Il y a des jours où il suffit d'ouvrir les yeux pour sentir toute la fatigue de son existence nous tomber sur les épaules. Il y a des moments où rien n'arrive à nous tirer un sourire, où la seule chose qui nous donne réellement envie de vivre et d'avancer disparait soudainement ou bien s'éloigne tout simplement. Ces jours là, dans ces moments là, on a juste envie de prendre sa couette et de la mettre au dessus de notre tête. Un peu comme si le jour allait enfin laisser place à la nuit et que les ténèbres emporteraient toute cette lassitude qui nous hante. On attend inlassablement que les heures passent, on patiente comme on peut, en discutant, en fumant ou bien en baisant. Les secondes s'écoulent, les minutes se succèdent et enfin la première heure. Le temps semble avançait au ralenti, on ne cesse de regarder sa montre, on attend. La patience n'a jamais été mon fort, sans doute suis-je né impatient ou bien ai-je évolué ainsi. En tout cas j'ai finalement réalisé qu'il fallait que je me surprenne moi même. Je commençais à trouver le temps long, mes activités me semblaient étonnamment répétitives. Du changement, il me fallait du changement.

J'ai finalement quitté mon lit, détachant les bras qui entouraient mon torse. Je lançais un coup d'oeil à la fille, elle était assez mignonne, sans doute avait elle la vingtaine. Un soupir traversa mes lèvres, j'avais oublié son nom et encore mieux, j'avais complètement oublié où j'avais passé la soirée. Un nouveau regard à ma montre, un nouveau soupir et je me dirigeais vers la salle de bain. Une douche et je commençais déjà à reprendre du poil de la bête. Je quittais la salle de bain, nu, après tout il n'y avait pas de quoi être gêné. Je rejoint mon armoire, cherchant la tenue idéale pour changer d'air, quelque chose de simple, ni trop extravagant, ni trop sobre. Je sentais le regard de cette jeune femme qui me fixait, à moins qu'il fixait mon derrière. Je me contentais de l'ignorer, après tout si on devait commencer à parler avec toute les femmes qui passaient dans nos lits, que deviendrions nous ? Des hommes mariés ? Avec une seule et unique petite amie ? L'enfer quoi. J'attrapais une chemise et un jean, je ne pris même pas le temps de quoi que ce soit. J'indiquais rapidement à cette femme où se trouvait la salle de bain et la cuisine. t d'une façon très subtile je lui fis comprendre qu'elle n'avait pas à revenir le lendemain. Elle était bouleversé semblait il, ne se rappelant sans doute pas non plus comment elle avait fini là. La seule chose dont il était certain pour moi et sans doute pour elle, était qu'elle avait osé me repousser en début de soirée.

J'en souriais intérieurement, après tout j'avais cette vilaine habitude de toujours arriver à mes fins. Si on me disait non, il fallait quoi qu'il arrive, peu importe les moyens, que je change la donne. Je quittais mon appartement, m'aventurant dans les rues, marchant longtemps, observant les personnes qui m'entouraient, reconnaissant certain visage. Puis finalement je m'arrêtais face au Coffee shop. Depuis mon retour et même avant, je n'étais jamais venu boire un café ici. Une minute d'hésitation puis finalement j'entrais, m'installant dans un coin, à l'écart. J'aimais les coins sombres, situer dans la pénombre. J'observais d'un oeil distrait ce qui m'entourait, puis finalement je revins sur ma table, attrapant un journal qu'un client avait du oublier. Il datait d'hier, mais peu importe, je le feuilletais sans mot. C'est alors qu'une serveuse m'interpella, je ne l'avais pas remarqué. Un coup d'oeil et j'eus comme une impression de déjà vu. C'est alors que je reconnu une jeune fille que je n'avais pas vu depuis bien longtemps déjà.

"- Un café noir, sans sucre..."

Je pris ma commande, continuant à l'observer avec insistance, hésitant à poser la question, attendant de voir si elle m'avait reconnu. En réalité il y avait peu de chance que ce soit le cas vu l'état dans lequel elle se trouvait ce jour là.