Aujourd´hui ça faisait exactement 3 semaines qu´Anna était partie vivre son rêve New-Yorkais. 3 semaines, donc, que notre cher Alexander était célibataire. Mais surtout, surtout, il était libre ! Libre de toute règlementation imposé par la gente féminine, libre de faire ce qu´il voulait, quand il voulait et où il voulait. Il s´était, certes, fixé quelques limites, mais elles n´étaient en aucun cas aussi stricte que lors de son mariage. Maintenant, il pouvait travailler jusque tard dans la nuit sur ses projets, rester au boulot aussi longtemps qu´il voulait, faire autant d´heures supplémentaires qu´il le souhaitait, sans avoir à se demander quelle mauvaise surprise l´attendait à la maison. Bref, c´était la belle vie.

Et si on avait dit à notre Alexander que cette belle vie aura une brusque fin en ce début d´après-midi, il aurait rigoler. Sauf que, ces paroles allaient s´avérer être vraies. Cette journée prendra, à pile 15h26, une toute autre tournée, et lui réservera une surprise. Une surprise de taille et sous forme humaine.

Nous allons passer sous silence ce début de journée, qui était tellement banal que cela en faisait peur, et allons tout de suite passer à l´heure citée plus haut. Garage ouvert, notre jeune homme était entrain de polir la carrosserie rouge de sa nouvelle et merveilleuse Acura NSX, lorsqu´un bruit de moteur attira son attention.

Ou plutôt était-ce le manque de bruit de moteur de moto qui porta notre jeune homme à lever la tête? Alexander ne saura se l´expliquer. Quoiqu´il en soit, fronçant légèrement les sourcils, notre ingénieur se redressa et se retourna. Son regard tomba tout d´abord sur une splendide Harley Davidson. Puis, il porta son regard sur le pilote qui en descendait. Lorsque ce dernier se dirigea vers le top case, enleva son casque, attrapa son sac et se dirigea vers notre jeune homme, celui-ci faillit lâcher l´éponge et le lustrant.

"Logan ...?" souffla-t-il, sans pouvoir en croire ses yeux, avant de reprendre contenance. Toussotant et clignant des yeux, il se redressa et s´avança. Posant ce qu´il avait en main sur l´étagère, il se stoppa devant celui qui avait longtemps été son ami.

Puis, sans réellement savoir ce qu´il faisait ni pourquoi il le faisait, il attrapa Logan par le col et le plaqua violemment contre le mur. Le fixant durement, il approcha son visage de celui de son ami.

"Qu´est-ce tu fous là ?" grogna-t-il avant de lancer un rapide coup d´œil vers la rue. Heureusement, celle-ci était déserte. Rapidement, il reporta son attention sur sa victime et le fusilla du regard "sérieux Logan, si tu viens ici pour foutre la merde dans ce village tu dégages. Immédiatement."

Great Falls était une mignonne petite ville. C'en était la première impression de James, fraîchement débarqué de son Canada natal. Le temps était aussi plus clément, à Great Falls. Encore un bon point.

Après avoir demandé son chemin à une charmante personne — tous les gens étaient aussi sympas que le laissait penser la ville ou quoi ? —, Logan trouva sans peine ce pourquoi il était là : la maison de son vieil ami Alexander Carlter. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela faisait très longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus, qu'ils ne s'étaient pas même parlés. Treize ans pour être exact, plus ou moins.

Aussi, James quelque part espéré autre chose que de se retrouver pris par le col et plaqué contre un mur. Rien de bien méchant en soi, mais ça l'avait tout de même surpris. A peine descendu de sa moto, à peine à deux pas d'Alexander, et ce dernier le fusillait déjà du regard, en lui demandant ce qu'il foutait là.

— Sérieux Logan, si tu viens ici pour foutre la merde dans ce village tu dégages. Immédiatement.

Un peu de considération n'a jamais tué personne. Même s'il faut bien avouer qu'un accueil chaleureux du style "Logan ! Salut ! Qu'est-ce que ça fait longtemps dis donc ! Tu deviens quoi mon vieil ami ?" l'aurait plus fait flipper qu'autre chose. Surtout venant d'Alex.

— Oui, moi aussi j'suis content d'te revoir Alex, répondit James plutôt calmement, avec un sourire en coin.

D'une main, il se dégagea de l'emprise de l'américain tout en le repoussant de quelques pas. Il réajusta son sac sur son épaule en regardant autour de lui. La rue était déserte, ce qui n'était sans doute pas plus mal, mais une chose était certaine, tout ceux qui habitaient là étaient riches. Très riches. A commencer par Alexander et son Acura NSX rouge sombre.

— Bien ta bagnole, commença-t-il en s'avançant vers elle. Doit être top à conduire n'empêche.

Nonchalamment, il s'appuya contre la carrosserie et détailla un instant le garage, comme s'il n'avait pas quelque chose de super important à demander. Il fit durer un peu le silence puis repris la parole, tout en reportant son attention sur Alex.

— Sinon, tu peux m'héberger ?

Le "comme avant" résonnait presque comme un écho à la fin de sa phrase. Mais treize ans et beaucoup de choses s'étaient passées. Rien ne serait tout à fait comme avant, même s'ils reprenaient leur colocation, là où ils s'en étaient arrêtés. Une pause de treize années, en somme.

Il y avait joie humaine et … joie d’Alexander. Au lieu de réagir comme toute personne sensé le ferait et au lieu de sauter sur Logan, le serrer contre lui et lui dire Ô combien il était heureux de le revoir –rien que l’idée de contact physique, autre que lors d’une baston, avec ce mec lui donnait la nausée- Alexander avait préféré le plaquer contre le mur, lui crachant son amour et sa joie à la tête, sous forme d’injures. Enfin bref. Logan, lui, était plus que surprit par cette réaction impensable et irréfléchie. Mais, passé cette surprise, son visage se para d’un sourire en coins et, tandis qu’il repoussait doucement mais fermement Alexander, il dit que lui aussi était heureux de le revoir.

Notre américain l’observa et son regard s’adoucit lorsque Logan lui tourna le dos. Pour tout avouer, cet enfoiré de canadien lui avait quand même bien manqué. Mais surtout, il s’était pas mal inquiété pour lui, étant donné que pendant 13 ans il n’avait eu aucune nouvelle. Et, connaissant le passé de son ami, Alexander ne savait même pas s’il était encore en vie ou pas. C’était sans doute cette pensée là, qui l’avait fait le plus flipper. Finalement, c’était bel et bien Logan qui se trouvait devant lui, il respirait, parlait et semblait être plus en vie que jamais. Mais ce n’était sans doute pas pour rien qu’il s’était ramené à Great Falls. Alexander nota dans un coin de sa tête de lui soustraire quelques informations en plus.

D’ailleurs, Logan avait reprit la parole, complimentant notre jeune homme sur sa nouvelle voiture. Alexander afficha un air entendu et poussa son ami, sans délicatesse, lorsque celui-ci s’adossa à la carrosserie. Un silence s’installa entre eux. L’américain, tête légèrement incliné sur le côté, interrogea Logan du regard. Le connaissant, il savait pertinemment que quelque chose traversait son esprit dérangé. Et effectivement, c’était le cas. Se retournant vers Alexander il lui demanda s’il pouvait l’héberger.

Alors, et contre toute attente, le sourire de notre jeune homme s’agrandit et, secouant légèrement la tête, il expira l’air.

« Inchangeable » dit-il finalement en s’avançant d’un pas vers lui « Pas mal la technique d’approche. D’abord un compliment, après une demande. Je t’ai vu venir mon chou. »Un clin d’œil plus tard, Alexander passa à côté de Logan et se dirigea vers le mur du garage. Puis, désignant la moto de son ami d’un coup de tête, il reprit la parole « t’as 2 minutes pour rentrer ta moto et la déposer là-où y’ a de la place. Ensuite tu appuieras là-dessus » il désigna un bouton « Et tu montes dans la cuisine. En haut des escaliers, à droite, au fond, troisième porte »

Ce disant, il lui fît un dernier sourire, puis passa la porte et grimpa les escaliers. Tranquillement, il alla dans la cuisine. Se dirigeant vers le grand frigo à l’américaine, il l’ouvrit et en sorti deux bières. Les décapsulant, il les mit sur la table et déposa une pomme à côté de celle pour Logan. Ah qu’est-ce qu’il était avenant cet Alexander ! Enfin, plus sérieusement, une bière et une pomme. C’était une sorte de rituel qui s’était instauré entre eux lors de leur première colocation. Pourquoi ne pas continuer ainsi ?

S’installant donc à sa place, face à la porte, Alexander attrapa sa bière en main et attendit patiemment son ami.

L'inquiétude n'avait jamais fait partie des préoccupations de Logan. Il ne s'était jamais inquiété du devenir de son ami. Après tout, Alexander était bien sous tout rapport, et puis, il avait une personne dans sa vie — du moins aux dernière nouvelles, qui remontaient à treize ans. James n'avait donc pas à s'en faire. Même s'il n'avait eu aucune nouvelle, il n'avait jamais pensé que quoique ce soit de terrible soit arrivé à l'américain. En revanche, la réciproque n'était pas tout à fait vraie... C'était sûrement pour ça qu'Alex avait été pris de court.

Cependant, lorsque Logan demanda de but en blanc, après un compliment, s'il pouvait rester ici quelques temps. Le plus âgé élargit son sourire, puis soupira que James était tout à fait inchangeable. Ce qui était on ne peut plus vrai.

— Pas mal la technique d’approche. D’abord un compliment, après une demande. Je t’ai vu venir mon chou.

Le canadien passa outre le "mon chou", c'est ce genre d'habitude qui ne s'oublie pas. Alexander lui fit un clin d'oeil par la suite, avant de passer devant lui. Logan ne pût s'empêcher de répliquer, sur un ton égal malgré l'idée (et le compliment) sous-entendue.

— C'est qu'j'ai appris avec le meilleur.

Alex avait en effet un certain talent pour parler, baratiner, emmener les gens exactement là où il veut qu'il aille. Ce genre de choses quoi. Mais Logan avait déjà subi ça pendant un an. Soit. Alexander l'informa qu'il avait deux minutes pour rentrer sa moto, puis comment fermer le garage, et ensuite où se trouvait la cuisine. Il passa ensuite la porte et disparut dans les escaliers.

James s'occupa donc de sa bécane, la rangea là où il y avait de la place, appuya sur le bon bouton, puis pris la direction de la cuisine. Il la trouva plutôt facilement. Passant la porte, il ne pût retenir un sourire en apercevant la pomme posée sur la table. Alex n'avait pas oublié, en fin de compte. Oui, Logan adorait les pommes, c'était l'un de ses péchés mignons. Et avec la bière, c'était comme lors de leur colocation. Posant son sac et retirant sa veste, il s'installa en face de son ami.

— Hm, tu m'connais trop, c'est soûlant, lâcha-t-il comme si c'était vraiment grave en croquant dans sa pomme.

Il avait faim en plus. Il ne l'avait pas remarqué avant, trop occupé à conduire pour être sûr d'être en paix. Bon, la sécurité ici était toute relative, qui viendrait le chercher là ? Bref, tout ça pour dire que cette pomme tombait vraiment à point nommé. Après un coup d'oeil à sa bière, il en prit une gorgée puis, pour une raison qui lui échappait, il reprit la parole sur un tout autre sujet.

— Et euh.. attends, comment elle s'appelle d'jà... An- Anna ! Voilà, c'est ça. Ouais, t'en as fait quoi ? Elle est pas là ?

Alexander ne pût s’empêcher de sourire doucement aux premières paroles de Logan. Effectivement, il le connaissait son ami. Du moins, ce que cet ami montrait. Car le canadien n’était vraiment pas connu pour parler de sa vie, préférant taire son passé et ses aventures personnelles. Et pour tout avouer, Alexander n’avait pas franchement envie d’être témoins de son récit. Moins il savait ce que son ami avait pût faire dans sa vie, mieux il se portait. Et puis, le passé était le passé, autant ne pas le remuer et faire ressurgir de mauvais souvenirs. Soit.
Alexander était encore entrain de sourire et commençait à boire, lorsque Logan reprit la parole. Il était déjà étonnant que cet homme prenne la parole comme ça. Mais sa question était d’autant plus surprenante qu’elle en faisait mal. Grimaçant, notre jeune homme soupira. Il se prit tout de même le temps de reposer sa bouteille sur la table et de se passer une main dans les cheveux –signe d’un assez grand malaise- puis releva le regard vers Logan.

« Anna …. ? C’est qui elle ? » Répliqua-t-il en pinçant les lèvres. Il inspira ensuite profondément puis expira lentement, avant de reprendre « On est divorcé depuis quoi ... 3 semaines. Et évidement, quand je m’habitue à ma liberté de célibataire j’me tape ta présence. T’aurais pas pus attendre quelques semaines avant de débarquer ? »

Voyant la très légère, presque imperceptible moue de son ami, Alex sourit intérieurement. Voilà une façon plus ou moins détourné de demander des informations sur la venue de Logan à Great Falls. Mais, Logan gardait le silence bien trop longtemps. Ainsi donc, notre jeune homme reprit la parole.

« D’ailleurs, Logan. Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Insista-t-il, au cas où son ami ne l’aurait pas comprit.

Sa voix était dépourvue de toute ironie ou autre marque de comique. Il se doutait que Logan n’était pas venu ici et ne lui avait pas demandé son aide, sans raison …

Logan n'aurait jamais cru que sa question provoquerait un tel malaise chez Alexander. Il n'aurait jamais cru d'ailleurs que lui et Anna aient divorcé. Ce qui implique d'abord qu'ils s'étaient mariés, mais ça, ça n'était que secondaire. Et puis trois semaines, c'était court. Encore un peu et James aurait pu croiser cette femme. Pas qu'il n'ait pas eu envie de la voir mais... Non, en fait si. C'était bien qu'elle soit partie. C'était égoïste de la part de Logan de penser ça, mais c'était ce qu'il pensait vraiment, et il n'était pas du genre à se cacher derrière de faux sentiments. Bien sûr, ça ne l'empêchait pas d'être désolé pour Alex.

Bien que la question de ce dernier aurait dû faire parler James, le canadien ne répondit pas. Rien. Niet. Nada. Il n'avait pas vraiment envie d'étaler le pourquoi du comment il s'était retrouvé aux États-Unis. Il n'était pas dupe avec Alex, il le connaissait, alors il savait très bien ce qu'il se cachait entre ses mots. Mais il fit comme s'il n'avait pas tout à fait compris. Il croqua dans sa pomme, gardant le silence. Alexander posa alors la question de façon plus directe, d'une voix sérieuse.

C'est peut-être ce ton qui fit relever les yeux de Logan. Un Alexander tout à fait sérieux et qui ne s'en cache pas, c'était plutôt rare. Le plus jeune fixa un instant les yeux bruns de l'ingénieur. Ils avaient toujours été aussi bruns ou.. ? Son esprit commençait déjà à imaginer quelle couleur il pourrait utiliser pour redonner une telle profondeur à ces iris, si un jour il dessinait son ami. Sa concentration n'était pas au beau fixe dès qu'il trouvait un sujet intéressant ; déformation artistique.

Remarquant qu'il dérive, il secoue imperceptiblement la tête en fermant les yeux pour revenir sur terre. Soupirant doucement, il reprit une gorgée de sa bière et s'appuya contre le dossier de sa chaise avant de se décider à ouvrir la bouche.

— C'est bien c'que j'disais, tu m'connais trop bien, se plaignit-il avant de focaliser de nouveau son attention sur Alex. D'ailleurs, tu ne voudrais pas savoir pourquoi j'suis là, vu qu'tu n'veux rien savoir.

L'américain n'avait en effet jamais voulu être mêlé à quoique ce soit. Et James ne pouvait que le comprendre. D'ailleurs, lorsqu'ils étaient à Vancouver et que Logan avait recommencé ses petits trafics, il avait tout fait pour ne mêler ni Alex, ni sa copine, à tout ça. Et ça avait marché. Néanmoins, il devait bien un ou deux petits détails à son hôte, c'était quand même le minimum puisqu'il comptait rester... un bout de temps en fait.

— Disons que j'esquive comme je peux la taule. Mais rien de bien grave hein, rajouta le canadien pour signifier à Alex qu'il n'avait rien à craindre.

Et puis, James s'était rangé. Depuis qu'il avait décidé de venir en Amérique et de retrouver Alexander, il avait aussi décidé d'arrêter le deal. La prison, très, mais alors très, peu pour lui.

« Tu ne voudras pas savoir pourquoi j’suis là ». Cette phrase voulait tout dire. Si déjà Logan commençait ainsi, alors oui, Alexander ne voudra rien savoir. Son ami avait, à nouveau, besoin d’aide et notre jeune homme le fera, sans poser d’avantage de question. D’ailleurs, pour tout avouer, même si sa cohabitation avec Anna avait été très bonne, elle était sans doute un peu trop gentillet. La jeune femme n’avait pas été quelqu’un avec qui il faisait bon se disputer. Avec Logan, au contraire, les disputes prenaient très, très rapidement une autre tournure, allant même jusqu’à s’en prendre aux mains. C’était sans doute un aspect de la colocation qui lui avait manqué : des esprits et caractères semblables et explosif. C’était ça qui était bon.

Enfin soit. Reportant son attention sur Logan lorsque ce dernier reprit la parole, Alexander soupira discrètement. La taule. Evidement qu’il se doutait d’une telle chose. Mais il avait tout de même secrètement espéré que Logan ne dira rien de tel. Ce qui était tout bonnement impossible. M’enfin. Relevant le regard vers le jeune homme, Alexander secoua doucement la tête.

« Qu’est-ce t’as encore foutu …? » Demanda-t-il, exaspéré. L’instant d’après, il regretta ses paroles. Se redressant vivement, il leva une main pour stopper une éventuelle prise de parole de son ami « Non, STOP ! Ne dit rien. J’ai pas envie de savoir … »

Grimaçant légèrement, il reporta son attention sur sa bière et la finie d’une traite. Se levant, il alla poser la bouteille sur le plan de travail. Regard posé sur le frigo, il marqua un temps d’arrêt.

« J’imagine qu’t’as faim, non ? » Il lança un coup d’œil au-dessus de son épaule, vers son ami « J’avais prévu d’aller manger Japonais dans un resto pas trop loin d’ici, à 15 minutes en voiture. » Il se tourna d’avantage vers Logan « ça te dit ? Ou alors on se commande une pizza et … enfin quoiqu’il en soit tu reste ici, évidement. » Il afficha un doux sourire puis désigna un couloir « la salle de bain est au fond, deuxième porte. Pour ta chambre, on improvisera cette nuit. En ce qui concerne le reste … je pars d’ici à 7h30 chaque matin, sauf le jeudi et les week-ends et je rentre vers 19h. Sauf que le mardi et le vendredi où je ne rentre pas avant 21h30. » Croisant les bras, il réfléchit rapidement « Je vais faire un double de la clef de la maison, comme ça tu peux aller et venir comme tu veux mais … » il intensifia son regard sur Logan « je peux te faire confiance ? »

Logan eut un petit sourire lorsqu'Alexander lui demanda ce qu'il avait fait, avant de se reprendre aussitôt. C'est pour ça que le canadien n'avait rien dit, il savait que son ami, même s'il le demandait, ne voulait rien savoir. Il suivit Alex du regard, qui se leva pour déposer sa bouteille vide, puis qui lui demanda s'il avait faim.

La réponse était évidente, si bien que l'américain continua sur sa lancée ; il avait prévu d'aller manger dans un resto japonais, mais il proposa aussi de commander un pizza, tout en ajoutant que de toute façon, Logan resterait ici. Ce dernier afficha un sourire reconnaissant, bien que furtif, alors qu'Alex lui fournissait quelques détails — comme l'emplacement de la salle de bain, ses horaires de boulot, etc. Logan nota tout ça dans un coin de sa tête, bien qu'il savait qu'il n'y retiendrait qu'à force d'habitude. Croisant les bras, Alexander réfléchit rapidement.

— Je vais faire un double de la clef de la maison, comme ça tu peux aller et venir comme tu veux mais... Il intensifia son regard sur Logan. Je peux te faire confiance ?

James le fixa un instant dans les yeux.

— Bien sûr, dit-il avant de marquer une pause et de finir sa bière. De toute façon, j'ai décidé d'me ranger. J'veux pas avoir de problèmes ici aussi, courir partout ça va bien deux minutes, mais là j'en ais marre.

Il se leva, termina sa pomme et posa sa bière vide sur le plan de travail, passant à côté d'Alex. Montrant le trognon de pomme pour demander l'emplacement de la poubelle, son hôte lui désigna un placard. Logan jeta le trognon avant de reprendre la parole.

— Ça fait longtemps qu'j'ai pas mangé japonais tiens, lâcha-t-il comme pour lui-même, tout en sachant très bien que son ami comprendrait. Mais d'abord, si tu permets, j'aimerais bien prendre une douche.

Sans pour autant attendre son accord, Logan s'empara de son sac et franchit la porte.

— T'inquiètes, j'serais pas long, lança-t-il alors qu'il était déjà dans le couloir.

Il trouva facilement la salle de bain — deuxième porte au fond — et se glissa tout aussi facilement sous l'eau chaude. Les heures de routes qu'il l'avaient mené jusqu'ici avaient aussi endolori ses muscles. Bref, passons le quart d'heure de détente bien mérité et allons directement au moment où il sortit de la salle d'eau. Retrouvant Alexander dans le salon, il jeta son sac à dos contre le canapé puis s'étira un peu.

— Ah, ça fait du bien, mais dis-moi, t'es sérieusement friqué pour avoir une baraque pareille, t'as trouvé un job d'ingénieur ? T'es bien diplômé du M.I.T si j'me souviens bien.

Après lui avoir signifié qu’il voulait se ranger, qu’il éviterait les ennuies ici et que, par conséquent, Alexander pouvait lui faire confiance, Logan s’excusa furtivement puis se détourna et alla dans la salle de bain. Lorsqu’il entendit le verrou se fermer, notre jeune homme soupira lourdement et s’appuya sur le plan de travail. Qu’est-ce qui lui avait prit d’accepter d’héberger à nouveau Logan ? Pourquoi ? Pourquoi avait-il dit oui ? Il savait, dès à présent, que rien de bon n’allait en sortir. Enfin, bref. Il était un homme de parole, il n’allait pas revenir sur sa promesse. Et puis, un peu de piment dans une vie trop marqué par la routine ce n’était sans doute pas très grave, non ? Seul l’avenir nous le dira.

Se redressant, il se poussa du plan de travail et monta dans sa chambre. Là, il troqua ses vêtements contre un pantalon beige et une chemise bleue. Passant dans sa salle de bain personnelle, il tenta en vain de dompter ses cheveux, puis descendit dans le salon. Quelque instants plus tard, il fût rejoint par Logan qui, détendu par la douche, lui remarqua que son hôte devait être vachement friqué pour se payer une telle maison. A ces mots, Alexander ne pût s’empêcher de sourire doucement. Ouais, son compte en banque dépassait –depuis peu- les 10 chiffres. Mais finalement, il n’avait jamais connu une autre vie. Ses parents étaient aisé –du moins assez pour avoir pût lui payer ses études au MIT- et depuis qu’il avait trouvé ce job à Milwaukee, il gagnait vraiment très bien sa vie et ne pouvait en aucun cas se plaindre.

« Diplômé du MIT, premier de ma promos. D’après ce qu’on raconte, j’aurais aussi eu de meilleurs résultats qu’aucun autre avant moi. Et pour tout dire, ça ne m’étonnerais même pas » sourit-il, tandis qu’il attrapa sa veste et son porte feuille « Et donc ouais, je suis Ingénieur en chef, dans une entreprise très connue dans le monde et basée dans l’agglomération du Milwaukee » Il lança un coup d’œil à Logan « je t’explique pas en quoi consiste mon boulot hein. Ça a beau être super intéressant, t’auras juste l’impression que je te parle en japonais ou en russe »

Ce disant, il attrapa les clefs de sa voiture et fît un signe à Logan de descendre avec lui dans la cave. Souriant en apercevant son véhicule qui trônait fièrement au milieu du garage, il s’y dirigea et s’installa au volant. Observant d’un œil attentif les mouvements que Logan exécutait pour s’installer sur le siège passager –dès fois qu’il viendrait à rayer la carrosserie rouge de sa chérie- il hocha une fois la tête puis appuya sur un bouton. Tandis que le garage s’ouvrait automatiquement, il mit le contact et senti son sourire s’agrandir en entendant le doux ronronnement du moteur. Il lança un rapide coup d’œil à son ami et, remarquant que celui-ci avait bouclé sa ceinture de sécurité, Alexander enclencha la marche avant et roula hors du garage. Il lança un rapide coup d’œil dans le rétro et remarqua que la fermeture automatique qu’il avait lui-même fabriqué et installé, fonctionnait à merveille.

Enchanté, il regarda à droite et à gauche puis s’engagea sur la chaussé et roula en direction de l’autoroute. Se penchant en avant, sans pour autant quitter la route des yeux, Alexander alluma l’autoradio et sourit doucement en entendant les premières notes de Hey you chanté par Pink Floyd, ce groupe Britannique et mythique aux chansons psychédéliques et plannantes.

« J’espère que t’as vraiment faim hein … parce que c’est buffet à volonté ce soir. »

Alex se vanta un peu ; premier de sa promo, avec des résultats exceptionnels, c'était pas étonnant. C'était Alex quoi. Logan mit sa veste en même temps que l'ingénieur alors que celui-ci disait qu'il avait effectivement trouvé un bon boulot. Puis il passa sous silence en consistait son boulot, puisque de toute façon, James n'en aurait pas compris un traître mot.

Ils descendirent ensuite au garage, où se trouvait sa superbe, mais néanmoins chère, voiture. Oui, Alex avait vraiment les moyens. Mais Logan préférait sa Harley. Cependant il ne fit aucun commentaire, et se contenta de faire un minimum attention en s'installant. Alexander le tuerait dans d'atroces souffrances s'il rayait la carrosserie de son Acura. L'américain s'engagea finalement sur l'autoroute, avec les notes d'une chanson de Pink Floyd en bande originale.

C'était une vraie chance qu'ils aient les mêmes goûts dans beaucoup de domaines, comme la musique par exemple. Déjà que leur cohabitation était explosive, si en plus ils s'engueulaient pour savoir quelle musique ou film mettre, ils n'en finiraient plus. Soit. Tout ça pour dire que James était bien, là, avec Alex, au son d'une musique qui lui donnait l'impression d'être stone. Mais ça, c'est une autre histoire.

— Ça doit faire deux jours que j'ai pas manger à ma faim, alors le buffet à volonté sera le bienvenu.

Deux jours, ça fait long. Surtout pour lui. Il a souvent faim en fait. Il faut dire aussi qu'il n'a pas une carrure à se satisfaire d'une salade. La pomme de tout à l'heure l'a peut-être un peu calé, mais il sait qu'il aura de nouveau un petit creux dans peu de temps. Temps qui passe plutôt rapidement mine de rien, malgré l'absence de mots entre les deux hommes. Les chansons se sont enchaînées naturellement.

— Mais à part te marier et avoir trouvé un boulot, il s'est passé quoi dans ta vie ?

Question légitime, puisqu'en treize ans, il est censé s'en passer des choses. Peu après, Alex sortit de l'autoroute et, encore un peu après, ils arrivèrent au restaurant. Rien qu'à sa vue, Logan eut faim.

Alexander avait beau être un homme droit qui respectait la loi comme pas deux, en voiture, il oubliait ses principes. Très sûr de lui, il n’hésita pas à faire quelques excès de vitesse et, étant donné que l’équilibre hors pair des châssis de sa voiture le lui permettait, il n’hésitait pas à slalomer entre les voitures sur l’autoroute. Ses freins étant très sensible et ses reflex très bon, il pouvait se le permettre aussi. Enfin soit. Ainsi, ils firent en 6 minutes le chemin qui durait, normalement, quinze voire vingt minutes. Tandis qu’ils se garaient devant le restaurant, Logan reprit la parole, demandant ce qui s’était passé dans la vie de notre jeune homme. Ce dernier, coupant le contact, regarda son ami quelques instants puis haussa les épaules.

« Pas mal de choses » répondit-il finalement en ouvrant la porte. S’extirpant de l’habitacle de son véhicule, il reprit « Tu as déjà mit le doigt sur une des choses les plus importantes : le mariage avec Anna. Mariage qui a quand même duré 9 ans. J’ai explosé tout mes records sur ce coup » Il sourit amusé et ferma la voiture à clef, tandis qu’il la contournait pour rejoindre son ami « puis, le divorce. Mais si on continu sur ce sujet je vais encore m’énerver contre toi, même si tu n’as rien faire et que tu n’y peut rien »

Effectivement, lorsqu’il parlait de son divorce, ce n’était pas de la tristesse qu’il ressentait, mais bel et bien de la rage. Et, peu importe qui se trouvait devant lui, peu importe si cette personne était aimable, peu importe combien cette personne comptait pour lui, le sujet tabou du divorce engendrait une profonde rage chez notre jeune homme. Rage qu’il ne pouvait contenir et qu’il extériorisait sur la première personne qu’il connaissait. Enfin bref.

« Ensuite il y a le boulot d’ingénieur qui me prend beaucoup de temps mais dans lequel je m’épanoui réellement » reprit-il en passant la porte « mes projets personnels et les inventions faites dans mon at … »

Il ne pût en dire d’avantage car un serveur d’origine Asiatique se dirigea à grands pas vers eux. Grand sourire sur le visage, montrant deux rangés de dents blanches et parfaitement alignés.

« Mr Carlter ! Quel bonheur de vous revoir ! » Dit-il avec un sacré accent Japonais « Je vais tout de suite vous préparez votre place personnelle ! »

Ce disant, il amorça un demi tour, mais Alex fît un pas en avant.

« Non attendez Mr. Saitô. Je ne suis pas venu seul aujourd’hui » dit-il calmement en souriant.

Le dénommé Mr. Saitô se retourna et c’est seulement maintenant qu’il aperçut Logan. Il le fixa longuement, le détaillant du regard de haut en bas comme s’il voulait le scanner puis réafficha son immense sourire et s’inclina devant lui.

« Toutes mes excuses Monsieur » dit-il en proie d’une panique grandissante « je vous demande sincèrement pardon, je suis désolé. Suivez-moi, je vous en pris »

Alexander échangea un rapide coup d’œil avec Logan qui semblait bien amusé par ce théâtre, et, d’un coup de tête, lui indiqua de les suivre. Mr. Saito les emmena directement dans une salle en retrait où ne se trouvaient que deux tables. Très calme, le silence n’était brisé que par la douce musique asiatique en fond sonore. S’inclinant à nouveau, le serveur les congédia après leur avoir indiquer qu’il enverra quelqu’un pour s’occuper d’eux.

Souriant, Alexander attendit que l’homme soit parti avant d’enlever ses chaussures et s’agenouiller à la table. Tout le restaurant était typiquement japonais. De la décoration aux plats servis en passant par la façon de manger. Grand amateur de l’Asie, Alexander portait un intérêt tout particulier au Japon, ce pays à la culture tellement vaste et différente de la sienne et aux centres d’intérêt incongru. Mais surtout, il aimait la gastronomie Japonais et leur spécialité. Aussi, ce restaurant était son préféré et, lorsqu’il n’avait pas envie de cuisiner lui-même –ce qui arrivait bien 1 ou 2 fois dans la semaine- il venait manger et se détendre ici. Généralement seul, il était content d’être, pour une fois, accompagné.

« J’espère que tu gères les baguettes hein. Car ici on ne mange qu’avec ça » dit-il à l’attention de son ami en attrapant sa serviette. Regardant au-dessus de Logan, il désigna la porte d’où ils étaient venu d’un coup de tête « le buffet est là-bas, les boissons sont les même que partout –bien que je te conseille tout de même un sake chaud en fin de repas et un thé au jasmin pendant le repas. Enfin, régale-toi. C’est moi qui invite »

C’était la moindre des choses aussi, non ? Ce restaurant n’était pas ce qu’il y avait de moins cher.

Apparemment, le divorce d'Alexander était un sujet à éviter comme la peste. Sinon il s'énervait. Après 9 ans mariage, et quelques années de plus de vie commune, c'était compréhensible. L'américain fit un petit trait d'humour, mais cela ne l'empêcha pas de prévenir que s'il parlait du divorce, il ragerait. James ne fit aucun commentaire, et le laissa continuer sur son boulot d'ingénieur, qui avait l'air de le satisfaire totalement.

Cependant, il fût coupé dès qu'ils passèrent la porte par un serveur typé asiatique. Avec son sourire de commerçant, il accueillit Alex plutôt chaleureusement et l'informa qu'il allait tout de suite préparer sa place personnelle. Il devait venir ici assez souvent pour avoir une place attitrée. Et un repas dans cet endroit n'avait pas l'air donné.

— Non attendez Mr. Saitô. Je ne suis pas venu seul aujourd’hui, dit calmement Alexander alors que le serveur avait commencé à faire demi-tour sans remarquer la présence de Logan.

Le japonais se retourna et l'aperçut enfin. James se fit toiser un long moment, de haut en bas, comme si ce Mr. Saitô cherchait quelque chose. Au final, il afficha de nouveau son sourire 100% blancheur puis s'inclina en se répandant en excuses. Logan s'amusa de la scène, les japonais étaient toujours tellement à cheval sur la politesse, c'en était risible. Alex lui fit ensuite signe et ils suivirent tout deux le serveur qui les emmena dans une salle en retrait, calme et silencieuse, où seule une légère musique asiatique se faisait entendre. Le serveur s'éclipsa ensuite, après avoir ajouté que quelqu'un viendrait s'occuper d'eux.

James s'installa à table après avoir retiré ses chaussures. Cela faisait vraiment longtemps qu'il n'était pas allé dans un restaurant comme celui-ci. Mais il appréciait néanmoins. Et puis, le cadre était tout à fait accorder. Dans les moindres recoins, tout rappelait le pays de soleil levant. Alexander pris la parole, informant Logan qu'ici, on ne mangeait qu'avec des baguettes et lui désignant l'endroit où était le buffet. Petit détail qui a quand même son importance : c'était Alex qui invitait.

— Merci, mais j'sais encore quoi boire dans un resto comme ça, lança le canadien en souriant à demi. Bon c'est pas tout, mais les yakitori et les maki m'appellent. Si le serveur arrive pendant que j'suis pas là, tu m'prends comme toi pour la boisson, ok ?

Sur ce, il se leva et se dirigea vers le buffet. Il en fit d'abord le tour, histoire de voir ce qu'il y avait d’appétissant. La réponse était évidemment "tout". Il revint à table un peu plus tard, avec un bol de riz nature, quatre tempura, deux sushi au poulpe, deux yakitori au boeuf et six maki (deux au thon, deux au saumon et deux au crabe). Oui, il avait faim. Et la vue de toute cette bouffe ne l'avait pas du tout aidé.

— Heureusement qu'c'est toi qui paye, sourit-il en s'asseyant à sa place.

A cet instant, un serveur arriva avec leurs boisson, et dit à Alex que sa commande arrivait dans peu de temps. Il se retira ensuite avec sourire et une courbette, et laissa les deux hommes seuls. Logan haussa un sourcil en regardant Alex.

— Pourquoi t'es pas allé au buffet ? Demanda-t-il avant d'avoir un instant de réflexion. Laisse tomber, j'crois avoir pigé.

Faisant pour une fois preuve de politesse, il attendit que l'américain soit servit pour commencer à manger.

Alexander ne pût s’empêcher de rigoler discrètement en entendant Logan parler de Yakitori et de Maki. Apparemment le Canadien s’y connaissait un minimum en bouffe japonaise. Hochant une fois la tête pour lui signifier que tout était ok, Alexander le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière le buffet. Ah ce Logan, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Secouant doucement la tête, amusé, Alexander attendit patiemment jusqu’à ce que le serveur n’arriva. Il commanda ensuite deux thé au jasmin, et, connaissant son ami, y ajouta deux bières avant de dire qu’il tentera autre chose cette fois-ci. Ainsi, il commanda un oden avec un omoraisu, ainsi que des sushi, quatre Tempura et, évidement, du riz.

Lorsque Logan réapparu, Alexander ne pût s’empêcher de lorgner sur son assiette copieusement garnie avec plein de bonnes choses. Assez pour nourrir toute une famille. En s’asseyant, il fît la remarque que, heureusement, c’était Alex qui payait. Ce dernier rigola doucement puis hocha la tête lorsque le serveur leur rapporta leur boisson. S’apprêtant à répondre à Logan, il fût coupé par la soudaine prise de parole de ce dernier. Il se demanda furtivement pourquoi Alexander n’allait pas manger au buffet, avant d’ajouter rapidement qu’il s’en doutait pourquoi. Arquant un sourcil, notre jeune homme l’interrogea du regard.

« Ah ? Et pourquoi est-ce que je ne vais pas manger au buffet ? » Demanda-t-il en souriant malicieusement.

Au même moment, le serveur revint et déposa les différents plats sur la table. Voyant le regard de Logan, Alexander réafficha un sourire très visiblement amusé.

« Pour ça, évidement » reprit-il joyeusement « Le buffet est certes, excellent, mais les choses servies sont bien trop banales. Par exemple, tu ne trouveras jamais un omoraisu … » il désigna l’omelette de riz « … ou du oden … » il désigna le pot-au-feu japonais « Aussi tu n’y trouves que des sushi très banal ou, par exemple, ils oublies toujours d’y mettre les tempura. Enfin bref »

Il attrapa l’Oden et sourit à son ami.

« Et le buffet n’est pas cher. Tu payes une fois et tu manges ce que tu veux. Mais ça, ce n’est qu’un détail. Et puis, c’est un excellent moyen pour nourrir les ogres de ton genre. Ceux qui ont toujours faim et qui ne sont jamais rassasié » reprit-il en agrandissant son sourire « Mais trêve de plaisanterie. Itadekimasu ! »

Ce disant, il se mit à manger. Ils mangèrent en silences pendant de longues minutes, chacun savourant leur propre repas. Mais, lorsque le silence commençait à froisser notre jeune homme, celui-ci regarda autour d’eux. Remarquant qu’ils étaient vraiment seul, qu’aucun des serveurs n’étaient là, à porté de voix, il se pencha légèrement vers l’avant.

« Mais dit moi, Logan. Sérieusement. Pourquoi tu es venu ici ? Qu’est-ce que tu as fait, pour être obligé de fuir le Canada ? » Demanda-t-il avec le plus grand des sérieux.

Oui, il voulait vraiment le savoir. Même s’il savait dès à présent qu’il regrettera sa demande, il n’allait pas revenir là-dessus. Sa curiosité était bien trop grande.

Le serveur apparût soudain avec différents plats qu'il disposa sur la table. Le regard de Logan s'illumina un instant en tombant sur l'omelette japonaise. Ça aussi, c'était bon. Les lèvres d'Alexander s'étirèrent en un sourire amusé, alors qu'il répondait à sa propre question. S'il avait commandé, c'était pour avoir des choses plus élaborées. Et puis, Alex étant Alex, pour lui, un buffet c'est banal — bien que délicieux — et lui et la banalité, ça fait deux.

L'américain ajouta par la suite qu'un buffet était un excellent moyen pour nourrir les "ogres" du même genre que James, ceux qui ont presque toujours faim. Celui-ci lui lança un regard irrité qui ne s'éternisa cependant pas, puisque, une fois encore, Alex avait raison. Puis il lui rendit son "Itadekimasu" avant de s'attaquer à son repas.

Retrouvant rapidement ses aises avec les baguettes, Logan savoura chaque bouchée. Il devrait penser à venir plus souvent ici ; les sushis y étaient délicieux. Bien sûr, il reviendrait avec Alex. Logan réalisa que son ami lui avait vraiment manqué, avec ses sourires, leurs petites piques, tout ça. Ils n'avaient vécu qu'un an ensemble, comme colocataires, mais ça avait suffit pour qu'ils deviennent meilleurs amis. Et franchement, après le départ d'Alexander pour Great Falls, le canadien n'avait jamais cherché à se lier d'amitié avec une autre personne. Bref. Au moment où il décida de laisser le passé là où il était, son vis-à-vis posa une question à classer dans les "dérangeantes".

— Mais dit moi, Logan. Sérieusement. Pourquoi tu es venu ici ? Qu’est-ce que tu as fait, pour être obligé de fuir le Canada ?

Le sérieux d'Alex alarma quelque peu James qui adopta une expression grave et sombre. Parler de ses affaires étaient pour lui autant à éviter que le divorce pour son ami. Avec un soupire, il posa ses baguettes, tenant toujours le maki qui n'avait pas eu le temps d'atteindre sa bouche. Par réflexe, il jeta un coup d’œil aux alentours, s'assurant qu'il n'y avait personne pour les entendre. Il prit une gorgée de thé pour se donner un peu de contenance puis, après avoir reposé sa tasse, il se passa une main dans les cheveux, baissant les yeux.

— Ben tu sais, comme d'hab' quoi, trafic de drogues tout ça... dit-il doucement avant de lever les yeux vers Alex, qui devait forcément se douter qu'il n'y avait pas que ça, James eu un nouveau soupire avant de continuer. J'étais sur un gros coup, et j'ai merdé, j'ai toujours pas compris comment d'ailleurs, et les flics me sont tombés dessus. J'étais à deux doigts d'finir à l'ombre, mais j'ai réussi à m'barrer avant qu'ils me mettent vraiment la main d'ssus. Il marqua une nouvelle pause, détournant le regard. Pis j'avais pas d'endroit où aller, alors j'me suis dit que te retrouver s'rait pas mal.

Il passa sous silence le fait qu'on l'avait aussi payé pour quelques autres petites choses où il fallait utiliser ses muscles. Enfin, il avait résumé le pourquoi il était là, c'était ce qu'avait demandé Alex. Et peut-être ce dernier s'en mordait à présent les doigts de savoir, c'était lui qui avait demandé, Logan n'avait donc aucun remords — même s'il aurait préféré garder ça pour lui.

Il reprit son maki là où il l'avait laissé. C'était une façon pour lui de se taire, tout aussi bien que de se remplir l'estomac. Il faisait donc d'une pierre deux coups. Le silence se réinstalla tandis que Logan se perdait dans la contemplation du décor. L'art japonais avait quelque chose d'apaisant. Mais pour le canadien, tout type de peinture ou de dessin avait quelque chose d'apaisant. Son esprit s'évada pendant quelques minutes, alors que James mangeait machinalement. Il tourna ensuite son regard vers Alexander.

— T'as du riz sur l'coin d'la bouche, là.. Nan, l'autre côté... Logan sourit à demi avant de rire un peu, un tantinet moqueur. J'pensais qu'un gosse de riche savait bouffer sans s'en foutre partout.

Ou comment changer de sujet en quelques mots.

Bien que réticent à l´idée de lui raconter le pourquoi du comment il avait attéri à Great Falls, Logan ne mit pas longtemps à commencer son récit. La réponse n´étonna, certes, pas notre jeune homme, mais il avait espéré que Logan lui réponde qu´il avait besoin de vacances. Bien que cette dernière déclaration aurait encore plus étonné notre Alexander, mais soit.

L´américain observa et écouta son ami avec garnde attention, élaborant déjà en secret un plan comment il pourrait protéger Logan, au cas oú. Bref. Il fût tellement concentré sur l´homme que la déclaration de ce dernier le prit de court. Moqueur, il lui annonça qu´il avait du riz accroché au coin de sa bouche. Vivement, notre jeune homme, attrapant sa serviette, s´empressa d´enlever ce qui était de trop et se contenta de regarder Logan d´un air ennuyé, tout en reprenant la dégustation de son omelette.

"Et toi tu viens de te mettre de la sauce Soja sur le pantalon" dit-il avec toute la tranquilité du monde.

Cette déclaration eu l´effet espéré: Logan baissa le regard sur son pantalon, délaissant ainsi sa garde. Alexander en profita donc pour se pencher en avant et, avec ses baguettes, aller lui chipper un sushi. Mais il fût trop lent pour le porter à sa bouche. Relevant la tête, Logan lui attrapa vivement le poignet le bloquant dans son mouvement. Le fixant durement, il lui intima de lui redonner sa nourriture. Souriant innocement, Alexander soutint son regard puis désigna sa propre assiette.

"Je te laisse le reste de mon omelette, deal?" demanda-t-il.

La réaction de Logan n´étonna guère notre jeune homme, étant donné qu´il avait bien remarqué le regard que son ami avait lançé à son repas. Faisant la moue, Logan lâcha notre jeune homme et approuva son idée. Souriant, notre ingénieur se redressa, se prit le temps de manger son sushi, puis tendit son assiette ... avec le pot de wasabi.

"Je te met au défit de manger l´omelette avec le plus de wasabi possible. Ou au moins une partie de l´omelette." dit-il en souriant malicieusement, fixant Logan. Il se pencha ensuite en avant et déposa l´assiette et le wasabi devant son ami "bon appétit"

Souriant, amusé à l´avance, il s´attaqua aux tempura. Bien évidement, il taira le fait que l´Omelette était déjà forte à la base. Logan devra concidérer ce défit comme un simple bizutage de bienvenue.

— Et toi tu viens de te mettre de la sauce soja sur le pantalon, rétorqua Alexander tranquillement.

Naturellement, Logan baissa les yeux, mais lorsqu'il ne vit qu'aucune tâche n'avait atterri sur son jean, il releva les yeux avec assez de vivacité pour prendre son ami la main dans le sac. D'un rapide mouvement, James lui attrapa au niveau du poignet la main qui avait tenté de lui voler un sushi.

— Rends-le moi, ordonna-t-il, implacable.

Cependant, l'américain soutint son regard et, avec un petit sourire innocent, proposa d'échanger le sushi contre le reste de son omuraisu. Le canadien ne mit pas longtemps à peser le pour et le contre. Il afficha une légère moue avant de capituler, et de relâcher le pauvre poignet. Il accepta le deal et, après avoir bien savouré sa prise, Alex lui tendit son assiette, accompagnée du pot de wasabi. L'américain le mit au défi de finir l'omelette avec le plus de condiment possible, puis, après avoir déposé l'assiette et le wasabi, lui souhaita bon appétit.

Logan ne retint pas son soupir pendant qu'Alexander s'attaquait à ses tempura, non sans un sourire amusé. Ce type était aussi imprévisible qu'insupportable. C'était pour quoi ce défi ? une façon de lui faire payer ces treize années sans aucunes nouvelles ? Peut-être. De toute façon, le plus jeune n'avait pas envie de se creuser la tête pour rien. Il n'était pas non plus du genre à se défiler, même pour un truc aussi stupide, alors il releva tout bonnement le défi — aussi puérile soit-il. Et puis, il ne restait plus que la moitié de l'omelette, alors ça irait vite. Il y ajouta donc du wasabi, pas mal de wasabi.

— Ok, à charge de revanche...

Les minutes suivantes ne furent pas les pires de sa vie, mais pas loin. Se forçant à oublier la sensation d'incendie qui lui arrachait le palais et la langue, il avala tout. Buvant parfois pour calmer le feu, il vida sa tasse en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Lui qui était habitué au froid avait soudain très chaud. Une fois la dernière bouchée avalée, il expira longuement, puis décapsula sa bouteille de bière avant d'en prendre une longue gorgée. Un peu de frais. Il savait que cette bouteille était là grâce à Alex, mais pas question qu'il le remercie.

— N'empêche, elle était bonne ton omelette, sourit-il tout en reposant sa bouteille sur la table.

il lui fallut encore un moment pour revenir à un état normal, mais il avait toujours cet arrière-goût piquant. Cet imbécile d'américain ne lui avait bien sûr pas dit que l'omelette était déjà plutôt forte. Soit. Il avait tout mangé, il avait gagné. Il cherchait déjà de quelle manière il pourrait rendre la monnaie de sa pièce à Alexander, tout en mâchant un maki au saumon.

— Tu viens souvent ici ? Demanda-t-il après avoir avalé, et reporté son attention sur Alex.

Logan accepta son défit sans trop d´hésitations, mais en précisant bel et bien qu´Alexander ne passera pas à côté d´une revenge. Eh bien, qu´il fasse. Notre ingénieur n´était pas contre un défit qui pimenterait son quotidien. Quoique ...

"Te supporter, c´est déjà un très grand défit. Tu crois pas?" demanda-t-il nonchalement tout en mordant dans son tempura.

Faisant ensuite un très grand sourire à son ami, Alexander reprit sa dégustation. Intérieurement, il ne pût s´empêcher de rigoler en repensant à la tête de Logan lorsque celui-ci avait manger toute l´omelette avec tout le wasabi du pot. Sa tête avec été tellement pricelesse qu´Alexander aurait adoré avoir son appareil photo avec lui.

Soit. Après avoir fini son 3ème tempura, notre américain tendit son assiette à son ami, le laissant finir son plat. Grimaçant légèrement, Alexander se recula et déplia ses jambes. Décontractant ses muscles, il soupira doucement.

"Je suis sûr qu´t´as jamais rien mangé d´aussi bon, pas vrai?" demanda-t-il en repliant sa jambe gauche. Entourant son genou de son bras, il réafficha son sourir"et ouais, je viens souvent ici. Genre dès que je n´ai pas envie de cuisiner -donc au moins 2 fois par semaine- ou simplement par envie." Il rigola doucement puis atrapa sa bière et en prit une gorgé "Bon et sinon, Logan, on va devoir mettre quelques règles en place"

Ce disant, Alexander fixa son ami. Soutenant gravement son regard, ses traits s´adouçirent pourtant très rapidement, faisant place à un sourire.

"T´inquiète pas, j´vais pas mettre des couvres feux en place ni t´interdir de ramener des nana à la maison. T´es un adulte, tu fais ce que bon te semble, tant que tu respectes mon espace et ma vie privé" Haussant les épaules, il porta sa bouteille à sa bouche "Il en va de soit que je ferais de même pour toi." Il prit une longue gorgé de sa boisson "je t´héberge gratuitement, mais dès que tu sors, tu te débrouilles toi-même. T´as une moto, tu t´cherches un boulot. ça ne devrait pas poser de problèmes." Affichant une moue, il réfléchit rapidement "Enfin, pour le reste on improvisera. Les règles se mettront d´elles-même en place."

Il observa Logan et lui laissa le temps d´assimiler toutes ces choses. Alexander fini sa bière et regarda les alentours de la salle, bien content qu´ils soient les seuls, dans cette partie du restaurant. Mais, voyant que le canadien mettait du temps à réagir, l´ingénieur reporta son attention sur lui.

"T´as des questions?" l´interrogea-t-il tandis qu´il reposa sa bouteille sur la table, l´échangant contre une baguette qu´il s´amusa à faire tourner autour de son pouce "N´hésite pas à me demander ce que tu veux savoir, hein"

Il est vrai que supporter Logan n'était pas donné à tout le monde, surtout sur une longue durée. Mais ce n'était pas un défi à proprement parlé, et le canadien envisageait pire pour Alexander. Bref. Ce dernier, tout en dépliant ses jambes, expliqua qu'il venait manger ici au moins deux fois par semaine, quand il avait la flemme de cuisiner ou tout simplement quand il avait envie.

Puis il finit par dire qu'ils devaient mettre quelques règles en place. Logan haussa un sourcil, stoppant momentanément ses mastications. Il les reprit dès lors que l'américain afficha un sourire, tout en restant un tantinet sceptique, n'ayant pas oublié l'imprévisibilité d'Alex.

— T'inquiète pas, j'vais pas mettre des couvres feux en place ni t’interdire de ramener des nana à la maison. T'es un adulte, tu fais ce que bon te semble, tant que tu respectes mon espace et ma vie privée. Il en va de soi que je ferais de même pour toi. Je t'héberge gratuitement, mais dès que tu sors, tu te débrouilles toi-même. T'as une moto, tu t'cherches un boulot. Ça ne devrait pas poser de problèmes. Affichant une moue, il réfléchit rapidement. Enfin, pour le reste on improvisera. Les règles se mettront d'elles-mêmes en place.

James fronça dans un premier temps les sourcils, puis prit une gorgée de bière. Ce qu'Alex avait dit coulait de source, franchement. Et il avait bien l'impression que ça repartait comme au bon vieux temps. Par contre pour le boulot... Ça sera sûrement une autre paire de manches. Sachant que Logan n'avait que plus ou moins le droit de se trouver sur le territoire des États-Unis.

Alex, sûrement suite au manque de réaction du canadien — qui finissait son repas —, lui demanda s'il avait des questions, en ajoutant qu'il ne devait pas hésiter s'il y avait des choses qu'il voulait savoir. Logan le regarda un instant, avant d'ouvrir la bouche.

— Pour le job ça va être très, très chaud. Je suis pas censé être aux États-Unis. Tu penses bien qu'on m'aurait refoulé à la frontière et... Il marqua une pause, et prit une bonne inspiration. En gros, si j'me fais chopper, peu importe comment ou pourquoi, j'finis en taule.

Encore une fois, il était dans une mauvaise posture. Il avait franchi illégalement la frontière, parce que s'il était passé devant les douaniers, en plus d'être réexpédier au Canada à cause de son casier judiciaire ayant plus qu'un lien avec les stupéfiants, il aurait fini derrière les barreaux. En effet, les autorités canadiennes et les forces de polices chargées des frontières du côté américain n'oubliaient pas de s'échanger des info sur les individus recherchés. Cette option était donc impensable. Mais comme sa présence aux USA était hors-la-loi, cela revenait au même s'il se faisait attraper.

Pour faire simple : c'était un "sans-papier" du point de vue états-unien. Le truc auquel il n'avait pas pensé, c'était qu'en l'hébergeant, Alexander risquait aussi quelques ennuis.

— Remarque, il posa son menton au creux de sa paume, ses yeux se baladant distraitement sur une peinture japonaise. Si j'me mets à mon compte en demandant rien à personne, en tant que, j'sais pas moi, artiste au sens large, j'pourrais m'faire un peu d'argent. Il fit une courte pause en dirigeant son regard sur Alexander. T'inquiète, ça m'emmerde aussi de devoir être à ce point dépendant de toi.

Lorsque Logan reprit enfin la parole, Alexander grimaça et soupira. Secouant la tête, il ferma les yeux et se passa la main sur le front, tout en se maudissant de ne pas y avoir pensé lui-même. Il est évidement que Logan n’était pas sensé se trouver en territoire américain. Il était un sans-papier, un criminel connu en terre Canadienne. Et s’il était connu là-bas, la chance de retrouver son dossier chez les autorités américaines était grande. Trop grande. Vraiment trop grande. Tellement grande qu’elle dépassait l’horizon d’attente de notre jeune homme. Ce dernier, soupirant à nouveau, plus discrètement, releva le regard vers Logan lorsqu’il reprit la parole. Secouant la tête en l’écoutant, Alexander voulut le couper mais le laissa finir.

« Non. Ce sera plus dangereux de travailler au noir –même sans rien demander- que de ne pas travailler du tout » dit-il finalement, sur un ton ferme qui ne valait aucune réplique. Puis, s’adoucissant, il se pencha légèrement en avant «Et puis, c’est certes chiant pour moi de m’occuper d’un gosse de ton genre, mais il me semble t’avoir fais une promesse un jour, non ? » Arquant légèrement un sourcil, il afficha un air mystérieux avant de sourire doucement « Ne t’ais-je pas dis, il y a 13 ans que tu pourras toujours compter sur moi ? Et que tu pouvais m’appeler quand bon te semblait ? » Il changea de position, s’installant en tailleur devant la table « Bon, tu n’as pas fait la dernière chose. Je te maudis pour ça, mais, en tant qu’homme de parole, je ne reviendrais pas sur ma promesse. »

Son sourire se fit certain et confiant, tandis qu’il fît signe au serveur. Ce dernier s’empressa de rejoindre leur table. Alexander commanda deux sakés chauds. Attendant la venue de leur boisson, notre jeune homme se redressa et étira les muscles de son dos, sa nuque et ses épaules. Sur passant une main sur l’épaule droite, il la massa rapidement et la roula plusieurs fois en arrière puis en avant, avant que son regard ne tombe à nouveau sur le serveur. Celui-ci déposa les deux verres sur la table, s’inclina profondément puis reparti. Réaffichant son sourire, Alexander attrape un verre, le déposa devant Logan puis leva le sien.

« Je déclare ouverte, une deuxième session de colocation inopinée, explosive et agréable qui chamboulera mon quotidien bien trop banal » Inclinant légèrement la tête vers l’avant, notre américain fixa son regard dans celui de son ami et souffla un « merci » avant de boire le contenu de son verre d’une traite.

Grimaçant, les yeux fermés, tandis que l’alcool lui brula la trachée, il reposa le verre sur la table puis expira vivement. Il prit plusieurs grandes inspirations, puis rouvrit les yeux.

D'un ton n'admettant aucune réplique, Alexander rétorqua que c'était une mauvaise idée de bosser au noir, pire que celle de ne pas travailler du tout. James, qui s'était tût peu avant, n'eut pas le courage d'ouvrir de nouveau la bouche. Cependant, l'américain, avec une expression beaucoup plus douce, fit ensuite référence à leur promesse. De un : Logan n'était pas un gosse, ils avaient certes deux ans de différence, mais il n'était PAS un gamin — il se garda néanmoins de tout commentaire. De deux : comment aurait-il pu oublier cette promesse ? Cette putain de promesse. La seule qu'on lui ai jamais faite et en laquelle il n'a jamais cessé de croire. A raison d'ailleurs.

Soupirant face au sourire confiant et assuré d'Alex, il voulu glisser quelque mots mais il fût empêché par le serveur qui arrivait. Deux saké chauds commandés plus tard et Logan se dit que, finalement, il n'avait rien à rajouter. Mais que quand même, bon sang, c'était chiant d'être dépendant de quoi que ce soit, ou de qui que ce soit. C'est sans doute pour ça qu'il a toujours préféré être seul, se débrouiller seul, même si à la fin, ça commençait à lui peser. Il n'a jamais aimé les chaînes, c'est comme ça — bien qu'il soit loyal une fois sa confiance gagnée. Bref.

En attendant le retour du serveur, Logan en profita pour s'étirer les jambes et se faire craquer la colonne vertébrale. Trop longtemps dans la même position n'est ni bon, ni agréable pour les muscles. Lorsque le japonais revint, le canadien rassembla ses jambes en tailleur. Une fois sa courbette finie, le serveur reparti, laissant de nouveaux seuls les deux amis. James prit son verre et le leva, imitant Alex, puis sourit et rigola un peu en entendant les paroles de celui-ci. Il vida son verre cul-sec — il avait toujours eu une bonne descente. Grimaçant légèrement au goût, il secoua la tête, toujours avec un sourire accroché aux lèvres.

— Wouah, ça faisait longtemps, lança-t-il en riant après avoir vu la tête d'Alexander, il redevint ensuite un peu sérieux, baissant d'un ton par la même occasion. Mais c'est à moi de te dire merci, tu m'aides et, au final, j't'apporte que des emmerdes...

Là, il fût coupé par le serveur du tout début, Mr. Saitô. Celui-ci vint vers eux, souriant de toutes ses dents. Sûrement la joie de d'alléger un peu — mais vraiment un peu vu le nombre de zéros... — le compte en banque de l'ingénieur. S'adressant d'ailleurs à ce dernier, l'homme lui demanda s'il avait bien mangé, si le service l'avait satisfait, et lui glissa entre deux questions qu'il était temps de payer l'addition.

Quelques minutes plus tard, et nos deux hommes étaient debout, dans l'entrée. Mr Saitô les inonda de politesses, tandis que Logan ferma sa veste. Après un "merci" et un "au revoir", le canadien fût déjà dehors. Il s'empare de paquet de cigarettes dans sa poche, sort une clope, l'alluma à l'aide de son briquet et tira une latte. Il eu le temps de tirer quelques fois de plus et de faire des ronds avec sa fumée avant qu'Alex ne sorte aussi. James prit une nouvelle bouffée de cigarette puis expira la fumée.

— Bon on fait quoi ? On s'rentre, on s'balade.. ? Mais d''abord, tu me laisse finir, ok ?

Ce n'était même pas une vraie question. Mais Logan se pressa quand même pour finir, bien qu'il préfère prendre son temps d'ordinaire.

Secouant légèrement la tête, sentant un frisson parcourir son échine, Alexander releva la tête en entendant Logan reprendre la parole. L’écoutant, il ne put s’empêcher de sourire, quelques peu attendrit et pas mal étonné par ces dires. Le canadien le remerciait de l’hébergé et de risquer des emmerde à cause de ça. Bon, Logan avait raison, Alexander n’allait pas le nier. Héberger un sans papier n’était pas sans danger, mais bon sang, on n’était plus non plus en guerre et surtout, on n’était pas en Europe lors de la seconde guerre mondial où les juifs et ceux qui les aidaient et cachaient étaient exterminé. Aussi, Alexander n’avait pas franchement peur pour lui : il n’avait pas de casier judiciaire et n’était donc pas connu par les autorités. En revanche, il s’inquiétait d’avantage pour Logan : il seul faux pas de sa part et paf, il se retrouvera derrière les barreaux. Et, bien que notre américain fût quelqu’un de riche, il n’allait pas non plus pouvoir payer à chaque fois pour la sortie de son ami. Ainsi donc, première chose à faire pour eux : donné des papiers à Logan puis lui donné la nationalité Américaine. Une fois cela de fait, il ne risquera plus grand-chose. Sauf que ce faire n’était pas chose aisée.

Soit. Il fût sorti de ses pensées par le Mr. Saitô du début. Souriant à pleines dents, il demanda si tout avait été ok pour nos deux hommes. Alexander répondit par l’affirmative puis secoua légèrement la tête lorsque vint la facture de leur repas. Sans vraiment regarder le prix, il se leva, attrapa sa veste et suivit le serveur à l’accueille. Là il lui refila sa carte de crédit et se plongea dans une discussion plus ou moins intéressante, tandis que Logan se barra bien rapidement. Quelques minutes plus tard, Alexander sorti à son tour, rangeant son porte feuille dans la poche intérieure de sa veste.

« Un vrai commerçant ce mec » se plaignit-il en souriant, amusé « il sait vraiment bien baratiner les clients pour être sûr qu’ils reviennent » Il observa Logan du coin de l’œil « enfin, on a cas s’balader un peu, comme ça tu peux prendre tout ton temps pour finir. Pas besoin de te dépêcher »

Se disant et mettant ses mains dans ses poches, Alexander se mit en route. Voyant du coin de l’œil que Logan lui emboitait le pas, il réfléchit rapidement où ils pourraient aller. Sauf que l’avenir n’en décida pas ainsi. Après s’être éloigné du restaurant, être passé à côté de la magnifique Acura –Elle ne cessera sans doute jamais de fasciner notre Alexander- ils tournèrent dans une rue qui les éloignait du tumulte du centre ville. Que de clichés, me direz-vous. Et effectivement, nous allons porter le cliché encore plus loin.

Voyant trois silhouettes se détacher de la pénombre des bâtiments, Alexander et Logan s’immobilisèrent promptement. Les trois silhouettes –qui s’avérèrent être des hommes – s’approchèrent d’eux. Alexander lança un coup d’œil au-dessus de son épaule et remarqua qu’ils étaient cernés. Soupirant doucement, il s’approcha de Logan.

« T’aurais pu m’dire qu’t’avais ramené tes potes de cellule à Great Falls » lui glissa-t-il a l’oreille.

C’était une blague de –très- mauvais goût et il eu un petit mouvement de recul en voyant le regard assassin de Logan. Puis, ignorant son ami, Alexander reporta son attention sur les inconnus et interrogea celui qui semblait être le chef de la bande, du regard.

« Vous avez besoin d’aide ? » demanda-t-il d’un ton calme, en souriant doucement.

« Ta gueule ! » s’écria-t-il vivement en pointant un couteau vers Alexander.

Celui-ci –par reflex- recula … dans les bras d’un autre inconnu qui s’était approché par derrière. Lui agrippant vivement le poignet, il passa un bras autour de sa gorge et l’immobilisa ainsi. Fermant furtivement les yeux, Alexander prit plusieurs grandes inspirations pour se calmer. Du coin de l’œil il vît comment les autres s’approchaient dangereusement de Logan. Aussi, celui qui le tenait fermement augmentait rapidement la pression sur sa gorge lui coupant peu à peu la respiration. Il devait agir. Et vite.

« On a fait quelque chose de mal pour être traité de la … »

« Ton porte feuille ! » grogna l’homme au couteau en s’approchant de notre américain.

Ce dernier hocha la tête et désigna sa veste.

« Poche intérieure. Fouille un peu et tu trouveras ce que tu cherches. » Dit-il en tentant de rester calme, malgré la panique qui augmentait graduellement « Si c’est tout ce dont tu as besoin pour te satisfaire, je t’en pris, prend le. »

L’attaquant arqua furtivement un sourcil, quelque peu déstabilisé puis s’approcha d’Alex. Lui ouvrant vivement la veste –cassant au passage la fermeture éclair – il plongea sa main à l’intérieur puis, sourire triomphant, en sorti le porte feuille.

« Jackpot ! » cria-t-il en brandissant l’objet en l’air.

Les autres se mirent à rigoler, se moquant de la bien trop rapide capitulation de notre ingénieur, et Alexander fût relâcher. Tandis qu’ils s’approchaient de leur chef pour voir le contenu de leur butin, notre jeune homme s’avança lentement vers Logan

« Je propose de partir sur le champ » murmura-t-il tandis qu’il amorça un demi-tour « je ne sais pas de quoi ils sont capable s’ils découvrent qu’ils se sont emparé d’une simple pochette en cuir sans valeur, avec seulement 10$ et une carte de crédit non utilisable … »

James pu au final prendre son temps pour fumer, Alexander ayant approuvé l'idée de la balade. Seulement, une inconnue s'ajouta à l'équation. Enfin trois plutôt. Explication : alors que les deux amis avait bifurqué pour s'éloigner du centre-ville, trois ombres firent leur apparition. Alex et Logan se stoppèrent tandis que les trois hommes s'approchèrent. Le canadien, tirant sur sa clope, remarqua rapidement qu'ils étaient à présent encerclés. Et l'américain fit une blague de très mauvais goût, insinuant que c'étaient les potes de Logan. Il ne s'attira qu'un regard noir du plus jeune qui le fit légèrement reculer. Puis l'ingénieur s'adressa au type qui semblait être le chef, mais ce dernier répliqua directement par une injure en brandissant un couteau. Alex recula directement dans les bras d'un autre homme, qui le coinça avec facilité, comprimant sa gorge de son bras.

Logan resta calme, ou du moins, ce qu'il avait de plus approchant. Son regard était meurtrier, et quelques individus y réfléchirent à deux fois avant de faire un pas en avant. Il aurait bien voulu envoyer valser le type qui tenait juste derrière lui, mais préféra prendre une nouvelle bouffée de cigarette pour éviter de commettre un impair. Et il n'avait même pas son Beretta, resté dans son sac qui était bien sûr à la maison. Mais tout ce que voulait ces gars, c'était le porte-feuille d'Alex. Haussant un sourcil en regardant celui-ci abdiquer si facilement, James se dit que quelque chose clochait, il ne pût néanmoins mettre le doigt sur ce quelque chose. Le chef de la bande trouva facilement ce qu'il cherchait, puis les autres relâchèrent l'américain et s'approchèrent du premier dans le but de connaître le montant de leur butin.

Alexander ne tarda pas à rejoindre son ami, et à lui glisser doucement qu'ils devaient partir immédiatement avant que leurs agresseurs ne se rendent compte que ce porte-feuille n'était pas le Graal espéré. Logan se retint de rire, finissant un peu plus sa clope, puis se mit doucement en route, accompagné de l'ingénieur. Ils repartirent de là où ils étaient venus, sans trop se presser. Leur discrétion marcha jusqu'au moment où, atteignant presque le bout de la rue, ils furent honteusement interrompus par un grossier personnage.

— 'Spèce d'enfoiré !

Bruits de course. Une nouvelle fois, Alex et Logan se retrouvèrent au milieu d'une dizaine de types, plutôt costauds. Et pas du tout contents. Le canadien rejeta sa fumée en un soupir. Il se pencha légèrement vers Alexander et lui murmura à l'oreille, comme s'ils étaient seuls :

— Tes amis sont plutôt collants tu trouves pas ?

Il se redressa doucement en sentant une lame dans son dos. Mais ce n'était pas leur chef car celui-ci était à présent devant Alexander. Du coin d'oeil, il vit que le gars derrière lui avait l'air plutôt jeune et que, malgré le fait que la lame ne tremblait pas, c'était plus de la peur que de la détermination qui était lisible sur son visage. Cependant, un mouvement attira les yeux du canadien. Là, il se figea un court instant. La situation était critique.

— T'aurais pas dû te foutre de not' gueule, grinça le chef qui avait sortit un pistolet de sous sa veste, et le pointait en direction d'Alexander. Maintenant tu nous files ton VRAI porte-feuille.

Son coup marchait bien. Du moins, pendant quelques instants. Alexander et Logan avait à peine rejoint le bout de la rue qu’un hurlement de rage les figea. Fermant les yeux, maudissant la bande, notre jeune homme soupira tandis qu’une dizaine d’inconnus plutôt costaud les entourèrent. A nouveau le boss se trouvait devant notre américain. Alexander soutint longuement son regard avant de remarquer, du soin de l’œil, qu’un autre membre de la bande dirigeait un couteau sur le dos de Logan. Pourtant, un autre mouvement fît reculer notre américain.

Reculant d’un pas, les yeux écarquillés, Alexander senti, a la vue du flingue pointé entre ses yeux, la panique s’emparer de lui. Levant les mains, en signe d’innocence et pour leur montrer qu’il n’avait rien d’autre –ce qui était vraiment le cas – notre jeune homme prit une profonde inspiration.

« On va se calmer, d’accord … ? »

« Ton porte VRAI porte monnaie. Tout de suite ! » Hurla le chef en approchant son flingue du visage d’Alex.

Celui-ci, restant sur place cette fois releva son regard. Malgré son calme apparent, il paniquait réellement. Enfin. Hochant la tête, il reprit la parole.

« J’ai compris … » dit-il en abaissant doucement, très doucement ses mains. Il glissa sa main gauche sous sa veste, tout en soutenant le regard de l’attaquant. ET heureusement, car il profita de la très légère et presque imperceptible baisse de garde de l’homme.

Faisant un très rapide pas en avant, il attrapa, d’un mouvement vif le poignet qui tenait le flingue. Prenant appuie sur sa jambe gauche, il lança son pied droit dans le plexus solaire de l’homme. Effet de douleur ou de surprise, peu importe. Alexander lança un coup de pied contre le genou de l’homme et senti les ligaments se déchirer. Tandis que l’inconnu tomba à terre, l’américain se retourna et instaura un rythme d’attaque et de défense à ses ennemies. Le groupe d’était scindé en deux. Un rapide coup d’œil vers Logan permit à Alex de savoir que son ami n’avait aucuns soucis. Il se concentra donc à nouveau sur ceux qui l’attaquaient lui. Encaissant les coups, il les redonna en double, remerciant silencieusement ses nombreuses années de Karaté qui arrivaient à se faire valoir dans ce genre de situation.

Mais la technique ne fait pas tout non plus. Alors que notre jeune homme avait mit, sans réel problème et en un temps plus ou moins record, 4 ennemis au tapis, il dût faire face à un homme bien plus grand, fort et costaud que la moyenne. D’ailleurs, ce dernier, vu les techniques qu’il utilisait, venait du milieu des Judoka. Par expérience, Alexander savait que les techniques du Judo pouvaient faire vraiment mal. Plus que celles du karaté. Mais que pouvait-il faire d’autre que de l’affronté ? Logan était occupé avec ses ennemis, il ne pouvait pas l’aider. Ainsi donc, notre karatéka n’eu pas le choix et s’attaqua à cet homme.

Sauf que le combat ne dura pas bien longtemps. Remarquant très rapidement que les techniques du judo étaient bien plus supérieures que les siennes. Profitant d’un très furtif moment d’inattention de notre jeune homme, le judoka lui empoigna fermement le poignet droit. Lui tordant le bras derrière le dos, il le fît, avec un super balayage, tomber en avant. Mais, au lieu de lui lâcher le bras, il le retint fermement. Tandis qu’il tombait, Alexander pût, presque au ralenti, sentir les ligaments de son épaule se déchirer, tandis que les deux corps de l’articulation se séparaient. Sans pouvoir s’en empêcher, il poussa littéralement un hurlement de douleur. Agenouillé au sol, s’appuyant de la main gauche sur les pavés, il pria que l’homme lui lâche le bras. Et c’est ce qu’il fît … mais avec l’aide de Logan.

Alexander ne suivit pas le reste du combat, ne prenant en compte que la douleur lui paralysant le bras. Main gauche reposant sur son épaule, il avait les yeux fermé et le visage crispé de douleur, se mordant sur la lèvre inférieure.