sorte de « déclic »… mais il n’en est rien. Le jeune homme semble légèrement agacé, et l’accuse de le prendre pour un idiot.

On dirait pas !

S’exclame-t-il, les sourcils froncés. Julian a beau lui dire qu’il a pensé à leur mère, Callan n’en a pas franchement l’impression au vu de ses agissements. Le dernier argument qu’il met sur le tapis pousse l’étudiant en criminologie à réagir au quart de tour. Cette fois, c’est la remarque de trop. C’est vraiment une excuse bidon, limite stupide selon lui. Manquerait plus que Julian lui sorte qu’il fait ça pour lui, pour avoir quelque chose à étudier plus tard… ! Ce serait le summum de la bêtise.

Tu plaisantes, là ? D’abord, j’étudie des assassins, pas des petites frappes qui font tout et n’importe quoi pour se faire un peu d’argent… ! Et en plus, je ferais volontiers une croix sur ce travail si je savais qu’en échange les gens cesseraient toutes ces conneries !

C’est terminé, l’étudiant n’arrive plus à garder son calme devant ce tissu d’idioties. Julian n’a aucune raison à fournir, aucune explication digne d’intérêt, et Callan en a suffisamment entendu. Pour lui, son frère a décidé de se comporter comme un véritable égoïste, quitte à fermer les yeux sur ce que pourrait ressentir leur mère notamment, vis-à-vis de tout ça. Amer, l’étudiant attrape sa veste, sur le fauteuil à ses côtés, bien décidé à quitter les lieux.

Sois tranquille, je te dénoncerai pas, mais compte pas sur moi pour te regarder plus longtemps gâcher ta vie, et celles de tes proches.

Les dents serrées, Callan agrippe son vêtement dans sa main droite, et, sans un regard en arrière, finit par prendre la porte.

Julian a toujours excellé dans le mensonge, blesser les autres. Ce n'est pas son but à la base mais il n'assure pas. L'étudiant est maladroit lorsqu'il s'agit d'avoir des conversations sérieuses. Il est tellement plus simple de se voiler la face et de voir la réalité autrement. De prendre la vie à la légère. On n'en a qu'une seule de toute manière et Julian n'est pas quelqu'un qui se prend la tête. Cette conversation en elle même est une prise de tête sans fin. Ils ne seront jamais d'accord et Julian en vient à blesser son frère, à le décevoir probablement à travers des propos peu agréables. Pour lui, c'est ainsi. Ils sont tellement différents et se sont tellement éloignés. Le temps où tout était plus simple, où ils s'entendaient, se comprenaient parfaitement remonte à si longtemps... c'en est presque irréel. Les choses ont changées et retourner en arrière est impossible. Julian ne le voudrait probablement pas. Derrière ces airs de gros con se cache quelque chose, une certaine souffrance dira-t-on et il se réfugie dans son petit buisness avec Luke pour l'oublier tout simplement.

Lorsqu'il deal, il est quelqu'un de différent. Il était tellement perdu à 15 ans, il n'était rien du tout tout simplement. A travers ça, il se sent quelqu'un, il se sent important. Il gère. C'est la seule chose qu'il sache bien faire et dans son domaine, il n'y a pas de déception. C'est simple. Et il y a quelqu'un qu'il rend fier au moins. Et même si ce n'est pas de la façon la plus honorable qu'il soit. Ça compte pour lui, malgré la stupidité de la chose. Et ça, Callan ne le comprendra probablement pas. Alors les discussions à cœur ouvert, ce n'est pas son truc. Il sait que ça ne fonctionnera pas. Alors autant dire des choses à moitié. Dire les choses en sachant que ça finira d'une mauvaise façon de toute. Comment Callan pourra comprendre, cautionner le fait que Julian deal de la drogue ? Son frère se demande s'il a pensé à sa mère. Julian ne s'attendait pas à ça et lui demande à son tour s'il le prend pour un crétin. Bien évidemment qu'il y a songé. A tout, même.


Bah si.

Répond simplement Julian, lorsque le ton monte entre eux. Il ne sait qu'ajouter de plus... et puis, pour lui, il y a un certain équilibre. Il y a des gens qui suivent la loi et les autres. C'est comme ça. Le bien, le mal, tout ça. Le monde ne sera jamais parfait. C'est ce qu'il essaie de lui dire dans un sens mais la conversation part dans tous les sens, ça lui échappe complètement. Julian serre nerveusement les poings en l'entendant.

Je dis simplement qu'un monde parfait n'existe pas.

Souffle Julian en haussant les épaules. Il sent bien que tout ça n'a pas de sens. Il regrette d'ailleurs de s'être lancé, de lui avoir avoué. Il n'aurait vraiment pas dû et en le voyant attraper sa veste, prêt à quitter les lieux, Julian ne peut qu'en être soulagé, bien que paradoxalement, le cœur de ce dernier est bien lourd. Ça sonne la fin de leur pseudo relation fraternelle. L'étudiant reprend, pour le rassurer sur le fait qu'il ne le dénoncera pas mais compte bien faire quelque chose pour qu'il arrête. Le jeune homme ne prend pas le temps de répondre, de toute façon Callan ne se retourne pas et passe la porte. Il restera un moment songeur, en plein milieu de son salon avant de marcher fébrilement vers sa chambre. Quelle merde.


[ Fin de la scène ]