Il y avait beaucoup de retours ou de nouveaux arrivants à Great Falls, ces derniers temps. Telle fut la réflexion qu’Erika se faisait en remontant la Saint Oakes Street, avec une certaine appréhension. Elle n’avait jamais été du genre « amitiés à longue distance », pourtant, elle avait fait une exception cette fois-ci, pour Peyton. Elle ne se souvenait absolument pas de ce dernier, qui avait déménagé longtemps auparavant – quand elle devait avoir à peine trois ans et cette époque lui paraissait lointaine et révolue. Toutefois, par un heureux hasard, elle l’avait retrouvé, du moins virtuellement. Ils avaient longtemps échangé, discuté de tout et de rien, et cette amitié lui plaisait, car elle n’engageait à rien. Ils ne se voyaient jamais. Ils contentaient de se remonter le moral, et Erika pouvait lui raconter tous les ragots possibles sur Great Falls car, de toute façon, il était bien trop loin pour s’en préoccuper réellement.

Hélas, il avait fallu qu’il revienne quelques jours auparavant, qu’il habite de nouveau à Great Falls, à quelques pâtés de maisons de chez elle. Elle n’avait pas cherché à en savoir plus. Mais il était de retour. Par manque de temps, en raison du lycée et de son travail à la librairie, elle n’avait pu se libérer plus tôt et aller lui rendre visite à peine son installation. Aujourd’hui elle se ferait pardonner. Ainsi, c’était d’un pas plutôt décidé qu’elle se rendait vers l’adresse donnée par le jeune homme, redoutant un peu ces retrouvailles. Elle n’avait jamais été très à l’aise avec les hommes, et recherchait rarement leur compagnie. Avec Peyton c’était différent par ordinateur, puisqu’ils n’étaient pas l’un en face de l’autre. Et maintenant ? Qu’en serait-il ? Allait-elle rougir ? Bafouiller ? Elle se remémora son discours dans son esprit, en espérant ne pas faire tâche dans le décor une fois de plus. Elle le considérait comme un ami. L’un des rares amis masculins qu’elle avait sur cette fichue planète, malgré sa bonne sociabilité. Et si le courant ne passait pas ? Tant de questions qui la hantaient et auxquelles elle ne parvenait à donner de réponse.

Elle parvint jusqu’à l’adresse en question, et se figea l’espace d’un instant. C’était ici ? Cette gigantesque maison dans laquelle il logeait désormais ? Elle songea un instant à rebrousser chemin, croyant s’être trompée, mais non visiblement. Après une minute d’hésitation, elle s’autorisa à pénétrer dans le jardin, à remonter le long du petit chemin jusqu’à la porte d’entrée, entrouverte. Personne à l’horizon. Elle glissa un œil furtif à l’intérieur, aperçut plusieurs piles de cartons contre le mur ; un sourire éclaira son visage. Oui, ce devait être ici. Peyton n’avait pas eu le temps d’emménager correctement, il aurait peut-être besoin d’aide.

« Y a quelqu’un ? » s’enquit-elle d’une voix forte, en espérant recevoir une réponse.

Peyton avait enfin décidé de commencer à ranger son salon pour pouvoir les murs de cette pièce –très- spacieuse. Il avait déjà acheté les pots de peinture de jaune-ocre pastel pour les murs du salon. En se réveillant il se doutait, on ne sait comment, que quelque chose se passerait. Pey-pey commença à déménager les cartons dans l’entrée en les empilant de manière à ce qu’il fasse une espèce de mur. En ouvrant un filet de peinture jaune gicla sur sa joue gauche. Ne pouvant travailler sans un fond de musique, Peyton mit le CD d’Adèle dans sa chaine HI-FI et appuya sur la touche Play. Le jeune homme prit un pinceau et le trempa dans le pot pour ensuite commencer à peindre un de murs du salon. Tout en peignant, Peyton chantait en même temps qu’il peignait. Certes il ne possède pas la voix d’Adèle mais sa voix est plutôt douce et assez féminine même si c’est la voix d’un homme de 21 ans. Après plus d’une bonne grosse heure de travail, il eut enfin fini un mur mais il en reste encore deux et ensuite aménager la pièce avec les meubles et puis ranger les objets qui se trouvent dans les cartons. Peyton alla éteindre la chaine et se dirigea vers la cuisine pour se préparer un petit casse-croute. Il se prépara un bête sandwich avec des tranches de saumon fumé et du fromage frais aux fines herbes. Après l’avoir doucement dégusté, il se servit un verre d’ice tea froid. Puis après avoir bu une gorgée passa le verre glacé sur son front et de petites gouttes d’eau passèrent du verre à son front et commencèrent et à entamer une douce et lente descente le long du visage de Peyton.

« Y a quelqu’un ? » fit une voix féminine venant de l’entrée.

Peyton se dirigea vers la salle à manger, la traversa et finit par arriver dans l’entrée. Il remarqua une jeune fille blonde qui lui ne lui semblait pas inconnu mais il ne retombait plus sur son nom.

Bonjour ! Comment tu vas ? dit-il comme si le faite qu’il ne sache plus comment elle s’appelle n’était pas important.

Une silhouette masculine se profila dans l’embrasure de la porte et un étroit sourire éclaira le visage pâle d’Erika. Il y avait trop longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, et avant de le voir, se questionnait sur son apparence. En le croisant dans la rue, elle ne l’aurait probablement jamais identifié comme le garçon avec qui elle entretenait une discussion animée depuis longtemps, sur internet. L’un des rares amis garçons qu’elle possédait. Ami ? Elle l’ignorait encore. Pour elle, oui, Peyton était un ami, certes… mais qu’en était-il de son côté ? Dans le fond, ils n’avaient discuté que par ordinateur. Peut-être s’était-elle emballée bien trop vite…

Il ouvrit la bouche. Une voix moins rocailleuse qu’elle n’aurait cru, un peu chantante. Il lui parut gentil, davantage encore qu’auparavant. Son visage doux lui inspira confiance, pour une fois. Elle prit son courage à deux mains et lâcha :

« C’est moi… Erika. Avec qui tu discutais sur le net ».

Elle prit le temps de préciser, ne sachant pas trop s’il la reconnaissait. Au fond, ils s’étaient rarement vus en photo… et c’était mieux comme ça. Erika préférait cet anonymat, trop difficile à respecter dans une petite ville telle que Great Falls. Au moins sur la toile, aucun risque qu’on la reconnaisse. Elle se mordilla la lèvre, un peu timide comme d’habitude, se demandant si elle avait bien fait de venir lui rendre visite.

« Je vais bien. Et toi ? »

Elle fut ravie de voir qu’au moins, il n’affichait pas une mine perplexe ou indécise. Il devait la reconnaître, du moins vaguement. Si tel n’avait pas été le cas, elle en aurait ressenti un profond malaise en songeant qu’elle avait peut-être surestimé cette amitié pour le moins singulière. Elle jeta un coup d’œil derrière Peyton, avisa les montagnes de cartons, les murs fraîchement repeints, et en conclut que l’installation était encore en cours. D’ailleurs, le garçon paraissait en grands travaux – Erika avisa la peinture qui maculait sa tenue de travail. Elle tombait peut-être mal.

« J’aurais aimé venir plus tôt », s’excusa-t-elle après un moment de réflexion. « Mais j’ai eu vraiment beaucoup de boulot… Tu es arrivé il y a combien de temps, déjà ? »

Peyton regarda la jeune blonde en face de lui. Celle-ci semblait un peu tendu et plutôt timide malgré le fait qu’ils aient pu échanger leur vie entière sur internet en tant que net-friend. Peyton le regardait avec des yeux de personnages chibi ! Ce sont des dessins de personnages de séries manga « gagatisé » et « kawaisé » (ça vient de kawai qui veut dire mignon en japonais) à mort. Ses magnifiques yeux bleu saphir à la lumière étaient si lumineux et si « mignon » que cela en semblait presque faux.

Spoiler:

« C’est moi… Erika. Avec qui tu discutais sur le net ». Fit la jeune fille.

Oui Erika je me souviens de toi ! Tu es plus jolie en vrai que sur les rares photos que j’ai pu avoir de toi ! Oui je vais bien merci ! fit-il avec un sourire.

Peyton ne remarqua les taches de peintures que se voyant dans le reflet de la porte et frotta sur sa joue mais la tâche ne partait alors il la laissa tomber et continua à regarder la jeune blonde plutôt timide et réservée.

« J’aurais aimé venir plus tôt », s’excusa-t-elle après un moment de réflexion. « Mais j’ai eu vraiment beaucoup de boulot… Tu es arrivé il y a combien de temps, déjà ? »

Ce n’est pas grave tu sais, je n’ai pas le temps de voir beaucoup de monde et de sortir avec mes petits travaux d’aménagements ! Ca fait environ trois mois que je suis ici et je cherche de gentils locataires car cette maison est immense je ne me souvenais pas qu’elle l’était de cette grandeur-là ! Et comme tu le vois je suis en pleine peinture, donc les cartons sont les affaires censé être dans le salon. Et il me reste encore une petite dizaine de pièces ! Je suis désolé je parle peut être un peu trop vite … fit-il en inspirant après s’être arrêté de parler.

Il l’invita du regard à rentrer un peu plus franchement dans la maison et lui sourit. Peyton se sentait enfin un peu libre car il lui semblait qu’elle savait pour lui et donc il agissait normalement pour lui donc en gay efféminé pire qu’une fille elle-même !