Dix-huitième semaine. Si la vie continue, elle promet également des changements conséquents. Ils ont déjà commencé en ce qui la concerne. Son régime alimentaire est modifié, elle évite soigneusement l’alcool ou tout contact avec la drogue. Heureusement, sur ces derniers points, cela fait déjà un bon bout de temps qu’elle est clean, depuis sa rupture, depuis qu’elle essaie de se reprendre en main, alors ce n’est pas si difficile. Pour le tabac, c’est une autre histoire. Megan est accroc depuis son plus jeune âge. Comme un geste social, une manière de faire connaissance, de discuter et puis, il lui est devenu impossible de s’en passer. A défaut, réduire les doses devrait être suffisant. Une bonne manière, également, de remettre d’aplomb ses finances encore dans le rouge. Ce bébé, la secrétaire aimerait l’accueillir dans les meilleures conditions qui soient ! Elle est prête à tous les sacrifices, tous les changements nécessaires. Peu importe ce que diront les autres…

Ils ont déjà commencé à jaser, justement, à Great Falls. Ils se donnent à cœur joie sur le sujet et personne ne peut leur en vouloir pour cela. Il est vrai que la blonde n’est pas celle que l’on imagine dans le rôle de la future mère de ses enfants et que Luke n’a pas forcément le profil du père idéal. Qui plus est, ils ne forment plus un couple. Mais il y a des limites à ne pas dépasser, il y a des choses qui s’apparentent à de la méchanceté pure et dure, ou de la jalousie… Quoi qu’on en dise, Megan n’a jamais, mais alors jamais été voir ailleurs. C’est peut-être une chance qu’ils ne savent pas ce détail qui cause une partie de sa vulnérabilité, mais elle ne couche pas seulement parce qu’elle aime le sexe mais aussi pour avoir l’impression, ne serait-ce qu’une poignée de secondes, d’être appréciée. Ça ne durait jamais, le manque se faisait vite ressentir et elle passait à l’homme suivant. En revanche, quand elle est sécurisée dans une relation, avec Luke en l’occurrence, il lui apportait tout et davantage encore de ce qu’elle voulait. Il comblait ce vide récurrent en elle, sans compter qu’il la connaissait mieux que quiconque. Au moins, il ne gobera pas un mot de ce qui se dit. Enfin, elle l’espère. Ils seraient rendus à un point critique s’ils n’arrivent plus à se faire confiance. Surtout avec ce qui les attend tout prochainement ~

Cette grossesse, accidentelle ou pas, Megan la désire désormais plus que tout au monde. Toutes ces choses qu’elle fait, elle ne les fait plus que pour elle, mais également pour son enfant, sa chair, fruit d’un amour qu’elle ne souhaite pas oublier. Son père a été surpris, comme elle le pensait, mais ça leur a donné une sorte de nouveau sujet de conversation, comme le préconisait Luke. Ses parents, à lui, au-delà de cette première « présentation » qu’elle craignait, sont ravis de devenir grand-parents. Peut-être qu’elle ne pouvait pas rêver mieux, au final. Enfin, avant que ses soucis ne lui reviennent en tête et qu’elle réalise à quel point elle va galérer. Prise d’une sorte de tournis, la blondinette trouve refuse sur un banc, elle se prend un instant la tête entre les mains, attendant que ça veuille bien passer. La bouche sèche, elle imagine les pires des scénarios, tout est loin d’être si rose qu’elle ne le souhaiterait. Elle respire profondément.

Doucement, mais surement, le ventre de Megan s’arrondit. C’est encore discret et elle ne l’affiche pas, préférant opter pour des tenues un peu plus amples. C’est un secret de polichinelle qu’elle se plaît à garder encore un peu. Pourtant, on en parle déjà. Les habitants de Great Falls se sont déjà emparés de ce sujet comme des charognes d’un morceau de viande. Il faut dire que c’est une histoire de choix. Une fille à la mauvaise réputation, un garçon qui n’en jouit pas d’une vraiment meilleure. Une rupture. Puis un bébé qui pointe le bout de son nez. Comment leur en vouloir ? Mais ce n’est pas plus agréable pour autant. Ils ne les connaissent pas, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Megan a beau avoir la réputation d’une fille frivole, elle n’a jamais trompé son petit-ami pour autant. Ce bébé qu’elle porte en elle est indéniablement le fruit de leur amour, de cette passion. Même si elle s’est restreinte à de petites flammèches qu’elle se doit de réprimer au lieu d’alimenter ~

Prise d’un léger malaise, la secrétaire manque de vaciller et, au lieu de cela, prend place sur un banc. La vie n’est pas facile. Elle est belle, elle va devenir d’autant plus passionnante, d’autant plus intéressante, mais le chemin jusque là est long. Et ça n’est pas tout à fait un jeu d’enfant. Parfois, Megan sautille de joie. A d’autres moments, le poids de la réalité la rattrape. Comme à cet instant précis.

La jeune femme est prise d’un sursaut lorsque quelqu’un pose une main sur son épaule. Elle relève la tête. Son regard croise celui d’un jeune homme qu’il ne lui semble pas connaître. Elle se redresse, esquisse un léger sourire. C’est assez rare, au final que les uns fasse attention aux autres.

— Oui ça va, j’ai juste eu un petit vertige… »

Lui assure la blonde. Elle trouve ça vraiment gentil de sa part, surtout si l’on considère qu’ils ne sont rien d’autres que des étrangers. Sans doute se sont-ils déjà croisés ça et là, au détour d’une ruelle. C’est souvent comme cela que ça se passe. Mais aussi petite que soit la ville, tout le monde ne se connaît pas intimement.

— Merci beaucoup. »

Souffle-t-elle, hésitant un instant avant de prendre la bouteille d’eau.

En fait, on ne les lâchera jamais, qu’ils soient soudés, solidaires et heureux. C’est juste dans la nature des gens des petites villes. Pour autant, même si la partie concernant une prétendue infidélité l’a agacée, Megan ne s’en formalise pas. En fait, malgré certains mauvais souvenirs, le fait qu’elle n’ait pas vraiment de famille, elle n’a jamais songé à déménager. Pourquoi le devrait-elle ? Ce n’est pas leur vie, ils n’ont aucune idée. Que ce soit de ce qu’il y a et y a eu entre Luke et elle, ou ce qu’il va arriver par la suite. Tous deux se ressemblent, ils arriveront forcément à se mettre d’accord, à s’arranger et à former une famille heureuse. C’est en tout cas ce que la secrétaire pense et ce à quoi elle se raccroche. Elle se réjouit tellement de voir le temps filer. Et, en même temps, il y a tellement de chose à faire et à régler avant le jour J ~

Assise sur le banc, Megan essaie de reprendre un peu ses esprits. Et puis, on l’interrompt. Une interruption bienvenue puisque c’est pour s’assurer que tout va bien. Il se montre tout ce qu’il y a de plus adorable en proposant de l’eau, puis autre chose à grignoter. Après avoir bu quelques gorgées d’eau, elle s’essuie la bouche d’un revers de main :

— T’es un genre de bon samaritain ambulant, c’est ça ? »

Demande Megan, esquissant un franc sourire. Elle lui rend la bouteille. Cette idée, elle la trouve plutôt amusante, mais également réconfortante. C’est tellement rare que les gens s’arrêtent pour prêter main forte aux autres. Cette indifférence est renforcée dans les grandes villes où ils ne se voient pas les uns les autres. Mais, on a beau dire, l’égoïsme est aussi présent dans les petites villes comme Great Falls. La blonde a toujours été la première à rire lorsqu’une fille se casse la figure dans les escaliers, alors bon, elle ne peut pas en vouloir à qui que ce soit (a)

— Ne pas manger pour deux, mais ne pas sauter de repas non plus. J’ai quasiment rien avaler, j’avais pas spécialement faim... »

Dit-elle, réfléchissant à voix haute. Certains aliments lui donnent la nausée. Et puis, elle s’est focalisée sur ce qu’elle avait à faire. Ce n’était franchement pas malin. Mais ça passera rapidement, elle n’en doute pas une seconde. Ce n’est pas parce qu’elle porte la vie en elle que la secrétaire est soudainement faite en sucre.

— Je crois que je vais aller me chercher quelque chose, c’est une bonne idée »

Souffle-t-elle, un peu pensive ~ 

Heureusement pour lui qu’il n’est pas un pickpocket. Il faut dire qu’avec Megan, il serait très mal parti. Ce n’est en effet pas parce qu’elle fait attention à son apparence et qu’elle est bien habillée que l’argent suit derrière. C’est même tout le contraire. Aucune de ses cartes ne passent et elle n’a pas énormément de cash sur elle. C’est une manière comme une autre de se forcer à se restreindre. Difficile mais obligatoire dans la situation actuelle si elle veut parvenir à changer de couleur les chiffres de son compte en banque et à effacer les dettes qu’elle se coltine déjà. Cette idée la fait doucement sourire.

— Je savais pas que ça existait encore… »

Peut-être qu’il l’a trouvée plutôt jolie et que ça a joué en sa faveur ? Ou alors, il est juste gentil. En un sens, penser à la première option fait du bien à l’égo de la jeune femme. Il faut dire que, tout bientôt, il y a de grande chance pour que plus personne ne la regarde comme avant. C’est une nouvelle étape, une sorte de page qui se tourne. Evidemment, Megan s’en réjouit, elle désire changer l’image qu’on a d’elle au premier abord. Mais il lui faudra aussi s’y habituer à ça aussi ~

— Ça va, marcher me fera surement du bien. Je suis peut-être enceinte, mais pas en sucre. »

Souffle-t-elle, un sourire aux lèvres. Maintenant que sa famille et celle de Luke sont au courant, et qu’en plus, la nouvelle a fait le tour de la ville, Megan n’a pas le moindre scrupule d’en parler. En fait, elle a très souvent envie d’en parler, même pour dire des trucs complètement futiles. Juste parce qu’elle s’en réjouit beaucoup. Même si ce n’est encore que le début, sa vie commence doucement à ne tourner qu’autour de ça.

— Par contre, j’apprécie beaucoup et puis, je ne cracherai pas sur un peu de compagnie, je peux t’offrir verre ? »

Il n’a pas à craindre de se faire « dévorer tout cru » (a) En revanche, Megan apprécierai de ne pas se retrouver toute seule. Mine de rien, c’est bien souvent le cas. Sa meilleure amie travaille, quant à celui qu’elle considère comme son meilleur ami, ils se sont un peu moins vu dernièrement. En ce qui concerne Luke et bien… Il a surement autre chose à faire. Son entourage se réduit plus ou moins à ces personnes là x)

Les manières du jeune homme, Megan les apprécie à leur juste valeur ! C’est toujours agréable d’être au centre de l’attention de quelqu’un. D’avantage quand il semble être bourré de bonnes intentions que quand on vous crache des rumeurs dans le dos. Ils ne se connaissent pas vraiment, mais elle le trouve déjà adorable, exactement ce dont elle avait besoin pour se remettre un peu sur les rails à ce moment précis. Ne reste plus qu’à espérer que le reste se passe bien, mais également que ce léger malaise n’aura pas de conséquences négatives. Megan s’inquiète toujours pour cet enfant, en tout temps ~

— Oh ! J’en suis seulement à 18 semaines. »

Souffle-t-elle, un sourire éclairant enfin son visage de poupée de porcelaine. C’est grâce à ce petit-être qu’elle essaie de s’en sortir, qu’elle est prête à tout pour se construire une vie meilleure. Il est, en fait, la « chose » la plus importante qu’elle ait accompli jusque là. Et encore, elle n’est pas au bout de ses surprises. Ce sentiment risque fortement de ce décupler une fois qu’on le lui remettra emmailloté dans une couverture et qu’elle pourra le serrer dans ses bras pour la première fois. Tout ceci semble encore si loin !

Le garçon accepte son invitation et se présente. Son nom ne lui dit rien. Il faut dire que son réseau n’est pas très étendu et que même si Great Falls est une petite ville, elle ne fait qu’y travailler, en quelque sorte.

— Megan Echolls, enchantée ! »

Répond la secrétaire. Comme ils vont passer un moment ensemble, elle n’attend pas plus longtemps pour essayer de lancer la conversation. Ça sera en effet beaucoup plus agréable s’ils discutent. Les « blancs » sont l’ennemis des relations en générale, même purement amicale ~

— Alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie, à part porter secours à ton prochain ? »

Peut-être que les choses et les gens changent vraiment. Megan ne fait pas semblant de s’intéresser à lui. En fait, elle a vraiment envie que tout s’arrange, qu’on cesse de la voir comme une garce. Troquer cette image peu flatteuse contre celle de la future mère, n’est pas une mince affaire. Mais elle a tout son temps, et surtout, toute la motivation nécessaire (a)

Pour que tout soit idéal à la venue de l’enfant et pendant le déroulement de sa grossesse, il faudrait que Megan réussisse à régler tous ses problèmes qui la dévorent de l’intérieur. Notamment financier. Elle y travaille, mais ce n’est pas aussi évident qu’elle veut le faire croire à ceux qui sont au courant. Pour bien, elle devrait surement se trouver une activité accessoire qui lui permette de compléter ses revenus. Malheureusement, ce n’est pas comme si la jeune femme était douée dans quoi que ce soit…

— Oh ça oui, j’ai hâte ! A peu près autant que j’appréhende… Mais il n’y a aucune raison que je ne m’en sorte pas, right ? »

Répond Megan, sans que ce ne soit réellement une question. Elle réussit à s’en convaincre. Pour cela, il suffit généralement qu’elle jette un coup d’œil à la photo de l’échographie pour ressentir un regain de confiance en elle. Pour ce petit être, elle fera n’importe quoi ! Il mérite d’avoir une belle vie, tout comme d’avoir absolument tout ce dont on peut avoir besoin !

— Bientôt les examens, j’imagine ? »

L’interroge-t-elle alors qu’il lui apprend être à l’université. Elle suppose qu’il s’agit de celle de Milwaukee. Mais au fond, ça n’est pas d’une importance capitale de le savoir. Pour sa part, elle n’y a jamais mis les pieds ! Ça ne l’intéressait pas. Tout ce que Megan souhaitait, c’était de devenir indépendante et de pouvoir quitter le domicile familial qui l’étouffait ! Il n’empêche qu’elle ne peut qu’admirer ceux qui s’y rendent et se « battent » pour arriver, par la suite, dans un domaine qui les intéresse !

— J’ai jamais quitté le lycée x)

Je suis secrétaire au complexe scolaire. »

Explique brièvement la jeune femme. Elle y travaille quasiment depuis qu’elle a obtenu son bac. Si ça se trouve, Drew était élève à Great Falls à ce moment. Il n’était surement pas aussi turbulent que d’autres si son nom ne lui dit strictement rien.

Tous les deux arrivent au restaurant. Jetant un coup d’œil au ciel qui est bien bleu, la secrétaire émet une proposition qui leur permettrait de profiter de cette belle journée :

— On peut rester sur la terrasse, si ça te dit ? »

Tout le monde prétend que la famille, c’est important. Megan a longtemps affirmé qu’elle était très bien toute seule et qu’elle n’avait besoin de personne. C’est un mensonge. Evidemment que c’est un mensonge puisqu’elle dépérissait à vue d’œil, se laissait aller. L’amour prend rapidement des proportions énorme dans sa petite vie vide et dénué du moindre sens. Une erreur qu’elle a faite à deux reprises pour, finalement, qu’on la jette. Cette fois, cela dit, elle n’est pas réellement toute seule. Toute cette affection, ces sentiments qu’elle portait, et porte encore à ce jour, à son ex, ont germé pour donner la vie à un merveilleux petit être. Ce n’est pas l’idéal, certes, mais quitte à ce que la famille devienne importante, autant s’en construire une de toute pièce.

— T’es vraiment adorable. »

Souffle-t-elle, pensive, un léger sourire aux lèvres. Le discours populaire n’est pas de cet avis. Pratiquement personne ne dit ou ne pense qu’elle va bien s’en tirer. Il faut dire qu’elle n’est pas celle que les hommes imaginent comme la future mère de leurs enfants. On la voit plus facilement comme la salope que l’on jette après s’être amusé. C’est quelque chose que Megan a provoqué, elle ne s’en est jamais plainte puisque ça servait tout autant ses intérêts. Mais il est temps de changer désormais. Et ce n’est pas aussi simple qu’on veut bien le croire ~

— Tu les sens plutôt bien ? Ou t’es plutôt stressé ?

Enfin, dans tous les cas, les pauses, ça ne fait jamais de mal (a) »

Pour être honnête, Megan est ravie qu’il en fasse justement. Même si c’est très égoïste, elle préfère l’inciter à la « débauche » et qu’ils boivent un verre avec elle pour lui tenir compagnie plutôt que de jouer la voie de la raison et de lui conseiller de retourner tranquillement à ses études. De toute façon, trop de révisions, tue les révisions. Petite maxime de cancre probablement.

Lorsque Drew accepte de rester dehors, Megan en est ravie. Aussi faible s’est-elle sentie quelques minutes auparavant, elle préfère prendre un peu le soleil. Il l’interroge. La secrétaire lance d’abord une remarque en riant, avant de répondre plus sérieusement :

— A croire qu’aucun homme ne s’y connaît en maternité !

Hum, dans un mois environ, à la prochaine écho. »

C’est une information qu’elle a, évidemment, hâte de connaître. La surprise pourrait être sympa, sans doute, mais elle ne se sent pas la force de patienter jusqu’à la naissance ! Un serveur ne tarde pas à venir à leur table pour prendre la commande ~

D’un léger hochement de tête, Megan lui fait savoir que ce n’est rien. Elle pense réellement que l’étudiant est adorable. En tout cas, il l’est avec elle, à bien vouloir lui tenir compagnie. Au cas où, il aura toujours une excellente excuse pour lui fausser compagnie s’il en a marre : ses révisions.

— C’est la bonne attitude à adopter, je pense. »

La secrétaire esquisse un sourire. Ne pas stresser et étudier. Même pour le bac, elle en voit beaucoup se prendre la tête et c’est la meilleure solution pour perdre ses moyens et se planter. En revanche, y aller sereinement doit certainement porter ses fruits. C’est tout ce qu’elle lui souhaite !

— C’est surement vrai. Je t’imagine bien avec un joli ventre rond tiens (a) »

La jeune femme rigole doucement. Elle est sensible à son trait d’humour et se réjouit de ce semblant de conversation, sans queue ni tête. Plaisanter en toute légereté, c’est toujours agréable. Revenant sur le sujet du sexe de l’enfant, Megan répond très sérieusement :

— J’aimerai savoir ! Je sais pas, pour pouvoir me préparer un peu, trouver un prénom, faire la chambre. Enfin peut-être pas tout préparé parce qu’on ne sait jamais mais… déjà un peu. »

Explique-t-elle, s’embrouillant un peu. Son enthousiasme la pouserait à tout faire, dans les moindres détails, avant l’arrivée du bébé pour être fin prête ! Mais d’un autre côté, s’il y a un souci, mieux vaut qu’il n’y ait pas de chambre dans laquelle pleurer jusqu’à mourir de déshydratation. Enfin, normalement, tout devrait bien se passer ! Le serveur vient à leur rencontre. Megan commande un coca-cola, puis reprend la parole une fois qu’il est parti.

— Tu savais que les produits allégés sont hyper mauvais pendant la grossesse ? C’est à cause de leur faux sucre et autres produits chimiques, de vraies saletés. »

Il faut dire e qu’il en est : Megan n’est pas la fille la plus cultivée qui soit. En fait, il n’y a que très peu de sujets qui l’intéressent et elle n’a jamais fait beaucoup d’efforts à l’école. Du coup, quand elle apprend quelque chose un tant soit peu intéressant, elle en profite pour le montrer. Sa grossesse éveille chez elle un intérêt pour d’avantage de choses. La jeune femme regarde les émissions de consommateurs, lis les enquêtes dans les magazines, s’informent. Alors qu’avant, elle se contentait de magazine féminin et de séries télévisées stupides. Peut-être que c’est vrai, qu’elle est réellement en phase pour devenir une personne meilleure, plus adulte.

— Tu pourras le dire à ta copine si elle tombe enceinte un jour (a) »

Il ne sait pas vraiment s’il est en couple, ou non, mais c’est une information qui peut toujours être utile !

Bien qu’ils ne se connaissent pas, Megan lui souhaite réellement de réussir son année, ses études, d’atterrir dans un domaine qui lui plaira. Avoir du plaisir à se lever le matin, c’est quelque chose que tout le monde souhaite mais que peu réussisse à obtenir. Elle-même ne s’épanouit pas complètement dans son travail, mais elle s’en contente parce qu’elle ne se sent pas capable de faire quoi que ce soit d’autre. Enfin, là n’est pas la question. Les deux jeunes gens plaisantent au sujet des enfants. Ça lui fait réellement du bien de pouvoir lâcher prise.

Quand il est question de sa grossesse un peu plus sérieusement, la blonde en parle pratiquement avec des étoiles dans les yeux.

— C’est vrai ! Même si je pensais à quelque chose d’un peu plus « neutre ». Enfin quoi que, peut-être du violet ou… il faudra que je réfléchisse ! »

Explique brièvement Megan. C’est vrai qu’une chambre « barbie » pour un petit garçon, ça ne le fait pas vraiment. Il vaut mieux attendre, ou alors, opter pour quelque chose de moins tranché, de plus neutre. Si elle s’est mise en tête de transformer cette pièce en chambre pour enfant, elle n’a pensé à rien d’autre. Qui plus est, il faudrait d’abord qu’elle réussisse à la vider complètement, meuble compris, ce qui n’est pas gagné pour une femme enceinte et toute seule ~

— Je préfère pas me prononcer en fait… »

Se contente de répondre la future maman, esquissant un sourire. Ce n’est pas contre lui, mais la stricte vérité. Elle a tellement peur de se faire des fausses idées, de s’imaginer dans une situation ou une autre qu’elle préfère attendre d’être sûre et certaine avant de dire quoi que ce soit. Dans tous les cas, elle sera heureuse, il s’agit de son enfant, de son petit ange que ce soit une fille ou un garçon, peu importe, elle sera comblée !

Après avoir pris commande, la jeune femme partage une information à propos des produits allégés. Elle est satisfaite de pouvoir apprendre quelque chose à son interlocuteur, c’est tellement rare que ça arrive !

— Comment ça se fait ? Tu préfères privilégier tes études ? (a) »

L’interroge Megan, surprise par le fait qu’il soit célibataire. Elle ne le connaît que depuis une poignée de minute, mais elle le trouve plutôt beau garçon, et vraiment adorable. Peut-être l’est-il trop. Ou alors, il préfère les aventures sans lendemain, ou il privilégie ses études. Enfin, il y a surement une bonne raison à cela ! Dans tous les cas, il n’a pas de soucis à se faire, Megan n’est plus la croqueuse d’hommes qu’elle a été un jour. En fait, elle a perdu toute confiance dans un quelconque potentiel de séduction. C’est plutôt triste puisqu’elle a affreusement besoin d’affection, juste d’un câlin quand elle rentre le soir ou un baiser sur la tempe. Mais on n’a pas toujours ce que l’on veut. Et puis, une fois que le bébé sera là, ce sera différent ~

Avoir le temps, tout est relatif. Ce dernier file a une vitesse impressionnante ! Megan a l’impression que c’était hier qu’elle apprenait sa grossesse. Et son ventre se remarque déjà. Un truc de dingue. Mais positivement puisque la jeune femme a réellement hâte de toutes ces étapes jusqu’à pouvoir prendre ce petit être qui grandit en elle dans ses bras, le serrer contre son cœur.

En parlant de couleur de chambre, Megan devient songeuse. C’est très sérieux, ce projet de faire d’une des pièces de son appartement une chambre pour accueillir son enfant. Le rose ou le bleu lui semble bien trop conventionnel. Une idée lui traverse l’esprit, la blonde ne cache pas son soudain enthousiasme et accompagne ses dires par un grand geste !

— Ou alors, une atmosphère lumineuse et un immense arc-en-ciel sur le mur ! Enfin, il faudrait déjà que j’arrive à débarrasser la chambre.

Qu’est-ce que tu fais pendant tes vacances ? (a) »

Sa question n’est pas dénuée de sens, en fait, ça suit parfaitement son raisonnement quant à la peinture de sa pièce. Megan est enceinte alors il vaut mieux qu’elle s’évite de se faire du mal. Sans compter qu’elle n’a jamais eu beaucoup de force, alors seule, c’est peine perdue. En revanche, avec un petit coup de main masculin… C’est tout de suite plus facile.

En apprenant que Drew n’a pas de petite amie, Megan esquisse une moue désolée.

— C’est dommage, l’amour en vaut la peine… Mais tu verras, ça viendra ! Et puis, t’es plutôt beau garçon, ça devrait pas tarder (a) »

La jeune femme se contente d’être honnête, elle esquisse un sourire. Megan se considère, depuis le début de sa grossesse, comme complètement hors course. Ce n’est donc aucunement une manière de le draguer ou quelque chose dans ce goût là. Elle s’est toujours servie de son physique avantageux pour aguicher qui lui plaisait. Maintenant c’est terminé ~ (même si, en soi, elle exagère puisque tous les changements ne sont pas « négatifs »)

— Enfin, c’est presque drôle quand je dis ça. Ma vie sentimentale est un échec. Et maintenant, avec le bébé, je pense que je peux définitivement tirer un trait dessus. Mais c’est pas comme si je m’en plaignais. J’ai jamais été aussi heureuse… »

Elle rigole doucement, prenant toute cette situation avec beaucoup de légèreté. Megan boit une gorgée de sa boisson, bien plus sereine. Bien plus bavarde également puisqu’en temps normal, elle évite comme la peste de parler d’elle. Mais là, elle ressent l’envie, pas forcément de se confier, mais de lui faire suivre le fil de ses pensées… Peut-être devrait-elle réfléchir avant de parler, mais tant pis (a)

Les enfants sont pratiquement sont seul sujet de conversation en ce moment. C’est une grande joie que de pouvoir le partager. Le mieux, c’est encore que Drew ne semble pas las, pas encore en tout cas ! Au contraire, Megan a l’impression qu’ils passent un bon moment tous les deux, à discuter, en toute simplicité, sans idées derrière la tête. Ça change !

— Oh c’est cool ! J’ai jamais été en Floride. »

Commente Megan, rêveuse. Pour être honnête, elle n’a pas le souvenir d’avoir déjà quitté sa petite bourgade. Peut-être est-elle déjà partie en weekend, quand elle était plus jeune, ou été à des sortes de camps pour occuper les enfants. Mais son père ne lui a jamais offert une semaine « à l’étranger » ou dans un autre état. Vu le nombre d’heure qu’il faisait, il aurait surement pu se le permettre, mais sa fille n’était clairement pas sa priorité.

— C’est sérieux, tu voudrais bien m’aider à débarrasser la chambre ? »

La jeune femme ne cache pas son enthousiasme. Elle n’arrive pas à y croire. Avoir l’aide d’un fort charmant jeune étudiant peut être utile. Surtout pour déplacer ses meubles à vrai dire. La secrétaire n’envisage strictement rien d’autre.

— Je te préviens, j’aurai pas les moyens de te payer, et il n’y a rien à voler chez moi (a) Mais… Je pourrais surement t’offrir un goûter, ou un autre truc, une collation ! »

Propose-t-elle simplement. Ses talents de cuisinière laissent à désirer, mais elle peut toujours acheter une boîte de cookies et ouvrir une brique de lait. Ou des biscuits apéritifs. Enfin, n’importe quoi ! A moins qu’elle décide de se mettre aux fourneaux pendant ses vacances. C’est peut-être une idée à prendre en compte. Si elle veut devenir une bonne maman, elle le devra à un moment ou à un autre…

— Ça marche ! »

Un sourire fend son visage. A défaut d’avoir elle-même une vie sentimentale, elle est tout à fait pour écouter les récits des autres, vivre cela par procuration. Quand il reprend la parole, Megan est réellement touchée. Ça lui fait plaisir.

— C’est gentil. J’espère que je te donnerai pas l’occasion de changer d’avis. »

Un peu intimidée, la blonde le cache en portant le verre à ses lèvres. Elle se sent beaucoup mieux désormais ~

La Floride. Ce doit être un bel endroit où passer des vacances. Seulement, on ne peut pas dire que Megan ait les moyens. Ce serait déjà un miracle qu’elle s’en sorte toute seule, avec un enfant à charge. Alors, autant dire que les vacances dans un autre état ne sont pas faciles à imaginer. A moins d’une invitation, à moins que ce soit Luke qui veille à ce « confort ». Reste à espérer que, dans ce cas précis, il sera d’accord d’emmener aussi la mère de son enfant (a) Mais tout cela, ils le verront en temps voulu ! Il est encore beaucoup trop tôt.

— Tu me diras où sont les endroits sympas ! »

Rêver ne peut pas faire de mal, alors Megan se projette l’espace d’un instant dans ce scénario de rêve. Pour ne pas être complètement paumée, elle n’aura surement rien contre un petit coup de pouce de quelqu’un bien informé !

Par la suite, ils discutent de choses et d’autres, notamment de la chambre que la secrétaire aimerait transformer pour l’arrivée du ou de la petite. Drew semble être d’accord de lui prêter main forte ! Une excellente nouvelle pour la jeune femme qui, en plus de ne pas avoir beaucoup de force, est enceinte. Il vaut mieux qu’elle évite de faire des efforts violents, ce qui l’arrange pour tout dire (a)

— C’est gentil...

Bon, par contre… Ne t’attends à rien de miraculeux, mais je trouverai bien quelque chose… »

La cuisine et elle, ça fait deux. Autant le mettre en garde. Un sourire éclaire son visage, elle rigole. Malgré le fait qu’elle ait failli faire un malaise, Megan se sent beaucoup mieux désormais. Et en plus, elle a dégoté un jeune homme pour lui prêter main forte. Rien n’aurait pu être plus parfait !

— Attends, je te donne mon numéro déjà (a) »

Propose Megan, cherchant un stylo dans son sac à main, puis, un bout de papier où le noter. Ce n’est peut-être pas prudent, ils ne se connaissent pas. Mais ce n’est pas comme si on risquait quoi que ce soit ici, pas à Great Falls ! Et puis, Drew est de très bonne compagnie. Ils continuent d’ailleurs de discuter ~

[ Fin de la scène ]