Les vacances de fin d'année approchaient à grands pas, alors c'est tout naturellement que l’excitation gagnait l’humeur de tous les élèves sur le campus. Des scènes d’euphorie se jouaient ici et là, sous les yeux des profs qui, pour une fois, oubliaient d’être autoritaires et se prêtaient parfois même aux jeux. C’était un spectacle assez amusant à voir… même s’il n’était qu’éphémère.

Comme les autres, j’attendais ce break hivernal avec impatience ! Pas que le rythme des cours soit trop difficile à suivre, non, mais j’avais tellement hâte de fêter noël et la nouvelle année que je relâchais même mes efforts pour les révisions des exams.

Une fois n’est pas coutume, je pris le temps de venir flâner quelques minutes sur l’esplanade d’entrée, où on avait installé des décorations lumineuses et brillantes, au lieu d’aller au chaud pour relire un cours de maths. Le vent glaçait l’air déjà froid de décembre, et même si mes oreilles étaient bien au chaud sous mon bonnet de laine, je savais que je n’allais pas rester dehors bien longtemps. Oui, je faisais partie de cette majorité de gens frileux ! Mais, même le mauvais temps n’allait pas m’empêcher de profiter un peu de ces magnifiques décors!

Après quelques minutes passées dehors, je me décidais néanmoins à rentrer dans le hall pour aller accrocher mon petit mot aux branches de l’arbre qui trônait derrière les portes. Cette tradition consistait à écrire un vœu, en quelques mots anonymes, sur un carton coloré et de le pendre à l’une des épines en espérant que la nouvelle année viendrait le réaliser à la manière d’une étoile filante.

Sur mon papier violet, j’avais juste inscrit au crayon argenté : « Je souhaite que tous les imbéciles soient heureux … » Bien sur ce message s'adressait essentiellement à moi et à mon envie de voir Jake m'ouvrir son cœur. Rien que cette idée me faisait passer pour une imbécile, pourtant je ne cessai pas d'y croire!

Je retirai alors mes gants de laine, assortis à mon bonnet, pour nouer le petit ruban autour d’une branche basse, sans me soucier des vas et viens autour de moi.

Boots fourées aux pieds, je marchais le long du trottoir qui menait au campus de Chad. Malgré les quelques étudiants qui allaient et venaient, les trottoirs étaient relativement vides, et j'entendais le sourd bruit de mes pas. Le ciel était bas, gris, et avec ce froid, on aurait dit qu'il allait neiger. Bien emmitouflée dans mon manteau, mitaines aux mains et grosse écharpe autour du cou, je n'avais pas froid. Pourtant, je sourirais d'aise en passant les portes de la fac. Le chauffage vint me rechauffer les joues et je sortais enfin les mains de mes poches.

Le hall d'accueil avait pris des couleurs de Noel, et un grand sapin trônait au milieu de la pièce. Les étudiants allaient et venaient, je me fis même bousculer par un grand brun qui parlait avec agitation de sa soirée du 31 décembre. Il s'excusa platement avant de reprendre sa conversation animée en s'éloignant. Contrastant avec le temps plat et froid de l'extérieur, l'intérieur était en effervescence, et il ne faisait aucun doute que les vacances, ainsi que les fêtes, se faisaient attendre.

Croisant mes bras sur ma poitrine, je m'approchais du sapin pour en observer la décoration. Chad n'était pas vraiment ponctuel, et je ne m'étonnais pas d'avoir à l'attendre. Voyant des petits papiers griffonés accrochés aux branches, je m'approchais davantage pour lire les petits messages qui y étaient inscrits. "Bonne année à tous", "Je souhaite que tous nos rêves se réalisent", "Je souhaite rencontrer le mec de mes rêves"

Je souriais en lisant le dernier message, puis contournais le sapin sans le lâcher des yeux pour regarder les autres petits mots. Mon pied butta alors doucement, vue l'allure à laquelle j'avançais, contre quelque chose de dur. Je tournais la tête en m'excusant, lorsque je la vis dans son fauteuil.

- Oh, excuse moi, répétais je alors, j'étais tellement absorbée dans ma lecture que je...

Je sentis le rouge me monter aux joues tant j'étais mal à l'aise. Devant moi se tenait la petite amie de Jax, que je n'avais d'ailleurs pas revu depuis la soirée que j'avais passée avec lui... Même si je n'avais plus tous les détails en tête, je me souvenais parfaitement de la réflexion de Chad et de la réaction de Jax. Aucun doute que c'était elle, il n'y avait qu'une seule personne en fauteuil dans cette petite ville. Je repris pourtant rapidement le dessus et lui souris en prenant moi aussi un petit papier vierge:

- J'étais en train de lire les voeux... Mais pourquoi ne pas participer moi aussi...? tu as déjà accroché le tien?

« Celle-ci est trop petite. Celle-là est trop moche. Celle là est trop dans le passage. Celle-ci est bien trop pâle… »

Malgré l’abondance de branches qui m’étaient accessibles, je n’arrivais pas à me décider sur celle qui serait la meilleure pour accueillir mon petit carton. Un tel vœu méritait une branche digne de lui ! Un sourire s’étira sur mes lèvres rien qu’a l’évocation de cette idée et je me trouvais décidément très idiote. Ce n’était qu’un simple bout de papier qui partirait en fumée une fois les fêtes terminées…Alors pourquoi y attacher autant d’importance ? Parce que je croyais à cette stupide tradition finalement.

J’allais enfin me décider quand un léger choc dans mon fauteuil me poussa le nez dans les aiguilles.

- Oh, excuse-moi ! J’étais tellement absorbée dans ma lecture que je...

La responsable de ce petit accident était une jolie fille un peu plus jeune que moi. Son visage n’évoquait aucun souvenir dans ma mémoire, et je ne me serais pas attardée longtemps sur cet incident si elle ne m’avait pas paru si désolée.

- Y a pas de mal t’inquiètes pas, dis-je en lui adressant mon plus beau sourire tout en rattrapant mon morceau de carton qui avait glissé sur mes genoux.

- J'étais en train de lire les voeux... Mais pourquoi ne pas participer moi aussi...? tu as déjà accroché le tien?

Est-ce que les autres étudiants lisaient les messages laissés par leurs collègues ? Je n’avais jamais vu personne le faire depuis mon arrivée sur le campus. Mais moi oui en tout cas, et j’étais amusée de voir que je n’étais pas la seule curieuse à le faire. Cette fille me paru vraiment beaucoup plus sympathique rien que par cette similitude entre nous.

- J’allais le faire, mais j’ai perdu de vue la branche que je voulais… riais-je de ma bêtise en recommençant à chercher.

Comme elle avait saisi un morceau de carton, je lui tendis mon stylo pour qu’elle puisse elle aussi écrire quelques mots. Tout le monde pouvait participer après tout ! Et puis ce n’est pas ça aussi la magie de noël ? Le partage. L’amitié. La bonne humeur.

- Tu pourrais…, je me senti gênée de lui demander ça, mais elle avait facilement accès aux hauteurs du sapin, accrocher mon ruban un peu au dessus de ton épaule ?

- J’allais le faire, mais j’ai perdu de vue la branche que je voulais…

Elle se mit à rire, et je la suivis dans son rire en ajoutant:

- Mince, le drame! Je t'ai interrompue en pleine action!

Alors qu'elle me tendait un stylo pour que je puisse à mon tour écrire mon voeux, elle me demanda: .

- Tu pourrais…

Je pris immédiatement son hésitation pour de la gêne. Même si elle n'hésita que quelques secondes, je vis qu'elle était mal à l'aise.

- ...accrocher mon ruban un peu au dessus de ton épaule ?

Accrocher son voeux, bien sur que ça ne me dérangeait pas...! Je pouvais cependant comprendre sa réaction, et j'imaginais qu'être dépendante pour des choses si légères devait être difficile à accepter. Je ne voulais en aucun cas qu'elle se sente mal à l'aise, cette fille avait l'air sympa et gentille, elle le portait sur son visage.

Je repensais à Jax, et à ce qu'il m'avait dit au cours de la soirée... Etait il en couple avec cette fille? Ou voulait il l'être? Ca ne me regardait pas bien sur, mais je ne pouvais m'empêcher de me poser la question.

Pour la mettre à l'aise, je lui répondis en prenant le morceau de papier:

- Bien sur, en plus, je t'ai fait perdre la branche parfaite que tu avais trouvée! Laisse moi me racheter!

Me tournant vers l'arbre, j'examinais les branches avec un air de connaisseuse.

- Je suppose que ton voeux mérite la plus jolie branche... Surtout si tu as commandé un beau mec, ou un truc du genre...!

Je la regardais en riant puis reportait mon attention sur le sapin en faisant deux pas en arrière.

- En plus, tu as de la chance, je suis experte en sapin de Noel.

Une branche un peu plus longue que les autres dépassait un peu au dessus de mes épaules, et je décidais d'y accrocher son petit papier.

- Ici t'en penses quoi? lui demandais je en me mettant près de la branche. Regarde, sans le papier... Avec le papier... Sans le papier... Avec le papier...

A mesure que je parlais, je m'écartais ou je me rapprochais du sapin selon ce que je disais. J'étais parfaitement ridicule, digne d'une potiche d'un télé-achat quelconque, mais je n'en avais rien à faire. Je m'amusais.

- Alors? Elle te va celle là?

Dés le premier instant de notre rencontre peu commune, cette fille m’avait immédiatement semblé agréable et je ne m’étais pas trompée. Ensemble, nous nous moquèrent gentiment de mon idée de trouver la branche parfaite pour accrocher mon vœu. Une petite lueur de tristesse, voir de pitié, éclaira cependant son regard quand je lui demandai de le pendre à une hauteur que je ne pouvais pas atteindre, mais elle se reprit rapidement et s’approcha du sapin pour trouver l’emplacement idéal.

- Je suppose que ton voeux mérite la plus jolie branche... Surtout si tu as commandé un beau mec, ou un truc du genre...!

Parler ouvertement de mes histoires de cœur n’était pas dans mes habitudes, alors je tentais d’esquiver le sujet sans pour autant paraitre mal à l’aise. Je ne voulais pas qu’elle me prenne pour une fille coincée, alors un petit mensonge ne nous ferait pas de mal. Après tout nous partagions un petit moment sympa au pied du sapin du campus et nous ne serions sans doute pas amenées à nous revoir, alors tant pis pour l’honnêteté.

- Non, coté cœur j’ai ce qu’il me faut, mais je suis plutôt du genre miss monde : Je souhaite que tout le monde soit heureux ! Dis-je en mimant un salut coincé de ces poules de luxes avant d’en rire.

Toujours à la recherche de la disposition pour mon billet, ma complice du moment me faisait voir différentes propositions et, quand elle pensa avoir trouvé la perle rare, me montra le sapin avec le mot et puis sans. Ce petit manège m’amusa beaucoup car elle entrait dans mon jeu comme une enfant et ça me fit vraiment plaisir que quelqu’un m’aide pour cette petite chose qui me tenait tant à cœur.

- Alors? Elle te va celle là?

- Ça sera parfait ! Merci beaucoup.

Mon petit vœu ne pouvait pas être mieux placé grâce à elle. En espérant qu’il puisse se réaliser… Ralala si seulement ! Je n’attendais que ça, être enfin heureuse ! Du moins totalement heureuse… Je ne pouvais pas vraiment me plaindre de mes conditions de vie puisque ma famille et mes amis se pliaient à toutes mes volontés. Il ne me manquait que l’amour du mec que j’aimais en secret, et si j’attendais qu’il s’en rende compte, j’allais encore passer une année à patienter pour rien ! Mais je savais parfaitement que je serais incapable de lui avouer la vérité… Un petit coup de pouce du destin serait donc le bienvenue !

- Aller, à ton tour de laisser ton vœu ! Je peux même lui trouver une jolie place par ici, dis-je pour revenir à la réalité et en désignant les branches qui m’étaient accessibles.

Alors, pendant qu’elle rédigeait quelques mots sur son morceau de papier encore vierge, je me promenai devant le sapin et en lisant les mots qui attiraient mon regard. Certain étaient pour le moins… étranges.

Le regard perdu sur le sapin, elle semblait se laisser aller à ses pensées. Qu'avait elle inscrit sur son petit papier? J'étais si curieuse que j'aurais bien tendu le bras pour lire ce qu'elle y avait écrit... mais j'étais plus respectueuse et polie que curieuse, heureusement. Et je me gardais bien de lui demander ce qu'elle avait inscrit. Ne dit on pas que les voeux ne se réalisent que s'ils restent secrets?

- Aller, à ton tour de laisser ton vœu ! Je peux même lui trouver une jolie place par ici, me dit elle d'un ton enjoué, le regard posé cette fois ci sur moi.

- Oui, je m'en occupe tout de suite, et ça marche, tu seras chargée de trouver la place de choix au milieu de tous ces petits papiers.

Le bas du sapin était plus particulièrement recouvert de petits mots. Les étudiants avaient du trouver cela plus pratique qu'en hauteur... Et puis les papiers n'étaient pas à hauteur des yeux, leur garantissant un peu plus de discrétion. Même si les petits messages n'avaient rien de confidentiels, ils n'en restaient pas moins personnels. D'ailleurs, je parlais bien de moi lorsque j'inscrivais d'une écriture soignée "Je souhaite que ceux que j'aime soient heureux". L'image de mon frère me vint aussitôt à l'esprit. Oui, que Devon soit heureux, auprès d'Eva puisque ce que c'était ce qu'ils voulaient tous les deux. Si seulement nous pouvions enfin nous retrouver, qu'il n'y ait plus le moindre conflit entre nous, comme avant... Voila ce que je souhaitais. Et que Chad n'ait besoin de moi, et rien que de moi pour être heureux... Ne serait ce pas le plus beau cadeau qu'il puise me faire?

Je pliais en deux le petit papier bleu, puis glissait un petit bolduc pour pouvoir l'accrocher au sapin.

- Voila, tu peux y aller, lui dis je alors qu'elle avait reporté son attention sur les petits papiers. Je m'approchais un peu pour déchiffrer les pattes de mouches de certains d'entre eux. "Je souhaite que Chad tombe raide dingue de moi"

- Mais bien sur, articulais je doucement.

« Je veux être le prochain Mark Zuckerberg » « Je souhaite qu’il neige pour Noël » « Faites que Brad largue enfin Angelina » « Je veux réussir mes exams sans réviser » « Pourvu que personne ne trouve jamais cette vidéo de moi… et de la prof d’anglais » « Vivement le 21 décembre 2012 »

Je m’amusais beaucoup à jouer la curieuse, même si j’avais l’impression d’entrer dans l’intimité de certains étudiants en lisant ainsi les vœux accrochés au sapin. D’accord, ils devaient bien savoir que les cartons étaient susceptibles d’être lu par des yeux aussi fouineurs que le miens, mais quand même ! Je me rassurai en me disant que les messages les plus osés n’étaient que de gros mensonges inventés pour faire rire, et alimenter les rumeurs les plus folles du campus… ou pas.

Normal, donc, que je pousse la jolie blondinette à ajouter son vœu au sapin.

- Oui, je m'en occupe tout de suite, et ça marche, tu seras chargée de trouver la place de choix au milieu de tous ces petits papiers.

- Prend tout ton temps.

Avant de retourner à ma lecture, je lui adressai un clin d’œil complice. Les gens qui m’abordaient aussi facilement étaient rares et j’appréciais vraiment passer ce petit moment avec elle, tout en sachant que nous allions toutes les deux retourné à nos vies après ces quelques minutes de rigolade.

- Voila, tu peux y aller, me dit-elle en tendant son vœu.

Mince, elle avait plié en deux le morceau de papier, m’empêchant de lire les mots qu’elle y avait inscrit. « Erin tu es incorrigible » pensai-je en cherchant une jolie branche pour accrocher le morceau de bolduc et faire pendre harmonieusement le message avec tous les autres.

Elle chuchota ensuite une phrase qui m’échappa et lorsque je me retournais je la vis sourire en coin en tenant un vœu au papier doré criard juste devant ses yeux. Une ride marquait néanmoins son front et je crus y déchiffrer un soupçon de contrariété. Que pouvait-il y avoir sur ce papier pour provoquer ce genre de réaction.

- Tu as lu quelque chose qu’il ne fallait pas ? Lui demandai-je en me rapprochant, toujours curieuse, dans l’espoir de partager sa découverte. J’étais vraiment une peste ! "Mais t’assumes, non ?" Me rappela ma conscience… Bien sur que j’assumais ! Toujours !

- J’ai un briquet si tu veux le cramer ! Riais-je diaboliquement, trop heureuse à l’idée qu’elle accepte de participer à ce genre de sacrifice.

Bien évidemment, mon Chad n'était pas le seul à porter ce prénom dans une si grande université. Chad était un prénom courant, d'ailleurs moi même, j'en connaissais.... Non, un seul, Chad, le mien, et ce voeux sur ce papier titillait ma jalousie. Surtout que Chad avait prévu d'aller fêter son réveillon en Floride, sans moi, avec plusieurs de ses amis. Qui pouvait me garantir que la propriétaire de ce papier n'était pas de la partie?

Je pris du bout des doigts le petit papier doré, comme s'il était susceptible de me brûler les doigts, et relis le message qui y était apposé. Non vraiment, e ne pouvais pas raccrocher ça sur le sapin! Si jamais ce truc de Noël marchait... Si les rêves de chacun se réalisaient... Oui, je savais bien que tout cela était complètement débile, mais je ne pouvais pas courir ce risque!

J'hésitais encore entre chiffonner le petit papier et le fourrer dans ma poche, ou bien le déchirer en mille petits confettis avant de le jeter dans la poubelle de l'entrée. Lorsque ma nouvelle complice me fit une proposition plus que tentante.

- Tu as lu quelque chose qu’il ne fallait pas? J’ai un briquet si tu veux le cramer ! me dit elle en riant, une lueur diabolique dans le regard.

- Un briquet? Très bonne idée, dis je en sortant mon paquet de cigarettes de mon sac. Je n'y avais pas pensé, mais j'avais moi aussi tout ce qu'il fallait pour en terminer avec ce truc! Son écriture n'était même pas soignée, le papier avait été froissé et accroché à la va-vite, il était absolument hors de question que je laisse ce torchon sur un si joli sapin!

Ma nouvelle amie sourit en me voyant faire, et je me sentis obligée de lui faire partager ma découverte. Inutile de lui citer le prénom de mon petit ami cependant, j'ignorais si leurs rapports étaient bons, peut-être même ne connaissaient ils pas.. mais je préférais ne pas risquer de la mettre mal à l'aise, ou pire, de la vexer.

- Oui, une greluche souhaite avoir mon petit ami comme cadeau de Noel. Alors comme je ne veux pas prendre de risque avec ce genre de tradition... je vais aller brûler ça dehors. Tu viens avec moi? J'avais chuchoté la fin de ma phrase pour ne pas me faire repérer... J'ouvrais la porte pour la laisser passer devant moi, et refermais bien vite mon manteau en sentant le vent froid s'y engouffrer.

Comme une gamine de cinq ans prête à faire une bêtise, j’attendais avec impatience qu’elle me réponde… Et j’espérais que ce serait positivement bien sur ! Mais peut-être allait-elle simplement rependre le morceau de papier au sapin et zapper la remarque : Hop, fin de l’histoire ! Non, je sentais que l’idée de cramer ce vœu lui plairait…

- Un briquet? Très bonne idée ! Dit-elle en sortant son paquet de clope de son sac de cours.

Héhéhé ! J’avais vu juste, le vœu qu’elle venait de lire ne l’amusait pas du tout, mais alors vraiment pas du tout. La voir accepter avec autant d’entrain me fit oublier ma curiosité et j’étais déjà prête à passer à l’action quand elle me parla de ce qui la rendait un peu nerveuse dans les mots qu’elle venait de lire.

- Une greluche souhaite avoir mon petit ami comme cadeau de Noel. Alors comme je ne veux pas prendre de risque avec ce genre de tradition... je vais aller brûler ça dehors. Tu viens avec moi?

Bien sur que j’allais l’accompagner ! Je n’avais pas lancé cette idée stupide pour ne pas aller jusqu’au bout. Habituellement je faisais ce genre de choses avec Jax, mais j’étais certaine qu’il serait très amusé lorsque je lui raconterai tout ça. Briser les règles de bonne conduite sans lui serait une grande première pour moi, mais je n’avais pas peur puisque j’étais en bonne compagnie avec cette nouvelle amie.

- Avec grand plaisir! Je suis pour cramer tout les vœux des poufs qui veulent piquer les mecs des autres ! A l’occas fais moi penser de vérifier tous les papiers pour voir si y’en a pas une qui en veut aussi d’après le mien… racontai-je, amusée par cette situation.

Agrippant les roues de mon fauteuil, je passais devant le sapin et franchis la porte qu’elle avait prit soin de me tenir ouverte pour que je puisse sortir facilement. Je la remerciais et nous nous retrouvâmes quelques mètres plus loin, dans l’air glacé de cette journée grisonnante.

- Wouaaaa ça caille ! Un bon feu va nous réchauffer, plaisantai-je en me dirigeant un peu en retrait de l’allée principale. Je ne craignais pas qu’on se fasse prendre à cramer ce bout de papier doré, mais ce n’était pas la peine non plus de rester en évidence. On allait suffisamment nous fixer à cause de mon fauteuil… alors pas la peine d’attirer encore plus l’attention.

- Prête ? Lui demandai-je en brandissant mon arme : un petit briquet avec une grenouille qui faisait les gros yeux…

- Avec grand plaisir! Je suis pour cramer tout les vœux des poufs qui veulent piquer les mecs des autres ! A l’occas fais moi penser de vérifier tous les papiers pour voir si y’en a pas une qui en veut aussi d’après le mien…

- On peut tous les décortiquer un par un si tu veux... dis je avec un regard tueur. Mais il va falloir qu'on fasse vite, il y en a un paquet d’accrochés quand meme! Lui dis je un sourire sadique aux lèvres.

Nous sortîmes l'une après l'autre, comme si nous partions pour une cérémonie plus que sérieuse. L'idée d'allumer un feu de camp avant de me mettre à tourner autour en hurlant des chants incompréhensibles me traversa, mais je n'osais ni le dire, ni le faire... Heureusement pour moi, et pour elle! Je me retenais de rire en m'imaginant vétue d'une jupe de feuilles de bananier et d'un soutien gorge réalisé avec deux noix de coco.... A bien y réfléchir, un simple briquet ferait l'affaire après tout, non?
.
- Wouaaaa ça caille ! Un bon feu va nous réchauffer, s'amusa t'elle à me dire. Avait elle lu dans mes pensées? Bien sur que non, mais son allusion m'amusa suite à ce que je venais d'imaginer.

- Prête ? me demanda t'elle en me tendant un briquet en forme de grenouille.

- Ouh la oui, plus que prête quand je vois ton briquet... C'est une invitation à la justice, il faut régler cette histoire au plus vite!

Je me tournai pour me retrouver dos au peu d'étudiants qui passaient, puis approchais la petite flamme du papier doré. Le petit message ne mit que quelques secondes à partir en fumée, et lorsqu'il ne me resta plus qu'un petit morceau au bout des doigts je le lâchais avant de me bruler.

- Et voila, une bonne chose de faite!

Soulagée, je sortais mon paquet de cigarettes. Il faisait froid, mais je pouvais bien prendre cinq petites minutes pour en griller une. Elle fumait sans doute elle aussi, puisqu'elle se promenait avec un briquet dans son sac. Je lui tendais mon paquet pour qu'elle puisse se servir.

- Abi au fait, enfin, Abigail, mais tout le monde m'appelle Abi... Ravie d'avoir commis ce sacrifice avec toi!

Nous n’avions pas le temps de regarder tous les messages accrochés sur le sapin pour dénicher ceux qui pourraient me déplaire, et puis… Jake n’était pas vraiment mon petit ami. Cet amour n’allait qu’a sens unique, alors pas la peine que j’ennuie ma complice avec ça. Et puis, cramer le vœu qu’elle venait de dénicher serait suffisant pour m’amuser et brulerait symboliquement tous ceux des filles qui voulaient les mecs des autres.

Une fois sorties dans l’air glacial, je plaisantais un peu avant de reprendre mon sérieux et je m’armais de mon briquet avant de lui demander si elle était prête pour le sacrifice. J’aurais volontiers brulé un sapin complet en l’honneur des dieux vengeurs… mais ce n’était vraiment pas possible ici !

- Ouh la oui, plus que prête quand je vois ton briquet... C'est une invitation à la justice, il faut régler cette histoire au plus vite!

Je la laissais donc enflammer le petit morceau de papier en récitant intérieurement un psaume prophétique à l’intention de toutes ces filles sans scrupules. « On ne sait jamais… ça marchera peut être » pensais-je en joignant mes mains jusqu'à ce qu’il ne reste plus que des cendres volant lentement vers le sol dallé de l’esplanade.

- Et voila, une bonne chose de faite!

Pour un peu j’aurais applaudi, mais je ne voulais pas qu’elle me prenne pour une folle. Déjà que mes idées devaient paraitre douteuses… inutile d’en rajouter.

- Non, merci. Je fume pas. Dis-je alors qu’elle me tendait un paquet de cigarette. Le briquet c’est pour la drague… Tu sais les mecs qui viennent demander: T’as pas du feu steuplait ? Et bien hop !

Je laissai échapper un petit rire en m’entendant raconter ça avant qu’elle ne reprenne un air plus sérieux.

- Abi au fait, enfin, Abigail, mais tout le monde m'appelle Abi... Ravie d'avoir commis ce sacrifice avec toi!

- Erin, me présentai-je à mon tour. On recommencera l’année prochaine ! Tu seras toujours en fac, non ?

Je la voyais plus jeune que moi et donc, probablement, en premier année d’un quelconque cursus proposé ici. Histoire de l’art, en langue ou philosophie peut être… Tout en réfléchissant à la matière dans laquelle je l’imaginais le mieux, je sentis le froid commencer à me glacer.

- Ça te dit un ptit thè ou un café au ru? J’aurai bien brulé d’autres vœux pour nous tenir chaud, mais j’ai peur que ça ne passe pas inaperçu…

Le message brûlé n'était plus qu'un petit tas de cendres qui s'étaient envolées au premier coup de vent. Les mains dans le froid, je commençais à littéralement geler sur place. Mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi bien évidemment...

- Erin, On recommencera l’année prochaine ! Tu seras toujours en fac, non ?

Erin... Mais bien sur!! J'avais tellement entendu parler de cette "pauvre petite Erin" qui avait eu cet accident tragique et qui avait perdu l'usage de ses jambes. Je n'aurais pas pu retrouvé son prénom, mais maintenant que je l'entendais... Tant de personnes en avaient parlé autour de moi, Great Falls est une ville si petite!

- Bien sur, on pourra recommencer! lui répondis je en souriant... Et oui, je n'y avais pas pensé, mais elle supposait que j'étais étudiante moi aussi. J'en avais l'âge, puisque j'avais redoublé ma dernière année... Je me sentis d'autant plus frustrée que j'avais bien du mal à supporter mon lycée et mon éloignement d'avec Chad. Si seulement j'avais eu mon diplôme, je passerais mes journées avec lui maintenant...!

- Ça te dit un ptit thè ou un café au ru? J’aurai bien brulé d’autres vœux pour nous tenir chaud, mais j’ai peur que ça ne passe pas inaperçu…

Avec plaisir, je me gèle là, j'en peux plus!, lui répondis je presqu'en grelottant. J'écrasais ma cigarette en me mettant en marche à coté d'elle. Tout en avançant, j'envoyais un texto à Chad, pour qu'il me retrouve directement là bas... Bonne ou mauvaise idée? Je n'en savais rien, je ne savais même pas s'ils se connaissaient!

- A vrai dire, je ne suis pas encore étudiante... mais toujours lycéenne... j'ai repiqué ma dernière année. dis je grimaçant. Alors j'espère bien que l'année prochaine je serais avec toi pour la même petite cérémonie!

Le restaurant universitaire était tout près du hall d'entrée, et nous étions déjà devant arrivées devant la porte. Je la lui ouvris pour qu'elle puisse entrer avant moi, tout en continuant de discuter comme deux vieilles amies.

- Mon frère et mon petit ami font leurs études ici... C'est pour ça que je suis là aujourd'hui. En général j'attends dehors... alors je ne t'avais jamais croisée. Mais là avec le froid qu'il fait, je n'avais pas vraiment le choix, surtout qu'il ne sait pas être à l'heure... Et toi, dans quelles passionnantes études t'es tu lancée dis moi?

Tout comme moi, Abi commençait à vraiment avoir froid. Il faut dire que la météo était vraiment pourrie depuis quelques jours et l’air du Wisconsin devenait de plus en plus glacial au fil des heures. La neige ne tarderait pas à tomber… Nous aurions peut-être la chance d’avoir un noël blanc. Je n’étais pas vraiment fan de ce genre de temps, mais qui n’aimerait pas un peu de poudreuse pour les fêtes de fin d’année ? Cela rendait les choses tellement plus magiques !

Ma proposition sembla la séduire puisqu’elle accepta immédiatement de m’accompagner boire quelque chose de chaud. Je me mis donc en route vers cet oasis de chaleur que représentait le restaurant universitaire, ma nouvelle amie marchant à ma hauteur. Ses talons claquaient sur les dalles alors qu’elle envoyait un sms. J’aurai pu me laisser aller à la nostalgie mais elle ne m’en laissa pas l’occasion. Heureusement !

- A vrai dire, je ne suis pas encore étudiante... mais toujours lycéenne... j'ai repiqué ma dernière année. M’avoua-t-elle gênée. Alors j'espère bien que l'année prochaine je serais avec toi pour la même petite cérémonie!

Elle semblait vraiment déçue et presque énervée par cet échec, pourtant, bien que ce ne soit pas toujours facile à vivre, redoubler n’était quand même pas la fin du monde. Il devait y avoir un autre élément dans la balance pour la faire déséquilibrer autant.

- Tu sais… Ca arrive à des gens très bien de redoubler ! Lançai-je amusée en parlant de moi pendant qu’elle ouvrait la porte et me laissait passer. Et puis les études universitaires sont longues, tu as bien le temps de découvrir et même de détester tout ça. Mais pourquoi traine tu dans le coin ? Tu visites pour t’imprégner des lieux avant la prochaine rentrée ?

Tout en parlant comme si nous nous connaissions depuis toujours, j’attrapai un plateau et m’engageait dans la file du self quasi déserte à cette heure de la journée. Tant mieux, nous serions d’autant plus tranquilles pour discuter et faire plus amples connaissances.

- Mon frère et mon petit ami font leurs études ici... C'est pour ça que je suis là aujourd'hui. En général j'attends dehors... alors je ne t'avais jamais croisée. Mais là avec le froid qu'il fait, je n'avais pas vraiment le choix, surtout qu'il ne sait pas être à l'heure...

J’aurai pu le parier ! Les mecs sont toujours derrières nos plus belles folies… Comme nous faire poireauter pendant des heures pour leurs beaux yeux au risque de nous faire attraper une belle bronchite ! Ce ne sont pas toujours les filles les plus en retard finalement...

- Et toi, dans quelles passionnantes études t'es tu lancée dis moi?

- Je suis en deuxième année d’informatique. J’adoooore les ordinateurs ! Les démonter, débrancher leurs fils, bidouiller leurs mémoires…C’est passionnant, plaisantai-je en attrapant quelques gâteaux sur l’étalage. J’avoue faut aimer.

Après avoir payé notre plateau commun, je me dirigeai vers la machine à café sans pouvoir faire taire ma curiosité.

- Ils sont en quoi ton chéri et ton ami ? Si ça trouve je les connais!

- Je suis en deuxième année d’informatique. J’adoooore les ordinateurs ! Les démonter, débrancher leurs fils, bidouiller leurs mémoires…C’est passionnant, plaisantai-je en attrapant quelques gâteaux sur l’étalage. J’avoue faut aimer.

Je ne pus me retenir de rire en pensant à ma dernière prise de tête avec mon ordinateur. Il avait failli passer par la fenêtre, refusant catégoriquement l'impression de mon dossier d'histoire. Dossier qui n'était déjà pas très épais, pas franchement bien écrit... Bref, ni la présentation, ni le contenu n'avaient pu faire monter ma note. Et par dessus le marché, j'avais passé un heure à tenter une impression que j'avais finalement faite directement au lycée... pitoyable donc!

- Je suis super nulle en informatique. J'aime ça, mais dès que ça dépasse Google, Facebook et Youtube, tout se complique immédiatement. Je crois que les pc ne m'aiment pas, je ne sais pas pourquoi... J'ai du les maltraiter dans une autre vie, aucune idée!

Erin me fit signe qu'elle payait la note alors que je sortais mon porte monnaie pour l'inviter. Puis nous allâmes nous installer dans un coin tranquille. Le restaurant était désert à cette heure, les étudiants étaient soit en cours, soit rentrés se mettre au chaud en cette fraiche journée.

- Merci pour le café, le prochain est pour moi!


- Ils sont en quoi ton chéri et ton ami ? Si ça trouve je les connais!


Je sentis mes joues s'empourprer en l'entendant. Oui, si ça se trouve, tu connais Chad, pensais je... Et tu ne l'apprécies absolument pas.... Ce qui à ce moment là, m'ennuyait profondément. Le courant passait bien avec Erin, et mon intuition me disait que nous allions nous recroiser.

- Mon chéri est en maths... et non, ce n'est pas mon ami mais mon frère, la rectifiais je. Il est en...

Je fus interrompue par la sonnerie de mon portable. Chad. Sa photo apparut sur mon iphone que j'avais posé sur le plateau, et mon regard croisa celui d'Erin alors que je décrochais. Est ce qu'elle avait vu de qui il s'agissait? Avaient ils vraiment de mauvais rapports ou est ce que l'autre soir il avait parlé d'elle comme ça, en l'air, sans l'avoir croisée réellement?

- Oui Bébé... Bien et toi?... Oui, je suis au RU. Comme tu veux, dis moi à quelle heure tu arrives, je t'attends.

Chad me parla rapidement d'un pote qu'il devait absolument voir avant de me retrouver... Je coupais court à la conversation, ce qui ne fut pas difficile à faire tant il avait l'air pressé, et reposa mon téléphone sur la table.

- Euh... Je ne sais plus ce que nous disions... Pour boucler la boucle, j'aurais bien voulu partir dans l'histoire de l'art l'année prochaine, avec un option musique... Mais bon, il me reste une année encore à terminer avant ça!

Il fallait vraiment avoir la passion pour le monde informatique pour réussir dans la branche que j’avais choisie en arrivant à la Fac, sinon on se retrouvait rapidement noyé sous le flot des difficultés. On était bien loin de l’utilisation du logiciel word ou de l’internet familiale… Alors quand Abigail aborda le sujet en me disant que ces connaissances sur la question ne dépassaient pas les plus célèbres sites du monde et qu’elle n’avait pas la fibre informatique, cela me fit sourire.

- Tu as de mauvaises ondes ! Plaisantai-je en sachant que cela n’était qu’un mythe.

Nous nous installâmes ensuite pour boire notre café et grignoter tranquillement notre petit « gouter ». Elle me remercia et insista pour payer la prochaine fois. Sur ce point nous nous ressemblions beaucoup… J’avais l’impression de me voir quand Jax se proposait pour payer nos repas ou nos consommations en soirée.

- Mon chéri est en maths... et non, ce n'est pas mon ami mais mon frère, me rectifia-t-elle avant de poursuivre Il est en...

Oups… je m’étais trompée, mais je n’eus pas le temps de m’excuser pour ma méprise puisque son téléphone s’illumina avant de sonner. Je ne pus résister à la curiosité et mes yeux se posèrent sur la photo qui s’afficha sur l’écran. Le visage qui apparut ne m’était pas familier, mais pas totalement inconnu. J’avais déjà croisé ce garçon sur le campus… mais où et quand ? J’étais bien incapable de le dire. En soirée peut-être.

Il s’agissait donc du petit ami d’Abigail. Il ne fallait pas être devin pour le comprendre et ses paroles vinrent confirmer le fond de ma pensée. Elle l’invita à nous rejoindre au resto universitaire, mais il avait affaire ailleurs avant de venir retrouver sa chérie puisqu’elle abrégea rapidement la conversation d’un air agacé… Les mecs alors !

- Euh... Je ne sais plus ce que nous disions... Pour boucler la boucle, j'aurais bien voulu partir dans l'histoire de l'art l'année prochaine, avec un option musique... Mais bon, il me reste une année encore à terminer avant ça!

Je ne voulais pas retomber dans une note négative en parlant de sa dernière année au lycée et puis un point qu’elle venait d’aborder titillait ma curiosité.

- Option musique ? Tu joues d’un instrument ? Ou t’es simplement passionnée par cet univers ?

Je n’y connaissais pas grand-chose pour ma part, seulement ce que j’avais pu apprendre en entendant parler Liam, Candice et Jake… Autant dire rien du tout ! C’était quand même assez dérangeant, quoi que je fasse, avec qui que je parle, j’arrivais toujours à en revenir à lui. Jake. Il n’était pas franchement dans mes bonnes grasses en ce moment, depuis l’épisode d’insulte des handicapés et ma chute dans le jardin, mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser à lui…

- Tu as peut-être déjà un projet pour plus tard ?

- Option musique ? Tu joues d’un instrument ? Ou t’es simplement passionnée par cet univers ?

Son intérêt me surprit autant qu'il me fit plaisir. Lorsque je parlais de ma passion pour la musique, c'était souvent tout ou rien, les gens s'intéressaient vraiment, et nous pouvions parler pendant des heures, ou alors ils n'en avaient vraiment rien à faire, et la conversation déviait tout de suite sur autre chose.

Mais là, je sentais un réel intérêt de sa part. Peut être était elle elle même musicienne?

- Un peu des deux à vrai dire... J'aime beaucoup la musique, de toutes sortes, je m'y suis toujours intéressée... Les différents courants, les classes d'instruments, la place de la musique dans l'histoire... Et je joue de la guitare oui, j'ai appris le peu de piano plus jeune, mais la guitare l'a emporté sur le reste! Même si depuis quelques temps je la délaisse un peu... Il faut que je m'y remettre plus sérieusement.

J'avais raison, Erin m'écoutait avec curiosité et intérêt. Elle me demanda même si j'avais un projet dans la musique.

- Un projet... Non pas vraiment. Je sais que je veux bosser dans cet univers, après exactement... J'ai revu mes projets à la baisse en grandissant, quand j'avais 6/7 ans je voulais devenir pianiste, mais une grande grande pianiste, tu vois, une sorte de Ray Charles en féminin! dis je en riant. Mais comme j'étais un coeur d’artichaut, je suis tombée sous le charme de la guitare, et après avoir caressé l'idée de monter un groupe de rock, je me suis assagie et j'ai commencé à envisager un avenir plus classique, certes, mais plus réaliste. quand je serais en première année, je vais vraiment voir les métiers qui tournent autour de l'art de la musique et là, je serais en mesure de faire véritablement mon choix. Mais c'est vraiment là dedans que je veux travailler, c'est sur!

J'avais peut être un peu trop parlé, je m'étais laissée emporter par mes souvenirs et mon futur plus qu'incertain pourtant au moment où je lui parlais. Car pour faire tout cela, il fallait déjà que j'entre en fac, ce qui n'était pas vraiment gagné à la vue de mes notes.

- Et toi, tu es musicienne, non? Taper en rythme sur les touches d'un ordinateur ça ne compte pas!! rajoutais je avant qu'elle ne me réponde.

Depuis mon plus jeune âge, mon frère s’occupait de mon éducation musicale et encore davantage suite à mon l’accident. Une complicité nouvelle s’était crée entre nous après ma sortie de l’hôpital et écouter des tonnes de CD nous avait occupés pendant les longs mois de ma convalescence. Même encore aujourd’hui, je prenais beaucoup de plaisir à suivre les conseils de mon ainé et à lui faire confiance question nouveauté. J’écoutais de tout grâce à lui ! Mais aussi beaucoup de variété, a son grand dam, lui qui préférait un univers nettement moins commercial et médiatisé.

Alors, face à une personne qui me parlait de faire des études dans la musique, je ne pouvais qu’être intéressée… et curieuse ! Ma liste de question due la surprendre, mais elle se prêta facilement au jeu, en m’expliquant le pourquoi du comment de son projet. J’écoutais chacun de ses mots avec attention et petit à petit je commençais à éprouver de l’admiration pour elle. En plus d’en connaitre un sacré rayon sur la musique en générale, elle savait jouer du piano, de la guitare… alors que j’étais incapable d’aligner deux notes de quoi que ce soit sans déclencher un ouragan. Non, non, je promets de ne pas avoir touché un instrument le jour où la tempête avait décidé de traverser Great Falls !

- Mais c'est vraiment là dedans que je veux travailler, c'est sur!

- Je ne doute pas une seconde que tu y arrives un jour. T’as l’air d’être une fille plutôt déterminée, lui dis-je en souriant en croquant ensuite dans une pâtisserie un peu fadasse.

- Et toi, tu es musicienne, non? Taper en rythme sur les touches d'un ordinateur ça ne compte pas!!

Elle était tellement spontanée et joviale que ça remarque me fit rire. Je n’avais même pas pensé à lui sortir ce genre de baratin tant j’étais absorbée par tout ce qu’elle venait de me dire.

- C’est dommage parce que le clavier de mon pc est le seul instrument que je maitrise à la perfection, plaisantai-je sur le même ton. Est-ce que l’écran tactile de mon portable compte, lui ?

Je supposais bien que non !

- Non je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre à jouer quand j’étais petite, même si j’aurai aimé savoir sortir quelques notes d’un piano. Et puis maintenant c’est trop tard pour que je m’y mettre alors tant pis… j’écoute les autres et profite de leur musique, c’est déjà pas si mal.

- C’est dommage parce que le clavier de mon pc est le seul instrument que je maitrise à la perfection,est-ce que l’écran tactile de mon portable compte, lui ?

Je pouffai à mon tour en l'entendant parler. non, malheureusement, non, ça ne comptait pas, malgré les nombreuses applications d'I phone proposées!

- Non je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre à jouer quand j’étais petite, même si j’aurai aimé savoir sortir quelques notes d’un piano. Et puis maintenant c’est trop tard pour que je m’y mettre alors tant pis… j’écoute les autres et profite de leur musique, c’est déjà pas si mal.

Je souriais en l'écoutant parler. Trop tard? Ok, elle n'avait pas commencé aussi jeune que moi, mais il n'est jamais trop tard pour se lancer dans la musique, non? Je me promettais de lui faire essayer si jamais nos chemins se croisaient à nouveau...

- Oui, c'est pas si mal, tu as raison... lui répondis je en taisant mes pensées. Sans rien ajouter, je bus une gorgée de café puis croquai dans un mini muffin.

Mon téléphone se remit à sonner, ce qui fit sourire ma nouvelle amie. C'etait Chad évidemment, qui avait terminé ce qu'il avait à faire, et qui s'impatientait sur notre lieu de rendez vous.

- Oui, je suis là dans deux minutes Bébé, j'arrive!

Je m'excusai auprès d'Erin, puis avalai le fond de mon café en vitesse. Elle comme moi sembla hésiter pour échanger nos coordonnées, mais aucune de nous ne fit le premier pas... Cependant, nous avions toutes les chances de nous revoir rapidement.

- J'espère qu'on se recroisera bientôt! Je suis souvent sur le campus! A bientot! Et merci pour le café lui dis je en partant, me pressant pour ne pas faire attendre Chad.

FIN