Le petit comprimé rose posé au creux de ma main me souriait malicieusement. Avec ses yeux ronds et son air amusé de smiley, il semblait m’inviter à l’avaler rapidement pour passer une soirée très agréable!
J’avais bien conscience d’être accro à cette dope pour tenir le coup, mais ce n’était pas franchement un problème. A partir du moment où je pouvais continuer à payer mon fournisseur régulièrement ma vie continuerait à être « belle »… C’est pour cette raison que j’envisageais de quitter la fac et de me trouver un boulot à Great Falls. A la station service peut-être ? Ou comme plongeur au Coffee time ? Quoi qu’il en soit, je ne voulais plus abuser de l’argent qu’Abi choppait à ses parents. Un jour ou l’autre ça lui retomberait dessus et je ne supportais pas l’idée qu’elle puisse se faire engueuler ou virer de chez elle par ma faute. Mais avec les idées claires je n’avais pas la force d’affronter cette réalité… alors j’avalais le comprimé rose pour plonger dans le terrier du lapin d’Alice aux pays des merveilles.
Quelques minutes plus tard l’effet de l'ecstasy commença à jouer sur mes sens et je me sentis tout de suite beaucoup mieux ! Oubliés mes projets studieux, je n’avais plus l’intention de rester à la bibliothèque pour étudier, non, j’allais sortir prendre un verre en ville avant de retrouver ma petite amie.
Attrapant mon sac, je sortis du bâtiment et m’allumais une clope. Je pris ensuite machinalement la direction du parking en marchant rapidement. C’est seulement quand je passais devant les vitres de l’atelier que je reconnu Elena. Mon amie était là, occupée à peintre l’une de ses toiles dont elle avait le secret. Il fallait qu’elle soit passionnée pour rester aussi tard sur le campus alors que tous les autres élèves s’amusaient déjà en soirée.
Je n’étais pas particulièrement pressé de rentrer à la campagne et j’avais envie de parler, alors je contournais le bâtiment pour trouver l’entrée. Je ne devais pas être vraiment discret, mais Elena ne m’avait pas entendu rentrer dans l’atelier.
- Sympa ta toile ! C’est quoi exactement ? Lançai-je en souriant avant de tirer un bon taff sur ma clope. Je venais juste de l’allumer, alors je me moquais bien de l’interdiction de fumer à l’intérieur des bâtiments de la fac…
Toute la journée, j'étais resté dans l'atelier pour terminer une œuvre que j'avais commencé il y avait peu de temps. Je m'appliquais soigneusement à chaque trait que je dessinais et faisais attention que tout soit parfait. J'étais bien consciente qu'à la place de faire ça, j'aurais pu aller à la fête du soir mais ma passion de peindre m'attirait plus que tout et pour rien au monde j'aurais abandonné ça. Je voyais parfois quelques personnes qui avaient trop bu passer en dansant dans la rue, certains me regardaient, parfois, mais je devais rester concentrer. Il devait y avoir un maximum de détails dans ce que je peignais.
Je m'arrêtais un instant pour contempler mon tableau. Celui-ci devait représenter un petit groupe de girafe en arrière plan et de grandes herbes en avant plan. Ce que j'avais essayé de faire c'est jouer sur l'optique en faisant les herbes plus grandes que les girafes. Certains yeux pas très concentré auraient vu de longues herbes et de petites girafes en arrière plan mais si l'ont regardait mieux, on pouvait s'imaginer dans la peau de l'artiste qui était couché parmi les hautes herbes et regardait attentivement les grandes bêtes. Je jouais beaucoup sur les couleurs du ton vert et jaune, j'essayais aussi au maximum de représenter la sécheresse de l'Afrique.
Ce soir j'avais juste envie de calme. Je me levai et allai éteindre la radio que j'entendais en bruit de fond depuis tout à l'heure. En m'asseyant de nouveau, je posais mon pinceau et fermai les yeux en tentant d'imaginer le monde à ma façon. J'étais si concentrée que je n'entendis même pas Chad entrer.
- Sympa ta toile ! C’est quoi exactement ?
Je sursautai un peu et me retournai. Chad était la, planté devant moi, une cigarette à la main. C'était un très bon ami, voilà une surprise qui me réjouissait vraiment, de le voir arriver comme ça. Surtout qu'il ne m'avait prévenu de rien. Je le regardai et sourit un peu ; il amena sa clope dans sa bouche et fit sortir de la fumée de sa bouche. Encore une fois, il en faisait à sa guise.
« D'après toi, c'est quoi ? Je marquai une pause et repris. Ça ressemble à un troupeau d’éléphants, n'est-ce pas ? »
Je me levai et avançai vers lui.
« Quelle bonne surprise que tu sois là, Chad. » lui dis-je en souriant.
Puis, je tournai mes yeux en direction de ce qu'il avait dans la main et lui fit comprendre avec un petit soupir que depuis le début de la journée, je rêvais de ça, en espérant qu'il accepterait. Finalement, peut-être que cette soirée ne sera pas aussi calme que je l'aurais pensé mais je ne m'en désespérai pas pour autant.
Chad Matthews
••• Employé de banque
Messages : 283 Date d'inscription : 25/01/2012
Description du personnage Age : 23 ans Côté coeur : Veut tourner la page Conjoint(e) :
Même si mon approche n’avait rien de particulièrement discrète, puisque j’avais claqué la porte vitrée de l’atelier derrière moi, Elena était tellement concentrée sur son œuvre et ses pinceaux qu’elle ne m’entendit pas rentrer. Assise, les yeux fermés comme si elle dormait, mon amie semblait se projeter dans son monde intérieur pour en faire ressortir la beauté onirique sur la toile. Ce n’est que lorsque j’ouvris la bouche pour demander ce que représentaient ces coups de brosse qu’elle découvrit ma présence. Effrayée par ma voix qui la sortit de son état de méditation, Elena sursauta avant de se retourner. Je m’armais alors de mon plus beau sourire et me mit à lui faire signe de la main pour me faire pardonner cette intrusion.
« D'après toi, c'est quoi ? Demanda-t-elle alors que je sentais l’euphorie de l’ecstasy me gagner petit à petit. Même si je me sentais beaucoup mieux, mon corps s’était accoutumé à cette mini dose quotidienne et je gardais un bon contrôle de mes mots et de mon corps. J’observais alors son dessin mais je n’identifiais rien d’autre que des trainées de couleurs claires…Et je me mis à rire face à mon manque d’imagination. Ça ressemble à un troupeau d’éléphants, n'est-ce pas ? »
- J’n’aurais pas dis des éléphants… des hippopotames peut-être, ou des zèbres à la rigueur! Plaisantai-je en reconnaissant à présent des girafes et une toile représentant la savane alors qu’Elena se levait pour me rejoindre.
« Quelle bonne surprise que tu sois là, Chad. »
Comme elle approchait, j’abandonnais mon sac sur le sol et la pris dans mes bras quelques secondes avant de relâcher mon étreinte. En temps normal je n’aurais pas été aussi « tactile » mais c’était sans compter sur l’effet de la dope qui circulait maintenant dans mon sang.
- Ça fait un bail qu’on s’est pas vu alors je t’ai cherché partout comme tu répondais pas au téléphone… Et vu l’heure tu ne pouvais être qu’ici ! J’me suis dis qu’un peu de compagnie te rassurerai vu qu’il fait déjà noir.
Mentir ne me posais aucun problème surtout quand il s’agissait de me construire une couverture plutôt que d’avouer que ma présence dans l’atelier était le fruit du hasard.
Elena fixait ma clope avec gourmandise. Elle ne devait pas avoir eu l’occasion de poser sa palette de peinture pour s’en griller une depuis plusieurs heures, trop occupée à peindre ses girafes… Pour la narguer une dernière fois, je portais le filtre jusqu'à mes lèvres et aspirait un bon taff avant de lui tendre le restant de cette cigarette.
Alors qu’elle savourait cette douceur achetée en Floride, je me mis à déambuler dans l’atelier, au milieu des chevalets, des pots de peinture et des toiles encore vierges. Il fallait que je bouge, poussé par le coup de speed de l’ecsta.
- Alors c’est ici que sont rangées toutes tes créations ! Dis-je en attrapant un tableau de petite taille qui trainait contre la partie basse d’un mur.
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