Je m'étais réveillée en sursaut, me demandant où j'étais et ce que je faisais là. L'espace d'une ou deux secondes seulement... Lorsque je tournai la tête, Chad était juste à coté de moi, encore endormi après la nuit que nous avions passée. J'étais chez lui, dans sa chambre. M’asseyant sur le bord du lit, je tentais de me rappeler comment j'étais rentrée. Je me souvenais parfaitement du début de la soirée, de notre arrivée en boite... J'y avais bu plusieurs whiskys, et d'autres choses, quelques shoots de tequila... et surement d'autres choses vue la nausée que je ressentais dès le réveil. Je passais mes mains sur mon visage pour tenter de dissiper le brouillard de mon esprit, mais rien, le trou noir. J'étais incapable de dire ce que j'avais fait ensuite, comment j'étais rentrée et si nous nous étions rendus dans un autre endroit au cours de la nuit.

Je regardai machinalement ma montre et me rendis compte que j'aurais déjà du être rentrée à la maison. J'avais cours ce matin, et une chose était certaine, je ne pourrais y être à l'heure. Devon avait déjà du partir à la fac, et mes parents partaient très tôt le matin, la maison serait donc vide. Je me dépêchais de ramasser mes affaires, malgré la barre que je sentais au milieu de mon front, et sortais discrètement de la chambre après avoir laissé un petit mot à Chad pour ne pas le réveiller. Finalement, je n'avais pas juste une barre au milieu du front, j'avais carrément un casque. Une vraie gueule de bois! Mes maux de tête étaient si intenses que je grimaçais en sortant de chez mon petit ami.

Par chance, le bus arriva dès que je rejoignais l'arrêt, et une quinzaine de minutes plus tard, j'arrivais, non sans mal, devant notre maison.

Une douche. Un aspirine. Un lit.

Je n'aspirais qu'à ces trois choses. La nausée ne m'avait pas quittée et j'imaginais que je devais être bien pâle... D'ailleurs, à bien y réfléchir, je n'avais rien avalé de solide depuis la veille au matin.

Persuadée que j'étais seule dans notre grande maison, je ne pris pas la peine d'être discrète, comme les soirs où je faisais le mur. Je claquai la porte puis montai en traînant des pieds dans ma chambre. Quand une voix derrière moi me fit sursauter.

Aujoud'hui Devon commençait à 14 heures. Ce n'est bien sûr pas un tel détail qui lui permettra de faire grâce matinée. Presque un peu hyperactif, Devon ne fait pas parties des personnes qui fantasment sur leur lit à la fin d'une longue journée (a) Non, constamment en train de faire quelque chose, Dev' préfère se lever, relire ses cours et s'occuper de façon à ne pas perdre son temps inutilement, soit, en dormant. C'est bien tôt dans la matinée que l'étudiant se dirige dans sa salle de bain après avoir quitté sa chambre. Il se prépare et sort de chez lui pour prendre le journal, dans lequel il espère trouver un job, et puis toujours cette histoire de déménagement. Devon n'a pas lâché prise. Chez lui, l'ambiance s'aggrave et c'est presque une décision vitale qu'il se doit de prendre, et vite. Il sone d'ailleurs à appeler ce fameux Luke dont Megan lui a parlé la dernière fois qu'ils se sont vus.

Avant tout, Devon en vient à descendre dans la cuisine, monopolisant cette dernière pour se faire à manger. Un petit dej. Vu l'heure, ses parents sont parti au complexe scolaire depuis un moment déjà. Tout comme sa soeur. Sur le moment, c'est ce qu'il se dit, bien content d'être seul. Ces moments lui sont précieux XD puisqu'en général, lorsqu'il se retrouve dans la même pièce que ses parents... ou encore sa soeur, c'est l'enfer. Et dire qu'ils étaient proches avant. Cette période lui semble si loin...et le coeur de l'étudiant se resserre légèrement en la voyant arriver, tel un gros zombi qui tente de se remettre de la veille. En retrait, Dev' se mord la lèvre inférieure mais c'est plus fort que lui x)

Alors comme ça on découche ? ^^

Lui fait remarquer Devon, voyant bien qu'elle porait les vêtements de la veille. Devon imagine son programme sain de sa soirée avec son copain, Chad >< qu'il ne supporte absolument pas. Toujours proche de la cuisine son regard ne lâche plus Abigail, s'attendant bien sûr à une réplique sanglante...

Je me figeais sur la deuxième marche et fermais les yeux quelques secondes. Merde. Devon était là, et je n'étais pas du tout en état pour un semblant de conversation. Pour autant, l'ignorer et monter me coucher sans lui parler n'arrangerait rien à la situation. Il allait venir me voir dans ma chambre et me questionner sur ce que j'avais fait la veille, pourquoi je n'étais pas en cours ...

Je soupirai et lâchai mon sac par terre. Puis je me tournai vers lui et avançai vers la cuisine. Après tout, c'était l'occasion de prendre un aspirine... ce serait toujours ça de fait avant d'aller dormir.

- Bravo, quelle capacité d'analyse, dis je, sarcastique. Je le contournai en regardant mes pieds, peu désireuse de croiser son regard accusateur. Tu n'es pas en cours? demandais je alors que je me baissais pour prendre un cachet dans le placard de l'évier.

Je me relevai et fut prise d'une sorte d’étourdissement, La fatigue, l'alcool, mes abus d'hier soir... Impossible de savoir ce qui me provoqua cette brusque sensation, mais je me rattrapais de peu à l'évier. Sans lâcher la vasque d'une main, j'attrapai un verre de mon autre main et le remplis avant de le boire entièrement. Je reposais mes deux mains à plat et m'appuyais contre l'évier de peur que mes jambes ne me lâchent. Petit à petit je repris mes esprits, et malgré mes jambes qui étaient en coton, cette désagréable sensation s'était envolée.

Je me retournai et vis que Devon était resté à la même place, appuyé contre dans l'encadrement de la porte. Bien sûr, il n'en avait pas manqué une miette, et je m'attendais à une remarque de sa part.

L'ignorant, je pris mon cachet d'aspirine et ouvris le frigo pour y prendre quelque chose à manger. La vue de toute cette nourriture me donna plus la nausée qu'une quelconque envie ou sensation de faim. Sans rien prendre, je refermai la porte, et jetais un coup d'oeil sur l’îlot central de notre cuisine. Une lettre du lycée était ouverte sur la table. M'approchant légèrement pour en voir l'objet, je vis qu'elle était adressée à mes parents, et les informais de mes absences inexpliquées... Toutes les fois où j'avais séché depuis le début de l'année...

Est ce que Devon avait vu cette lettre? Je supposais que oui, mais ne lui en parlais pas. Il était temps que je file dans ma chambre, avant qu'une conversation houleuse ne débute.

- Je monte, je vais me coucher, lui dis je alors.

Déjà qu'il n'est pas quelqu'un d'optimiste à la base, Dev' n'est pas du tout dans un good mood en ce moment. Ses parents en sont pour beaucoup dans la chute de moral de l'étudiant. Heureusement, elle n'a aucune conséquence sur ses notes. C'est la première chose qui l'importe. Pendant qu'il se prépare quelque chose, Devon assiste au retour de sa junkie de soeur dans la maison. L'air complètement à côté de la plaque, elle entre sans calculer sa présence. Devon l'observe quelques instants, l'air blasé de la voir de la sorte, de savoir qu'elle va se coucher tandis que sa place est certainement au lycée. Bref, une vraie loque sur l'instant et il esquisse un sourire ironique lorsque la lycéenne revient vers lui, en lui répondant au passage. Devon hausse les épaules et reporte son attention sur la pâte à pancakes qu'il s'était mise à préparer. Lorsqu'elle lui demande s'il n'est pas en cours, l'étudiant ne peut s'empêcher de lui envoyer une pique en pleine face x)

Bravo, quelle capacité d'analyse ^-^

Dit-il en lançant un regard à la jeune femme, qui, prise d'un malaise ? Ou dieu sait quoi, a l'air tout d'un coup particulièrement fébrile. Devon la regarde sans oser faire quoi que ce soit. Si c'est pour se faire envoyer chier x) ça fait un moment de ça que l'étudiant a lâché l'affaire avec sa soeur. A ce moment, leurs regards se croisent et Devon ne la quitte pas des yeux. Son regard à elle se pose sur cette enveloppe devant lui. Devon sait que c'est probablement un relevé d'absences. Il soupire sans s'empêcher une remarque :

T'en as pas marre de gâcher ta vie sinon ?

Demande Dev' tandis qu'elle tente de l'esquiver en lui disant d'aller se coucher. Il trouve ça tellement débile. Alors qu'elle devrait bosser en cours, elle, elle préfère dieu sait faire quoi de sa nuit et rentrer dormir. Déprimant.

Et voila. Ce que je redoutais était en train d'arriver. Je voulais juste l'esquiver et aller me coucher... mais non, il ne pouvait s'empêcher une remarque... Et quelle remarque!

Un frisson me parcourut le dos lorsque je l'entendis me dire que je gâchais ma vie. Sentiments de révolte, de colère et de tristesse mêlés. J'avais horreur du retour à la réalité, de plus en plus j'avais envie et besoin de me shooter, pour ne pas revenir ici. Je n'en pouvais plus de cette ambiance à la maison, les reproches me pesaient de plus en plus.

- Excuse moi de ne pas être aussi... parfaite que toi! lui dis je en me retournant. Et je ne vois pas pourquoi tu me dis ça, pourquoi est ce que tu penses que je gâche ma vie? Parce que je ne te laisse pas choisir pour moi? Parce que je suis avec Chad?

J'avais parlé plus fort et plus rapidement que je ne le voulais, mais j'étais énervée, et moi qui voulais faire profil bas, j'explosais littéralement. D'énervement et de fatigue, mes mains tremblaient légèrement mais je n'en faisais pas cas. Puisque nous y étions, autant affronter la discussion, et je lui faisais face, mon regard fixant le sien.

Malgré tout, je restai la petite soeur de mon frère, et même si je l'affrontais et lui tenais tête, il restait le seul à avoir un peu d'autorité sur moi. Mon père n'avait aucune emprise sur ce que je faisais ou ne faisais pas, et depuis bien longtemps il avait renoncé à vouloir me comprendre ou me faire changer. Il ne m'impressionnait absolument pas, et je ne le craignais plus depuis bien longtemps. Avec Devon, c'était différent. Et j'étais bien incapable de prévoir l'issue de cette "discussion".

Devon est déçu. A nouveau, il est confronté à la situation critique de sa sœur. De la voir rentrer de bon matin, après probablement une nuit de débauche, ça lui fend le cœur. Il aimerait tant qu'elle fasse quelque chose de plus constructif de sa vie. Devon s'en veut au final d'avoir provoqué cet éloignement entre eux. Si ça n'avait pas été le cas, peut être qu'il en serait différent ? Il regrette et ne peut s'empêcher de la surveiller malgré tout u_u Il aimerait retrouver sa petite sœur. Celle avec qu'il s'entendait, se confiait. A croire qu'avec l'âge celle-ci s'est envolée. Comme il s'y attendait, la lycéenne lui envoie une pique mais Devon n'est pas en manque de répartie lui non plus et fini par lui balancer la sienne, un peu facile à dire vrai.

Je suis pas parfait...^^'

Répond Devon, en fronçant les sourcils. Loin de là. Il n'a jamais prétendu l'être ! Il écoute la suite des propos de sa sœur et acquiesce vivement. Oui, c'est le fait de trainer, de sortir avec Chad qui fait qu'elle gâche probablement sa vie.

Exactement. Parce qu'avec lui, t'es plus toi même ! Tu fais n'importe quoi ! Tu passes tes journées à faire de la merde en gros, t'as pas encore compris ? Pourquoi t'es pas au lycée ?! Parce que t'es trop défoncée pour ça.

Commente Dev' d'une voix calme pourtant. Il n'est pas du genre à hausser le ton, à s'énerver. C'est ça qui fait sa force par moment. Ça le rend complètement dingue de la voir s'auto détruire de la sorte. Il arbore un air triste et dépose la pâte à pancakes dans la poêle tout en continuant sa conversation.

En l'entendant me dire qu'il n'est pas parfait, je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Non, bien sûr... Alors pourquoi vouloir toujours tout décider pour moi, contrôler mes fréquentations, ce que je fais, où je vais....? N'est ce pas la preuve qu'il pense mieux faire et mieux savoir que moi?

Je m'apprêtais à lui faire part de mes pensées, lorsqu'il ajouta:

- Exactement. Parce qu'avec lui, t'es plus toi même ! Tu fais n'importe quoi ! Tu passes tes journées à faire de la merde en gros, t'as pas encore compris ? Pourquoi t'es pas au lycée ?! Parce que t'es trop défoncée pour ça.

Il m'avait parlé sereinement, sans même s'énerver. Un constat, voila ce qu'il faisait. Tourné vers le plan de travail, il cuisinait tranquillement tout en me disant que je n'étais bonne à rien. J'en restai quelques instants sans voix.

Et bien voila qui était clair, voila qui me prouvait ce qu'il pensait de moi et comment il me considérait. L'entendre me dire ça me fit comme un véritable coup de massue. Je répondis malgré tout, même si je n'avais pas vraiment d'argument:

- Je fais ce que je peux, d'accord? Et je ne suis pas défoncée, il m'arrive de me prendre des cuites pendant ces soirées, mais c'est tout, comme tout le monde, comme tous les gens avec qui je traine de mon âge! Je vais bien. Lui dis je pour le convaincre. Si je lui avouais ça, il allait peut etre me croire et ses soupçons sur les autres subtances que je prenais pourraient s'envoler. C'était du moins ce que j'espérais.

Cependant, ce qu'ilm'avat dit m'avait blessé, et l'air triste qu'il afficha ensuite ne m'aida pas à sentir mieux. Les larmes me montèrent instantenément aux yeux, mais je ne voulais pas me mettre à pleurer devant lui. Alors qu'il se tournait pour s'occuper de ses pancakes, j'essuyais d'un revers de la main une larme qui roulait sur ma joue.

Devon est d'un calme impitoyable. Il n'a pas l'habitude de hausser le ton, de s'énerver. Pourtant, c'est quelqu'un d'impulsif... cela dit, il n'aime pas les confrontations et pense que, malgré tout, la communication peut être un bon moyen de régler les problèmes. Il fait ça pour son bien, parce qu'il regrette sa petite sœur d'antan et qu'il souhaiterait que les choses redeviennent telles qu'elles l'étaient auparavant. Force est de constater que ce n'est pas près d'arriver. Depuis un moment à présent, ils passent leur temps – pour le peu qu'ils le passent ensemble – à se prendre la tête. Dev' déteste ça et une fois de plus, c'est ce qu'il se passe lorsqu'ils se croisent un matin dans la maison familiale. Comme si ça ne lui suffisait pas de supporter ses parents. Il faut que sa sœur s'y mette également. Ça le désole et tout en continuant de se faire à manger, Devon reprend, se laissant aller à des remarques blessantes mais malheureusement vraies.

Je pense pas que tout le monde se bourre la gueule tous les jours de la semaine, hein... T'sais la plupart des étudiants vont en cours et font la fête le week end ^^' T'as un rythme de vie malsain que veux-tu ! Tu ne veux même pas ouvrir les yeux et admettre que quelque chose cloche là dedans.

Souffle Devon en se retournant sur le coup, sa spatule à la main, il attend la réaction de la lycéenne. Il se mord la lèvre inférieure, l'air navré. En croisant le regard d'Abigail, il passe une main derrière sa nuque. Il ne veut pas la blesser >< Et sans plus tarder, il ajoute :

Je dis pas tout ça pour être méchant, c'est pour toi... parce que j'veux pas que tu fasses n'importe quoi, que...^^'

,,,mais tu peux penser ce que tu veux de toute manière.

Je pense pas que tout le monde se bourre la gueule tous les jours de la semaine, hein... T'sais la plupart des étudiants vont en cours et font la fête le week end ^^' T'as un rythme de vie malsain que veux-tu ! Tu ne veux même pas ouvrir les yeux et admettre que quelque chose cloche là dedans.

Admettre que quelque chose cloche la dedans... Mais pour quoi faire? pensais je alors. Pour voir encore plus de problème que je n'en avais déjà? Je n'étais pas prête à changer ou à admettre quoi que ce soit. Ce que je faisais depuis plusieurs mois n'était que momentané, et le jour où j'aurais décidé d'arrêter, je le ferai. Pour le moment je n'en avais pas envie, j'avais besoin de ces bulles d'oxygène, elles étaient des échappatoires indispensables à ma santé mentale. Je me sentais tellement mal en ce moment, ces soirées étaient le seul moment où je pouvais m'évader un peu. Non non, je ne voulais pas remettre tout ça en cause. C'était lui qui ne voulait pas me laisser grandir, tout simplement!

Le regard qu'il me lança avant de parler m'encouragea presque à lui dire que j'allais mal en ce moment, et que j'avais besoin de tout ça pour tenir... Mais qu'il ne devait pas s'inquiéter, que ça n'était que momentané... Il me manquait tellement, notre complicité me manquait, j'aurais voulu pouvoir lui parler de tout, comme avant.
Je dis pas tout ça pour être méchant, c'est pour toi... parce que j'veux pas que tu fasses n'importe quoi, que...^^'

Les larmes aux yeux, je l'écoutais, touchée par son intéret. Puis il ajouta:

,,,mais tu peux penser ce que tu veux de toute manière.

Bizarrement, la fin de sa phrase me bloqua. Oui, je pouvais penser ce que je voulais, et lui n'en avait sans doute rien à faire, il faisait avec Eva, à la fac, bientôt il partirait vivre ailleurs avec elle. Pourquoi se soucier de moi?

La petite faille qu'il avait réussi à trouver se referma aussitôt et je retrouvai ma carapace infranchissable.

- Ouais laisse tomber, t'as raison au fond. Je peux penser ce que je veux. Et visiblement on ne pense pas la même chose.

Je n'avais plus la force de me battre, et je tournai les talons pour monter dans ma chambre.

Lorsque la conversation s'installe, Devon ne mache pas ses mots. Il sait que ça ne changera rien. Si ça avait été le cas, les choses seraient différentes à l'heure qu'il est. Cependant sa sœur continue de nier la chose, que tout va bien. Ce n'est absolument pas le cas. Devon aimerait qu'elle admette que quelque chose cloche là dedans. Du coup, depuis le temps, Dev' sait qu'il parle à un mur, que de toute manière ça ne sert plus à grand chose. C'est plus fort que lui, il a toujours un espoir malgré tout, malgré la situation et leur relation conflictuelle. Bientôt, il l'espère du moins, Dev' ne sera plus là et ne pourra plus lui administrer ce genre de discours. Il sait que ce n'est pas leurs parents qui risqueront de le faire, eux même n'ont même pas su remarquer le changement chez leur fille.

Le regard inquiet, il espère que ses propos l'a toucheront dans un sens. C'est peine perdue alors tout en papotant, Devon continue sa préparation de crêpes. A quoi bon se prendre la tête hein ^^' ? Il met la pâte dans la poêle le temps qu'elle dore un minimum. Il reprend aussitôt pour lui expliquer qu'il ne dit pas tout ça pour être méchant... Devon la regarde tandis qu'elle finit par se braquer, comme bien souvent. La demoiselle tourne les talons en fuyant la conversation. Devon se mord la lèvre inférieure en détournant le regard.

Tu te braques encore une fois ^^'

Souffle le jeune homme, en la regardant s'avancer vers les escaliers qui mènent au premier étage. Ça le désespère, il ne sait vraiment plus quoi faire.

Je veux juste t'aider, tu comprends pas.

Lance Dev' une dernière fois avant de se retourner.

Tu te braques encore une fois ^^'

Je préférais ignorer sa réflexion et partir, comme je le voulais, me coucher. "Encore une fois?" me répétais je mentalement. Evidemment, il était désagréable depuis quelques temps lui aussi, c'était facile de tout me mettre sur le dos alors qu'il avait commencé.

Je veux juste t'aider, tu comprends pas.

Mais alors que je mettais un pied sur la première marche, l'entendre ajouter ça me mit hors de moi. Je revenais dans l'encadrement de la porte de la cuisine, et lui dit, en le regardant droit dans les yeux:

- Tu veux m'aider? Tu plaisantes? En m'accablant? en me disant que ma vie c'est de la merde? Abstiens toi Devon, c'est pas la peine de vouloir "m'aider"' comme tu dis si bien si tu ne sais que me faire des reproches! Il y a longtemps, tu m'aidais oui! Tu m'écoutais, tu ne me dévalorisais pas! J'en ai marre de t'entendre me juger sans arrêt, tu comprends? J'en ai marre!

Sans lui laisser le temps de repliquer, je tournais les talons et montais, d'un pas malgré tout chancelant jusqu'à ma chambre. Sans m'en apercevoir, j'avais shooté dans mon sac à main qui s'était ouvert en tombant au pied de l'escalier.

Les yeux pleins de larmes, je me laissais tomber sur mon lit. J'étais fatiguée physiquement, mais encore plus psychologiquement. Plus rien n'allait dans ma vie, tout allait de travers maintenant. Et je n'avais pas la force de me battre pour rétablir un quelconque équilibre.

En train de cuisiner, le jeune homme est surpris d'avoir une aussi « longue » conversation avec sa sœur. Comme d'habitude, celle ci part en cacahuètes. Ils ne peuvent pas avoir une conversation normale, se prennent toujours la tête. Devon est inquiet pour elle, pour ce qu'elle va faire de sa vie. Bref, c'est un grand frère quoi ! Il aimerait que ses propos la fassent réfléchir. S'il a tout essayé, à présent, on ne peut pas dire qu'il mâche ses mots avec elle. Du coup, lorsqu'elle décide de s'isoler dans sa chambre, Devon décide de lui faire une remarque une dernière fois. Peut être que ça la fera parler ? Il s'accroche un peu à cette conversation.

ça n'a jamais marché ! T'écouter, t'épauler. Tu fais toujours ce que tu veux de toute manière ^^' Pardonne moi de vouloir te faire réagir un minimum. C'est triste de voir que ça ne fonctionne absolument pas.

Dit-il en haussant les épaules. Une fois de plus, ce genre de conversation le rend fébrile mais puisque la jeune femme n'a pas daigner écouter sa réponse, Dev' la regarder monter, se dirigeant dans sa chambre. Par fierté, il ne se voit pas lui courir après. Il se retourne vers la cuisine, en soupirant. Oui, il ne sait absolument pas quoi faire pour que la situation change. C'est désespéré qu'il retire la crêpe de la poele. Après tout ça, Dev' n'a plus franchement faim et préfère tout ranger.

[Fin de la scène]