Comme chaque jour de la semaine, Juliet s'accorde sa pause déjeuner de deux heures, moment crucial de la journée si elle veut pouvoir rester aussi active que possible tout l'après midi. Aussi, ses talons clinquants sur le béton du trottoir, un bras tenant un sac renfermant une jolie robe noire flambant neuve et l'autre un thé à emporter du café du coin, la jeune femme avance fièrement parmi les passants, la tête haute et un sourire radieux sur les lèvres légèrement maquillées.

Vêtue d'une robe bustier fleurie afin de profiter des premiers rayons de soleil du printemps et d'une paire de sandales compensées d'une hauteur vertigineuse afin de rehausser sa taille, raisonnable mais légèrement trop petite à son gout, la jeune femme vient d'avaler une salade rapide dans un petit restaurant du coin avant de reprendre le chemin de la boutique. Il lui reste encore une bonne heure devant elle et c'est d'ailleurs pour cela que la jeune femme s'est octroyé une petite pause shopping avant de retourner flâner sur les trottoirs de la ville.

Tandis qu'elle s'apprête à jeter un nouvel oeil à la nouvelle merveille qui doit rejoindre très bientôt sa penderie, la jolie blonde aperçois au loin une silhouette familière qui attend patiemment de pouvoir traverser, et son sourire disparait l'espace d'un court instant.
Se mordant la lèvre inférieure, signe d'une réflexion plus ou moins intense chez elle, Juliet se tâte... Elle hésite à aborder Dean qui l'évite avec adresse depuis qu'elle lui a lâchement posé un lapin le soir où ils s'étaient donné rendez-vous. Bien sur, elle comprend tout à fait qu'il lui en veuille, elle même s'en voudrais à sa place, mais elle tiens vraiment à se faire pardonner...

N'hésitant donc pas plus que quelques secondes, la vendeuse se dirige prestement vers lui afin de l'attraper avant que la circulation ne cesse et qu'il ai encore une fois l'occasion de lui échapper. Trottinant allègrement vers lui, la jeune femme finit par l'appeler afin de capter son attention. Rien ne garantit bien sur que le mécanicien daigne lui accorder un peu de son temps, mais qui ne tente rien n'a rien, et Juliet n'est pas du genre à baisser les bras. Quand elle veut quelque chose, sachez que mademoiselle Miller l'obtient toujours, quelle que soit cette chose!

-Dean!

Le voilà abordé... Reste à savoir s'il lui laissera le temps de s'expliquer ou pas, et autant dire que ça n'est pas gagné. C'est d'ailleurs pour cela que Juliet s'empresse de le rejoindre, pressant le pas pour qu'il ne puisse pas feindre de ne pas l'avoir entendue...

-Salut...

Légèrement essoufflée, la jeune femme tente malgré tout de paraitre au mieux de sa forme et lui adresse un sourire de nouveau radieux, espérant l'amadouer un peu afin qu'il accepte de l'écouter....

Essayant de paraitre dans un de ses meilleurs jours, Juliet respire profondément afin de récupérer le plus vite le souffle qui lui manque. Elle sait pertinemment qu'elle n'a que peu de chances de se rattraper auprès de Dean qui déjà l'évite depuis des semaines, mais elle espère grandement avoir le temps de lui expliquer la situation.

Bien sur, la vendeuse se voit mal expliquer à Dean le fait qu'elle lui a posé un lapin pour un homme certes moins brillant que lui, mais tellement plus à même de lui offrir la vie dont elle rêve. Aussi, la jeune femme a-t-elle répété dans sa tête, milles excuses plausibles afin d'expliquer son absence ce soir là. Et son choix s'est porté sur un classique du genre. Mais avant de la lui servir accompagnée d'un de ses sourires les plus faussement navrés, la jeune femme préfère engager un minimum de conversation.
C'est pour cette raison d'ailleurs, qu'elle se contente au premier abord de le saluer tout sourire, espérant l'amadouer légèrement... Mais autant dire que cette tentative se solde par un échec vu le ton peu conciliant qu'emploie le garagiste pour lui répondre. Mais Juliet ne baisse pas les bras pour autant et décide de mettre les deux pieds dans le plat sans plus tarder. Plus elle attendra, et plus sa chance de se faire pardonner risque de s'amincir, alors autant attaquer tout de suite!

Perdant donc volontairement son sourire pour se mordre très légèrement la lèvre inférieure, Juliet pose un regard désolé sur Dean.

-Ecoute... Je sais que tu n'as pas vraiment envie de me parler, mais je voulais vraiment m'excuser pour l'autre soir... C'était tout à fait involontaire de ma part, mais tu sais, ma mère s'est blessée en cuisinant et j'ai du l'emmener à l'hôpital... J'avais pas ton numéro, j'ai pas pu t'appeler et tu as refusé de me voir depuis...


Oui, Juliet rejette bien une partie de la faute sur Dean, seul moyen qu'elle a trouvé pour qu'il accepte de la pardonner (en théorie, ça marchait plutôt bien quand elle avait répété milles fois son excuse!)... Maintenant, reste à savoir si le jeune homme va aussi bien marcher que prévu. Mais avant toute chose, la jeune femme préfère lui faire une nouvelle proposition, afin de l'amadouer un peu plus...

-Je peux, peut-être me faire pardonner autour d'un autre diner? Où je viendrais cette fois bien sur!

Ponctuant sa phrase d'un sourire innocent, la jeune femme se surprend malgré tout à espérer qu'il accepte... Elle n'aime pas être mal aimée, et cette fois ci encore moins!

Pas le moins du monde décontenancée par l'attitude de Dean qui évite clairement de la regarder et fait sensiblement comprendre qu'il aimerait être partout ailleurs qu'ici, Juliet ne démord pas de son objectif. Elle a vraiment envie de se faire pardonner, car bien qu'elle lui ai lâchement posé un lapin, non pas pour soigner sa mère, mais pour se faire valoir auprès d'un homme assez fortuné, la jeune femme ne lui en est pas moins reconnaissante pour ce qu'il a fait pour elle et souhaite vraiment le remercier.

Néanmoins, Dean ne semble pas vraiment vouloir coopérer, ce que Juliet arrive à concevoir sans pour autant l'accepter...
Quand il répond d'ailleurs, pour sa défense, qu'il était très occupé ces derniers temps, Juliet se force à esquisser un sourire compréhensif. Évidemment, elle ne sait pas ce qui est arrivé au père de Dean, car bien que Great Falls soit une petite ville, la jeune femme ne s'intéresse pas assez aux autres pour être au courant des malheurs de ses voisins. Son petit nombril la passionne bien trop... Aussi, son air compréhensif est-il dédié au fait que Dean soit débordé avec le garage, bien qu'elle n'y croit pas un seul instant.

-Je vois!

Quoi qu'il en soit, malgré ses occupations, Juliet compte bien l'inviter à diner, pour qu'il cesse de l'éviter comme si elle avait une quelconque maladie contagieuse. Qu'il se rassure, Juliet n'a jamais contracté la moindre maladie, mis à part peut-être celle de la mythomanie, qui par chance n'a rien de contagieux.
Aussi, c'est sans détour qu'une fois ses excuses faites, tissus de mensonges certes, mais tout à fait sincères malgré tout, la jolie blonde se permet de l'inviter à diner de nouveau. C'est très sure d'elle même qu'elle fait cette proposition, certaine qu'il ne pourra pas la lui refuser, et pourtant, les paroles de Dean lui font l'effet d'une douche froide.

Peu habituée à ce qu'on lui refuse quoi que ce soit, Juliet est légèrement chamboulée par ces trois lettres qui signent le refus du garagiste. "Non"... Jamais aussi loin que remonte sa mémoire, un homme ne lui avait refusé quoi que ce soit...
Perdant son sourire, Juliet se voit donc ouvrir la bouche à plusieurs reprises, prête à balbutier un "pourquoi" incrédule, mais la jeune femme a vite fait de reprendre contenance, ne se laissant pas abattre pour si peu.

-Juste un diner! Je promet de venir cette fois... Tu as dit oui une fois, qu'est ce qu'il t'en coûte d'accepter une seconde fois?

Bon, d'accord, ce n'est pas le meilleur moyen pour Juliet de ne pas montrer que ce refus l'a légèrement touchée puisqu'elle se fait légèrement insistante, mais elle ne tient pas à rester sur une réponse négative, complètement ignorante du fait que son "lapin" avait sans doute pu heurter la fierté de Dean.

A aucun moment Juliet n'a voulu se jouer de Dean, bien au contraire, la gentillesse du garagiste à son égard a vraiment touchée la jeune femme qui n'aurait jamais pu faire face à de telles sommes sans la bonté du jeune homme. C'est donc avec une réelle intention de le remercier pour son aide que la jeune femme l'a invité à diner. Pas pour le séduire, coucher avec lui puis le rejeter ensuite, Juliet en est incapable depuis dix longues années déjà...
Non, si elle l'avait invité, c'était vraiment dans l'optique de le remercier. Un diner c'était là tout le luxe qu'elle pouvait s'accorder de lui offrir vu ses faibles revenus.

D'ailleurs, la jolie blonde admet avoir été cruelle de ne pas être venue, et encore plus de ne pas avoir prévenu de son absence, mais quand cet homme qui lui avait fait miroiter monts et merveilles dans sa "black card" l'avait invité, le reste du monde lui était subitement sortit de la tête, et Dean avec, malheureusement.
Quoi qu'il en soit, le mal et fait, et tout ce que Juliet peut faire, c'est s'excuser, ce qui n'est pas tout à fait simple, puisqu'elle se voit obligée de mentir. Après tout, si elle veut qu'il lui pardonne son impolitesse, mieux vaut qu'il ne sache rien de cet homme riche...
C'est pour cela que Juliet invoque sa pauvre mère qui en réalité avait passé la soirée devant la télé, une bière sans alcool à la main à regarder les experts. Peut-être qu'avec une telle excuse Dean acceptera de lui donner une seconde chance, mais il semble que rien n'y fasse. Le garagiste s'obstine à lui dire non, ce qui n'est pas du goût de la vendeuse pour tout dire.

D'ailleurs, les paroles de Dean ne lui plaisent pas plus que son refus. Juliet l'entend peut-être mal, mais il lui semble à travers les mots de Dean, que le jeune homme s'était attendu à tout autre chose que ce qu'elle avait voulu en réalité et autant ne pas avoir peur des mots, Juliet se sent insultée... Pour tout dire, la jeune femme a l'impression que Dean pensais qu'elle allait se jeter sur lui et lui faire sauvagement l'amour en guise de remerciement, et la jeune femme vexée démarre au quart de tour...

-Attends... Tu pensais que c'était... Une proposition ou quelque chose du genre?

Les sourcils froncés, la bouche entrouverte, Juliet ne se pose même pas la question de savoir si elle a bien interprété ou pas les paroles du jeune homme. Pour elle, c'est comme ça qu'elles sonnaient...

-Si je t'ai invité, c'était pour moi aussi être gentille, pas pour te payer en nature...Si c'est l'image que tu as de moi... C'est peut-être mieux en effet que tu n'acceptes pas un diner avec moi...

Cette fois, Juliet a perdu son beau sourire et son air guilleret. Elle se sent vraiment énervée et surtout déçue de constater la bien piètre image que Dean semble avoir d'elle...