Plus les secondes passait, plus il regrettait ce qu’il venait de faire. En entrant dans la boutique de coiffure, Colin avait envie d’un peu de changement, essayer de se secouer les cheveux pour secouer sa vie. En réalité, il avait passé le pas de la porte d’un geste automatique, comme si ce n’était pas lui qui commandait son corps. Ses cheveux, ses longs cheveux. Il les aimait bien ses cheveux blonds. Il ne s’en occupait pas vraiment et il se trouvait un style unique avec.
Seulement voilà, ça lui donnait une image soit d’ado attardé soit de mec négligé. En théorie, il était un peu des deux, et Col’ n’était pas le genre de gars à se soucier de l’avis des autres et de l’image qu’il renvoi. Il se demandait donc encore, assit sur le siège de coiffeur, pourquoi il laissait cette jeune femme couper ses longues mèches blondes.

Ce n’était même pas un acte de rébellion, il avait beau chercher la raison, il n’y en avait pas. C’était d’ailleurs peut être pour ça qu’il le faisait.

Après quelques rapides minutes il vit apparaitre le nouveau reflet de son visage dans le miroir. Finalement ce n’était pas si mal, et puis ça ferait un truc en moins à s’occuper le matin. Il ne se trouvait pas tellement changer en vérité, formellement il était différent mais en réalité, ça n’avait rien changé.
Qu’est ce qu’il croyait à la fin, que couper ses cheveux le ferait devenir un autre homme ? Qu’il trouverait la raison de son existence sur Terre ? Non, rien de tout ça ne lui apparaissait.

Tant, pis, il s’en foutait un peu. Il paya la coiffeuse et sortit du salon se sentant un peu nu. Il était venu à pied et repartirait donc de la même manière vers la maison Austin. A la base, il avait pensé aller au Tom’s boire un verre, mais en réalité, il lui fallait un peu de temps pour s’habituer à sa nouvelle tête.

Non mais quelle idée? Qu'est-ce qu'il attendait en se faisant couper les cheveux? Il croyait que tout allait s'arranger, que son père arrêterait de tromper sa mère et qu'il pourrait à nouveau regarder Nathan dans les yeux sans avoir l'immense poids de la culpabilité sur ses épaules? Est-ce que Sam arrêterait de constamment lui en vouloir? Est-ce qu'il se déciderait à faire quelque que chose de sa vie? Il y avait peu de chance. Ce n'était que des cheveux.

Alors qu'il se dirigeait vers le lieu où il avait laissé sa moto, Colin entendit une voix connue l'interpeller. Il se retourna, pas vraiment sûr de pouvoir faire confiance à son ouïe mais fut rassuré en voyant Olivia accourir vers lui. Elle devait sacrément bien le connaitre pour le reconnaitre sans sa tignasse longue. Le jeune homme fit donc volte-face et se dirigea vers la jolie rousse avec un immense sourire ancré sur le visage. Olivia était la seule personne à lui faire cet effet, elle était douce et naturelle, toujours avenante et elle le faisait rire aux éclats comme personne. Olivia avait aussi son lot de bagages à trimballer, elle était celle pour qui Colin pouvait quitter son nid douillet à 4h du matin si elle l’appelait parce qu'elle se trouvait dans une salle situation ...

"Olivia!"

Une fois proche d'elle, il la prit dans ses bras et la relâcha rapidement. Il était heureux de la voir, il était toujours heureux de la voir.

"Qu'est ce tu fous là, t'as pas cours?" demanda-t-il ayant un peu peur qu'elle lui explique qu'elle s'était encore fourrée dans un pétrin inextricable. Il en oublia même sa nouvelle coupe un instant.

Il commençait déjà à se demander ce qui avait bien pu arriver à Olivia, Colin avait l'habitude de la sortir de mauvaises passes. Elle n'était pas une fille à mauvaises fréquentations, mais elle avait une sorte de poisse perpétuelle qui la faisait se trouver au mauvais endroit au mauvais moment très souvent. Elle était aussi un peu naïve et se laissait avoir facilement. Mais heureusement, Col' n'était jamais loin. Il n'avait pas du tout l'impression d'être un héros, il faisait juste ce qu'il devait faire pour son amie.

Il lui demanda donc ce qu'elle faisait en ville au lieu d'être à la fac. Olivia répondit qu'elle avait reçu un appel lui indiquant que quelque chose d'horrible était arrivé. Le visage de Colin se renfrogna avant que la suite n'arrive. Elle lui parla de ses cheveux. Il éclata de rire, il n'y avait qu'elle pour sortir ce genre de plaisanteries. Il rit de bon coeur bousculant l'épaule de la jeune fille d'une tape amicale. Il la laissa caresser son crâne baissant la tête pour que ce soit plus facile puis il se releva ne quittant pas son sourire.

"T'es nulle!" dit-il avec tendresse.

Il passa à son tour une main sur ses cheveux courts. C'était encore bizarre, il n'y avait pas 20 minutes il avait encore les cheveux aux épaules.

"Je voulais un peu de changement." se justifia-t-il. "T'en pense quoi?"

L'avis de sa meilleure amie comptait beaucoup pour lui, d'autant plus qu'il avait un peu l'impression d'avoir perdu une partie de lui-même.

C'était un changement assez banal quand on y pense. Se faire couper les cheveux, ça arrivait tous les jours et pour un mec, ça ne changeait pas grand chose. Colin était pourtant fier de ses longs cheveux blonds il fut un temps, mais il avait besoin d'un peu de nouveau dans sa vie. C'était sans doute sa part de féminité qui s'exprimait à travers ce geste x). Il avait fait ça un peu sur un coup de tête en même temps, impulsif, ce n'était qu'une histoire de temps avant qu'il ne coupe tout. Peut être voulait-il aussi plaire à quelqu'un en particulier sans vraiment en avoir conscience.

Croiser Olivia à ce moment là était presque un geste du destin, qui de mieux pour avoir un avis sur la question que sa meilleure amie. Il fut soulagé de savoir que ce qu'elle venait de dire n'était qu'une plaisanterie. Il rit de bon coeur ravie de savoir qu'elle allégeait toujours autant son âme avec son humour.

"J'ai cru que tu t’étais encore fourrée dans une histoire à la con."

Il lui demanda ensuite si elle aimait sa nouvelle coupe. Il avait un peu l'impression d'être une fille à s'inquiéter de son look comme ça. Colin se vit rassuré quand Olivia lui dit qu'elle trouvait ça sympa et lui affirma qu'il ferait des ravages. Cette phrase lui rappelait les fois où il allait chez le coiffeur étant petit, sa mère lui disait toujours qu'il ferait craquer un tas de fille. Avec sa coupe au bol des années 90, Colin y croyait dur comme fer. Heureusement, il avait plus confiance en les goût d'Olivia qu'en ceux de sa mère.
Sur ce, il sourit et attrapa son amie par l'épaule afin de l'embarquer dans la direction opposée de celle où il allait.

"Si tu as du temps, je t'offre un verre? "

(Je m'excuse s'il y a des fautes mais bonpatron fait des siennes ce soir .)

Une fois qu’Olivia fit part de son opinion à Colin elle reprit une posture naturelle. Un très grand sourire était toujours présent sur son doux visage. Elle ne réalisait toujours pas qu’elle ne verrait plus jamais ou du moins pendant un long moment Colin avec ces cheveux longs. Jamais elle n’aurait cru qu’un jour il prendrait l’initiative de tout couper, elle espérait que cela n’était pas un coup de tête et qu’il n’allait pas le regretter.
Soudain une angoisse envahit son corps et si Colin avait fait ça, car quelque chose n’allait pas dans sa vie. Et si un événement plus que grave était survenu. Olivia n’eut pas le temps de faire une remarque ou bien de montrer une quelconque trace d'inquiétude que Colin l’a prit par le cou pour l’embarquer dans la direction opposée d’où ils étaient. La rouquine fut quelque peu surprise elle ne s’attendait pas à ça et lâcha un petit cri :

"Ouh.."

"Si tu as du temps, je t'offre un verre? "

De toute manière Olivia n’avait pas l’air d’avoir vraiment le choix puisque les deux amis étaient déjà en marche. L’étudiante jeta quand même un rapide coup d’œil à sa montre pour vérifier si elle avait vraiment du temps devant elle. D’après la position de ses aiguilles elle avait une bonne heure devant elle alors va pour un petit verre en très bonne compagnie :

"Tu en as de la chance, mon rendez-vous galant s’est désisté j’ai donc tout mon temps."

Bien évidemment personne n’attendait Olivia. La jeune femme se laissait guider par Colin, elle se demandait quel bar il allait choisir.

Cet acte n’était pas grand-chose, pourquoi en faisait-il toute une histoire ? Okay, Col’ tenait à ses cheveux longs, oui, il avait besoin de changement, mais ce n’était rien que quelques centimètres de kératine, rien d’autre. Une fois le sujet épuisé, il décida de le clore en attrapant les épaules d’Olivia de tout son bras pour l’emmener boire un verre. Elle accepta avec humour ce qui lui allait très bien et aussitôt, Col’ l’entraina. Ils s’arrêtèrent un peu plus loin dans la rue devant un petit troquet sans doute très peu rentable mais ce n’était pas le Tom’s. Colin évitait un peu le fameux bar de peur de tomber sur Nathan. Il s’y rendait plus souvent en son absence pour éviter de finir saoul et bavard, trop bavard devant son meilleur ami. D’un parce que Ben Austin couchait avec sa mère et de deux parce qu’il avait découvert que sa protégée servait le soir dans un club à gogo à peine vêtue. Colin se connaissait assez pour savoir qu’avec Nate et un cocktail un peu chargé de trop, la langue finirait par fourcher.

Le temps n’avait pas encore trop rafraichit, la météo se dégraderait sans doute dans le courant de la semaine ais Colin et Olivia purent s’installer sur une des trois tables à l’extérieur.

« Alors ce rendez-vous galant, tu veux m’en parler ? » demanda Col’ bien conscient qu’il s’agissait d’une blague de la part d’Olivia. C’était fou ce que la présence de la jolie rousse pouvait l’apaiser, il ne savait pas qu’elle était son secret, mais Colin n’avait pas besoin de se cacher derrière sa froideur et son désintéressement, au contraire, il devenait presque bavard sans même avoir bu une goutte d’alcool.

« Sinon, ça va en ce moment ? Tu travailles bien à l’école ? »

Il l’infantilisait un peu, mais c’était plus pour la taquiner qu’autre chose, Col’ croyait beaucoup en son amie et était sûr qu’elle pourrait réussir tout ce qu’elle entreprenait bien plus rapidement si elle ne tombait pas systématiquement dans certains panneaux…

Tout semblait toujours plus simple en la présence d'Olivia. Colin ne se posait plus 36 questions sur leur relation, comment il agissait, est-ce qu'il n'était pas trop agressif ou froid... Non, tout était facile. Elle plaisantait, elle le faisait rire, il s'occupait d'elle et pouvait même la faire rire lui aussi.
Ils s'installèrent à la terrasse d'un petit café, sous le soleil froid et lumineux de l'automne. Colin interrogea son amie sur son prince charmant présumé en attendant que quelqu'un veuille bien se déplacer pour commander. Celle-ci enchaîna sans difficulté, inventant une histoire à dormir debout qui faisait son petit effet.

Colin rit de bon coeur avant de se défendre:

"C'est toi qui serait perdue sans moi oui, et puis qu'est ce que tu irais faire en France, ils mangent des escargots."

Enfin un serveur apparut, d'un âge certain, Colin le salua d'un sourire.

"Tu veux quoi Liv'? Je vais prendre une bière moi."

Colin demanda ensuite à Olivia comment elle allait, en général et en particulier en cours. Celle-ci entra dans le jeu de Col' et lui tira la langue avant de faire semblant de bouder. Col' rigola avant de bousculer du bout du doigt l'épaule de son amie. Celle-ci lui avoua qu'elel pensait abandonner; Colin grimaça, il avait lui même quitté le cursus scolaire sur un cou de tête et rien n'était arrangé.

"Fait pas ça, tu vois où ça m'a mené. Arrête pas avant d'avoir un plan de secours."

Colin ne voulait pas trop jouer les moralisateurs, mais il parlait d'expérience. Il n'aurait peut être pas été plus loin avec un diplôme, mais il aurait pu au moins être fière de lui. Enfin, ça n'arrêtait pas ses parents qui le soutenaient coûte que coûte, ce qui était plutôt déstabilisant pour cet enfant adopté à qui le frère ne faisait pas de cadeau.

Olivia retourna la question se demandant ce qui avait bien pu passé par la tête de Col' pour qu'il coupe sa chevelure dorée. Il passa instinctivement sa main sur son crâne.

"Non, non, j'avais juste envie d'un peu de changement?" dit-il ignorant lui même la raison de son geste.

Partir en France, quelle idée! Colin n'imaginait pas perdre sa seule et unique meilleure amie. En fait, il serait vraiment perdu sans elle. Heureusement, ce n'était qu'une plaisanterie dans laquelle Colin n'hésitait pas à entrer parlant de la gastronomie française plutôt particulière. Sur cet argument, Olivia changea d'avis.

"Quoi que, vous les anglais, vous n'êtes pas mal non plus! " dit-il taquinant la rousse sur ses origines.

Ce genre de moment, Colin ne pouvait en avoir qu'avec Olivia, elle était pleine de vie, drôle et répondait toujours avec perspicacité.
Un serveur arriva, Colin commanda une bière et Olivia un cocktail. Elle savait ce qu'elle voulait mais concernant les cours, c'était une autre affaire, lorsque Colin lança le sujet sur le tapis.

"Tu trouvera ta voie, j'en suis sûr. Je voudrais juste t’épargner des erreurs que j'ai faites. T'es une fille intelligente, je m'en fais pas pour toi."

Colin était très sincère dans ses propos. Il n'avait jamais jugée Olivia trop rapidement, au contraire, il était allé chercher au delà des apparences et des rumeurs. Il ne faisait pas cela pour tout le monde mais il avait été bien inspiré avec elle puisqu'il ne pouvait plus se passer de son amitié.

Elle changea de sujet revenant sur la nouvelle coupe de Col' qui nia avoir le moindre soucis. Il sourit puis leva son verre venant d'arriver pour suivre le toast porté par la jeune femme.

"Et à l'amitié."

"Vous mangez des trucs bizarre." lança Colin avec une expression de dégout.

Olivia avait beau être anglaise, elle était très très bien intégrée en amérique, il fallait dire qu'elle avait beaucoup voyagé ce que Colin trouvait admirable lui qui n'avait jamais été plus loin que Chicago.

Il aimait tout chez elle, sa bonne humeur, sa naïveté parfois mais il adorait par dessus tout jouer les grands frères. Rôle qu'il ne pouvait pas tenir avec son propre frère. Colin conseillait Olivia sur sa propre expérience, lui conseillant de ne pas abandonner ses études trop vite. Il lui faisait confiance pour réussir, elle le méritait. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un de si acharné alors il trouvait dommage qu'elle ait de tels coups de blues. Les complimentsqu'elel lui donna pour réponse firent briller les yeux de Col'. Il ne pensait pas mériter un tel traitement, il ne se voyait pas avec les yeux de sa meilleure amie alors il n'était pas si indulgent.

"T'es mignonne!" dit-il avec le sourire.

Il tenait également à elle, elle était son oxygène dans ce monde étouffant.

"Je t'aime fort aussi tu sais!" conclu-t-il avant de lever son verre pour suivre le toast d'Olivia qui scellait leur amitié sans aucun doute indesctructible.

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