[c'est pas top top, désolée ♥ ]

La tempête du 15 octobre n'a épargné personne. Déjà plusieurs semaines depuis cette nuit terrible et pourtant, depuis, la vie de Sydney semble s'être arrêtée. Elle ne dors presque plus, s'active toute la journée pour s'occuper l'esprit et tenter de retrouver un certain ordre dans sa vie. Mais la vérité, c'est qu'elle est complètement perdue. Sa librairie ne peut pas ouvrir de nouveau à cause de soucis d’électricité qui vont lui coûter un bras et, en attendant, elle ne sait pas quoi faire de ses journées. Elle passe à la librairie tous les jours pour s'assurer que les travaux se passent bien et surtout que les ouvriers - qu'elle paye à l'heure - ne se tournent pas les pouces en attendant que la paye tombe. Une fois qu'elle a fait ça, sa journée est donc bien longue. Elle essaye de passer chez elle, récupérer des affaires, faire un peu de tri ou de ménage, aider comme elle peut aux travaux...Et puis le reste du temps, elle le consacre à Eddie qui doit encore passer un maximum de temps à se reposer pour se remettre de ses blessures. En théorie, elle aussi devrait se reposer, au moins pour son traumatisme crânien qui subsiste...Sa cheville, c'est de l'histoire ancienne, elle peut remarcher depuis un bon moment déjà.

Son père ne cesse de lui dire qu'elle devrait profiter du temps qu'elle passe chez lui pour prendre soin d'elle, retourner courir, aller faire du shopping, se faire plaisir avec des soins en tout genre, mais elle n'a pas vraiment la tête à ça. De temps en temps, le soir, le seul plaisir qu'elle s'offre est une visite chez Chris (a) Mais globalement, le moral n'est pas au plus haut de ses capacités. Elle ne se prend plus vraiment en main et devient de jour en jour une loque. Elle s'ennuie.

Il est à peine huit heures du matin et Sydney est déjà réveillée, lavée, habillée, coiffée. Elle a prit le rythme depuis des années avec la librairie et Eddie. Tellement qu'elle a du mal à profiter des fois où elle pourrai dormir un peu plus. Habillée d'un jogging gris très près du corps, idéal pour aller courir - ce qu'elle ne fait plus depuis des mois XD - et d'un débardeur sous une veste assortie, la jeune femme sort dans le jardin. De là, elle peut observer sa maison autour de laquelle se tient un grand échafaudage qui ne la quitte plus depuis des semaines déjà. Elle soupire une fois. Puis deux. Sa petite vie tranquille commence à bien lui manquer...

Sydney n'a pas de problème particulier avec son corps. Elle aime prendre soin d'elle, et le jogging, c'est sa manière à elle de s'entretenir, même si elle sait bien qu'elle n'a pas précisément de poids à perdre. A vrai dire, elle est dans la tranche de poids parfaite et les gens autour d'elle ont presque tendance à lui reprocher d'être aussi équilibrée. Le truc, c'est qu'elle se sent bien lorsqu'elle court. C'est une habitude qu'elle a prit après la naissance d'Eddie, d'abord pour perdre les quatorze kilos prit lors de sa grossesse, mais aussi pour perdre son ventre. Avec le temps, elle s'est habituée à ce rythme et y a vu un véritable plaisir. Elle se sentait bien plus libre après une bonne demie-heure de jogging qu'après un bon bain d'une heure.

Ces derniers temps, cela dit, elle s'est complètement laissée aller. Elle n'a pas spécialement fait attention à sa ligne et n'a pas couru depuis un sacré moment. En fait, elle ne saurai dire à quelle période elle a couru la dernière fois...Mais depuis, beaucoup de choses ont changé dans sa vie, ne lui laissant finalement plus beaucoup de temps pour aller se défouler. Elle n'a pas prit de poids pour autant, de quoi en rendre jalouse plus d'une (a).

Réveillée de bon matin, Sydney s'habille en jogging, même si l'idée d'aller courir est bien loin d'elle. En fait, elle s'habille comme ça parce qu'elle a la flemme de faire un effort vestimentaire pour, de toute façon, ne rien faire de sa journée si ce n'est attendre désespérément que sa vie reprenne son cours normal. Depuis la tempête, elle a perdu tous ses repères et elle commence franchement à déprimer. Elle adore son père, mais retourner vivre chez lui- bien que ce soit très pratique - c'est un peu trop pour elle. Les yeux dans le vide, elle se retourne dans un léger sursaut lorsqu'elle entend la voix de Mike, un homme qu'elle a connu en courant. La dernière fois qu'ils se sont vus, elle était à l'hôpital à cause d'une légère baisse de tension, causée par de nombreuses nuits blanches à veiller son fils de peur qu'il n'ait des complications dans son sommeil...

Hey, Mike !

Hm....Désolée, ça me tente pas des masses...J'suis pas hyper motivée en ce moment...

Avoue-t-elle en baissant les yeux. Elle n'aime pas se sentir comme ça, elle a l'impression d'être une véritable loque, en fait. Elle espère presque qu'il va insister, histoire qu'elle se bouge, et en même temps, elle passerai bien la journée au fond de son lit (a)

Sydney n'est pas motivée. Ni pour courir, ni pour autre chose. La tempête s'est bien chargée de la couper de sa vie habituelle et, sans repères et sans les éléments qui faisaient de sa vie une petite vie tout à fait agréable, et bien elle est perdue. Perdue au point de n'avoir plus envie de rien faire si ce n'est attendre que le temps passe pour enfin retrouver le calme de sa vie d'avant et ses petites habitudes. Même dorlotée chez son père, elle a du mal. Il refuse qu'elle fasse quoi que ce soit, même pas un peu de ménage sous prétexte qu'elle est invitée et que c'est très rare qu'elle soit chez lui. C'est vrai que ses passages à la maison familiale sont de plus en plus rares mais en même temps, elle habite à l'autre bout de la rue, ce n'est pas comme si elle était partie habiter en Alaska ! Elle imagine bien qu'elle puisse manquer à son père, et c'est normal vu qu'ils ne se voient plus tous les jours. Lui aussi il lui manque. Mais ils s'appellent souvent et passent souvent se voir. Elle considère qu'elle ne devrait pas être considérée, donc, comme une invitée lorsqu'elle vient chez son père, mais juste comme sa fille. Sa fille qui se doit de participer aux tâches. Rick n'est pas de cet avis et, têtu, il s'arrange toujours pour qu'elle soit occupée ailleurs...Ces derniers temps, d'ailleurs, il double d'imagination pour faire diversion...

Malgré le fait qu'elle se soit levée tôt, elle ne trouve rien à faire. La maison est tout à fait impeccable. Tellement qu'elle soupçonne son père d'avoir fait appel à une femme de ménage ou d'avoir une femme dans sa vie (a). Elle ne perd pas de temps pour aller à la salle de bain pour prendre une bonne douche chaude et passer un jogging, les seuls habits qu'elle porte ces derniers temps. Elle n'arrive même plus à avoir envie de s'habiller bien puisque de toute façon elle ne sort pas. Elle fait un tour dans le jardin, observe la rue, jusqu'à ce qu'une voix l'invite à aller courir, histoire de perdre le poids qu'elle n'a pas vraiment prit xD

Ouai, mais, j'me sens toute molle. Vraiment, j'ai pas envie d'aller courir aujourd'hui (a)

Justifie Sydney. Elle n'arrive pas à avoir le petit déclic de motivation qui la poussait autrefois à se bouger les fesses, qu'importe le temps qu'il fait dehors. En ce milieu d'automne, les températures sont assez fraîches, mais largement supportable. D'ici quelques semaines, ça risque de se refroidir, encore. Le jeune homme étant lui aussi têtu - décidément, il faut croire qu'il n'y a que ça dans l'entourage de la libraire - tente tout de même de la faire changer d'avis. Mais voilà, le gros problème de Sydney, c'est qu'elle a parfois du mal à dire "non". Elle est prête à craquer, résistant tout de même, jusqu'à ce qu'il le lui demande avec sa tête si charmante.

Rah !! Tu m'énerves ><

Lance-t-elle en fronçant les sourcils mais en s'avançant tout de même vers lui avant de tendre la main pour attraper une bouteille d'eau. Elle n'est pas énervée contre lui. En fait, elle est énervée parce qu'il pourrai lui faire faire n'importe quoi - enfin, y'a des limites quand même.

Je peux te suivre en marchant....?

Tente-t-elle de demander au cas ou il accepterai qu'elle le suive sans courir (a). Elle se doute déjà de son "non" catégorique, mais elle a de l'espoir, quand même (a).

Sydney ne saurai mettre de mot sur son humeur des derniers jours. Elle n'a envie de rien, n'arrive pas à prendre goût à ce qu'elle fait, s'ennuie...Elle a perdu ses repères et n'a pas envie de s'en créer de nouveaux, même temporaires. Elle veut juste retrouver sa vie, ce n'est pas la Lune qu'elle demande. Juste retrouver sa vie privée, dans sa maison, et son travail, dans sa librairie. Les travaux la bloquent complètement et elle ne peut récupérer ni l'une ni l'autre pour le moment, et c'est ça le plus frustrant. Si elle avait au moins sa maison ou sa librairie, ça irai déjà beaucoup mieux, mais là, elle est juste bloquée chez son père à attendre que les choses s'arrangent. En bref, elle est un peu blasée de tout.

Voir Mike ce matin, c'est assez inattendu. Il est venu exprès pour elle, en plus, c'est ça le plus étonnant. Maintenant qu'il est là, il ne semble pas vouloir lâcher l'affaire en ce qui concerne la faire courir ce matin. Il a une idée bien placée et elle se sent obligée de capituler, sous la pression. Quand le jeune homme lui répond simplement qu'il l'aime - pour faire la sourde oreille à son commentaire - elle lui fait simplement une grimace en retroussant son nez et en tirant la langue, assorti d'un petit 'gna gna gna' à peine audible. Pas motivée pour autant, elle demande s'il est possible de simplement marcher. Elle n'a vraiment pas envie de se mettre à courir et, en plus, elle a peur que sa cheville soit toujours un peu fragile. Bon, ça c'est surtout une excuse (a).

Ok. Bah, je marche alors. Je voudrai pas me tordre à nouveau la cheville....(a)

Justifie Sydney. Ce n'est pas un mensonge, elle craint vraiment pour sa cheville, même si techniquement il n'y a plus aucun risque. Déjà au début, elle pouvait marcher presque normalement sans boiter et supportait très bien de ne pas poter son atèle. Au fond d'elle, elle sait qu'en courant elle ne risque rien, elle se voile juste la face avec une excuse bidon. Quand Mike réclame après elle, elle le regarde comme une ado rebelle pourrai répondre à ses parents avant d'ajouter d'un air presque impatient (a) :

Bah, je t'attend, moi !

Mike est un garçon tout ce qu'il y a de plus sympathique. Sydney n'a jamais rien eut à craindre de lui. Jamais elle n'a senti d'ambiguïté entre eux, et c'est ça qu'elle apprécie le plus chez lui. Il n'a jamais rien tenté avec elle. Il n'y a rien de plus que de l'amitié. Avant, ils se voyaient tous les matins pour aller courir. D'abord, il leur arrivait de se croiser par hasard, empruntant le même chemin. Avec le temps, ils se donnaient rendez-vous pour aller courir ensemble, prenant peu à peu le temps de discuter un peu plus qu'en se disant des politesses. Il y a quelques mois, Sydney venait de moins en moins, occupée professionnellement comme personnellement. Et puis, avec la tempête, elle n'y allait plus du tout. Jusqu'à aujourd'hui, puisque Mike est venu la chercher jusqu'à chez son père, histoire de lui mettre un petit peu de pression dans l'espoir de la réveiller et lui faire retrouver la raison. Sydney se montre réticente un bon moment avant de céder en râlant (a).

Sydney tente de trouve une excuse, oubliant que son ami est pompier et qu'il n'est pas la meilleure personne à qui sortir une excuse bidon de ce genre. Le truc c'est que pour elle, ce n'est pas tant une excuse bidon puisqu'elle craint vraiment que sa cheville soit faible alors qu'il n'y a aucun risque. Lorsqu'il lui fait la réflexion, elle se rend compte de l'absurdité de son excuse mais ne se laisse pas démonter. Elle compte bien marcher. Point.

C'est bien, si je me casse définitivement le pied, tu pourras me sauver, alors (a)

Déclare-t-elle en souriant. C'est une petite boutade, rien de bien méchant. Elle aime faire la gamine insolente, pour rigoler. Elle sait que Mike comprendra son humour, elle ne se fait aucun doute là dessus. Lorsqu'il se met à trottiner, elle commence à marcher, d'un pas moyennement rapide. Les bras le long du corps, elle les plie et les balance au rythme de ses pas. Elle regarde autour d'elle, observant les couleurs de l'automne se dévoiler au même rythme que le soleil qui s'élève dans le ciel et perce peu à peu les nuages.

Il va mieux. Mais je reste vigilante, les médecins disent que des complications peuvent arriver n'importe quand. Demain. Dans trois semaines. Dans dix ans...

Sydney n'y met pas vraiment du sien, c'est vrai, mais que voulez-vous. Elle est n'est pas motivée. Elle ne comptait pas courir aujourd'hui et voilà que Mike vient la chercher exprès et la force à le suivre aujourd'hui. Elle joue l'enfant sur ce coup là, mais elle n'est pas d'humeur, c'est vrai. Voyant que, quoi qu'elle dise le jeune homme continuera d'insister, elle n'a pas vraiment d'autre choix. En fait, elle se dit même qu'en allant courir avec lui, il sera content et arrêtera de la gonfler pour se bouger les fesses. Elle cède donc devant ses multiples tentatives pour la faire changer d'avis mais annonce la couleur en lui disant qu'elle ne fera que marcher. Elle a perdu le rythme depuis le temps. Elle tente une excuse vaseuse en parlant de sa cheville blessée mais le jeune homme, pompier, lui renvoie son excuse bidon. Raté !

Et bah, c'est du joli ! Un pompier qui ne porte même pas secours à une personne en danger....Tu sais que c'est illégal de me laisser dans une situation pareille ? (a)

Se permet-t-elle d'ajouter, en riant. C'est fou, il y a cinq minute, elle était énervée et la voilà qui sourit et rit, même ! C'est à n'y rien comprendre. Elle devient complètement étrangère à ses propres humeurs, c'est dingue. Mike commence à trottiner alors que la libraire le suit en marchant. Il lui demande des nouvelles d'Eddie et elle lui fait part de ce qu'il en est. Sydney est très angoissée à l'idée qu'une complication puisse surgir du jour au lendemain et qu'une opération soit nécessaire. Les médecins lui ont rapidement parlé de greffe, si quelqu'un se trouve être compatible, ce qui n'est pas le cas de Sydney - pour bien compliquer les choses -.

Non, je n'ai pas pu reprendre, encore....Les travaux de la librairie n'avance pas ! Mes ouvriers sont des incompétents, je suis sûr que j'irais bien plus vite qu'eux, à moi toute seule alors que je n'y connais rien en électricité.

Répond la jeune femme, blasée. Elle n'attend qu'une chose : pourvoir de nouveau faire quelque chose de sa vie plutôt que de rester chez son père à ne rien faire. Elle veut retrouver sa petite vie tranquille, vendre ses livres et voilà ! Elle est peut-être mauvaise langue envers ses ouvriers, mais pour le moment, c'est l'impression qu'elle a ! Rien n'avance !

Sydney ne rigole pas vraiment au début. Il lui arrive d'être assez têtue pour ne pas apprécier qu'on la pousse à faire quelque chose dont elle n'a pas envie, et là, c'est bien le cas. Mike essaye de la faire courir alors qu'elle n'en a absolument pas envie. Du coup, elle essaye de le contrer avec toute sorte d'argument jusqu'à s'apercevoir que, quoiqu'elle dise, il ne lâchera pas l'affaire....Elle finit donc par en rire, se rendant compte qu'elle n'arrivera pas à lutter. Ils commencent même à se taquiner un peu.

Ne t'inquiète pas pour moi, on m'entendra loin !

Assure la jeune femme qui sait que sa voix peut porter si elle se met à hurler. De toute façon, il n'y a pas de raison qu'elle se mette à crier puisqu'elle sait très bien que Mike ne la laissera jamais en difficulté, même si il le dit pour rire. Elle n'a rien à craindre avec lui. Même s'ils étaient les pires ennemis, il ne la laisserai certainement pas mourir dans un fossé même si au fond de lui il en avait très envie. Il est bien trop généreux pour être aussi mauvais. C'est ce qui fait de lui un très bon pompier. Il est capable de mettre toutes ses pensées au placard pour empêcher quelqu'un de perdre la vie. Bon, dans leur cas, la question ne se pose pas puisqu'ils s'adorent. Mais bon, c'est pour dire...

Après avoir parlé d'Eddie, Sydney aborde le sujet épineux de la librairie. Ce sujet à le fâcheux don de la mettre en colère puisqu'elle a la pure impression que les ouvriers soit disant qualifiés qu'elle a fait venir de Milwaukee pour les réparations de sa librairie - et qui lui coûtent un bras - se foutent royalement de sa poire. Elle réfléchit encore mais elle voit bien venir le renvoie des ouvrier pour se débrouiller par elle-même, elle qui n'a jamais touché un marteau de sa vie.

Ouai, peut-être que ça les ferai bouger, et encore je suis pas sûre....

En ce qui concerne ton aide, c'est gentil, mais je préfère que tu aide les gens qui n'ont plus de toit plutôt que moi et mon caprice de voir ma librairie ré ouvrir rapidement....

Avoue la jeune femme en continuant de marcher près du jeune homme. Elle réalise au moins qu'elle ne passe pas avant tout le monde, c'est déjà une bonne chose. Elle sait qu'elle va mal mais réalise également qu'il y a pire que sa situation. Elle n'est juste pas habituée à ce que tout se passe mal dans sa vie...

Sans vraiment s'en rendre compte sur le coup, Sydney se met à rire, finalement prise dans le "piège" de Mike. Il a ce don de savoir persuader la libraire avec deux ou trois plaisanterie. Rapidement, donc, Sydney se voit partie pour un peu de marche pour suivre le jeune homme dans son footing. Elle n'est pas encore motivée à courir aujourd'hui, il faut qu'elle s'y remette doucement et, de toute façon, elle n'a aucune motivation. Elle n'en avait déjà pas pour marcher, alors il ne faut pas trop lui en demander ! En attendant, elle répond aux plaisanteries du jeune homme alors que ses pas s'alignent les uns après les autres à un rythme régulier pour suivre le pompier.

Dans la conversation, Sydney évoque l'état de son fils qui l'inquiète de jour en jour. Pour le moment il va bien, mais elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter sur les éventuelles dégradations de sa santé. Elle craint un danger à tout moment, couvant donc son fils au maximum comme pour éviter les complications, consciente qu'elle ne pourra pas toujours être avec lui 24 heures sur 24. Si seulement elle pouvait s'occuper l'esprit, ça l'aiderai, mais sans sa maison et sans son travail, elle ne peut finalement que penser à la santé de son fils. Elle hoche timidement la tête lorsque Mike lui fait comprendre que son inquiétude est tout à fait légitime. Elle ne voit pas vraiment la chose comme ça. En fait, elle se dit qu'à côté des gens qui ont perdu leur maison dans la tempête ou ceux qui ont perdu des personnes chères, elle se dit que sa situation n'est donc pas si grave. Elle se sent même presque égoïste. Elle se contente donc d'un petit sourire, juste avant de reprendre la parole.

C'est gentil. T'es vraiment pas obligé, je veux pas que tu perdes ton temps pour ça, c'est tout !

S'exclame-t-elle en continuant de marcher à ses côtés. Remarquant qu'elle reste un peu en retrait, elle accélère un peu le pas pour continuer d'être à son niveau tout en marchant. Elle se retrouve rapidement essoufflée, réalisant ainsi qu'elle n'est pas allé courir depuis plusieurs mois déjà et qu'elle se retrouve un peu "punie" par son manque de sport. Elle n'a plus le rythme ni l'endurance.

Dis moi, tu serai pas en train d'accélérer, par hasard ?

Demande-t-elle en souriant. Elle s'en doute bien qu'il le fait exprès pour qu'elle se mette à courir à ses côtés. Elle n'était peut-être pas censée s'en rendre compte aussi vite (a). Mais son souffle perdu lui fait bien remarquer.

Sydney ne se sent pas bien ces derniers temps, c'est vrai. La dernière fois qu'elle s'est sentie aussi inutile, c'est lorsque Chris est parti en France et qu'elle venait d'apprendre qu'elle était enceinte. Elle se souvient de ces journées entières qu'elle passait à regarder son ventre en cherchant des réponses à ses questions, tout en flippant sur l'avenir qui était à l'époque plongé dans une brume épaisse. Elle ne savait pas ce qu'elle allait devenir et ça lui faisait peur, pour ne pas dire que ça la déprimait. Aujourd'hui, elle se sent un peu comme à cette époque. Elle se sent inutile et se demande comment elle va finir si les travaux de sa maison et de la librairie n'avancent pas plus vite. A ce rythme là, elle se demande si elle va en voir la fin...

Devant l'air insistant de Mike, Sydney finit par accepter qu'il aille jeter un coup d'oeil à ses travaux et qu'il menace un peu les ouvriers, histoires qu'ils se pressent un peu plus. Mine de rien, cela fait déjà deux semaines que les travaux ont commencé, et il semblerait que rien n'avance. Sydney ne voit aucun changement depuis le début et c'est justement ça qui lui fait peur. Cette tempête commence déjà à lui coûter un bras, alors si elle doit payer des ouvriers aussi flemmards qu'incompétent, elle risque de se retrouver rapidement à vivre sous un pont, entourée des quelques livres qui lui resteront !

Je te fais confiance pour ça, va !

Affirme-t-elle en souriant. Elle ne met pas une seule seconde sa parole en doute. Elle le connait bien - mine de rien, les footings quotidiens, ça rapproche ! - et sait de quoi il est capable en matière de persuasion. Encore tout à l'heure, il a réussi à la faire céder pour venir "courir" alors qu'elle n'en avait vraiment aucune idée. Elle a finit par y aller à reculons, mais elle y est allé quand même. Elle imagine qu'il n'utilisera pas de taquineries avec ses ouvriers mais qu'importe la méthode, elle sait que ça devrait porter ses fruits. Elle l'espère vivement, en tout cas. Marchant aux côtés de Mike, elle remarque qu'elle le suit difficilement. C'est comme ça qu'elle devine qu'il accélère, avant de lui faire remarquer.

Je crois que je n'arrive même pas à me souvenir de mon dernier footing, alors non, j'ai plus l'habitude !

Rétorque-t-elle en lui tirant la langue et en accélérant légèrement le pas, quelque peu essoufflée. Elle marche assez vite et ça pourrait presque ressembler à un petit trot qui a pour but de rester au même rythme que le pompier.

Et sinon, toi, ça va ? La tempête, et tout....?

Depuis le temps, s'il y a bien une chose que Sydney a assimilé, c'est que face à Mike, elle n'aura certainement jamais le dernier mot. Aussi têtu qu'elle, voir même un peu plus, elle arrive rarement à lui clouer le bec ou a le faire céder. En fait, généralement, elle cède bien avant, manquant peut-être un peu de patience, en fin de compte. Cela dit, même si c'est acquis, ça ne l'empêche pas d'essayer de lui résister un moment avant de céder. Par principe, elle préfère toujours résister un peu avant, histoire de tester, mais arrive souvent qu'elle se batte en vain, perdante à tous les coups. Elle ne perd pas espoir. Elle se dit qu'un jour, il sera dans un jour mauvais et qu'elle réussira à le faire craquer comme il a pu la faire craquer toutes ces nombreuses fois avant. Aujourd'hui, elle a cédé deux fois : pour le footing et pour qu'il aille parler à ses ouvriers. Il ne reste plus qu'à espérer que cette dernière chose soit concluante, car Sydney se voit mal attendre encore des semaines avant de pouvoir attaquer le plus gros des travaux : la peinture, la déco et le remplacement du mobilier. Repartir de zéro n'enchante pas des masses la libraire, mais d'un côté, peut-être avait-elle besoin d'un brin de nouveauté...Elle verra lorsqu'elle en arrivera là, pour le moment, ce n'est pas vraiment ça. Elle ne peut qu'attendre. Attendre que les travaux qu'elle n'est pas capable de faire elle-même avancent et cessent de bloquer l'avancée du reste.

A force de parler d'elle, et surtout de répéter sans arrêt les mêmes choses à son entourage concernant sa situation actuelle, elle finit par être lassée et à être tentée par un changement de sujet, ce qui est le cas maintenant. Après une légère accélération de la part de Mike, elle le suite en trottinant légèrement, lui faisant gentiment remarquer qu'elle a du mal à suivre. Pour arrêter de parler d'elle, elle lui demande comment lui il va, surtout depuis la tempête, en espérant qu'il n'ait pas trop de problèmes suite à ça. Visiblement ce n'est pas le cas. Tant mieux pour lui. Par contre, ce qu'elle apprend par la suite laisse la libraire...sur le cul. Elle s'en arrête même de courir. Elle n'en revient pas.

Quoi ? Avec un autre ?

Demande-t-elle comme si elle avait mal entendu, restant bouche-bée. Elle a juste du mal à y croire, c'est tellement....inattendu ! Après tous les sacrifices que Mike a fait pour Sally, la libraire ne s'attendait pas à ce que leur rupture soit causée à cause d'une tromperie, ou du moins, pas de Sally...Elle s'attendait plus à ce que Mike craque après avoir perdu de vue tous ses amis ou alors qu'il finisse par trouver son bonheur ailleurs qu'avec sa dictatrice de petite amie...

J'en reviens pas qu'elle t'ai fait ça !

Répète Sydney en s'approchant de Mike pour poser sa main sur son épaule, preuve de son soutient. Là, tout de suite, si elle avait Sally devant elle, elle lui dirait bien le fond de sa pensée ! Faire ça à quelqu'un comme Mike, c'est juste insensé ! Il y a parfois des choses incompréhensibles...

Après avoir parlé d'Eddie longuement et de son propre état, Sydney se met à trottiner un peu plus vite pour pouvoir suivre les accélérations de Mike. Sortir et le voir lui fait du bien finalement. Elle ne pensait pas qu'elle réussirait à changer d'état d'esprit vu sa mauvaise humeur du jour, mais on dirait bien que Mike a réussi à lui remonter le moral. Au moins pour aujourd'hui. Elle apprécie énormément le fait qu'il s'accroche autant à tenter de lui faire plaisir, après tout rien ne l'oblige à le faire, ils ne sont que des amis de footing. Elle apprécie vraiment.

Encore le sourire aux lèvres, elle lui demande simplement comment il va depuis le temps. Elle a du mal à se souvenir de la dernière fois qu'ils se sont vus, mais si ça date de son dernier footing, alors ça doit vraiment faire longtemps, remontant carrément à plusieurs mois. En lui posant la question, elle ne s'attend pas à une mauvaise nouvelle. Ainsi, lorsque Mike lui lâche en quelques secondes qu'il a découvert son ex avec un autre homme, Sydney s'arrête de courir, restant même bouche bée. Elle ne sait même pas quoi dire sur le coup. Elle essaye de comprendre, n'arrivant pas à y croire. Un homme comme Mike, aussi gentil...Vraiment, Sydney a beau cherché les raisons, elle ne comprend pas comment Sally a pu lui faire un truc pareil...

Mon pauvre, j'imagine que tu dois avoir envie de lui refaire le portrait à chaque fois que tu le croises...

Suppose-t-elle en grimaçant. Elle imagine que, si un homme lui avait fait ce coup, elle aurai certainement des envies de meurtre, surtout s'il lui arrivait de croiser l'un des deux...Bien sûr, elle sait se contenir, mais bon, sur le principe, elle ne pourrai pas s'empêcher de se réjouir à l'idée qu'il leur arrive malheur. Elle comprend, donc, que ça puisse traverser l'esprit de son amis.

Le principal, c'est que tu te sentes mieux. Si tu te sens libéré, même, c'est que votre histoire est bien mieux à ce stade. Tu trouveras quelqu'un de cent fois mieux, tu verras, tu le mérites !

Le rassure-t-elle d'un sourire radieux. Elle ne dit pas ça juste pour lui faire plaisir ou pour lui remonter le moral de manière hypocrite. Elle est en tout point sincère, et elle sait qu'il saura reconnaître sa sincérité. Souriante, elle prend un air blasée lorsqu'il lui rappelle que ce n'est pas une excuse pour s'arrêter de courir. Elle fronce le nez, arborant une ride du lion toute mignone, avant de lui murmurer ce qui peut ressembler à un "gna gna gna" avant de se remettre à courir.

Le premier qui arrive au bout du chemin se fait offrir un verre par l'autre ?

Demande-t-elle en se mettant à sprinter sans même attendre sa réponse, prenant un peu d'avance au passage. Elle imagine bien que, par manque d'entraînement, elle risque d'être incapable de continuer d'ici quelques secondes et donc, de se faire dépasser bêtement par son ami qui n'aura aucune difficulté à rejoindre le bout du chemin avant elle, mais peu importe, ça ne la dérange pas de lui offrir un verre, ça lui changera les idées, même.

Fin de la scène.