En cette fin d'après-midi ensoleillé, Stan est seul chez lui. Sa mère passe l'après-midi avec son nouveau compagnon, et elle l'avait prévenu qu'il ne l'attende pas pour diner puisqu'elle rentrerait sans doute tard. Le mannequin aurait des raisons de se sentir délaisser par sa mère ces temps ci, eux qui ont toujours été proches, mais ce n'est pas vraiment le cas. Il se contente d'être heureux pour elle, qui semble nager dans le bonheur en ce moment. Après tout, il a passé l'âge de vouloir garder sa mère pour lui tout seul.

Cela dit, le récent départ de Blake, à qui il tenait beaucoup, est vraiment un coup dur pour lui, et il a du mal à penser à autre chose et à positiver ces temps-ci. Il tente malgré tout de ne pas gâcher le bonheur de sa mère avec ses états d'âmes, et tente donc d'enfouir au mieux sa tristesse du moment... Heureusement, il peut compter sur ses quelques amis pour lui remonter le moral et lui changer les idées.

Mais ce soir, il préfère rester seul chez lui. L'envie lui prend alors de cuisiner. Il n'est pas particulièrement bon dans ce domaine, mais il sait que sa mère adore les pancakes au petit déjeuner, alors il a envie d'en faire, ou essayer du moins. Cela lui fera office de repas du soir, et ceux qui resteront feront certainement plaisir à Marjorie demain matin. Le mannequin commence donc à réunir les ingrédients nécessaires, ainsi qu'un récipient pour effectuer le mélange. Il se rend alors compte qu'il lui manque des œufs. Il réfléchi un instant. Ce serait dommage d'abandonner pour ça... Un coup d'oeil à l’horloge lui indique que l'épicerie vient de fermer ses portes... Ils pourraient demander à un voisin ? Après tout, tout le monde doit avoir ça non ?

Même s'il n'aime pas frapper ainsi chez les gens pour demander quelque chose, Stan se résout finalement à le faire, ce n'est pas grand chose après tout. Il enfile donc rapidement sa vieille paire de Converses, puis traverse la rue pour aller sonner à la maison d'en face. Il ne sait même pas qui vit là, et pour le coup il a un peu honte de connaitre si peu ses voisins... Non sans une légère appréhension, il sonne, espérant tomber sur quelqu'un de sympa.

J'étais fatiguée. Je commençais à croire que je pouvais vivre enfermée chez moi. Après tout, personne ne me connaissait ici, je suis que la folle qui ne sort pas. Je crois que j'étais un peu en manque de mec. Après ma vie à Paris à courir après les beaux mecs, un an sans en voir un seul peut être plus dur qu'on peut le penser. C'est cette même raison qui m'avait envoyé dans ce trou perdu. Les soirées branchés, les magasins de marques, les restaurants de luxe, et tout autres lieux de richesses me manquaient. Je l'avais bien mérité tout de même, qu'elle idée de coucher à droite et à gauche. Je maudissais cette enfant qui était sortit de moi, je n'avais pas vraiment regretté de le voir partir. Je ne vois même pas pourquoi je me serais attachée à un poupon dont je ne connaissais pas le père. Malgré tout il restait mon bébé, celui qui venait de ma chair et de mon sang.

Je pris un soda dans le frigo et retournais dans le salon pour regarder ma série. J'étais plutôt fière de ma maison. Un étage, une immense salle de bain, deux sublimes chambres, un balcon tourné vers le petit jardin de derrière. Une cuisine aménagée, une salle à manger luxueuse, tout ce qui me plaisais. J'avais enfin mon chez moi, même si c'était dans un endroit perdu de l'Amérique. Les James avait été gentil avec moi, je n'avais pas très bien compris au début, me demandant même si mon père leur avait expliqué le pourquoi de mon départ de France. Je ne m'entendais par contre pas avec leurs filles. Mais bon, après une semaine à les supporter j'avais déménagé.

On sonna à la porte. Qui pouvait bien me déranger à cette heure du soir. J'éteignis la télé et posais ma boisson sur la table basse. Enfilant mes chaussons je partis en direct de l'entrée, un coup d'oeil me permis de savoir qu'un séduisant garçon se trouvait derrière la porte. Je me regardais dans la glace de l'entrée et me recoiffais légèrement. Je ne voulais pas avoir l'air d'une pouilleuse devant un si bel inconnu. Je pris la poignée et entrouvrit la porte. Le jeune homme sourit devant mon visage. Je n'étais pas très forte en anglais et j'espérais qu'il ne me pose pas de questions trop compliqués, sinon j'allais avoir l'air stupide avec mon petit accent frenchi. Je le fixais attendant qu'il commence.

Stan n'avait pas toujours vécu à Great Falls, il a aussi connu durant les 16 premières années de sa vie ce qu'était la vie dans une grande ville, à Minneapolis. Peut être que la plupart des gens de son âge préférerait de loin vivre dans une grande agglomération, pour sortir dans des endroits branchés, avoir des tas de magasins à portée de main et tout le reste, mais Stan lui ne regrette pas vraiment sa vie d'avant. Il se trouve mieux à vivre à la campagne, dans un petit bourg paisible et chaleureux comme Great Falls, loin du stress des grandes villes. N'ayant encore jamais rencontré les nouveaux résidents de la maison en face la sienne, le mannequin ignore que celle qui y habite elle aurait largement préféré vivre en ville plutôt qu'ici !

Pris d'une envie de faire plaisir à sa mère, Stan décide de faire un peu la cuisine, mais réalise rapidement qu'il lui manque un ingrédient à sa recette : les oeufs. Il sort donc dans sa rue dans le but de demander à un voisin de le dépanner, bien qu'il ne connaisse pas vraiment ceux qui vivent près de chez lui finalement. Il y a bien les Desmond, des amis à sa mère, mais celle-ci lui a justement dit l'autre jour qu'ils étaient partis prendre l'air ce week-end et ne sont donc pas là. Alors il se décide à frapper à la maison d'en face, songeant que cela lui permettra de voir la tête des nouveaux habitants de la rue par le même occasion, puisqu'il n'a pas le souvenir de les avoir déjà croisé.

La porte s'ouvre, et le grand brun se retrouve face à une jeune femme qui le regarde en silence. Il en faut généralement peu pour mettre Stan mal à l'aise, alors autant dire que ce silence suffit. Il est un peu intimidé, mais puisqu'il est là, il prend son courage à deux mains pour enfin prendre la parole.

Bonjour... Je suis Stan Kellerman, votre voisin d'en face.. Commence-t-il en indiquant du doigt sa maison, esquissant un sourire amical, finalement à peine visible.

Hm... J'aurais besoin de deux oeufs, et je me demandais si vous pourriez m'en avancer par hasard ?

Ose demander le mannequin, espérant ne pas trop importuner la jeune femme avec sa demande.

J'avais réussit à mettre mal à l'aise l'inconnu. J'étais plutôt douée, mais bon je ne voulais pas qu'on parle trop de moi. Une française parlant trois mots d'anglais, ne sortant pas de chez elle et qui ressemble à une pouilleuse... Bonjour la réputation... Il était mignon. Grand, le visage fin, le corps fin. De beaux yeux marrons et une bouche parfaitement dessinée. Il aurait très bien pu faire mannequin. Il se présenta et j’agrippais plus fortement la poignée de la porte. Je pense que je devenais folle. Sa voix sensuelle avait un effet sur moi, que je ne pouvais contrôler. Il m'indiqua la maison d'en face, sans doute sa maison. Je penchais la tête observant la demeure, plutôt pas mal. A vrai dire, j'habitais dans le quartier le plus riche de Great Falls. J'avais l'air maligne, le plus riche de Great Falls, je n'y connaissais rien à cette ville. Les seuls lieux que j'avais visités étés mon salon, ma cuisine, ma chambre et ma salle de bain, enfin il y avait aussi la maison des James mais ça comptait pas vraiment. Il continua et je reconnue le nombre deux et œufs. Merci les cours de CM1, heureusement qu'à cet âge j'écoutais encore les cours. J'ouvris plus grand la porte, invitant le venu à entrer. Il pénétra chez moi et je refermais derrière lui. Il devait me trouver flippante à pas répondre mais j'avais tellement peur de dire une gourde. J'indiquais le salon et je disparue rapidement dans la cuisine.

J’ouvris le frigo et attrapais la première bouteille venue que je me collais sur le front pour faire descendre la température de mon corps. J'étais accro et rien que de voir un si beau mâle me mettait dans tout mes états. Je reposais la bouteille et attrapais deux œufs dans la porte. Je tenais avec attention les aliments et refermais d'un coup de hanche le réfrigérateur. Je rejoignis mon invité dans le salon. Je lui souris chaleureusement trop absorbé par ses yeux. Et là le drame. Quelle idée d'acheter un tapis?! Je trébuchais, et durant une seconde je me sentis stupide, honteuse et surtout ridicule, mais soudain quelque chose sortit de nul part et je ne sentit pas le sol entré en contact avec mon corps. Je rouvris les yeux et découvrit Stan me tenant dans ses bras. Son visage si proche du mien. Les deux œufs étaient intact, avec je ne sais quelle magie, mais ce n'était pas le plus important dans l'histoire. J'étais là dans les bras d'un bel inconnu, avec deux œufs, je n'avais prononcé aucun mot, et j'avais surtout l'air d'une folle. Il me regarda dans les yeux et je ne résistais pas à m'y replonger.

- Hum... Je suis désolée...

J'aurai dû me relever à ce moment pourtant je ne pouvais me séparer de lui. J'étais vraiment dérangée...

En venant frapper à cette porte, Stan ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Mais il est clair que même en faisant des hypothèses dans sa tête, il n'aurait pas pensé se retrouver face à une femme jolie comme tout, mais surtout assez étrange, puisqu'elle ne dit pas un mot. Est-elle muette ? C'est possible après tout. Le mannequin préfère penser cela, puisque c'est sans doute l'explication la moins flippante pour expliquer ce silence. Quoi qu'il en soit, cela à le don de le mettre mal à l'aise, lui qui à la base est déjà timide, et pas très doué pour aller vers les autres...

Maintenant qu'il est là face à elle, il lui explique tout de même pourquoi il est venu, et malgré son silence, la jeune femme semble être d'accord puisqu'elle lui fait signe d'entrer. Pas plus rassuré que ça, le garçon fait tout de même quelques pas dans la maison, songeant que ce n'est pas la jeune femme qui risque de l'agresser ou quoi que ce soit ... Elle lui indique une pièce avant de disparaitre, sans doute pour chercher les œufs. Le grand brun se dirige timidement vers le salon, ayant plutôt hâte de retourner chez lui pour le coup.

Elle ne le laisse pas longtemps seul, puisqu'elle ne tarde pas à réapparaitre avec deux œufs à la main, ce qui décroche un sourire aimable au jeune Kellerman. Mais avant qu'il ait le temps de comprendre ce qu'il passe, il voit la demoiselle trébucher et tomber en avant. Par réflexe, il se hâte vers elle pour la rattraper, et ainsi éviter le drame. Il y parvient puisqu'au lieu de s'étaler par terre, c'est dans les bras de Stan que l'inconnue se retrouve. Il lui adresse un regard inquiet, si ça se trouve elle s'est tout de même fait mal ..?

C'est rien...

La rassure le mannequin, surpris d'entendre enfin sa voix. Il reste ainsi immobile, toujours son regard dans le sien, attendant que la jeune femme se redresse complètement pour tenir à nouveau sur ses pieds.

Je sais pas où j'ai eu cette maladresse. Peut être était elle héréditaire, ou pas.Pourtant je me souviens encore lorsque j'étais à Paris, je ne l'avais pas. Je marchais la tête haute, j'avais du charisme et je parlais même lorsqu'on ne me disait rien. Comme si je ne me reconnaissais plus. Je n'avais dit mot depuis que l'inconnu était rentré chez moi. Je pouvais être fière de moi, j'avais mis mal à l'aise le jeune homme. Mon comportement avait des raisons d'être flippant.

Je lui indiquais le salon et il fit quelques pas hésitant avant que je ne disparaisse dans la cuisine. C'était fou comme ce frigo était froid. Je trouvais les œufs après m'être légèrement rafraîchit. Je rejoignis mon invité et il sourit aimablement, je lui rendis son sourire avant de trébuchais. Je pensais à ce moment, que ce fichu tapis irait à la déchetterie pas plus tard que demain. JE fermais encore les yeux honteuse mais bizarrement je ne rencontrais pas le sol. J'ouvris les yeux et découvris le visage du jeune homme au dessus de moi. Il me tenait dans ses bras. J'étais tellement proche de lui que j'en avais le vertige. Il me sourit timidement, certainement inquiet de mon état. Ses yeux m'hypnotisaient tellement que je ne pensais pas une seconde à me relever. Je voulais rester dans ses bras. Je ne sais ni son nom, ni son prénom, à vrai dire je ne savais rien sur lui et pourtant.... Je chuchotais quelques mots d'excuse et il me répondit avec un soupçon d'étonnement. Il en avait le droit, je n'avais pas parlé depuis son arrivé et maintenant je prononçais une phrase. Il me regardais également dans les yeux, attendant surement que je me relève. Je retrouvais l'appui d'un de mes pieds et me redressais mes sans doute trop vite car le jeune homme ne suivit pas le mouvement, nos lèvres se rencontrèrent et j'eus un frisson. Il me sembla que ce baiser durait une éternité. Je m'écartais subitement, confuse. Je rougis, détournant le regard, et tendis les deux œufs.

"- Je suis désolé.... Je... Je voulais pas."

Dans la confusion la plus totale, je ne réfléchissais pas à parler anglais et les mots français sortirent de ma bouche. Je m'écartais doucement et jetais un coup d’œil à sa réaction.

Depuis qu'il est arrivé dans cette maison et que cette jeune femme lui a ouvert la porte, Stan a un sentiment étrange. Il ne se sent pas vraiment à l'aise. Déjà il demande une faveur à une inconnue, et en plus celle ci ne décroche pas un mot sans que le mannequin ne comprenne pourquoi. C'est de la simple timidité ? Ce serait tout de même bizarre, même lui qui est réservé ne resterait pas ainsi sans dire un mot dans une telle situation...

Du coup, il a plutôt envie de quitter les lieux au plus vite, mais puisque la brune semble tout de même d'accord pour lui donner des œufs, Stan l'attend poliment dans le salon. La jeune femme ne tarde pas à revenir avec l'ingrédient qu'il lui manquait. Seulement, elle trébuche et se serait certainement retrouvée par terre si Stan n'avait pas eu de bons réflexes. En effet, il s'avance vers elle assez rapidement pour qu'elle tombe dans se bras, et évite ainsi de se faire trop mal.

Ils échangent un regard, Stan restant immobile en attendant qu'elle se redresse et se remette sur ses pieds. Le mannequin n'a alors pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, mais le fait est qu'au lieu de reprendre des distances normales avec cette inconnue, il se retrouve un instant les lèvres collées aux siennes. La surprise l'empêche de réellement vivre le moment, il se contente simplement de se reculer rapidement, le visage à présent écarlate et les yeux rivés au sol. C'est tellement gênant, il ne la connait même pas en plus...

Il ose lever un instant le regard vers elle alors qu'elle dit quelques mots que Stan ne comprend pas, puisqu'il ne parle pas du tout français, ce qui le met encore plus mal à l'aise (si cela est encore possible...).

Je... Je ferais mieux d'y aller.

Souffle-t-il finalement d'une voix peu assurée. Il prend tout de même les œufs qui lui tend la jeune femme.

Merci beaucoup pour les oeufs..

Ajoute-t-il en esquissant un sourire timide avant de se diriger d'un pas vif vers la porte, sans que son hôte n'ait besoin de lui remontrer le chemin. Ce n'est qu'une fois dehors qu'il respire à nouveau, bien qu'encore perturbé par ce qu'il vient de se passer...

Un accident, c'était un accident.
Je me répétais ça depuis que nos lèvres s'étaient rencontrées durant un bref instant. J'osais un coup d’œil dans sa direction le découvrant rouge écarlate. Un accident. Ce n'était qu'un ridicule accident. Les bras toujours tendu je l'entendis parler ne cherchant même pas à comprendre tellement je m'en voulais.Je le sentis bouger et les œufs disparurent de mes mains. Il me remercia et à son tours s'évapora. Je laissais mes bras retomber et ouvris la bouche pour m'excuser encore une fois mais la porte se referma et ma bouche aussi. Je restais là plantée cherchant en vain une façon d'expliquer ce qu'il venait de ce passer.

Un charmant jeune homme avait frappé à ma porte. Je lui avais ouvert avec un brin d’appréhension vu que mon anglais était minable. Ne pipant mot je l'avais fait entrée pendant que j'allais chercher des œufs. Deux petits œufs qui avaient entrainé une chute, un rattrapage de justesse par l'inconnu et.... un accident. Je rejoignis la fenêtre qui donnait sur la route et entrouvris le rideau afin de voir si le jeune homme était dehors. J'eus juste le temps de voir la porte d'en face se fermer et le silence. Je soupirais. Je devais reprendre les cours d'en deux semaines et ma première rencontre avec un membre du village avait été désastreuse alors imaginez moi entourée de plusieurs étudiants. Je traînais les pied jusqu'au au canapé ralluma la télévision et finis ma boisson, espérant le revoir pour m'excuser...


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