Mercredi soir, 22h30.

Je quitte la maison familiale après un dernier baiser à Molly qui pelotonnée dans une couverture regarde gentiment la télé au salon. J'ai horreur de la laisser seule, surtout en sachant que Fiona n'est pas encore rentrée. Elle doit surement être accoudée au bar du Tom's en charmante compagnie, ou seule, de toute façon, je m'en moque. La seule chose à laquelle je tiens c'est qu'elle n'impose pas à ma petite soeur, la vision de sa mère dans un état lamentable.

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de me soucier plus longtemps du bien être de Molly. Bien sur, je vais surement me faire un sang d'encre pour elle toute la soirée, seulement pour l'heure, j'ai du travail.
Contrairement à mon habitude, je ne prend pas la voiture ce soir. Je n'ai pas besoin de me rendre à Milwaukee, une autre mission m'attend. Une mission presque aussi dangereuse que celle de danser nue devant de possibles habitants de ma ville, si ce n'est plus.
En effet, Douglas, mon patron m'a chargé d'un travail tout particulier, aller espionner la concurrence, glaner ci et là des informations à propos du bar qui s'est ouvert en ville. Le "Live".

Vêtue bien plus chaudement que d'habitude lorsque je part travailler, je n'ai pas beaucoup de chemin à parcourir avant d'arriver sur place. Quelques centaines de mètres tout au plus, et déjà l'entrepôt qui abrite la boite de nuit se dresse sous mes yeux. Resserrant contre moi la veste en cuir râpé modèle homme que j'ai récupéré dans une donation de vêtements, j'entre sans trop de mal dans ce bar de taille industrielle où règne une ambiance survoltée.
Ca et là, des danseuses, comme moi, se trémoussent pour le bon plaisir des clients et il me faut quelques minutes pour me détendre et "apprécier" ce que je vois. J'ai du mal à me faire à l'idée que je ne suis pas ici pour danser ce soir, pourtant, c'est une perspective qui m'enchante. Tout est bon à prendre lorsqu'il s'agit d'éviter de danser nue.
Evidemment, en général, on me propose plutôt de remplacer une serveuse malade ou des choses dans ce goût là, mais le côté légèrement plus dangereux de cette "mission" me convient tout aussi bien.

Me faufilant à travers la foule plutôt dense pour un soir de semaine, je commande rapidement un coca au bar, histoire de passer inaperçue avant de m'enfoncer un peu plus dans les profondeurs du club. Ce n'est pas très rassurant, et malgré l'air désinvolte que j'adopte en sirotant mon soda, je suis très mal à l'aise. Après tout, je suis là en reconnaissance.
Abandonnant finalement mon verre encore à moitié plein sur le bar, je continue d'avancer toujours plus loin, prenant dans un coin de ma tête quelques notes pour plus tard faire mon rapport à Douglas. L'endroit est propre, les filles souriantes, les clients on l'air plutôt contents. Jusqu'ici rien à redire.
Repérant les toilettes, je décide d'aller y jeter un oeil quand finalement mon regard est attiré par une porte close quelques mètres plus loin. "Privé" indique le panonceau. C'est ce qu'on va voir...!

Après quelques regard alentours afin de vérifier que personne n'a remarqué ma présence ici, j'entrouvre la porte et me glisse à l'intérieur avant de refermer soigneusement derrière moi. La main encore sur la poignée, j'observe rapidement la pièce dans laquelle je me trouve. Un bureau. Un léger sourire s'affiche sur mon visage. Je crois que je n'aurais pas pu mieux tomber.
Lâchant finalement la poignée, je m'avance dans la pièce et commence à fouiner un peu tout en tendant l'oreille au cas où quelqu'un se déciderais à entrer. J'en profite pour étudier les quelques cachettes susceptibles de s'offrir à moi si jamais on me surprenais ici. On dirait presque que j'ai fait ça toute ma vie. Seulement, si je suis calme en apparence, mon coeur bat lui à toute vitesse dans ma poitrine. Respirant longuement afin de me calmer, je finis par ouvrir au hasard les tiroirs du bureau, soulevant les papiers. Au détour de l'un d'eux, je tombe sur un sachet d'herbe et quelques pilules blanches qui m'arrachent un sourire. Je ne suis pas experte, mais je sais tout de même de quoi il s'agit. Mais n'étant pas consommatrice, je m’abstiens d'y toucher. Je continue donc mes petites recherches. J'ai finalement à peine le temps de refermer le tiroir lorsque j'entends une voix masculine s'élever derrière la porte. Mes yeux, comme fous se figent sur la poignée de la porte qu'on actionne. Je suis piégée...

J'ai pourtant repéré une ou deux cachettes, seulement mon corps refuse de m'obéir et je reste là, prise sur le fait... Screwed.

[J'espère que ça ira ! ♥]

Ce n’est pas tous les soirs que les filles se produisent dans son bar, mais en semaine, le « Live » a une clientèle moins jeune, et ce genre de shows rapporte gros. Luke Hansen n’a jamais été branché « études ». Il n’a d’ailleurs pas traîné dans le coin après le lycée, et a essayé de faire sa vie en dehors de Great Falls. Ça a été un bel échec, mais tout ça remonte à loin désormais… ! Et depuis, on peut dire que le jeune homme sait parfaitement bien gérer sa vie. Oh, peut-être pas de manière légale, non… Mais il se fait un joli petit paquet de fric par mois, et il sait, aussi, se faire respecter. C’est tout ce qui l’intéresse. Ses affaires fonctionnent, tournent bien… Il a toujours aimé faire des envieux. C’est une sorte de vengeance personnelle. Un pied de nez à ceux qui le prenaient pour un incapable.

Et puis, récemment, à un tout autre niveau, le jeune homme a vu sa vie changer. Il sait que la grossesse de Megan va avoir un impact important sur sa situation, mais Luke est toujours en cours de réflexion, notamment pour ce qui concerne ses affaires plus ou moins légales. Il songe à tout arrêter. Qu’il finisse derrière les barreaux, avant, n’avait pas franchement d’importance. S’il devient père, la donne va considérablement changer. Aucune décision n’a été prise pour le moment. En fait, en ville, peu de gens sont au courant de la nouvelle. Certains vont sans doute s’en donner à cœur joie, d’ailleurs ! Faut dire que Luke et Megan ne s’approchent pas vraiment de la famille idéale. Ils ne sont même plus ensemble ! Mais peu importe. Le jeune homme a décidé de prendre ses responsabilités. Pour une fois, il va faire quelque chose de bien. Ça le rend d’ores et déjà un peu nerveux d’ailleurs ! C’est tout de même un contrat pour 18 années minimum qu’il vient de signer là ! Par chance, ses affaires l’aident à se changer les idées, et lui évitent de ne songer qu’à ça. L’herbe, la cigarette et la bière ont aussi de très bons effets relaxants (a) Il a d’ailleurs tendance à en abuser dernièrement. Heureusement, même le mélange des trois ne le met pas à côté de ses pompes. En bon consommateur régulier, il lui en faut bien davantage pour ça.

Le dealer est temporairement derrière le bar, pour remplacer un de ses employés, qui vient de partir en pause. Servant deux ou trois clients, il jette en même temps quelques coups d’oeil aux jolies filles qui passent sur scène et qui remportent toutes un succès fou auprès de la clientèle. Il est loin d’imaginer qu’un de ses concurrents a eu dans l’idée ce soir de missionner une de ses danseuses pour l’espionner… ! S’il le savait, il sera plus flatté qu’en colère pour tout dire. La preuve que son affaire fonctionne, en somme.

Cela fait bien 20 minutes que Luke est coincé derrière ce foutu comptoir, à attendre le retour de son barman. Fatigué d’être bloqué là alors qu’il a bien mieux à faire ce soir (notamment se rouler un autre joint), le patron du « Live » interroge sans plus tarder une de ses serveuses, pour savoir où est passé son collègue. Quand elle lui apprend qu’il est aux toilettes, le jeune homme quitte le bar pour aller le trouver, et lui dire deux mots. Il tombe justement sur lui à la sortie des WCs, et n’hésite pas à lui remonter les bretelles, avec sa délicatesse habituelle (a)

Je peux savoir ce que tu faisais, sérieux ?! J’ai autre chose à foutre ~

Le barman s’explique brièvement avant de s’éclipser, laissant Luke ronchonner et se diriger vers son bureau ensuite. Il n’aime pas les glandeurs, même s’il en est un ! Ouvrant la porte de la pièce qui lui est réservée, une pièce parfaitement bien aménagée d’ailleurs, le gérant espère être enfin tranquille, avant de s’arrêter net, en découvrant une jeune femme à l’intérieur. Ses sourcils se froncent aussitôt, tandis que son sang ne fait qu’un tour. Qui est cette meuf ?!

Putain mais t’es qui toi ?!

Le jeune homme est peut-être un peu à côté de la plaque dernièrement, mais il sait pertinemment que cette fille ne fait pas partie de ses employés. Cependant, il vit depuis suffisamment longtemps à Great Falls pour savoir que ce visage lui est familier. C’est une habitante du coin. Cela dit, ça ne lui donne pas la raison de sa présence dans son bureau. Remontant les manches de sa chemise noire sur ses avant-bras, et dévoilant ainsi certains de ses imposants tatouages, Luke se rapproche de l’intéressée, les sourcils froncés :

Et me sors pas que tu t’es perdue !

Ajoute-t-il, avant qu’elle n’ait eu le temps d’en placer une.

[C'est parfait ]

Il faut bien dire les choses, je n'aime pas mon job. Monter sur scène tout sourire et me déshabiller sous l'oeil hagard des clients moitiés saouls du "Paradise" me donne des frissons de dégoûts. Mais ce soir, les choses sont différentes. Si les clients avinés du "Live" ne valent pas mieux que ceux que sert Douglas, j'ai au moins la chance d'être vêtue de la tête aux pieds.
Heureusement d'ailleurs, car c'est tout sauf le moment pour moi de me faire remarquer.

Après tout, je suis tout de même en train de fouiller dans le bureau du gérant. C'est du moins ce que je devine en voyant les factures dans les tiroirs accompagnés de quelques CV. Evidemment, je ne prend pas vraiment la peine de tout détailler. Je suis à la recherche d'autre chose. Quoi...? Je n'en sais rien. Il faut dire que Douglas n'a pas vraiment été très clair sur ce sujet. J'ouvre donc quelques tiroirs du bureau espérant trouver quelque chose qui puisse servir à mon patron. Dans un, je découvre un peu de drogue mais je ne m'arrête pas sur ce détail. Après tout c'est un club ici, il est plutôt normal de trouver ce genre de substances. Peut-être même s'agit-il de marchandises "confisquées" par des vigils. Au fond peu m'importe, je n'estime pas ces quelques pilules et ce malheureux sachet d'herbe comme ayant une grande valeur. Du moins pas en tant que pièces compromettantes, car je suis certaine qu'il y en a pour de l'argent malgré tout.

Refermant finalement le tiroir qui ne m'apporte rien de très intéressant, j'ai tout juste le temps de me redresser avant de voir la porte s'ouvrir, laisser entrer un homme et se refermer. Et je reste là, comme une idiote, prise la main dans le sac... Si après ça Douglas ne me vire pas, je jure de ne plus jamais me plaindre de mon job...
Les lèvres légèrement entre ouvertes, je cherche à toute vitesse une réponse à la question que me pause le jeune homme en face de moi. A le voir remonter les manches de sa chemises sur ses avant bras, je devine qu'il n'est pas très heureux de me trouver là, mais je m'apprête malgré tout à lui donner l'excuse la plus bête au monde avant qu'il ne la réduise à néant... Pour jouer le rôle de la blonde idiote qui cherche les toilettes, je repasserais... Heureusement pour moi, une nouvelle idée me traverse l'esprit. Avec un peu de chance, je suis sauvée...

Je suis venue pour un job... On m'a dit d'attendre ici...

Petit sourire.
J'ai souvent entendu dire que quand on crois sois même à ses mensonges, il devient plus facile de les faire croire aux autres. J'essaye donc de me persuader que mon excuse est la bonne. Après tout, je pense être plus que qualifiée pour venir danser ici, pas la peine d'avoir fait Julliard pour remuer des fesses, n'importe quelle dinde y arriverait... J'en suis la preuve vivante...

Luke n’est pas d’excellente humeur lorsqu’il s’emporte contre son serveur qui, il faut bien le dire, n’en branle pas une ces derniers temps. Malheureusement pour lui, ses chances de s’isoler tranquillement dans son bureau s’évanouissent soudainement, lorsqu’il tombe nez à nez avec une blonde. Au premier coup d’œil, elle a l’air prise sur le fait, et les idées fusent dans l’esprit du jeune homme. D’abord, c’est l’incompréhension la plus totale qui règne de son côté, à tel point que les premiers mots qui lui viennent à la bouche ne sont pas franchement empreints de gentillesse. Les sourcils froncés, remontant les manches de sa chemise noire sur ses avant-bras, le gérant attend une explication de la part de l’inconnue, et une bonne, surtout. D’ailleurs, il préfère lui dire illico que la bonne vieille excuse du « je me suis perdue » ne fonctionnera pas avec lui sur ce coup-là.

Ce qui l’intrigue, c’est qu’elle soit derrière son bureau. Elle aurait été de l’autre côté, ça l’aurait moins choqué, mais là, c’est tout de même surprenant. Un instant, le jeune homme songe à la drogue qu’il dissimule dans l’un de ses tiroirs. Il n’y en a pas suffisamment pour qu’il soit qualifié de dealer, mais assez pour un petit séjour chez les flics. De toute façon, cette fille ne fait pas partie de la brigade de Great Falls, et elle n’a pas l’air d’être membre de la police. C’est justement ce qui l’intrigue encore plus, car il ne voit pas ce qu’elle vient faire là. Peut-être a-t-elle entendu parler de ses « services », et qu’elle voulait se servir en substances « magiques », sans payer ? La blonde justifie sa présence dans la pièce en indiquant qu’elle cherche tout simplement du travail. Le jeune homme secoue la tête. Il est sceptique. Il n’a peut-être pas fait d’études supérieures, mais Luke est loin d’être bête. A lui, on ne la fait pas ! Sans doute parce que lui-même, niveau excuses bidons, il a déjà vachement donné…!

Ah ouais ?

Et tu t’es dit que t’allais t’installer à mon bureau, aussi ?

Souffle-t-il, en esquissant un sourire lui-aussi, mais pas d’une manière tout à fait aimable, plutôt un sourire du genre « me prends pas pour un con ». Il y a un canapé dans la pièce, des fauteuils en face du bureau, aussi, pour les visiteurs ! Son histoire ne tient pas franchement debout, mais le jeune homme ne s’imagine pas la coincer dans son bureau jusqu’à obtenir des aveux. Il n’envisage pas d’appeler la police non plus, d’abord parce qu’il dissimule de la drogue dans cette pièce, mais aussi, et surtout, parce que sa fierté l’empêchera toujours de faire appel à eux. Il n’est pas une balance.

Souhaitant passer de l’autre côté du bureau, de son côté, Luke s’adresse de nouveau à la blonde, droite comme un piquet, au beau milieu du chemin :

Bouge tes fesses, tu veux ?

Lorsqu’elle s’exécute, Luke a suffisamment de place pour passer, et se laisse tomber dans son fauteuil en cuir. Toujours aussi sceptique, il arbore une moue en permanence, mais finit par lui demander, en posant un regard inquisiteur sur elle :

Admettons que tu viens pour un job. Qu’est-ce que tu sais faire ?

Attrapant son paquet de cigarettes - qu’il avait laissé un peu plus tôt sur son bureau - Luke pince une clope entre ses lèvres, puis l’allume, sans quitter la blondinette du regard. Voyons comment elle s’en sort à présent ~

Evidemment, mon excuse ne fait pas mouche. Il faut dire que toutes les apparences jouent en ma défaveur. Seulement, je ne compte pas m'avouer si vite vaincue, j'ai encore quelques cordes à mon arc. Aussi, lorsque le jeune homme m'interroge sur ce qui motive ma présence derrière son bureau, j'hausse légèrement les épaules sans cesser de le regarder dans les yeux. Mon insolence risque de ne pas jouer en ma faveur, mais je n'ai pas l'intention de me laisser écraser.

Non, mais je commençais à trouver le temps long, je me suis permis une petite visite...

Ce n'est sans doute pas le bon argument, et je ne risque pas de m'attirer ses faveurs en me plaignant du temps qu'il a mit à venir, mais après tout je ne suis pas là pour ça.
M'éloignant du bureau lorsqu'il me le demande, je fais quelques pas dans la pièce avant de me laisser tomber lourdement dans le canapé sans le quitter des yeux. Passant une main dans mes cheveux afin de dégager mon visage, je l'observe un instant sans ciller avant qu'il ne se décide enfin à me poser une question qui me ravis. Je ne suis peut-être pas vraiment là pour un job, je ne tiens pas à ce que toute la ville sache ce que je fais pour survivre, mais j'ai tout de même de quoi le lui faire croire.
En effet, si je n'ai reçu aucune formation en danse et encore moins en hôtellerie, je sais bouger, suffisamment pour que les clients de Doug applaudissent. Quant au fait de porter un plateau, je sais à présent même le faire perchée sur vingt centimètres de talons. Alors forcément, je ne me retiens pas de sourire. S'il veut voir du spectacle, il va être servit.

Mais avant de lui répondre, je décide d'adopter le même comportement que lui, en plus désinvolte sûrement, car je peux sentir qu'il se méfie encore de moi tandis que de mon côté, je sens le stress me quitter. Sortant mon propre paquet de cigarettes de la poche intérieure de ma veste, j'en fais rouler une entre mes lèvres avant de l'allumer.

Tu permets?

Evidemment, il est un peu tard pour demander la permission mais peu m'importe. Je tire lentement sur ma cigarette avant d'expirer avec la même lenteur la fumée vers le plafond.

Tu veux savoir ce que je sais faire donc...? Ca dépend ce que tu cherches, je danse, je prépare les boissons, je les sert...

Je l'ai dit, j'ai plus d'une corde à mon arc. C'est sans doute un atout, pourtant, en temps normal, je suis loin de m'en vanter, j'ai plutôt tendance à cacher mes "talents". Seulement, si je veux avoir une chance de sortir d'ici aussi libre que je suis entrée, j'ai plutôt intérêt à ce que mon "mensonge" tienne la route.

Luke sourit en entendant la jeune femme lui répondre. Il sait qu’elle lui raconte un beau ramassis de conneries, mais elle a le mérite de le faire bien. Elle le regarde dans les yeux, fait preuve de répartie. Elle ne manque visiblement pas de répondant, et c’est une qualité que le jeune homme apprécie, et qu’il partage :

Oh, je savais pas, tu veux peut-être que je te demande pardon aussi ?

Le jeune homme ne la quitte pas des yeux lui non plus. Si elle s’attend à ce qu’il lui fasse des excuses, ou même à ce qu’il gobe ses mensonges, c’est raté. Cela dit, il ne voit pas ce qu’il peut faire pour lui faire cracher la vérité. Il serait tombé sur un mec, il aurait pu se montrer violent pour tenter de le faire parler. Seulement même si Luke n’a pas beaucoup de principes, il ne lève tout de même jamais la main sur les femmes.

Lorsqu’il se laisse tomber dans son fauteuil en cuir, Luke repère son paquet de cigarettes, laissé sur un coin de son bureau, et s’en empare sans attendre. Il perçoit du coin de l’œil la jeune femme, qui vient de s’installer sur le canapé de la pièce. En reposant son regard sur elle, le jeune homme reprend la parole, afin de savoir ce qu’elle est capable de faire, si elle est réellement à la recherche d’un travail. Avant de se lancer, la blonde décide de l’imiter en portant une cigarette à ses lèvres. Luke ne lui répond pas lorsqu’elle l’interroge, d’abord parce qu’il s’en fout qu’elle clope ou non dans son bureau, et aussi parce qu’elle n’a pas réellement besoin de son autorisation. Du côté du jeune homme, le stress n’est aucunement palpable. Par contre, il se méfie toujours beaucoup de son interlocutrice, et son front reste légèrement plissé lorsqu’il l’écoute parler.

Ah ouais, tu danses ?

Reprend Luke, en penchant la tête, pour mieux reluquer sa silhouette. Elle est pas mal fichue, quoi qu’un peu maigrelette (a) Si elle a vraiment de l’expérience et qu’elle a déjà dansé dans des bars, son regard indiscret ne devrait pas la gêner. Le jeune homme redresse la tête pour la fixer à nouveau dans les yeux. Il reprend une taffe.

Et c’est quoi, ton style ?

Le gérant du « Live » esquisse un sourire. Si tout ce qu’elle sait faire, c’est se trémousser devant un public, ça n’a pas grand intérêt. Il veut savoir si elle fait du strip, si c’est de l’intégral et sur quel genre de musique, etc. Le jeune homme ne cherche pas de serveuse, surtout si elles ont son physique et qu’elles peuvent monter sur scène. Le dealer ne se voile pas la face, c’est bien ce genre de nanas que les mecs veulent voir se déshabiller ! Même si là, sur le moment, la blonde lui semble un peu trop… froide. Cela dit, ça, ça peut encore s'arranger.

Même si il se met à sourire, j'ai du mal à faire confiance à ce type. Quelque chose dans son attitude ne me plait pas même si je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Les yeux braqués sur lui dans une attitude de défi pur et simple, je lui raconte le premier mensonge qui me vient à l'esprit.
Je suis assez surprise par mon aptitude à mentir ce soir, moi qui manque habituellement de tact, je me découvre un talent certain dans le domaine ce qui me permet d'afficher une sérénité totale.

Ca serait un bon début...

J'esquisse un sourire malin dans sa direction avant de me déplacer pour me laisser choir dans son canapé. Evidemment, je ne m'attends pas à ce qu'il m'adresse de réelles excuses, ni même d'excuses tout cours, mais je préfère continuer de jouer la carte de la fille sure d'elle. Avec un peu de chance, ça m'évitera de trop gros ennuis.
Prenant son silence pour consentement, je laisse finalement ma cigarette allumée, tirant allègrement quelques bouffées dessus sans pour autant le quitter des yeux. Encore une fois, je préfère l'avoir dans mon champ de mire, question de sécurité.
Remarquant son léger intérêt lorsque je lui expose mes diverses compétences, je me contente d'hocher la tête tout en expirant une longue trainée de fumée. En effet, je danse, comme les autres filles qu'il embauche dansent. Seulement, si je suis habituée à ce que l'on détaille la moindre de mes courbes lorsque je suis sur scène, je n'apprécie pas pour autant son regard qui s'attarde sur mon corps. Serrant légèrement les mâchoires, je me décide tout de même à lui parler de mon fameux "style".

T'appelles ça comment toi, ce que font tes "filles" dehors...? Striptease? Effeuillage? Peu importe, je sais faire.

Voilà bien une phrase sur laquelle je ne ment pas. En l'espace de quelques mois, j'ai appris à sourire tout en me déshabillant devant le regard lubrique de centaines d'inconnus. J'ai mis ma fierté de côté pour permettre à ces hommes d'observer des courbes que personne n'a encore ne serais-ce que frôlé et du style, il faut croire que j'en ai puisqu'on me réclame encore et toujours.

Bien entendu, je ne m'attends pas à ce qu'il me croit sur parole. Se déshabiller, tout le monde sait le faire. Le faire en musique, quelques uns s'y risquent, mais le faire avec classe et sensualité, ce n'est pas donné à tout le monde. Je suis bien placée pour le savoir puisqu'avant de monter sur la scène du "Paradise", j'ignorais totalement que j'étais capable d'être si... Femme.

Son aplomb est impressionnant, et Luke décroche un nouveau sourire en entendant sa réponse. Elle ne se débine pas, c’est hallucinant ! Même si ça ne l’arrange pas vraiment, car il ne connaît toujours pas le véritable objet de sa « visite », le gérant du « Live » trouve ça drôle en un sens. Cette fille a du caractère… !

Ce qui serait un bon début, c'est que t’arrêtes deux secondes tes salades, surtout.

Luke esquisse un sourire, encore un autre. Non, il ne compte pas lui faire d'excuses, certainement pas. Il sait bien qu’elle ne l’attendait pas vraiment, il sait qu’il l’a prise sur le fait. Qui plus est, si elle s’était réellement pointée pour un job, aucun de ses employés ne l’aurait conduite dans son bureau. Luke n’aime pas qu’on y mette les pieds durant son absence. Toute son histoire, c’est du flan, mais le jeune homme ne sait pas comment parvenir à l’amener à la vérité. Il doute y arriver, alors il décide d’entrer dans son jeu, et de savoir ce qu’elle recherche, comme boulot. Au passage, il s’allume une clope. Ça lui permet de se détendre un minimum, même s’il se méfie encore. Il faut dire qu’il ne comprend pas ce qui pourrait pousser quelqu’un à venir fouiller son bureau, à part les flics, bien sûr. Il est loin d’imaginer qu’elle fait dans l’espionnage « industriel ».

Lorsque la blonde fait mention des « filles » qui travaillent pour lui, Luke affiche un air plus sérieux. C’est vrai, beaucoup de gens en ville espèrent voir un jour son bar fermer. Les stripteaseuses font apparemment « mauvais genre », et on aimerait voir son établissement devenir un tantinet plus « respectable ». Seulement son affaire marche bien, et les filles se sentent bien ici. Pour certaines, c’est davantage un job d’appoint qu’une véritable vocation mais, au « Live », elles se sentent en sécurité. Leur patron est quelqu’un de réglo, qui les défend lorsqu’elles en ont besoin, et qui les paie à fréquence régulière. Il prend bien soin d’elles, il ne les traite pas comme du « bétail ». Et, vis-à-vis d’elles, Luke est carrément protecteur. Il se fout de leur mettre une étiquette sur le dos. Elles savent ce qu’elles ont à faire, et elles s’y emploient, certaines avec plaisir, même. C’est à peu près tout ce qui compte.

Je voulais juste m’assurer qu’on était sur la même longueur d’ondes.

Explique le dealer, avant de faire tourner son fauteuil sur lui-même, pour atteindre le mini frigo derrière lui. Il en sort deux bières bien fraîches, puis fait volte-face, et jette un nouveau coup d’œil à la blonde, dont il ne connaît même pas encore le prénom.

T’en veux une ?

Autant se détendre un minimum, c’est peut-être en faisant preuve de sympathie qu’elle voudra bien lui parler ? Rien n’est moins sûr, Luke craint de ne pas être capable de bien la cerner. Il la regarde un instant, en fumant sa clope, puis finit par reprendre leur discussion, au sujet du job :

T’es prête à passer une audition ?

Si jamais elle a dit vrai jusqu’à maintenant, et que c’est réellement un job qu’elle recherche, alors elle devra forcément en passer une. C'est la règle, ici.

[Désolée, j'avais pas vu que tu m'avais répondu ^^']

Sourire. Je suis démasquée, il ne me fait clairement pas confiance et ne crois en aucun cas mes mensonges j'en suis certaine, pourtant, je ne me démonte pas. J'ai bien l'intention de ressortir d'ici en un seul morceau et aussi libre que je suis entrée. Et pour cela, il me faut ruser. Haussant les sourcils dans un petit air de défi, je me contente de continuer à le fixer tout en tirant sur ma cigarette avant d'expirer longuement ma fumée dans sa direction camouflant mon visage l'espace de quelques secondes. Si ce sont des aveux qu'il tient à m'arracher, il peut toujours courir.

Plutôt que de lui donner ma tête sur un plateau d'argent en lui confessant la véritable raison de ma présence ici, je continue de m'enfoncer un peu plus dans mon mensonge. Il faut dire que j'en ai les moyens. C'est un club, un club qui offre qui plus est l'occasion de voir quelques prestations de stripteaseuses. Alors forcément je suis ici dans "mon élément". Evidemment, c'est assez prétentieux, pour ne pas dire totalement faux puisque je n'ai rien d'un poisson dans l'eau lorsque je danse. Seulement, je connais à présent suffisamment le métier pour me permettre de me faire passer pour une fille à la recherche d'un job. Après tout, il ne s'agit de rien de plus que ce que je fais trois soirs par semaines au "Paradise".

Malgré tout, je préfère m'assurer qu'en parlant boulot nous entendons tout les deux la même chose, et c'est visiblement le cas puisqu'il me confirme son propre désir de vérifier que nous somme bien tout les deux sur la même longueur d'onde.
Tirant une dernière fois sur ma cigarette, je me relève rapidement pour l'éteindre dans le cendrier tandis qu'il se retourne pour attraper quelque chose dans un mini frigo derrière lui. Voilà quelque chose que je n'avais pas remarqué jusqu'ici, et pour cause, je doute que cette information soit cruciale pour Douglas, a moins qu'il ne cherche à refaire la décoration de son bureau...?
Me rasseyant dans le canapé étirant l'un de mes bras sur le dossier m'appuyant du coude de l'autre sur l'accoudoir, je décline d'un signe de la tête son offre. Je ne bois pas, question de principe, je ne tiens pas à ressembler à ma mère...

Non merci.

Peut-être cherche-t-il à me saouler pour obtenir des aveux de ma part? J'en doute, mais si tel était son idée, c'est un échec.
Ne le quittant toujours pas des yeux, j'hausse un sourcil lorsqu'il me propose de passer une audition. Maintenant tout de suite? J'avoue que sa proposition me surprend légèrement. Seulement, j'ai un rôle à tenir si je ne veux pas me faire prendre. C'est pourquoi je fini par hocher la tête.

Pourquoi pas.

J'hausse les épaules mine de rien, mais je suis tout de même un peu tendue. Je crains qu'il ne me propose de me produire directement en publique pour tester mes capacités à attirer l'oeil du public. Je n'ai pas vraiment envie que tout les poivrot de Great Falls me voient à moitié nue pour une simple affaire d'espionnage alors que je m'évertue à cacher mon activité depuis des mois. J'attends donc qu'il me propose de me déshabiller là, dans son bureau. Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal, mais je préfère encore que ce soit lui qui pose son regard sur moi dans l' "intimité" de cette pièce, plutôt que la centaine de personnes présentes ici ce soir.

[A un moment, je me suis demandé si t’étais pas en train de me snober (a) XD]

Luke comprend très vite qu’il a affaire à une dure à cuire. Quelque part, il peut comprendre la position de la jeune femme. Elle a raison de s’en tenir à son histoire si elle ne veut pas être démasquée. C’est la meilleure attitude à adopter. Cela dit, lui, par contre, on ne peut pas dire que ça l’arrange vraiment, au contraire. Il sent de plus en plus qu’il ne va pas réussir à les tirer les vers du nez. Pourtant, Dieu sait qu’il aimerait savoir ce qu’elle faisait dans son bureau. Cette fille n’est pas flic, il connaît trop la brigade de Great Falls pour le savoir. Alors, que faisait-elle là, derrière son bureau ? Il sait bien qu’elle n’est pas venue chercher un emploi comme elle le prétend, ce n’est pas dans cette pièce que l’auraient conduite ses employés… Sur ce coup-là, le dealer sèche un peu, et on peut dire que ça l’agace en un sens. Habituellement, il est bien plus malin que ça… ! Et en même temps, cette situation l’amuse. Il aime l’entêtement de cette fille. Il faut reconnaître qu’elle ne fait pas les choses à moitié.

Ne la quittant pas des yeux, Luke espère peut-être avoir une révélation en croisant son regard. Malheureusement, rien ne se passe. La blonde se lève pour éteindre sa cigarette, et le gérant du « Live » se retourne, pour ouvrir le petit frigo positionné derrière lui. Ce n’est pas une bière qu’il sort, mais deux, pas pour faire preuve de politesse, mais plutôt parce qu’il considère que le moment est peut-être venu de se détendre un peu. Lorsqu’il pose les deux bouteilles sur son bureau, il demande à la jeune femme si ça lui dit d’en boire une. Lorsqu’elle refuse, Luke roule des yeux. C’est vraiment pas une rigolote dans son genre, et elle ne semble pas vouloir faire la moindre trêve. Soit.

Le jeune homme garde ses commentaires pour lui, et ouvre sa bière avec facilité, avant de la porter à ses lèvres. Il tend son autre main vers le cendrier sur son bureau, pour écraser sa clope à son tour. Ce n’est qu’ensuite qu’il reprend la parole, au sujet du job. Puisqu’elle prétend être venue pour cette raison, Luke compte la tester un peu. Elle ne voudra rien lui dire, alors autant la pousser à bout… ! Et voir un peu ce qu’elle a dans le ventre…

Ya trop de monde ce soir, je peux pas prendre le risque de te faire monter sur scène.

Luke ne sait pas si cette fille est réellement capable de danser et ne préfère pas la faire monter sur scène au milieu de ses autres employées pour le vérifier. Les clients qui assistent aux spectacles des danseuses du « Live » viennent pour la qualité des shows, et la beauté des filles. Si celle-ci est plutôt très jolie, elle pourrait s’avérer être une véritable catastrophe une fois sur scène. Le gérant préfère donc rester un minimum prudent sur ce coup-là. Tenant sa bière entre ses doigts, il reprend la parole, toujours dans le but de la tester un peu (a)

Soit t’auditionnes là devant moi, soit tu reviens une autre fois, comme tu veux.

Le jeune homme lui offre clairement une porte de sortie. Il sait pertinemment que si la blonde choisit la seconde proposition, il ne la reverra sans doute pas de si tôt dans son bar. A l’inverse, si elle accepte de lui faire un show privé, c’est qu’elle est déterminée, soit à obtenir un job, soit à préserver son secret. Ça ne fera que semer davantage le doute dans l’esprit du dealer. Son regard se pose sur elle. Il attend sa réponse. Cette fille n’est pas à l’abri de le surprendre une fois de plus…

[Loin de moi cette idée ^^ J'avais juste compté sur le lien "nouveaux messages depuis votre dernière visite" plutôt que d'aller voir dans mes messages ^^ Je me méfierais à l'avenir x) ]

Observant le gérant du "Live" ouvrir sa bouteille avant d'en prendre une gorgée, je continue de rester impassible, le fixant droit dans les yeux sans sourciller afin de lui faire comprendre qu'il ne m'effraie pas. J'ai beau être celle qui a été prise en mauvaise posture, je n'en adopte pas pour autant une position de soumission. Bien au contraire. Je m'applique à jouer parfaitement le rôle que je me suis fixé. Si je veux qu'il croit à mon mensonge, ce dont je doute fortement, autant pousser dans les détails puisque la situation me le permet.

C'est pourquoi j'accepte son offre lorsqu'il me propose de passer une audition. Après tout, j'ai passé celle du "Paradise" sans trop de difficulté sans avoir jamais dansé de ma vie, alors après quelques mois de pratique sur la scène du bar de Douglas, je pense être à même de réussir celle ci même si je ne compte pas vraiment travailler pour lui.

Soulagée de voir qu'il refuse de me faire monter sur scène, j'esquisse un sourire malin jusqu'à ce qu'il me fasse une nouvelle proposition. Soit je danse ici dans son bureau, soit je suis libre de partir et de revenir une autre fois...
Evidemment, j'envisage dans un premier temps la seconde option. Partir me permettrais de quitter les lieux rapidement et d'être débarrassée de son regard inquisiteur, seulement, au fond, quelque chose me dit qu'il ne s'agit pas d'une très bonne idée. En partant, immédiatement, je risque de compromettre mon mensonge. Je devrais m'en moquer bien sur, seulement je craint qu'il ne se décide à me questionner d'avantage sur les véritables raisons de ma présence ici si jamais je choisis de prendre mes jambes à mon coup.

Après quelques secondes de latence durant lesquelles je pèse le pour et le contre, je fini par croiser de nouveau son regard avant de lui donner ma réponse.

Tache de choisir une bonne musique.

Je lui lance un nouveau sourire plein de défi avant de me lever et d'attraper les papiers qui trainent sur son bureau, débarrassant l'espace dont je compte éventuellement me servir, avant de les poser sur l'assise du canapé. Quelque soit la musique qu'il va mettre, j'espère être en mesure d'improviser. Evidemment, mes vêtements ne sont pas vraiment adéquats, mais peu importe, je suis sensée être là pour un travail, rien ne devrait m'arrêter.
Envoyant valser mes rangers trop lourdes, dans lesquelles je dépose mes chaussettes, je me retrouve pieds nus à attendre le top départ.
Il veut du show? Il va être servit...

[Héhé, c’est un piège ce lien ! ^^]

La cigarette qu’il vient de fumer ne l’a pas complètement détendu. Luke s’interroge quant à la présence de cette fille dans son bureau, cette fille dont il ne connaît toujours pas le nom. Il sait que quelque chose cloche, et même s’il n’est pas capable de mettre le doigt dessus pour le moment, il espère que la jeune femme va finir par faire une erreur, notamment en laissant échapper une information cruciale, par exemple. Il a en effet compris qu’elle ne parlerait pas. C’est une dure à cuire… ! Et quelque part, c’est un trait de caractère qui lui plaît. Si elle a réellement quelque chose à cacher, elle a parfaitement raison d’agir ainsi. Si les positions avaient été inversées, le dealer aurait adopté la même attitude. Bien sûr, ce comportement ne l’arrange pas vraiment pour finir, mais Luke n’a pas d’autre choix que de faire avec. Il se voit mal appeler la police, déjà parce qu’il n’a jamais été une balance, mais aussi parce que les flics eux-mêmes ne pourraient rien faire. Rien ne prouve que cette fille ait fait quoi que ce soit de réellement condamnable…

Même s’il refuse de la faire monter sur scène, Luke ne s’avoue pas vaincu pour autant. Il lui propose d’auditionner là, maintenant, devant lui. Si c’est réellement une professionnelle, elle n’hésitera pas à se prêter au jeu. A l’inverse, si c’est une menteuse, la blonde optera pour la seconde solution. Le dealer ne la quitte plus des yeux lorsqu’il attend sa réponse. Il se demande comment elle va se sortir de ce mauvais pas… Mais la blonde le surprend une fois de plus, en choisissant de relever son défi. Décidément, elle n’a vraiment pas froid aux yeux ! Luke esquisse un sourire ~

Je devrais pouvoir te trouver ça.

Le jeune homme la laisse s’installer à sa guise, avant de se lever de son fauteuil en cuir, pour atteindre la chaîne sur un meuble, près de son bureau. A dire vrai, il ne sait pas quelle musique mettre, et fouille dans ses CD un instant. Lorsqu’il tombe sur le premier album du groupe « Rage Against The Machine », le dealer a un éclair de génie. Puisque cette fille semble aussi rock’n’roll que lui, et qu’il a toujours trouvé une de leurs chansons assez sensuelle, Luke se décide donc pour « Killing in the name ». Les quarante premières secondes du morceau ne reflètent pas l’idée qu’on peut se faire d’une musique pour danser, mais les notes suivantes sont nettement plus lascives. Esquissant un sourire quand la chanson commence, Luke retourne s’installer sur son fauteuil. Il attrape sa bière, et s’installe confortablement, prêt à assister à ce « spectacle ». De toute manière, peu importe la musique finalement. Si c’est une bonne danseuse, elle devrait être en capacité de le convaincre sur n'importe quel morceau.

Luke avale une dernière gorgée de bière, avant de reprendre la parole :

A toi de jouer.

Le regard du dealer est clair ; il la met au défi d’aller jusqu’au bout. Même s'il n'a pas l'habitude de faire passer des auditions dans de telles conditions, lui, il ne se défilera pas !

[Complètement oui ^^. En tout cas, j'adore la chanson que tu as choisis ! ]

Debout face à cet homme dont je suis incapable de me rappeler le prénom bien que je l'ai entendu plus d'une fois en ville, je l'observe fouiller dans ses CDs à la recherche du morceau sur lequel il compte m'évaluer. Je suis légèrement plus tendue qu'auparavant, je déglutit avec difficulté tandis qu'il glisse le disque dans sa chaine hifi et démarre un morceau. Statique, j'écoute les première minutes avec attention afin de m'imprégner de la musique. Je reconnais finalement très rapidement l'une des chansons d'un groupe que j'apprécie. Ce n'est pas le genre de musique sur laquelle me fait habituellement danser Douglas, mais son choix me parait tout à fait opportun.

Laissant défiler la partie qui ne me parait pas appropriée pour danser le temps qu'il se réinstalle confortablement, je finis par lui tourner le dos au moment où le chanteur prend la parole. Dès lors, je m'applique à reproduire les mouvements que l'on m'a appris au court des derniers mois. Resserrant tout d'abord ma veste de cuir autour de moi, je me retourne vers lui au moment de l'ouvrir laissant apparaitre mon débardeur noir tandis que mon corps se meut sur la musique. Je laisse alors glisser ma veste le long de mes épaules tirant d'un côté puis de l'autre au rythme de la musique tout en lui lançant des oeillades incendiaires le temps de me débarrasser de mon cuir que j'envoie valser sur le canapé.
Faute de barre, j'opte pour le bureau que j'ai libéré. Je commence par m'assoir dessus dos au jeune homme avant de m'installer à genoux pour lui faire face. Je laisse alors mes mains glisser lascivement sur mon propre corps tout en ondulant du bassin et remuant la tête au rythme des guitares. Pas de doute, il n'aurait pas pu choisir de meilleure musique.
Glissant les mains sous mon débardeur qui me colle déjà à la peau avec la chaleur de l'effort qui se dégage de moi, je le remonte doucement avant de le faire passer par dessus ma tête, fixant le gérant dans le blanc des yeux, un sourire mutin sur les lèvres.

Ce n'est pas vraiment moi qui suis en train de danser. Mon corps bouge, mon visage affiche quelques émotions, mais je ne ressent rien si ce n'est que j'ai chaud, très chaud. Continuant malgré tout mon spectacle, j'envoie valser mon débardeur dans sa direction sans prêter attention à l'endroit où il atterrit. C'est peut-être une erreur puisque je sais que la première chose dont je vais avoir envie va être de me rhabiller, seulement, je n'ai pas vraiment le temps de penser à ça pour le moment.
Me penchant finalement en arrière jusqu'à ce que mon dos touche la surface froide du bureau, les genoux toujours repliés sous moi, je m'attaque rapidement au bouton et à la fermeture éclair de mon jean que je fais glisser avant de tirer légèrement sur le tissus pour le faire descendre. Mes sous vêtements déjà apparents ne sont pas des plus sexys, il faut dire que je privilégie le confort à l'esthétisme, mais je m'en moque, il devra se contenter de mon boxer et mon soutient gorge en coton noir.
Me redressant en creusant seulement les reins jusqu'à me retrouver de nouveau les pieds sous les fesses, face à lui, je me relève sans cesser de danser à présent debout sur le bureau. J'aimerais pouvoir arracher mon pantalon comme c'est le cas avec ceux que je suis habituellement amenée à utiliser, seulement, je ne tient pas à repartir seulement vêtue de mes dessous. Je m'évertue donc à le faire glisser le long de mes jambes le plus sensuellement possible, sans le quitter des yeux.

Me voilà finalement en sous vêtements, et j'hésite un instant à m'arrêter là. Le temps d'y réfléchir, et parce qu'il reste encore un peu de temps avant que la musique ne s'achève, je continue de danser tout en caressant parfois mon corps.
Une fois ma décision prise, je saute directement du bureau avant de me diriger vers lui d'une démarche féline jusqu'à me retrouver juste devant sa chaise. Me penchant devant lui, je plonge mon regard dans le sien avant d'attraper le col de sa chemise pour l'attirer vers moi.
C'est un truc que m'a appris l'une de mes collègues. Ca permet en général de récolter quelques billets de plus. Seulement, je ne cherche pas ici à récolter de l'argent, mais seulement à lui faire oublier que je n'ai pas retiré mes dessous. Je n'y tiens pas.

Tenant toujours son col, mon visage très près du sien, je ne cesse pas de le fixer et je cherche mon souffle l'espace de quelques secondes alors que les dernières notes de musiques se font entendre.

Alors, satisfait?

Je relâche finalement son col et m'éloigne doucement avant de m'asseoir sur le bureau attendant une réponse, un léger sourire sur les lèvres. Je suis à bout de souffle, mais plutôt contente de mon numéro compte tenu des conditions. Seulement, comme à chaque fois, je ne suis pas mécontente d'en avoir terminé avec cette partie. Reste à savoir, ce que lui en pense, même si au fond, son avis ne changera rien à ma vie, je dois continuer de jouer mon rôle.

Spoiler:

[Contente que tu aimes la chanson, je l’adore aussi ! Et t’en fais pas pour la description, c’était parfait !! ^^]

Habituellement, Luke laisse ses filles choisir les morceaux sur lesquels elles veulent se produire. Ce sont leurs shows, et le jeune homme considère qu’il n’a pas à y mettre son grain de sel. Elles travaillent leurs chorégraphies sur la musique de leur choix et, tant que c’est joli à regarder, c’est bien tout ce qui compte pour le gérant du « Live ». Qui plus est, il sait pertinemment que ses clients ne prêtent pas tant attention à la musique qu’ils entendent, mais bien plus à la fille qui se dénude sur scène ! La plupart, d’ailleurs, ne voient pas le côté « artistique » de la chose, mais tant pis. Les filles du « Live » semblent s’éclater tout de même, et c’est bien tout ce qui compte. Il faut dire que la grande majorité de celles qui travaillent pour Luke ne sont pas là par défaut. Elles aiment vraiment ce qu’elles font pour la plupart, même si ça peut surprendre.

Installé confortablement dans son fauteuil en cuir, bière à la main, Luke attend que la jeune femme veuille bien se lancer. Si elle est allée jusque là, c’est qu’elle ne compte pas se débiner sans doute, et qu’elle doit savoir ce qu’elle fait – au moins un minimum. En fait, quand la belle blonde se débarrasse de sa veste en cuir, Luke repère immédiatement un certain savoir-faire. Même s’il n’a ouvert son bar que l’année dernière, il a assisté à bon nombre de stripteases dans sa vie, et il sait que cette fille a déjà pratiqué. Ce n’est pas du vent. Après, est-ce qu’elle est véritablement venue chercher un travail, ça, c’est une autre histoire, mais en tout cas, elle saurait sans nul doute se débrouiller sur une scène. Cela dit, même si le dealer en est persuadé au bout de quelques secondes de danse, il n’arrête pas la jeune femme dans sa lancée, voulant voir de quoi elle est réellement capable.

Lorsqu’elle atterrit sur le bureau, sous ses yeux, Luke n’hésite pas à la regarder avec insistance. C’est une belle femme, et la voir se trémousser de la sorte, et caresser lascivement sa silhouette ne le laisse évidemment pas insensible. Buvant en même temps sa bière, le dealer ne la quitte pas des yeux, même s’il garde un air détaché tout de même. Il ne voudrait pas que cette fille s’imagine qu’il est sensible à ses charmes, même si pourtant le cas. Son débardeur valse dans la pièce et, à nouveau, le jeune homme pose son regard sur elle. Elle sait définitivement bien s’y prendre, et s’attaque à la fermeture de son jean. Se produire dans une tenue pareille n’est pas une chose aisée, et c’est un point dont le dealer a conscience. Cela dit, la blonde s’en tire très bien comme pour le reste, et ce ne sont pas ses sous-vêtements en coton noir qui attirent l’œil du gérant, mais bel et bien sa superbe plastique. Lorsqu’elle s’avance jusqu’à lui, dans une démarche sensuelle, et qu’elle attrape le col de sa chemise, Luke ne peut contenir un sourire amusé. Il sait que certains de ses clients adoreraient qu’on les prenne en main de la sorte. Alors que les dernières notes du morceau retentissent dans la pièce, le gérant du Live se perd dans les yeux bleu-gris de la stripteaseuse. Fin du voyage, tout le monde descend ! La belle blonde s’éloigne instantanément de lui lorsque la chanson prend fin. Elle porte encore ses sous-vêtements, ce qui permet au gérant de formuler, au moins, une critique. De toute manière, rien que pour la forme, il aurait trouvé un truc à redire. Il ne veut pas lui laisser penser que son numéro était parfait, même si elle s’en est sortie haut la main…

C’est tout ? (a)

Demande-t-il, dans un air malicieux, tout en laissant son regard vagabonder une fois de plus sur sa silhouette, à moitiée nue. Luke garde malgré tout un air impassible, et finit par reconnaître - à demi-mot - le talent de la demoiselle :

Tu t’en es plutôt bien sortie.

Cette fois, c'est dans les yeux que le dealer la regarde, et avec plus de sérieux :

Je peux savoir chez qui t’as travaillé ?

Luke sait que cette fille a de l’expérience, et est curieux de savoir dans quelle boîte elle a pu en acquérir autant. Elle est vraiment douée faut dire, même si le jeune homme ne compte certainement pas le reconnaître tout haut. Elle a déjà suffisamment d'assurance comme ça (a)

[Tant mieux alors ^^]

Pour la première fois de la soirée, j'esquisse un vrai sourire lorsqu'il me demande si c'est là tout ce que j'ai à offrir. Evidemment, je m'attendais à ce genre de réaction de sa part, seulement, si je n'oppose aucune objection à Douglas lorsqu'il m'impose un striptease intégral, j'ai ici quelques réticences à le faire et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je ne suis pas payée pour la prestation que je viens d'effectuer, et même si ça peut paraitre vénal, je n'ai aucune honte a dire que ma seule motivation pour exercer dans le domaine est l'argent. Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle je n'ai pas poussé mon spectacle jusqu'au bout. En réalité, me déshabiller devant des inconnus qui ne savent rien de moi, ni la ville où j'habite, ni mon prénom, rien, me dérange, mais beaucoup moins que de faire ça devant quelqu'un qui est pratiquement mon voisin. Après tout, le "Live" ne se trouve qu'à quelques centaines de mètres à pieds de chez moi. Et puis, le reste du temps, c'est un costume que j'enlève, ce n'est pas vraiment moi. Ce soir, ce sont mes propres vêtements que je porte, et je ne tiens pas à avoir dans le miroir une plus mauvaise image de moi que je n'en ai déjà. Aussi content ou pas, il devra se contenter de ce qu'il vient de voir.

C'est tout, dis-je avec un léger haussement d'épaule.

Encore essoufflée, ma poitrine se soulève de façon régulière, cherchant à rationaliser les battements de mon coeur encore trop rapides après un tel effort. Assise sur le bureau les mains posées derrière moi, j'accueille son jugement avec un petit hochement de tête en guise de remerciement, car même si je ne suis pas une grande fan du métier que j'exerce, j'apprécie que l'on reconnaisse les efforts que je fournis pour satisfaire le client, même si en l'occurrence, lui n'a rien d'un client ordinaire. Et malgré ce statut spécial, je ne compte pas lui faire de fleur. C'est pourquoi après avoir fait montre d'un peu plus de légèreté, je me referme automatiquement lorsqu'il me questionne sur mon supposé ancien job.

Chez personne, j'ai appris seule.

Mon regard quitte le sien subitement lorsque je repose les pieds au sol et m'empresse de chercher mes vêtements. Heureusement, mon débardeur n'a pas volé trop loin et je le récupère en premier à quelques pas du siège dans lequel il se tient avant de l'enfiler en silence.
Je ne compte pas griller ma couverture. A vrai dire, je me fiche même à présent qu'il découvre pour quelles raison je me trouvais vraiment dans son bureau. La seule chose à laquelle je tiens c'est à ce que personne ne sache où j'exerce mes "talents". Il y a bien assez de Colin dans la confidence, et je ne tiens pas à ce que l'étiquette "stripteaseuse" me colle à la peau même s'il est un peu tard à présent.

Une fois mon débardeur de nouveau sur moi, je retourne près du bureau à la recherche de mon jean qui git aux pieds du meubles. Je suis à présent pressée de quitter cette pièce, et cette boite aussi. Je songe d'ailleurs sérieusement à ne plus jamais y remettre les pieds, sans regrets.

Luke a toujours été un chieur, c’est dans sa personnalité… ! Il aime taquiner les gens, quitte à les pousser à bout parfois, juste pour le plaisir. Ce soir, il est tombé sur une adversaire de taille. Il sait qu’elle ne lui dit pas l’entière vérité, mais la blonde a du caractère, et ne veut pas lui en dire davantage. Elle s’en est donc tenue à une seule version, version qui empêche le dealer d’en savoir beaucoup plus sur ses intentions. C’est aussi pour cette raison qu’il ne veut pas la complimenter plus que ça sur sa performance. Cette fille se moque de lui depuis le début, et elle n’a pas besoin d’un regain d’assurance. Elle a déjà suffisamment confiance en elle. Du coup, le jeune homme trouve à redire sur sa performance, au moins sur le fait qu’elle n’ait pas fait un striptease intégral. Cela dit, il reconnaît ensuite qu’elle s’est donnée du mal, et qu’elle a un certain talent. Au moins, il aura eu le plaisir de voir un véritable sourire prendre place sur ses lèvres, c’est toujours ça de pris que de la voir faire un peu moins la gueule (a)

Curieux de savoir dans quels bars elle a pu mettre ses « talents » à exécution, Luke l’interroge à la fin de son striptease. La belle blonde s’empresse de lui répondre – ou plutôt, de lui mentir une fois de plus – avant de partir à la recherche de ses affaires. Le dealer fronce aussitôt les sourcils, et laisse son regard sur elle, même quand elle se promène dans la pièce et qu’elle se rhabille. Il ne comprend pas du tout pour quelles raisons elle voudrait lui cacher cette information. En tout cas, sur ce coup-là, elle manque clairement de crédibilité.

C’est bien la première fois qu’on me la sort, celle-là ! J’aurais pensé que t’avais d’autres préoccupations dans la vie que de te faire des stripteases toute seule !

Nan, sérieux, arrête tes conneries, t’as pas fini de me raconter des salades ?!

Cette rencontre est tout simplement hallucinante. Le dealer ne comprend pas ce que cette fille attend de lui. Il ne croit aucunement à sa recherche de travail, mais ne saisit pas non plus pourquoi elle s’est déshabillée devant lui si ce n’est pas pour protéger un secret ! Oui, mais lequel ? Ça, il n’en a aucune idée, et la blonde ne semble pas vouloir lui dire grand-chose à ce sujet. Le jeune homme se retrouve complètement dans l’impasse, et ça l’agace en un sens. Il ne voit pas où elle veut en venir.

Alors qu’elle se penche pour récupérer son jean, Luke se lève pour s’approcher d’elle, laissant sa bière, déjà presque vide, sur son bureau. Il se poste juste devant elle, laissant son regard s’accrocher au sien.

Je suppose que tu voudras pas me donner ton nom ?

Lui demande-t-il, en gardant les yeux rivés sur elle. Quelques centimètres à peine les sépare, et Luke est obligé, vu leur différence de tailles, de baisser les yeux pour la regarder. Cette fille est un putain de mystère.

Je sais que tu vis dans le coin.

Ajoute-t-il, avec sérieux. Le dealer ne connaît pas son identité, mais Great Falls est une petite ville. Il sait qu’il arrivera à la retrouver sans mal, et espère que cela poussera la jeune femme à changer de comportement…

Je sais que ma réponse risque de me mettre dans une mauvaise posture, qu'il n'y croira pas une seule seconde, tout comme je sais qu'il n'a cru à aucun de mes mensonges jusqu'ici. Seulement, je ne tiens pas à lui révéler que je travaille au "Paradise". Je suis certaine qu'en travaillant dans le domaine il doit connaître le nom de ses principaux "adversaires", et je ne souhaite pas lui faire savoir pour qui je travaille. Pas pour protéger Douglas qui m'a envoyé ici en "reconnaissance", mais pour me protéger moi.
Si les filles qui travaillent pour lui sont tout à fait à l'aise avec ce qu'elle font, ce n'est pas mon cas, et contrairement à elles, je ne tient pas à ce que tout Great Falls sache que je dandine du cul pour prendre une douche chaude et manger à ma faim. Et encore, s'il ne s'agissait que de remuer les fesses...

C'est pour cette raison que je choisis de continuer à mentir même si sa phrase moqueuse me donne juste envie de le cogner. Je déteste qu'on se moque de moi. Mâchoires serrées, je me retiens tout de même de lui signifier mon mécontentement et me contente de me rhabiller tout en réfléchissant à mon prochain mensonge. En y réfléchissant bien, c'est la première fois de ma vie que je ment autant. Mais après tout, il faut bien une première fois à tout, non?

Je prenais des cours de danse, et se déshabiller c'est pas sorcier, tout le monde sait le faire...!

Je doute qu'à présent mes mensonges puissent me sauver, en admettant qu'ils aient pu le faire à un moment donné mais je m'en moque. Je veux seulement claquer la porte de ce bureau derrière moi et courir jusqu'à chez moi.
Me penchant pour ramasser mon jean que je commence à enfiler, je soupire lorsque je le vois venir se poster devant moi. Sa proximité m'agace, je me sens piégée et je déteste ça. Je suis tellement énervée que je peine presque à entrer un pied dans mon jean. Heureusement, je finis par y arriver et par me redresser, entrainant le tissus avec moi afin de le remonter sur mes jambes. Tandis que je referme ma braguette et mon bouton, mes yeux légèrement assombris par l'énervement restent rivés sur les siens. Je ne compte pas détourner le regard.

Lorsqu'il me questionne sur mon nom, je songe encore une fois à lui mentir, seulement, lorsqu'il ajoute qu'il sait que j'habite dans les environs, je me ravise. Autant lui donner mon vrai prénom, de toute façon, ça n'y changera strictement rien, je compte camper sur mes positions.

Rachel, je m'appelle Rachel ça te va?

Cette fille aurait pu lui paraître un minimum crédible si elle avait réellement porté un intérêt à la boîte, et qu’elle lui avait parlé de son expérience dans le domaine du striptease par exemple. Comme elle refuse de lui donner le nom des discothèques qui l’ont embauchée, Luke comprend qu’il n’a jamais été question de postuler à un emploi au « Live ». Il ne saura sans doute jamais pour quelle raison il l’a trouvée dans son bureau, mais il devra faire avec. La jeune femme ne semble pas vouloir lui en dire davantage, même pas la concernant. Ce silence constant, notamment sur ses anciens employeurs, intrigue tout de même suffisamment Luke pour qu’il réalise que cela a peut-être un rapport avec sa présence dans son bureau. Il est frustré par tout ce mystère, et par cette sensation désagréable de ne rien comprendre. Il déteste qu’on se joue de lui, et s’il n’avait pas certains principes, sans doute aurait-il essayé de la menacer pour en apprendre davantage.

Putain mais arrête de me prendre pour un con, sérieux !

A la rigueur dis-moi d'aller me faire foutre, mais me sors pas connerie sur connerie !

S’exclame plus vivement Luke, en se levant de son siège pour se rapprocher de la jeune femme. Il n’hésite d’ailleurs pas à rompre la distance entre eux, quitte à se tenir tout près d’elle. Avant qu’elle ne lui sorte un énième mensonge, sur son prénom cette fois, le jeune homme lui rappelle un détail : il sait qu’elle vit dans le coin. Il n’aura sans doute aucun mal à la retrouver, en posant quelques questions, à droite à gauche. Dans le coin, tout le monde connaît tout le monde. Pas sûr cependant que les gens soient au courant de ses petites occupations nocturnes...

Enchanté, Rachel.

Lâche Luke, d’un ton bourré d’ironie. Lui qui n’a pas toujours une excellente mémoire compte bel et bien se souvenir du prénom de cette inconnue. Il faut dire que leur rencontre aura été particulière. C’est bien la première fois qu’on débarque dans son bureau pour lui faire un striptease, même pas intégral, et pour des raisons inconnues qui plus est.

Son regard s’assombrit autant que celui de la blonde lorsqu’il reprend :

Je sais que tu cherches pas du boulot. Je sais pas ce que tu cherches, mais je suis pas assez con pour gober tes conneries.

Je préfère te prévenir : si jamais je retrouve tes fesses dans mon bureau, je te jure que cette fois je me contenterai pas d’un striptease.

Le dealer recule de quelques pas, pour passer derrière son bureau à nouveau. Son message est on-ne-peut-plus-clair. Si cette fille veut continuer à se foutre de sa gueule, alors elle n’a pas intérêt à re-pointer le bout de son nez dans les parages. Attrapant sa bière fermement, Luke relève les yeux une dernière fois dans sa direction.

Raté, comme je le pensais, mes explications ne tiennent pas la route aux yeux du jeune homme, ce que je comprend tout à fait. Il faut dire que je ne fais pas de réels efforts pour trouver une excuse plausible, j'essaie juste d'éloigner le sujet le plus possible de ce qui motive réellement ma présence ici. Présence qui s'est avéré vaine puisque je n'ai rien trouvé de bien intéressant pour Douglas. Evidemment, je ne compte pas lui parler de ma rencontre avec le gérant du "live", il risquerait de ne plus me faire confiance. Faute d'informations réellement utiles, je me contenterais de lui décrire ce que j'ai vu ici, il en fera ce qu'il voudra. Ma mission s'achève ici, et c'est bien mieux ainsi.

Tandis qu'il s'énerve contre moi, je m'énerve toute seule contre mon propre jean que je n'arrive pas à enfiler avant de me redresser pour lui faire face. Sa carrure plutôt imposante comparée à la mienne se dresse devant moi et mes yeux croisent les siens au moment il me me fait une proposition, l'envoyer se faire foutre plutôt que de lui servir mensonges sur mensonges.
Intéressant.

Muette, mes yeux où s'allume une légère étincelle et mon sourire moqueur répondent pour moi tandis que je ravale les paroles désobligeantes que je m'apprêtais à lui servir. Je suppose qu'il sait pertinemment ce à quoi je pense en cet instant. Pas besoin d'être un génie pour savoir que mon esprit lui hurle d'aller se faire voir.
Laissant finalement de côté mes mensonges le temps de lui révéler mon vrai prénom parce que je sais d'ores et déjà qu'il est inutile de lui mentir sur ce sujet, j'esquisse un sourire forcé lorsqu'il se dit enchanté. Pour ma part, je ne me souvient toujours pas de son prénom et je ne cherche pas à le lui demander. Inutile de mettre un nom sur un visage que je ne compte pas recroiser de si tôt. Evidemment, dans une si petite ville cela risque d'être plutôt compliqué, mais peu importe.

Parfait.

Heureuse qu'il s'éloigne de moi plutôt que de chercher à me cogner ou quelque chose dans ce goût là, histoire de m'arracher des aveux, je ne me fais pas prier pour aller récupérer ma veste sur son canapé et l'enfiler dans la foulée. Me dirigeant ensuite vers l'endroit où j'ai laissé mes rangers et mes chaussettes, je me contente de les prendre à la main. Je préfère sortir de ce bureau le plus vite possible à présent.

Pas la peine de me raccompagner, je connais la sortie

Comme si je m'attendais à ce qu'il me raccompagne. Non, en réalité, je tiens seulement à avoir le dernier mot. Dans cette optique, je me dirige donc prestement vers la porte et m'engouffre à l'extérieur en prenant soin de la claquer derrière moi.
Une fois sortie, je m'appuie un instant contre le mur et passe une main dans mes cheveux avant de sourire puis de rire brièvement en silence. C'est nerveux, j'en ai besoin pour me détendre. Reprenant mon sérieux après un léger soupir, j'enfile finalement mes chaussettes puis mes rangers avant de quitter définitivement le "live" et de rentrer chez moi. Adieu Luke Hansen, et bon débarras!

Le voilà, son nom (a).

Pour Luke, qu’on ne veuille pas lui dire la vérité, c’est une chose, mais qu’on se foute ouvertement de sa gueule, c’en est une autre. Il préfèrerait que la blonde l’envoie chier une bonne fois pour toutes plutôt qu’elle tente lamentablement de lui faire gober des conneries plus grosses qu’elle. Le jeune homme l’a bien compris, il n’aura pas de réponse aujourd’hui, et ne saura pas ce qu’elle était venue chercher dans son bureau. C’est d’ailleurs ce qu’il finit par lui dire, d’une manière très directe, comme à son habitude. Il aurait pu monter au créneau, quitte à la menacer, ou au moins essayer de lui faire peur, mais il n’a pas envie de se prendre la tête plus longuement. Cette fille est tellement butée qu’il n’en tirera rien de toute manière. Même pas un striptease intégral, c’est pour dire ! (a)

Cela dit, même s’il est prêt à la laisser s’en aller désormais, Luke tient tout de même à lui faire passer un message. Il ne veut plus jamais la retrouver dans cette pièce. Si jamais il tombe sur elle dans cet endroit à nouveau, il risque de s’emporter cette fois, et ne se montrera pas aussi conciliant, ça, ça ne fait aucun doute. La blonde semble avoir compris le message, et finit par se rhabiller vite fait. Elle n’enfile même pas ses chaussures pour finir, tant elle semble pressée de partir. Le jeune homme la regarde donc quitter son bureau, les pieds nus, après lui avoir sorti une phrase, sans doute juste histoire d’avoir le dernier mot. Retombant dans son fauteuil, Luke soupire, et répète d’une voix aiguë et énervante, en roulant des yeux :

« Pas la peine de me raccompagner, je connais la sortie »…

Secouant la tête pour se remettre les idées en place, il en arrive à une constatation, qu’il dit tout haut pour lui-même :

Quelle branleuse !

Attrapant sa bière pour la finir d’une traite, Luke se serre de sa main libre pour ouvrir les tiroirs de son bureau, et s’assurer que rien n’a disparu. La drogue est encore là, mais les papiers qui la cachaient ont été bougés. Pourtant, le dealer est persuadé que cette fille ne faisait pas partie de la police. C’est une stripteaseuse, ça ne fait pas le moindre doute. Loin de se méfier de la concurrence (qui ne lui fait pas franchement peur !), le jeune homme n’en arrive même pas à penser qu’il puisse s’agir d’espionnage « industriel ». Il se contente de pousser un soupir, avant d’ouvrir la bière qu’il destinait à Rachel, pour en boire de longues rasades. Ça a le mérite de le réconforter un peu.

Et puis, Luke reste positif. Il aura au moins eu droit à un striptease ! En y repensant d’ailleurs, il ne peut contenir un sourire amusé. Sacrée soirée…!

Fin de la scène