Mr Freez VS Magnum Choco


- Une glace ça te tente ?

Loin des rues miteuses et quasi désertes de Great Falls, nous nous baladions main dans la main dans les artères les plus bondées de Milwaukee. Nos préférées avec Abi. Ici, anonymes, personne ne nous jugeait ou nous regardait de travers quand nous traversions hors des passages protégés. C’était ça la vie que j’aimais ! Pas celle où tout le quartier nous montrait du doigt à chaque fois que nous sortions ensemble.

Les premières chaleurs attiraient dehors bon nombre de citadins, mais aussi de touristes, qui s’entassaient le long des trottoirs pour prendre un peu le soleil, tout en étudiant les diverses vitrines des boutiques décorées pour le printemps. Moi je m’en foutais pas mal de toutes ces fanfreluches, mais Abi adorait ça, comme toutes les filles, non ? Alors, je prenais mon mal en patience… Jusqu'à ce que mes yeux tombent sur ce marchant de glace ambulant. Ok, il y avait la queue et on perdrait sans doute un quart d’heure pour un stupide esquimo à la vanille, mais ça serait toujours aussi sympa que de regarder les mini jupes ou gadasses à talon haut que je ne pourrais pas lui payer. Pas tant que je serais un pauvre étudiant de fac de maths. Mais, à trois dollars la glace, c’était quand même dans mon budget du moment…

Aaaaah... le soleil! Les beaux jours étaient enfin arrivés, nous faisant oublier pour de bon la rigueur de l'hiver qui venait de s'écouler. J'ai toujours eu horreur du froid! L'idée de m'emmitoufler pour pouvoir sortir sans grelotter me déprimait, je détestais la pluie, et la neige me donnait des boutons. Le soleil, la chaleur, l'été, voilà ce que j'avais toujours adoré.

Je ne pouvais donc pas me sentir mieux puisque je me baladais au soleil, main dans la main avec Chad. J'avais ressorti mes affaires d'été et avais choisi une jolie petite robe à fleurs, accompagnée de petites ballerines, pour aller faire les magasins avec lui. Il avait proposé de m'emmener à Milwaukee et j'avais ronronné de plaisir en entendant sa proposition! Lunettes de soleil sur le nez, nous marchions tranquillement, en s'arrêtant à chaque boutique de fringues. Et oui, je restais une fille, et même si je n'avais pas le budget nécessaire pour une vraie après midi de shopping, le lèche vitrine ne coûtait pas grand chose.

- Ces sandales à talons sont magnifiques... dis je pensive devant la vitrine d'un magasin de chaussures de luxe. Vu le prix, elles pouvaient l'être sans aucun doute! Je m'y voyais déjà, avec la petite jupe que j'avais repèrée deux magasins plus tôt.

- Une glace ça te tente ?

Chad me tira de ma contemplation. Effectivement, pour lui l'après midi devait être nettement moins amusante.

- Oui, avec plaisir Bébé! J'ai super chaud en plus...!

Nous nous dirigeâmes vers la file d'attente du petit marchand que je n'aurais pas repéré sans Chad. Au milieu de la foule, et les yeux attirés par les vitrines des magasins, jamais je n'aurais posé mes yeux sur lui...! Me rendant compte que nous allions avoir un peu d'attente avant d'être servi, j'en profitais pour me rapprocher de Chad et déposer un baiser léger sur ses lèvres.

- On est bien là... Merci d'avoir proposé de venir ici, c'était une super idée! Même si d'autres ont eu la même que nous, ajoutais je dans un sourire, en faisant référence aux touristes qui se pressaient sur le trottoir.

C’était donc comme ça que les filles aimaient passer leurs aprems shopping ?! A s’arrêter devant chaque boutique en étudiant les couleurs et les formes de tous les vêtements exposés en vitrine, ou à commenter les prix de plusieurs paires de godasses. Oups pardon, ballerines ! Je n’étais pas franchement fan du lèche vitrine, mais passer un moment avec Abi ne pouvait être que tendre et complice… d’autant plus que nous nous étions pas mal engueuler ces derniers temps à propos de la soirée de la Saint Valentin. Heureusement aujourd’hui toute cette histoire était derrière nous ! Alors peut-être qu’une glace calmerait ses envies fiévreuses de robes ou de toutes sortes de fringues.

- Oui, avec plaisir Bébé! J'ai super chaud en plus...! N’hésita-t-elle pas une seconde lorsque je lui proposais un arrêt chez le glacier.

- Tu t’es brulé les yeux faut dire, riais-je en l’entrainant jusque dans la file d’attente, énorme, qui s’étalait devant la petite échoppe. Au milieu de cette foule cosmopolite qui se pressait autant devant que derrière nous pour acheter un bâtonnet de crème glacée, Abi se rapprocha de moi et m’embrassa doucement. Le contact de ses lèvres était aussi léger qu’un nuage et aussi sucré qu’un bonbon que j’avais envie de croquer à pleine dent !

- On est bien là... Commença-t-elle alors que je me glissais contre elle, en passant mes mains au creux de ses reins, tout en caressant son épaules avec mes lèvres avant d’y déposer un baiser. Merci d'avoir proposé de venir ici, c'était une super idée! Même si d'autres ont eu la même que nous…

- Qui ça ? Y a que nous bébé ! Plaisantai-je en enlevant mes lunettes de soleil, comme pour mieux voir une foule que les verres m’auraient dissimulés.

Même si je souriais au gamin qui nous fixait bêtement, la bouche ouverte à gober les mouches, je n’avais pas franchement envie de penser à tous ses touristes qui nous entouraient sans se soucier de casser nos oreilles avec leurs « haaaaa » ou « hooooo regarde ! ». Peut-être que nous pourrions une place au soleil, dans un parc ou un jardin abandonné par ses propriétaires, mais loin des regards curieux !

- T’as encore d’autres boutiques à inspecter ? Demandai-je curieux de savoir dans quelle direction nous allions marcher ensuite… dans une heure sans doute si nous n’avancions pas plus de deux pas par minute jusqu'à la caisse du glacier.