Julian & Sheryl

“ Mother & Son „

Depuis près d’un an maintenant, Sheryl avait troqué son emploi de serveuse dans un café pour devenir serveuse dans un restaurant, à Port Washington. Si la rémunération était meilleure, le travail était également plus éprouvant. C’étaient les plats qui faisaient la différence, car réellement lourds à porter. Qui plus est, certains soirs de la semaine, comme le vendredi par exemple, le nombre de clients poussait Sheryl à rester plus tard, et à faire des heures supplémentaires. Elle devait faire ce sacrifice pour se faire bien voir auprès du patron, mais aussi parce que l’argent, dans la famille Mars, a toujours été rare, et donc précieux. Malheureusement, ces horaires, parfois difficiles, l’obligent parfois à rentrer tard, comme c’est le cas ce soir. Il est une heure et demie du matin quand la serveuse pousse la porte de son domicile, chargée de deux sacs en plastique, contenant les restes des cuisines du restaurant. Elle faisait de véritables économies sur la nourriture grâce à cet emploi et, même si les finances n’étaient toujours pas mirobolantes, cela permettait à la famille Mars de s’en sortir, et de ne plus être dans le rouge à chaque fin de mois…

Poussant la porte de la cuisine avec son pied, Sheryl allume la lumière d’un coup de coude ensuite, et se dépêche de poser tous les sacs qui l’encombrent sur la table, au centre de la pièce. Passant une main dans sa chevelure brune, la serveuse reprend son souffle, puis se dirige vers le frigo, pour prendre la bouteille d’eau qui est comme toujours rangée à sa place, et avaler quelques gorgées. Très vite, elle s’attaque ensuite aux boites en plastique provenant du restaurant, contenant les restes, qu’elle doit ranger au frais. Sachant ses deux fils à l’étage, Sheryl ne fait pas attention au bruit qu’elle peut faire, jamais ses fils ne le lui ont reproché jusqu’à maintenant. Elle n’a qu’une hâte : aller se coucher ensuite. La journée a été longue…

Alors qu’elle vient de s’attaquer à ce que contient le deuxième sac plastique, Sheryl relève la tête en entendant la porte d’entrée de la maison s’ouvrir, puis se refermer. Visiblement, ses deux fils n’étaient pas couchés comme elle le pensait. Les connaissant autant l’un que l’autre sur le bout des doigts, la serveuse sait qu’il doit s’agir de Julian. Il n’y a que lui pour rentrer aussi tard, et se montrer si peu discret (a) Sheryl sourit en le voyant passer la porte de la cuisine : il avait dû apercevoir la lumière sous celle-ci.

Salut toi x)

C’est à cette heure-ci que tu rentres ?

Lui demande-t-elle, dans un sourire adorable. Ses fils sont assez grands pour faire ce qu’ils veulent, Sheryl dit ça pour plaisanter. Elle sait qu’ils sont des hommes désormais, et leur fait totalement et entièrement confiance.

Depuis cette dispute avec son frère, le jeune homme a énormément réfléchi. En fait, il n’arrête pas de penser à ce qu’il lui a dit. C’est probablement ça qui fait qu’il a toujours cette petite voix qui lui parle, sa conscience, lorsqu’il deal à présent. C’est désagréable, en fait. Julian préfèrerait oublier cette conversation tout simplement et faire comme si rien n’était. Mais comment, lorsqu’il sait que son frère est à présent au courant de ses petites activités illégales ? A l’université, Julian n’a jamais été aussi discret, prudent. Il n’aimerait pas voir la déception dans le regard de son ainé s’il le voyait pour tout dire. Et à présent, leur lien n’a jamais été aussi…brisé. Pour tout avouer, Julian doute qu’ils seront proches à nouveau. C’est impossible. Pas dans ces conditions-là et ça le fait bien chier dans le fond. Quand Julian pense à leur relation passée, à comment ils étaient proches, soudés avant, ça lui fait un pincement au cœur. S’il avait su que les choses tourneraient ainsi…

Après les cours, Julian ne rentre pas aussitôt à Great Falls. Il préfère trainer à Milwaukee, faire son petit truc, faire la fête même par moment avant de rentrer. Il ne peut pas se permettre d’acheter un moyen de locomotion. Pourtant ce n’est pas l’argent qui manque, d’occasion, il pourrait trouver une voiture ! Seulement, ça soulèverait trop de questions auxquelles il ne veut plus esquiver. Du coup, il se retrouve toujours en galère, faire du stop, c’est ce qu’il fait tous les week end. Il est minuit passé lorsqu’il entre dans la voiture d’un inconnu. Par chance, il passera par Great Falls et le déposera sur la place principale de la commune. En effet, Julian est bien trop parano pour indiquer sa véritable adresse.

Une fois « chez lui », le jeune homme descend du véhicule, s’allume un joint pour se donner du courage pour les minutes à marcher dans les rues. Il n’a pas peur, certes, mais il a surtout la flemme de marcher. Dans sa rue, il remarque les lumières allumées dans la cuisine de sa maison. Ça l’étonne mais il fini par hausser les épaules, écraser son joint par terre pour sortir ses clés et entrer à l’intérieur. Un sourire naturel et franc s’affiche en croisant le regard de sa mère, encore debout à cette heure ci. En fait, il était plus probable que ce soit elle que son frère et puis ça l’arrange dans un sens de ne pas croiser Callan à une pareille heure.

Salut !

Ouais, tsais bien j’suis un rebel de la forêt !

Et toi, encore des heures supp ^^’ ?

Répond le dealer, en regardant sa mère. Il sait qu’elle travaille plus qu’elle n’est rémunérée pour tout dire et c’est quelque chose qui le débecte. Finalement, Julian s’approche d’elle, embrasse son front. Comme ça, naturellement et puis fouille dans le sac pour l’aider à ranger. Sans plus tarder, et aussi parce qu’il pète la dalle en vérité XD il l’interroge :

Qu’est ce qui y a là-dedans ?

Ce travail a certains inconvénients, il est vrai, mais grâce à lui, Sheryl gagne un peu mieux sa vie. Qui plus est, elle dépense moins d’argent pour la nourriture, puisque le cuistot du restaurant a pris l’habitude de mettre souvent quelques restes de côté pour elle, et ses deux garçons. Callan et Julian ont grandi maintenant, mais ils vivent encore tous deux au domicile familial, et Sheryl a toujours fait de son mieux pour pouvoir leur donner une vie « décente ». Ça n’a pas toujours été facile, et la jeune femme a souvent eu du mal à joindre les deux bouts ! Mais aujourd’hui, les choses s’arrangent, doucement, mais sûrement. La serveuse est même parvenue à se faire quelques petits plaisirs, ces trois derniers mois. Elle a d’ailleurs pu compléter sa garde robe, avec quelques tenues élégantes. Pourtant, malgré le fait qu’elle soit restée une très belle femme, Sheryl ne sort pas souvent. Après le mal que lui a fait Denton, elle n’est jamais parvenue à refaire confiance à un autre homme. En fait, les deux hommes de sa vie sont ses deux fils.

D’ailleurs, c’est sur l’un d’eux qu’elle tombe, complètement par hasard. Il est pourtant très tard, mais Julian rentre certainement d’une soirée, ou alors il était chez un ami… ? Julian a grandi et, avec le temps, Sheryl a perdu l’habitude de l’interroger sur ses occupations. Il lui dit ce qu’il a bien envie de lui dire, mais il est en âge d’avoir un jardin secret s'il le désire.

En fait, je n’étais pas vraiment au courant, mais si tu le dis… x)

Souffle Sheryl, dans un sourire, quand son fils lui apprend qu’il est un « rebelle de la forêt ». Lorsqu’il l’interroge au sujet de ses heures supplémentaires, sa mère acquiesce, en arborant un sourire un peu fatigué.

Et oui, encore.

Il y avait beaucoup de clients ce soir !

Comme elle poursuit son rangement devant lui, à genoux, devant le réfrigérateur, son fils doit se pencher pour embrasser son front, puis en profite pour fouiller dans le sac en plastique, et l’aider ensuite à ranger.

Un peu de tout… Des lasagnes, des boulettes de bœuf à la mozarella, hum… Ah oui, des gnocchi à la sauce marinara, aussi…

En voyant son fils saliver à vue d’œil, Sheryl esquisse un petit sourire amusé, et lui propose, naturellement, comme si elle était capable de lire dans ses pensées (elle a l’impression de le connaître par cœur) :

Tu veux que je te réchauffe un truc ? x)

Julian sait que sa mère s’est toujours démenée pour qu’ils aient, son frère et lui ne puissent manquer de rien. C’est probablement ce qui fait que Julian respecte autant sa mère. C’est probablement la personne qu’il admire le plus dans le fond. Il aimerait lui retourner la monnaie de sa pièce un jour, voir même rapidement. C’est pour cette raison qu’il n’hésite pas à payer certaines choses de sa poche, en mentant sur la source de ses revenus bien évidemment. C’est un détail qu’il doit d’ailleurs réglé à présent, puisque son frère sait à propos de ce qu’il fait en dehors des cours. Voir même pendant. Sa mère, par contre, c’est toute une autre histoire. Elle ne semble y voir que du feu. Ce n’est pas plus mal car le jeune homme, quand il y pense, ne supporterait pas de la voir autant déçue. C’est ce qui arrivera si elle découvrait qui Julian était vraiment. En rentrant tard, ce soir, Julian ne s’attend pas à la trouver dans la cuisine. Il est tard. Pour lui, c’est devenu normal de rentrer à une pareille heure mais Jul’ se dit que si sa mère est encore réveillée, c’est probablement parce qu’elle vient tout juste de rentrer. Une preuve, une autre, qu’elle passe énormément de temps à travailler sans pour autant gagner des millions. C’est injuste à son sens… mais c’est la vie !

Dans la cuisine, Julian se fait interpeller par sa mère et il arbore un franc sourire en s’approchant de cette dernière. Elle n’est pas du genre « maman psychopathe » à lui poser des milliers de questions sur ce qu’il fait, où il va. Ce n’est pas plus mal, de cette façon, il n’a pas à raconter des bobards. Lui-même, s’auto qualifie de rebel de la forêt et la réponse de Sheryl ne l’étonne pas tant que ça. Et pourtant, si elle savait… ! Il ne reste pas là-dessus et l’interroge sur ses heures de travail supplémentaires.

ça craint de bosser autant...

Conclu Julian, en arborant une moue avant de se baisser pour embrasser son front, puis, pour fouiller dans les sacs. D’abord dans le but de ranger mais son ventre par pour lui, lorsqu’il lui demande ce qu’ils contiennent. Julian hoche la tête en l’écoutant.

Han, ouais. Les lasagnes ça m’inspire bien.

Souffle l’étudiant, qui n’a pas mangé de la soirée. Il ajoute finalement, en sortant les boîtes :

S’il te plait (a)

C’est vrai, Sheryl s’est toujours donné beaucoup de mal pour élever ses deux fils toute seule. Et pourtant, elle ne regrette rien. Même si Denton l’a mise de côté, même s’il l’a abandonnée à son sort, elle n’a jamais voulu voir sa situation de manière pessimiste. Dans la difficulté, elle avait au moins ses deux enfants. Callan et Julian comptent énormément pour elle, ils sont même les moteurs de sa vie. Sheryl a toujours été très fière d’eux, et est heureuse de voir ce qu’ils sont devenus à ce jour. Ils font même des études supérieures ! Avec ses revenus, ce n’était pas gagné, et pourtant, ils sont allés loin. Très loin. Bien évidemment, la serveuse ne se doute pas des activités illégales de son fils cadet. Elle a toujours vu ses enfants comme des êtres incroyables. Elle tomberait sans doute de haut si la vérité éclatait un jour, mais sans doute serait-elle capable de l’encaisser tout de même, et de défendre Julian bec et ongles. Bien sûr, elle serait anéantie d’abord… mais rien ne peut empêcher une mère d’aimer son enfant. Surtout pas Sheryl Knowles.

Même si sa vie n’est pas parfaite, et même si elle doit travailler dur, la serveuse est plutôt satisfaite de ce qu'elle a. L’argent ne fait pas le bonheur, de toute manière. Oh, bien sûr, ça y contribue fortement mais, pour Sheryl, c’est loin d’être la priorité numéro un. Ses enfants sont ce qu’il y a de plus important pour elle. Et tant qu’ils vont bien… le reste suit x)

Elle esquisse un sourire en entendant la remarque de son fils, au sujet de ses heures supplémentaires. Ce n’est pas drôle tous les jours, c'est sûr, mais Sheryl, avec le temps, s’est forgé une sacrée carapace, une sorte d’optimisme à toute épreuve.

Je me réconforte en pensant à la grasse matinée que je vais faire demain !

La mère de Julian esquisse un sourire quand ce dernier vient embrasser son front. Elle a toujours aimé l’affection que lui portent ses deux enfants. Ça lui met du baume au cœur.

Quand est-ce que tu te trouveras une copine, qui te cuisinera des bons petits plats, hein ? x)

Demande Sheryl, tout de même curieuse d’en savoir davantage sur la vie amoureuse de Julian. Elle sait ce qu’il en est du côté de son aîné, mais son fils cadet est beaucoup plus discret sur la question. Sans doute n’a-t-il aucune relation fixe. Lorsqu’elle se relève, sa mère entreprend de faire réchauffer le plat qu’il a sorti du frigo. Elle sort une assiette creuse, et met une portion de lasagnes à l’intérieur, avant de la glisser dans le four à micro-ondes.

Même s’il ne l’a jamais montré, Julian a beaucoup souffert du « post abandon » de son père, Denton. En fait, il en est même venu à se convaincre, durant quelques temps, que ce dernier est parti car ce n’était pas vraiment son père. Les bruits qui courent et les remarques d’adolescents, d’enfants à son égard lui ont fait se sentir très mal dans sa peau. Comme si ses repères s’étaient complètement effondrés en fait. Il n’a jamais osé évoquer ses doutes à sa mère. Ce serait tellement irrespectueux à son sens. Le simple fait de sous entendre qu’elle aurait pu tromper son père ou quoi, ce serait tellement horrible. Surtout si ce n’était pas le cas. Après tout ce qu’elle a vécu… ! Il a tellement peur de la décevoir. Et il sait que ce sera probablement le cas si elle apprenait ce qu’il fait depuis quelques années à présent. Julian s’est énormément égaré. Il trempe dans ses affaires louches depuis si longtemps qu’il a l’impression qu’il a fait ça toute sa vie et qu’il n’en sortira jamais. L’envie n’y est pas mais les conséquences sont graves. Jul’ sent qu’il a perdu ce lien « fraternel » avec Callan depuis, et ce pour de bon.

Heureusement, sa mère semble le voir comme un adolescent normal, équilibré (a) probablement est-elle fière qu’il ait décidé de continuer ses études. Si elle savait ce qui l’avait poussé à le faire en premier lieu. Une chance pour lui qu’il s’en sorte sans mal. Après tout, il a tout de même pris des cours particuliers l’été dernier pour être sûr de ce fait. Ce serait de l’argent gaspillé s’il ne s’en sortait absolument pas à l’université. S’ils avaient eu plus d’argent, Julian aurait probablement rêvé de vivre sur le campus même si vivre chez sa mère n’est pas une tare en soit.

Et c’est sur cette dernière qu’il tombe en rentrant chez lui. Sa mère, dans la cuisine, range des sachets remplis de nourriture, comme à son habitude. Constatant les heures supplémentaires qu’elle continue de faire, Julian commente mais sa mère semble toujours aussi optimiste à ce sujet.

Bien méritée x)

Commente le dealer, en s’approchant d’elle. Il embrasse son front et se redresse, salivant d’avance sur le contenu d’une des boîtes. Il se met à rire en entendant la question que sa mère venait de lui poser. Si elle savait… ! Il secoue aussitôt la tête.

Genre. C’est devenu un mythe maintenant les nanas qui savent bien cuisiner !

Lance Julian dans un sourire avant d’ajouter, au sujet d’une éventuelle petite amie :

Désolé, c’est pas pour tout de suite !

Sheryl aime ses deux enfants, autant l’un que l’autre, et les a toujours élevés sur un pied d’égalité. Pourtant, elle a fait deux garçons très différents l’un de l’autre. Callan a toujours été plus calme, plus posé, et d’un sérieux exemplaire ! Alors que Julian, lui, a toujours été plus énergique, plus drôle et… indéniablement moins raisonnable. Pourtant, ce trait de caractère n’a jamais éveillé de soupçons du côté de sa mère. Elle croit en la valeur de ses enfants, et n’a jamais laissé le moindre doute ébranler la crédibilité qu’elle leur porte. La seule chose qui la chagrine, c’est de voir ses deux fils s’éloigner l’un de l’autre. Ça fait des années que ça dure et, depuis quelques temps, c’est pire que tout. Avant, ils faisaient des efforts en sa présence, mais désormais, ils s’ignorent même quand elle est dans les parages… Et Sheryl déteste ça. Elle espère qu’en devenant des adultes indépendants, Callan et Julian règleront leurs différends. A ce jour, s’ils agissent de cette manière, c’est sans doute parce qu’ils sont à l’opposé l’un de l’autre, mais ça passera sans doute, avec le temps ~

Je ne te le fais pas dire !

Lance la serveuse, dans un sourire radieux, heureuse de penser simplement à la perspective de faire une grasse matinée le lendemain. Réalisant que son fils doit avoir faim, Sheryl propose à Julian de lui réchauffer un des plats qu’elle a ramenés. Il opte pour les lasagnes…

Oh, mais tu sais, tu pourrais apprendre, toi (a)

Lui fait-elle remarquer, en lançant le four à micro-ondes. Sheryl se retourne alors vers son fils, en esquissant un autre sourire, quand il lui apprend qu’une petite-amie n’est pas encore au programme de son côté.

Toi et ton frère êtes vraiment à l’opposé l’un de l’autre… Quand lui s’engage dans une relation, j’apprends que toi, ce n’est pas dans tes projets !

Agrippant un meuble derrière elle, la serveuse décide de profiter de ce moment privilégié avec son fils cadet pour lancer une discussion au sujet de Callan. En effet, depuis que ce dernier s’est rabiboché avec la belle Hannah, il passe beaucoup moins de temps à la maison. Il lui a même parlé récemment de vouloir déménager…

D’ailleurs, je voulais te demander, est-ce que tu crois que je ne lui laisse pas suffisamment d’intimité, quand il invite Hannah à la maison ?

Les sourcils de Sheryl sont froncés. Elle s’interroge, et espère que Julian pourra l’aider à y voir plus clair, même si Callan et lui ne sont plus aussi proches désormais.

Julian n’aime pas toute cette situation avec Callan. Il sait que plus rien ne pourra les rapprocher à présent, qu’il a l’impression de l’avoir définitivement perdu. Pourtant, en lui disant la vérité, Julian pensait que c’était quelque chose qui pourrait… peut être, en quelque sorte du moins, les rapprocher. C’était une erreur à son sens. Ça n’a fait qu’empirer les choses car depuis leur dernière conversation, Callan et Julian s’ignorent royalement. Plus que jamais pour tout dire et l’ambiance n’est pas des plus bonnes lorsqu’ils se retrouvent dans la même pièce. L’ambiance terrible en est presque palpable, oppressante. Julian aime son frère malgré ce qu’il peut dire, faire ou même montrer de sa personne. La famille a toujours été quelque chose de sacré pour l’étudiant mais il y a d’autres choses qui jouent en sa défaveur. Impossible de revenir en arrière.

Leur mère a sûrement remarqué cet éloignement mais ne se doute certainement pas des raisons qui se cachent derrière tout ceci et ce n’est pas plus mal. Il sourit en entendant sa réponse, sans pour autant en rajouter une couche. Elle lui propose de lui réchauffer quelque chose et Julian fond pour les lasagnes. Sa mère en profite pour lui demander quand est-ce qu’il trouvera une chérie pour lui préparer quelque chose. Comme d’habitude, Julian ne manque pas de répartie mais Sheryl trouve également quelque chose à lui répondre.

D’accord.

Apprend-moi alors ! Tu m’as bien appris à faire du vélo alors pourquoi pas à bouffer hein ? (a)

Lui fait remarquer Julian, dans un sourire. Avec l’absence de son père, Sheryl a dû joué le rôle du père et de la mère en quelque sorte et avec brio. Rien à dire, elle a toujours été là pour ses enfants et c’est ce qu’il fait que Julian l’admire autant ^^ Le sourire du jeune homme s’efface lorsqu’elle évoque Callan. Ça le pousse à repenser à leur différence justement. C’est flagrant à quel point ils ne se ressemblent absolument pas. Physiquement déjà mais également dans la tête. Dur de croire qu’ils sont frères, right ?

J’avoue ! Mais toutes les filles ne sont pas des Hannah Hansen en même temps ! C’est une nana bien, elle.

Souffle Julian, qui, a eu a eu l’occasion de lui parler à quelques reprises. En fait, il l’a même ramenée à Great Falls un soir alors qu’elle était saoule comme un cochon o/ Comme quoi, Julian ne fait pas que de la merde dans le fond (a) Et puis, finalement, la mère de Julian l’interroge sur quelque chose qui l’étonne. Il secoue aussitôt la tête.

Bah… si ! Ils en ont assez je pense. Pourquoi ?

Demande le dealer, intrigué par la question.

Sheryl a bien remarqué un changement de comportement, de la part de ses deux fils. Ces derniers ne s’entendent pas très bien dernièrement, en fait, ils finissent même par s’ignorer la plus grande partie du temps. Pour leur mère, ce n’est bien sûr pas facile à vivre. Elle espère que tout ça leur passera, et ne souhaite pas se mêler de leurs histoires. En fait, elle est la mieux placée pour savoir que Callan et Julian sont extrêmement différents l’un de l’autre. Ce qui ne les aide pas à se rapprocher ! Mais elle est persuadée qu’avec le temps, ça devrait finir par passer. Ils vont mûrir, et vivre, un jour, chacun de leur côté. Les choses pourraient alors changer, ils pourraient ressentir le besoin de se retrouver. En attendant, la serveuse se contente de rester à l’écart de tout ça. Lorsqu’elle est avec un de ses fils, elle se comporte tout à fait normalement, quitte à parler de Callan lorsqu’elle est avec Julian, et vice-versa. Même si ce n’est pas l’entente parfaite entre eux deux, Sheryl tient à garder un comportement normal. Elle sait qu’ils forment une famille soudée, malgré quelques différends.

Sortant les lasagnes du micro-ondes, la serveuse, dans un sourire, écoute son fils avec attention, tandis qu’elle sort des couverts ensuite. Elle pose le tout sur la table, et va chercher une bouteille de soda dans le frigo, toujours pour Julian. Alors qu’elle ouvre un des placards, pour prendre un verre, elle lui répond dans un sourire :

Quand tu veux !

Je pourrais commencer par t’apprendre la recette des lasagnes (a)

Lorsqu’elle dépose un verre sur la table, Sheryl lance un regard tendre à son fils cadet. Elle sait pertinemment qu’il raffole de ce plat. S’asseyant près de lui, la mère de Julian poursuit leur conversation, malgré la fatigue qui se fait sentir.

C’est vrai, Hannah est vraiment très gentille.

Commente simplement la serveuse, avant de se lancer dans une conversation plus « périlleuse ». Pourtant, elle ressent le besoin d’en parler avec son fils. Callan lui a tenu des propos dernièrement qui l’ont pas mal travaillée pour tout dire. Sheryl sait bien, qu’un jour, ses deux enfants vont prendre leur envol, mais elle ne pensait pas que ce serait si rapide pour son aîné. Il lui avait fait comprendre, à plusieurs reprises, qu’il préférait vivre à la maison avec Julian et elle plutôt que de vivre seul, et devoir travailler. Il a toujours voulu se concentrer sur ses études… Enfin, ça, c’était avant…

Et bien... Ton frère m’a dit qu’il pensait déménager.

Il ne m’a pas dit s’il voulait vivre sur le campus, ou avec Hannah, mais… ça avait l’air sérieux. Comme c’était la première fois qu’il en parlait, j’étais un peu surprise…

Son regard se pose sur son fils cadet. Est-ce que ce soudain revirement de situation pourrait être lié à l’atmosphère pesante qui règne entre les fils Mars… ? Sheryl n'écarte pas cette possibilité. C'est aussi ce qui la pousse à en discuter avec Julian ~

Sur le moment, Julian se dit que la situation est bien trop critique avec son frère pour qu’il puisse espérer que ça s’arrange un jour. Ça aurait pu s’arranger avant, c’est certain mais à présent que certaines choses ont été dites, il est difficile de revenir en arrière et les voilà plus éloignés que jamais. C’est en effet dommage, puisqu’ils ont toujours, jusqu’alors été une famille assez soudée mais là, le lien se brise et la maison est comme divisée en deux depuis quelques semaines. Il est loin de se douter que depuis, son frère pense à quitter le domicile familial pour l’éviter d’avantage dirons-nous. Lui-même avait songé à cette idée là mais celle de vivre avec sa famille avait pesé d’avantage sur la balance. Et puis, il aurait fallu qu’il trouve un vrai job, chose qui ne lui faisait non plus pas franchement envie, pour tout dire, il s’en sort autrement.

Dans la cuisine, sa mère vient de lui faire réchauffer des lasagnes. Julian crève la dalle pour tout dire et la conversation perdure, lorsque Julian lui propose de lui apprendre à cuisiner, pour commencer. Tout en lui servant l’assiette, Sheryl lui propose de lui apprendre la recette des lasagnes. Julian acquiesce aussitôt.

Bah pourquoi pas hein !

Répond Julian, en soufflant un merci lorsqu’elle pose ensuite un verre devant lui. Julian ne sait pas quand ils auront l’opportunité de faire une pareille activité ensemble mais l’idée n’est pas mauvaise en soit. A nouveau, le dealer hoche la tête en entendant sa mère lui parler d’Hannah. Il n’a vraiment rien contre elle. Ça n’a pas l’air d’être une pouffe complètement débile. En même temps, ça ne l’étonne pas, ce n’est certainement pas le genre de femmes que Callan fréquenterait contrairement à Julian, qui s’en cogne du cerveau des filles avec qui il couche XD Ce n’est pas le plus important dans le genre de relations qu’il entretient en général avec la gente féminine.

Ensuite, lorsque sa mère lui demande si elle ne laisse pas assez d’intimité à Callan et sa chérie lorsqu’il l’invite, Julian est assez étonné. Il ne pense pas que ce soit le cas, bien au contraire. Ils sont assez libres de faire ce qu’ils veulent et Sheryl n’est pas du genre oppressant comme mère. Ça l’intrigue qu’elle lui pose une pareille question. Les yeux du dealer s’arrondissent aussitôt sous le coup de la surprise, en apprenant la nouvelle : Callan songe à déménager. A vrai dire, il est tout aussi étonné que sa mère. Il baisse un instant les yeux, feintant de trouver son verre attirant sur le moment avant de prendre la parole :

Sérieux ?!

Il t’a rien dit de plus ? Juste qu’il avait envie de bouger ^^’ ? Il a dit ça quand, d’ailleurs ?

Demande aussitôt Julian, qui commence à se poser des questions. Forcément, avec ce qui s’est passé avec Callan dernièrement, Julian se demande si ce n’est pas directement lié à lui. Bon, après, le dealer n’est pas le nombril du monde non plus mais la coïncidence est quand même là, hein… !

En voyant ses enfants grandir, et devenir adultes, Sheryl savait qu’ils finiraient l’un ou l’autre (ou peut-être les deux) par quitter le domicile familial incessamment sous peu. Cependant, jusqu’à maintenant, ça n’avait jamais été réellement d’actualité. Ses deux fils ont toujours été très proches d’elle, et ont toujours voulu prendre soin d’elle. Pour cette raison, Julian et Callan n’avaient jamais semblé vouloir faire leurs valises. Tout récemment, la situation a changé du côté de l’aîné de la famille, et ce changement – auquel la serveuse n’était pas tout à fait préparée – pousse Sheryl à se dire que cela vient peut-être de la situation conflictuelle qui s’est installée entre les deux frères. Pour cette raison, elle compte saisir cette opportunité, de se retrouver seule avec Julian, pour en discuter avec lui. Avant tout autre chose, elle prend le temps de lui réchauffer un plat de lasagnes, puisqu’il semble affamé. Son fils lui apprend qu'il ne serait pas contre l'idée de savoir cuisiner. Sheryl aime cette idée, d’autant que cela leur permettra de passer du temps ensemble, sans compter que ça permettra à Julian d’être plus indépendant encore.

Et bien c’est d’accord.

Et puis, tu verras, il n’a rien de tel qu’un homme qui sait cuisiner pour conquérir le cœur d’une femme (a)

La serveuse sait que son fils cadet est moins sérieux en amour que l’est son aîné. Pourtant, elle ne désespère pas de voir, un jour, Julian tomber amoureux. Bien qu’il ne le montre pas à la plupart des gens qui l’entourent, l’étudiant a un grand cœur (a) Sheryl est bien placée pour le savoir puisqu’avec elle, il est un amour. Il a toujours pris soin d’elle. Sa mère est donc persuadée qu’il fera un très bon mari, un jour. Tout comme Callan, d’ailleurs. Ces deux-là n’ont beau pas s’entendre à la perfection, ils ont tout de même un point commun : ils ont tous deux un cœur immense.

Alors que son fils commence à déguster son plat de lasagnes, Sheryl prend place à table avec lui. Un peu soucieuse, vis-à-vis de ce qui se passe avec Callan dernièrement, elle décide de prendre la parole à ce sujet. Lorsqu’elle lui apprend que son frère songe à déménager, l’étonnement est palpable chez Julian. En même temps, la serveuse n’est pas surprise que son aîné ne lui en ait pas touché un mot. Depuis quelques temps, ils ne se parlent plus du tout, et toute communication semble rompue entre eux. Son fils a beau essayer de donner le change, la serveuse repère tout de suite chez lui une sorte de trouble.

Moi aussi j’ai été surprise sur le moment.

Lui apprend Sheryl, sans quitter son fils des yeux.

Il m’en a parlé cette semaine. Il ne m’a pas dit grand-chose sur la question, il était en retard et il avait peur de rater son car pour Milwaukee.

Il m’a juste dit que… ce serait mieux comme ça.

Le regard soudainement plus triste, Sheryl penche légèrement la tête, en fixant Julian, espérant qu’il trouvera les mots pour la rassurer. Bien sûr, la serveuse sait que ses enfants prendront leur envol, un jour ou l'autre, mais, pour tout dire, elle n’a pas envie que cela se fasse dans de telles conditions ! Le dialogue semble être rompu entre les deux frères, et ce n’est pas un éventuel éloignement qui arrangera les choses. Pas maintenant en tout cas, c’est encore trop récent.

Julian n’a pas vraiment l’intention de quitter la maison familiale d’aussitôt. C’est bien trop de frais à son sens. Pourtant, l’idée de s’installer sur le campus ne l’aurait pas dérangé dans le fond. Il sait que ce genre d’expériences sont toujours inoubliables (a) mais rentrer, retrouver sa petite famille, ça lui va aussi ! Surtout sa mère, en fait. L’entente avec son frère semble vraiment compromise. Pourtant, il aurait aimé que ça s’arrange, vraiment. On ne peut pas tout contrôler, malheureusement. Par la suite, la conversation se tourne autour de la nourriture. En fait, Julian propose à sa mère de lui apprendre à cuisiner ! Julian n’est pas un cordon bleu, loin de là. Il n’a jamais pris le temps d’apprendre et autant dire que jusqu’à maintenant, le dealer n’a pas eu à se « débrouiller seul ». Puisqu’il vit chez sa famille, il n’a pas à être totalement indépendant.

Ah ? C’est toujours bon à prendre alors.

Répond le jeune homme dans un sourire amusé. Il ne se voit pas draguer avec de la bouffe mais bon (a) ça peut être utile pour se nourrir hein ! Non, Jul’ n’est pas le genre de mecs à vouloir impressionner les nanas de cette manière là. Et puis, il ne cherche pas vraiment à se caser pour le moment. Toujours contrairement à son frère, qui vit une relation avec une jeune femme qu’il apprécie. Il a eu l’occasion de lui parler à plusieurs reprises. Il ne la voyait pas comme une fille…fêtard mais force est de constater que leur première rencontre s’est faite dans une boîte de nuit.

Et puis, par la suite, Julian se met à manger. Ses yeux se plissent de gourmandise (a) alors que sa mère en profite pour lui parler de quelque chose qui semble la tracasser. Etonné d’entendre sa mère lui parler d’un éventuel déménagement, du côté de Callan, il dégluti légèrement. Il se pose forcément des questions au sujet de son ainé. Il ne savait pas que ce dernier songeait à partir. Et vu leur relation en ce moment, ça le pousse à se demander s’il n’est pas le « coupable ». Et s’il le dégoûtait au point de vouloir s’en aller, hein ? Ça l’angoisse presque et tente de le cacher.

Sheryl reprend, lui explique qu’il a été vague sur le sujet mais a précisé que ce serait mieux de cette manière là. Julian arque un sourcil. Son regard croise celui de sa mère. Ça le rend triste de la voir ainsi, il pose naturellement sa main sur celle de sa mère en s’arrêtant de manger un court instant. Tout ça, le laisse franchement perplexe. Il aurait aimé en savoir plus… !

Peut-être que ça lui a juste traversé l’esprit ? J’sais pas ><

Le jeune homme baisse les yeux, fixant son plat un instant. Plus il y pense, et plus le jeune homme a l’impression d’être le responsable de cette soudaine envie de se barrer. Et ça ne lui plait pas vraiment. ‘Fin, Julian sait que ça n’arrangera absolument rien, au contraire. Il se mord la lèvre inférieure, aimerait se montrer rassurant mais lui-même doute.

Il était peut-être juste en colère contre moi ce jour là. C’est pas une question de s’en aller ? D’intimité ou quoi. J’sais pas, c’est un peu tendu en ce moment ^^’

Murmure Julian, en relevant les yeux.

Sheryl sait qu’en grandissant, ses enfants vont avoir un besoin d’indépendance de plus en plus grand. C’est tout à fait normal, c’est ce qui s’appelle devenir « adulte », tout bêtement. En tout cas, elle n’a jamais été pressée que Julian et Callan quittent le domicile familial. Elle aime leur présence, et le fait qu’ils soient l’un et l’autre dans les parages l’empêche de se sentir seule. Ne plus s’engager dans une relation amoureuse est un choix qu’elle a fait d’elle-même, mais qui fera, qu’un jour, Sheryl se retrouvera seule dans cette maison. Elle en est parfaitement consciente, mais les séquelles laissées dans son cœur par Denton l’empêchent clairement de se projeter dans une nouvelle histoire d’amour. Elle ne sait même pas comment Julian et Callan le prendraient, si elle se mettait en couple. De toute manière, ça n’est clairement pas d’actualité. Même si elle est une belle femme, et que ce ne sont pas les opportunités qui manquent, la serveuse n’est plus retombée amoureuse depuis l’histoire catastrophique qu’elle a connue avec le père de ses enfants.

Bien sûr !

Enfin j’ai quand même le sentiment que ce n’est pas demain la veille que tu prépareras un bon petit plat pour une femme… !

Sheryl esquisse un sourire. Elle sait que Julian n’est pas le plus romantique de ses deux fils. En fait, cela ressemblerait plus à du Callan tout craché. Il n’est pas meilleur cordon bleu que Julian, mais il a un esprit nettement plus « romanesque » envers la gente féminine, tout spécialement quand il s’agit de la ravissante Hannah Hansen.

Assise désormais aux côtés de son fils, qui se met à manger, Sheryl n’hésite pas à mettre le doigt sur quelque chose qui la chiffonne. Elle sait que ses enfants vont devoir quitter le cocon familial, un jour ou l’autre, mais elle n’a pas envie que cela soit pour de mauvaises raisons, et elle a réellement peur que ce soit le cas de Callan. Son fils cadet semble immédiatement se sentir concerné par la nouvelle… Il faut dire que, depuis le départ de Denton, ils n’ont toujours vécu que tous les trois, dans le même endroit. On a beau dire, même si les deux fils Mars ne s’entendent pas toujours, cette situation leur a toujours convenu. Ils y sont tous habitués. La séparation risque d’être difficile… Lorsque Julian pose sa main par-dessus la sienne, Sheryl réalise qu’il a dû sentir sa tristesse. Elle baisse momentanément les yeux, avant de les relever, lorsque son fils reprend la parole. La serveuse esquisse un sourire, toujours assez chagriné pour tout dire.

Tu sais comme moi que Callan ne dit que trop rarement des choses à la légère…

Il a toujours été très réfléchi. Même petit, le garçon prenait toujours le temps de réfléchir avant d’agir. Il savait d’ailleurs tempérer le comportement plus « fougueux » et impulsif de son frère, et lui éviter ainsi bien des ennuis.

Je sais que c’est tendu en ce moment.

Sheryl l’a évidemment remarqué. Elle soupire, en plongeant son regard dans celui de son fils.

Est-ce que je peux savoir ce qui se passe ?

Mouais.

Je pourrais toujours tester mes talents culinaires sur toi XD C’est déjà ça non ? (a)

Répond Julian avant de partir à rire. Il sait qu’il a l’air un peu l’âme d’un tanguy quand il dit ce genre de choses mais le dealer, dans le fond, sait très bien qu’il ne restera pas ici toute sa vie non plus ! Déjà, il déteste Great Falls. Deuxièmement, il a besoin, comme chaque être humain, de prendre son petit envol (a) Enfin, de toute manière, l’avenir lui semble bien incertain à cet instant. Il ne sait pas où il sera dans quelques années. Après la fin de ses études. S’en servira-t-il comme bagage ou continuera-t-il à vendre de la drogue, comme si rien n’était ?

Là n’est de toute manière pas la question. Après être rentré relativement tard d’une soirée, Julian est content, finalement, de pouvoir échanger quelques mots avec la femme qu’il apprécie le plus sur cette planète. Ils se posent dans la cuisine et Julian attaque le plat qu’il a devant les yeux. Sa mère, qui semble avoir quelque chose sur la conscience, en profite pour déballer quelque chose qui semble lui prendre la tête. En entendant la nouvelle, Julian a du mal à ne pas se sentir concerné. En effet, ils n’ont jamais été aussi distant l’un envers l’autre, et c’est à ce moment-là que Callan choisit de quitter la maison, prétextant qu’il est mieux ainsi. Le cœur de plus en plus serré, l’étudiant, qui remarque la tristesse de sa mère, en profite pour poser affectueusement sa main sur la sienne. Sans savoir quoi dire, et en cherchant à se rassurer un peu, il reprend la parole :

Ouais enfin… c’est complètement bête, il a tout ce qu’il veut ici, y a pas de quoi faire le mec qui veut se barrer quoi !

Lance Julian en fronçant les sourcils. Il sait que ça rendra triste sa mère, et il en a pas du tout envie. Il reprend pour avouer qu’entre eux c’est tendu. Le jeune homme craint que Sheryl l’interroge sur les raisons. Dès que ça arrive, Julian sent son cœur prendre un rythme de taré. Il déteste lui mentir mais… ce n’est pas comme s’il avait le choix.

Bah… des embrouilles débiles t’sais bien. Rien d’important quoi !

Souffle Julian en reprenant une bouchée dans son assiette. Il n’aime pas toute cette situation, ça le rend nerveux.

Hum, oui, mais alors dans ce cas, tu as intérêt à être vraiment doué (a)

Répond Sheryl, avant de partir à rire elle-aussi. Elle a toujours été très complice avec Julian, et a toujours adoré son sens de l’humour. A l’inverse de son frère, qui était capable de ne faire aucun bruit et de jouer en silence, Julian, lui, faisait toujours un boucan pas possible. En grandissant, les deux fils Mars n’ont pas vraiment changé. Même s’il est parfois assez secret, le cadet de la famille est toujours aussi vivant, expressif, bruyant, surtout quand il rit. Mais ce sont des choses que la serveuse aime chez lui. C’est même communicatif, en fait. En tout cas, une chose est sûre, si son fils se décidait à lui préparer un petit repas, Sheryl en serait enchantée. Elle a toujours été gâtée par ses enfants, et jamais elle ne s’en lassera sans doute (a) Ce sont les deux seuls êtres qui comptent pour elle, et les deux seuls, aussi, qui s’occupent d’elle, et qui font leur maximum pour son bonheur.

Profitant de ce moment privilégié avec son fils, Sheryl décide de lui confier la dernière nouvelle en date : l’envie de déménager de Callan. C’est la toute première fois qu’il parle de quitter le cocon familial, et cette annonce n’a pas enchanté la serveuse pour tout avouer. Elle ne s’y attendait pas, d’abord, et elle craint, aussi, et surtout, que les raisons qui poussent son fils à vouloir s’en aller ne sont pas les meilleures…

Callan n’est pas stupide, tu sais !

S’exclame aussitôt Sheryl, en secouant la tête. Elle esquisse un sourire triste.

Il y a beaucoup de choses qui le retiennent ici, et je sais qu’il en a conscience. Mais ça ne suffit peut-être plus, tu vois ce que je veux dire ?

Il y a d’autres éléments qui rentrent en compte, comme la relation qu’il entretient avec son frère. Et, à ce jour, on ne peut pas dire qu’elle soit au beau fixe. La serveuse cherche à savoir ce qui les oppose. Malheureusement, son fils reste vague (comme toujours…) et se remet à manger, comme s’il voulait à tout prix éviter le sujet.

Si c’est aussi « débile » que ça, qu’est-ce que vous attendez pour vous réconcilier ?

Sheryl a du mal à croire que ce sont des choses futiles qui sont au cœur de leur mésentente, car si c’était réellement le cas, ça n’irait sans doute pas aussi loin.

Je sais qu’il ne le montre pas toujours Julian, mais il tient énormément à toi. Tu resteras toujours son petit-frère et… je sais qu’il t’aime très fort.

L’émotion est palpable dans la voix de la serveuse qui ne quitte désormais plus son fils des yeux. Julian a beau faire le malin la plupart du temps, elle sait qu’il est plus sentimental qu’il veut bien le laisser paraître. Et elle espère que ses mots auront un impact sur lui, d’abord parce que c’est la stricte vérité et aussi parce que Sheryl est persuadée qu’il avait besoin de les entendre.

Je serai doué, t’inquiètes !

Répond le jeune homme, l’air prétentieux avant d’arborer un sourire amusé. Il a toujours eu des facilités à apprendre. C’est juste qu’il préfère rester sur ses acquis. Pour preuve, lorsqu’il s’était donné de la peine à prendre des cours, l’été dernier, ça lui a permis d’avancer facilement et à présent, Julian s’en sort sans mal à l’université. Ça lui a été drôlement bénéfique. Même s’il parait insouciant, par moment, il sait prendre de bonnes décisions. Bien décidé à apprendre un jour à cuisiner, de façon à être un bon petit cordon bleu pour son propre estomac (a) le jeune homme arbore un sourire et profite de ce qu’il a dans son assiette.

En attendant, un autre sujet vient sur le tapis : le déménagement de son frère. C’est une énorme nouvelle. Julian ne peut pas se plaindre de ne pas avoir été mis au courant. La communication avec Callan a été définitivement rompue depuis leur dernière dispute. C’est ainsi. Il sait que Callan a certainement dû se prendre la tête sur la question et que s’il en a décidé ainsi, c’est que c’est probablement difficilement négociable. Il ne sait pas vraiment quoi faire pour rassurer sa mère. Julian écoute attentivement sa mère parler, acquiesce par la suite.

Ouais… je vois ce que tu veux dire.

Dit-il, songeur. Sans pouvoir s’en empêcher, il se remémore la dernière dispute qu’ils ont eu. Sa mère, dans l’intervalle, cherche à savoir le motif de leur dispute. Julian déteste avoir à lui mentir. Il préfère rester vague et reprendre là où il s’était arrêté dans son assiette. Si elle savait, elle serait tellement déçue ! Il ne supporterait pas.

Je sais pas, ça ne tient pas qu’à moi !

Souffle le jeune homme, en regardant sa mère, l’écoutant reprendre, et lui expliquer que son frère tient énormément à lui, qu’il l’aime même. A présent, il en doute fort… mais bon ! Ce n’est pas en s’ignorant que ça arrangera les choses. En fait, il est certain que ça ne s’arrangera pas quoi qu’il arrive mais pour apaiser les craintes de sa mère, le dealer reprend pour lui assurer :

Je peux lui parler, stu veux…

T’as intérêt maintenant que tu m’as dit ça (a)

Murmure Sheryl, dans un sourire amusé elle-aussi. Elle sait qu’il peut y arriver. Quand Julian décide quelque chose, il va jusqu’au bout, en règle générale. Il sait parfaitement se donner du mal quand il le faut. Oh, bien sûr, parfois, il peut se montrer un tantinet fainéant… ! (a) Mais, quand il est motivé, il devient presque un autre homme. Il peut aller jusqu’au bout des choses, et se montrer très têtu, lorsqu’il a une idée en tête. Cela dit, la serveuse ne connaît pas l’ensemble de ses activités. Si c’était le cas, sans doute ne serait-elle pas aussi détendue à l’heure actuelle… ! Ça la rendrait certainement folle, même, en fait.

Installée à ses côtés, à table, la mère de Julian n’hésite pas à lui parler de son frère, pour lequel elle s’inquiète. Elle n’a pas envie qu’il quitte la maison pour de mauvaises raisons. Elle ne veut pas voir le lien se briser pour toujours entre ses deux enfants. Elle les a vus grandir, elle est donc bien placée pour savoir qu’ils pourraient être proches l’un de l’autre. Leurs personnalités sont très différentes, mais pas incompatibles. Pour cette raison, elle cherche d’ailleurs rapidement à comprendre ce qui les oppose… Mais son fils ne semble pas vouloir s’étendre sur le sujet.

Non, pas qu’à toi, mais à toi en partie.

Tient à souligner Sheryl, sans quitter son fils des yeux. Elle en arrive même à lui dire certaines choses très personnelles au sujet de Callan. Il ne le montre peut-être pas de la meilleure manière qui soit, mais il aime son cadet, et il l’aimera toujours, ça ne fait aucun doute pour la serveuse. Ses propos semblent motiver Julian à vouloir lui parler, ce qui arrache un sourire à sa mère. Elle se sent immédiatement rassurée.

Je veux bien.

Callan est un garçon intelligent, il saura prendre le temps de t’écouter et de considérer les choses avec sérieux.

Si son fils aîné a bien une qualité, c’est celle-là ! Il a toujours été très raisonnable. Peut-être trop, sans doute… Mais pour une mère, c’est évidemment plus rassurant que le contraire, en fait.

Je lui en toucherai deux mots, moi aussi… Peut-être qu’à nous deux, on arrivera à le faire changer d’avis ? x)

A nouveau, Sheryl esquisse un sourire, un peu plus confiant cette fois.

Pas de souci !

Confirme Julian dans un autre sourire. Il est vrai que quand il se lance dans quelque chose, Julian n’est pas du genre à abandonner. Même si ce n’est pas toujours évident ! C’est probablement pour cela qu’il ne le fait pas tant que ça (a) Au lycée, Julian aurait pu avoir d’excellentes notes s’il avait pris le temps d’étudier. Cependant, il avait d’autres choses plus intéressantes au programme ! Une chance qu’il ait eu son bac de justesse. Ce n’est pas le cas de tous ses camarades malheureusement. Lui, il ne se serait pas vu retaper sa terminale ! Le lycée, c’est bien derrière lui à présent (a) d’autant plus qu’il avait de grands espoirs quant à son intégration à l’université pour diverses raisons. Pour la plupart illégales XD

Pendant qu’il mange, sa mère en profite pour lui parler de Callan, son frère. Leurs rapports sont très conflictuels. Pourtant, il fut un temps – qui lui semble très lointain à présent – ils étaient proches. Très soudés même ! C’est le temps et les différents chemins qu’ils ont choisi qui ont fait qu’ils se sont séparés. Peut être qu'un jour les choses changeront… pourtant, il n’a pas cet espoir là, sur l’instant. De savoir que ce dernier souhaite s’en aller à cause de lui. Enfin, c’est ce qu’il pense, ça le rend triste, mal à l’aise. De plus, il ne se voit pas expliquer pourquoi à sa mère. Il reste donc vague.

Ouais.

Répond simplement Jul’, en haussant les épaules. Il pensait que le fait de s’ouvrir à Callan les rapprocherait. Il ne voulait plus lui mentir et cettte révélation n’a fait que les éloigner d’avantage. Ce qui le pousse, fatalement, à penser que ce n’était pas une bonne idée. Julian regrette de l’avoir fait, franchement. Du coup, juste pour rassurer sa mère, il tient à lui dire qu’il tenterait de parler à son frère.

Oui enfin. Y a quand même des chances que ça ne fonctionne pas mais je ferai de mon mieux.

Souffle Julian, qui ne veut pas se faire de faux espoirs non plu. Il acquiesce en écoutant sa réponse et termine son plat de lasagnes avant de lui répondre :

D’accord x)

Ta vieille mère n’a pas besoin de finir empoisonnée (a)

Souffle Sheryl, en se remettant à rire une fois encore. Elle sait que si son fils décide de lui préparer un bon petit plat, elle n’aura aucune crainte à avoir : il fera de son mieux. En tout cas, rien que le fait de lui apprendre à faire la cuisine lui fait d’ores et déjà plaisir. La serveuse n’a pas toujours l’occasion de partager des moments privilégiés avec ses fils, surtout depuis qu’ils sont tous deux à l’université. Ils sont très occupés, souvent en dehors de la maison. Ils ont leurs vies, voilà tout. Et leur mère le comprend tout à fait, même si la sienne, de son côté, est bien moins fournie. Il faut dire qu’elle se refuse à bon nombre des opportunités qui se présentent à elle, notamment aux hommes.

Même si elle aurait préféré poursuivre leur conversation avec légèreté, Sheryl décide de parler à son fils cadet de la situation qui règne à la maison depuis quelques temps, entre Callan et lui. Elle ne supporte plus de voir ses deux fils se déchirer, d’autant que l’un d’eux parle de déménager désormais. Ce n’est clairement pas vivable. Il faut que quelque chose se passe, qu’ils se retrouvent. Pour tout dire, la serveuse ne sait pas comment, mais compte sur Julian pour lui en dire davantage. Malheureusement, son fils préfère rester dans le vague, ce qui n’aide pas sa mère à trouver des solutions. Tout ce qui lui vient à l’esprit c’est une discussion entre ses deux enfants. C’est la seule solution envisageable pour le moment, surtout si ses fils se refusent à lui dire ce qui cloche véritablement entre eux deux.

Je sais, mais ce qui compte, c’est d’essayer !

Répond Sheryl, l’air concerné. Elle sent que Julian n’est pas très enthousiaste à l’idée de cette conversation, mais elle, elle est déterminée. Elle veut qu’ils en discutent, persuadée que ça pourrait les aider. Elle est loin d’imaginer ce qui les oppose.

Merci, c'est important pour moi tu sais…

Souffle-t-elle pour finir, en posant sa main sur la sienne, et en se levant de table. Se laissant aller à bailler, la serveuse décide d’aller se coucher sans plus attendre.

Allez, je vais me coucher, je ne tiens plus debout !

Bonne nuit mon fils x)

Après avoir embrassé le front de son enfant, et lui avoir passé une main affectueuse dans les cheveux, Sheryl rejoint sa chambre. Battante de nature, la serveuse garde espoir que les choses finissent par s’arranger ~

Fin de la scène