Après la tempête, Candice avait pris de la distance avec les McKay. Elle n’avait plus travaillé pour eux et les premiers jours qui avaient suivi le drame, elle avait carrément été lamentable. Trop honteuse et se sentant terriblement responsable, la jeune femme avait préféré fuir que d’affronter sa peur. Elle savait que voir le garçon dans un piteux état allait la chambouler.

Du coup, elle avait complètement fait silence radio et ce n’est que grâce à Julian Mars qu’elle avait enfin sauté le pas et qu’elle était allée rendre visite au petit garçon qu’elle babysittait. Son ami lui avait en effet proposé de venir avec elle, pour la soutenir au cas où elle ne tiendrait pas le coup. Il avait tenté tant bien que mal de la faire déculpabiliser et comprendre qu’elle n’avait rien fait de mal et qu’elle n’était pas responsable de la chute de l’arbre. Il faut dire que n’importe qui aurait pu le lui dire, si elle en avait parlé, mais c’est un peu à cause des circonstances qu’elle n’avait confié son mal-être qu’à l’étudiant.

Puisque ça fait à présent un bon bout de temps que les deux femmes ne se sont pas vues, elles avaient décidé de se retrouver au coffee shop, l’endroit même où elles s’étaient rencontrées, la première fois, selon les souvenirs de la chanteuse. Cette dernière arriva en premier lieu cette fois.

Elle poussa la porte et constata qu’aujourd’hui, ça n’était pas Chris qui travaillait. Dommage, elle aurait bien aimé lui raconter comment se passent ses études. Après tout, c’est lui qui l’avait encouragée, il y a presque un an à présent, à reprendre ses études et elle était ravie de sa décision, même si c’est loin d’être facile tous les jours. Etant une élève remarquable, ça n’est pas évident pour elle de se faire des amis, d’autant que plus d’un envient le fait qu’elle ait déjà fait une mini carrière.

La blonde se dirigea vers le comptoir où Parker Warner lui servit un jus de pamplemousse. Elle régla sa commande et alla s’asseoir à une table libre, près de la vitre.

[Désolée de l'attente, mais je peux pas trop RP ces temps-ci....:S]

5 mois depuis la tempête. C'est bête, ça paraît loin et en même temps encore ci récent. Loin parce que des tonnes de choses se sont passées dans la vie de Sydney, et si proche du fait que les galères liées à la tempête continues de s’enchaîner pour elle. Après les travaux interminables de la librairie, puis ceux de sa maison et l'hospitalisation d'Eddie, c'est maintenant sa vie sentimentale qui est au fond du fond. Chris a apprit sa paternité et depuis, Sydney et lui ne se sont pas revus ni parlés. Sydney n'essaye pas d'aller vers lui, elle sait que tant qu'il n'aura pas fait le vide dans sa tête ça ne servira a rien. Elle attend donc qu'il réapparaisse dans sa vie. Pour le moment, leur couple n'existe plus vraiment. Une sorte de break. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, Sydney se demande si Chris n'aurai pas quitté la ville quelques temps. Elle ne le voit plus à chaque fois qu'elle passe devant le coffee time. Elle va finir par croire qu'il la fuit...

Aujourd'hui, Sydney est de repos. Elle en a besoin pour retrouver le rythme éprouvant de la librairie. Après tous ces mois sans travailler, de retour dans sa boutique, elle se rend compte à quel point elle est fatiguée psychologiquement par tous les derniers évènements. Elle a du mal à se faire des journées complètes, alors elle profite de ses employés pour rester chez elle, quelques jours dans le mois. Elle avait oublié à quel point il lui était difficile de concilier sa vie de patronne, de femme au foyer et de mère célibataire. Journée de repos ne signifie pas qu'elle n'a rien à faire, ou qu'elle va prendre le temps de ne rien faire. En fait, elle a tout un programme de ménage, de lessives et autres tâches ménagères qui ne l'enchantent pas des masses. Heureusement, elle a rendez-vous à Candice, ce qui lui permet en quelques sortes d'échapper à toutes ces tâches, l'espace de quelques heures, du moins.

Habillée d'un slim bleu marine et d'un top blanc sous une chemise en cuir noir, la jeune femme passe de simple baskets blanches et part de son domicile. Sur le chemin, elle attache ses longs cheveux bruns en une queue de cheval probablement mal faite. Elle marche sous le soleil printanier et cette chaleur qui s'en dégage lui réchauffe l'âme et le corps. Elle se sent bien quand il fait beau.

Quelques minutes plus tard, elle entre au Coffee Time, craignant un instant de croiser Chris, mais il n'a pas l'air là. Depuis leur dernière dispute, elle n'ose pas trop venir ici, de peur d'être confrontée à Chris, ou même à Parker. C'est malheureusement elle au comptoir. Penaude, elle va commander un chocolat chaud au caramel, mais la jeune femme semble tout à fait professionnelle et n'a pas l'air de la détester pour ce qu'elle a fait à son frère, c'est déjà ça...Munie de sa boisson, Sydney se dirige vers Candice, déjà assise dans la pièce.

Salut, tu es arrivée depuis longtemps ?

Sydney comprend que Candice ne soit pas venue voir Eddie, sur le début. Elle devait se sentir mal, même si Sydney ne cessait de lui répété qu'elle n'y était pour rien. Elle imagine que dans la tête de la musicienne, elle doit se dire qu'elle est à 100% coupable. Sydney ne lui en a jamais voulu, et elle s'en veut d'ailleurs de n'avoir pas prit plus tôt de ses nouvelles, pour la rassurer et puis aussi pour s'excuser ! Elle aussi a été blessée par l'arbre, après tout. La libraire s'est sentie extrêmement égoïste tout le temps qui a précédé la tempête. En fait, elle était tellement préoccupée par ses soucis qu'elle n'avait ni le temps ni l'énergie de se consacrer aux autres.

Sydney pensait proposer à Candice d'aller boire un verre au bar, mais, à cette heure ci de la journée, elle préfère plutôt discuter autour d'une boisson chaude. Le printemps est là, certes, mais il ne fait pas encore des températures proches de celles de l'été. Le Coffee Time est donc l'endroit le plus adapté, même si la crainte d'y croiser Chris envahie la libraire à chaque fois qu'elle repense à leur dernier échange, à l'hôpital...

D'abord stressée à l'idée d'être en retard, la jeune femme s'excuse auprès de Candice, même si ce n'est que de quelques minutes. C'est un principe, Sydney aime sa ponctualité. Finalement, il s'avère qu'elle est tout à fait à l'heure.

« Oui, ça fait du bien au moral un peu de soleil ! »

Dans un sourire, Sydney observe le bras de la jeune fille. Elle n'a pas oublié un seul jour que la jeune femme a été blessée dans la tempête. Ca aurait pu être bien pire, mais déjà, ça n'aurai pas du arriver. Cela dit, Sydney n'a pas envie de passer sa vie à culpabiliser pour ça et à se "battre" avec Candice pour savoir qui est fautive et qui ne l'est pas. Chercher la "coupable" ne les aidera certainement pas à avancer. Et puis, elles ne pouvaient, ni l'une ni l'autre, deviner ce qui allait arriver.

« C'est une très bonne chose, ça ! Tu dois te sentir libérée ! »

Sydney s'en est pas mal voulu, vis à vis de Candice, de ne pas avoir vraiment prit de ses nouvelles pendant sa convalescence. Elle lui a envoyé quelques textos, pour se tenir au courant, mais c'est tout. Elle était tellement embêtée par ses soucis et aussi par sa culpabilité, qu'elle n'a pas voulu l'appeler ou quoi que ce soit, de peur que la jeune femme lui en veuille, quelque part. Reprendre contact pour se retrouver et parler, c'est la bonne solution. Un malaise semble subsister depuis la tempête, probablement du fait que les deux jeunes femmes se sentent coupables de ce qui s'est passé pendant la tempête alors que, ni l'une ni l'autre ne pouvait deviner ce qui se passerait. Sydney continuera de se sentir coupable de ne pas avoir assez écouté les conseils à la radio, Candice continuera de se sentir coupable d'avoir laissé Eddie seul quinze secondes. C'est comme ça. En attendant, ce n'est pas en restant chacune dans son coin qu'elle vont régler le "soucis".

Pendant l'hospitalisation d'Eddie, Sydney n'a pas demandé à Candice de venir, non pas qu'elle n'ait pas envie de l'y voir, mais simplement parce qu'elle devait elle-même passer beaucoup de temps à se reposer et à faire sa rééducation pour son bras. Elle ne le lui a donc pas proposé. Elle a tout de même été très contente d'apprendre qu'elle est tout de même passée voir le petit garçon sur son lit d'hôpital. Et puis, Eddie était tout content de revoir sa baby sitter. Lorsque la musicienne retourne la question de Sydney pour savoir ce qu'il en est pour elle et pour Eddie, la libraire avale sa gorgée et sourit.

« Tout va bien. Mieux. Eddie est rentré à la maison, les médecins disent qu'il est sorti d'affaire. Il a juste un petit traitement à suivre quelques semaines pour bien se soigner. Mais il va beaucoup mieux ! Et moi, ça va aussi. »

Elle ne s'attarde pas sur son cas. Elle n'a pas grand chose à dire, et surtout pas grand chose d'extrêmement positif. Elle n'est pas encore complètement sortie de ses problèmes, et ça continue de la ronger, même si elle respire beaucoup mieux depuis que ses travaux sont finis et que son fils adoré est de nouveau en bonne santé. Elle considère que les soucis qui la touchent directement - ses problèmes d'argent et de coeur - ce n'est pas si grave après tout ce qu'elle a traversé.

« Il était vraiment très content que tu sois passée le voir. Merci, d'y être allé, c'est vraiment gentil. »

Tout comme Candice, Sydney n'est pas une fille qui affronte ses problèmes. Elle est plutôt du genre à vouloir se débrouiller seule sans vraiment se confier. Pour elle, les confidences, ça revient à demander de l'aide à quelqu'un, et c'est tout ce qu'elle veut éviter. Elle veut montrer qu'elle est grande et qu'elle sait se débrouiller toute seule, sans forcément affronter le problème de face. Si la possibilité se présente, elle va plutôt choisir de le contourner pour s'en sortir, même si le problème n'est pas réellement résolu. Tant qu'elle s'en sort, elle considère que c'est le principal.

Depuis la tempête, elle culpabilise énormément d'avoir, non seulement mit la vie de son fils en danger, mais aussi celle de Candice, qui a gentiment accepter de venir garder le petit garçon alors qu'elle aurait du aller, comme tout le monde, se réfugier au gymnase. Sydney a été extrêmement stupide de ne pas croire ce qu'on disait à la radio. Elle pensait être indestructible, que rien ne pourrait lui arriver. Que ça n'arrive que dans les films. Mais non, c'était bien la réalité. Sa stupidité les a mis en danger. En tant que mère, elle aurait du flairer le danger et gérer la situation plutôt que de se laisser emportée par la panique.

Après avoir prit des nouvelles de la musicienne, celle-ci en prend à son tour. Sydney lui parle d'Eddie, qui va beaucoup mieux et qui est sorti de l'hôpital il y a peu. Lorsqu'elle parle d'elle, elle se contente de dire que ça va. Elle culpabilise déjà bien assez d'avoir prit les mauvaises décisions ce jour là, elle ne va pas non plus ennuyer la jeune fille avec ses états d'âmes et ses autres soucis. Ce serait trop déplacé.

« Oui, c'est sûr, mais aujourd'hui il va mieux. Disons que c'est un mal pour un bien. Je suis tellement rassurée de le voir comme ça...»

Si son fils n'avait pas survécu, ou s'il avait présenté des séquelles à vie, Sydney s'en serait certainement voulu jusqu'à la fin de ses jours. Elle n'aurait jamais supporté cette idée. Mais Eddie est un petit garçon fort et courageux. Il s'est battu, il s'est sorti de toute cette galère pour enfin regagner la maison avec un tout petit traitement de rien du tout.

« Tu n'étais pas obligée. Eddie était déjà très heureux de te voir, même une seule fois. C'est dommage, je l'ai oublié à la maison, mais il t'a fait un cadeau lui-même...C'est pas trop grave, de toute façon, tu sais où est la maison ^^ »

Sydney se demande si son petit trait d'humour n'est pas de trop. Bien sûr que Candice sait où se trouve la maison....elle a quand même faillit y rester. Sydney déglutit, sentant ses joues devenir rouge. Qu'elle idiote elle peut-être ! Vraiment, elle a certainement manqué une occasion de fermer sa bouche. Il est évident que Candice risque de venir beaucoup moins, probablement souhaite-t-elle arrêter de garder Eddie, pour ne pas repenser à leur mésaventure....Sydney aurait du y penser...

[Elles sont aussi graves l’une que l’autre ^^]

Candice et Sydney ont visiblement un point commun : celui de contourner, si possible le problème. Si la libraire n’en parle pas, c’est parce qu’elle veut prouver qu’elle n’a besoin de personne. Pour Candice, ça n’est pas ça du tout. C’est de la peur. Elle a peur de se confier à nouveau, de faire confiance à quelqu’un et de se retrouver trahie, comme une idiote, comme elle l’a été par sa mère, par le passé. Beaucoup de gens arrivent à passer au dessus de ce genre de traumatisme mais elle n’a jamais réussi.

La seule personne qui arrive à lui faire un peu ouvrir sa carapace c’est Julian, et ça lui fait du bien. Elle n’a pas l’habitude de pouvoir dire ce qu’elle ressent et au final, ça lui a peut être manqué. C’est sans doute la mauvaise réputation de Julian qui fait qu’elle ose se confier à lui. Elle sait que lui, il n’aura vraiment pas de quoi la juger (a). Ou serait-ce autre chose ?

Quoi qu’il en soit, elle se mit à expliquer sa convalescence, qui n’était rien du tout comparé à ce que le pauvre petit Eddie avait dû vivre de son côté, si petit en plus. Il était bien courageux. A son âge, elle aurait été bien plus trouillarde et bien moins débrouillarde !

« Oui, il valait mieux attendre d’être sur qu’il est sorti d’affaire avant de faire quoi que ce soit. Ca aurait été débile de le garder trop peu et puis de se rendre compte qu’il y a un souci. »

Elle lui sourit doucement, avant de poser une question supplémentaire, espérant que ça n’était pas trop déplacé de la part de la femme à cause de qui tout ça était arrivé (a).

« Il a déjà pu retourner à l’école ? »

Le sujet épineux vint ensuite sur le tapis. La visite de Candice. C’est honteux à dire, mais elle n’est allée à l’hôpital qu’une fois. Elle avait tellement peur de la réaction de Sydney. Il aurait été normal qu’elle la déteste, et pourtant, aujourd’hui, elle la remerciait. Ce qui eut le don de la mettre encore plus mal à l’aise. Elle s’excusa de ne pas être venue plus, et à nouveau, la libraire fut totalement adorable.

« Oh c’est… trop gentil. »

Son cœur se serra lorsqu’elle entendit que le petit garçon lui avait fait un « cadeau ». Bon sang qu’elle avait été la reine des idiotes. Elle aurait dû être plus courageuse et venir le voir plus souvent et prendre plus de ses nouvelles et être plus présente plutôt que de faire l’idiote. Elle a mal agit sur toute la ligne.

« Même si je ne suis pas sure de le mériter ! »

[C'est clair ! Pendons les ! =P]

Sydney n'est pas mal à l'aise, elle essaye juste de contourner le problème et donc d'éviter un maximum de mettre un doigt là ou ça fait mal. C'est fou, elle ne se doute pas une seule seconde que, toute cette culpabilité qu'elle éprouve depuis le début, Candice l'éprouve également. Si elles savaient, elles se sentiraient bien idiotes, toutes les deux, à se "battre" pour celle à qui revient la faute. Chacune, de son côté, est persuadée que l'autre lui en vaut et lui reproche cet épisode sombre. Le problème, c'est que tant qu'elles n'en parlent pas, elles ne risque pas de crever l’abcès et encore moins de se rencontre compte qu'aucune des deux n'est réellement responsable.

Dans cette histoire, tout le monde a été blessé, physiquement et moralement. Sydney a été la moins blessée physiquement, s'en sortant avec une faible entorse à la cheville et un léger traumatisme crânien, provoqué par sa chute dans l'escalier. Candice, elle, a eut un bras cassé. Eddie a été le plus blessé, et pourtant, c'est celui qui semble le moins traumatisé psychologiquement par cette histoire. Bien sûr, il lui arrive de faire des cauchemars, de temps en temps, ou de craindre certaines situation - les pièces sombres, par exemple - mais Sydney craignait qu'il soit bien plus traumatisé que ça. Il aurait très bien pu en vouloir à l'une ou l'autre, pour quelque raison que ce soit, mais pas du tout.

« C'est ce qui s'est passé après sa première hospitalisation ! Ils l'ont laissé sortir quelques jours après la tempête avec quelques médicaments à prendre "au cas ou" et un soir, il était complètement inconscient, brûlant de fièvre...Là, ils l'ont gardé plusieurs semaines pour être bien sûrs. J'imagine qu'ils se sont finalement rendus compte de leur connerie ! »

Cette nuit là, Sydney avait un mauvais pressentiment. Elle n'arrivait pas à dormir, se sentait bizarre. En passant par la chambre de son fils, c'est là qu'elle s'est rendue compte qu'il était inconscient. Elle n'arrivait même pas à le réveiller. 10 minutes plus tard, les pompiers étaient là et l'emmenait à l’hôpital. Paniquée à l'idée de le perdre, elle a prévenu Chris et lui a fait un aveu important qui a tout changé. Parfois, elle regrette, et d'autres fois, elle se dit qu'il valait mieux qu'il sache. Il ignorait sa paternité depuis trop longtemps. Sydney a laissé passé trop de temps. Elle s'en mord les doigts aujourd'hui. Ce qui est fait est fait.

« Oui, il a reprit cette semaine. Il est crevé, il n'a plus l'habitude, mais il va rapidement reprendre le rythme, je ne me fais pas de soucis pour ça ! »

Eddie est un petit garçon qui s'adapte très facilement à son environnement. Pour l'école, Sydney ne se fait pas de soucis, il est intelligent et en plus il adore l'école. La libraire s'est arrangée avec sa maîtresse d'école pour qu'il puisse rattraper ce qu'il a raté. Elle lui a fournit les documents nécessaires pour qu'elle lui fasse, en quelque sorte, l'école à la maison, qu'il puisse rattraper tout ce qu'il n'a pas pu voir à l'école. Ce n'est pas de tout repos pour Sydney, mais elle ne s'en sort pas si mal.

En plus d'être un petit garçon intelligent, Edward est un garçon adorable. Il aime faire plaisir aux gens par des petites attentions. Il aime faire des dessins - qui ressemblent à quelque chose -, écrire des petits mots gentils...Sydney n'a plus de place où accrocher ses nombreux dessins sur lesquels, la plupart du temps, elle est représentée avec un homme et Eddie à côté. Un message subliminal pour lui dire qu'il est temps qu'elle retrouve quelqu'un ? (a) Elle ne sait plus non plus où accrocher les petits post-it qu'il s'amuse à coller un peu partout, sur lesquels il lui demande un chien, un chat, un poisson rouge, lui dire qu'elle est belle ou simplement qu'il aime sa maman. Elle ne sait pas d'où il tient cette idée de déposer tous ces messages partout, mais elle doit avouer qu'elle trouve ça vraiment trop adorable. Et le truc, c'est qu'il ne fait pas ça qu'à sa maman. Il aime dessiner pour sa tante, son grand-père, les amis de Sydney lorsqu'ils viennent lui rendre visite, ou les gens qui lui manquent. Candice doit faire partie de cette dernière catégorie puisqu'il lui a déjà fait quelques dessins, sur lesquels ils s'est amusé à coller des tas de petites fleurs séchées. Dommage qu'elle les ait oubliés chez elle. La libraire fronce les sourcils à la remarque de l'étudiante.

« Pourquoi tu ne le mériterait pas, voyons ? »

Sydney est une personne que l'on pourrait définir comme "trop gentille". Elle n'ose pas dire les choses, généralement. Elle déteste les situations conflictuelles. Si bien qu'elle préfère généralement garder les choses pour elle plutôt que de tout balancer à la personne. Cela dit, si elle en veut à quelqu'un, elle ne va peut-être pas lui dire directement, mais ne va pas non plus rester mielleuse comme si de rien n'était. Elle va juste tenter de faire comprendre que quelque chose cloche. Par contre, lorsqu'une personne a des raisons de lui en vouloir, elle fait profil bas et va éviter au maximum d'entrer dans le vif du sujet. La situation avec Candice est assez étrange. Elle s'en veut et se dit que la jeune femme lui en veut également. Ce qu'elle ignore, c'est que, pour la musicienne, c'est exactement pareil. Chacune de nature à éviter les problèmes, il leur est donc impossible de penser qu'elles se trompent et se montent la tête bêtement.

Sydney se dit que c'est assez dangereux d'évoquer la tempête. Elle craint que ça donne des idées à Candice pour lui envoyer en pleine face qu'elle est une mère indigne et qu'elle a mit en danger la vie de son fils et celle de la musicienne. Et pourtant, la jeune femme reste très gentille. C'est assez troublant. La libraire craint qu'elle porte juste un masque qui cache la colère qu'elle éprouve contre elle.

« C'est ce que je pense aussi...Après, je me dis que je ne suis pas médecin et qu'ils ne pouvaient peut-être pas savoir...Mais quand même ! »

La jeune femme n'y connait rien en médecine. Elle est donc bien obligée de croire tout ce qu'on lui a dit à l’hôpital. Ils se sont peut-être trompés de diagnostic sur Eddie, mais aujourd'hui, il est guérit. Alors elle peut difficilement remettre leur jugement en question ! Ils ont quand même soigné son fils...C'est ça qui compte !

« D'un côté, je n'espère pas que ce sera le cas ! Je ne veux pas qu'il soit mal vu par ses camarades parce qu'il est privilégié...Les gamins, c'est cruel à cet âge...»

Elle imagine bien qu'avec sa bouille d'ange et tout ce qu'il a traversé, sa maîtresse ne pourra pas rester insensible et qu'elle risque d'être plus attendrie par lui que par un de ces enfants de bourge qui a eut la chance d'être sur une île paradisiaque le jour de la tempête (a). Mais comme elle l'a dit, elle espère que ça ne jouera pas contre le petit garçon. Les enfants sont plutôt cruels à cet âge, alors elle espère que ses camarades n'iront pas lui en faire baver parce que sa maîtresse est plus attentionnée envers lui qu'envers les autres...On ne sait jamais.

Candice semble perplexe. Elle dit ne pas mériter l'attention que lui porte Eddie. Pourtant, Sydney ne voit pas pourquoi. Elle a toujours été très gentille avec le petit garçon. Il ne s'en est jamais plaint. Et puis, Sydney l'apprécie également. Candice explique alors pourquoi elle pense cela. Elle n'aurai pas été assez présente après la tempête. Mais elle n'a pas à s'en vouloir. Elle même a été blessée, et puis, elle avait certainement des gens touchés dans son entourage. Sydney et Eddie étaient peut-être avec elle lors de la tempête, ça ne lui donnait pas une obligation de venir les voir tous les jours.

« Tu sais, ce n'est pas grave. Tu étais en convalescence, toi aussi. J'imagine que devais avoir tes raisons...et que passer nous voir devais te rappeler de mauvais souvenirs aussi...Je suis vraiment désolée. »

Faire l'autruche. C'est ce que Sydney sait faire le mieux. Se cacher pour fuir le problème. Elle esquive, tourne autour du pot. Elle ne veut pas rentrer dans le vif du sujet, de peur d'être piquée en plein coeur. De se prendre en pleine face tout ce qu'elle n'a pas envie d'entendre : qu'elle est responsable de ce qui s'est passé le soir de la tempête parce qu'elle a été inconsciente. Ce n'est pas totalement faux, elle le sait, mais l'entendre de quelqu'un d'autre, ça fait encore plus mal que se le dire à soi même. Elle n'aime pas qu'on lui reproche des choses, encore moins ses erreurs. Elle est fière et sait reconnaître ses erreurs, mais qu'on les lui fasse remarquer, elle trouve ça humiliant. Elle se sent comme une petite fille qui dissimule une bêtise à ses parents, de peur de se faire grondée. C'est bête, elle a pourtant passé l'âge de craindre ce genre de chose, ayant elle-même prit la place de ses parents lorsqu'elle est devenue maman. Mais ça n'empêche que, face à ses soucis, elle met la tête dans le sable pour ne pas avoir à entendre ce qu'on a à lui dire concernant ses mauvais choix ~

« Je n'ose pas imaginer non plus...»

Se contente-t-elle d'ajouter. Son fils, c'est toute sa vie. Elle ne l'attendait pas, il est tout de même arrivé. Au début, elle trouvait ça horrible de se retrouver maman à son âge, et puis, les reflex maternels sont arrivés, elle s'est sentie en phase avec son nouveau rôle. Elle a adoré Eddie dès le jour où elle l'a tenu sur elle, le jour de sa naissance. Il était beau. Probablement le plus beau de tous les bébés, juste parce que c'était le sien. Elle a tout fait pour l'élever au mieux, lui apportant tout ce dont il avait besoin. Le perdre, ça aurait été horrible pour la libraire. Elle aurait perdu une partie d'elle. Elle ne se voit pas vivre sans son fils, aujourd'hui. Elle lui a apporté tout son amour et il lui en a apporté en retour. Mère célibataire, elle pense même avoir un rapport privilégié avec lui vu qu'il lui apporte l'amour qu'il aurait pu partager entre ses deux parents. Sydney récolte tout, ce qui a fait naître une énorme complicité entre eux. Perdre ce lien, ça l'aurait détruite.

« Oui, espérons que ça se passera comme tu dis, et pas comme je le redoute ! »

Conclut-elle en souriant. Elle prend une gorgée de sa boisson, en silence. Candice se reproche de n'avoir pas été plus présente après l'épisode de la tempête. Sydney a eut bien trop de soucis après ce fameux jour pour se rendre vraiment compte. A vrai dire, elle avait plutôt envie d'être seule pendant ce moment sombre. Elle essayait d'éviter les visites de ses amis, refusait les appels, répondait très peu aux messages...Trop occupées à se perdre dans sa déprime. Et puis, Candice n'avait aucune obligation de venir voir Eddie. Elle-même blessée par la tempête, il aurait été compréhensible qu'elle ne vienne pas - que ce soit une question d'envie ou de capacité -. Sydney a été contente d'apprendre qu'elle est venue une fois voir Eddie, mais ne lui reproche absolument pas de n'y être allée qu'une seule fois. L'important, c'est d'être venue, qu'importe le nombre de fois. Sydney lui assure qu'elle n'a pas à se sentir mal pour ça et s'excuse, même. Hésitante, devant l'air d'incompréhension de la musicienne, Sydney tente de construire une phrase.

« J'imagine que tu dois m'en vouloir un peu pour....pour le soir de la tempête...Non ? »

Ces derniers mois, Sydney n'a fait que vivre avec des "si". Elle imaginait ce que serait sa vie si Eddie devait ne pas survivre. Elle a imaginé des tas de choses, parfois pire les unes que les autres. En fait, elle ne sait pas très bien pourquoi elle s'est mise à penser à toutes ces choses. Était-ce un moyen pour elle de s'attendre au pire ? D'être préparée à une triste éventualité ? Quoi qu'il en soit, c'était une période très difficile pour elle. Vivre avec la peur au ventre de ne plus voir son petit garçon du jour au lendemain, vivre sans lui. C'était vraiment un sale période, dont la fin est arrivée pile au bon moment. Psychologiquement, Sydney n'en pouvait plus. Elle se rendait malade d'un rien, était sans arrêt prise de crises de larmes, ne mangeait plus, ne sortait plus. Il était temps que sa vie reprenne son cours et qu'elle retrouve son petit quotidien. Sa petite vie tranquille. Lorsque ses habitudes sont complètement bouleversées, elle est complètement désorientée.

Quoi qu'il en soit, c'est une période qu'il vaut mieux laisser derrière, maintenant que le plus gros est passé. Ne reste plus que sa vie sentimentale à remettre à flot, mais là, ce n'est pas le plus urgent. En fait, il n'y a qu'Eddie qui compte. Sydney lui fait rattraper l'école à son rythme, le soir, après l'école. Le petit garçon a beaucoup de mal à rattraper, mais la jeune mère est persuadée qu'il s'en sortira comme un chef. Elle espère juste qu'à l'école, il ne subira pas trop de remarques concernant son accident. Elle sait que les enfants peuvent être cruels, alors elle ne lui souhaite pas de moqueries ou de jalousies...Elle espère juste qu'il sera, comme le dit Candice, le petit héros que tout le monde admire.

A force de contourner le problème, il fallait bien qu'elles finissent par l'aborder ! A vrai dire, c'est Sydney qui se lance. Elle est persuadée, au fond d'elle, que Candice lui en veut d'avoir fait appel à elle le jour de la tempête pour garder Eddie alors qu'elle aurait pu aller se mettre à l'abris. Cette idée hante la libraire depuis cette fameuse nuit. Tellement qu'elle ne peut plus le garder pour elle et qu'elle préfère entendre Candice le lui dire de vive voix. Contrairement à ce qu'elle s'attendait à entendre, la musicienne semble dans l'incompréhension. A moins qu'elle ne joue la comédie, ce qui serait pire que tout.

« Je....je ne sais pas...Que tu ai du venir garder Eddie au lieu d'aller te mettre à l'abris ? Que j'ai été égoïste en pensant que je devais absolument m'occuper de la librairie ce jour là....Je préfère que tu me le dises si tu m'en veux, vraiment...Je me sens vraiment mal de t'avoir mêlé à cette histoire...»

Lâche Sydney, le coeur lourd. Il fallait que ça sorte. Garder les choses pour soit n'est pas une très bonne idée en temps normal, mais gardé tout ce temps, c'est encore pire.

Cette situation est un véritable supplice. Sydney déteste les conflits. Tellement qu'elle a peur qu'il y en ait un qui lui explose au visage d'un instant à l'autre. Elle se reproche tellement de choses depuis la tempête, qu'elle se dit que ce sont toutes les choses que Candice lui reproche elle-même. Elle craint à tout instant que le sujet arrive sur le tapis et que l'étudiante lui balance tout au visage, lui envoyant son irresponsabilité en pleine face. Elle ne peut pas deviner que, depuis tout ce temps, elle se fait des films et que, de son côté, Candice fait pareil. Deux cruches, voilà ce qu'elles sont.

Assises l'une en face de l'autre, elles ont beau parler, leur conversation reste plate et presque timide. Sydney essaye de dévier comme elle le peut de ce qui a suivit la tempête, mais en parlant d'Eddie, il est difficile de s'éloigner du coeur du problème. Sydney n'est pas une personne dotée d'un super courage qui lui permettrait d'affronter le problème, histoire que ça passe et qu'elle puisse avancer sans éprouver toute cette culpabilité, ou alors l'éprouver pour les bonnes raisons. C'est idiot.

Malheureusement, maintenant qu'elles sont dans le sujet, difficile d'en sortir sans parler de ce qui s'est passé. Quitte à se faire détestée par son employée, Sydney préfère que ça vienne d'elle. Elle préfère lui montrer qu'elle sait déjà ce qu'elle a a lui reprocher plutôt que de l'entendre directement de la bouche de la musicienne. Ça fera certainement moins mal. Une fois les choses dites, la libraire fronce les sourcils. Candice ne lui en veut pas. Pourtant, la jolie brune vient de lui servir des raisons sur un plateau d'argent. Mais non. Rien. Candice ne lui en veut pas. Elle lui avoue même penser que c'est elle la fautive. Sydney est partagée entre le soulagement et l'incompréhension.

« Non, non, non. Bien sûr que non. Pas du tout. Je ne t'en veux absolument pas Candice. Cet arbre, il est tombé sur vous deux. Pas seulement sur Eddie. Pas seulement parce que tu lui as lâché la main. Vraiment, je n'ai aucune raison de t'en vouloir...»

Sydney se sent stupide. Avec une bonne discussion, elle se serait rendue compte bien vite que Candice n'avait rien à lui reprocher. Au lieu de ça, elle a préféré s'enfermer chez elle à ruminer, évitant de la croiser pour ne pas voir de regard noir ou entendre des mots qui pourraient dépasser sa pensée. Elle ne s'est pas doutée un instant que les films qu'elle se faisait étaient complètement faux et que de son côté, Candice faisait sensiblement la même chose. Elle doutait d'elle et craignait les reproches de Sydney. Elles ont probablement tardé pour s'expliquer, mais l'instant est bien là désormais. Le sujet est lancé et il leur est maintenant difficile de fuir la fameuse discussion.

Elles vont de surprise en surprise. C'est d'abord Sydney qui prend la parole pour s'excuser, puis Candice suit. Sydney est partagée entre le soulagement et le fou rire. C'est une situation assez risible, au fond. Elles se sont elles-mêmes reproché des choses alors que l'autre ne voyait pas du tout les choses de cette manière. Maintenant, elles vont pouvoir mettre les choses à plat et effacer cette tension qui les entoure pour de mauvaises raisons.

« Je pensais également que tu avais une dent contre moi...Je n'ai pas osé te recontacter...»

Explique Sydney, finalement bluffée par la tournure de la situation. Elle ne s'attendait pas à ce que ça se passe aussi "facilement". Elle s'attendait plutôt à des cris, de la colère, peut-être même des crises de larmes. Toute cette tension depuis ces derniers mois n'était qu'inutile. Réalisant à quel points elles ont été bêtes toutes les deux de dissimuler tout ça pendant tout ce temps, elle se met à rire. Probablement les nerfs qui lâchent. Elle rit.

« Je pense qu'on peut se dire qu'on a été bêtes toutes les deux et oublier tout ça, une bonne fois pour toute, non ? »

Comme libérée d'un gros poids, Sydney se sent tout de suite moins tendue et se cela se sent même dans sa respiration. Depuis tout ce temps, penser à Candice et au soir de la tempête, ça l'angoissait tellement de se sentir coupable qu'elle avait l'impression d'étouffer, comme si elle s'était plongée en apnée. Aujourd'hui, elle a l'impression de respirer de nouveau. Toute cette pression qu'elle ressentait inutilement vient de s'envoler et, pour ça, il n'aura fallu qu'un après-midi pour mettre des mots sur le malaise qui semblait exister entre les deux jeunes femmes.

Sydney rit, bien qu'elle ne soit pas tant amusée par la situation. En fait, elle se sent ridicule d'avoir attendu tout ce temps et surtout d'avoir enfoui au plus profond toutes ces angoisses et de n'avoir pas eut le courage de parler à Candice plus tôt. Elle se sent vraiment idiote car elles auraient pu économiser bien des mois d'angoisses existentielles si elles s'étaient juste dit les choses au lieu de contourner le problème. Mais bon, maintenant que le problème est réglé, il vaut mieux ne pas revenir dessus.

« C'est dingue le poids que ça fait disparaître. J'imagine que ça doit te faire pareil...»

Avoue Sydney, toujours un peu "choquée" par le dénouement de toute cette histoire. Toutes leurs craintes n'étaient fondées que sur des films qu'elles se sont fait, chacune de leur côté...Maintenant que tout est rétabli, elles peuvent aller de l'avant, au moins. Une bonne chose de faite, même si elle aurait pu être réglée il y a de cela plusieurs mois...Il vaut mieux tard que jamais.

« Oui, bien sûr ! Ce sera avec plaisir ! Autant pour moi que pour Eddie ! »